État de la recherche mathématique en France
Bonjour,
j'en ai un peu marre de l'enseignement dans le secondaire, et j'aimerais reprendre mes études. Tous les universitaires que je connais m'ont dit que la situation de l'emploi en mathématiques dans les universités françaises était quasi totalement bouchée. Je voulais savoir si vous étiez d'accord avec ces propos. On m'a conseillé de me tourner vers la cryptographie par exemple, qui permet de faire des maths élaborées tout en travaillant en entreprise. Je voulais donc savoir si une thèse en mathématiques pures permettait de trouver un emploi dans le privé dans lequel on puisse faire des maths très élaborées.
Merci pour vos renseignements.
ignatus.
j'en ai un peu marre de l'enseignement dans le secondaire, et j'aimerais reprendre mes études. Tous les universitaires que je connais m'ont dit que la situation de l'emploi en mathématiques dans les universités françaises était quasi totalement bouchée. Je voulais savoir si vous étiez d'accord avec ces propos. On m'a conseillé de me tourner vers la cryptographie par exemple, qui permet de faire des maths élaborées tout en travaillant en entreprise. Je voulais donc savoir si une thèse en mathématiques pures permettait de trouver un emploi dans le privé dans lequel on puisse faire des maths très élaborées.
Merci pour vos renseignements.
ignatus.
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Réponses
La réponse est non. On ne fait pas de maths en entreprise. Les entreprises qui ont besoin de maths les font faire par les universités.
Je précise : mon but n'est pas de travailler dans le privé, ni de gagner de l'argent, mais de faire des maths qui me plaisent. Cependant, je dois être réaliste, les perspectives pour trouver un emploi à l'université sont très faibles, donc se pose la question de pouvoir vivre et faire des maths passionnantes.
J'enseigne en collège, et j'en ai assez. Je ne pense pas que le lycée offre de meilleures perspectives lorsque j'écoute ce que dit christophe c. Donc, j'ai envie de quitter le navire qui coule.
C'est pourquoi je parle de trouver un emploi qui puisse me permettre de faire des maths intéressantes.
ignatus.
Christophe apporte une pierre au débat mais elle n’est évidement pas exhaustive.
Aussi, je ne juge pas, je comprends parfaitement ton questionnement.
"... faire des maths qui me plaisent". Si ces maths plaisent à une entreprise privée tu pourras peut-être trouver. Pour un temps, car n'importe comment, tu feras les maths qui intéressent l'entreprise, pas ce que tu as envie de faire. Et très vite, on risque de te proposer une reconversion comme cadre gérant des équipes.
La situation est à peu près la même que le sportif qui veut " ... faire le sport qui me plaît". S'il n'est pas de très haut niveau dans ce sport, il ne pourra que faire un métier autre pour pouvoir vivre et faire son sport en amateur.
Cordialement.
Bon, la France n'est pas le centre du monde... Je suis également prêt à m'expatrier, cela devrait ouvrir le champ des possibles...
ignatus.
Pour la situation de la recherche en France, quand j'étais un peu plus jeune on m'a dit également qu'il n'y avait pas de postes en France (me suis demandé pourquoi il y a des M2 recherche dans les universités alors ? C'est un peu con de former des gens sur des secteurs sans débouché), du coup, perso je n'ai même pas essayé de postuler à quoi que ce soit :-D
Tu n'es pas obligé d'être payé pour faire des maths qui te plaisent !
Ma situation depuis 10 ans : je fais des maths pour mon plaisir quasiment tous les jours (avec grosse période de repos complet) ! Je ne travaille (alimentaire) que en donnant quelques heures de cours particuliers et donc j'ai un temps infini pour faire ce que je veux ! C'est vraiment cool.
Mais contre partie : faut accepter de vivre avec 150 €/ mois une fois le loyer payé ! Ce n'est pas évident mais réalisable, faut juste pas avoir peur de vivre autrement :-D
C'est aussi à ce genre de solution que je pensais... Mais je vais quand même tenter un M2 recherche et une thèse. Après, effectivement, cela ne me dérange pas de vivre dans une situation précaire, si je peux payer mon loyer et me nourrir, et faire des maths à côté.
ignatus.
Cela dit, si ça ne te dérange pas d'enchaîner les contrats de courtes durées et de déménager souvent, faire une thèse puis des post-docs te plaira sans doute beaucoup. Tu es payé pour faire les maths qui te plaisent ! (À condition tout de même que tu trouves ton bonheur dans les thèmes de recherche, les maths au niveau recherche sont très différentes de ce que tu fais en agrégation.) Et puis, si tu ne trouves pas de poste permanent, tu peux toujours retourner à la vie civile après une bonne expérience.
Par contre si tu n'as pas peur de t'expatrier quelques années et que tu choisis un sujet avec un minimum de connexion dans le monde réel, tu pourras, à condition de préparer ça un minimum, envisager une carrière à la fois stimulante intellectuellement et convenablement rémunérée. Dans ce cas tu pourras revenir assez vite en France, mais ta position professionnelle dépendra de ce que tu as fait à l'étranger, pas de ton doctorat.
Ce sera toujours mieux que le collège ...
Je pense que l'essentiel est encore une fois de savoir ce que l'on veut, et de ne pas avoir peur d'être atypique...
ignatus.
Alors première chose : ce document ne fait pas la distinction entre math appli et math fonda. Pas que je fasse une hiérarchisation mais il y a plus de postes dans le privé (et dans l'académique) où on cherche des gens qui savent coder plutôt que faire des diagrammes commutatifs. Je pense, mais c'est mon petit doigt mouillé, que la situation est assez différente entre la section 25 et la section 26.
Ensuite deuxième point important : ce document n'indique pas quelle est l'intersection entre les sous-catégories "secteur académique" et "emploi stable", mon avis est que cette intersection est faible et que la majorité des personnes ayant un emploi stable sont profs pour l'éducation nationale ou ingénieurs en entreprise.
Dernier détail : l'étude concerne des docteurs diplômés en 2012, le nombre de postes de MCF en math à pas mal diminué depuis cette période. Si je ne dis pas de bêtises (je n'ai pas de source sous la main malheureusement) le nombre de doctorants a lui augmenté.
PS pour ignatus : Ne te lance pas dans la recherche en math en étant convaincu que tu arriveras à y trouver un emploi stable, ce n'est simplement pas raisonnable. Il vaut mieux envisager d'autres portes de sorties. Ceci étant dit si tu décroches une bourse doctorale (bien plus accessible) alors tu seras payé sur 3 ans tout en cotisant pour la retraite, même si cette thèse ne t'amène pas à travailler dans la recherche ce ne sera donc pas années perdues. Et en général la thèse est une période assez agréable.
Et, bien entendu, se demander s'il y a un pilotage politique des flux de la formation doctorale, c'est répondre à la question.
C'est une lacune ancienne qui est bien dommageable. Il y a longtemps je me rappelle que le mouvement des jeunes chercheurs avait demandé à ce que les docteurs universitaires puissent avoir accès aux grands corps pour décloisonner un système exclusivement axé sur les grandes écoles.
En fait c'est Attali qui était aux manettes de la réforme, et il a repris l'idée en attribuant les nouveaux postes des grands corps créés aux polytechniciens ayant fait des thèses ...
Je t'invite à suivre ce lien. Dès l'an prochain, tu pourras enseigner la notion de groupe (page 82), de polynômes en une indéterminée (page 166), de déterminants (page 234), sans compter toutes les autres belles choses qui s'y trouvent. Il ne faut donc pas désespérer.
Cordialement,
Thierry
@seirios: je dois faire partie des mauvais alors...