La racine carrée de Shanghaï

Quelle est sa valeur ? Nul ne le saura jamais !

Dans un supplément du journal "Le Monde", le mathématicien Etienne Ghys (ENS Lyon) revient sur le classement de Shanghaï. Celui du mois d'Août place encore Harvard, Stanford et Cambridge dans les trois premières places, Paris-Sud et La Sorbonne en 37e et 44e place.

Or, la méthode utilisée pour l'établir est particulièrement opaque même pour ceux qui l'étudient de près. Elle s'appuie sur $5$ indicateurs très sélectifs (nombre d'articles cités dans des revues prestigieuses, nombres de prix Nobel ou de Médailles Fields au sein de telle ou telle université, nombre d'étudiants ayant obtenu ces prix etc...)

"Chacun de ces indicateurs pose problème.
Par exemple, la liste des chercheurs les plus cités recense 90 mathématiciens dont 16 signent leurs articles... en Arabie Saoudite."

Pas un français n'y figure (ce que l'auteur trouve excessif).

Pour ne pas pénaliser les petites structures méritantes mais ne pouvant pas se permettre de recruter des prix Nobel, un sixième indicateur a été rajouté (je vous passe les détails). Les six indicateurs sont ensuite agrégés (si j'ose dire) et l'attribution finale des scores consiste en $\textbf{"une moyenne des racines carrées des six indicateurs, affectées de certains coefficients"}.$

Bref : personne ne comprend rien à cette "moyenne de racines carrées", sans parler du fait qu'un institut chinois impose des règles obscures de "compétition" à des étudiants et professeurs censés choisir librement leur domaine de prédilection.
Dans les mathématiques, le dernier classement situe Princeton en premier, La Sorbonne en deuxième, Paris-Sud en cinquième et l'ENS en 27ème position.
...

Réponses

  • Df a écrit:
    Pour ne pas pénaliser les petites structures méritantes mais ne pouvant pas se permettre de recruter des prix Nobel,

    Il y a un mercato dans les universités? Cela vaut combien pour faire venir un prix Nobel dans une université? 115 millions d'euros (comme Neymar)? B-)-
  • Moi tu sais le foot... Il me paraît juste impossible pour une université (même prestigieuse) d'acheter un médaillé Fields 115 millions d'euros et de le revendre à une autre université 300 millions surtout si celui-ci dénigre ses collègues, passe tout son temps à la cafétéria et refuse de donner des conférences.
    ...
  • Mais surtout, je ne comprends pas comment le classement ne mentionne aucun français dans le top100 des mathématiciens les plus cités ou influents et place La Sorbonne en deuxième position dans le domaine mathématique juste derrière Princeton !
    Et sans être un expert du classement mondial des universités, si on me l'avait demandé, j'aurais mis l'ENS largement devant La Sorbonne.
    ...
  • Bonjour Df.

    C'est bizarre de classer l'ENS (*) comme une université. Les étudiants sont formés dans des universités, il y a très peu d'enseignants.
    N'importe comment, ce classement n'a aucun sens ...

    Cordialement.

    (*) au fait laquelle ?
  • C'est l'ENS Lyon qui est 27e. Celle d'Ulm est 32e.

    Voir le classement
  • Dans les mathematiques, c'est rigolo de voir Cornell entre 100 et 150.. Et Ulm juste apres une universite d'Arabie Saoudite, Corruption?
  • P. : pas vraiment, ils ont juste trouvé le bon filon pour trafiquer leur classement à la manière de ceux qui boostent de façon artificielle leur référencement google ou qui achètent des vues sur youtube, likes facebook etc. Il faut aussi garder en tête que le classement de Shanghai est très sensible à la taille des institutions. Ulm avec son petit nombre de chercheurs et d'étudiants se retrouve mal classée même si elle aura vu passer un nombre très élevé de médailles Fields.
  • Voici un article (en anglais) qui explique comment une université saoudienne (King Abdulaziz University) qui n'avait pas d'école doctorale de math en 2011 se retrouve en 2015 dans le top 10 du classement mathématique de Shanghai. Pour ceux qui ne parlent pas anglais la technique est simple : ils offrent de l'argent à des chercheurs de grande renommée en échange de quoi ces chercheurs acceptent de mettre qu'ils sont affiliés à la King Abdulaziz University dans toutes leurs publications. Le chercheur en exemple dans l'article s'est vu proposer 80 000\$ par ans pour cela, si mes souvenirs sont bons ça peut monter jusqu'à 200/300 000\$ pour les chercheurs les plus renommés et prolifiques.
  • Le mot corruption convenait donc.
  • Bonjour,

    je mets un lien vers l'article du Monde, de Ghys, car je ne l'ai pas vu dans le message initial :
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/09/03/a-shanghai-une-obsession-pour-la-racine-carree_5505962_4401467.html

    Amicalement,
  • Ces histoires de racines carrées sont des contingences ici.
    Corto a écrit:
    Voici un article (en anglais) qui explique comment une université saoudienne (King Abdulaziz University) qui n'avait pas d'école doctorale de math en 2011 se retrouve en 2015 dans le top 10 du classement mathématique de Shanghai. Pour ceux qui ne parlent pas anglais la technique est simple : ils offrent de l'argent à des chercheurs de grande renommée en échange de quoi ces chercheurs acceptent de mettre qu'ils sont affiliés à la King Abdulaziz University dans toutes leurs publications. Le chercheur en exemple dans l'article s'est vu proposer 80 000\$ par ans pour cela, si mes souvenirs sont bons ça peut monter jusqu'à 200/300 000\$ pour les chercheurs les plus renommés et prolifiques.
    On se retrouve avec un bel exemple d'application de la Loi de Goodhart.
    Les manoeuvres françaises consistant à regrouper les universités sont moins grossières mais relèvent du même phénomène.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
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