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Loi d'Ohm

Bonjour à tous,
-étant élève, je n'ai malheureusement pas été très attentif en cours de physique et je me traîne maintenant de grosses lacunes. Je me pose quelques questions sur la loi d'[large]O[/large]hm : U=RI.

- Que se passe-t-il si on ne met pas de résistance dans un circuit comportant un générateur et une ampoule ? J'imagine que la lampe brille mais ce qui me pose problème c'est que la résistance est nulle et par conséquent ma tension devrait être nulle ? Est-ce que cette loi fonctionne lorsque R=0 ?
- Que se passe-t-il si on branche deux résistances R1 et R2 en série ? Est-ce que R = R1 + R2 ?
- Est-ce que la tension prise sur une même section de fil sans élément entre les pinces est nulle ?
- Pourquoi mettre une résistance dans un circuit ? Si sans, la lampe brille, à quoi bon réduire l'intensité ?
En vous remerciant par avance. Bien cordialement.

Sauf pour l'unité physique, Georg Simon Ohm (1789-1854) prend toujours une majuscule. AD]

Réponses

  • J'ai oublié aussi :

    - Est-ce que la tension aux bornes de R1 est la même que celle aux bornes de R2 et la même que celle entre (R1 et R2).

    - Est-ce que l'intensité du courant est la même (avant R1) ; (entre R1 et R2) et après R2 ? J'aurai tendance à penser qu'elle est max avant le passage dans R1 et min après le passage de R2 ?
  • La lampe elle même a une résistance, tu ne peux pas dire que R=0.

    Pour deux résistances en série : mettons qu'on met $R_1$ entre $A$ et $B$ et $R_2$ entre $B$ et $C$. Alors $U_{AB}=R_1 I$ et $U_{BC}=R_2I$ donc $U_{AC}=(R_1+R_2)I$, par conséquent on a bien $R=R_1+R_2$.

    "est-ce que la tension prise sur une même section de fil sans élément entre les pinces est nulle ? " : oui (ou du moins très proche de 0 car la résistance d'un fil est non nulle quoique très faible).

    "Pourquoi mettre une résistance dans un circuit ?" : c'est une modélisation. Dans la vie réelle, on peut mettre des appareils dans un circuit, qui ont une certaine résistance. Ou bien on peut vouloir limiter l'intensité dans une portion du circuit.
  • Pour tes questions sur tension et intensité : une tension est une différence de potentiel entre deux points du circuit. L'intensité est un "débit d'électrons". Imagine un fil comme une rivière, et l'intensité comme le débit de l'eau. Elle est la même tout au long du fil.
  • Bonjour JLT et merci beaucoup pour tes réponses.

    Je ne savais pas que la lampe avait elle même une résistance.

    Si j'imagine le fil comme une rivière et l'intensité comme le débit, il est bien le même partout en effet. Mais si je place une écluse qui jouerait le rôle d'une résistance, alors le débit en sortie d'écluse serait diminué et par analogie, l'intensité serait plus faible après la résistance ?
  • Toute ampoule a évidemment une résistance. Quand tu achètes une ampoule de "40 watts", on suppose qu'elle est branchée sur du 220 volts, donc elle a une résistance de $R=U^2/P=1210$ Ohms (Edit : mon calcul suppose qu'on est sur du courant continu de 220 volts, ce qui n'est pas exact, mais l'idée y est).

    Quant à l'analogie avec une écluse, elle me semble mauvaise car une écluse peut s'ouvrir et se fermer. Je vois plutôt une résistance comme un goulot d'étranglement, qui ralentit le débit aussi bien avant qu'après. Le débit doit être le même partout sur la rivière (s'il n'y a pas d'apport extérieur d'eau, ni de déperdition, et si le niveau de l'eau est constant) puisque d'une section donnée doivent sortir autant de molécules d'eau qu'il n'en rentre.
  • Ah oui, au temps pour moi en ce qui concerne l'analogie. En plus de tes réponses, j'ai obtenu quelques précisions supplémentaires de la part d'une autre personne.

    Je te remercie beaucoup d'avoir pris le temps de me répondre.

    Bien cordialement.
  • @ shinitchi :

    La loi d'ohm est ce qu'on appelle une loi constitutive. Elle n'a pas validité universelle (comme les équations de Maxwell) mais sa validité dépend des conditions physiques/chimiques etc... du milieu. Autrement dit un materiau peut être un conducteur ohmique sous certaines conditions et pas dans d'autres conditions.

    Ceci dit, il existe pour simplifier différentes modélisations d'un circuit électrique. La modélisation la plus simple est celle qu'on appelle modélisation à composantes discrètes (en courant continu). Dans ce modèle on voit le circuit électrique comme composé d'une série discrète de composants (ohmiques) qui sont caracterisées par la relation U=RI.(U differénce de potentiel aux bornes du dipôle). On néglige tout phénomene électromagnetique qui a lieu dans les composants et par extension dans le circuit lui-même.

    L'étape suivante est la modélisation discrète mais où on tient compte des phénomènes électromagnétiques qui ont lieu dans les composants discrets. Une troisième modélisation est la soi-disante modélisation continue où on tient compte du champ électromagnétique du circuit (ou les paramètres comme l'inductance, la résistance et la capacitance sont considerées comme continues et distribuées tout le long du circuit).

    Dans la modélisation discrète on suppose que le potentiel d'un fil qui relie deux composants est constant et de resistivité non nulle et donc par conséquence (si la loi d'ohm est valide) le courant devrait être nulle. C'est un cas limite qui s'obtient à partir du modèle continue. C'est une des limites du modèle discret. Et dans la pratique ce cas limite ne fait pas partie du modèle discret.

    Tension et difference de potentiel ce n'est pas du tout la même chose. On mesure une tension et une différence de potentiel en volts mais ces deux grandeurs sont physiquement très différentes. On s'en rend compte quand on étudie des circuits à courant variable (ou en présence de phénomènes d'induction électromagnétique). La différence de potentiel entre deux points A et B ne dépend que de A et B, ce n'est pas du tout le cas de la tension qui dépend non seulement de A et B mais aussi du chemin le long duquel on évalue le champ électrique.
  • Une belle expérience de pensée est la suivante : on suppose qu'un circuit électrique (avec une ampoule) est contenu dans une boîte en acier. Seuls les 2 bornes du circuit sont accessibles de l'extérieur de la boîte. On place un bonhomme (un observateur) dans la boîte et on relie les deux bornes à celle d'un générateur extérieur.
    Question : est-ce que le bonhomme à l'intérieur de la boîte verra l'ampoule s'allumer ?
    Autrement dit est-ce qu'un courant circule dans le circuit ? Justifier.

    Pas besoin d'invoquer la mécanique quantique pour répondre à ce petit quiz.
  • Bonsoir,

    @JLT : tu n'as pas compris l'intérêt de la remarque de Shinitchi qui portait plus en substance sur la distinction régime transitoire/permanent : une résistance est bien par analogie un obstacle sur le débit d'un flux et, comme l'a pressenti Shinitchi, que ce soit pour une écluse ou un goulot d'étranglement (*), il y a bien physiquement en régime transitoire des débits différents en entrée et en sortie pendant une durée $\tau$, serait-elle très faible. Donc c'est bien Shinitchi qui a raison en ce sens avec sa modélisation. Tout phénomène réel met du temps à s'établir. Négliger cette durée n'est qu'une approximation de la physique des circuits électriques.

    @Serge : dans ton petit problème, tu veux peut-être dire qu'il y a une tension aux bornes du circuit grâce au générateur mais que comme la boîte d'acier est une surface équipotentielle la différence de potentiel aux bornes du circuit serait nulle (**). Après, probablement est-il trop tôt pour initier notre ami à ces subtilités : dans son programme on définit sûrement la tension comme une différence de potentiel.

    (*) Fermer complètement l'obstacle reviendrait à une résistance infinie, l'ouvrir complètement à une résistance nulle, sans compter tous les états intermédiaires.

    (**) Et l'ampoule ne s'allumerait pas malgré la présence du générateur doté de sa propre différence de potentiel.
  • @Ltav : j'ai bien précisé dans mon message "si le niveau de l'eau est constant" (sous-entendu dans le temps), c'est-à-dire si on n'est pas dans un régime transitoire. Je ne suis pas persuadé que Shinitchi se posait ce genre de questions, j'avais l'impression que ses questions se situaient à un niveau plus basique.
  • @Ltav : je pensais surtout au rôle des charges superficielles du circuit dans l'établissement du courant. Comment passe-t-on d'une situation où la loi d'[large]O[/large]hm n'est pas vérifiée (circuit non relié au générateur) à celle où la loi d'[large]O[/large]hm est vérifiée (circuit relié au générateur). Dans la loi $j=\sigma E$ le $E$ ne peut pas s'identifier au champ électrique du générateur. Le $E$ est le résultat de l'interaction entre le champ électrostatique dû aux charges superficielles tout le long du circuit et du champ électrique du générateur (c'est le régime transitoire).
    Si on place le circuit dans une cage de Faraday le champ électrique du générateur ne pénètre pas à l'intérieur de la cage (on suppose qu'il ne passe pas non plus à travers les deux bornes) et par conséquent il ne peut pas y avoir de courant.

    Les charges superficielles jouent aussi un rôle dans les phénomènes d'induction. C'est dommage que cet aspect très physique ne soit pas discuté même de façon simpliste ni en classe prépa ni en L1/L2 de physique.

    Sauf pour l'unité physique, Georg Simon Ohm (1789-1854) prend toujours une majuscule. AD]
  • N.b. d'ailleurs pour être plus précis la lampe s'allumerait un bref instant à cause du générateur pendant le régime transitoire (la durée que mettrait la boîte d'acier à acquérir le même potentiel sur toute sa surface), puis s'éteindrait en régime permanent (boîte a surface équipotentielle).

    En tout cas, ton problème est intéressant et rappelle il est vrai de loin la superposition des états en mécanique quantique : l'ampoule est-elle allumée ou éteinte ? Les deux à la fois ? En effet doit-on voir aux bornes de l'ampoule la différence de potentiel nulle due à la boîte ou la force électromotrice due au générateur ? Toutefois, l'électricité apporte ici une réponse claire : on peut voir ce problème comme un générateur en court-circuit à gauche avec une lampe branchée à droite à ce court-circuit. C'est plus en régime transitoire que la distinction physique entre tension et différence de potentiel présente un intérêt. En régime permanent, on retrouve entre elles l'égalité classique.
  • @JLT : oui tu l'avais bien dit, mais Shinitchi se questionnait bien sur une différence de débit entre entrée et sortie, différence qui existe bel et bien, dans le cas de l'ecluse ou du goulot en régime transitoire.
  • @Serge : oui tu as parfaitement raison pour l'intérêt didactique de cet aspect physique, mais on parle bien de la même chose : les charges superficielles donnent lieu en régime permanent à des surfaces équipotentielles et le générateur n'est plus assez influent après le régime transitoire pour imposer sa propre tension. Je voudrais simplement souligner que l'on peut très bien modéliser cette cage de Faraday et ton problème d'ampoule avec des notions basiques de tension et circuit vus en 1ère.
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