Houellebecq et les nombres

Chaurien

Michel Houellebecq est probablement l'écrivain français vivant le plus important (Jean Raspail étant décédé en juin 2020).

À l'occasion de la parution de son dernier roman : Anéantir, je me suis mis à relire les précédents. Dans le roman : La possibilité d'une île  (Arthème Fayard 2005, prix Interallié), je suis tombé sur un passage p. 126  où le « prophète » d'une secte évoque le nombre des « élus », et donne des nombres possibles, dotés de propriétés intéressantes (voir l'extrait). 

Un peu plus loin, en p. 129 (voir l'autre extrait), ledit « prophète » révèle qu'il aurait tiré ses informations d'un livre, Mathématiques amusantes, de Jostein Gaarder. Je m'intéresse aux livres de récréations mathématiques depuis environ soixante ans, et je n'ai jamais eu connaissance de livre de ce titre. Sur Internet je n'en ai pas trouvé. Jostein Gaarder est un écrivain et philosophe norvégien né en 1952, auteur de Le monde de Sophie (1991) qui a eu un grand succès et a été traduit en 54 langues. Mais je ne trouve pas de référence à un livre de lui qui s'intitulerait Mathématiques amusantes. C'est une blague de Houellebecq.

Bonne journée.

Fr. Ch.

05/01/2022

umrk

Bien vu. Michel Houellebecq nous étonnera toujours. Il a fait agro (comme Alain Robbe-Grillet). Dans le milieu littéraire français, ce type de pedigree est extrêmement rare.

Magnéthorax

"Probablement" n'est pas presque sûrement.
Quant à Raspail, il va avoir des conversations animées avec son célèbre aïeul.
Tu enterres vite les pauvres Camus et Millet, ces Calimero des lettres contemporaines.
Peut-être une confusion avec M. Gardner.
H évoque en passant les "développements d'Euler-MacLaurin" qui lassent l'un des héros des Particules élémentaires. 

Ramon Mercader

Une fois de plus, je constate que @Chaurien (que je salue cordialement) a d'excellentes références littéraires !!!!

Dans son roman Plateforme, l'un des personnages, nommé Robert, est agrégé de maths et a enseigné en prépa. Houellebecq évoque ses travaux sur les groupes de Lie.

Je me permets de citer le passage de cet excellent roman (page 118 de l'édition originale) où Houellebecq décrit ce personnage.

Conscient de la dispersion de mon attention, Robert se retourna vers Lionel. «Je crois à la vérité, dit-il d’une voix

basse; je crois à la vérité et au principe de la preuve. » Écoutant distraitement, j’appris avec surprise qu’il était agrégé
de mathématiques, et que dans sa jeunesse il avait été l’auteur de travaux prometteurs sur les groupes de Lie.
Je réagis vivement à l’information : il y avait donc certains domaines, certains secteurs de l’intelligence

humaine où il avait été le premier à percevoir nettement la vérité, à en acquérir une certitude absolue,
démontrable. «Oui... en convint-il presque à regret. Naturellement, tout cela a été redémontré dans un cadre plus
général.» Il avait ensuite enseigné, en particulier dans des classes préparatoires; c’est sans plaisir qu’il avait consacré
les années de son âge mûr à faire bachoter des jeunes cons dont l’obsession était d’intégrer Polytechnique ou Centrale

et encore, pour les plus doués d’entre eux. «De toute façon, ajouta-t-il, je n’avais pas l’étoffe d’un mathématicien créateur.
C’est donné à très peu.»
Vers la fin des années 70, il avait participé à une commission ministérielle sur la réforme de l’enseignement des
 mathématiques une belle connerie, de son propre aveu. Aujourd’hui, il avait cinquante-trois ans; ayant pris sa

retraite depuis trois ans, il se consacrait au tourisme sexuel. Il avait été marié trois fois.

nicolas.patrois

Magnéthorax a dit :

Tu enterres vite les pauvres Camus et Millet, ces Calimero des lettres contemporaines.

Peut-être une confusion avec M. Gardner.

De quel Camus tu parles ?
Oui, j’ai pensé à Gardner moi aussi.

Chaurien

Merci Magnéthorax de nous rappeler les mérites littéraires de Richard Millet et Renaud Camus, que je ne méconnais pas. J'ai écrit pour Houellebecq « le plus important » et non  « le seul », et il faut bien dire que ces deux autres n'ont pas marqué notablement l'actualité littéraire récente. J'ai écrit « probablement » pour relativiser mon point de vue, qui n'est qu'un jugement littéraire personnel, n'ayant pas la même valeur de vérité que le produit d'une démonstration mathématique.

Je pourrais dire à Michel Houellebecq ce que Laplace a dit au général Bonaparte, retour d'Italie, que j'attendais tout de lui sauf des leçons de mathématiques. En effet, j'ai été surpris d'apprendre que le nombre 40 755 est simultanément triangulaire, pentagonal et hexagonal, peut-être le plus petit à cumuler ces qualités, et quels sont les autres ?

Tout le monde connaît les (nombres) carrés, sans même penser à l’aspect géométrique de ce mot. Certains connaissent les nombres triangulaires. Un problème classique d'Euler est de trouver les nombres qui sont à la fois carrés et triangulaires. J'ai fabriqué un problème pour mes élèves, qui visait à déterminer ces nombres. Quand ma fille a eu 36 ans, je lui ai fait observer que c’était le plus petit nombre carré et triangulaire (non trivial), et qu'il ne fallait pas qu’elle s’attende à ce que ça lui arrive à nouveau puisque le suivant est 1 225.

Il y a aussi les nombres pentagonaux, hexagonaux, etc., ce sont les nombres figurés plans. J'ai publié naguère un article dans Pour la Science sur ces nombres figurés, dont la théorie est l'ancêtre de la Combinatoire énumérative. Voir : http://oeis.org/wiki/Figurate_numbers.

Les formules des nombres figurés plans sont du second degré. Trouver ceux qui ont deux qualités simultanées, triangulaires et carrés, carrés et pentagonaux, etc., ce sera donc l'affaire d'une équation de Fermat- « Pell », proprement dite ou généralisée.  Mais trois, comme triangulaire, pentagonal et hexagonal, c'est plus difficile. Et il est singulier que ce soit un écrivain qui attire notre attention sur ce problème.

Bonne journée.

Fr. Ch.

Boécien

Chaurien a dit :

J'ai été surpris d'apprendre que le nombre 40 755 est simultanément triangulaire, pentagonal et hexagonal, peut-être le plus petit à cumuler ces qualités, et quels sont les autres ?

https://oeis.org/A046180

Ramon Mercader

Magnéthorax a dit :
Quant à Raspail, il va avoir des conversations animées avec son célèbre aïeul.

   Il n y a aucun lien de parenté entre Jean Raspail et François-Vincent Raspail.
   Comme le disait si bien ma grand-mère: "Il n y a pas qu'un âne qui s'appelle Martin"...

skazeriahm

Houellebecq est un écrivain dont j'ai apprécié la lecture d'un certain nombre de bouquins.

Cependant ses thématiques droitières et masculinistes, obsessionnelles, sont extrêmement rances à la longue.

Ça n'est que mon avis évidemment. En tout cas il n'est pas pour moi l'écrivain français le plus important, loin s'en faut.

Cordialement.

Magnéthorax

@Chaurien : je vois que l'ironie ne t'a pas échappé.
@RamonMercader : merci pour cette mise au point. Je suis peut-être susceptible mais selon moi, la nécessité du recours à l'insulte ne s'impose pas.
@nicolas.patrois : le petit remplacé.

Ramon Mercader

@magnétorax,

Je crains que tu n'aies mal compris le sens de mon proverbe....je ne t'ai pas insultė (et d'ailleurs cela ne fait pas partie de mes habitudes...)
Je voulais simplement rendre hommage à ma défunte grand-mère.....je ne t'ai en aucune façon comparé à un âne.....
Il n y a non plus aucun lien de parenté entre Luc Ferry et Jules Ferry, entre Lance Armstrong et Louis Armstrong, entre Michael Jackson et Andrew Jackson, entre Steve Mac Queen et Steve Mac Queen.....