Prépas privées

Je signale un article intéressant dans le Canard de cette semaine (10-8-2022) sur le business de l'optimisation méritocratique. 
Il s'agit des stages de terminale et d'été pour médecine (activité déjà ancienne, lorsque j'enseignais en fac de médecine pendant ma thèse j'en avais découvert l'existence voilà plus de 25 ans) mais aussi droit et maths-physique par lesquels l'article commence.

J'ai l’impression que le développement des prépas de prépas scientifiques est assez récent. En maths-physique le coût annoncé est de 4390€ pour cinq stages de 36h chacun (4h de maths, 2 de physique sur 6 jours). Les groupes étant de 15 élèves, le chiffre d'affaire horaire est de 365€. Pas mal ! Et encore ce n'est que pour le présentiel ...
"J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert

Réponses

  • bisam
    Modifié (August 2022)
    Je n'ai pas accès à l'article et je n'ai pas très envie de le lire.
    Ces "prépas à la prépa" ne sont rien d'autres que des pompes à fric.
    1) Elles sont chères pour le temps de présence effectif.
    2) Elles n'ont que très peu d'intérêt pour les élèves : les bons n'en ont pas besoin, et les moins bons ne progresseront pas suffisamment en si peu de temps.
    3) Pire, elles donnent l'illusion à ceux qui sont "moyens" qu'ils ont "de l'avance"... et ils se reposent sur leurs lauriers de début d'année pour finalement s'apercevoir que les autres progressent plus vite qu'eux.

    Les 3 ou 4 élèves que j'ai eus et qui étaient passés par là (et qui me l'ont dit) n'ont jamais été avantagés pendant plus de 4 ou 5 semaines.

    L'existence de ces "stages" n'est en rien une nouveauté : ils existent depuis au moins 25 ans.
    J'ai moi-même été "coordinateur" de l'un de ces stages, l'année de mon agreg. On m'a appelé une semaine avant le stage pour me dire où je devais récupérer les photocopies (illégales !) de bouquins entiers pour les distribuer aux élèves, ce que je devais enseigner, et combien de temps. Je n'ai rencontré personne : tout s'est fait au téléphone.
    Il y a probablement eu des évolutions depuis ; notamment, certaines prépas à la prépa ont désormais leurs propres locaux.
  • Vassillia
    Modifié (August 2022)
    Bonjour, je ne peux parler que pour médecine, j'ai travaillé pour deux d'entre elles et il y a effectivement de tout :
    - Celles avec peu d'étudiants où il y a un pauvre prof qui fait le job comme il peut pour plusieurs FACs et qui est payé à l'heure
    - Celles avec beaucoup d'étudiants (j'entends par là nettement plus que de reçus) où il y a des gros moyens pour adapter le cours au concours que passera l'étudiant.
    La différence n'est pas forcément visible par les parents même si les moyens publicitaires ne sont évidemment pas les mêmes non plus.

    C'est une pompe à fric, certes, et ça rapporte effectivement, on peut être contre par idéologie, cela ne me pose aucun problème et c'est même sain. Mais c'est un passage devenu difficile à éviter pour certaine filière sélective. Les prépas scientifiques s'en sortent peut-être un peu mieux car ils gardent le format classe et ont 2 ans pour préparer les étudiants.
    En revanche, vous vous doutez bien que fac vs fac + prépa intensive en amont et pendant, ce n'est pas très équitable. Il est faux de dire que les bons n'en ont pas besoin, un bon préparé sera meilleur qu'un bon pas préparé et j'affirme même qu'un moyen préparé sera meilleur qu'un bon pas préparé. Il est toutefois vrai qu'un excellent peut faire sans et rattraper la différence mais ce sera beaucoup plus difficile pour lui.
    Anecdote : prof de fac très anti prépa médecine, il nous critique souvent pendant ses cours en disant que cela ne sert à rien. Sa fille passe le concours donc il ne peut pas enseigner l'année en question et elle s'inscrit chez nous. Euh bonjour l'hypocrisie

    In mémoriam de tous les professeurs assassinés dans l'exercice de leurs fonctions en 2023, n'oublions jamais les noms de Agnes-Lassalle et Dominique-Bernard qui n'ont pas donné lieu aux mêmes réactions sur ce forum (et merci à GaBuZoMeu)
  • Ce que tu écris Bisam est tout à fait cohérent avec ce que j'ai pu lire par ailleurs, et ce de sources très différentes. À savoir que c'est le - vrai - niveau en fin de terminale qui est déterminant en maths, plus que l'avance dans le programme des taupins, et que celui-ci ne peut s'acquérir qu'avec une pratique très sérieuse au moins depuis la seconde, si possible complétée par des activités comme celles proposées en club de maths, la préparation au CG etc. D'un point de vue business c'est très difficile à mettre en oeuvre voire impossible. C'était d'ailleurs l'argument de l'Aores pour dire que son test n'était pas "préparable" de ce point de vue.

    p.s. merci pour l'anecdote Vassillia  :D
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  • Bonjour,
    Je connais un ancien taupin qui a suivi un stage français-anglais d'une semaine chez Ipésup (à côté de ND de Paris) en 2002 ; le prof de français était excellent (enseignant en lettres sup) et le taupin en question a obtenu aux concours une très bonne note (vu son niveau initial) en français et des notes correctes en anglais.
    A+
    Comment font les vampires pour se coiffer ? (Hieronymus Baldus)
  • Petit Gaulois
    Modifié (August 2022)
    À savoir que c'est le - vrai - niveau en fin de terminale qui est déterminant en maths
    Soit, mais comment vraiment définir ce niveau? Une véritable maîtrise du niveau de fin de terminal, n'est-ce pas normalement un niveau de CAPES BAC+1 qui permet donc de tout comprendre/maîtriser avec le recul (la hauteur) nécessaire, d'où le +1 ???

    Je regarde les discussions sur les "faux" raisonnements par l'absurde (en lien avec des questions du genre "Soit p un nombre premier, démontrer que la racine ...etc....irrationnel") et je me demandais, "c'est quel niveau en réalité ?" Certains ont vu cela en seconde, d'autre en terminal, d'autre pendant ces pre-prepa.... Mais c'est clairement un truc de base pour le CAPES, quels que soient les changements de programme. Et évidemment, les preparationnaires des Olympiades maîtrisent ces raisonnements et des applications directes notamment en arithmétique...

    Il me semble découvrir que des Lycées proposent de plus en plus des cours supplémentaires (week-end et parfois au début des vacances scolaire après le BAC), j'ai un gros doute que ce soit fondamentalement diffèrent que ce que les pre-prepa proposent...

    C'est plus une question qu'un commentaire
  • C'est une bonne question Petit Gaulois, mais ce n'est pas forcément l'avance conceptuelle. Je dirais que c'est la conjonction de la dextérité, de la rapidité et de la rigueur, au niveau des concepts de terminale. 
    De fait on ne peut acquérir cela dans les classes standards des lycées, c'est pour cela que dans la lutte des places il y a une demande sociale de classes et d'établissements spéciaux dont les ressortissants peuplent (avec les habituelles exceptions de mesure nulle qui sont bruyamment mises en avant) les cursus très huppés chers aux fétichistes de la taupe.
    Je pense que c'est vrai pour les maths et sans doutes pour les disciplines connexes (physique et informatique), mais moins pour les autres où les ressorts cognitifs sont différents (cf. témoignages de Vassillia et de Piteux_gore).
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