Autodidacte au travail

Bonjour ou bonsoir à toutes et tous,

Je dois vous avouer avoir une certaine appréhension et un état d'esprit quelque peu morose en pensant à ce que je vais bien pouvoir écrire. Que vais-je bien pouvoir écrire ? Essentiellement, je vais tenter de suivre les canons de cette section du forum : présentation du personnage et de sa situation, quelques petites péripéties, diverses problématiques et enfin de multiples questionnements où je m'en remettrai à vous.


Tout jeune étudiant, j'ai intégré un double diplôme international en droit. Je m'étonne moi même de la passion que je peux porter pour les études juridiques, un tel cursus n'avait en réalité rien d'évident au vue de mon parcours. Avant d'obtenir un baccalauréat scientifique spécialité Mathématiques, j'ai eu l'occasion de faire deux stages différents dans des laboratoires de recherche : l'un de Mathématiques et Informatique et l'autre de Chimie et Physique. En tout et pour tout, les sciences dites dures m'étaient un vrai bonheur (et le sont fort heureusement toujours), un de ces rares moments où l'on s'oublie soi même pour se consacrer à une cause que l'on estime digne de la plus vertueuse des attentions. Je m'épanouissais en dehors des cours, je m'amusais à chercher et me perdais principalement. Je pense que l'on peut dire les choses ainsi : ma vie, comme celle de beaucoup d'autres, réside dans une inclination à la perte. Perte de soi même en premier lieu, perte des autres tout autant.
J'ai quelques excès d'arrogances qui m'amènent à penser que des choses me sont possibles (à vrai dire, je n'en sais foutrement rien). J'ai eu la chance de faire quelques expériences qui me conduisent à penser que je puis être quelque peu différent (nul doute sur l'hypocrisie de ce dire). Je suis mû par un fâcheux et trompeur égocentrisme (sans nul doute ma petite "vertu cardinale" :)o). En somme je ne sais pas quoi penser... Je ne pense pas vraiment. Je me lance souvent tête baissée et constate les résultats après les dégâts (en m'étant fortuitement attaché à diverses notions au passage). C'est cela qui m'est arrivé lorsque je suis parti en droit plutôt qu'en Mathématiques. J'avais beau avoir tous mes voeux sur le fameux Parcoursup, tout s'est joué sur un coup de tête (des expériences entre temps m'ayant fait découvrir de toutes nouvelles notions, notions auxquelles je me suis passionnément attaché).

Je ne compte pas arrêter le droit. Je ne compte pas laisser tomber les Mathématiques et l'Informatique. Jusqu'alors j'ai opté pour la voie du milieu, le choix du compromis : faire ce qui doit être fait en droit et se consacrer à d'autres passions. Une chargée de travaux dirigés a d'ailleurs été très éclairante à ce sujet : "le droit ce n'est pas une histoire de travail, c'est une question de stratégie". De ce fait, je minimise la charge de travail tout en m'assurant de conserver un résultat optimal afin d'être sûr que les résultats soient au rendez-vous et de pouvoir faire des recherches juridiques annexes. Cela me permet de faire tout un tas de choses dont des Mathématiques. Ce système est loin d'être convaincant et épanouissant mais il me semble quasiment acceptable. Il y a un peu de challenge. Néanmoins ce challenge est loin d'être sain : le travail est décousu, sans continuité, hasardeux, perverti, perdu. Au fond si je ne souhaitais faire des Mathématiques qu'uniquement pour mon bon plaisir, ce ne serait tout au plus qu'un grave problème d'organisation. L'organisation est certes importante voire décisive, ce n'est pas là le plus grand de mes maux. En effet, j'espère sincèrement avoir l'occasion d'utiliser Mathématiques et Informatique en droit (au-delà du fantasme de certaines "legaltech"). (J'expliquerai sans doute cela plus précisément si vous le souhaitez.) Afin d'atteindre cet objectif, il faudrait que je sois irréprochable (en soi, je vise un niveau minimal de master).

Je vais lancer la traditionnelle question de l'autodidacte. Je souhaite véritablement étudier par moi même, en totale liberté (n'espérons pas en totale roue libre...). Je crois bien que l'autodidaxie a joué un rôle majeur dans mes "quêtes de savoirs", du moins j'ose le penser.
À ce sujet, ce message de lourrran me semble primordial. Son scepticisme face aux résultats de reprise d'étude me semble pouvoir être transposé au cas de l'autodidaxie (cela est de plus dans la logique du fil dont est extrait son message). Sans doute que je me trompe mais il me semble y avoir bien peu de "cas positifs". (Outre l'anti récit quasiment hagiographique de Pablo, il me semble y avoir cette discussion où la qualité des réponses paraît inversement proportionnelle à la quantité. Le message de jcc, notamment, me semble être une lueur d'espoir.) Si possible, pourquoi ne pas utiliser ce fil comme l'indicateur d'une progression (ou du moins de la recherche d'une progression) (la mienne ou bien la vôtre d'ailleurs). (Quant à aujourd'hui situer mon niveau, tout ce que je peux dire est que : pour le côté quelque peu culture historique : je suis quasiment shooté à l'histoire des sciences; en ce qui concerne le côté plus "mains dans le cambouis" : j'avais fait en une petite semaine l'ensemble des exercices avec une étonannte facilité (sauf un et ceux apparentés aux probabilités) de Entre la Terminale et les CPGE scientifiques du Lycée Louis le Grand. Ça ne veut pas dire grand chose mais ça situe peut-être aux alentours du niveau moyen de terminale S (du moins comme je le conçois). Et je m'étais beaucoup intéressé à des concepts disons "plus sophistiqués" : j'ai eu une quasi obsession pour ce qui pouvait toucher aux déterminants jacobiens (notamment avec les intégrales multiples) et depuis récemment j'développe un certain regard sur ce qui peut avoir attrait à l'algèbre (niveau classe préparatoire, pas plus). J'ai quelques lacunes pour expliquer ce qui me semble évident, sans doute un manque de rigueur. J'ai l'impression que je le corrige quelque peu avec une manière de pensée issue du droit.)


J'ai encore d'autres petites choses en tête (l'on verra sans doute plus tard). Je m'en remets à vous pour tout conseil / idée.
Je zieute depuis un peu moins d'une demi douzaine d'année ce forum, et malgré le mal que j'ai parfois pu en penser, j'y trouve une bienveillance un peu "hors du commun" et sans doute un réel esprit de communauté.
Je crois que cela m'a fait du bien d'écrire cela.

Très respectueusement et en espérant ne pas vous faire perdre de temps,
2A31.

Réponses

  • Des juristes qui font des mathématiques en autodidacte, il y en a eu et pas des moindres : Pierre de Fermat
    Ton texte me parait joliment troussé, tu as une plume!
    Sur le reste, je laisse à d'autres le soin de te répondre.
    Cordialement
  • 2A31:
    Des étudiants qui font des études de droit qui ont un bac S c'est très répandu.
    Si tu aimes les mathématiques et l'informatique tu peux essayer de te spécialiser dans le droit des activités numériques quand tu seras en master. Cela me semble être un secteur qui est en train de "décoller"*.
    Dans les universités c'était quasiment confidentiel il y a encore cinq ans me semble-t-il. Par ailleurs, Le rêve de beaucoup d'étudiants est de faire du droit des affaires me semble-t-il aussi.
    En relation un peu lâche avec les mathématiques, il y a le droit fiscal. :-D

    *: à un degré moindre, il y a aussi le droit de l'environnement.
  • @ Mathurin,

    Et François Viète, il était réparateur de pédalos, peut-être ?

    Bon dimanche à tous, et bienvenue à 2A31.

    e.v.

    [ J'allais oublier René Descartes, licencié en droit de la faculté de Poitiers. ]
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • ev,:-)
    Pour Viète je veux bien, encore que sa carrière soit plus politique que véritablement juridique.
    Pour Descartes non, il n'a jamais exercé de profession juridique, la formation ne fait pas tout.
    Fermat lui c'est un authentique magistrat.
    Cordialement
  • Et pour cause, Descartes n'a jamais exercé de profession tout court...

    Amicalement,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Si, il a été soldat et précepteur de la reine de Suède.
    wikipédia
    Cordialement
  • Contrairement à ce que dit Wikipedia, Descartes ne s'est pas engagé. Il était libre de ses mouvements et ne s'en est pas privé.

    Précepteur de la reine Christine. J'ai hésité : j'ai du mal à appeler ça une profession. Un calvaire à la rigueur : se lever le matin dans un palais glacé...

    Amicalement,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Ok, il n'a peut-être pas contracté d'engagement, il était "surnuméraire", mais cela ne l'empêchait pas d'exercer le métier de soldat !
    Tu t'intéresse particulièrement à Descartes ?
    Cordialement
  • Il en est mort d'avoir servi cette femme si je me souviens bien de la biographie de ce mercenaire philosophe.
  • Ev a écrit:
    Et François Viète, il était réparateur de pédalos, peut-être ?

    Le pédalo cela fait un bien bien fou. X:-(
  • @ Mathurin

    Pas clair. Certes Descartes était intéressé par le métier des armes et la poliorcétique. Il était surtout un observateur.
    Pour autant c'était surtout un prétexte pour traverser l'Europe sans avoir de compte à rendre à personne. Un comble pour un catholique dans une armée protestante.

    J'ai pensé que Descartes était une clé pour comprendre Newton. D'où mon intérêt. La vie de Descartes est parfaitement étonnante par ailleurs.

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Dans la même veine, on pourrait penser à William Rowan Hamilton ou Arthur Cayley voire encore Bougainville. Les exemples ne semblent pas manquer et pour peu que l'on remonte suffisamment dans le temps tout paraît porter à croire qu'il soit possible de tabler sur une explosion du nombre de juristes mathématiciens / mathématiciens juristes (ou toute autre combinaison comportant une solide connaissance et utilisation de ces deux domaines). En d'autres termes, on doit bien pouvoir conjecturer sans peine un fort lien entre l'état des disciplines d'il y a quelques siècles et une capacité ("facilitée" (par rapport à aujourd'hui)) à se former et exercer. De ce fait, moins spécialisée les disciplines sont : plus il est possible de "jouer sur plusieurs tableaux" (exemple : mathématiques et droit). Aujourd'hui, les rapports ont été inversés : il devient difficile au possible, aux premiers abords, de se spécialiser dans deux (ou plus) domaines différents.

    Dans le meilleur des mondes, j'aimerais réussir convenablement et correctement mes études en droit et avoir un solide bagage Mathématiques et Informatique (et plein de petites belles choses). Ceci m'amène à t'apporter @Fin de partie un début de réponse (vis-à-vis de ce message). J'ai pu effectivement constater qu'il n'y a rien de surprenant à suivre un cursus type baccalauréat (dit) scientifique et se tourner vers le droit. (Les statistiques de différentes universités sont d'ailleurs relativement édifiantes à ce sujet.) En revanche, cela me semble moins commun de chercher à faire des Mathématiques et de l'Informatique en droit plutôt que de se spécialiser dans l'étude des réglementations / législations (ou autre) d'un sujet scientifique (tu parles par exemple à juste titre du droit des activités numériques).
    Je vais essayer de mieux préciser ce que je cherche à faire, j'ai été bien trop lacunaire dans mon message initial. Ensuite, j'aimerais vous proposer quelques pistes pour atteindre ce(s) but(s) et voir ce que vous en pensez.

    Grossièrement, mon parcours m'ouvre trois grandes voies (droit international, européen ou droit des affaires). Comment, alors, réussir à y nicher Mathématiques et Informatique ? (Vraie question, à laquelle je n'ai pas de réponse précise.) J'ai une vision sans nul doute faussée et simpliste mais j'envisage une conception plus "scientifique" que juridique (au sens propre) du droit (aussi paradoxal que cela puisse paraître). Je souhaiterais, au-delà du simple plaisir de faire des Mathématiques et de l'Informatique, développer une certaine approche du droit, sans pour autant tomber dans les travers (et les clichés capables de se transformer en fantasmes) d'une application mécanique et froide du droit par l'utilisation de divers procédés scientifiques (type traitement du langage naturel pour analyse de décisions judiciaires, inférences de jugements, modélisations d'écosystèmes pour y faire des "prévisions juridiques" [...]).
    Je ne suis pas en mesure de vous présenter un modèle tout feu tout flamme, néanmoins voici sans doute une petite idée : Imaginez un corpus juridique, l'idée serait de développer des méthodes pour tester la consistance de ce corpus, sa cohérence, son intégration sur le "marché des normes juridiques" (en gros : faire passer l'épreuve du feu à un corpus juridique territorial en le comparant à ce qui se fait ailleurs). Ajoutons à cela (et malgré toutes les réticences que cela peut engendrer (thème d'ailleurs, semblerait-il, quelque peu abordé dans la Gazette d'Avril 2021 de la SmF)) : donner un ensemble de principes (Déclaration des droits de l'Homme, Loi fondamentale allemande, les Sept Commandements de la Ferme des animaux ou encore la loi des Douze Tables, les Dix Commandements[...]) et essayer d'en déduire ("""automatiquement""") le maximum de choses possibles. (Cela doit vous rappeler quelque chose...)
    Y'a encore rien de vraiment concret...

    Une chose, en revanche, qui devrait sous peu devenir concrète : comment atteindre le niveau que je convoîte en Mathématiques ? (Et quel niveau je convoîte accessoirement...) Par petite passion bibliographique, j'entretiens depuis trois ans ma petite bibliothèque informatisée (cumulant quasiment 4'000 documents). J'ai fait quelques recherches et je pense avoir trouvé ce qui pourrait me convenir (?). Les livres de Knapp : le Basic Algebra et le Basic Real Analysis. Il me semble aller à un rythme tout de même assez soutenu et envisager un champ assez large de topics tout en proposant des exercices (par exemple dans le Basic Real Analysis doit y avoir une grosse partie de l'analyse vue en CPGE + la théorie de la mesure et l'intégrale de lebesgue, transformée de Fourier, espaces $L^p$, d'Hilbert, de Banach et même un chapitre de topologie et une annexe traitant le coeur d'un cours d'analyse complexe).
    Je pense que ces deux livres vont être mes compagnons de chevet pour aisément les trois prochaines années. Mais sans doute avez-vous d'autres recommandations ? (Et, je compte trouver des plaquettes de travaux dirigés et autre pour avoir des exercices en plus et des petits compléments.) Le rythme de croisière sera relativement très lent, bien prendre le temps etc...


    Maintenant, cela m'amène à proposer une petite chose (que je me propose à faire, et à plusieurs : ce serait merveilleux). Pourquoi ne pas, comme je le laissais entendre dans le premier message de cette discussion, utiliser ce fil pour rendre compte de nos avancées (en autodidacte : complètement ou partiellement). (Je ne sais pas si un tel fil existe déjà ? (Pas une constatation de progression après coup comme cité plus haut, mais plutôt une progression au jour le jour / au mois le mois). En ce qui me concerne, je pense, chaque première semaine du mois (à partir de juin), poster un petit message et revenir à la charge sur ce fil afin de témoigner de quelconques avancées.
    (J'avoue partir quelque peu pessimiste et ne pas être convaincu que beaucoup de gens se joignent à ce projet, nous verrons bien (:P)).


    Enfin, et c'est d'une importance primordiale bien que je ne le précise que trop peu : j'essaie de faire des Mathématiques avant tout et essentiellement par passion et plaisir.


    PS : À titre d'anecdote, ce peut être drôle / intéressant de constater une très forte présence (plus ou moins dissimulée) d'un "langage mathématiques" en droit. L'utilisation d'un tel langage me paraît être proche de l'argument d'autorité par excellence, à donc manier avec précaution. L'on peut par exemple regarder cet article dont voici un extrait (§ 24 et suivants) :
    Nous pensons généralement le droit de manière euclidienne. Mais penser le droit nazi, pour autant que cela soit possible, nous jette au cœur d’espaces courbes où les parallèles se coupent en un nombre infini de points, dans le monde d’un Escher, au sein de représentations topologiques excentriques et sidérantes.
    Un monde d’itinéraires absurdes et de « boucles étranges ». Des images, telles celles d’un Escher, où règne une certaine logique, mais la logique d’un autre monde, et qui nous plongent dans la perplexité, nous confrontent à d’étonnantes difficultés, sans doute insurmontables.
    Comprendre l’imagination perverse d’un droit monstrueux, c’est se donner les moyens d’en reconnaître les figures, les rubans de Möbius sur lesquels nos représentations du droit, et donc notre droit, peut glisser sans plus reconnaître l’endroit de l’envers. Une petite torsion qui rend indistincts, le dedans et le dehors, le normal et le pathologique, le juste et l’injuste.
    J'avoue être très gêné devant une telle manière de dire les choses mais les images parlent d'elles-mêmes (si on accepte de rentrer dans son jeu linguistique).

    Merci bien à chacun de vous trois d'avoir pris le temps de me répondre,
    Très respectueusement,
    2A31.
  • Hallucinant, plusieurs pages sans aucunes fautes de français, même pas un accent oublié.
    Le 😄 Farceur


  • gebrane a écrit:
    Hallucinant, plusieurs pages sans aucunes fautes de français, même pas un accent oublié.

    Il faut relativiser : l'on remarque des fautes de ponctuation, et un mot pris pour un autre :
    2A31 a écrit:
    J'avoue être très gêné devant une telle manière de dire les choses mais les images parlent d'elles-mêmes (si on accepte de rentrer dans son jeu linguistique).

    Il eut fallu écrire : J'avoue être très gêné devant une telle manière de dire les choses[large],[/large] mais les images parlent d'elles-mêmes (si on accepte de rentrer dans [large]ce[/large] jeu linguistique).

    Néanmoins, personne n'est parfait, et l'exercice d'écriture proposé est remarquable tant sur la forme que sur le fond.
  • Gonzague de VILLEMAGNE
    Si tu changes son jeu par ce jeu, tu changes complètement le sens de la phrase!
    Le 😄 Farceur


  • Tout ceci me fait penser qu'il existe un livre sur les mathématiques au tribunal (Leila Scnheps et Coralie Colmez - Les Maths au tribunal) ;-)
  • Bonjour ou bonsoir à toutes et à tous, il est l'heure de constater les dégâts et de faire quelques constats :)o.


    Le simple fait de parler de "dégâts" ne peut donner qu'une image peu flatteuse à ce premier mois de tentatives sérieuses et quelque peu ambitieuses de mener [small](à bien, espérons le...)[/small] un apprentissage en autodidacte des mathématiques. Je reste relativement déçu et sur ma faim mais rien de si déplaisant que cela. Je m'amuse.
    Venons-en aux faits ! (J'ai pas forcément envie de m'étaler donc je vais essayer d'être relativement (héhé) concis.)


    I - Le mois de la découverte
    Franchement, ce n'était pas si catastrophique que cela : malgré une faible "activité mathématiques" (tant bien que je puisse parler ainsi), je me suis surtout épanoui à rechercher des livres et commencer à faire un maigre état des lieux de ce qui nous environne : numdam, gallica (et diverses autres archives), les tréfonds de YouTube et de certains navigateurs de recherche, des conversations un peu perdues sur différents forums...

    J'ai pu quelque peu lire (cf la dernière section sur la bibliographie), m'entraîner et découvrir plein de belles choses.

    Je m'amuse à constater que j'applique des automatismes (méthodologies) issus du droit / histoire en Mathématiques. À voir ce que cela donne plus tard mais ça ne semble pas pénalisant... (un peu formaliste / solennel mais pas dégoûtant).


    II - Un mois également romain et slovène
    J'ai initialement pu quelque peu parler de ce mois de la découverte (I), mais tout ne se résume pas à cela ! Outre un travail solitaire quelque peu déconcertant (II), je vis mon petit "mois romain et slovène". En effet, je dois m'initier aux rudiments du slovène assez rapidement (pour certaines raisons) et j'aimerais bien utiliser le droit (romain) afin de maîtriser correctement le latin et pouvoir lire certains textes qui m'échappent encore aujourd'hui (notamment certains de Gauss, en latin).


    III - Un travail solitaire quelque peu déconcertant
    C'est évidemment relativement compliqué de trouver la motivation et de "tenir la baraque" (organisation sur le court et long terme). Toujours est-il que je fonctionne d'une manière un peu "à la volée", ce qui me permet de passer quelque peu outre du problème organisationnel (ce qui peut, paradoxalement, m'amener à penser (à tort ou à raison) que je ne fais pas grand grand chose).
    Qu'est-ce que je fais ? En gros : je rush. Je "m'organise" pour apprendre beaucoup en peu de temps et y revenir par à-coup ensuite. J'ai cruellement besoin de voir un nombre considérable de fois la même chose exposée de diverses manières. Puis je commence à "véritablement" la comprendre quand je n'ai pas besoin de suivre des exercices mais qu'ils "viennent tout seuls" ("oh tiens ce serait cool si ça ça marchait ! bon bah testons. Ok... Non, et ça ? Ohohoh trop cool, ça se généralise ? Ok j'ai fait de la merde là. Bon bha go programmer un truc héhé.")

    En tout cas c'est difficile de trouver et tenir un cap. Je crois fonctionner de manière relativement compulsive et impulsive (et, somme tout, pas vraiment de manière "stable"). Par exemple : je ne me plais plus à faire [17] (qu'est-ce que c'est chiant (alors que je m'y épanouissais plutôt bien il y a à peine 2 semaines) je vais aller voir ailleurs), je tombe sur un polycopié qui m'intéresse (d'Yves Laszlo), je zieute le catalogue du Pass Culture (hop deux livres en poche des Éditions Hermann (Dieudonné, Serre)). Go faire de la théorie des groupes et théories connexes (j'ai notamment essayé de suivre du mieux que je le pouvais la partie I de [23] et n'en garderait malheureusement pas vraiment un bon souvenir (alors que c'était pas vraiment difficile à comprendre)).

    J'ai peur de ne relativement rien garder de solide à terme (à force de changer obstinément de cap). Ajoutons à cela mon doute permanent et mon terrible manque de confiance : bon, je patauge là.


    IV - Les périodes, une passion ?
    Alors ça, pour être une bonne surprise c'était une bonne surprise : de bonnes recommandations YouTube : [8] et [9]. Même si une partie de l'exposé m'était inaccessible, la découverte de cette notion de période fut un réel bonheur. J'ai pu faire pas mal de recherches ensuite (et me constituer un bon petit corpus; partageable si vous voulez). Le gros avantage c'est que ça pourrait m'amener à enfin m'intéresser à des domaines qui, de loin, pouvaient me paraître quelque peu barbares. À voir...

    Je donne juste une des définitions d'une période (cf. [18], page 4 (en anglais)) : (Waldschmidt, mars 2004) Une période est un nombre complexe dont la partie réelle et imaginaire sont des valeurs d'intégrales absolument convergentes de fonctions rationnelles avec des coefficients rationnels, sur des domaines de $\displaystyle \mathbb{R}^n$ définis par des égalités ou des inégalités polynomiales ayant des coefficients rationnels.

    Un exemple d'utilisation des périodes (à l'intersection entre informatique théorique et mathématiques) : l'évaluation de l'identité de Dixon (cf. l'illustration attachée en fin de message, issue de la thèse de Pierre Lairez).


    V - Bib'
    Dans cette dernière partie je vais lister (quasiment) l'ensemble de "mes" lectures ayant un lien avec les mathématiques (dont certaines n'ont été que commencées, en particulier la [1], [2] et [17]).

    M'être mis à lister, comme ci-après, m'a fait me demander si l'on ne pouvait pas plus ou moins faire la même chose pour le forum (dans certaines limites (?)). J'ai typiquement deux choses en tête. La première étant que, sur le forum, il y a pas mal de discussions que l'on pourrait sans doute qualifier de "mythiques" (ou au minimum de haut vol, ce qui est sans doute plus correct; à titre d'exemples : [10], Évarhistoire ou encore Homographies et petits groupes de Galois). (Derrière "mythique" se cache un sentiment très personnel, je suis complètement en extase devant des gens cherchant durant des jours voire des semaines (ou plus encore).) Pourquoi pas toutes les regrouper et les classifier ? Dans la même veine, et ce sera le second point (je ne sais pas si cela existe déjà ou bien si c'est prévu) : constituer la bibliothèque du forum. En somme, cela reviendrait à lister méticuleusement un ensemble de ressources (pédagogiques, de recherche...). Pourquoi pas essayer de faire des "états des lieux" [small](ou à l'anglaise (expression me paraissant plus adéquate), si je traduis bien, le state of the art)[/small] : on prend une période et l'idée est d'en faire la synthèse bibliographique et mathématique : articles, histoire intellectuelle, grandes (et moins grandes) avancées mathématiques [...].

    D'une manière plus générale (et plus ciblée au forum), l'idée réside dans le fait d'envisager de faire "l'histoire du forum" (de ses discussions, membres...) et de ses alentours. (Je suis peut être allé un peu vite (en besogne), je ne sais pas vraiment si c'est dans l'ADN du forum mais bon dieu que ça m'enchanterait !)


    [1] Knapp, Basic Real Analysis, Digital Second Edition.
    [2] Knapp, Basic Algebra, Digital Second Edition.
    [3] MPSI Fermat, 2018 - 2019, Chapitre 11 - Construction d'ensembles numériques.
    [4] Stéphane Flon, Devoir non surveillé - Étude de suite implicite (Mines MP04).
    [5] Stéphane Flon, Devoir non surveillé - Fonctions absolument monotones.
    [6] Stéphane Flon, Devoir non surveillé - Une suite récurrente.
    [7] Véronique Cerclé, Fonctions sans primitive, APMEP n°505.
    [8] Clément Dupont, Valeurs zêta multiples (1/2).
    [9] Clément Dupont, Valeurs zêta multiples (1/2).
    [10] Claude Quitté, moduloP, reuns..., Deligne-Serre pour les enfants ? (phorum : les-mathematiques.net).
    [11] Jean-Louis Krivine, À propos de la théorie des démonstrations, Colloque en l'honneur de René Cori.
    [12] Jean-Louis Krivine, Tiers exclus et choix dépendant, Colloque D. Lacombe.
    [13] Mark Van Atten, Göran Sundholm, Michel Bourdeau et Vanessa Van Atten, "Que les principes de la logique ne sont pas fiables" : nouvelle traduction française annotée et commentée de l'article de 1908 de L.E.J. Brouwer.
    [14] Javier Fresán, Une introduction aux périodes (1/2).
    [15] Javier Fresán, Une introduction aux périodes (2/2).
    [16] Stefan Müller-Stach, What is a period ?
    [17] Rudin, Principles of Mathematical Analysis.
    [18] Kontsevich et D. Zagier, Periods.
    [19] Arnold, La vie des mathématiques Sur la définition des mathématiques.
    [20] Yves André, Périodes, motifs et quelques philosophèmes.
    [21] Raphaël Alexandre, Géométrie contemporaine, mémoire de master.
    [22] YouTube, Interview de Jean-Pierre Serre, 15/04/2021.
    [23] DMA / ENS, Algèbre 1, 2017-2018.


    P.S. : Merci beaucoup Superkarl d'avoir pensé à cet ouvrage. J'en profite pour donner une liste de quelques livres "du même tenant".

    P.S. 2 : J'ai peut-être une idée en ce qui concerne ce fil. Dans le courant du moins j'espère trouver des choses et poster. (Je n'ose pas vraiment poster, notamment, pour cause de timidité et car (à part de manière très centralisée, c'est-à-dire ici) je ne parle habituellement que très peu.)

    P.S. 3 : J'ai pu découvrir cette conversation que je veux clairement lire par pure curiosité (et parce que j'aime bien Claude Quitté et son "mézigue"). (En lien avec ce que je dis dans la dernière section : pourquoi pas débroussailler et chercher quelques discussions "mythiques" (?).)

    P.S. 4 : Je me suis moins appliqué sur le style en privilégiant un aspect plus "naturel". Puis, je n'ai pas du tout parlé de tout ce que je voulais, mais bon B-)-. (Je poste d'ailleurs avec quelques jours d'avance, je n'aurai pas forcément le temps après.)


    Merci bien à chacun de vous trois d'avoir pris le temps de me répondre et à vous tous d'avoir pris le temps de lire,
    Très respectueusement,
    2A31.123150
  • Je ne comprends pas. Tu veux te fader toute une thèse pour en ressortir avec cette pauvre identité de Dixon ?

    C'est plus de l'amour (des maths) c'est de la rage !

    Bon dimanche,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • ev bonjour,
    une curiosité, dans tes avatars tu mets un âne, y a t-il un secret ?
    Le 😄 Farceur


  • @ Gebrane.

    Pas de secret : je ne suis pas le roi Midas.

    Amicalement,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Bonjour 2A31, et avec un peu de retard, bienvenue sur ce forum !
    Tout d'abord, je te félicite, comme Mathurin et Gebrane, pour la qualité de ton écriture et de ton style : les compliments qu'ils te font ne sont absolument pas surfaits !
    Pour ce qui est de ton choix de "faire du droit" après une terminale scientifique, l'une de mes nièces, maintenant avocate, a suivi le même parcours, donc cela ne me surprend pas du tout ...
    Je suis peut-être, sur ce forum, le plus au fait des liaisons possibles entre sciences, ou plutôt techniques, et droit : après avoir obtenu un diplôme d'ingénieur chimiste et poursuivi avec un doctorat de chimie physique, je me suis retrouvé, après quelques années d'enseignement supérieur en coopération, traducteur technique dans un cabinet de brevets d'invention, donc employé dans le domaine de la propriété industrielle, une spécialité juridique assez méconnue, me semble-t-il (du moins en France). J'ai occupé ce poste pendant une bonne trentaine d'années, et bien que j'aie pris ma retraite il y a trois ans, je poursuis cette activité de traducteur, en tant qu'auto-entrepreneur.
    C'est pourquoi je me permets de te signaler ce domaine comme une possible voie professionnelle pour toi : s'il est vrai que les logiciels et autres méthodes mathématiques ne sont pas brevetables, il n'en demeure pas moins que ce sont des objets soumis au droit de propriété intellectuelle : par exemple, les logiciels ne sont-ils pas soumis au copyright ?
    Je crois bien que tu pourrais, dans ce rameau, faire à la fois du droit et de l'informatique, n'est-ce pas ?
    Bonne continuation sur le sous-forum d'analyse ! Moi, c'est plutôt la géométrie qui m'attire ...
    Bien cordialement
    JLB
  • 2A31: Fais attention de ne pas d'apprendre des trucs que tu ne fais pas fonctionner en résolvant des exercices autrement tu vas basculer du côté obscur des mathématiques: faire de la calligraphie mathématiques à coups de lignes de $\LaTeX$ et récitation de trucs lus en mode perroquet, en croyant maîtriser :-D
  • ev écrivait:
    > Je ne comprends pas. Tu veux te fader toute une
    > thèse pour en ressortir avec cette pauvre
    > identité de Dixon ?
    >
    > C'est plus de l'amour (des maths) c'est de la rage
    > !

    Quoique ici hors contexte, FdP a pu écrire que l'amour est un truc très personnel. B-)-.
    Mais je conçois totalement que cela puisse paraître démesuré. Toutefois, ce n'est pas vraiment ce que je disais : la référence à la thèse de Lairez a essentiellement été faite en raison de la toute belle illustration des relations entre sommes, périodes, équations de Picard-Fuchs (et séries). L'identité de Dixon n'est alors qu'un exemple illustré. Mais je conçois tout à fait que ma formulation ait pu être trop rapide voire bancale.
    En revanche, je suis très intéressé par tout ce qui peut toucher au calcul symbolique, à l'évaluation automatisée de sommes etc... (Et c'est en ce sens que la thèse de Lairez peut être tout à fait intéressante, quoiqu'hors de mes capacités.)


    @FdP j'en ai affreusement peur. J'essaie d'avoir mes gardes fous (en particulier en faisant des vérifications formelles, voir si ça s'inscrit bien dans la "philosophie" de l'objet étudié, essayer avec un autre "point de vue"...)
    Pour le coup je n'aime pas me tromper et j'essaie de rester "viable" ainsi qu'un tant soit peu crédible, donc j'estime assez maigre le fait que je devienne un hurluberlu fana de $\LaTeX$. (Même si rien n'est impossible :)o.) (Autant que l'on me dise que j'ai tort, je l'accepte immédiatement (si c'est vrai); en revanche, que je mette en tort quelqu'un, cela m'est tout de suite moins supportable.)

    Typiquement en ce moment, je me suis trouvé une passion pour la théorie des groupes. Cela fait déjà plusieurs années que j'essaie d'approcher ce domaine et à chaque fois y'a une difficulté conceptuelle ou un effort à fournir que je n'avais pas conçu ou rien qu'imaginé. Cette fois ci ça me semble pas si mal parti que ça : j'ai choppé mon petit rythme, je m'y plais et je commence à avoir un début de vision périphérique (c'est-à-dire un bon petit panel d'objets qui peuvent être mobilisés en théorie des groupes etc).
    Très récemment, j'ai essayé d'apprendre avec un document issu de l'ENS ([23], Partie I - Groupes) et j'ai trouvé que c'était une horreur à suivre (pas forcément pour une question de complexité, plutôt pour une pure question de forme et de présentation). Donc j'ai fait quelques recherches et je suis tombé sur : Introduction à la théorie des groupes, MAT 2250 (à partir des notes de Luc Bélair et Christophe Holhweg) de François Bergeron (2015). Et là, je m'amuse vraiment (outre quelques petits problèmes de typographie et au moins deux coquilles).

    Pour l'instant je vais essayer de faire des choses dans mon petit coin mais j'aimerais bien écrire et présenter dans le sous-forum informatique une implémentation (Python, Haskell ou C++) de divers concepts de théorie des groupes (notamment en zieutant sur la manière dont fait sage).


    Merci beaucoup @jelobreuil ! Je vais aller regarder tout cela plus précisément. En ce qui concerne la (non) brevetabilité (de méthodes mathématiques ou informatiques), j'avais entendu parler de la correspondance de Curry-Howard (pour une idée du truc : cf Wikipédia § 2). Honnêtement je ne sais pas ce que cela vaut dans "la balance des avis" mais j'avoue trouver l'argument assez envoûtant.
    Et, parlant de ton """lieu de résidence""" sur le forum (le sous-forum de géométrie), cela me fait penser que j'ai beaucoup trop envie de m'y mettre (notamment par le biais de la théorie des groupes). De plus, j'avais trouvé le livre de Perrin sur la géométrie projective. Apparemment, c'est un sacré morceau !
    (Et si cela ne te dérange pas @jelobreuil, serait-il possible de te contacter en message privé dans les mois à venir ?)


    Merci beaucoup à vous tous :-D.


    PS : je balance l'idée comme ça, faut voir ce que cela vaut (et ça s'inscrirait dans ce dont j'ai parlé à la fin de mon message précédent, section V) : vous devez sans doute connaître les 5 minutes Lebesgue ? Vous pensez que ce serait possible de faire sur le forum plein de petits exposés (par des experts ou passionnés) sur divers objets ? (Et après de référencer le tout dans un fil, permettre de faire des demandes d'exposé etc...)
  • Bonsoir à tous,
    Pour 2A31 et celles et ceux qui seraient intéressé(e)s par cet aspect de propriété intellectuelle des logiciels, je crois que l'article de Wikipedia "brevet logiciel" https://fr.wikipedia.org/wiki/Brevet_logiciel constitue un bon point de départ pour une documentation assez riche, avec tous les liens qui y sont proposés.
    2A31, tu fais allusion au "livre de Perrin" de géométrie projective : il se trouve que Pappus, notre "maître" en ce domaine, a pris tout récemment deux sujets de fil ("ExosPerrin" 1 et 2) dans "le cours de Daniel Perrin". Si cela te dit ...
    Bien cordialement.
    JLB
  • 2A31: les trucs que "tout le monde" connaît sur les groupes on les trouve dans quasiment tous les livres consacrés à ce sujet. Après, il y a l'exposition des résultats: en mode "traditionnel", ou en mode, <<je mets des suites exactes partout où je peux>>.
    Un livre, pourtant ancien, qui contient des trucs sur les groupes qu'on ne trouve pas dans les livres "généralistes" sur ce sujet: Theory of groups de Marshall Hall, Jr.
    (peu agréable à lire, c'est dense, tout du moins dans la version que je possède)
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