Débouchés après une thèse en mathématiques fondamentales

Je suis actuellement en première année de thèse au Japon, et je me pose des questions sur les autres débouchés que professeur et chercheur. Je résume rapidement mon parcours :
2018 : sortie de prépa MP, je rentre sur second concours à l'ENS de Rennes
2021 : je décroche l'agreg
2022 : je fais mon stage de M2 et j'enchaîne sur le début de ma thèse, le tout au Japon, projet qui me tenait à cœur depuis un moment (j'ai appris la langue pendant des années en France et je peux enfin m'en servir).
En sortant de prépa, mon projet était clair : agreg -> thèse -> prof en prépa. Depuis bien sûr j'ai ouvert les yeux et compris que c'était impossible sans passer par la case lycée, voire collège suivant les affectations. Je n'ai pas pour autant rayé cela de mes choix possibles, simplement j'envisage mes autres options, qui sont
- Enseignant-chercheur, pour l'instant la recherche me plaît, cependant je pèse encore le pour et le contre, je ne suis pas encore décidé si je veux en faire mon métier.
- Autre : travail dans une entreprise / une startup, quitte à faire une reconversion sur le tas (dans la limite d'un domaine pas trop éloigné : maths appliquées, informatique par exemple). C'est la raison principale pour laquelle j'écris ce sujet, car je m'y connais très peu.
Que connaissez-vous comme métiers, secteurs, etc qui recrutent des mathématiciens (ou du moins des profils matheux dans un sens large ; je suis assez ouvert) ?
Et surtout, avez-vous des conseils à me donner pour que je puisse me renseigner ? Je ne sais pas vraiment par où commencer pour chercher...
Merci de m'avoir lu.

Réponses

  • YvesM
    Modifié (March 2023)
    Bonjour,

    Tu peux travailler dans les banques internationales ; les companies d’assurance ; la data science (Bloomberg, Reuters, Amazon, Google, Microsoft) ; la bio-informatique… 

    Tu peux utiliser ton japonais et ton expérience dans ce pays pour obtenir un premier poste au Japon. Les grands groupes français établis au Japon devraient aimer ton profil. 
  • Bonjour, 
    Il y a beaucoup d'entreprises qui ont besoin de maths, on peut rajouter tout ce qui touche à l'énergie, l'optimisation et toutes ses branches (probabiliste/ déterministe...) sont des domaines qui apparaissent naturellement dans l'industrie. En pratique le plus dur c'est de pouvoir justifier que tu as les compétences pour traiter ces problèmes. Dans le sens où selon les domaines / interlocuteurs, il y aura certaines entreprises qui auront des préjugés genre "profil trop théorique" (A mon avis ce n'est pas justifié mais je ne suis pas objectif et ce n'est pas moi qui recrute  :) ). Néanmoins Je pense que ce type de préjugés commence un petit peu à partir, et à l'inverse il y a aussi des entreprises sur des domaines à la mode ( informatique quantique, fusion nucléaire...) qui recherchent des profil très théoriques donc il ne faut pas hésiter à regarder de ce côté aussi. (Tu peux aller voir les start up lancées par des docteurs/ chercheurs ou des entreprises qui ont déjà vu des gens de ton profil faire leurs preuves il y en a plusieurs parmi celles qui sont citées plus haut).
  • Va postuler en banque, fonds, data science en Suisse, United States, pays Scandinaves, voir ici au Japon. Tu n'as pas envie d'avoir une famille avec une japonaise de poche, au lieu d'une Gigalax ? 
    ---> I believe in Chuu-supremacyhttps://www.youtube.com/watch?v=BVVfMFS3mgc <---
  • Positif a dit :
    Tu n'as pas envie d'avoir une famille avec une japonaise de poche, au lieu d'une Gigalax ? 
    Voir ceci. Sinon, l'actuariat est très friand des profils très théoriques en maths. Mais globalement, je pense que tu peux faire à peu près tout ce qui n'est pas manuel.
  • J'ai plusieurs amis et connaissances qui ont eu une prépa directement après la thèse sans passer par la case lycée/collège. Cela nécessite un très bon dossier, de candidater sur une très large zone géographique et, aussi, d'avoir de la chance car c'est assez aléatoire. Est-ce que ta thèse au Japon te permettra de valider ton année de stage ?
  • Au passage, comme tu es apparemment normalien élève, n'oublie pas de gérer l'engagement décennal si tu pars dans le privé à l'étranger.
    Pour les postes en prépa, cela dépend de ton classement mais il me semble qu'un candidat avec un rang à 2 chiffres peut avoir un poste en prépa en quelques années et que certains ont en attendant des postes à l'IUT ou ailleurs dans le supérieur. Je m'ajoute aussi à la remarque de Renart, pas convaincu qu'EdNat accepte les stages à l'étranger.
  • Vincent909
    Modifié (March 2023)
    Merci à toutes et à tous pour vos réponses, je vais aller creuser dans les directions proposées.
    Ma thèse est en analyse semi-classique / dynamique quantique donc pour le coup stats/proba/data science etc je n'ai pas d'expérience dedans à l'heure actuelle.
    Je n'ai pas encore décidé du pays dans lequel je me vois commencer ma carrière, mais en ce moment je penche plutôt pour un retour en France. Dans tous les cas j'ai bien compris qu'il va falloir que j'apprenne à me vendre et à faire valoir mes compétences, ce qu'on ne m'a jamais appris dans mon cursus (mais ça ne me fait pas spécialement peur).
    Renart a dit :
    J'ai plusieurs amis et connaissances qui ont eu une prépa directement après la thèse sans passer par la case lycée/collège. Cela nécessite un très bon dossier, de candidater sur une très large zone géographique et, aussi, d'avoir de la chance car c'est assez aléatoire. Est-ce que ta thèse au Japon te permettra de valider ton année de stage ?
    Malheureusement non, je n'ai pas d'heures d'enseignement obligatoire et même si j'en avais je crois que l'éducation nationale/supérieure s'en fiche (pas de contrat doctoral français = peanuts pour le stage, j'ai cru comprendre).
    Je me permets de rebondir sur cette histoire de stage : les points d'affectation post-concours (points bonus avec l'agreg, le rang, le rapprochement de conjoint, etc) ne comptent que pour l'affectation de l'académie de stage (en fonction des places disponibles j'imagine) et sont remis presque à 0 après la première affectation, est-ce correct ?
    J'ai un ami qui a passé l'agreg en même temps que moi, s'est classé dans le même décile que moi (rang à 2 chiffres), a fait son année de stage et s'est retrouvé à Créteil en première affectation. Il prévoit de démissionner à la fin de l'année pour beaucoup de raisons (hiérarchie, élèves, parents d'élèves, pas de perspectives, ...).
    Ajoutez cela à la moyenne des commentaires et retours que j'ai pu lire et entendre ça et là sur les premières affectations d'agrégés et cela vous donnera une idée sur mon pessimisme quant à la situation. J'ai l'impression que même avec des vœux géographiques assez larges c'est très risqué de se lancer là dedans si la seule chose que l'on envisage c'est prof en prépa. Ce que je veux dire c'est que je ne sais pas si j'ai envie de faire même juste quelques années en lycée pour aller, ou pas, en prépa au final. (surtout quand je vois la fulgurance avec laquelle cela a démotivé mon ami qui avait pourtant l'air bien motivé pour le lycée, et que je compare cela avec ma motivation qui est probablement moins forte).
    Je précise que n'ai pas d'engagement décennal donc ça me donne la liberté supplémentaire de pouvoir choisir autre chose sans trop d'arrière pensée.
    Bonne journée.
  • Positif
    Modifié (March 2023)
    Il faut être clair sur un truc : 95% des offres que tu pourrais avoir c’est à l’étranger, tu n’auras presque rien en France. Donc le “retour en France” me semble bien compromis. En revanche avec un titre de docteur tu peux chercher du travail aux Etats-Unis donc profite de cette opportunité.

    @Bibix : pour faire [un] "vrai" actuaire il faut faire une école d'actuariat, c'est une mafia. Donc je ne pense pas que ce soit la meilleure solution pour lui, il devrait repasser par un an d'études. :s 
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  • Positif
    Modifié (March 2023)
    Heuristique a dit :
    Au passage, comme tu es apparemment normalien élève, n'oublie pas de gérer l'engagement décennal si tu pars dans le privé à l'étranger.
    Ce sont des conneries "l'engagement décennal", jamais personne ne le respecte, comme l'engagement décennal dans l'école Polytechnique. 
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  • Je confirme qu'une thèse à l'étranger, même avec de l'enseignement, ne permet pas de valider le stage d'agrégation.
  • Fulgrim
    Modifié (April 2023)
    Je suis exactement dans la même situation que toi (agreg, M2 Recherche, puis thèse à l'étranger) et je me pose les mêmes questions avec les mêmes objectifs.
    Une première chose que je peux dire c'est qu'effectivement, j'ai eu beau expliquer ma situation, je n'ai pas d'autre choix que de revenir en France en Septembre valider mon stage si je ne veux pas perdre l'Agrégation. La seule chose que j'ai pu obtenir c'est avoir une année de délai en plus pour finir ma thèse avant de devoir faire mon stage d'agrégation (4 ans plutôt que 3). Je peux développer ce point si ça t'intéresse, mais il faudra s'y prendre rapidement.
    Par conséquent je me dépêche pour finir ma thèse d'ici l'automne, et je me renseigne comme toi pour connaître les options qui s'ouvriront à moi à la fin de ma thèse.
    Je te conseille de regarder s'il existe des forums des métiers organisés par ta fac. Par exemple dans la mienne, il y a le forum EPFL par lequel j'ai pu rencontrer plusieurs entreprises qui sont intéressées par les profils comme les nôtres. Il y a bien sûr les banques et assurances qui recrutent des profils "proba/stats", mais ce ne sont pas les seules possibilités ! Des entreprises comme Total, Dassault systems, EDF ou des boîtes dans le domaine du médical pour ne citer que quelques exemples peuvent être intéressées par des profils comme le tien. Il faut juste aller à leur rencontre.
    Une dernière question pour tous : pour obtenir un poste en prépa, qu'est-ce qui est le plus important entre le rang à l'agreg, la thèse, et les points (ancienneté, famille, etc) ?
  • umrk
    Modifié (April 2023)
    Ce qui importe c'est ce dont tu as envie ... pour ce qui est de l'EdNat, ma fille, ENS Rennes également,  (rang agreg à deux chiffres, thésée, mais ça ne suffit pas à caractériser sa performance (rang <=5) car en méca, seulement 26 postes je crois, l'année où elle a concouru). Elle m'a dit que pratiquement tous les postes proposés étaient en région parisienne (bon, ça tombe bien , c'est ce qu'elle souhaitait).

    Elle a obtenu une affectation à Paris en CGPE (pas à Louis Le Grand ...).
    (confirmation de son affectation par un email, qu'elle m'a montré, chef d’œuvre de manque d'empathie, aurait pu être rédigé par un robot (je ne sais pas pourquoi j'utilise un conditionnel ...)

    Recherche, enseignement, industrie, tout t'est ouvert, à toi de voir ... tout choix comporte des avantages et des inconvénients, c'est un choix personnel qui ne dépend que de toi.
  •  La thèse est une condition quasi-nécessaire, le rang à l'agreg te classe en catégories : de 1 à 20, puis de 21 à 40, etc. ; troisième critère : opportunités (être au bon endroit au bon moment). Comme les IG aiment bien faire visiter la France aux néo - entrants, je doute que le rapprochement familial soit un plus pour rentrer.
  • Héhéhé
    Modifié (April 2023)
    Je connais des contre-exemples à toutes les règles évoquées ici ou ailleurs. Tous les ans il y a des gens sans thèse, avec un classement moyen sans être passé par une ENS qui obtiennent des postes en CPGE et il y a des dossiers qui vérifient ces conditions et qui n'obtiennent rien. Et pour les catégories selon le rang à l'agrégation invoquées par math2, cela me parait extrêmement douteux... 

    Evidemment ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Avoir un bon classement à l'agrégation et avoir une thèse sont des gros plus, mais ce n'est ni nécessaire, ni suffisant, et heureusement !

    De même, plus les critères géographiques sont larges, plus les chances augmentent de manière mécanique !

    Par contre rentrer dans l'EN en voulant absolument une CPGE, rien d'autre et ne pas être prêt à faire quelques années dans le secondaire me parait risqué...

  • math2
    Modifié (April 2023)
    Pour nourrir un peu ta réflexion, je sais qu'à titre personnel je n'ai pas postulé sur des postes de chercheurs plein temps, cependant la question du choix du métier d'enseignant-chercheur vs prof de prépa n'est pas à négliger, si l'entrée "rapide" (ce qui semble de plus en plus rare) dans la carrière est possible.
    Bien qu'ayant eu une proposition de PCSI dans un lycée parisien plutôt côté comme première affectation, je ne regrette pas au final d'avoir choisi la carrière de MCF (les deux s'étaient offertes à moi), et pourtant c'est de loin l'enseignement que je préfère. Déjà, je ne suis pas soumis à une hiérarchie, je n'ai personne qui m'inspecte, je peux organiser mon travail de manière beaucoup plus libre, a priori mon poste ne risque pas d'être supprimé (la réforme des ECG, provisoirement mise à l'arrêt, a angoissé quelques jeunes profs sur leur devenir, les recteurs rappelant qu'un agrégé pouvait être remis dans le secondaire (probablement pas les chaires sup), où l'on manque de profs). En terme d'enseignement, une fois qu'un cours m'est confié, je l'organise comme je veux, je ne suis pas soumis strictement à un programme. Je peux facilement changer d'enseignement lorsque j'en ai envie. Si le devenir des enseignants-chercheurs n'est pas certain à 100%, le devenir des profs de prépa sur un avenir dont j'ignore le terme n'est pas forcément très beau. On peut travailler beaucoup (j'ai déjà dépassé les 80h hebdomadaires, et pas qu'une fois), cependant on peut aussi travailler très peu. Il y a deux ans, pour des raisons familiales, j'ai été amené à pratiquement tout arrêter en présentiel (je devais H24 surveiller un malade). Cela n'a pas été un problème de faire des échanges avec des collègues (je leur donnais les documents, mais ils ont tout assuré à ma place), je ne me serais pas vu (peut-être à tort) faire cela dans une prépa, j'aurais sans doute été obligé de prendre un congé sans solde.  Il faut cependant accepter le fait d'avoir des étudiants globalement moins motivés, souvent de milieux moins favorisés socialement, mais c'est aussi un plaisir de voir que parfois on sort de manière inattendue un étudiant un peu faiblard et qu'on lui permet de s'épanouir. J'ai quelques exemples en tête.
  • Amédé
    Modifié (April 2023)
    Heuristique a dit :
    Au passage, comme tu es apparemment normalien élève, n'oublie pas de gérer l'engagement décennal si tu pars dans le privé à l'étranger.
    Pour les postes en prépa, cela dépend de ton classement mais il me semble qu'un candidat avec un rang à 2 chiffres peut avoir un poste en prépa en quelques années et que certains ont en attendant des postes à l'IUT ou ailleurs dans le supérieur. Je m'ajoute aussi à la remarque de Renart, pas convaincu qu'EdNat accepte les stages à l'étranger.
    Il y a beaucoup de rang à 3 chiffres prof de prépa.
  • Héhéhé
    Modifié (April 2023)
    math2, désolé mais tu parles vraiment sans savoir (à propos d'obtenir un poste en CPGE).
  • Renart
    Modifié (April 2023)
    mais il me semble qu'un candidat avec un rang à 2 chiffres peut avoir un poste en prépa en quelques années et que certains ont en attendant des postes à l'IUT ou ailleurs dans le supérieur.

     Les postes en IUT ou "ailleurs dans le supérieur" ne sont pas gérés par l'éducation nationale (sauf à parler de BTS), avec toutes les emmerdes qui vont avec : demande de disponibilité/détachement chaque année, droit à l'avancement, statut de contractuel etc.

    Je me permets de rebondir sur cette histoire de stage : les points d'affectation post-concours (points bonus avec l'agreg, le rang, le rapprochement de conjoint, etc) ne comptent que pour l'affectation de l'académie de stage (en fonction des places disponibles j'imagine) et sont remis presque à 0 après la première affectation, est-ce correct ?
    @Vincent909 : Pas vraiment. Les points de rapprochement de conjoint marchent pour les choix d'académie après l'année de stage. D'ailleurs si tu es séparé de ton conjoint pendant l'année de stage tu gagnes des points bonus pour obtenir l'académie qui t'en rapprochera l'année suivante. Avec une telle quantité de points tu n'iras peut-être pas à Nice mais tu éviteras assurément Créteil et Versailles. Mais effectivement, si tu veux te lancer dans l'éducation nationale avec comme objectif "prof de prépa dès l'après stage et rien d'autre" il va te falloir une voie de secours. Un peu comme pour l'objectif "MCF en 25 ou rien".
    Une dernière question pour tous : pour obtenir un poste en prépa, qu'est-ce qui est le plus important entre le rang à l'agreg, la thèse, et les points (ancienneté, famille, etc) ?
    @fulgrim. Difficile à dire, d'autant que ça semble variable d'un inspecteur général à l'autre... Ce qui est certain c'est que les points ne rentrent pas en compte, il s'agit de postes à profil. La thèse semble être une condition quasi nécessaire pour les jeunes enseignants. Le classement à l'agrégation et peut être encore plus la mobilité géographique jouent énormément. Être là au bon moment au bon endroit pour faire un remplacement au pied levé aide beaucoup à mettre le pied dans la porte de ce système.
    Et pour les catégories selon le rang à l'agrégation invoquées par math2, cela me parait extrêmement douteux...
    @Héhéhé : Pourtant c'est ce que l'on pouvait encore lire il y a quelques années dans les rapports de l'IG pour les affectations en prépa. Même si dans mes souvenirs c'était plutôt groupe 1 : 1 à 40, groupe 2 : 40 à 80 etc. À noter que le groupe 0 était "a déjà enseigné en prépa" indépendamment du classement à l'agrégation.

    Sinon je ne vois pas pourquoi math2 parlerait sans savoir, mais si c'est le cas tu ferais peut-être bien de nous éclairer.
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