Satisfaisant !

Bonsoir,

Ce soir a eu lieu un conseil de cycle (fin de troisième) pour une de mes classes. Pour rappel il s'agit de préciser, pour chaque élève, son degré de maîtrise de tel ou tel domaine de compétences (de mémoire il y en a 6 ou 7). Dans mon établissement aucun professeur ne s'occupe de ces fameuses "compétences", aussi avons nous décidé de faire simplement un bilan en fin d'année. À l'arrache.

L'ambiance est festive et ça commence plutôt bien : la principale est accrochée à la prise USB murale de l'ordi, pour essayer de régler la projection de l'image (un faux contact rend l'image très changeante au niveau de la couleur, et c'est fatigant, alors elle appuie sur le branchement, le relâche, réappuie.. ça ne marche visiblement pas, une collègue propose que j'appuie tout le temps, puisque je suis juste à côté, ça rit). La principale sort - on ne sait pas où elle va - elle revient, ressort, revient et téléphone à l'ATI, qui n'est pas là. Elle nous dit qu'elle lui a laissé un message. Ouf !

On commence donc avec un mur tantôt vert, tantôt bleu, mais surtout gris de projections de compétences. Et c'est parti ! Maîtrise de la langue française : fragile. Langues étrangères : satisfaisant, Maths et sciences, satisfaisant... : les professeurs les plus directement concernés donnent leur "avis" (insuffisant - fragile - satisfaisant - très satisfaisant). La prof d'histoire n'est pas là, mince, faut regarder ses notes, on pense un temps à les imprimer, puis quelqu'un sort son téléphone pour les consulter directement. Ouf !

Alors je glisse : je dis satisfaisant.. satisfaisant.. puis encore satisfaisant.. et je commence à changer de ton en le disant, pour insister sur le comique de répétition qui est déjà là. Je surenchère en répétant, pour un même élève, deux fois le mot satisfaisant, en les intercalant dans les satisfaisants des collègues. On rigole bien, et tout le monde est content.

Mais tout n'est pas si limpide et efficace, car il arrive que des collègues aient des avis divergents sur l'évaluation des compétences. Alors il faut trancher. La règle de base est que la meilleure proposition l'emporte, donc c'est vite fait. Mais des fois on a un doute (?), alors on effectue une moyenne à la louche, pondéralement douteuse, mais heureusement tout le monde est rapidement d'accord.

Réponses

  • Un rappel :
    "très satisfaisant" est un horrible barbarisme.

    e.v.

    [ alors que "assez satisfaisant" se contente d'être un horrible pléonasme. ]
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Il faudrait penser à innover avec par exemple des avis comme pfff, bof ou mouais...:-D
  • On a voulu enlever les notes.
    Quoi de mieux que quatre possibilités :

    Maitrise insuffisante - Maitrise fragile - Maitrise satisfaisante - Très bonne maitrise

    Qui est codé en :
    1 - 2 - 3 - 4

    Qui offre des points pour le DNB (et je crois aussi l’orientation mais ça reste flou pour moi)
    10 - 25 - 40 - 50

    Voilà... pas de notes... hum...
    Et comme le dit ton témoignage : quand on ne sait pas on regarde les notes.
    Mieux, quand on met 4, un fervent défenseur de ce système à la con scande « comment on peut lui mettre 4 puisqu’il n’a pas 15 partout ? ». On a des joyaux. Des génies.
    Et l’élève absentéiste, c’est 1... alors qu’il n’aura jamais été évalué.


    Ne riez pas pour les premiers items qui sont des oxymores
  • La bureaucratie poussée à son extrême....des heures perdues (aux frais du contribuable) à remplir des grilles que personne ne lira....
    Et ce n'est pas fini car le pire chez EDNAT, c'est ce qui vient après....
    Le dissident Vladimir Boukovsky avait bien raison de dire qu'il avait vécu dans notre futur...
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Normalement, à chaque niveau de compétence (insuffisant - fragile - satisfaisant - très satisfaisant) doit correspondre un code couleur. Les instructions officielles de mon ancien Corps Inspectoral étaient de composer l'ensemble en une teinte résultante, c'est-à-dire d'agiter le papier pour une synthèse soustractive ou de branler du chef devant l'écran pour une synthèse additive.

    Je ne vois donc pas comment vous pouvez faire cela avec une vidéoprojecteur aux couleurs déficientes ou un enseignant daltonien. Faudrait voir à faire son boulot correctement, là, hein.

  • - Satisfaisant.
    - Satisfaisant ?
    - Oui, satisfaisant.124316
  • "Maîtrise insuffisante" , "maîtrise fragile"

    Je ne connaissais pas ces magnifiques expressions.

    Je m'en resservirai pour ne pas blesser.

    Vous avez une beauté insuffisante. --> moche.

    Générosité fragile. --> radin.
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
  • L'euphémisation est une spécialité de la bien-pensance française actuelle : « technicien de surface » pour balayeur, etc. Martin Veyron, victime du conformisme dès 1994, a fait à l'époque un joli livre, Politiquement incorrect, hoëbeke, 1995124318
  • Ce qui me gêne encore plus que ces euphémismes, c'est toute la philosophie derrière ce compte rendu.
    On n'est pas tous d'accord ? Pas de problème, on dit que c'est satisfaisant.

    Ces gamins sont trompés. On leur fait croire qu'ils sont aptes pour des études 'générales', on valide le fait qu'ils doivent aller perdre leur jeunesse dans un lycée, où certains ne vont rien apprendre, parce qu'ils n'ont pas le niveau nécessaire.
    Tout ça dans la joie et la bonne humeur !

    La stratégie de la patate chaude : le métier de prof, c'est de passer les élèves au prof de la classe supérieure ... et tant mieux si par chance, l'élève a appris 2 ou 3 trucs dans l'année.

    Dédicace à notre ami Lucas- ... victime de tout ce système qui dit systématiquement 'Satisfaisant'.
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • Ces gamins sont trompés...Et les parents ne comprennent rien...à la lecture des relevés de mon fils, je n'ai absolument aucune idée où il se situe.

    Je laisse tomber, un peu comme xav, je refais tout moi-même avec lui sur quelques matières (français, math, anglais...et donc bientot latin).

    Et cerise sur le gâteau, il se multiplie sur les grands journaux des articles du genre "ce n'est pas juste, avec ma licence je ne trouve pas de master" qui me fait penser que de toute façon, l'ensemble du système va pousser à terme non pas au BAC+3 garantis, mais au BAC +4 ou +5. Super...a quel moment, le système arrête de repousser la m@#$ au niveau suivant.

    Je ne peux pas m’empêcher, à la lecture de cet article (non publicitaire heinhttps://www.ouest-france.fr/bac/entretien-bac-le-niveau-global-des-eleves-est-superieur-a-ce-qu-il-etait-il-y-a-vingt-ans-606e7b8e-ccef-11eb-a8da-e398395d2765) dans le journal de ma jeunesse…écrit par un prof de math…bon, un businessman qui recrute des clients. Je ne réagis pas aux réponses elles-mêmes, mais au simple fait qu’en 2021, on peut se permettre de répondre cela d’une manière sérieuse dans un des plus gros quotidiens régionaux sans aucune reaction de quoique ce soit...ouaaaa

    Un extrait sympa, tout est dit:

    Le niveau des élèves n’est plus ce qu’il était, entend-on souvent. Qu’en pensez-vous ?
    Je ne suis pas d’accord. Je dirais même que le niveau global des élèves est supérieur à ce qu’il était il y a vingt ou trente ans. Certes, les professeurs d’université s’arrachent les cheveux car beaucoup d’élèves ne savent pas écrire et compter correctement. Mais il y a vingt ou trente ans, on apprenait surtout aux élèves à bien se tenir en cours, à ne pas montrer leur travail à leur voisin, à ne surtout pas partager. C’était l’époque du chacun pour soi. Aujourd’hui, on leur apprend beaucoup plus à travailler en groupe, à effectuer des travaux de recherche en commun. Ce qui rapproche beaucoup plus les élèves du monde du travail
  • Hallucinants les propos de ce businessman co-fondateur du site ’’les bonsprofs’’. Cela fait cher les stages de papotages...:-D
  • Petit Gaulois a écrit:
    Le niveau des élèves n’est plus ce qu’il était, entend-on souvent. Qu’en pensez-vous ?
    Je ne suis pas d’accord. Je dirais même que le niveau global des élèves est supérieur à ce qu’il était il y a vingt ou trente ans. Certes, les professeurs d’université s’arrachent les cheveux car beaucoup d’élèves ne savent pas écrire et compter correctement.

    Le patronat aussi semble s’en inquiéter, d’où la floraison de boîtes où on réapprend à lire et à écrire.
    C’était l’époque du chacun pour soi.

    Ça a changé ? On m’aurait menti à l’insu de mon plein gré ? ::o
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Non, si des boites fleurissent et font du rattrapage scolaire, ce n'est pas sur commande du patronat. Quelle drôle d'idée !
    C'est tout simplement parce que des types ont constaté qu'il y avait un créneau pour faire du business.

    Si le type dont parle petit Gaulois était missionné par le patronat, je peux t'assurer qu'il ne tiendrait pas du tout le même discours.
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • On change le vocabulaire.
    Une trouvaille géniale !

    « Le niveau » d’une époque n’est pas « le niveau » d’une autre.
    On le voit dans l’extrait cité.
    Ça permet aux déclinophobes de nier.
  • lourrran a écrit:
    Non, si des boites fleurissent et font du rattrapage scolaire, ce n'est pas sur commande du patronat.

    Je n’ai pas écrit ça.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Tu as écrit "Le patronat aussi semble s’en inquiéter, d’où la floraison de boîtes où on réapprend à lire et à écrire."
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • Et donc ?
    Où ai-je écrit que le patronat est la cause des boîtes ?
    Le patronat s’en inquiète et il n’est pas étonnant que des patrons flairent le bon filon pour soutirer du pognon aux copains patrons aux aussi.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Petit Gaulois j'ai effectivement tout refait en primaire, en 6e cela a payé, en maths je m'y attendais, mais le plus surprenant c'est en français. Au collège la situation est différente : il s'agit d'une classe CHAM (le chef d'établissement a une politique de classes à options pour éviter la déperdition vers le privé), où les parents se connaissent, voire se fréquentent, depuis quelques années déjà. Cela change radicalement l'ambiance et il y a une dynamique de travail en commun souterraine.
    Il est important que tu songes à augmenter progressivement l'autonomie de tes enfants, il y a de bons livres de trucs ("mets toi ça dans la tête"), et pour plus tard (lycée, supérieur) de bons conseils de taupins (ici par exemple Calli a donné une série d'indications très intéressantes basées sur son expérience). J'avais mis aussi un long article sur "l'optimisation méritocratique" que tu as du voir.
    Ce n'est pas si compliqué que ça que de reproduire les habitus de "l'excellence", par contre il faut y avoir réfléchi avant et choisir les bouquins et documents ad hoc.

    Le latin c'est assez facile quand on a saisi le principe, et évidemment avoir en tête qu'on n'apprend plus rien. Là encore il y a de bons bouquins, qu'il faut compléter avec du très rigolos https://www.editionsepa.fr/epa/asterix-les-citations-latines-expliquees-9782376710622
    Attention à la prononciation, on ne la connaît qu'approximativement et celle employée à l'école est un choix parmi d'autres, et la graphie scolaire est différente de la graphie originale (J/I/V/U/C/G).

    En ce qui concerne le prof de maths businessman des intervenants du forums avaient émis des avis pour le moins mitigés. Flora avait détaillé cela et pensait que suivre ces trucs l'avait trompée sur son niveau réel et que cela expliquait ses grosses difficultés en début de prépa.

    Personnellement je ne pense pas que l'on puisse apprendre efficacement comme ça, ou pire l'illusion de surmonter quelques points du cours va au final s'avérer plus tard contre productif.
    Quant à son discours sur le niveau, j'ai peur que ceci explique cela ...
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Il y a des élèves qui savent remercier le système...:-D124348
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