Finalement, il existe le hasard ?

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Réponses

  • Bibix
    Modifié (August 2022)
    En lisant gerard0 et ta réponse, je pense avoir compris. En fait, je pensais qu'une théorie déterministe donne forcément une prédiction déterministe en théorie. Et que c'est uniquement notre incapacité à calculer cette prédiction (et les constantes et les conditions initiales) préçisément qui fait qu'on soit obligé d'introduire des probabilités. 

    Mais pour les scientifiques, une théorie déterministe peut énoncer une prédiction probabiliste en théorie. Ou plutôt le sens même du terme "prédiction" est changé pour que l'on puisse dire que la prédiction est déterminée.

    Ça me paraît quand même vraiment éloigné de la notion d'origine... et comme le dit gerard0, tous ces univers n'interragissent pas entre eux, donc c'est irréfutable. Un peu comme la théorie des variables cachées non locales.
  • En ce qui me concerne, je ne comprends quasiment aucun des mots que vous écrivez… Bibix, quand tu dis « irréfutable » tu veux dire « prouvé comme irréfutable » ou « que je ne sais pas réfuter » ?
  • Bibix
    Modifié (August 2022)
    C'est plutôt "je ne sais pas réfuter", mais ce n'était pas le bon terme. En gros, il n'y a aucun critère existant qui pourrait montrer que ces "duplications" n'existent pas sans montrer que la théorie quantique classique est fausse. Du coup, tant que la théorie quantique classique reste vérifiée, même si la théorie des multivers est fausse, on ne pourra jamais s'en rendre compte dans son état actuel.

    Du coup, si je dis que c'est une entité qui fait le choix de la mesure et que cela explique le fait que ça semble aléatoire, ça apporte exactement la même valeur prédictive que cette théorie... c'est pas vraiment ce que j'attendrais d'une théorie déterministe intéressante.
  • [Utilisateur supprimé]
    Modifié (August 2022)
    Bibix a dit :
    En lisant gerard0 et ta réponse, je pense avoir compris. En fait, je pensais qu'une théorie déterministe donne forcément une prédiction déterministe en théorie.
    Et que c'est uniquement notre incapacité à calculer cette prédiction (et les constantes et les conditions initiales) préçisément qui fait qu'on soit obligé d'introduire des probabilités. 
    Oui c'est bien çà pourtant, il me semble.
    Mais pour les scientifiques, une théorie déterministe peut énoncer une prédiction probabiliste en théorie. Ou plutôt le sens même du terme "prédiction" est changé pour que l'on puisse dire que la prédiction est déterminée.
    Changé, élargi, modifié, adapté peu importe.
    Peut-être, c'est convaincant mais du coup, je me demande alors quel serez, la formulation d'un énoncé déterministe ou d'une prédiction dans ce cas là ?
    « Tout l'univers est constitué de mondes qui se démultiplient encore et encore pour explorer toutes les possibilités apparaissant dans la théorie de la physique quantique. »
    Et si on dit que $\text{déterministe}=\text{non probabiliste}$ ?
    Ça me paraît quand même vraiment éloigné de la notion d'origine... et comme le dit gerard0, tous ces univers n'interragissent pas entre eux, donc c'est irréfutable. Un peu comme la théorie des variables cachées non locales.
    Oui pour moi aussi c'est irréfutable mais c'est « intellectuellement » intéressant, dans un sens.
    (On peut s'amuser à faire un lien, par exemple, avec la théorie de l'évolution, mais c'est un autre sujet).
  • gerard0
    Modifié (August 2022)
    Classiquement, on disait que les théories scientifiques étaient déterministes parce que, une fois posées les hypothèses d'évolution, la suite était totalement prévisible en théorie. Bien évidemment, en pratique c'était autre chose. Mais même à la grande époque du scientisme triomphant, au milieu du dix-neuvième siècle, sont apparues des théories non déterministes, la mécanique statistique qui a expliqué les règles des gaz parfaits et la théorie de l'évolution. Et peu à peu le compagnon de ce déterminisme parfait, le réductionnisme a été mis en cause. La nouveauté du vingtième siècle a été la création presque simultanée d'une théorie parfaitement déterministe, la relativité, et d'une théorie probabiliste (au moins dans son interprétation), la quantique. Et le siècle entier a été consacré à essayer de comprendre cette deuxième théorie; et on continue à chercher.
    Il se trouve que la grande théorie physique non déterministe du siècle dernier est souvent présentée de façon probabiliste, mais au siècle précédent, la théorie de l'évolution ne l'est pas, et toutes ses réinterprétations probabilistes ont échoué, même avec la génétique. Ce qui domine est (au sens philosophique) "l'accident", ce qui arrive, ce qui aurait pu ne pas arriver. On peut appeler ça le hasard, mais le changement de terme ne change pas la réalité : Il y a un aspect historique.
    Pour ma part, je ne vois pas l'intérêt des théories irréfutables, comme celle d'Everett : C'est comme quand on me propose de parier à pile ou face avec la règle "Pile je gagne, face tu perds".
    Cordialement.
  • [Utilisateur supprimé]
    Modifié (August 2022)
    gerard0 a dit :
    Pour ma part, je ne vois pas l'intérêt des théories irréfutables, comme celle d'Everett : C'est comme quand on me propose de parier à pile ou face avec la règle "Pile je gagne, face tu perds".
    Si c'est çà alors tout le monde peut se faire avoir la « première » fois, et c'est ça l'intérêt (je plaisante peut-être).
  • Math Coss
    Modifié (August 2022)
    "Ça" est une abréviation de "cela", "çà " est un adverbe de lieu (cf. "çà et là").
  • @gerard0 : quand tu dis « irréfutable », que veux-tu dire ? Et pourquoi dis-tu que la mécanique statistique (sous-ensemble des probas) est non déterministe ? La théorie des probas est tout à fait déterministe !
  • [Utilisateur supprimé]
    Modifié (August 2022)
    Math Coss a dit :
    "çà " est un adverbe de lieu (cf. "çà et là").
    Oui ça peut aussi se trouver dans des interjections, comme dans « Çà alors ».
  • Foys
    Modifié (August 2022)
    Il faudrait retrouver le lien vers la thèse de Christophe C où il aborde ces problèmes. Il y a aussi les nombreuses conversations du forum où il a participé sur ce sujet.
    Par déterminisme en sciences on veut dire que les conditions initiales d'une expérience déterminent complètement son évolution future (*).
    La mécanique statistique est déterministe au sens de (*); le "hasard" n'est rien d'autre (comme dans tous les usages des probabilités classiques) qu'un manque d'information (sur les conditions initiales notamment: vous êtes dans $(\R^3)^n$ où $n$ est une grande puissance de $10$). La définition (*) ne prend pas en compte les connaissances de l'expérimentateur.
    La mécanique quantique est la première vraie théorie physique dans laquelle il existe des résultats de mesure indéterminés de façon fondamentale (sauf à admettre l'interprétation des multivers qui dit ouvertement qu'il n'y a pas de mesure et que le monde est la même chose qu'une fonction d'onde, solution d'une équation différentielle ordinaire et donc déterministe).
    La raison pour laquelle tant d'informaticiens (quantiques) croient au multivers n'est pas une ignorance de vieux livres de philo poussiéreux mais parce qu'ils affrontent tout simplement le fait concret hallucinant qui est que l'ordinateur quantique viole les classes de complexité classiques. Prenons un exemple (l'algorithme de Deutsche-Jozsa): Soit $n\in \N$. Soit $S$ l'ensemble de tous les éléments de $\{0,1\}^{2n}$ ayant autant de $0$ que de $1$. Soit $f:= (1,1,1,...,1)$ le $2n$-uplet constant et égal à $1$. Soit $T:=S \cup \{f\}$.
    Étant donné un élément $g$ dans $T$, combien d'opérations faut il faire pour savoir si $g=f$? il faudrait interroger au pire des cas $n+1$ bits de $g$.
    L'informatique quantique peut résoudre ce problème instantanément.
    L'idée qu'un ordinateur quantique fait des calculs en parallèle dans les mondes parallèles (des requêtes de bits ici) est en fait l'explication la moins fantaisiste  de ce genre de phénomène. Les explications concurrentes sont :
    - Bohm: l'ordinateur quantique voyage dans le temps ;
    - le superdéterminisme : l'ordi quantique accomplit simplement un tour de magie ;
    - Feynman : tais-toi et calcule.
    Pensez à chercher sur le web ces exemples (GHZ, Deutsche-Jozsa), ils sont célèbres et maintenant assez anciens.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Dom
    Dom
    Modifié (August 2022)
    turboLanding,
    Dans ton lien, je ne vois pas où la justification de l’orthographe « çà alors » est mentionnée.
    Cordialement
    Dom
  • Bibix
    Modifié (August 2022)
    Foys a dit :
    L'idée qu'un ordinateur quantique fait des calculs en parallèle dans les mondes parallèles (des requêtes de bits ici) est en fait l'explication la moins fantasiste  de ce genre de phénomène. Les explications concurrentes sont:
    -Bohm: l'ordinateur quantique voyage dans le temps;
    -le superdéterminisme: l'ordi quantique accomplit simplement un tour de magie;
    -Feynman: tais-toi et calcule.
    Ben non, les mondes parallèles sont censés être indépendants les uns des autres, donc l'idée est quand même beaucoup plus fantaisiste que juste se dire que le monde quantique est impossible à interpréter avec uniquement nos propres standards qu'on a acquis dans notre propre monde. Je trouve la réponse de Feynman beaucoup plus raisonnable (et humble).
  • les mondes parallèles sont censés être indépendants
    Ah bon ?
  • Bibix
    Modifié (August 2022)
    Une fois qu'ils sont créés par la mesure, les mondes parallèles sont complètement dissociés. Si l'un est modifié (ou dupliqué), l'autre peut rester inchangé et il n'y a aucun transfert d'information entre eux. C'était peut-être pas clair avec le terme indépendant qui peut faire penser à la définition probabiliste.

    D'ailleurs, il me semblait qu'on avait un taux d'erreur non négligeable avec l'informatique quantique, ce qui oblige à répéter plein de fois l'opération. On peut quand même parler de résolution instantanée dans ce cas ?
  • [Utilisateur supprimé]
    Modifié (August 2022)
    [Inutile de recopier un message présent sur le forum. Un lien suffit. AD]
    "Pour être complet, il faudrait encore mentionner l’existence d’une interjection qui fit les beaux jours de nos écrivains classiques, et dont certains de nos dictionnaires ont conservé le souvenir, quand elle ne serait plus utilisée qu’exceptionnellement. Comme le « çà » de la locution « çà et là », elle s’écrivait avec un accent grave et traduisait aussi bien l’encouragement que l’impatience : « Ah çà ! allez-vous répondre ? » Pour exprimer l’étonnement, elle est aujourd’hui concurrencée, dans la langue familière, par la forme sans accent : « Çà, par exemple ! » ou « Ça, par exemple ! »"
  • Dom
    Dom
    Modifié (August 2022)
    Hum… c’est intéressant mais ne voit toujours pas « çà alors ». 
    D’ailleurs sur cette page, un message pose la question : (tout en bas de la page, message de 2013) 
     « Il reste le « ça alors ! », pour lequel je suis preneur de votre avis ! ».
  • usine
    Modifié (August 2022)
    Foys  "Il faudrait retrouver le lien vers la thèse de Christophe C où il aborde ces problèmes. "
    J'en profite pour dire que je fais aussi comme ça (ne jamais le nommer car tel est son souhait)
     
     1407.5920.pdf (arxiv.org)
    Le paradigme téléphonique the phone boban/pdf/Chalons-these.pdf · PDF file 2014. 10. 21. · Monsieur Marc Lachieze Rey (examinateur) Monsieur Jean Pierre Ressayre (examinateur) (pdfslide.fr)
    Il y a d'autre choses sur les maths.net (une tonne de choses)
    Dont ceci 
    Celui-là, il vous plaira ! - Page 2 — Les-mathematiques.net

    Inutile de préciser que je NE comprends strictement rien mais je vis avec (c'est la vie)
  • [Utilisateur supprimé]
    Modifié (August 2022)
    Bibix a dit :
    l'idée est quand même beaucoup plus fantaisiste que juste se dire que le monde quantique est impossible à interpréter avec uniquement nos propres standards qu'on a acquis dans notre propre monde
    Dis comme ça, c'est pas si évident mais peu importe car en science physique, ressurgit une question bien connue : « interpréter avec uniquement nos standards qu'on a acquis dans notre propre monde », n'est-ce pas une définition « acceptable » de la science physique ?
  • gerard0
    Modifié (August 2022)
    Georges Abitbol, je réponds à ton message.
    Le mot "irréfutable" est technique dans ma bouche, il veut dire qu'aucun test scientifique ne peut mettre en doute la théorie. C'est le sens de Popper, pour qui les théories scientifiques sont réfutables.
    Et je conteste que la mécanique statistique soit déterministe, puisqu'elle présuppose un manque de connaissance sur l'état exact des molécules (ou atomes, ou ..). Ce n'est que la volonté des physiciens de faire croire qu'ils "savent tout" qui les a amenés à mettre ce mot sur une théorie purement statistique, basée sur l'aléatoire ... et les matheux les suivent sans réfléchir. Y compris Foys, qui donne corps à ce que je dis, puisque il ne réfléchit pas à ce que sont les conditions initiales dans ce cas (complétement inconnues). Après, on peut toujours faire de la propagande en changeant le sens de "conditions initiales", ou éviter d'y regarder de trop près et croire la publicité.
    C'est d'ailleurs ainsi que le mot déterministe est devenu le contraire de aléatoire, dans les cours de physique mathématique et de maths appliqués. Avec forte perte de sens.
    Cordialement.
  • Foys
    Modifié (August 2022)
    gerard0 a dit :
    Et je conteste que la mécanique statistique soit déterministe, puisqu'elle présuppose un manque de connaissance sur l'état exact des molécules (ou atomes, ou ..). Ce n'est que la volonté des physiciens de faire croire qu'ils "savent tout" qui les a amenés à mettre ce mot sur une théorie purement statistique, basée sur l'aléatoire ...

    L'idée de faire figurer parmi les hypothèses d'un énoncé physique le fait qu'un observateur soit au courant ou non de quelque chose veut dire que la présence non d'une certaine information dans l'esprit dudit observateur modifie le phénomène étudié. De telles considérations ne sont apparues qu'après la découverte de la mécanique quantique, par les phénomènes paradoxaux qu'elle imposait aux gens et sont toujours controversées aujourd'hui.
    Le déterminisme sous la forme "les conditions initiales d'un phénomène fixent son évolution" ne font aucune référence à aucune connaissance particulière chez l'expérimentateur. Cela ne veut pas dire que ces connaissances n'existent pas, ni qu'elles existent. Cela veut dire qu'elles ne figurent pas dans les hypothèses et par suite dans les raisonnements employés ni leurs conclusions. Ce qui se passe est que la physique statistique traditionnelle étudie in fine les solutions d'une équation différentielle dans $(\R^3)^n$ avec $n\geq 10^{20}$ et donc que pour des raisons pratiques les arguments et résultats seront formulés avec des moyennes et des concepts issus de ce qu'on a appelé plus tard la théorie de la mesure.
    Je ne pense pas que tu dirais que la trajectoire future du télescope James Webb autour de la terre est aléatoire parce que tu ne sais pas en ce moment où il se trouve. Or c'est du même tonneau.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • [Utilisateur supprimé]
    Modifié (August 2022)
    [Inutile de recopier un message présent sur le forum. Un lien suffit. AD]
    Ah oui c'est vrai, cependant quand on dit « Çà alors ! » en général c'est pour exprimer l'étonnement donc sûrement que le mec du message, il n'a pas tout lu ou bien lu, ou je ne sais quoi...
  • gerard0
    Modifié (August 2022)
    Foys,
    tu as été formé par les successeurs des scientistes du dix-neuvième, c'est normal que tu voies les choses autrement qu'elles sont, que tu appelles "déterminisme" quelque chose qui n'a rien à voir avec le mot.
    Et l'intrusion de "l'observateur" dans la mécanique quantique est assez datée. Pas d'observateur dans l'existence de tas de phénomènes quantiques (par exemple dans ce qui se passe dans ton ordinateur). C'est dans l'interprétation de la théorie qu'on le fait apparaître, mais elle marche sans.
    Je n'ai pas compris pourquoi tu donnais l'exemple du James Webb, dont la trajectoire relève en grande partie de la mécanique Laplacienne classique. Je ne parlais pas de connaissance instantanée, mais d'hypothèses de la théorie.
    Cordialement.
  • Dom
    Dom
    Modifié (August 2022)
    Oui, c'est vrai qu'il y a une explication puis des exemples, comme le "çà, par exemple".
    Puisque l'on vient de titiller les mouches, je me demande si sans la virgule c'est encore possible d'écrire avec le "à"  :D 
    Bon, cessons cette digression.
  • [Utilisateur supprimé]
    Modifié (August 2022)
    Croyez-moi bien, je n'aurais rien dit, si elle s'était arrêtée avant.


    Edit : oups, pardon
  • Bibix a dit :
    Je trouve la réponse de Feynman beaucoup plus raisonnable (et humble).
    A ce propos, une lecture intéressante : https://physicstoday.scitation.org/doi/10.1063/1.1768652?journalCode=pto

    Pourtant j'étais sûr aussi l'avoir lu de Feynman mais en fait, j'ai du confondre (d'où l'erreur d'attribution s'étant répandue) avec :
    « Si vous croyez comprendre la physique quantique, c'est que vous la comprenez pas. »
  • Bonsoir,

    Je reproduis ici un passage qui m'avait bien plu de l'Essai sur le libre arbitre (1839) d'Arthur Schopenhauer : 

    La dépendance où sont nos actes, c’est-à-dire nos mouvements corporels, relativement à notre volonté (dépendance qui est affirmée, sans doute, par la voix de la conscience), est quelque chose de tout à fait différent de l’indépendance de nos volitions par rapport aux circonstances extérieures, ce qui constituerait véritablement le libre arbitre ; mais sur l’existence de ce libre arbitre, la conscience ne peut rien nous apprendre. Cette question, en effet, est nécessairement en dehors de sa sphère, parce qu’elle concerne le rapport de causalité du monde sensible (qui ne nous est donné que par la perception extérieure), avec nos résolutions, et que la conscience ne peut évidemment pas porter de jugement sur le rapport d'une chose qui est tout à fait en dehors de son domaine, à une autre, qui lui appartient en propre. Car aucune puissance cognitive ne peut établir une relation entre deux termes dont l’un ne saurait lui être donné d’aucune manière. Or il est bien évident que les objets de la volonté, qui déterminent précisément la volition, sont placés, au-delà de la limite de la perception interne, dans la perception du non-moi ; seule, la volition se produit à l’intérieur, et c’est justement le rapport de causalité qui lie la volition et ces objets du dehors que l’on cherche à préciser. La volition seule est du domaine de la conscience, avec son empire absolu sur les membres du corps, empire dont le sentiment intime est, à proprement parler, à la racine de l’affirmation : « Je peux ce que je veux. »

    Cette histoire de libre arbitre, finalement, ou plutôt, d'abord, ne serait-elle pas une question topologique ? Le philosophe allemand parle d'intérieur et d'extérieur, et cela semble pour lui aller de soi..
  • Bibix
    Modifié (August 2022)
    Foys a dit :
    L'idée de faire figurer parmi les hypothèses d'un énoncé physique le fait qu'un observateur soit au courant ou non de quelque chose veut dire que la présence non d'une certaine information dans l'esprit dudit observateur modifie le phénomène étudié.
    Suite à ces propos qui pourraient rendre confus certains, je pense qu'il vaut mieux clarifier. Un observateur en physique quantique, ce n'est pas forcément l'expérimentateur, cela peut juste être un instrument de mesure qui mesure une observable. Un observateur n'a donc pas forcément un esprit. De plus, cet esprit (s'il existe) ne joue aucun rôle dans le phénomène mesuré, c'est une illusion prouvée comme tel depuis longtemps. Ce qui modifie le phénomène, c'est la mesure et non la connaissance de celle-ci, même si en physique quantique, on peut se permettre de confondre ces deux notions.

    Pour répondre à @turboLanding, imagine que tu vives dans une simulation, comme le jeu de la vie par exemple, mais avec des règles qui dépendent d'un tirage pseudo-aléatoire. Il te sera probablement impossible de trouver la règle déterministe qui se cache derrière, qui est de toute façon forcément diaboliquement compliquée à inférer. Surtout, il te sera impossible de comprendre réellement pourquoi ces règles semblent fondamentalement probabilistes, car ton ensemble de connaissances serait trop limité à ta condition de vie (tu n'auras que les règles que tu auras inféré dans cette simulation). Est-ce qu'il te paraitrait raisonnable dans ce cas d'essayer tout de même d'interpréter ces règles pseudo-aléatoires avec des univers parallèles et autres hypothèses pour que cela convienne à ton esprit attaché à l'ordre et au déterminisme ?
  • Foys
    Modifié (August 2022)
    @Bibix: qu'est-ce qu'une mesure en mécanique quantique? Si Alice est sur Mars, Bob sur la Terre et s'ils ont des particules intriquées, Alice peut mesurer le spin de sa particule et connaître instantanément (de son point de vue) le résultat de la mesure de Bob. Est-ce qu'alors le spin est "déjà mesuré"du point de vue de Bob? Il ne peut savoir si Alice a fait la mesure sous peine de viol de la relativité. Ce genre d'exemple devient très problématique si on rajoute des conditions de type EPR/GHZ.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • [Utilisateur supprimé]
    Modifié (August 2022)
    Mon esprit n'est pas attaché à l'ordre et au déterminisme et si tu donnais juste un exemple, et si c'était moi ou un autre qui était désigné, je ne sais pas ce qu'est une personne « attachée à l'ordre et au déterminisme ».

    Et jamais vous ne trouverez ou je n'exprimerai de toute façon même vaguement sur ce forum ou un autre, à propos de choses personnelles auxquelles je serais attachées.
  • Bibix
    Modifié (August 2022)
    Une mesure en mécanique quantique, c'est une interaction entre des particules qui provoque un effrondement de la fonction d'onde si je ne me trompe pas. Une fois que le résultat est figé, il n'y a aucune raison qu'il fluctue. Du coup, la mesure est déjà effectuée car les particules sont intriquées, c'est juste que Bob ne le sait pas encore. Mais si Bob s'entend bien avec Alice, il peut toujours lui demander au lieu de s'embêter à mesurer lui-même.

    Si je mesure le diamètre de la Terre au Japon et que quelqu'un d'autre (disons Bob) cherche à le mesurer en France, la mesure que Bob cherche à effectuer sera déjà faite, mais lui n'en sera pas conscient.

    Edit : un autre exemple peut-être plus pertinent serait celui-ci : Alice et Bob connaissent tous deux la longueur du côté adjacent d'un triangle rectangle. Imagine qu'Alice mesure le côté opposé du triangle rectangle, et que Bob mesure l'hypoténuse. Ils ne se sont jamais rencontré, pourtant ils peuvent chacun déduire de leur résultat le résultat de l'autre.
  • Bibix
    Modifié (August 2022)
    turboLanding a dit :
    je ne sais pas ce qu'est une personne « attachée à l'ordre et au déterminisme ».
    Par exemple les scientistes. Ou alors Einstein qui n'a jamais pu accepter que la mécanique quantique soit fondamentalement probabiliste ou non locale.
  • Foys
    Modifié (August 2022)
    Bibix a dit :
    Edit : un autre exemple peut-être plus pertinent serait celui-ci : Alice et Bob connaissent tous deux la longueur du côté adjacent d'un triangle rectangle. Imagine qu'Alice mesure le côté opposé du triangle rectangle, et que Bob mesure l'hypoténuse. Ils ne se sont jamais rencontré, pourtant ils peuvent chacun déduire de leur résultat le résultat de l'autre.
    Je t'invite absolument à te renseigner sur ce qu'est GHZ (une variante d'EPR qui ne demande aucune compétence en statistiques pour être comprise). Ce n'est pas une invention de moi. Bien évidemment dans les propos plus haut, "Alice, Bob" sont des figures réthoriques pouvant désigner des laborantins tout comme des détecteurs ou autres appareils.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Le spin de la particule n'est pas "découvert" mais provoqué par l'acte de mesure!! Les corrélations vues dans GHZ (tout comme dans EPR avec les inégalités de Bell) le prouvent irréfutablement.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • umrk
    Modifié (August 2022)
    Il n'y a pas en effet "une réalité". Il y a des "morceaux de réel", qui, en interagissant entre eux, font que l'un parvient à obtenir des informations sur l'autre morceau avec lequel il y a eu interaction. L'existence de cette interaction crée un lien entre les deux morceaux, et ces deux là seulement. Ces informations n'ont aucun caractère global, ou absolu. S'il n'y avait pas eu interaction, la question de savoir ce "qu'aurait été" l'information qui "aurait pu" être échangée n'a pas de sens.
  • Foys
    Modifié (August 2022)
    Bibix a dit : Ben non, les mondes parallèles sont censés être indépendants les uns des autres
    Je n'avais pas vu cette remarque. Ils ne le sont pas (sauf après décohérence), c'est même cette dépendance qui permet le fonctionnement des algorithmes quantiques.
    Les "mondes multiples" sont la mauvaise traduction imagée en prose de la véritable affirmation de la théorie d'Everett qui dit "la réduction de la fonction d'onde n'existe pas". Cette approche permet de résoudre les paradoxes de la mécanique quantique pour la simple raison qu'elle contient moins d'axiomes, c'est tout. Reste à savoir ce qu'est une mesure et pourquoi on voit ce qu'on voit.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • [Utilisateur supprimé]
    Modifié (August 2022)
    turboLanding a dit :
    je ne sais pas ce qu'est une personne « attachée à l'ordre et au déterminisme ».
    Bibix a dit : Par exemple les scientistes. Ou alors Einstein qui n'a jamais pu accepter que la mécanique quantique soit fondamentalement probabiliste ou non locale
    Je comprends de moins en moins et du coup pas mal de questions :
    1. alors je suis sûrement scientiste ;
    2. tous les scientistes sont pour le déterminisme et pour l'ordre ?
    3. justement il me semble que rien n'empêche les « déterministes » de travailler sur des outils fondamentalement probabilistes (effet photélectrique, mouvement brownien), le contraire de déterministe, à savoir indéterministe, pour vous, c'est toujours probabiliste ?
    4. Je sais que pour déterminisme, comme dans tout -isme, c'est plus de la philo, mais que probabiliste signifie seulement « fondé » mathématiquement sur les probabilités, mais çne colle pas avec ce que vous semblez dire, si ? Donc ?
  • Bibix
    Modifié (August 2022)
    C'est marrant car j'ai exactement essayé de donner des analogies (fort mal choisies comme toujours avec la MQ) pour montrer que ces expériences montrent seulement l'incompatibilité entre le réalisme local et la mécanique quantique. Mais @umrk dit que ces informations n'ont pas de caractère global (ce que je comprends comme non local) alors que le lien de Foys corrobore ce que je dis en disant que les expériences de type GHZ montrent l'incompatibilité entre la MQ et le réalisme local... .
    Et @Foys, si ils ne le sont pas, alors j'attends avec impatience les preuves de leur existence. Ça devrait être facile s'ils sont interdépendants, non? Bon évidemment, je voulais dire après décohérence, c'est aussi ce que j'ai voulu clarifier ensuite (après la mesure, il n'y a plus d'interactions entre eux). Mais le terme est mal choisi dans tous les cas, je l'admets.
    Et c'est facile de dire que si le fait de mesurer n'a plus de sens, la MQ n'a plus de paradoxes. Oui, mais moi je peux toujours faire mes mesures... il faut que je trouve un autre mot ?
  • Pour @turboLanding, je vais répondre : 
    1 - Non, je ne connais pas votre position, c'était une expérience de pensée pour clarifier mon "propres standards dans notre propre monde".
    2 - Non, mais il me semble que les scientistes prétendent que la science donne toujours la bonne conclusion et surtout ce qu'il faut faire sans contradiction possible. Cette histoire d'incomplétude de la MQ avec tout ses "paradoxes" les dérangent donc pas mal, car on n'a plus une théorie qui détermine avec exactitude ce qu'il va se passer.
    3 - On peut très bien utiliser des résultats venant d'une théorie probabiliste (MQ ou physique statistique) pour construire une théorie déterministe. Ce qui est important est la fin, c'est ce que moi (et d'autres intervenants) ont défini précédemment. S'il ne suffit pas de définir suffisamment les conditions initiales et les hypothèses d'évolution pour obtenir une conclusion qui se réalisera forcément (déterministe), alors ce n'est pas déterministe. Mais je te ferai remarquer qu'une théorie déterministe pourrait très bien se fonder mathématiquement sur des probas, car il me semble que ce qui est important c'est la prédiction.

    Le problème avec la MQ, c'est que quand je mesure le spin d'une particule intriquée, je suis incapable de prédire à l'avance le résultat de la mesure, car il faut attendre l'effondrement de la fonction d'onde. Donc il est IMPOSSIBLE (même en théorie) de donner une prédiction qui se réalisera à coup sûr. Par contre, donner des probas pour chaque évènement, c'est plutôt facile pour EPR par exemple. C'est pour cela que je dis que c'est fondamentalement probabiliste.
  • [Utilisateur supprimé]
    Modifié (August 2022)
    Bibix a dit :
    Pour @turboLanding, je vais répondre :
    1 - Non, je ne connais pas votre position, c'était une expérience de pensée pour clarifier mon "propres standards dans notre propre monde".
    Ce point n'était en fait pas une question (d'ailleurs, il n'y a pas de point d'interrogation).
    2 - Non, mais il me semble que les scientistes prétendent que la science donne toujours la bonne conclusion et surtout ce qu'il faut faire sans contradiction possible.
    Non ça c'est être simplement têtu, quoi qu'on en dise, vous avez peut-être raison mais peu importe, je ne vois pas ce que ça fait dans une discussion scientifique.
    Cette histoire d'incomplétude de la MQ avec tout ses "paradoxes" les dérangent donc pas mal, car on n'a plus une théorie qui détermine avec exactitude ce qu'il va se passer.
    Oui, ils sont tétûs, c'est vrai (mais encore irrecevable ici).
    3 - On peut très bien utiliser des résultats venant d'une théorie probabiliste (MQ ou physique statistique) pour construire une théorie déterministe.
    Je n'ai pas de connaissance exacte de la définition d'une théorie déterministe. Le déterminisme n'est-il pas plutôt une théorie justement ?
    Ce qui est important est la fin, c'est ce que moi (et d'autres intervenants) ont défini précédemment. S'il ne suffit pas de définir suffisamment les conditions initiales et les hypothèses d'évolution pour obtenir une conclusion qui se réalisera forcément (déterministe), alors ce n'est pas déterministe.
    une conclusion déterministe ? Drôles de termes et je ne peux pas comprendre ce de quoi vous voulez parler en termes simples.
    Mais je te ferai remarquer qu'une théorie déterministe pourrait très bien se fonder mathématiquement sur des probas, car il me semble que ce qui est important c'est la prédiction.
    Ha donc la théorie du déterminisme donne (doit donner) les mêmes résultats qu'une théorie de l'indéterminisme ? Si c'est ça, je suis d'accord.
    Le problème avec la MQ, c'est que quand je mesure le spin d'une particule intriquée, je suis incapable de prédire à l'avance le résultat de la mesure, car il faut attendre l'effondrement de la fonction d'onde. Donc il est IMPOSSIBLE (même en théorie) de donner une prédiction qui se réalisera à coup sûr. Par contre, donner des probas pour chaque évènement, c'est plutôt facile pour EPR par exemple. C'est pour cela que je dis que c'est fondamentalement probabiliste.
    Toujours le même problème d'usage d'un terme que je ne connais pas, de théorie déterministe, et n'est pas clair pour moi, mêmes avec vos développements.
  • Bibix
    Modifié (August 2022)
    Comme on est sur un forum de maths, je tente une définition mathématique : 
    Soit $T$ une théorie, on pose $M_T$ l'ensemble des valeurs possibles des mesures que la théorie prédit, et $C_T$ l'ensemble des variables d'entrées (conditions initiales) qu'on doit obtenir pour prédire un résultat prévu par la théorie $T$.
    $T$ est déterministe si et seulement si elle est équivalente à une application $f : C_T \to M_T$ telle que pour tout $c_0 \in C_T$, $f(c_0)$ soit la prédiction de mesure associée à $c_0$ de la théorie $T$.
    Par exemple, la théorie décrivant l'évolution de la fonction d'onde par l'équation de Schrödinger est déterministe. Par contre, si on rajoute l'effondrement de la fonction d'onde pour expliquer que pour une même expérience (même $c_0 \in C_T$) répétée plusieurs fois, on puisse avoir des mesures radicalement différentes, alors il est impossible de trouver une application équivalente donc ce n'est pas déterministe.

    Par contre, cette définition ne marche que si la théorie est réfutable.
  • [Utilisateur supprimé]
    Modifié (August 2022)
    Bibix a dit :
    Comme on est sur un forum de maths, je tente une définition mathématique : 
    Soit $T$ une théorie, on pose $M_T$ l'ensemble des valeurs possibles des mesures
    Ok pourquoi pas, mais comment défineriez-vous mathématiquement une mesure ?
    que la théorie prédit, et $C_T$ l'ensemble des variables d'entrées (conditions initiales) qu'on doit obtenir pour prédire un résultat prévu par la théorie $T$.
    Pareil, en principe, pour les conditions initiales ?
    $T$ est déterministe si et seulement si elle est équivalente à une application $f : C_T \to M_T$ telle que pour tout $c_0 \in C_T$, $f(c_0)$ soit la prédiction de mesure associée à $c_0$ de la théorie $T$.
    Pareil.
    Par exemple, la théorie décrivant l'évolution de la fonction d'onde par l'équation de Schrödinger est déterministe.
    LA theorie ? Quelle théorie (serait déterministe) ?
    Par contre, si on rajoute l'effondrement de la fonction d'onde pour expliquer que pour une même expérience (même $c_0 \in C_T$) répétée plusieurs fois, on puisse avoir des mesures radicalement différentes
    Pourquoi l'effondrement de la fonction d'onde ?, il n'y a pas plus simple (en restant dans les mathématiques) ? comme par exemple - je dis ça car c'est là tout de suite ce qui me vient à l'esprit - « envisager » un ensemble d'arrivée $C_T$ différent de celui qu'on avait préalablement (et qui n'a malheureusement pas été défini comme dit plus haut).
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