In memoriam Pierre Lambert
Réponses
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Très belle évocation d'un collègue disparu. Moi je l'aurais mis en « Histoire », comme j'ai fait pour Exbrayat, mais peu importe.On peut tirer des enseignements de ce témoignage.D'abord on est loin de la figure de l'enseignant-camarade chère aux pédagogistes à la Meirieu. Un maître qui transmet son savoir, dans les formes classiques, c'est encore ce qui est le plus efficace. Bien sûr il faut des élèves disposés à recevoir cet enseignement, et qui ne demandent pas à quoi sert le cercle des neuf points. Aujourd'hui des professeurs comme Pierre Lambert auraient du mal à survivre dans certaines zones. Il faudra changer ça, afin que des professeurs comme lui puissent exercer leur indéniable talent.Ensuite, certains ont voulu la mort de la géométrie classique au motif qu'elle n'avait plus de présence dans les études supérieures. Le témoignage de Math2 infirme ce raisonnement à courte vue. Cette géométrie lui a servi à développer ses capacités de réflexion en mathématiques, et ces capacités ont pu s'appliquer dans la suite de ses études, jusqu'à l’agrégation en bonne place et l'Habilitation à Diriger des Recherches.J'aimerais connaître la référence du livre co-écrit par Pierre Lambert.Bonne journée.Fr. Ch.
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Comme dit math2, Pierre Lambert est cité ici :
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Il avait co-écrit avec son collègue et ami Jacques Mandonnet et l'épouse de ce dernier le "dictionnaire et pratique des mathématiques" en deux tomes, de mémoire chez Hatier (je les ai, mais pas là où je suis actuellement). Pour le coup, même si je suis content d'avoir des livres de ces remarquables professeurs (je connaissais aussi Jacques Mandonnet, mais comme colleur et non comme professeur), ceux-ci n'ont de mémoire qu'un intérêt limité, ils se sont conformé aux besoins des potentiels acheteurs.Pierre Lambert m'avait dit un jour qu'à sa mort je récupérerais tous ses documents de mathématiques et notamment de géométrie. Il n'en n'a rien été. Personnellement, sur l'aspect géométrie, je n'en n'aurais rien fait, n'étant ni compétent ni même intéressé, mais sans aucun doute j'aurais trouvé à qui transmettre ce trésor, peut-être via le forum. J'espère que ses documents ne sont pas détruits et seront exploités par quelqu'un.
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Merci, Math2, pour cet éloquent, élogieux témoignage !
Comme toi, j'espère que les documents qu'il a laissés ne sont pas perdus pour tout le monde ...Cordialement, JLBPS. Jacques Mandonnet est lui aussi remercié sur la page indiquée par Chaurien. -
Pour compléter un peu le portrait de ce grand Monsieur, j'ai appris récemment qu'il avait commencé sa carrière comme instituteur.Il était également à ses heures perdues chanteur (musique classique), pianiste amateur mais d'excellent niveau (il déchiffrait à vue nombre de partitions), et ses connaissances en électricité, électronique lui ont permis de gérer son train électrique échelle HO par son propre système et non par ceux du commerce. Évidemment, en tant que mathématicien, les courbes empruntées par ses trains étaient reliées aux droites par des raccordements paraboliques, à défaut d'avoir de vraies spirales de Cornu. Il parlait également l'allemand couramment.
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Bonjour,
J'ai en effet bien connu Pierre Lambert qui m'envoyait ses élèves lorsque j'étais en sup au lycée d'Enghien (dont math2) et avec lequel j'ai bien correspondu au sujet de mon site mathcurve. Il ne s'est jamais mis aux mails, mais je suis allé plusieurs fois le voir chez lui à Montlignon.
Dès le départ fin 1999 il m'a donné ses notes sur les courbes. J'ai dans ma dropbox sa dernière version de 2015 en word :
https://www.dropbox.com/sh/h3ytq7ri7fg9wm4/AACqs27wHOtvfetJ5xaIG1Wna?dl=0Je laisserai le lien quelque temps !Il avait ses abréviations de références : B.L. Brocard Lemoyne bien sûr, MdO : Maurice d'Ocagne C.C. Comissaire et Cagnac et il aimait bien aussi le "Salmon".
Au lycée de Montmorency, j'ai eu 15 ans avant J. Mandonnet, qui est devenu son ami. Et j'étais arrivé à la fin d'une carrière de prof de 1ère C et T.C M. et Mme Doléans manifestement mythiques, J'ai eu en 1ière C Madame, qui a dû dire au moins 100 fois au cours de l'année : "la relation triviale, on l'a toujours n'pas !
Amicalement à tous.
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Autant mettre les notes ici...(sauf que je n'arrive pas à attacher le fichier ZIP) !!
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Cher Robert, merci pour ta participation et donner ce lien à la communauté.Je ne sais pas ce que sont devenues les notes manuscrites qui contenaient énormément d'autres choses, mais je crois qu'avec ce que tu as fourni il y aura déjà pas mal de lecture (surtout pour un faible géomètre tel que moi).
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Bonjour Math2,Le hasard a voulu que l'ensemble de la bibliothèque mathématique de P.L. (y compris certaines notes manuscrites) arrive dans mon sous-sol. Si tu es intéressé, je te cède l'ensemble bien volontiers.Tu peux me contacter à jm@jmando.frJe t'expliquerai que les volontés de Pierre n'ont pas vraiment été respectées par les acquéreurs de sa maison...
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Un témoignage d'un autre ancien, un ami qui également été élève de Robert Férréol en sup. Il a écrit ce texte sans avoir consulté le mien.
Une aventure autour du programme de mathématiques de Terminale C, année scolaire 1988-1989, Lycée Jean-Jacques Rousseau, Montmorency.
Pourquoi, au bout de 30 à 40 ans, se souvient-on d’une maîtresse, d’un maître, d’un professeur en particulier, et d’autres pas ? Pourtant, toutes les personnes qui m’ont enseigné ont contribué à façonner mon savoir « scolaire » (ou ce qu’il en reste o)) ). Ils doivent tous en être remerciés pour cela !
Monsieur Pierre Lambert fait partie de ces enseignants qui m’ont marqué, et pas uniquement en raison d’anecdotes croustillantes à raconter entre « anciens », bien qu’il y en ait effectivement de savoureuses avec lui. Pas non plus parce qu’il était un « bon » ou un « mauvais » enseignant pour moi, termes qui sont sans grand intérêt à mon avis.
Non, mon souvenir est que Monsieur Lambert nous a conduit dans une aventure dont il était le guide de hautes montagnes, le sommet de la montagne étant l’accès, au-delà du baccalauréat C, aux classes préparatoires scientifiques. Et, de fait, les deux tiers des élèves de notre classe de terminale C ont effectivement pu rejoindre les classes préparatoires scientifiques.
Je vous parlerai de mon aventure personnelle, pleine de subjectivité sans aucun doute.
Celle-ci a commencé bien avant la rentrée scolaire de 1988, car Monsieur Lambert avait été le professeur de mathématiques de ma sœur en première S puis en terminale C huit ans auparavant. A l’occasion, elle m’en avait parlé. La fille de nos voisins pareillement. Le caractère « sévère mais juste » m’était présenté … et plus encore. Dans mon esprit, la légende Lambert était née et il fallait pour moi tenter l’aventure Lambert ! C’est ce que je fis en choisissant le Lycée Jean-Jacques Rousseau à Montmorency plutôt que le Lycée Gustave Monod à Enghien-les-Bains, que mes camarades de classe de 3ème avaient tous rejoins en raison de leur proximité géographique.
Je savais que Monsieur Lambert prenait, entre autres, des classes de première S et conservait les mêmes élèves en terminale C : c’était une volonté de sa part, qui se traduisait généralement par des faits qui corroboraient sa volonté o)) ! Il avait apparemment un certain pouvoir de conviction. Or, point de Monsieur Lambert comme professeur de mathématiques en première S pour moi : une réelle déception. L’aventure imaginée serait-elle déjà mort-née ? La rentrée de l’année scolaire 1988-1989 avait apparemment mis un terme définitif ce rêve : la personne nous accueillant en début d’année était généralement le professeur principal et, là encore, point de Monsieur Lambert pour accueillir notre classe de terminale C. Déception … puis surprise : monsieur Lambert était notre professeur principal, mais n’avait pas voulu nous accueillir le premier jour, car -on l’a appris plus tard- sa « volonté » n’avait pas été entièrement suivie d’effet cette année-là. Et je faisais partie des élèves qui n’étaient pas les héritiers de sa classe de première S …
Premier cours. L’appel tout d’abord.
- M. … ?
- Présent.
- N’êtes-vous pas le frère de … ?
- Oui, effectivement.
- J’espère que vous serez du même niveau.
- [… pression] Oui, je ne sais pas, en fait …
Le premier cours n’était pas un cours standard …
Assis au premier rang, j’avais devant moi un ensemble de maximes, à coté du tableau, dont la « fameuse » : En dehors de ma méthode, point de salut. Le guide, donc, nous montrait, pour ce premier cours, la rudesse des pentes à gravir avant d’atteindre le sommet ! Le nombre imaginaire $i$, vu au travers de la géométrie -véritable passion pour notre guide des hautes montagnes-, vu au travers d’expressions matricielles et vu d’une manière analytique. Toutes ces notions mises ensemble sans 1), 2), 3) … Lui, au tableau seul face à nous. Et nous … un peu perdus par la hauteur des cimes. Un peu d’oxygènes nous aurait fait du bien o)) ! C’était donc cela SA méthode ? J’ai compris bien après que cette méthode permet de créer du sens. En gros, de montrer en premier lieu la montagne à gravir dans son ensemble, avant de l’explorer en détails. A posteriori, je valide cette méthode !
Peu après, le premier devoir surveillé qui s’apparentera à un exercice d’humilité pour moi et pour d’autres … 4/20 o((. La meilleure note culminait à 7/20. Note qui ne comptera finalement pas dans la moyenne (mais c’était prévu) … Résultat des courses : nous savions concrètement que nous étions loin du sommet de la montagne et qu’il fallait travailler dur pour y parvenir : rien de plus normal, en somme.
L’aventure allait de pair avec des « invariants » ou « rituels », selon la manière de voir les choses. Tout d’abord, la salle 32bis, toujours la même d’année en année pour Monsieur Lambert. Ensuite, le passage au tableau d’un élève, durant tout le cours, choisi d’une manière déterministe (par ordre alphabétique) par notre guide. Première étape : laver impeccablement le tableau avec l’éponge « pied » ; puis, écrire le cours au tableau sous la dictée du maître en résolvant quelques questions bien choisies par notre guide, tout en évitant d’effacer la craie dans la précipitation avec ses mains (grave erreur o))). Enfin, à partir du milieu de l’année scolaire, un devoir surveillé tous les samedis matin, reprenant un sujet de baccalauréat. Un rythme très soutenu pour nous préparer avant l’heure (et avant l’obtention du baccalauréat) aux classes préparatoires scientifiques.
Des mots justes, une répartie toujours impeccable, des encouragements, jamais d’énervement : voilà comment Monsieur Lambert dirigeait sa classe. Le résultat: des élèves dont les notes et la confiance en l’avenir progressaient au fur et à mesure de l’année. Oui, notre guide nous a amené à donner le meilleur de nous même en toute confiance (là, je parle pour moi).
Puis, le sommet de la montagne a été atteint! Nous aurions pu nous dire « au revoir » et … c’est tout. Mais non. Je suis retourné le voir pour donner des nouvelles, et je n’ai pas été le seul, avant et après 1989. Car un lien avait été créé. Et c’est par ce lien que je laisse ici mon petit témoignage à un homme que je n’ai pas oublié. Reposez en paix, Monsieur Lambert.
Bonjour!
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