Monotonie dans S_n^+(E)
Chers amis,
dans l'ensemble partiellement ordonné des endomorphismes positifs d'un ev euclidien, l'application "extraction de la racine carrée positive" est croissante mais l'application "élévation au carré" ne l'est pas.
1) Que fait la Halde ???
2) Voyez-vous une raison mathématique à cette discrimination intolérable ?
Seule la réponse à la seconde question m'intéresse, en réalité !
Bonne journée, lewiner
dans l'ensemble partiellement ordonné des endomorphismes positifs d'un ev euclidien, l'application "extraction de la racine carrée positive" est croissante mais l'application "élévation au carré" ne l'est pas.
1) Que fait la Halde ???
2) Voyez-vous une raison mathématique à cette discrimination intolérable ?
Seule la réponse à la seconde question m'intéresse, en réalité !
Bonne journée, lewiner
Réponses
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Bonjour,
Pour ma culture personnelle, comment ordonne-t-on les endomorphismes positifs? -
Bonsoir Skysurf,
je me permets de répondre avant Lewiner : pour $u$ et $v$ autoadjoints (mais pas nécessairement positifs), on dit que $u\ge v$ si $u-v$ est positif. On a plein de petites propriétés amusantes : toute suite (totalement ordonnée) croissante et majorée dans un espace euclidien converge en norme.
Cordialement, j__j -
Oui j__j c'est comme ça que je vois les choses, mais qui a une réponse à ma question ?
Bonne journée, lewiner -
Bonjour lewiner,
puisque tu insistes, je vois tout au plus une raison très heuristique : si $C$ désigne le cône $S^+(E)$, alors l'application $u\mapsto u^2$ est convexe alors que $u\mapsto\sqrt u$ est concave. L'une et l'autre sont minorées par $0_{L(E)}$ ; or, une application convexe n'a pas besoin de croître pour être minorée, à la différence d'une application concave : pour $x$ vecteur fixé, $u$ et $v$ dans $C$, l'application qui à $t$ dans $\R^+$ associe $(\sqrt{u+tv}(x)|x)$ est concave et positive donc croissante.
Cela étant, ce n'est pas parce que $u\mapsto u^2$ n'a pas l'obligation de croître qu'elle ne croît pas ; enfin, c'est ce que je crois.
Cordialement, j__j -
Je crois qu'un théorème de Löwner dit qu'une fonction $f$ est opérateur-monotone si et seulement si elle admet une représentation intégrale de la forme
$$f(t)=at+b+\int_0^\infty \frac{ts-1}{t+s}\,d\mu(s)$$
avec $a\ge 0$, $b\in\R$, et $d\mu$ est une mesure finie sur $\R_+$. En particulier, $f$ est nécessairement majorée par une fonction affine. -
Bien vu JLT :
Löwner's theorem (Theorem)
A real function $f$ on an interval $I$ is matrix monotone if and only if it is real analytic and has (complex) analytic continuations to the upper and lower half planes such that $\Im(f)>0$ in the upper half plane.
(Löwner 1934)
Siehe juste ici
Et c'est au moins aussi simple à vérifier que l'existence de la mesure d$\mu$ !
Bien cordialement, j__j -
magnifique ce théorème de Löwner, mais donc la définition de la monotonie y demande de prendre en compte des opérateurs hermitiens en dimension infinie. Est-ce que quelqu'un sait s'il y a une caractérisation en dimension finie donnée? (donc pour n=1, op-monotone=monotone, et je ne sais même pas ce qu'on peut dire avec n=2) et aussi (ça doit être plus facile) si on ne considère que des espaces de Hilbert réels?
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Une petite recherche sur G***le donne ceci :
http://authors.library.caltech.edu/10651/1/NAYpams04.pdf -
@JLT: excellent, merci pour la référence!
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Ouille, JLT, voilà qui s'appelle tuer le problème : en somme la fonction $x\to x^2$ ne convient pas parce qu'elle est restriction à la droite réelle d'une fonction holomophe définie notamment sur le demi-plan mais dont la partie imaginaire n'est pas à valeurs $\ge0$.
Merci à tous les trois, lewiner
Quant à la mesure $d\mu$ convenant pour la racine carrée, elle ne doit pas être trop duraille à trouver. -
pour information, la question initiale apparaissait dans un sujet de concours d'école de commerce donné il y a quelques annéesA demon wind propelled me east of the sun
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Pour la mesure d$\mu$ je n'ai pas essayé de faire le calcul mais
$$\sqrt{t}=\pi\int_0^\infty \frac{t}{t+s}\frac{ds}{\sqrt{s}}$$
devrait servir. -
$d\mu(s)=\pi \frac{\sqrt{s}}{1+s^2}\,ds$ sauf erreur de calcul.
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Exo (je n'en garantis pas l'exactitude car je n'ai pas vérifié tous les détails) :
Soit $f:\R^*_+\to\R_+^*$ dérivable. Alors ($\forall A,B\in M_2(\R)$ symétriques positives, $A\le B\implies f(A)\le f(B)$) si et seulement si ($f$ est croissante, et pour tous $0<a<b$ réels on a $\dfrac{f(b)-f(a)}{b-a}\le\sqrt{f'(a)f'(b)}$).
Si ces conditions sont vérifiées, alors $f$ est concave et $f'$ est convexe. -
on a le droit de faire un pause pour dîner? . . . je n'avais jamais calculé f(A) pour A symétrique 2 par 2 ...
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Je m'y prends mal et je n'ai que les conditions nécessaires que f est concave et f(1/x) est convexe...
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Voici comment je procède : on cherche une condition nécessaire et suffisante pour que pour toutes matrices $A$ et $B$ avec $A$ définie positive et $B$ positive on ait $f(A)\le f(A+B)$. Il est évident que $f$ est nécessairement croissante (regarder les homothéties).
Ceci équivaut à $\langle f(A)\xi,\xi\rangle \le \langle f(A+tB)\xi,\xi\rangle$ pour tout vecteur $\xi$ et tout $t\in [0,1]$. En dérivant par rapport à $t$ en $t=0$, on obtient $\dfrac{d}{dt}f(A+tB)_{|t=0}\ge 0$ pour tous $(A,B)$ comme ci-dessus.
Réciproquement, si cette dernière condition est vérifiée, $t\mapsto f(A+tB)$ est bien croissante sur $\R_+$.
Il reste donc à calculer $\dfrac{d}{dt}f(A+tB)$. Comme $A$ est diagonalisable sur une base orthonormée, on peut supposer que $A=\mbox{diag}(a,b)$. On peut aussi supposer $B$ non diagonale. Par homogénéité, on se ramène à
$$B=\begin{pmatrix} \alpha & 1 \\ 1 & \beta \end{pmatrix}.$$
On diagonalise $A+tB$ au premier ordre par rapport à $t$ (c'est-à-dire modulo des $o(t)$) pour calculer $f(A+tB)$ modulo $o(t)$, ce qui permet de calculer $\dfrac{d}{dt}f(A+tB)_{|t=0}$ et d'obtenir la condition nécessaire et suffisante.
Pour la convexité de $f'$ je n'ai en fait pas vérifié. Si $f$ est 3 fois dérivable, en prenant $b=a+h$ et en faisant un développement limité à l'ordre 2 de l'inégalité on obtient $f^{(3)}(a)\ge 0$ mais je n'ai pas regardé le cas où $f$ n'est pas 3 fois dérivable. -
JLT, je ne sais pas pourquoi, il y a des parties de tes explications que je n'arrive pas à lire, problème de code latex? entretemps j'ai obtenu en effet (en faisant à peu près comme tu décris, mais d'une manière sans doute encombrée par la lourdeur de mes choses précédentes) la condition nécessaire (outre que $f$ est positive, croissante, concave et avec $f(1/x)$ convexe) $\dfrac{f(b)-f(a)}{b-a}\le2\sqrt{f'(a)f'(b)}$ J'ai donc un facteur $2$ supplémentaire, probablement une erreur de calcul, mais c'est aussi peut-être que je ne sais pas bien exploiter les inégalités que j'obtiens (j'ai un paramètre $u$ entre zéro et un, et j'ai pris $u=\frac12$ ce qui a donné l'inégalité ci-dessus, il y a peut-être une convexité que je ne vois pas pour le moment qui faisait de ce choix le meilleur; en tout cas pour le moment je ne vois pas comment montrer que c'est suffisant.)
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JLT, ta formule $\dfrac{f(b)-f(a)}{b-a}\le\sqrt{f'(a)f'(b)}$ est la bonne, mon facteur $2$ venait d'une erreur de calcul, désolé. Pour l'instant je ne vois toujours pas comment montrer qu'elle est suffisante (combinée à la croissance de $f$).
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Bonjour,
On a cependant:
Si $A,B\in S_n(\R)$ telles que $AB=BA$, alors $0 \leq A \leq B \implies A^2\leq B^2.$
Ref: Monier - Tome 4 - Ex 5.2.38 p171.
Gilles, tu te souviens de l'année et de l'école pour le concours ? Merci.
Amicalement. -
@bs : ton exo est bien sûr beaucoup plus facile que le mien, il suffit de diagonaliser simultanément sur une base orthonormée.
@gottfried : désolé, j'avait fait une erreur de LaTeX que j'ai corrigée.
L'inégalité donne que $\frac{d}{dt}f(A+tB)$ est positive en $t=0$. Comme $\frac{d}{dt}f(A+tB)=\frac{d}{ds}f((A+tB)+sB)_{|s=0}$, on a $\frac{d}{dt}f(A+tB)\ge 0$ pour tout $t\ge 0$, donc $f(A)\le f(A+B)$. -
@JLT: je me suis résolu à suivre ta méthode, ce qui a miraculeusement simplifié mes calculs absurdes, et tu as raison, il me semble bien que la CNS pour $f$ dérivable est comme tu dis $f'\geq0$ et ton inégalité.
Comme uniques rescapés de mes aventures précédentes, j'ai (sauf erreur) la concavité de $f$ et la convexité de $f(1/x)$ sans hypothèse de dérivabilité sur $f$, et donc (sauf erreur) le fait que la fonction croissante $f$ doit nécessairement être continue sur $\mathbb{R}^{+*}$. Ai-je mis suffisamment de «sauf erreur», là est la question. -
@JLT: j'explique comment combiner ta méthode avec un résultat plus élémentaire pour prouver qu'une fonction $f$ vérifiant la condition donnée pour les matrices $2\times2$ est automatiquement dérivable pour $x>0$.
En regardant les matrices diagonales on sait que $f$ est croissante. Puis, soit $M = \begin{pmatrix} c&d\\d&c\end{pmatrix}$ définie positive, ses valeurs propres sont $c\pm d$ et on a $f(M) = \begin{pmatrix} C&D\\D&C\end{pmatrix}$ avec $C = \frac12(f(c+d)+f(c-d))$ et $D = \frac12(f(c+d) - f(c-d))$. Si $a,b>c$ et $(a-c)(b-c)>d^2$ alors $M < \mathrm{diag}(a,b)$. Donc il faut $f(M)\leq \mathrm{diag}(f(a),f(b))$, et en particulier $f(a) \geq C$. Mais on peut prendre $a$ arbitrairement proche de $c$ et choisir $b$ ensuite, donc $f(c^+)\geq \frac12(f(c+d)+f(c-d))$. On décale vers la droite $c$ et on prend la limite on obtient $g(c)\geq \frac12(g(c+d)+g(c-d))$ avec $g(x) = f(x^+)$. Donc $g$ est concave au point milieu, mais étant croissante elle est bornée sur tout segment, et donc par un résultat de Jensen, elle est continue sur $]0,+\infty[$. Donc $f$ elle-même est continue. Donc elle est concave (pas seulement au point milieu). Donc elle a en tout point une dérivée à droite et une à gauche.
La méthode de JLT donne la majoration $\dfrac{f(b)-f(a)}{b-a}\leq \sqrt{f'(a^+)f'(b^+)}$ pour $0<a<b$. On remplace $a$ par $a-\epsilon$ et on fait tendre $\epsilon$ vers zéro, ce qui donne la majoration améliorée $\dfrac{f(b)-f(a)}{b-a}\leq \sqrt{f'(a^-)f'(b^+)}$. De même on remplace $b$ par $b-\epsilon$ et on a maintenant $\dfrac{f(b)-f(a)}{b-a}\leq \sqrt{f'(a^-)f'(b^-)}$. On fait tendre $b$ vers $a$ par valeurs supérieures, on obtient $f'(a^+) \leq \sqrt{f'(a^-)f'(a^+)}$ puis $f'(a^+) \leq f'(a^-)$. Donc $f'(a^+) = f'(a^-)$ et $f$ est dérivable.
Je n'ai pas réfléchi à la question soulevée par JLT de la convexité de ~$f''$~ $f'$ si on ne suppose pas $f$ trois fois dérivable.
Remarque: il n'y a pas forcément continuité de $f(x)$ en $x=0^+$ au cas où on s'intéresse aux $f(M)$ avec $M$ positive mais pas nécessairement définie positive.
[Corrigé selon ton indication. AD] -
@AD: merci !
[A ton service AD]
Je rajoute que $f'$ qui est décroissante (puisque $f$ est concave) est forcément continue par le théorème de Darboux. Donc $f$ est de classe $C^1$ sur $]0,+\infty[$. (Il y a sûrement bien plus de choses dans l'article auquel JLT m'a renvoyé plus tôt sur ce poste, article qui m'intéresse beaucoup (en plus il est court) mais que je n'ai pas encore lu, seulement survolé, et principalement dans sa référence numéro [2], un livre de Donoghue ; en fait c'est vraiment remarquable que ces propriétés de positivité «non-commutative» impliquent des propriétés de dérivabilité, et même de réelle-analyticité dans le cas infini: les gens qui étudient les travaux de Connes sont sans doute familiers de cela, enfin j'imagine). Vraiment ça me frappe que je n'avais jamais pris conscience de cette chose tout-à-fait remarquable. Merci à JLT et au phorum ! -
@JLT: On sait donc que $f$ est de classe $C^1$, voici comment montrer que $f'$ est convexe, sans supposer que $f^{(3)}$ (ni même $f''$) n'existe. On s'y ramène par régularisation: si $f$ a la propriété étudiée, il en est de même de $f(2x)$, $f(\frac12 x)$, plus généralement de $f(\lambda x)$ pour tout $\lambda>0$, ainsi que de toute combinaison linéaire à coefficients positifs de telles dilatations de la fonction d'origine $f$. Plus généralement, on prend une fonction $g$ positive, d'intégrale $1$, à support entre $-1$ et $+1$, de classe $C^\infty$, paire, et on pose $f_\epsilon(x) = \int_{-1}^1 f(e^u x) g(\frac1\epsilon u)\frac{du}{\epsilon}$, de sorte que $f_\epsilon$ est de classe $C^\infty$ pour $x>0$ (régularisation par convolution). De plus il y a convergence uniforme sur tout segment $[a,b]$, $0<a<b$ de $f_\epsilon$ (resp. $f_\epsilon'$) vers $f$, (resp. $f'$). Les fonctions $f_\epsilon$ sont $C^\infty$ et vérifient la condition étudiée, donc par le résultat de JLT, les $f_\epsilon'$ sont convexes. Donc $f'$ est convexe, comme limite de fonctions convexes.
-
@JLT: la condition sur la dérivée tierce, issue de ton inégalité, est $f'''f' - \frac32(f'')^2\geq0$: c'est précisément dire que la dérivée Schwarzienne en.wikipedia.org de $f$ est positive! De plus elle implique que $\log f'$ est convexe, c'est-à-dire que $f'$ est $\log$-convexe (ce qui est mieux que convexe).
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