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Mathématiques en langue étrangère

Bonjour à tous.
Je voudrais avoir vos avis sur un sujet qui, je pense, touche beaucoup d'intervenants du forum: étudier les mathématiques dans une autre langue que celle dont on est natif.
Notamment, beaucoup d'entre nous étudient (parfois par défaut) des livres de maths en anglais.

Pour ma part, j'ai remarqué que j'avais une moins bonne mémoire quand j'utilisais des livres de maths dans une autre langue que le français que ce soit en anglais (j'ai un niveau C1 voire C2 dans cette langue) ou en russe (j'ai un niveau B2 dans cette langue).

Avez-vous remarqué quelque chose de semblable ? Essayez-vous de vous cantonner à des livres dans votre langue natale à cause de cela?

Outre les mathématiques, quand j'apprends du vocabulaire en russe par l'anglais et non par le français(avec des flashcards par exemple) j'ai remarqué un phénomène assez proche: il me sera plus dur d'utiliser ce nouveau vocabulaire appris par le biais de l'anglais que si je l'avais fait par l'intermédiaire du français.
Et pourtant, l'anglais est presque une langue natale pour moi, l'utilisant dès mon enfance.

Dans l'attente de vous lire.

Réponses

  • Je pense que c’est un phénomène tout à fait normal surtout si l’anglais est une langue ’’presque’’ natale et pas vraiment complètement natale. Est-ce que tes rêves sont en anglais ou en français?:-D
    Pour le russe , si tu as un niveau B2, je pense qu’il est grand temps de se passer des traductions systématiques et de vouloir faire à tout prix une bijection entre le russe et le français. Penser en russe est vraiment différent de penser en français, je conseillerais par exemple d’utiliser le dictionnaire russe kuznetsov qui est le plus compréhensible je pense (il n’utilise pas d’extraits issus de la littérature parfois difficiles) , disponible par exemple sur des sites comme udarenieru.ru.
  • @Cere, même après 18 ans en France, il m'est toujours plus facile de lire en russe. Par contre cela n'a pas d'impact sur l'apprentissage de maths. Parce que je ne les apprends jamais "en lisant". Il faut écrire, résoudre, démontrer. Quand je faisais des cours de maths FOAD (à distance), il était parfois difficile de formuler les phrases et d'être sûre que c'est correct. Parce que les exigences sont très spécifiques, jamais enseignées ni expliquées. Et parfois tu tombes sur un prof psychorigide pour qui tout est faux par défaut, parce que de toute façon nous ne sommes pas des élèves de prépa.
    J'aimerais bien gagner un million à euroloto pour étudier les maths à temps plein (:D

    P.S. Tu peux trouver Analyse de Zorich en anglais et en russe, c'est une pépite ce manuel.
  • Je suis loin d'avoir ton niveau dans les langues étrangères, j'ai également une mémoire paresseuse et non développée, mais je n'ai pas remarqué ce phénomène avec une langue que j'arrive à lire correctement (l'anglais)

    J'ai été en revanche ponctuellement à lire des livres en allemand (dont je ne maitrise pas le vocabulaire mathématique), et là la traduction m'a tellement coûté que je n'ai pas retenu grand chose.

    Pire encore, il m'est arrivé ponctuellement de lire des articles de recherche en russe (langue que je ne connais pas du tout), avec les formules je comprenais les grandes lignes, je me suis fait parfois traduire les parties rédigées en russe, et là pour le coup si je reviens 2 ans après sur l'article j'ai l'impression de le re-découvrir presque intégralement ! :-D
  • Merci beaucoup pour vos réponses intéressantes !

    @Biely
    Je rêve dans les trois langues que je connais. Cela dépend surtout de qui apparait dans mes rêves et de la localisation de ceux-là même si évidemment ce n'est pas toujours cohérent :-D !
    Tu as raison, je ne cherche pas à faire une bijection entre le français et le russe, ou entre l'anglais et le russe.
    Néanmoins j'utilise assez souvent le livre suivant (en anglais) : "A Frequency Dictionary of Russian: core vocabulary for learners (Routledge Frequency Dictionaries)". J'aime bien ce dictionnaire car il y a toujours des exemples de phrases même si de temps en temps, cela ne suffit pas pour comprendre réellement le mot, adjectif ou bien verbe.
    Merci pour ton lien, je ne connaissais pas.
    Dans un autre fil de discussion j'ai vu que tu étudiais le russe, l'utilises-tu parfois pour les mathématiques ?

    @vorobichek
    Mon ressenti est le suivant: si j'étudie une branche des mathématiques en anglais et que je dois passer un examen en français, je serais plus lent car les informations me viendront en anglais étant donné que j'aurai résolu les exercices et réfléchis ces mathématiques en anglais.
    Bien sûr, ce n'est pas une différence astronomique mais vu que je fais mes études en français, je privilégie toujours les ouvrages francophones ou bien les traductions françaises aux livres anglais.

    @math2
    Le fait que tu n'aies rien remarqué est peut-être au fait que même si tu as un ouvrage en anglais, tu vas réfléchir, traduire, résoudre les exercices et écrire en français ?
    Ton expérience avec les ouvrages en allemand montre néanmoins qu'il faut avoir un certain niveau de langue pour que l'utilisation de ces ouvrages ne soit pas plus un exercice de traduction que de mathématiques ! J'ai rencontré le même problème avec le russe mais j'avais fait cela surtout dans un but d'améliorer mon niveau de langue et apprendre le vocabulaire mathématiques russe. Niveau maths, cet exercice avait pas été très bénéfique...
  • Je t'avoue que j'ai rarement lu des ouvrages en allemand, mais même "théorème" est un mot complètement différent, pour lire trois ou quatre pages du livre de Maak sur les fonctions presque-périodiques j'avais dû à l'époque avoir mon dictionnaire pour chercher deux ou trois mots par ligne ... Un enfer.

    C'est marrant, ma première petite amie était une franco-vietnamienne avait appris très jeune 6 langues et dialecte (vietnamien, anglais, flamand, français, allemand et un dialecte du sud de la Chine - qu'elle ne lisait pas-), et lorsqu'ils parlaient en famille, tu avais parfois un mélange de plusieurs langues même dans une même phrase, sauf le dialecte chinois qu'elle maitrisait nettement moins bien. Je ne sais pas si elle rencontrait les problèmes dont tu parles en lisant des livres en langues étrangères.
  • Cere à math2 a écrit:
    Le fait que tu n’aies rien remarqué est peut-être du au fait que même si tu as un ouvrage en anglais, tu vas réfléchir, traduire, résoudre les exercices et écrire en français ?

    Si je puis me permettre, je crois que le fait que math2 n'éprouve pas de difficultés en anglais vient principalement d'une certaine habitude.

    Si j'ai bien compris, on a d'un côté Cere qui s'apprête à faire un M1 et de l'autre math2 qui est un enseignant-chercheur plus âgé (plus de 50 ans, me semble-t-il).

    Quand j'étais étudiante, jusqu'à l'agreg, lire des maths en anglais m'était difficile et je faisais tout pour l'éviter. Quand je suis entrée dans le milieu de la recherche, d'abord en M2, puis en thèse, je n'ai pas eu le choix : la majorité des documents que j'avais besoin d'étudier étaient en anglais. Certains séminaires se tenaient en anglais aussi. Je ne me rappelle même pas avoir vraiment peiné alors que ça a dû être le cas vu comme je détestais le faire avant. Mais l'habitude a dû vite être prise et aujourd'hui, je ne constate plus vraiment de différence.
    Et je me dis que c'est peut-être pareil pour math2.
  • Pour ma part je suis pareil que Cere. J'ai de plus toujours peur de ne pas faire le lien entre le vocabulaire anglais et français en passant d'une langue à l'autre, dès qu'il s'agit de notions spécialisées.
    Sans compter les pièges type Haussdorf qui change entre les deux langues...

    Mais plus le temps passe moins j'ai de chances d'y échapper. En attendant je quémande, si quelqu'un possède une bonne référence en français pour les edp je lui serais reconnaissant. Sinon ce sera le Evans.
  • RLC tu as le cours de G. Allaire/F. Alouges de l’X pour les edp.
  • biely a écrit:
    Est-ce que tes rêves sont en anglais ou en français?:-D

    Je rêve en kobaïen mais ça ne compte pas. :-D
    À part ça, les livres en anglais sont parfaitement lisibles (notamment chez Dover).
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Oui omega a raison. Je suis d'ailleurs faible en anglais, mais c'est devenu une langue de communication naturelle en maths et donc, modulo des erreurs dans mes articles que les rapporteurs corrigent (enfin, une fois je me suis fait jeter avec "English is not sufficient" :-D), je me débrouille. A mon HDR, dans le jury il y avait des collègues étrangers mais qui parlaient le français, sauf un qui m'avait dit "si tu me donnes le plan de ton exposé, je veux bien que tu le fasses en français". Pour autant et malgré le stress, je l'ai fait en anglais.

    Si j'avais le temps, en langues j'aimerais bien m'améliorer en anglais et revoir l'allemand, même si ma priorité, par intérêt personnel et "intellectuel", est tout de même le mandarin (avec l'écriture chinoise), et éventuellement un jour aller jusqu'au DongBa.
  • Bien sûr @Omega tu as raison, quand on a l'habitude de faire quelque chose, cela devient plus simple.
    Cependant, je ne suis pas un novice en anglais, dès l'enfance je lisais et étudiais en anglais.
    Je n'ai pas dis que j'avais des difficultés avec l'apprentissage en anglais et je ne parlais pas de cela mais plutôt de savoir si notre cerveau imprègne aussi bien des notions quand c'est pas notre langue natale, même si on la parle couramment (*).
    C'est juste que recherchant toujours à être plus efficace et me remettant souvent en question j'ai remarqué que pour passer des examens en français, étudier avec la littérature mathématiques francophone serait légèrement plus efficace pour moi (je ne sais pas si c'est que 0.5% ou 5% plus efficace).
    Puis après tout, je me fais peut-être juste des idées et qu'en soit même pour mon cas, il n'y a pas de différence. On pourrait apparenter cela au stress de toujours faire mieux et le plus efficace possible.

    Il est vrai que @RLC touche un point qui n'est pas des moindres, certaines fois il y a des différences entre les notions mathématiques dans les deux langues et il faut donc faire attention.

    @math2
    Je pense que si tu as passé (défendu ?) ton HDR en anglais alors tu as déjà un bon niveau en anglais et par rapport au référentiel de la population française un très bon niveau (malgré l'anecdote pour l'article refusé à cause de l'anglais :-D).

    (*) J'ai cru lire que pour Biely, parler couramment une langue était le fait d'avoir un niveau "C2+", j'ai des critères différents et un peu plus légers, disons le niveau C1.
  • Tu sais, j'ai une anecdote. Un copain était sur le papier à niveau sensiblement équivalent à moi en anglais (11/20 au bac, dans un groupe classé faible dans sa grande école). J'étais surpris car il parlait avec facilité et écoutait tout en VO sans les sous-titres, à une époque où c'était moins courant qu'aujourd'hui. En fait il était "faible" car commettait des erreurs de grammaire, mais ça ne l'empêchait pas de communiquer avec aisance.

    Une fois, il a postulé à un poste à la Commission Européenne. N'ayant pas fait l'ENA ni Polytechnique, et même dans un corps classé inférieurement dans la hiérarchie des corps de l'Etat, on lui a déconseillé de postuler et il s'est présenté sans le soutien de la France, qui elle soutenait une dizaine de candidatures (évidemment des X et des ENArques) contre la sienne. Pourtant c'est lui qui a emporté le poste. Il s'est renseigné, et les membres du comité lui ont dit qu'il aurait à défendre en anglais ses positions face aux ministres de l'Union, et qu'ils ont estimé que c'est lui qui se défendait le mieux, et que pour le reste de la mission il avait de toutes façons les compétences requises.

    Donc finalement on peut être faible en anglais du point de vue des enseignants français, mais en réalité suffisamment bon pour coiffer au poteau des personnes plus qualifiées et défendues par leur pays (ce qui a un poids certain).

    Moi ce n'est pas mon cas, je ne suis pas du tout à l'aise, mais il faudrait que j'en écoute davantage pour m'habituer à la "musique" de la langue.
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