Transposition circulaire et Agrégation

Voici un exercice de géométrie circulaire, exhumé du beau livre de géométrie de Terminales de Iliovici et Robert, donc au programme de l'actuelle agrégation et donc susceptible en principe de faire partie d'un problème d'écrit ou d'une question d'oral mais il ne faut pas rêver!
Comme le disait l'Evangile des Egyptiens que j'ânonnais autrefois sur les bancs du catéchisme à Alexandrie:
Mon royaume viendra quand deux feront un, quand le dehors sera semblable au dedans et quand il n'y aura ni mâle ni femelle!

C'est ainsi que nous apprenions l'arithmétique, la topologie et la dualité avant l'heure mais que le ministère se rassure, pas la géométrie!

Soit $ABC$ un triangle du plan euclidien et $L$ une droite ou transversale coupant les côtés $BC$, $CA$, $AB$ en $A'$, $B'$, $C'$. On obtient ainsi un quadrilatère complet dont les paires de sommets opposés sont $(A, A')$, $(B, B')$, $(C, C')$
1° Montrer que l'application circulaire directe $f$ du plan, (sous entendu de son complété par le point à l'infini) telle que:
$f(A) = A'$, $f(B) = B'$, $f(C) = C'$ est involutive.
On disait autrefois que $f$ était une transposition circulaire.
2° En déduire que les cercles circonscrits des 4 triangles formés par 3 des 4 droites de ce quadrilatère complet ont un point en commun.
(C'est le théorème de Miquel).
\begin{center}file.php?8,file=11113
Evidemment, on peut montrer le théorème de Miquel directement par une petite chasse aux angles (orientés) mais c'est amusant de le montrer ainsi.

Amicalement
Pappus
PS

[Réduction de l'image. Bruno]11113

Réponses

  • Est-ce que tu peux rappeler ce que vous "appeliez autrefois" une application circulaire directe? Est-ce que c'est un produit pair d'inversions?
    M.
  • Exactement, mon cher Bruno! Et ce n'est pas autrefois mais aujourdh'ui!
    Ce n'est que le terme de transposition circulaire qui a peut-être un petit air vieillot.
    Grosso modo, les inversions sont définies dans le plan euclidien auquel on a rajouté un point à l'infini. Elles engendrent un groupe appelé groupe circulaire ou groupe de Möebius.
    Toute application circulaire se décompose donc (par définition) en un produit fini d'inversions. On montre alors que celles qui se décomposent en un nombre pair (d'inversions) forment un sous-groupe distingué d'indice $2$, appelé sous-groupe des transformations circulaires directes, etc...

    J'ajoute que si on identifie le plan euclidien au plan complexe via le choix d'une base orthonormée, le sous-groupe des transformations circulaires directes s'identifie au groupe des homographies $ \{z \mapsto \dfrac{az+b}{cz+d}; ad-bc \ne 0\}$.
    Tout cela est au programme de l'agreg , évidemment.
    Mais, mis à part le fait qu'une application circulaire directe s'identifie à une homographie de $\mathbb P_1(\mathbb C)$, je me demande bien ce que les agrégatifs savent d'autre à ce sujet mais qu'ils se rassurent, on ne leur demandera rien de plus, quoiqu'en pense Zo!
    Je dois reconnaître cependant que certains ouvrages récents comme ceux de Goblot, excusez moi si j'oublie le nom des autres, ont fait un gros effort de présentation et d'explication de ce groupe.
    Très amicalement
    Pappus
    PS
    Je reviendrai plus tard sur la liste des ouvrages français ou anglais où on peut trouver des choses intéressantes sur le groupe circulaire, liste qu'il faudra comparer avec celle de la bibliothèque de l'Agreg.
  • Bruno : Merci pour la redirection.
    Papus : Donc une transposition circulaire est une homographie, ok.
    Sauf erreur de ma part, le problème est donc assez simple (ça ressemble aux exercices de Hadamard Géométrie).
    On ne perd rien à supposer que $A$ est le point à l'infini (juste pour que la figure soit plus simple à dessiner).
    Soit $s$ la symétrie par rapport à la droite $AA'$. Soit $r$ l'inversion de centre $A'$ qui envoie $sB$ sur $C$.
    L'application $rs$ est égale à $f$ car elle coïncide sur $A,B,C$ (théorème de Thalès) donc elles sont égales.

    M.

    [La case LaTeX. AD]
  • Excuse, Mauricio, le vieux Pappus, qui a en ce moment quelques maux de tête!
    Je veux bien que tu envoies le (bougre de) point $A$ à l'infini.
    Concrètement, ça veut dire que tu vas transformer ta figure par une transformation circulaire $g$ directe ou indirecte, peu importe, telle que $g(A) = \infty$, le plus simple étant de prendre pour $g$ une inversion de pôle $A$.
    En théorie des groupes, ça s'appelle conjuguer par $g$.
    Tu gardes les mêmes noms aux différents points, sauf que les points $A$ et $\infty$ s'échangent.
    Le point $\infty$ apparaît à l'ancienne place du point $A$ et le point $A$ prend la place du point à l'infini.
    J'ai dessiné la nouvelle figure ainsi obtenue, traçant en rouge ce que devient le quadrilatère complet et en bleu les cercles circonscrits.

    Maintenant que le point $A$ a été expédié si loin de nous, explique moi ce que tu entends par droite $AA'$?
    Très amicalement
    Pappus
    file.php?8,file=1111711117
  • Tu es sur la voie, Mauricio!
    J'ai refait la nouvelle figure en effaçant les cercles bleus qui ne servent à rien à part obscurcir le dessin!
    Concentre toi, sur la figure obtenue, c'est une très célèbre construction!
    Très amicalement
    Pappus
    11119
  • On dirait la construction du centre d’une similitude directe.
    The real danger is not that computers will begin to think like men, but that men will begin to think like computers.
            -- Harris, Sidney J.
  • Bravo, Nicolas, tu as trouvé! Youpee!Ouaaaa...is!
    But it's still a (not very) long way to go!
    Encore quelques petits pas à accomplir.
    Je rappelle deux théorèmes importants du groupe circulaire et quand je dis importants, c'est qu'ils font partie du programme de l'agreg!
    1° Toute transformation circulaire directe qui échange deux points est involutive c'est à dire une transposition circulaire.
    2° Etant données deux paires distinctes de points $(A, A')$ et $(B, B')$, il existe une unique transposition circulaire $\tau$ telle que:
    $\tau(A) = A'$ et $\tau(B) = B'$.
    Amicalement
    Pappus
  • Bien, je poursuis jusqu'à son terme l'idée de Mauricio d'envoyer (le bougre de) point $A$ à l'infini.
    La configuration (en rouge) ainsi obtenue est la construction ultra classique du centre de similitude!
    Il existe donc une similitude directe $\sigma$ telle que:
    $\sigma(A') = A'$, (i.e: de centre $A'$), $\sigma(B) = C'$ et $\sigma(C) = B'$.
    Mais $\sigma$ est une transformation circulaire directe et en tant que similitude, elle laisse invariant le point à l'infini, donc on a aussi: $\sigma(A) = A$.
    Maintenant comme je l'ai dit dans mon précédent message, il existe une transposition circulaire $\tau$ échangeant $A$ et $A'$ ainsi que $B$ et $C$. Comme $A$ est à l'infini, on dit que $\tau$ est la transposition circulaire de point central ou de pôle $A'$ échangeant $B$ et $C$.
    Alors $\sigma \circ \tau = f$ est une transformation circulaire échangeant $A$ et $A'$ telle que $f(B) = B'$ et $f(C) = C'$
    Mais puisque $f $ échange $A$ et $A'$, $f$ est involutive.

    A vrai dire, ce n'est pas la démonstration que j'avais en tête mais j'ai trouvé cette idée de Mauricio si jolie que je n'ai pu m'empêcher de vous la présenter sans tarder!
    Il existe aujourdh'ui une autre géométrie, interdite d'enseignement en France, la géométrie du plan projectif dans laquelle on maniait aussi des éléments à l'infini.
    Le plan projectif pouvait s'obtenir (snif!) à partir du plan affine en lui rajoutant une droite, dite droite de l'infini tout comme le plan conforme s'obtient en rajoutant au plan euclidien un point à l'infini.
    Et certains théorèmes de géométrie projective plane s'obtenaient (re-snif!) en envoyant judicieusement telle ou telle droite à l'infini.
    Dommage pour vous, ce sera dans une autre vie!

    Dans un prochain message, j'expliquerai l'autre méthode (plus élaborée?) que j'ai suivie pour montrer que $f$ est involutive.
    Amicalement
    Pappus
    PS
    Je vous laisse maintenant montrer le théorème de Miquel qui devient trivial!
  • Salut Pappus
    J'envoie le point à l'infini juste pour faire une figure plus simple. (excuse-moi pour ma réponse tardive).
    Soit donc $h$ n'importe quelle homographie qui envoie $A$ à l'infini. Par abus de langage, je continue à noter de la même façon les images par $h$ des points $A,B$ etc. et je continue à noter la droite $AA'$ ce qui est en fait l'image de la droite $AA'$ par $h$.
    Je ne comprends pas ta figure 2 ? Est-ce qu'on ne devrait pas obtenir une nouvelle figure où les droites $BC'$ et $B'C$ sont parallèles ? C'est peut-être là notre malentendu.

    M.
    PS: avec quel logiciel fait tu tes dessins ?

    [La case LaTeX. :) AD]
  • Bonjour Mauricio
    J'utilise Cabri II+ pour faire mes figures et un autre logiciel qui s'appelle Faststone Capture pour mettre mes figures Cabri au format png.
    Il y a certainement moyen de faire autrement avec d'autres logiciels de géométrie dynamique qu'on trouve librement sur la toile comme Geogebra, etc...
    Merci en tout cas de t'intéresser à mes circulaires élucubrations.
    Il m'est difficile en tout cas de dialoguer avec toi tant que tu ne m'envoies pas tes propres figures mais j'avoue être un peu inquiet sur ton raisonnement qui me semble trop différent du mien.
    Mais peut-être que je me trompe: le vieux Pappus a de la bouteille et ses neurones parfois défaillent hélas!
    Essaye donc de m'envoyer ton dessin, ce serait mieux pour discuter!
    Amicalement
    Pappus
  • Ma démonstration s'appuie sur la même décomposition $ f = \sigma \circ \tau$ que celle utilisée précédemment sauf que je n'envoie pas le point $A$ à l'infini.
    Pas de problème pour $\tau$ qui est la transposition circulaire échangeant $A$ et $A'$ ainsi que $B$ et $C$.
    Il reste à montrer que si $\sigma$ est l'application circulaire directe définie par: $\sigma(A') = A'$, $\sigma(B) = C'$ et $\sigma(C) = B'$ , alors $\sigma(A) = A$, autrement dit $A$ est l'autre point fixe de $\sigma$.
    Projetons $A$ en $I$ sur la droite $BC$ parallèlement à $L$ et aussi en $J'$ sur $L$ parallèlement à $BC$. On obtient ainsi un parallélogramme $AIA'J'$.
    Maintenant soit $g$ la projection conique de la droite $BC$ sur la droite $L$ à partir de $A$.

    file.php?8,file=11162

    On a;
    $g(A') = A'$, $g(B) = C'$, $g(C) = B'$
    Si les $\{m_k; 1 \le k \le 4\}$ sont $4$ points de $BC$
    On a l'égalité suivante entre birapports de points alignés:
    $(m_1, m_2, m_3, m_4)$ = $(g(m_1), g(m_2), g(m_3), g(m_4))$
    Mais ces birapports sont aussi les birapports de ces points en tant que points du plan conforme, donc $g$ se prolonge en une application circulaire directe qui ne peut être que $\sigma$.
    Mais $\sigma(I) = g(I) = \infty$ et $\sigma(\infty) = g(\infty) = J'$
    Ainsi les points $I$ et $J'$ sont respectivement le pôle objet et le pôle image de $\sigma$, ce qui entraine que $A$ est le deuxième point fixe de $\sigma$ car on sait que pour toute application circulaire, le segment joignant les points fixes et le segment joignant les pôles ont même milieu.
    QED11162
  • Salut Pappus,
    ton logiciel est malheureusement payant. Ci-joint la figure que j'avais en tête. Elle est en xfig, je n'arrive pas à la convertir, peut-être un des administrateurs pourra le faire.
    A+,
    Mauricio
  • Merci, Mauricio de ce bel effort même si je ne peux lire ta figure.
    Tu as des logiciels libres de géométrie dynamique que tu peux trouver sur la toile comme geogebra, il y en a sans doute d'autres!
    Un connaisseur pourrait-il vanter à Mauricio les avantages et inconvénients de ces logiciels?
    Concernant maintenant le sujet même de ce fil, ton idée était géniale mais je crains fort que tu l'aies mal utilisée.
    Quelles que soit les manières dont tu envoies le point $A$ à l'infini, les figures qui restent sont obligatoirement directement ou inversement semblables. Il te suffit de comparer ta figure avec la mienne et si ça n'est pas le cas, tu as tout faux!
    Très amicalement
    Pappus
  • Bonjour Mauricio.

    Je viens de tenter un chargement de "xfig" mais c'est un parcourt du combattant dans lequel je toutne en rond : "dowload Xfigxxxx" et en cliquant, je reste sur cette page.

    Ceci dit, il semblerait que tu puisses exporter un fichier au format ".ps" ou ".eps" ; je ne sais plus si le forum accepte ces fichiers (il me semble que oui) si tu mets un tel fichier en pièce jointe, je le récupèrerai (peut-être :-() et le traduirai en ".gif".

    Bruno
  • Bruno: l'exportation ne marche pas, nous en avons discuté sur ce forum avec remarque.
    Pappus: et dit comme ça: soit C le cercle qui bisecte l'angle BA'B' et qui passe par A et par A'. Soit $s$ l'inversion de cercle C. Soit $r$ l'inversion de centre $A'$ qui envoie $s(B)$ sur $B'$ alors, sauf erreur de ma part, on a $f=rs$.
    (je crois que je me suis emmellé les pinceaux dans les notations A,A' etc. dans les messages précédents)
    M.
  • Mon cher Mauricio
    Dommage que nous ne puissions nous expliquer plus directement et je crains que tu ne te sois planté à nouveau dans tes notations.
    Effectivement toute transposition circulaire s'écrit d'une infinité de façons comme produit commutatif de deux inversions par rapport à deux cercles orthogonaux.
    Dans ton cas de figure, comme le point $A'$, centre de l'inversion $r$ se trouve sur le cercle $(C)$ définissant l'inversion $s$, il faudrait pour qu'il y ait orthogonalité que le cercle de centre $A'$ soit de rayon nul, ce qui est absurde!
    Très amicalement
    Pappus
    PS
    Je t'envoie ci-joint ma première figure sur laquelle, j'ai tracé les points fixes $P$ et $Q$ de $f$ dont $\Omega$ est le milieu.
    $f$ est le produit commutatif de 2 inversions dont les cercles tracés en rouge sont deux cercles orthogonaux quelconques passant par $P$ et $Q$.
    file.php?8,file=1128111281
  • Cher Pappus,
    je n'ai raconté que des idioties depuis le début. Je suis un peu déconcerté de ne pas pouvoir trouver une solution simple à ce problème...

    Mauricio
  • Mon cher Mauricio
    Ce n'était pas un problème simple!
    C'est un exercice tiré du beau livre de Géométrie d'Iliovici et Robert, le seul livre de Terminales que je connaisse où l'on parle de Géométrie Circulaire et de façon originale en plus.Il fut publié en 1937 chez Eyrolles.
    On peut donc mesurer le temps qu'il nous a fallu pour que cette géométrie tombe dans un total oubli!
    Moi-même, j'ai éprouvé beaucoup de difficultés pour en trouver une solution et encore uniquement par les nombres complexes.
    C'est grâce à ton intervention que j'ai pu en donner une démonstration synthétique simple. Je n'avais jamais pensé à envoyer un des points de la figure à l'infini!
    C'est plutôt une méthode qu'on utilisait autrefois en géométrie projective plane, une géométrie elle aussi passée aux oubliettes.
    Ne soyons pas triste, il nous reste le théorème fondamental de la géométrie affine à nous mettre sous la dent, pour ne pas parler de celui de la géométrie projective pour cause de disparition du plan projectif.
    Je me demande d'ailleurs pourquoi on aurait le culot de parler de la classification projective des coniques qui sont soi-disant des parties d'un plan projectif maintenant hors programme!
    Je te remercie donc de ta contribution qui m'a beaucoup aidé!
    Très amicalement
    Pappus
  • Bonjour,

    On peut faire un calcul bête et pas très méchant pour montrer l'égalité des deux birapports $[A,A',B,C]$ et $[A',A,B',C']$ en utilisant deux fois Menelaüs (une pour le triangle $ABC$ et une pour le triangle $AC'B'$). C'est peut-être la solution "par les nombres complexes" évoquée par Pappus dans le message ci-dessus?

    Quant au 2° du problème initial, on peut aussi l'obtenir par la "formule des six birapports" et Menelaüs.

    La configuration des huits points ($A,B,C,D=\Omega,A',B',C',D'=\omega$) et huit cercles-ou-droites a des propriétés vraiment remarquables. On peut placer les huit points aux sommets d'un cube, la symétrie centrale du cube agissant comme l'involution "prime" sur les sommets, de telle façon que les six faces et les deux tétraèdres réguliers inscrits dans le cube aient chacun leurs quatre sommets cocycliques (ce qui fait les huit cercles-ou-droites de la figure).

    Cordialement.
  • Mon cher Zo
    Oui je me servais de Ménélaüs mais de façon légèrement différente.
    En fait, j'utilisais d'abord un lemme qui a son intérêt en lui- même et que je ne sais démontrer pour le moment que par les complexes. Il mériterait un nouveau fil à lui tout seul mais puisque je te tiens ici par la barbichette et que je ne veux pas te perdre, je te donne l'énoncé de ce lemme.

    Je sais que je l'ai lu quelque part mais comme d'habitude , le vieux Pappus a perdu la mémoire!

    Ce lemme lie par son énoncé curieusement les géométries euclidienne et circulaire.
    Voici son énoncé:


    Prenons 6 points $A$, $B$, $C$, $A'$, $B'$, $C'$ dans le plan euclidien.
    J'appelle $\sigma_A$ la similitude directe de centre $A$ telle que $\sigma_A(B') = C'$, $\sigma_B$ la similitude directe de centre $B$ telle que $\sigma_B(C') = A'$,
    $\sigma_C$ la similitude directe de centre $C$ telle que $\sigma_C(A') = B'$, alors $\sigma_C \circ \sigma_B \circ \sigma_A = Id$ si et seulement si l'unique application circulaire directe $\tau$ telle que $\tau(A) = A'$, $\tau(B) = B'$, $\tau(C) = C'$ est une transposition circulaire.


    Je ne sais pas trop quoi penser de ce lemme mais je le trouve important et j'ai eu souvent l'occasion de l'utiliser dans d'autres situations.
    La démonstration par les complexes est triviale et sans beaucoup d'intérêt , alors si tu trouves une autre démonstration, je suis preneur.
    Très amicalement
    Pappus
  • Bonjour,

    je vois que le théorème de Miquel n'est pas évident pour certains comme application en 2).

    Puisque $f$ est une transposition circulaire, elle permute $A$ et $A'$, $B$ et $B'$ et $C$ et $C'$.

    Donc on a $f(C(ABC))=(A'B'C')$ (la droite $(A'B'C')$)

    de même $f(C(AB'C'))=(A'BC)$,$f(C(A'BC'))=(AB'C)$ et $f(C(A'B'C))=(ABC')$.

    Or toute droite passe par $\infty$. Donc les 4 cercles passent par

    $f^{-1}(\infty)=f(\infty)=D$.

    Amicalement,
    Georges
  • oui, bien sûr, c'est trivial mais tes notations ne sont pas au point.
    $C(ABC)$? Je suppose que c'est le cercle passant par les points $A, B, C$?
    Très amicalement
    Pappus
  • @pappus:

    Il me semble bien que le lemme que tu cites peut s'obtenir par la formule des six birapports. Si $\omega$ est l'infini, on a
    $$1=[A',B',C,\omega]\,[B',C',A,\omega]\,[C',A',B,\omega]\,[A,B,C',A']\,[B,C,A',A']\, [C,A,B',A']\;.$$
    Donc l'égalité $[A',B',C,\omega]\,[B',C',A,\omega]\,[C',A',B,\omega]=1$, qui traduit la première propriété de ton lemme, est équivalente à $[A,B,C',A']=[A',B',C,A]$, qui traduit la deuxième propriété.
    Ca revient sans aucun doute exactement au même que ton calcul sur les complexes.

    Effectivement ce lemme + Menelaüs donne immédiatement le 1).

    Cordialement.
  • Mon cher Zo
    Ta démonstration par les complexes est quand même très jolie, alors que la mienne est plutôt bestiale. Je m'aperçois d'ailleurs que j'ai du mal à utiliser le point à l'infini au contraire de toi!
    Je travaille en complexes et je note comme d'habitude les affixes par les lettres correspondantes minuscules.
    Le fait que les deux triplets $(a, b, c)$ et $(a', b', c')$ soient en involution se traduit par la nullité du déterminant:
    (1) $D = \begin{pmatrix}
    a.a'&a+a'& 1\\b.b'&b+b'&1\\c.c'&c+c'&1 \end{pmatrix} = 0$
    Maintenant si on regarde la similitude $\sigma_C \circ \sigma_B \circ \sigma_A$, elle fixe déjà le point $B'$, on aura donc $\sigma_C \circ \sigma_B \circ \sigma_A = Id$ si et seulement si sa partie linéaire vaut aussi l'identité et en dimension (complexe) $1$, cela va se traduire par l'identité:
    (2) $\dfrac{c'-a}{b'-a} \times \dfrac{a'-b}{c'-b} \times \dfrac{b'-c}{a'-c} = 1$
    Maintenant on développe (2) après avoir chassé les dénominateurs et au bout d'un temps pas trop long, on obtient effectivement $D = 0$.
    Je connais la formule des 6 birapports de réputation mais je n'arrive jamais à m'en souvenir. Il y a un truc avec les sommets d'un cube et puis je ne sais plus!
    Visiblement, c'est une formule très utile.
    Quant à ce lemme, je pensais à une démonstration plus synthétique mais comme on a déjà eu une discussion assez animée sur ce douloureux sujet, ta belle démonstration me suffit largement.
    Très amicalement
    Pappus
  • Le théorème des six birapports est, semble-t-il, dû à Daniel Perrin. On peut être étonné qu'une relation aussi immédiate et féconde n'ait pas été mise en valeur auparavant.
    Voir un texte de Daniel Perrin.
    Ce résultat et ses applications (Miquel, Simson, pivot) ont été popularisés par Michèle Audin dans son livre de géométrie.
    Il y a dans l'histoire 8 points d'une droite projective que l'on fait figurer aux sommets d'un cube, et le théorème dit que les produit des 6 birapports correspondant aux faces du cube vaut 1. Le point délicat est de bien écrire ces birapports:
    [A,B,C',D'] [B,C,A',D'] [C,A,B',D'] [A',B',C,D] [B',C',A,D] [C',A',B,D] = 1
    avec le cube comme ça:
    11303
  • Merci, Zo!
    J'ai un peu mal au crâne quand je regarde ton cube à cause de la fameuse illusion d'optique mais heureusement elle n'a aucun rôle, du moins je l'espère.
    Ce qui m'embête le plus, c'est l'ordre des points.
    Je note que les 3 derniers birapports s'obtiennent à partir des 3 premiers par symétrie par rapport au centre du cube. Donc il n'y en a plus que 3 à retenir, c'est déjà ça!
    Amicalement
    Pappus
    PS
    Oui, on peut recommander le beau livre de Michèle Audin à tous nos amis du forum!
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