Normale sup à l'honneur

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Réponses

  • Je ne peux que témoigner que pour mon département, mais ici, à Nancy, les quelques polys que les enseignants souhaitent distribuer sont gratuits.
    On pourrait d'ailleurs en imprimer davantage, ça ne coûte pas très cher (en gros 10 euros le poly).
  • Il vaut mieux affecter des crédits à une institution accueillant des jeunes doués qui feront avancer la science et les autres disciplines intellectuelles, plutôt que dans des secteurs où il n'est pas certain que les « étudiants » soient à leur place. La bonne solution pour rétablir une égalité serait d'autoriser les Universités à pratiquer la sélection de leurs étudiants. C'est le seul système sensé.
  • Je peux temoigner que bien que les etudiants reclament des polycopies, a peine un quart les regardent.
  • Quand tu veux suivre un cours non inclus dans ta formation de base, et que de bêtes questions d'emploi du temps ou de distance entre les locaux ne te permettent pas d'assister à toutes les séances, tu es bien content d'avoir un polycop.
  • gb écrivait :
    > les matièrs « supplémentaires » sont donc gratuites.

    Quelles matières supplémentaires? En prépa, tu n'as pas le choix des matières.
    Encore une fois, il y a un surcoût des étudiants de prépa par rapport à ceux de la fac qui est pris en charge par la collectivité.
  • Chaurien a écrit:
    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?9,1905850,1907032#msg-1907032
    La bonne solution pour rétablir une égalité serait d'autoriser les Universités à pratiquer la sélection de leurs étudiants. C'est le seul système sensé.
    La meilleure façon de supprimer cette inégalité est de supprimer les prépas, les ENS, les grandes écoles...
    Après, tu peux rajouter de la sélection à l'université.
  • Je répondais à P. : si tu veux suivre des cursus en parallèles à la fac, tu es obligé d'avoir le polycop.
    En tout c'est ce qui s'est passé dans mon cas.
  • Joaopa écrivait : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?9,1905850,1907054#msg-1907054
    [Inutile de recopier un message présent sur le forum. Un lien suffit. AD]

    La meilleur façon de supprimer l'inégalité entre Martin Froucade et moi en biathlon, c'est de supprimer les formations d'athlètes de haut niveau. !!…
    Le rayonnement de la France en sera grandement amélioré.

    On a besoin d'élites scientifiques, on a pratiquement détruit la formation de ces élites, et je vois qu'il y en a qui s'acharnent encore sur le peu qui reste.

    Comme pour les joueurs de football, il faut repérer le plus tôt possible (c.-à-d. dès le collège, voire avant…) les futures élites de la nation, et d'après leurs capacités et leurs mérites, pas d'après le montant du compte en banque de leurs parents.
  • Bonjour

    @Martial. Non, les normaliens ont le statut de fonctionnaire stagiaire (càd pas de fonctionnaire titulaire) et ne contribuent pas à la vieillesse. Donc on ne cotise pas et donc on ne valide pas les trimestres.
    Pendant mes quatre ans, j’ai donné des heures de colles et je cotisais pour la retraite. Je toucherais 3 euros annuels pour ces contributions !
    Quand un normalien entre dans la fonction publique, s'il n’y a pas de rupture de continuité entre la scolarité à l’ENS et l’entrée dans la fonction publique, la fonction publique reconnaît les quatre ans comme ancienneté et donnant droit à la retraite.

    Ce système permet :
    - d’inciter les normaliens à rejoindre la fonction publique (c’est quand même normal du fait de l’engagement décennal),
    - de verser une rémunération nette plus élevée aux normaliens.
  • Chaurien a écrit:
    André Weil n'était peut-être pas le mieux placé pour parler de la guerre...

    Il a quand même perdu sa sœur et ce n’était pas grâce aux petites fleurs.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Rien n'est gratuit à part peut-être l'air qu'on respire.
    La formation des élites se fait surtout avec l'argent, via l'impôt/taxe, de gens qui n'ont pas suffisamment de capital culturel à transmettre à leur enfants ce qui permettrait à ces derniers d'espérer de pouvoir faire une prépa' un jour.
  • A minima, pour sélectionner, il faudrait déjà avoir plus de candidats aux études scientifiques que ce dont le pays à besoin.
    On n'y est pas du tout, donc autant tirer le meilleur de ceux qui sont là.
    Le recours à la sélection me semble une solution de facilité, en plus assez trompeuse vu l'état de l'enseignement secondaire.

    Ceci étant, je ne sais pas si c'était son but, mais YvesM a bien expliqué quel était l'impact négatif du poids du système CPGE-GE: ça entretient l'auto-reproduction. Visiblement, les circuits existent dans de grandes entreprises pour recruter des X, manque de bol, il était normalien. Ne parlons pas des étudiants de fac.

    J'ai cru comprendre que bien que le système scolaire allemand soit plutôt plus inégalitaire que le système français, c'est assez largement compensé par la plus grande ouverture des entreprises à l'embauche (dans un pays moins centralisé).
  • @nicolas.patrois: merci de le rappeler !

    Je pense qu'à ce propos, l'analyse du mathématicien Bourbakiste Pierre Cartier est la bonne, notamment concernant l'anti-militarisme traditionnel des Normaliens.
    Parmi les proches d'André Weil, la seule qui a fait preuve de lucidité est sa soeur et elle l'a payé de sa vie.
    ...94076
  • Je pense qu'il y a une certaine "crainte" des ingénieurs vis à vis des normaliens. J'ai fait une école dans la banlieue lyonnaise (il y a longtemps ...) et nous avions une prof exceptionnelle en mécanique des fluides (académie des sciences etc.). De temps en temps des normaliens venaient suivre son cours - je pense qu'ils ont une très grande liberté pour construire leur parcours - et je sentais très nettement un complexe d'infériorité chez mes camarades. Moi non, mais j'avais fait un Deug curieusement je m'en fichais, en plus les deux ou trois normaliens que j'ai croisés à l'époque ne se la pétaient pas et étaient très sympas.
    Donc ça ne m'étonnerait pas que la perspective d'avoir des collègues de travail mieux pourvus intellectuellement dérange un peu ... Sans compter le côté "chasse-gardée" / école / bons postes etc. Et, du moins c'est ma perception, c'est quelque chose d'encore plus présent dans la fonction publique ou dans les entreprises publiques.

    Je crois qu'on peut faire le parallèle avec les relatives difficultés d'insertion des docteurs en France (hors docteurs-ingénieurs).
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • gb écrivait : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?9,1905850,1907058#msg-1907058
    > On a besoin d'élites scientifiques, on a pratiquement détruit la formation de ces élites,
    > et je vois qu'il y en a qui s'acharnent encore sur le peu qui reste.

    La fin des grandes écoles ne signifie pas la fin de formation de haut niveau. Il y aura des universités dont le cursus sera élevé, d'autres plus accessibles. C'est ce qui se passe partout (sauf en France plus quelques autres pays que l'on a réussi à pourrir).
  • Simone Weil c'est une sainte, une personnalité très différente de son frère, mais je ne vois pas trop le lien avec le départ de la fonction publique des jeunes normaliens scientifiques en général et mathématiciens en particulier !
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • @Joaopa connaissant les deux systèmes, et ayant fait de plus ma thèse co-dirigée avec un prof d'université et ayant enseigné à l'université, ce que je peux dire c'est que les enseignants chercheurs en général n'en ont strictement rien à foutre des étudiants.
    Tant que cet état d'esprit perdurera, et ce n'est pas près de changer je pense, ça ne me parait pas réaliste de préconiser une suppression des écoles.

    Cependant je partage ton constat d'une inégalité de moyens indécente, ça ne va pas c'est sûr.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • @aléa : si on fait abstraction des interventions de Joaopa, cette discussion commence à tenir la route, même si je n'ai pas tout lu.
    Je reviens sur ton histoire de polys : au lieu de dépenser des thunes inutilement à filer aux étudiants des polys qu'ils ne lisent jamais (ou rarement), pourquoi ne pas créer une plateforme Internet avec accès uniquement aux gens qui ont une carte d'étudiant dans l'université ? (ou dans l'UFR) ?
    Cela coûterait immensément moins cher, et cela permettrait à un étudiant curieux d'accéder à des connaissances supplémentaires dans des modules où il n'est pas nécessairement inscrit, sans frais supplémentaire pour lui.
    Après, si l'étudiant veut absolument une version papier, on peut négocier.
    N'est-ce pas du simple bon sens ?
    Cordialement
    Martial
  • @xax : ce que tu dis n'est pas faux, mais pas vrai non plus.
    Il y a des EC qui sont soucieux de la réussite de leurs étudiants.
    Je ne dis pas que c'est la majorité, mais j'en connais personnellement.
    Peut-être suis-je un privilégié ?
  • Martial écrivait : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?9,1905850,1907172#msg-1907172
    > @aléa : si on fait abstraction des interventions de Joaopa,
    Quand on n'est pas d'accord avec Martial, on ne tient pas la route...
    Par contre un mec qui prône ouvertement de gruger l'état lui tient la route:

    > au lieu de dépenser des thunes inutilement à filer aux
    > étudiants des polys qu'ils ne lisent jamais (ou rarement),
    et si au lieu de dépenser des thunes inutilement aux grandes écoles, on les filait aux universités comme dans tous les autres pays ?
  • @Martial: ça ne me semble pas vraiment une question. Les polys, ce n'est même pas 5% du budget du département. (*)
    Chaque enseignant fait ses choix, je dirais que la pratique des polys papier est minoritaire.
    Parmi ceux qui ont des polys, certains proposent papier, d'autres électronique (ouvert à tous ou pas), d'autres les deux....

    Les questions plus collectives, à mon avis, c'est sur l'utilité des différentes formes d'enseignement:
    EI, CM, TD, colles.
    Si on raisonne à budget constant, ce ne sont pas des questions faciles.
    Le fait que le grand public confonde "CM" et "enseignement pléthorique en amphi" complique encore les choses.

    (*) Le budget de fonctionnement n'est pas un problème, le problème c'est de payer des heures de cours (du salaire)
  • @Martial "en général" = 80% environ et c'est là le problème.

    Heureusement qu'il y a des profs qui se préoccupent vraiment des étudiants sinon ce serait invivable l'université, mais ça ne dépasse pas 20%.
    On va dire aussi qu'il y a peut-être un regard différent sur les 10% d'étudiants les meilleurs parce que les profs savent qu'ils vont faire une école ou un master huppé voire une thèse et que probablement c'est valorisant dans les soirées de dire "tiens mon étudiant a intégré telle école ou soutient sa thèse".
    J'ai moi-même eu deux étudiantes exceptionnelles en maîtrise et c'est vrai que ça se remarque et que ça fait plaisir. Mais moi-même alors que je faisais attention je considère que je n'ai pas fais ce qu'il fallait, j'aurais du mieux accompagner les étudiants qui se plantaient aux examens. L'état d'esprit et le système universitaires n'incitent pas assez à cela. Peut-être que ça a un peu changé avec une attention sur les taux de réussite qui existait moins avant, je ne sais pas.

    En école les proportions sont inversées. De plus l'ambiance et la considération pour les élèves est très différente, on met vraiment les jeunes en confiance. C'est sans doute plus facile à gérer aussi, la sélection amenant un niveau assez homogène les scolarités sont sans surprise.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Si je peux apporter mon témoignage d'ex taupin, rétrospectivement je me suis aperçu longtemps après qu'en prépa, je n'ai jamais ouvert un bouquin, ou lu un poly : la parole du prof suffisait. Et le prof, on le connaissait, on le voyait .. de près, et lui nous connaissait, aussi.

    Arrivé en école d'ingénieur, je n'ai jamais pu m'habituer aux amphis, où je ne voyais rien , n'entendais rien, et la relation au prof était plus que distante. Je n'aurais jamais pu faire d'études en fac !
  • @xax: avec tout le respect que je te porte, tes chiffres, c'est du bidon. Ou c'est très vieux.
    Il y a aussi un effet de génération. Il reste assez peu de gens qui ont connu la fac avant la massification.
    Certains d'entre eux ne se sont jamais habitués, en effet.

    En tant que directeur de département, je vois pas mal de trucs. En particulier, les collègues des autres disciplines savent très bien décrocher leur téléphone pour m'appeler si il y a un problème.
    Je dirais que les gens problématiques, c'est 5%, sans doute comme partout. Ensuite, on a en gros 30% de gens très investis dans l'enseignement, et le reste fait normalement son boulot.
    Boulot qui n'est pas un boulot facile.

    Pour te donner un marqueur objectif: la semaine dernière, il y avait une rencontre secondaire-supérieur organisée par le rectorat et l'université, dans le cadre de la réforme du bac.
    La présence était sur la base du volontariat; il fallait s'inscrire.
    Bilan des courses: on était 6 de mon département, sans s'être concertés (j'avais juste envoyé un mail de rappel, mais sans cibler). Soit 12,5% des EC. Je trouve ça plutôt pas mal.

    Je pense qu'à un moment, quand il y a suffisamment de gens mobilisés, il y a un effet de bascule qui fait l'ambiance générale. J'ai au moins l'exemple d'un enseignant qui avait très mauvaise réputation il y a quinze ans et qui est devenu très sérieux.

    In fine, le département de maths que j'ai l'honneur de diriger est un endroit que je conseille sans hésiter.
    Aujourd'hui, je souhaite à mes enfants d'étudier après le bac dans un endroit comme celui où je travaille.
    Mon regard peut manquer d'objectivité, bien sûr, mais je sais que je n'aurais sans doute pas dit la même chose en 2000, quand je suis devenu MCF.

    Je pense qu'il faut admettre que des choses ne sont plus comme on les a connues.
    Par exemple, je lis régulièrement ici qu'il y a une proximité avec les enseignants de prépa, je n'ai absolument pas connu ça. J'y ai eu des profs de maths très sérieux, des profs de physique-chimie très mauvais, mais je ne parlerais pas de proximité, ni dans un cas ni dans l'autre.
    Je suppose donc que là aussi, ça a changé.
  • Aléa : quelles sont selon toi les différences d'un CM devant 30/40 étudiants et un CM devant un amphi de 80 (ou plus) étudiants ? En tant qu'étudiant j'ai connu les deux et je n'ai pas le souvenir d'une grande différence pour moi. En tant qu'enseignant j'ai l'impression que les étudiants se sentent moins surveillés et sont donc plus enclins à ne pas suivre le cours dans un grand amphi que dans une salle de cours. Cependant les interactions étudiant/prof restent limités dans ces deux types de CM.
  • Le problème, c'est que tu me parles d'effectifs que je n'ai pas rencontré depuis longtemps (plus de 10 ans).

    L'université de Lorraine a une situation financière saine, ça veut dire que même si je râle parfois, je me rends bien compte , en discutant avec des collègues d'autres universités, que je suis dans une position privilégiée, au sens où les TD ouvrent dès qu'on a les inscrits légaux (pas de surbooking), ce qui avec l'évaporation donne des effectifs assez confortables.
    Ca veut dire que pour les TD, en pratique, le 30 est plutôt un max (tous niveaux confondus) et pour les CM, le max est plutôt un 50 (en L3 en tous cas, avant c'est plus pour le CM, bien sûr).

    En ce qui me concerne, j'essaie d'interagir tout autant en CM qu'en TD; je ne vois pas bien de différence,
    mais il doit bien y en avoir une puisque j'ai beaucoup de sèche en CM (L3) et très peu en TD.
    J'ai essayé pas mal de trucs, y compris le cours inversé avec des vidéos.
    Finalement, ce que je vois, c'est que
    - les étudiants ont des besoins (ou des ressentis de besoins) très divers
    - il est assez difficile de leur faire dire ce qu'ils veulent
    - même des bons enseignants ont leur cours séché
    - même des bons étudiants sèchent.

    Les deux derniers items me semblent assez nouveaux. Visiblement, le rapport à la connaissance à changé; ça pose des questions. Mais pas facile: j'ai plusieurs exemples d'enseignements avec des fiches d'évaluation très positives...remplies par peu de présents.
  • @aléa "Je pense qu'il faut admettre que des choses ne sont plus comme on les a connues" je veux bien te croire, mon témoignage c'était il y a 30 ans j'avais précisé :-) Il n'y avait pas de rencontre lycée - supérieur, très peu d'infos et pas d'internet, c'était vraiment "démerde toi". C'était partout comme ça, en école j'ai suivi un cours donc dans une autre fac, pourtant en second cycle, c'était pareil. Quand j'ai un peu enseigné idem. Il y avait aussi un espèce de cours "d'insertion professionnelle" qui étaient donnés par les plus mauvais EC (et qui se seraient retrouvés à la cloche s'ils avaient du trouver du travail eux-mêmes). Les échos que j'ai pu avoir ailleurs étaient identiques.

    En école par contre on avait un tuteur, sans obligation de séance comme dans certains établissement étrangers (Cambridge etc.), mais c'était rassurant sur le principe.

    "Mon regard peut manquer d'objectivité, bien sûr, mais je sais que je n'aurais sans doute pas dit la même chose en 2000, quand je suis devenu MCF."
    Je ne pense pas que tu manques d'objectivité, les choses ont du commencer à changer avec le LMD et quand les politiques ont commencé à faire comprendre aux universitaires que les choses devaient changer. De mémoire la commission Attali sort son rapport en 1998, Bologne c'est en 1999, donc avec des réformes dans chaque pays ça a du commencer à vraiment changer vers 2005.

    "il y a un effet de bascule qui fait l'ambiance générale" observation très intéressante.

    Donc en fait tu témoignes d'une sensible amélioration à l'Université en maths, mais je suppose aussi plus généralement en sciences, mais avec des étudiants plombés par l'effondrement du secondaire. Il y a quelque chose de terrible là.

    En parlant des enfants, ce qui me navre c'est que spontanément pour mon fiston, je n'ai même pas pensé à un cursus en France, ni en Europe, je vois plutôt le genre Cambridge + MIT s'il montre de réelles dispositions. S'il est moyen une licence (ou bien il se fera taupin) et fera une école en France. Enfin il fera ce qu'il voudra, tant que ce ne sont pas des études à la c.. comme une école de commerce ou ce genre de chose.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • xax a écrit:
    je n'ai même pas pensé à un cursus en France, ni en Europe, je vois plutôt le genre Cambridge

    Je sais bien qu'il y a le Brexit, mais quand même Cambridge est en Europe.
  • ayant enseigné à l'université, ce que je peux dire c'est que les enseignants chercheurs en général n'en ont strictement rien à foutre des étudiants.

    Il parait que les mêmes sont bien meilleurs quand ils donnent des cours en école.

    Je n'ai pas vérifié par moi-même, mais lorsque je suis allé voir les résultats de licence (L3 en LMD) un enseignant n'avait pas donné les notes :il faisait passer les oraux de l'X avant ses élèves de facs.

    edit :
    @xax oh! il y a 25 ans!
  • @soleil_vert c'était en quelle année ? Actuellement cela a du s'améliorer si j'en crois Aléa. Avec la pression politique aussi ...

    @JLT oui bon ... tu as vu le L3 de Cambridge ?
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Il y a une différence entre le programme de ce qui est enseigné, et ce qui est réellement appris par les étudiants. Je ne suis pas persuadé par exemple qu'au bout de 5 ans de formation, un bon étudiant de Cambridge en sache plus qu'un normalien.
  • @JLT c'est fort possible, je te fais confiance sur ce point. Je pense que le système français pousse seringue à fond fonctionne bien pour les normaliens. Le problème c'est qu'ils partent ab initio dans des proportions importantes dans le privé pour les raisons qui ont été avancées (manque de postes, difficultés à trouver un emploi dans le secteur public etc.).

    Par contre le programme de licence de Cambridge me parait plus intéressant et plus riche que celui des taupins (que j'ai lu en diagonale mais je suis sûr de ne pas avoir vu des concepts intéressants alors qu'on voit par exemple les actions de groupe en 1ere année à Cambridge et le Artin (toujours en attente de traduction en France ...) en biblio en 2eme année.
    Au delà je ne suis pas assez savant pour apprécier ce qui se fait.

    Ce qui serait intéressant, et c'est une question assez directement liée à la problématique de ce fil, ce serait de savoir s'il y a une crise de recrutement des profs de sciences en UK.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Difficile de se faire une idée comme ça. Il faudrait déjà comprendre combien d'options à choisir, suivant quelles règles, etc...

    La progression en probabilités est bizarre, à l'anglo-saxonne, en fait.
    Ca fait un peu penser au livre de Billingsley (PM), excellent livre pris chapitre par chapitre, mais dont l'ordre des chapitres m'a toujours laissé un peu songeur.

    PS: sérieux, il y a encore des gens pour faire la preuve de la LFGN avec un moment d'ordre 4 ?
  • @aléa Saporta, mais il renvoie à Renyi pour la démo complète. Mais je n'ai pas de "vrais" livres de maths sur la question :-)

    "Il faudrait déjà comprendre combien d'options à choisir, suivant quelles règles" : en fait c'est p13 pour la deuxième année, et p21 pour la troisième année.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • @aléa : quand j'étais étudiant en L3 dans ma fac de ville moyenne vers 2010, c'est la preuve qu'on m'a enseignée. Il y a plus simple ?
  • Oui, on peut faire plus simple, sous l'hypothèse $L^2$: montrer la convergence de la sous-suite des carrés, puis encadrer chaque entier entre deux carrés.

    C'est plus formateur, je trouve, et ça évite de développer la puissance 4e d'une somme de $n$ termes.

    Bon, je me moque, mais je l'ai enseignée aussi, la preuve $L^4$... Je ne me serais sans doute pas moqué si la preuve d'après n'avait pas été le théorème ergodique.
    Il y a un gouffre entre les deux, et tout ça fait assez peu travailler les méthodes classiques, je trouve, puisqu'on passe directement d'une convergence presque complète (donc qui ne fait intervenir que les lois marginales) à des techniques sophistiquées assez particulières.
  • Le programme de Cambridge, ça m'a l'air quand même pas mal, et ce qui m'a bien plu c'est la non rupture avec la physique. Il y a une grande richesse thématique.
    Après il y a le lieu, c'est une vraie université avec ses Magna Aula. C'est marrant Aléa tu mentionnes parfois ton attachement à l'institution normalienne alors que j'y suis complètement indifférent (même si j'ai beaucoup de considération pour son rôle historique et de solides amitiés, à commencer par mon prof normalien de 2eme année de Deug).
    Ainsi je n'ai pas d'intentions agressives comme Joaopa (et probablement d'autres, je peux bien concevoir que des parcours plus difficiles puissent susciter des ressentiments légitimes).

    Ce que je perçois c'est que la dénormalisation de l'enseignement a réduit la raison d'être des ens dans le monde de l'éducation, et que la concurrence d'autres institutions mieux établies dans d'autres secteurs étatiques (X, Ena etc.) rend difficile l'accès à des emplois publics auxquels le niveau intellectuel des normaliens pourrait légitimement amener.

    Si j'étais normalien j'en discuterais avec mes petits camarades parce qu'il y a quand même un problème. C'est étonnant qu'une institution de ce calibre intellectuel se soit faite piéger. L'article du Canard ne fait que révéler cela, parce que c'est quand même assez contre intuitif.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • paf a écrit:
    @aléa : quand j'étais étudiant en L3 dans ma fac de ville moyenne vers 2010, c'est la preuve qu'on m'a enseignée. Il y a plus simple ?
    Je pense qu'aléa voulait dire que la LFGN est conséquence directe du théorème ergodique de Birkhoff (par exemple https://www.math.u-psud.fr/~obata/birktheorem.pdf). Comme ça on déduit un résultat utile d'un autre résultat utile via un certain point de vue conceptuel.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • @xax : la perte d'influence vient de loin, le temps où nos présidents de la république étaient Normaliens est loin ..... Plus généralement, (et là les X sont également touchés), il y a une perte d'influence des scientifiques vis à vis des énarques, présents à tous les niveaux de l'appareil d'état (curieusement, toute cette discussion a passé les énarques sous silence ... qui pourtant perçoivent un salaire lors de leur scolarité supérieur aux X et aux Normaliens ). Ce salaire est pour moi beaucoup plus choquant que celui des Normaliens, car leur carrière, qu'elle soit publique ou privée, leur permettra de beaucoup mieux rentabiliser leur formation.

    Il est également plus facile aux énarques de passer au privé, jouant sur l'escroquerie selon laquelle un bon administrateur sera un bon gestionnaire, alors même qu'ils s'agit de fonctions et de contextes qui n'ont rien à voir (gérer ou administrer, ce n'est pas la même chose ...).

    L'élitisme des ENS fait qu'ils ne font numériquement pas le poids, tout simplement, ni vis à vis des Universités américaines ou Chinoises, ni vis à vis de l'ENA.


    Plus généralement, même si les chiffres sont difficiles à obtenir, le poids des scientifiques (quelle que soit leur origine, ENS ou pas ...), dans notre personnel politique est affligeant. "Le décompte de la législature 2017 inventorie 34 ingénieurs, 45 députés ayant fait des études de médecine, 34 docteurs" : sur plus de 650 députés, cela ne fait pas beaucoup ....

    https://www.frenchweb.fr/faut-il-plus-de-scientifiques-et-dingenieurs-en-politique/383048 (très bon article, de Olivier Ezratty)


    Je pense que supprimer les ENS consacrerait le naufrage de notre potentiel scientifique de haut niveau. Supprimer l'ENA serait une oeuvre de salut public. Supprimer l'X (cela me fait mal de dire ceci, mais encore une fois c'est la faute de l'état, qui ne sait plus comment les utiliser), serait profondément regretté par Google & Co.
  • @umrk oui c'est exact, le type qui était président avant était HEC-ENA et l'actuel s'est surtout distingué pour avoir raté moult fois tous les concours d'ens. Intéressant l'article, j'ai même appris le mot kakistocratie.

    Par contre l'effectif n'a rien à voir, les promotions de l'ENA ne dépasse pas 80 élèves et contrairement à ce que tu avances, c'est bien moins que les normaliens, et la part de scientifiques dans la représentation nationale reflète quand même celle dans la population, il n'y a rien d'anormal à ce niveau là.
    Ce qui est plus inquiétant, c'est l'absence totale de députés ou de sénateurs issus de catégories moyennes ou populaires. Mais c'est un autre débat pour d'autres forums :-)

    Le sujet c'est le départ pour le privé d'une proportion importante de normaliens alors que ce sont des écoles à vocation publique par nature, qu'elles ont formé de gros bataillons de professeurs du secondaire, mais que la sociologie du recrutement ayant changée ... c'est bien ça le problème.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Bonjour,

    Sinusix a écrit: www.les-mathématiques.net

    Tu en as peut-être déjà parlé mais pourrais-tu nous dire ce qui t'as poussé à quitter ta carrière de cadre supérieur?

    Merci.
  • Sinusix a bénéficié d'un congé d'un mois, mais ne devrait pas tarder à revenir - s'il le veut bien.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Autant pour moi.
  • Je passais au marché, l'autre matin, à demi-éveillé et un peu ahuri de ma semaine au collège du fin fond de la campagne aux élèves hystériques. Je passai l'entrée devant les quêteurs, sabouleux, militants politiques attirés par les municipales et autres quémandeurs habituels avec leurs tracts et parfois leur dossards, leur expliquant rapidement que je n'étais pas intéressé à l'aide d'un grognement et d'un mouvement de bras que n'aurait pas renié un youtubeur pédagogiste. Ce n'est qu'après le poisson, les carottes, les œufs et le jambon que j'ai réalisé que ces solliciteurs avaient voulu me parler de l'ENS. Oui, j'avais bien entendu : l'euh ènne èsse. Non, ce n'était pas un rêve. Oui, ils étaient déjà repartis quand j'ai eu acheté mes galettes.

  • Bonsoir,

    il me semble qu'on doit écrire : au temps pour moi .

    Bien cordialement

    kolotoko
  • "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • @Sato : c'est toi Sato Kentaro, l'inventeur de la double hélice ?
    Je t'avais connu plus explicite dans d'autres propos...
  • Kolotoko a écrit: www.les-mathématiques.net

    Autant pour moi. :-D
  • Merci à xax pour ce lien vers cette note qui nous donne des règles claires que doivent observer ceux qui tiennent à s'exprimer convenablement. Plus nombreux nous serons à défendre la correction de la langue et plus la qualité de l'expression de ce forum s'en trouvera améliorée.
    Bonne journée.
    Fr. Ch.
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