Reconversion dans le privé

Bonjour à tous,

Je poste sur ce forum dans l'espoir de recueillir quelques conseils ou avis. Je suis professeur agrégé en lycée depuis 6 ans. Chaque jour qui passe, je me rends compte que ce métier d'enseignant est de plus en plus ingrat. Dans le désordre:

- Des élèves de moins en moins respectueux du savoir qu'on leur apporte. Tout leur est dû ou presque.
- Des parents de plus en plus inquisiteurs, qui vous reprochent la façon de faire votre cours.
- Des supérieurs hiérarchiques qui sont formés aux méthodes managériales et qui gèrent établissement comme ils géreraient une entrepôt de stockage de biens matériels.
- Des conditions de travail de plus en plus difficiles. De quoi se plaint-on me direz-vous ? Les éboueurs travaillent dehors pas -5° par exemple.
- Un manque de considération de la société. Ces fainéants de profs, de quoi se plaignent-ils avec leurs vacances et leurs 15h par semaine ?
- La question du salaire. Même la cour des Comptes reconnaît que les enseignants sont moins bien payés que les autres cadres de la fonction publique.


Bref, être titulaire d'un Bac+5 et être agrégé et toucher 2100€ net par mois au bout de 6 ans, pour une charge de travail allant bien au dela des 35h par semaine (oui oui... rien que pour lundi et mardi, je suis à 20h de travail... et il reste 3 jours cette semaine plus le week-end où je travaille aussi...), pour supporter des gamins irrespectueux, pour assumer des programmes complètement débiles, pour supporter cette mascarade qu'est le baccalauréat (et sa correction ! grand moment...), pour subir toutes les bêtises générées sur notre métier et les contraintes sans cesse ajoutées par les différents gouvernements (de droite comme de gauche) et pour être déconsidéré socialement. En plus, j'enseigne les mathématiques, matière haï par 95% de la population. Quel intérêt a-t-on à devenir enseignant en 2014 quand on a un bac+5 ?


Donc, je pense valoir mieux que cela (sans prétention). J'estime être un excellent professeur (les inspecteurs ont reconnu mes qualités de pédagogue), et que je gâche mes talents en enseignant à des élèves qui de toute façon sont plus absorbés par leur téléphone portable que parce que je peux leur raconter (et à la rigueur, ils ont raison car ils auront leur bac à la fin de l'année sans rien faire (quasiment)). J'estime que ce salaire est une misère par rapport à mon niveau d'études et la difficulté du concours que j'ai réussi.

Donc je pense de plus en plus à ma reconversion dans le privé. Essentiellement pour gagner plus d'argent et ne plus subir le stress quotidien généré par le contact avec les élèves. Oh, je ne suis pas naïf. Je sais bien que le privé est moins glorieux que le privé. Mais au moins, je gagnerai sans doute un salaire plus en relation avec ma vraie valeur et je ne serai pas dénigré par la société.

Ma question est la suivante: quelle serait la meilleure stratégie à adopter pour ne pas tout perdre dans cette reconversion ?

Imaginons que je sois embauché dans le privé et que je me retrouve au chômage peu de temps après. Je me retrouverai à redevoir passer le CAPES ou l'agreg, ce qui me ferait bien suer. J'ai pensé à demander une disponibilité "illimitée" mais on ne me l'accordera jamais.

Autre question: si je devais reprendre (ou compléter) mes études, quelle serait le master ou la filière la plus intéressante pour trouver un emploi rémunéré à sa juste valeur ?

Merci de m'avoir lu et merci d'avance pour vos éclairages.

Réponses

  • Désolé des fautes d'orthographe et des mots qui manquent, je suis fatigué par ces longues journées...
  • Si tu cherches une filière de reconversion qui embauche: stats/info. Je suis d'accord sur ton constat, le manque de respect des élèves pour le travail, la déconsidération du métier, la bêtise des programmes etc... Ceci dit il ne faut pas se leurrer. Le stress de la gestion de classe est une chose mais il y a pas mal de postes où on est relativement peinard dans l'EN (je ne sais pas dans quel établissement tu enseignes). D'autant qu'un prof de maths peut facilement ressortir le même cours d'une année sur l'autre. Je pense que tu sous-estimes le stress de la recherche et conservation de son emploi, des demandes de la hierarchie ou des clients et des deadlines pour les cadres du privé. Et il ne faut pas non plus s'imaginer doubler ton salaire au sortir de ta formation.

    Avant de te lancer dans une demande de dispo qui sera sans aucun doute rejetée (une employée de la DPE m'a expliqué qu'ils rejetaient même des demandes de gens ayant obtenu un contrat doctoral tellement la pénurie de profs de maths est grande) ou de démissionner je te conseillerai de t'inscrire en formation à distance une année pour voir. Et essaie aussi peut-être d'analyser pourquoi tu bosses autant et semble subir toutes tes heures de cours au lieu de les apprecier au moins pour certaines.
  • Comme je l'ai déjà dit plusieurs fois ici, je partage cette analyse (en supposant qu'il ne s'agisse pas d'un troll, mais j'en doute).

    Mon avantage sur MétierDeM****, c'est que j'ai (beaucoup) plus de 6 années d'ancienneté à mon compteur, ce qui me met plus proche que lui de la fin. L'inconvénient, c'est que, comme beaucoup d'autres collègues, j'ai pu constater les vraies dégradations de ce métier au fil des années, sans que personne ne puissent réellement les anticiper, et, surtout, sans qu'elles soient vraiment justifiées.

    Mais elles sont là, c'est indéniable, et on n'en voit pas la fin...
  • MétierDeM**** ne donne pas son âge, c'est à prendre en compte pour la recherche d'un emploi aujourd'hui et sans doute encore plus demain.

    Par ailleurs, il y a le problème de savoir comment quitter son emploi présent: la démission risque d'être un problème pour percevoir une indemnité de chômage (payée directement par l'Etat).
  • Merci de vos réponses:

    @afk:

    " Et essaie aussi peut-être d'analyser pourquoi tu bosses autant et semble subir toutes tes heures de cours au lieu de les apprecier au moins pour certaines."

    Je bosse autant car j'ai des classes à examen, et que je souhaite que mes élèves réussissent... Il y a là aussi une source de pression, de la part du chef d'établissement qui nous rabache ses taux de réussite et de la part des élèves qui pensent que je serai responsable de leur échec au bac.
    Je réutilise mes cours, bien entendu, mais je les retravaille d'une année à l'autre. Quant à apprécier les heures de cours, je me rends compte que j'ai de moins en moins de plaisir à les effectuer, j'ai perdu tout l'allant que j'avais lors de mes premières années. Et Dieu sait si je suis d'un naturel optimiste, mais ce métier consiste à remplir chaque année des tonneaux sans fond.
    Enfin, concernant la pénurie de prof de maths, je ne comprends pas justement que notre rareté ne fasse pas notre valeur. Dans n'importe quel branche du privé, un poste où il y a peu de gens qui en sont qualifiés sera payé à la hauteur de cette rareté mais pas dans l'Education Nationale. Je ne suis pas là pour changer les choses, mais je me dis qu'un Bac+5 agrégé pourra certainement trouver une entreprise qui voudra mettre à profit ce "talent" en y mettant le juste prix. Je me fais peut-être des illusions aussi, je ne dis pas que je ne suis pas naïf !

    Petite question: en info, quelles sont les voix les plus aisées de formation pour quelqu'un comme moi qui n'ait qu'une formation mathématique pure ? (bien que je sache programmer un peu... enfin c'est ce que je dis aux élèves quand je fais semblant de faire de l'algorithmique avec eux (:P) )

    @discret: je t'assure que je ne suis pas un troll ! On fait le même constat sur l'état de l'enseignement je vois...

    @Fin de Partie: I'm in my early 30's comme dirait les 'ricains. Je songe maintenant à ma reconversion, car si j'attends encore, cela risque d'être plus compliqué à cause de l'âge en effet.


  • Comment l'Etat pourrait mieux payer ses fonctionnaires alors que les gouvernements successifs n'ont qu'une idée en tête, réduire le déficit?
    Combien de lycée/collège privé paye de leur poche leur enseignants?
    Combien y-a-t-il de prof' agrégé en France en exercice?
    Est-ce que la plupart des gens ont les moyens de payer le vrai prix de l'enseignement?

    Je pense, à mon humble avis, que la réponse à ces questions expliquent ton incompréhension.
  • Je me risque à une réponse sur l'info : le privé manque cruellement de développeur.
    Normalement une formation en maths aide à apprendre rapidement les principes de
    la programmation. De plus le net regorge de tutoriel pour apprendre tel ou tel langage
    et de forum avec des communautés compétentes et réactives. Enfin l'info est sans
    doute l'un des domaines où les diplomes sont les moins importants et les compétences
    le plus valorisées (il y a tout plein de certification qu'on peut passer en ligne si tu
    veux mettre des choses concrètes sur ton CV).

    Pour être pragmatique, si tu cherches ce genre de reconversion je te conseille
    d'apprendre à coder en python (langage d'apprentissage simple, et j'ai au moins
    deux amis qui ont du mal à recruter, pour un salaire confortable, des dév. python).

    Pour savoir quels compétences développer tu peux regarder les annonces de recherche
    de dev (mon avis très biaisé c'est que le developpement web et smartphone est en
    phase d'expansion et de recrutement) et te faire une idée.

    Sinon il y a des boîtes qui font de la formation en entreprise (stats, excel "avancé", utilisation
    de R etc...) qui pourrait apprécier des talents pédagogiques et des compétences mathématiques.
  • Bonjour !

    Les diplômes ont autant d'importance en informatique qu'en mathématiques; d'ailleurs, une pléthore de docteurs
    se reconvertissent au métier de développeur, une fois s'être retrouvé sans emploi, après avoir validé leurs thèses.
    J'ai l'exemple de quelques docteurs en mathématiques faisant de l'analyse et tests dans les SSII avec les BTS.

    Pour autant, le secteur de l'informatique manque encore de croissance et des profils d'experts en technologies
    font souvent faux bond notamment dans les PME/PMI ou les nouvelles sociétés créées par des auto-entrepreneurs.
    Une illustration est le domaine de l'innovation en NTIC, SI, BI, etc. D'ailleurs, l'école 42 a ainsi le vent en poupe.

    Néanmoins, les entreprises recherchent toutes des cas d'or et, par défaut, des profils de moutons à cinq pattes...
    Une certitude : ceux qui ont les compétences validées et l'efficacité menant à la performance sont pris d'assaut.

    La plupart des ingénieurs en informatique ou en mathématiques générales avec spécialité forte ne chôment pas,
    et découvrent plusieurs offres d'embauches intéressantes, avant même d'avoir débuté leur stage de fin d'études...

    Afin de rester pragmatique dans les choix, privilégiez les méthodologies de conception et les cycles de vies des
    produits en parallèle de la maîtrise quasi-parfaite des langages, à associer aux systèmes d'exploitations pluriels... .

  • Preuve?
    (mon opinion est que c'est à relativiser fortement une pareille affirmation)

    Je pense que pour se faire une opinion sur ce secteur il faut peut-être jeter un oeil:
    ici:
    http://munci.org/

    PS:
    Pour avoir travaillé comme développeur quelques temps, je n'en garde pas un bon souvenir et c'est un doux euphémisme.
    C'est vrai que je travaillais dans une SSII http://fr.wikipedia.org/wiki/Entreprises_de_Services_du_Num%C3%A9rique
  • Oui, oui, il est erroné bien entendu d'affirmer l'absence de pénurie à l'emploi massif; déjà rien qu'en lisant, le Journal du Net.
  • Le site "le journal du net" est critiqué par le MUNCI, si j'ai bien lu, dans la non prise en compte du chômage réel qui frappe le secteur informatique.

    Et si on croit "le journal du net":

    http://www.journaldunet.com/solutions/emploi-rh/recrutement-des-ssii/les-postes-a-pourvoir-dans-les-ssii-en-2013.shtml

    On n'apprend pas cela, sauf erreur, dans un cursus mathématiques à l'université.

    Moi je veux bien croire que faire des mathématiques donne des facilités pour être développeur (surtout pour chasser le bug) mais j'imagine qu'un employeur ne se contente pas de cette croyance pour recruter quelqu'un.

    Pour ma part, j'avais eu la chance de faire une formation (non diplômante) de plusieurs mois "réseau et développement" payé par un Conseil général. J'avais appris des rudiments de C++ , C (langage peu utilisé de nos jours, j'imagine, par l'industrie mais que j'utilisais tous les jours quand je travaillais pour une SSII) et de Java et de l'administration réseau. C'est cette formation qui m'avait ouvert (provisoirement) les portes d'une SSII lors d'un salon organisé par l'APEC . C'était vers 2001, après, la bulle (spéculative) internet a explosé et cette formation et mon peu d'expérience dans ce secteur ne m'ont pas permis de rebondir.

    PS:
    J'allais oublier:

    Quelle est la définition exacte du poste de travail?
    Je suis très méfiant quand je vois dans les médias un chef d'entreprise qui prétend avoir du mal à recruter. J'ai tendance à croire qu'il y a des informations non fournies qui expliquent pourquoi l'emploi "offert" est perçu comme un repoussoir par les possibles salariés.

    PS2:
    J'aimerai bien savoir le sort réservé à un développeur de base (c'est à dire non "chef de projet") quand il atteint la quarantaine.
  • Quelle est la définition exacte du poste de travail?

    Pour l'un des deux c'est une start-up qui a besoin d'un dev web pour maintenir et développer
    le site (normal / mobile) et garder le lien avec les applis. C'est une start-up de service donc
    le côté agréable et efficace du site est un point important.

    L'autre je connais moins les détails. Il s'agit d'une société de prestation qui gère le système
    informatique d'Autolib pour Bolloré.

    Dans les deux cas il me semble que ce n'est pas les candidats qui manquent, mais les
    candidats compétents. (Il faut un minimum d'expérience dans le premier cas...).

    Bref, je ne vais pas me battre pour savoir si j'ai une bonne vision du marché du travail sur un
    domaine connexe au mien, je partage mon impression basé sur les retours d'amis qui
    cherchent à recruter. Comme je l'ai dis, c'est probablement biaisé.

  • J'avais cru, à tort, en te lisant plus haut, que les deux postes de travail avait un rapport avec Python.

    Dev web n'a pas grand rapport, selon moi, avec le développement d'applications. Sans doute, un métier qui a eu son "heure de gloire" dans les années 90 mais qui aujourd'hui doit fournir sans doute beaucoup de chômeurs à Pôle-emploi.
    Merci de cette précision qui permet de relativiser le côté "spectaculaire" de la déclaration.
    J'imagine qu'il les faut jeunes et qui ne rechignent pas à partir de la boîte vers 21h-22h (c'était mon quotidien en 2001)? :D
  • Pour le lien avec python : le site est développé en python avec Django. Pour le second l'application a été développée en Python principalement aussi.

    Bref je réitère ce que j'ai dis :
    - par ces sources et d'autres je vois que le privé peine à recruter des développeurs
    - je connais deux personnes qui cherchent des gens compétents en python
  • Merci pour toutes vos remarques, qui m'ont redonné espoir (ce n'est pas ironique)

    @Sylviel: Je sais programmer en Python (j'ai appris seul) cependant, comme tu dis, je n'ai aucun diplôme l'attestant. Est-ce que ces certifications sur Internet sont reconnus ? Sur quels sites peut-on les passer ?

    En ce qui concerne la formation en enterprise sur les stats, je pense aussi pouvoir le faire (bon je n'ai jamais utilisé R, mais j'imagine que c'est pas trop dur à apprendre à utiliser quand on sait programmer). Je maîtrise bien évidemment aussi toutes les connaissances de base en stats. Y a-t-il beaucoup de postes pourvus dans ce domaine ?


    Je repose aussi une question à tout le monde: si je devais refaire un master de mathématiques, dans quelle branche serait-il plus utile de le faire pour être sûr d'être embauché en fin d'année ? Si je devais donner mes préférences, je dirais que j'aimerais faire un master de crypto, mais je ne sais pas si les débouchées sont réelles.
  • MétierDeM**** :

    Si tu veux te forger une idée sur ce que recherche comme compétences et "talents" le milieu informatique, participe à un salon de recrutement. Il y en a en région parisienne mais pas seulement. (voir par exemple: http://www.lesjeudis.com/salons-emploi/ il faut regarder dans la colonne de droite: lieux Paris en avril et Toulouse en juin 2014)
    Tu ne seras pas déçu du voyage, il y a une ambiance "foire au bétail". :D
  • Le mieux est d'avoir les profils en règles et de répondre aux annonces à jour diffusées par les chasseurs de talents correspondant à ses objectifs...

  • Je ne suis pas sur d'avoir tout compris et cela ne me semble pas un conseil pertinent.

    Quand tu réponds à une annonce d'emploi (par courriel ou autre moyen) tu n'as pas forcément un retour et personne ne te dira jamais, de cette façon, ce qui ne va pas dans ton CV, c'est à dire qu'on ne te dira pas ce qui ne va pas dans ton expérience professionnelle et/ou ta formation et donc ce qui ne correspond pas à ce que recherche l'employeur qui a passé l'annonce.
  • Dur de sortir du lot en stats sans être docteur.
    Le job de la plupart des statisticiens seulement mastérisés consiste essentiellement à faire de la programmation en SAS (souvent même pas des stats, uniquement de la gestion de données).
  • Au cas où quelqu'un s'y intéressera encore, nous développons nous-mêmes des sites de supervisions et des web e-sites (normal/mobile) et tenons à garder le lien avec les applis. C'est une start-up internationale donc le côté agréable et efficace en maintenance opérationnelle de sites au portail est un point important. De surcroît, une société de prestation, qui gère le système informatique d'Autolib, vient de coopérer avec nous. En revanche, nous réalisons de manière plus originale les Vélibs, en version classique et électrique.
    Les candidats compétents ont déjà trouvé le filon (Il faut un minimum d'expérience dans tous les cas ici...) Bref, je ne me bats pas pour savoir si j'ai la bonne vision du marché du travail sur un domaine connexe aux Maths : je partage les impressions basées sur les retours d'amis qui ont su chercher à recruter sans biais...
  • Bonjour à tous,

    J'ai bien lu vos réponses et vous remercie de celles-ci. Je prends le temps des vacances pour réfléchir à tête reposée. Peser le pour et le contre.

    Voici ce que j'envisage de faire:

    1) Demander ma mutation. Peut-être est-ce l'établissement où je suis qui ne va pas. Alors certes, je sais bien que les élèves sont partout les mêmes, mais j'aimerais bien voir si un autre endroit ne serait pas plus paisible.

    2) En faire beaucoup moins pour mon métier.
    a) Honnêtement, je rivalise d'efforts pour faire des cours compréhensibles, ludiques et efficaces pour les élèves. Mais je me rends compte que c'est donner de la confiture à des cochons, car le manque d'attention des élèves d'aujourd'hui est quasiment pathologique. Et pourtant, la discipline règne dans mes cours, et je sais me faire respecter.
    b) Ca me gonfle de devoir enseigner des choses que je trouve absurdes et la logique des programmes m'échappe complètement. Apprendre aux élèves à dériver une fonction en regardant un logiciel le faire à leur place, c'est du délire.
    c) Sans parler du manque de reconnaissance de la hiérarchie (qu'elle soit pédagogique ou administrative) qui considère que notre tâche principale est de contenir 30 gamins pendant 1 heure sans qu'il y ait trop de remous. L'enseignement est quelque chose de secondaire; le but est juste de dire que l'Etat a assuré son rôle en mettant un prof devant les élèves toute l'année (et peu importe que ce prof ait été recruté au Pôle Emploi sans véritable qualification). De toute façon, 80% d'une classe d'âge aura son bac, et chaque année c'est la même mascarade.
    d) J'ai vu des profs (et même des chefs d'établissements) obtenir des mutations avantageuses du fait de leur incompétence. Ca marche comme ça dans l'Education Nationale: si tu es nul, que tu fais mal ton boulot, que les parents se plaignent et qu'on sait pas où te mettre, on te donne une promotion. Il n'y a aucun intérêt à s'investir dans ce métier, à part y laisser sa santé.


    3) Faire toutes ces conneries d'accompagnement personnalisé et autres dispositifs annexes inutiles afin de gagner un peu d'argent supplémentaire. C'est un peu la seule façon qu'un prof a pour arrondir ses fins de mois, et même si je suis opposé à tous ces dispositifs (qui ne servent à rien, disons-le...), il faut être pragmatique de temps en temps.


    4) Me lancer en parallèle de mon métier d'enseignant dans des activités informatiques (développement) et/ou de commerce et voir où cela me mène. Bien sûr, je ferai ça au noir car on n'a pas le droit de gagner de l'argent à côté dans la sacro-sainte Education Nationale.


    5) Envoyer quelques CVs et faire quelques entretiens d'embauche dans le privé, histoire de voir si je possède un réelle valeur ajoutée que les entreprises recherchent ou bien si je suis juste complètement mégalomane et que j'ai surestimé mes compétences et mon niveau d'études. Je peux me tromper après tout...


    N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. Merci d'avance pour vos réponses.
  • Pour ton 4), il est possible de demander des autorisations de cumul, qui sont acceptées ou pas. Mais je ne sais pas s'il est possible de cumuler avec un emploi, à temps très partiel bien sûr, dans le privé. Cela serait étrange qu'il soit possible de cumuler avec un autre emploi s'il est public, mais pas s'il est privé, mais la logique n'est pas le point fort des services administratifs en général. Cela permet d'être dans la légalité et surtout de valoriser ces expériences si tu décider de changer de job ensuite.

    Ton 5) m'a l'air raisonnable puisqu'il est compliqué de savoir si tu vas intéresser des entreprises. De plus, je suppose que dans l'idée de certains, un candidat estampillé EN n'est pas un gage de motivation au travail.

    Ton 2c) "l'enseignement est secondaire" m'a l'air assez vrai, ce qui est malheureux puisqu'il fait arriver des enseignants initialement motivés à ton 2) "en faire moins pour mon métier" (je précise que ce n'est pas un jugement, juste un constat).
  • Et essayer d'avoir un poste dans un lycée normal, où l'on travaille, il en existe encore, ou en prépa ?
    C'est une honte de voir ce qu'ils ont fait du métier de professeur, et cela n'a rien à voir avec le souci légitime de faire des économies, ce serait plutôt le contraire puisqu'on dépense le plus dans les secteurs qui le méritent le moins.
  • Bonjour,

    Je peux comprendre MétierDeM(athématiques). Ayant passé mon Bac en 1972, j'avais longtemps en tête de faire prof. de maths. Finalement je suis devenu actuaire. Actuellement à près de 60 ans, "retraité partiel forcé" depuis 6 mois, je recherche encore une (petite) activité. Dans ma carrière j'ai aussi fait de la formation et continue à en faire, mais pour des personnes ou clients motivés.

    La consultation des nouveaux programmes de maths en TS et des manuels qui en découlent me laissent perplexes. Je me (re)plonge alors rapidement dans mes bouquins des années 70.

    Je souhaite à MétierDeM(athématiques) de trouver un job interéssant dans le privé, à l'image d'un ami agrégé de mathématiques qui s'est lancé dès 1977 à 23 ans Avec succès dans l'informatique.

    BONNE CHANCE!

    Edouard
  • L'article dit la même chose des agriculteurs, alors que cette profession souffre d'une forte mortalité par suicide.
    Lire :
    Un suicide tous les deux jours chez les agriculteurs
    Chez les agriculteurs, le taux de suicide est trois fois plus élevé que chez les cadres

    L'article doit donc être pris avec des pincettes, la véracité des informations sur les agriculteurs (et donc celles sur les profs obtenues par la même méthode) est sujette à caution.

    Et ce n'est pas la première fois que le Nouvel Obs dit n'importe quoi sur l'enseignement. Je rappelle ici que lors du projet (aujourd'hui avorté) de fusion entre l'ENS Ulm et l'ENS Cachan le Nouvel Obs a publié un éditorial disant que l'ENS Cachan n'est pas une ENS.
    Le problème est que l'auteur de l'article (Jacques Julliard) a fait ses études avant 1985, et qu'à l'époque, l'ENSET (future ENS Cachan) n'était pas une ENS. Autrement dit, le Nouvel Obs a publié des informations vieilles de plus de 20 ans sans vérification. On voit là tout le sérieux de ce journal.

  • Il faut dire qu'en badigeonnant leur champs de pesticides beaucoup d'agriculteurs se préparent un suicide lent.
    (ils sont les premières victimes de cette chimie lourde)


    Par ailleurs, reconnaître vis à vis d'un étranger qu'on n'est pas heureux dans son emploi c'est avouer quelque chose d'intime et parler de ses échecs. Qui aime communiquer sur ce sujet?
    En outre, beaucoup de gens confondent bonheur et méthode Coué. Répétez après moi; je suis heureux, je suis heureux... X:-(
  • Bonsoir,
    c'est "marrant" de voir la réalité du terrain décrite par un agrégé, alors que cela fait rêver des ingénieurs en reconversion....
  • On a le droit de choisir son enfer. :) (Ce n'est pas le Nirvana pour tout le monde le boulot d'ingénieur).
    Et puis, tu connais beaucoup de gens qui se disent en voyant la situation d'une autre personne: cela pourrait m'arriver?
    Le réflexe c'est de se dire au contraire: cela ne peut pas m'arriver, cela ne m'arrivera pas. B-)
    C'est humain et puis autrement le recrutement d'enseignants et leur maintien en collège (en lycée?) serait plus difficile qu'il n'est déjà. B-)-
  • je crois qu'on n'est jamais vraiment satisfait de ce que l'on a (c'est propre à la nature humaine). Attention je respecte totalement l'avis de cet enseignant, je pense qu'il décrit une réalité.
    On a donc des enseignants qui veulent se barrer parce qu'ils sont à bout, et de l'autre côté certains ingés qui veulent enseigner parce qu'ils s'ennuyent au boulot et trouvent qu'il ne présente aucun intérêt.
    Je crois que chaque métier a ses inconvénients et avantages.
    Moi perso, je respecte le boulot des profs, je regarde la maîtresse de mon fils en maternelle: elle est passionnée par son métier, elle s'investit à fond dans son activité. Elle en parle avec ferveur, et je trouve ça vraiment génial !!!!!!

  • Je ne suis pas certain que ce soit l'ennui qui les pousse à partir pour certains.
    Cela peut être un milieu bien pourri inhumain aussi.

    Si le monde est tel qu'il est, c'est aussi parce que des gens font fanatiquement le travail (je ne parlais pas de cette prof' particulièrement) qui leur a été assigné, mais c'est une autre histoire j'imagine. 8-)
  • Bonjour MétierdeM***,

    Cherchez-vous toujours une reconversion ?
    J'ai un projet et je cherche un professeur de mathématique pour du soutien privé. Vous pouvez me contacter à ce mail : christelleleleucaissa[at]gmail.com
    Bien cordialement
  • Pour parler de ce que je connais : le domaine de la sécurité informatique : les profils de mathématiciens sont prisés.

    En particulier, la crypto est un domaine qui recrute pas mal en ce moment surtout dans le public : ANSSI et Ministère de la Défense ( DGA et Service) en tête. Mais le privé recherche également pas mal de compétence sur ce sujet (milieu de la défense et de la finance).
    Le niveau ne présente rien d'insurmontable pour un agrégé : la plus part des math impliquées dans ce domaine est l'arithmétique et de l'algèbre booléenne : rien de très violent en soi, même si derrière, il y a moyen de se faire plaisir (cryptanalyse algébrique, GNFS, etc.)

    Si tu es une quiche en info, ce ne sera pas un problème : des exemples que je connais : un tête bien faite sera entouré de 1 ou 2 codeurs fous qui s'occuperont des implémentations.

    Tu peux avoir des formations accélérées sur ce sujet : en autre l'ANSSI propose une formation sur 5 semaines sur le sujet http://www.ssi.gouv.fr/fr/anssi/formations/catalogue-des-stages.html Mais pas sûr qu'elle soit ouverte aux individus lamda (à vérifier).

    Sinon un master 2 sur le sujet doit être accessible pour un agrégé (et cela te permettra de monter un peu en info) : je connais des profils M2 recherche crypto qui sont dans l'industrie depuis toujours et qui y sont appréciés.

    La modélisation/statistique également est un sujet sur lequel un profil math pur est intéressant : les applications sont variées mais en sécurité, c'est un domaine assez novateur et ils recherchent des profils.
    Là aussi, un petit M2 tagué modélisation ne pourra que bonifier ton CV.

    En gros, il faut viser les grosses boites qui ont une capacité de R&D en la matière...


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