l'école de l'an III

Elle est née par décret de la "Convention, 9 Brumaire an III" (30 Octobre 1794) dans le but de révolutionner (c'est le cas de le dire) l'art d'instruire, dans le but de mettre des génies de la science et de la philosophie au service du peuple, dans le but enfin d'apporter à ce dernier (trop enclin à céder aux passions) les vertus de la Raison célébrées par les Lumières.
L'Ecole normale de la rue d'Ulm veut rompre avec le corporatisme de l'Ancien Régime.
Il faut montrer au peuple que le chaos de la Terreur est révolue. La pédagogie y est, elle aussi, radicalement transformée:
"Le cours magistral est remis en cause. Après les conférences, les élèves sont invités à débattre. Un journal sténographique qui a recueilli l'énoncé des leçons est imprimé et distribué chaque jour avant le début des leçons."
C'est une méthode participative constamment réinventée dans des universités aussi prestigieuses que Princeton ou Harvard.
Le chimiste Berthollet, les mathématiciens Laplace et Monge (qui tutoyait ses élèves) y enseigneront.

Pourtant dès 1795, les députés Montagnards accuseront l'Ecole normale d'avoir manqué son but:
"Cette école peut-être utile pour ceux qui ont déjà des connaissances, elle est nulle pour ceux qui n'en ont pas." (Gilbert Romme, député)
On lui reproche d'avoir substitué une aristocratie à une autre.
C'est ce que l'on peut entendre aujourd'hui encore à propos de notre système éducatif qui est peut-être l'héritage élitiste de la rue d'Ulm.

Cette école sera fermée, rouvrira, sera à nouveau fermée. En 1847, on lui accole l'adjectif "supérieure" en soulignant son origine révolutionnaire.
La revue Nature consacrera l'ENS en 2016, la qualifiant d'usine à Nobels...


Intéressant article à lire dans "Le Monde"-Jeudi 03 Août 2017
"L'Ecole normale supérieure, temple républicain" par Marine Miller.
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