Lassitude des maths

Bonjour !

Est-ce que certains d'entre vous ont déjà ressenti une certaine lassitude envers les mathématiques ?

Je suis actuellement en L3 dans l'optique de devenir prof, mais essentiellement dans le secondaire. Mon but premier est de montrer aux élèves que les mathématiques peuvent être amusantes, qu'il y a une satisfaction dans le fait de chercher, de démontrer, mais aussi que les mathématiques sont utilisées dans tous les domaines, et en particulier en physique, matière que j'affectionne.

Mais voila, depuis cette année, je ressens certains doute vis à vis de mon attrait pour les maths. En cours de topologie, je me demande pourquoi je suis là alors que je pourrais étudier des choses plus concrètes comme la physique par exemple, comprendre comment la matière fonctionne, comprendre l'astronomie, les ondes, la physique quantique... J'ai l'impression de saturer petit à petit pour les maths...

Avez-vous déjà été dans ce cas ?

Réponses

  • Je n'ai pas connu ça et même plutôt le contraire, j'ai trouvé fascinant mon cours de topologie ! Comment formaliser la notion de proximité, même dans des espaces où aucune notion de distance n'est adaptée ? Je trouve dommage que très souvent, ce genre de cours ne soit pas vraiment motivé, ça permettrait à l'étudiant de voir à quel point ce qu'il s'apprête de découvrir est intéressant (tout autant que la physique "concrète"), plutôt que de subir un cours certes abstrait.

    J'ai un ami qui a été dans le même cas que toi. Il a voulu s'accrocher malgré pas mal de difficulté, et un désintérêt croissant (à base de "mais qu'est-ce que je fais là ?"). Résultat : après 7 ans d'études, il s'est arrêté avec une licence :-D Et maintenant il n'a pas vraiment de plan... Bon c'est un cas un peu extrême.

    Si vraiment tu es intéressé par la physique, pourquoi ne pas t'inscrire en licence de physique ? Ça ne t'empêchera pas de faire des maths et ne te ferme pas les portes des concours de l'enseignement en maths.
  • Dedeu:

    Je n'ai pas trouvé très intéressantes globalement les trois années d'étude après le BAC en mathématiques.
    J'en avais ras le bol de l'algèbre linéaire et des matrices.
    La seule chose qui m'a intéressé un tant soit peu : la théorie des fonctions holomorphes et l'algèbre hors matrices mais à mon époque on faisait moins d'algèbre me semble-t-il en licence (pendant les trois premières années) qu'aujourd'hui.

    Mon année de Maîtrise m'a nettement plus intéressé: topologie algébrique (géométrie: théorie de Morse,..), théorie des nombres (analytique, algébrique) distributions, probabilités,statistiques, algèbre (théorie de Galois). J'allais en cours de topologie algébrique avec grand plaisir je trouvais ce cours passionnant.

    La topologie (connexité/compacité, espaces métriques...) n'est pas une partie très amusante du programme selon moi.
  • @Dedeu : on pourrait dire la même chose de ceux qui sont en physique et se lassent des arguments à l'eau de rose préférant la rigueur mathématique à la physique (même fondamentale) faite avec les mains à la Landau Lifchitz. La physique ne pourra jamais se réduire aux maths parce que les théories physiques sont le résultat d'un cycle continue entre raisonnements inductifs (issue des expériences) et de modélisations mathématiques.
    Est ce que c'est mieux de l'autre côté de la palissade ? Pas forcément. Les mathématiques sont passionnantes aussi, mais tout comme en physique il ne faut jamais se limiter strictement au cours. Il faut lire, lire et encore lire. Des livres modernes, des livres pas modernes mais qui apportent des points de vue instructifs bien qu'oubliés etc...

    Le problème le plus aigu de ces deux "sciences" c'est qu'on les présente de façon ultra dogmatique. C'est justifié a posteriori parce que cela permet d'avoir une vue d'ensemble sans parcourir toutes les erreurs historiques et cul-de-sac conceptuels qu'on rencontré les mathématiciens et physiciens. Le cours est toujours présenté de cette façon, toutefois si l'on veut comprendre le pourquoi des choses, des définitions, des théorèmes etc... il faut aller regarder et lire à l'occasion les articles originaux. Ou des livres anciens qui étaient beaucoup plus près de la recherche que les livres qui ont été publiés des années après les faits. Par exemple : La topologie. On peut si l'on veut apprendre la topologie étudier sur les Bourbaki mais est-ce que cela a un sens ? A mon avis non. Les Bourbaki de topologie sont deux tomes de référence qui ne possèdent aucun contexte historique et de liens progressifs entre les différentes notions. C'est une suite de notions déconnectés les unes des autres. On comprend la topologie beaucoup mieux en lisant le traité de Kuratowski que celui de Bourbaki.

    Je finis en disant que quelque soit le choix de carrière que tu feras, le niveau d'enseignement au lycée n'est en aucun cas comparable à ce que tu auras étudié. Et là peut se trouver un début de désillusion pédagogique.
  • Mais en 3 ans, lui a-t-on donne à rédiger des problèmes rigolos, permettant des calculs intéressants ? J'ai vu des cours d’algèbre linéaire, d'analyse, de topologie ou de théorie de la mesure à se flinguer, alors que ces sujets sont considérés chaque jour sur ce forum et que on s'y amuse beaucoup avec.
  • @Dedeu : Oui, ça arrive des passages à vide. Promis, tu as encore quoi t'amuser en math. devant toi même si c'est vrai que ça n'est pas nécessairement tous les jours.

    Voici une raison possible. En début de L3, certains programmes sont pensés de la façon suivante : enfin on peut faire intégralement des théories importantes – typiquement topologie, théorie de la mesure, structures algébriques. Cela peut conduire à une overdose d'abstraction dont la motivation échappe un peu au début. Il peut devenir difficile de distinguer des résultats purement formels de résultats « vraiment utiles » qui ont du contenu. En réalité, c'est pensé à tort ou à raison comme une espèce d'apprentissage de l'abstraction, du langage formalisé un cran plus loin que l'année dernière (ex. en topologie : on manipule de moins en moins les éléments au profit des suites et, de plus en plus, des parties (ouverts, fermés, boules, voisinages) et des familles de parties (topologie, ensemble des fermés, base de voisinages, tribus, etc.). Ce formalisme renforcé passe parfois mal mais au bout d'un moment, il passe comme le reste – c'est-à-dire qu'on passe à autre chose, qu'il soit maîtrisé ou pas...
  • Bonjour. J'ai été PEGC ayant d'abord enseigné les maths je me suis tourné vers LES sciences (SVT et physique-chimie). Par ailleurs je me suis demandé pourquoi les enseignants français de mathématiques trouvent un malin plaisir à détruire le travail de leur collègue de français (et plus spécialement d'orthographe).
    Que sont les mathématiques ? UN OUTIL.
    Utile à qui ? Comme tout outil, à qui désire l'utiliser. C'est-à-dire les physiciens, chimistes, statisticiens ...
    Mais les mathématiciens n'oublient-ils pas l'histoire des mathématiques ?
    L'imprimerie 1ère révolution culturelle planétaire a bouleversé et accéléré les communications.
    Descartes en 1640 a institué l'utilisation de symboles littéraux dans les calculs.
    De nos jours les mathématiciens français savent-ils faire la différence entre un nombre quelconque ET un nombre précis. MAIS surtout savent-ils comment le symboliser ?
    Par ailleurs les enseignants français de mathématique connaissent-ils les préconisations de Freinet ? À savoir que c'est l'apprenant qui "découvre" et non pas qui subit.
    Merci de m'avoir lu.
  • Pas mal d'affirmations gratuites dans le message qui précède. Et une grosse erreur : les mathématiques sont une science. Une science qui fournit des outils indispensables à d'autres sciences, mais ce n'est pas ce qui la caractérise.
  • ytou2 a écrit:
    À savoir que c'est l'apprenant qui "découvre" et non pas qui subit.

    C'est l'application de ce principe, que les pédagogos (IREM, APMEP, ESPE, adjudants pédagogiques régionaux,.....) ont érigé en dogme, qui a contribué à détruire l'enseignement des mathématiques en France du CP à la Terminable...Demande donc aux Chinois, aux Coréens ou aux Indiens si dans leur pays, c'est l'élève qui découvre et le prof qui joue le rôle de moniteur de centre aéré....
    Liberté, égalité, choucroute.
  • ytou2 a écrit:
    De nos jours les mathématiciens français savent-ils faire la différence entre un nombre quelconque ET un nombre précis. MAIS surtout savent-ils comment le symboliser ?
    Peux-tu donner des définitions de "nombre précis" et surtout de "nombre quelconque" ?

    [size=x-small]"... et ensuite, considérons un entier non quelconque ..." :-D[/size]
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • ytou02 a écrit:
    Que sont les mathématiques ? UN OUTIL. Utile à qui ? Comme tout outil, à qui désire l'utiliser. C'est-à-dire les physiciens, chimistes, statisticiens ...

    Comme d'autres je conteste cette vision réductrice des mathématiques.

    Les mathématiques sont l'exploration des conséquences d'hypothèses abstraites faites.
    Cette exploration peut avoir son intérêt en elle-même, pour "l'honneur de l'esprit humain",
    ou à but pédagogique (pour une formation au raisonnement logique). Elle est parfois,
    souvent même, motivé par des applications, venues d'autres sciences ou de problèmes
    de la "vie réelle".

    On peut voir grossièrement le travail d'un physicien, par exemple, comme ceci :
    a) observer (ou s'interroger sur) un phénomène
    b) proposer une modélisation, débouchant sur un modèle mathématique du phénomène
    (caricaturalement on suppose l'objet réduit à un point, l'absence de frottement, que le référentiel est galiléen, que la mécanique Newtonienne est valable...)
    c) établir des prédictions à l'aide du modèle
    d) vérifier ces prédictions (avec une certaine précision) et en conclure que la modélisation proposée est valable.

    Pour le point c) on peut voir les mathématiques comme un outil. Mais cela ne suffit pas à dire que les mathématiques ne sont qu'un outil au service d'autres matières.
  • Bonjour,

    deux remarques sur le sujet initial:

    - ce n'est pas si grave si tu satures en math. Une fois prof, ton métier n'aura plus rien à voir avec suivre des cours. Donc il faut s'accrocher, entre études et travail c'est le grand écart.

    - si tu satures en math et doute de vouloir devenir prof de math. Tu peux t'orienter vers des maths appli/informatique et pour concilier que tu aimes la physique faire une jolie thèse en modélisation d'un phénomène physique par exemple.
  • Bonjour,
    Ce qui m'inquiète dans le premier message c'est qu'il veut montrer aux élèves que les mathématiques peuvent être amusantes , j'espère seulement que ce ne soit pas du jeu façon Belkacem ou du style "on met la charrue avant les boeufs" X:-(
    j'adorais le cours de topologie durant mon année de licence (très lointaine époque. ..) et justement j'avais l'impression de vraiment faire des mathématiques. Je pense que c'est lorsque l'on commence à aborder ces notions très abstraites que l'on voit si on est vraiment matheux ou non dans l'âme (et pour ma part j'ai vu mes limites , par faineantise aussi à l'époque soyons honnêtes ).
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