L’esprit actuel des mathématiques
J’ai commencé à enseigner les mathématiques en 1974 et bien sûr je suis à la retraite. Je continue de faire des maths et de les enseigner lors de cours et ce que j’ai pu remarquer au fil du temps c’est: autrefois, on avait coutume de montrer que certaines mathématiques découlaient d’autres mathématiques et on appelait ça des raisonnements logiques, on parlait de démonstrations... maintenant on a bien plus à faire à un catalogue de résultats à apprendre par cœur et à ressortir lors de l’interrogation écrite. On demande aux enfants de croire et si peu de comprendre, d’analyser. C’est notre première « erreur »!?... non faute. On a perdu très clairement le sens réel et surtout intéressant des mathématiques. La deuxième faute de notre enseignement n’est pas tant qu’il n’apporte plus rien, ou moins, car les profs apprennent encore des choses à leurs élèves mais c’est qu’il n’exige plus rien des élèves; ils apprennent s’ils le veulent bien et les profs n’ont plus le moyen d’exiger des choses de leurs élèves. Je sais c’est dans l’air du temps malheureusement c’est le cas. On aborde plein de choses... en surface, pour ne pas faire trop mal à nos petits, pas trop les fatiguer, pas trop les révolter et on ne va jamais ou si peu en profondeur. Je sens venir les précautions à mon propos, évidemment.
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Réponses
La situation des enfants d'aujourd'hui est pire que celle des enfants de la fin des années 60.
Le manque de diplôme va influencer très fortement négativement le cours de la vie de certains. Ce qui était sans doute moins vrai quelques décennies en arrière. L'enseignement a toujours été fondé sur cette menace (au moins depuis les années 60): si tu ne travailles pas à l'école.... C'est en partie le moteur qui permet à un enseignant d'exiger (le mot est connoté), d'attendre avec confiance un retour positif des élèves (cette formulation me semble moins connotée).
L'enseignement est un cadeau, en principe on n'exige rien en retour de la personne à laquelle on fait un cadeau , c'est impoli de le faire. B-)-
C'était mieux avant tu sais, dans les années 1950 :
Rien à voir avec ce que j'ai subi dans les années 1980 aux collège puis au lycée.
Évidemment aujourd'hui l'enseignement est une coquille vide on peut trouver les années 80 pas si mal...
Déclinons B-)- :
Je ne suis pas d'accord avec l'idée que l'enseignement des années 1980 soit l'idéal je reconnais juste qu'il est mieux que ce qui ce fait depuis.
L'actualité où l'humoriste Jean Castex félicite Emmanuelle Charpentier pour son prix Nobel montre bien le déclin : elle a fait toute sa carrière à l'étranger.
...
Il y a aussi dans le texte cité ce témoignage :
« Comme en France à la même époque, il fallait réussir un examen pour avoir le droit d’entrer au lycée. C’était le fameux examen d’entrée en sixième. L’enseignement au lycée avait donc un haut niveau ».
Ceci explique cela.
Quand même, qui peut nier cela ? Le capitalisme est partout ; à l'école, on apprend aux enfants à être des consommateurs et à entrer dans le moule d'une société consumériste. Franchement, qui pourrait croire que certaines choses étaient plus saines avant ? Faut vraiment être un idiot de déclinologue !
avec le nouveau baccalauréat et les épreuves à la carte (choix des spécialités) on en arrive aux mathématiques facultatives
l'obligation porte désormais sur un "enseignement scientifique" qui un fourre-tout quelque peu indigeste
mais ne soyons pas pessimistes pour autant :
la spécialité math d'après les derniers pointages concerne 45 % des élèves de terminale, donc c'est encourageant pour notre discipline
même si le programme a été amputé (par rapport à celui du défunt bac S)
de chapitres aussi importants que les nombres complexes et les lois continues en calcul des probabilités
l'esprit actuel des mathématiques dans l'enseignement secondaire va dans l'allègement des programmes
dans le choix de l'enseignement mathématique partagé entre "mathématique complémentaire", spécialité math" et "math expertes"
et aussi dans des épreuves équilibrées à 4 ou 5 exercices portant sur l'ensemble du programme
est-ce un mal ? je ne crois pas
cordialement
C'est sur que les programmes étaient vraiment trop lourds, il suffit de jeter un coup d’œil aux manuels des années 80 pour voir qu'ils s'étaient vraiment trop étoffés et comportaient trop de choses difficiles.
"math expertes" : cette option indispensable pour les bonnes prépas ne sera pas disponible partout : tant mieux, ça permettra d'assurer un meilleur tri social.
(bon c'est du second degré, tandis que je crois que lismonde est dans le 1er dégré, hélas).
Je parle ici des capacités d'apprentissage , de mémorisation.
Ou bien voulais-tu signifier (mais en oubliant de le dire) qu'il y a eu une évolution dans la façon de (ne pas) éduquer les enfants dans une grande partie de la population ?
de mon temps le signal (de l'école) était peu parasité, remplacé, en "compétiton" avec le bruit (pas de portable, pas de télé le soir …)
de nos jours le signal (de l'école) est complètement noyé, remplacé par énormément de bruit.
Il faut voir ce qu'est la mémorisation, comment on apprend, comment le signal est mis en boucle pour etre mémorisé…
Il y a d'autres changements ...
@beagle, pauvres enfants! Dès qu’ils passent la frontière française, ils deviennent nuls en maths...
Plaisanterie mise à part, la France a choisi une "sélection" basée sur des critères sociaux (1), les bons sont toujours bon eux, ne t’inquiète pas pour les médailles Field.
(1) ça ne change pas aux dernières nouvelles https://www.franceinter.fr/societe/l-origine-sociale-pese-encore-trop-sur-les-resultats-des-eleves-francais-selon-la-derniere-enquete-pisa et comme on le sait, les enfants asiatiques n'ont accès ni à la TV, ni aux téléphones portables, ni aux jeux.
Il y a des pays développés sans ghettos scolaires (moins de 10% des élèves): Pays Bas, Norvège, Finlande, Danemark, Suède, Belgique (non francophone), Italie, Japon.
Et des pays en développement sans ghettos scolaires: Russie et Kazakhstan, Chine et Singapour. Concernant la Russie et le Kazakhstan (de même pour l'Ukraine et la Biélorussie) il faut savoir que les ghettos sont très rares et la composition de la société est très marqué par la perestroika et les années 90 (les ingénieurs et les scientifiques sont des gens pauvres).
En France c'est 1/3, 1/3 et 1/3. Ce n'est pas glorieux, mais il y a pire: US avec 59% des élèves qui sont dans des écoles où il y a plus de 25% de pauvres.
Concernant la différence de score entre les établissements où il y a plus de 25% des "riches" et les ghettos scolaires : La France est effectivement mal noté (52 de différence). Les Etats-Unis, Australie, Nouvelle Zélande et Angleterre sont aussi très mal notés. Il y a aussi Singapour... mais comme on a vu les ghettos scolaire sont rares (concerne 10% des élèves).
Les pays avec moins d'inégalité : Slovénie, Russie, Pays Bas, Croatie, Japon, Danemark, Italie, Norvège. Bref ceux, qui n'ont presque pas de ghettos scolaires.
Pour les élèves en classe de 4e, presque pas de différence. Seuls exceptions : les pays asiatiques sont très inégalitaires à ce niveau. Russie, Slovénie, Norvège, Italie, Kazakhstan, Canada arrivent à préserver un faible écart, qui pour certains est non significatif, entre les élèves étudiants avec les riches et ceux venant des établissements moins côté.
bon d'abord ma comparaison temporelle, je ne vois pas bien comment elle est réfutée par une comparaison géographique.
Tu es sûr que le lycée de mon temps n'était pas du niveau du lycée actuel en Asie ?
Tu es sûr que les petits asiatiques d'aujourd'hui apprennent aussi bien que ceux d'il y a 40 ans ?
Sinon c'est assez comique cette histoire de résultat élitiste, alors que la base de réflexion qui l'amène est une base ultra-égalitaire,
juste qu'elle foire ses résultats.
Si on prend la maternelle, c'est sur base d'égalité des chances au niveau social que l'on a décidé de retarder les enseignements en France.
Les enfants de niveau social élevé arrivant à l'école avec un niveau d'avance, il a été décidé de retarder tout le monde.
Et le résultat est une plus grande difficulté pour tous, mais qui peut se compenser en effet dans les niveaux sociaux élevés.
C'est idem le pas de devoir le soir à l’école primaire. Résultat niveau sociaux élevés : vous faites quoi en ce moment, ah oui, et comment tu fais etc... Que le résultat soit élitiste ne dit pas que la base décisionnelle l'était.
mais celui-là je vous laisse en discuter entre vous.
C'est du même tonneau que l'égalitarisme qui mène à l'élitisme.
Le problème est pris dans ce sens alors qu'on a tout fait pour en arriver là avec de bonnes volontés …
Moi c'est joker ce plan là !
Ils apprennent mieux qu'il y a 40 ans. Il y a 40 ans c'était la misère dans presque tous les pays asiatiques.
Ce n'est pas bien, l’absence des devoirs, mais ceci est à cause de la journée scolaire complétement démoniaque. Par ailleurs ils ont beaucoup de cours de maths contrairement aux enfants dans les autres pays. Par exemple en Russie l'école commence à 7 ans. Il n'est pas demandé de savoir lire à l'entrée de l'école. Une partie des enfants n'est pas allé dans les jardins d'enfants où il y a l'éveil. Il y a deux fois moins d'heures de cours de maths. Et de façon générale il y a peu d'heures de cours pour les petits : ils sont libres vers 11h en équivalent CP et 12h les années suivantes. Et pourtant... les petits russes ils sont bien devant les français. Tu peux remplacer "russe" par "finlandais/polonais". Par contre il y a beaucoup de devoirs. Mais aussi beaucoup de temps pour le faire, et il reste le temps de faire autre chose !
Beagle, en, ce qui concerne les maths, il y a 40 ans les petits asiatiques n'apprenaient pas encore aussi bien qu'aujourd'hui, car le décollage économique commençait tout juste (à l'exception du Japon, de Hong Kong alors britannique) et que la fameuse méthode de maths de Singapour était en voie de gestation. Actuellement même des pays asiatiques avec un niveau économique encore modeste (par exemple le Vietnam) font de gros efforts. Le résultat se voit dans une sensible augmentation du nombre de talents et de mathématiciens asiatiques ainsi qu'une présence remarqué dans les mathématiques ludiques et sportives (olympiades etc.), y compris dans les pays d'adoption.
Je crois que l'émergence asiatique est un élément important des mathématiques d'aujourd'hui.
Les milieux sociaux favorisés ne tiennent plus compte de ce qui se fait à l'école si elle est publique lambda (c'est juste une chambre d'enregistrement des notes et un lieu que l'on recherche sympathique dans la meilleure classe du bahut) ou éventuellement, mais plus minoritairement, payent le prix fort pour des établissements où il n'y a plus du tout à s'occuper des enfants. Ce sont 2 attitudes différentes qui aboutissent au même résultat.