[HorsMath]Prof en université.

On parle souvent sur ce forum des cursus à suivre pour être prof en prépa ou au lycée, mais qu'en est-il de l'enseignement en DEUG par exemple ?

Je suppose qu'il faut avoir l'agregation, mais y a-t-il d'autres exigences, et quelles sont les trajectoires types ?
En ce qui me concerne, je suis 3/2 en MP* et je ne sais pas encore si je vais continuer en Fac ou viser une école à dominante mathématique (Telecom, ENSAE par exemple).

Merci d'avance, Hugo.

Réponses

  • Cher Hugo,

    il ne faut pas nécessairement avoir l'agrégation pour enseigner à l'université.
    La plupart des enseigants à la fac sont des "enseignants-chercheurs". Qu'ils soient Maitre de Conférence ou Professeur ils doivent être titulaire d'une thèse.
    Un petit nombre de Prof Agrégés (appelés PRAG) enseignent à la fac sans faire de recerche (leur service d'enseignement est alors deux fois plus important que celui d'un enseignant-chercheur). Ceux-là doivent avoir l'agrégation ... mais pas nécessairement une thèse.

    Damien
  • Pour être prof en L1/L2 (les deug n'existent plus) la principale voie est d'être maitre de conf (donc faire une thèse, puis trouver un poste).

    Quelques agrégés enseignent en L1/L2 comme PRAG, mais il n'y a quasiment plus de recrutements de ce type depuis quelques années dans les UFR de mathématiques (sur les académies de Grenoble et Lyon, il me semble bien que je n'en ai vu passer aucun ces 5 dernières années, à l'exception de postes fléchés 'stats, probas' dans les facs de sciences humaines).
  • Merci pour vos explications. Dans mon lycée, un de nos colleurs est visiblement tres jeune, (moins de trente ans de facon certaine), et je sais qu'il est prof à l'univertisté également.

    Bien sur je ne lui ai pas encore demandé d'explications, mais ce qui m'interesse dans les maths ca serait d'enseigner à des gens volontaires (donner des colles, enseigner dans le supérieur), je n'ai pas du tout envie d'être prof dans un lycée par exemple.
  • Il se peut très bien que ton colleur soit actuellement en train de préparer son doctorat ou qu'il soit Maitre de Conférence.
    Ca m'étonnerait qu'il soit Professeur à moins de 30 ans.

    Tu trouveras des étudiants volontaires en prépa et à partir de la 3e année de fac (on dit L3 maintenant je crois).
    Si tu veux enseigner en prépa (et pas seulement donner des colles) il te faudra avoir l'Agreg, de préférence avec un bon classement. De même si tu as un DEA (ou une thèse) cela jouera en ta faveur pour obtenir un poste en prépa.

    Si tu veux faire de la recherche et enseigner à l'université il faut t'attendre à des études longues. Je ne peux que t'encourager dans cette voix (que j'ai moi-même choisie), mais je me dois aussi d'être honnête : la concurrence est rude et un nombre non négligeable de jeunes chercheurs brillants ne trouvent pas de poste.
    Je pense que ça vaut la peine de prendre ce risque.
  • Si vous pensez qu'enseigner dans le supérieur équivaut à enseigner à des gens volontaires , vous vous trompez lourdement.
    Ceci dit, c'est quand même mieux d'être dans le supérieur, ne serait ce que pour l'ambiance et les conditions de travail.
  • RAJ, j'en suis conscient, mais je n'aimerais pas enseigner les maths, même en filière S, en sachant que certains s'en foutent complètement (de la même façon que je me foutais de certaines matières au lycée).
    Ce qui me parait le plus intéressant reste tout de même les colles, un prof préfère à mon avis enseigner ce qui vient après le cours et les définitions, ça relève plus de la vraie pratique mathématique et c'est ce qui fait l'intérêt des colles.
  • "mieux"... ça dépend de ce qu'on veut!
  • Et tu penses qu'en prépa tous les élèves sont passionnés par ce que raconte le prof de maths ? Ce n'est pas l'impression que j'avais élève, ni maintenant que je donne des colles.

    Si tu souhaites faire uniquement les maths qui te plaisent, en travaillant seulement avec des gens passionnés, et au plus près de la "vraie pratique mathématique", c'est sans doute une meilleure idée d'être chercheur au CNRS qu'enseignant.
  • Pour les PRAG à la fac :

    je ne pense pas être intéressé pour plusieurs raisons :
    - les diverses taches administratives
    - les heures de travail non prises en compte dans le service (suivi d'étudiants etc...)
    - le fait qu'on est mal vu parce qu'on ne fait pas de recherche
    - le fait qu'on n'est pas censé faire de la recherche mais qu'on en fait quand même pour être bien vu
    - 384h d'enseignement
    - les postes de prag peuvent être donnés à des profs certifiés (donc plus difficile d'obtenir ce genre de poste)
    - la carrière où l'avancement se fait plus lentement que dans le secondaire
    - le fait qu'on progresse dans l'échelle de rémunération beaucoup plus lentement que les mdc ou les profs des universités
    - pour demander un détachement le poste prag est perdu
    - etc...

    Je pense que ce qui te plairait c'est un poste en prépa.
    Elèves triés sur le volet, donc forcément beaucoup plus motivés que les autres... Rémunération intéressante due aux nombreuses heures supplémentaires possibles.
  • A propos de l'agregation, que valide-t-elle vraiment et quelles portes ouvre-t-elle ?
    Cette question peut paraître bête, mais puisque peu d'enseignant en université sont agregés, et étant donné que la majorité des profs de lycées sont certifiés, ou sont les autres (à part les mieux classés en prépa)??
  • "puisque peu d'enseignant en université sont agregés"

    Où as-tu vu ça ? Je pense que la grande majorité des profs en université le sont, justement. Et ceux qui ne sont pas agrégés sont ceux qui ont eu un poste à un moment où il y avait beaucoup plus de postes qu'aujourd'hui (comparé au nombre de candidats).
    Mais aujourd'hui, en maths (pures), avoir l'agreg pour obtenir un poste de maître de conf est *en théorie* facultatif, mais *en pratique* quasi-nécessaire (sauf si on a un dossier vraiment béton à côté).
  • "Mais aujourd'hui, en maths (pures), avoir l'agreg pour obtenir un poste de maître de conf est *en théorie* facultatif, mais *en pratique* quasi-nécessaire (sauf si on a un dossier vraiment béton à côté)."

    C'est loin d'être vrai ! Il se trouve que la plupart des candidats sur des postes de Maitre de Conférence ont l'agrégation (c'est indéniablement une très bonne "assurance"). Mais le fait d'avoir l'agreg n'est en règle générale pas déterminant pour les commissions de spécialistes.

    @Hugo : l'agrégation est un concours de recrutement de l'enseignement secondaire (de même que le CAPES). La plupart des agrégés qui ne renoncent pas à leur agrégation (ce qu'ils doivent faire s'ils obtiennent un poste de Maitre de Conférence) enseigent comme leurs collègues certifiés dans le secondaire (certains en prépas mais c'est loin d'être la majorité).
  • Majoritairement (très majoritairement) les agrégés enseignent dans le secondaire. Sur les quelques lycées que je connais, je dirais qu'environ un tiers des profs sont agrégés ; moins en collège. Ce n'est pas contradictoire avec le fait que la majorité des profs du secondaire sont certifiés.
    Les autres agrégés sont profs en prépa ou PRAG. Il devait y avoir l'an passé de l'ordre de 20 postes en prépa et 40 postes de PRAG sur toute la France. Si on enlève de l'ordre d'un cinquantaine d'agrégés de maths qui deviennent MCF ou chercheur (en maths pures, appliquées ou en info), ça laisse encore dans les 250 agrégés.

    Une discussion récente a eu lieu ici sur ce thème, la quasi-totalité des thésards ont l'agreg, donc il n'est pas surprenant que la même proportion se retrouve chez les MCF. Mais ce n'est pas un critère déterminant, ni même important en maths.
  • j'ai rien compris GLaG.
  • Rien du tout ?

    En résumé je disais :
    - de l'ordre de 2/3 des agrégés d'un année enseignent dans le secondaire.
    - et dans le secondaire, environ 1/3 des enseignants sont des agrégés.
  • "la quasi-totalité des thésards ont l'agreg, donc il n'est pas surprenant que la même proportion se retrouve chez les MCF"

    Et ça, ça veut dire quoi ?
  • Que la quasi-totalité des étudiants inscrits en thèse de maths (pures, c'était précisé par Damien99) ont l'agreg. Comme il faut une thèse pour postuler sur un poste de maitre de conf, la quasi-totalité des MCF ont eu l'agrégation. Et cela ne signifie pas qu'un docteur qui n'aurait pas l'agreg serait défavorisé pour être recruté...

    (précision : je parle des MCF depuis moins de 10 ans)
  • ah okay d'accord merci de ces précisions. Pourquoi on doit renoncer à l'agreg pour etre maitre de conférence ? c'est nul je trouve.
  • Le statut de maître de conférence induit un changement de corps donc une démission du corps des agrégés pour intégrer le corps des MDC.
  • Reprenons certains points de titou (je parle en tant que Prag):

    Pour les PRAG à la fac :

    je ne pense pas être intéressé pour plusieurs raisons :
    - "les diverses taches administratives"

    Réponse: une tâche administrative n'est pas toujours désagréable: je suis directeur des études de mon département d'IUT depuis 14 ans et le casse tête des emplois du temps vaut bien tous les sudokus du monde. En plus c'est quand même payé (50 heures comp par an dans mon cas, ce qui doit faire du 4 € de l'heure , vu le temps réel de travail, maisc'est toujours mieux que rien).

    - "les heures de travail non prises en compte dans le service (suivi d'étudiants etc...)"
    Réponse: c'est le même régime pour les Mdc.

    - "le fait qu'on est mal vu parce qu'on ne fait pas de recherche"
    Réponse: ça c'est souvent vrai. Mais si vous savez calculer une intégrale alors qu'ils sèchent dessus depuis des heures ( "vous comprenez, mon cher, depuis 20 ans que je ne fais plus que des fibrés sur les espaces paracompacts, j'ai oublié tout ça"..), vous pouvez facilement leur clouer le bec.

    - "le fait qu'on n'est pas censé faire de la recherche mais qu'on en fait quand même pour être bien vu"

    Réponse: Vous pouvez faire semblant.

    - "384h d'enseignement"
    Réponse: en IUT, il y a 32 semaines d'enseignement, ce qui fait 12 heures par semaine. C'est très correct. A la fac ça peut faire un peu plus (année moins longue) mais c'est encore vivable

    - "les postes de prag peuvent être donnés à des profs certifiés (donc plus difficile d'obtenir ce genre de poste)"
    Réponse: c'est un problème . Mais normalement, il faut justifier l'attribution d'un poste de Prag à un certifié. De toutes façons, cela ne justifie pas que vous ne soyez pas intéressé par un poste de Prag !

    - "la carrière où l'avancement se fait plus lentement que dans le secondaire"
    Réponse: on le dit souvent, mais je n'ai pas trop de points de comparaison (avant d'être Prag, j'étais à l'étranger, il est difficile de comparer la vitesse d'avancement). En tout cas, rien de catastrophique, je puis vous l'assurer. On peut même arriver à la hors-classe.

    - "le fait qu'on progresse dans l'échelle de rémunération beaucoup plus lentement que les mdc ou les profs des universités"
    Réponse: c'est du pipeau. Il suffit d'entendre les collègues Mcf autour de moi.

    - "pour demander un détachement le poste prag est perdu"
    Réponse: on ne peut pas tout avoir.

    -" etc..."
    Pas de réponse.
  • Vive les PRAG.
  • Quelques réponses à RAJ :

    pour la phrase c'est du pipo, cela dépend de la carrière elle-même en effet.

    Pour un mdc le temps passé du 1er echelon (453) au 9ème (820) en CN est de 22,5 ans.
    Pour un prof agrégé, aller du 1er échelon (378) au 11ème (820) en CN est de 20 ans pour une carrière aux grand choix, 26 ans au petit choix, et 30 ans à l'ancienneté.

    En tant que PRAG, pour passer au grand choix à chaque échelon, on peut se gratter... et puis après tout, on est tellement avantagé d'être dans le supérieur que dans le second degré, qu'on ne peut, comme vous le dites si bien, tout avoir (sans compter les HSA qui n'existent évidemment pas pour les prag, contrairement aux profs de prépa qui les collectionnent, à des taux de rémunération encore plus élevés que leurs collègues dans le secondaire.)

    Pour les détachements, un mdc est réintégré dans le supérieur (normal !), alors qu'un agrégé sera réintégré dans le secondaire (sauf s'il retrouve un poste de prag, et vu le nombre de postes très limité, bon courage) !
  • Glag: 1/3 des profs du secondaire agrégés, je pense que t'y vas très fort, non ?

    A la limite peut être en lycée ?
  • Titou: il n'est pas question de comparer poste en classe prépa et poste de
    Prag. Reconnaissons que les responsabilités ne sont pas les mêmes. Une maths sup et un DUT (ou une première année de fac) sont des mondes différents.
  • Oui, je précisais lycée dans mon premier message...sans doute beaucoup moins en collège. Je n'ai pas de statistiques générales, j'extrapole à partir de quelques exemples un ordre de grandeur pour répondre à la question de quelqu'un qui se demandait où sont les agrégés.
    Si quelqu'un a des chiffres plus précis...
  • Pour faire des statistiques là dessus, ça ne doit pas être trop dur :

    A vue de nez, je crois qu'il y a 300 agrégés recrutés pour 1000 certifiés chaque année (ou une proportion presque équivalente).
    Or, sachant que tous les agrégés ne vont pas dans le secondaire, on ne doit pas être loin de 1/5 à 1/4 d'agrégés dans le secondaire. (proportion supérieure en lycée, et inférieure en collège).

    Dans mon lycée (d'un bon niveau) on doit être entre 1/3 et 1/2...
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