Matrice diagonale et Géométrie Projective

On est dans le plan affine réel $\mathcal P$, complété projectivement en lui rajoutant la droite de l'infini.
On se fixe un triangle $ABC$. Un point $M$ du plan est repéré par ses coordonnées barycentriques homogènes $(x, y, z)$ c'est à dire que le repère projectif dans lequel on travaille est $(A, B, C, G)$, autrement dit le point unité de ce repère n'est autre que le centre de gravité $G$ du triangle $ABC$.
Comment s'écrit une transformation projective $f$ dans un tel repère?
Au point $M$ de coordonnées barycentriques homogènes $(x, y, z)$, elle fait correspondre le point $M'$ de coordonnées barycentriques homogènes $ (x', y', z')$ tel que:
$x' = a_{11}x + a_{12}y + a_{13}z$
$y' = a_{21}x + a_{22}y + a_{23}z$
$z' = a_{31}x + a_{32}y + a_{33}z$
Autrement dit, on a: $X' = A.X$ où
$A= \begin{pmatrix}
a_{11}&a_{12}&a_{13}\\
a_{21}&a_{22}&a_{23}\\
a_{31}&a_{32}&a_{33}
\end{pmatrix}
$\quad et $X= \begin{pmatrix}x\\y\\z\end{pmatrix}$ \quad et $X'= \begin{pmatrix}x'\\y'\\z'\end{pmatrix}$
On voit que la matrice $\lambda.A$ où $\lambda \in \mathbb R^*$ définit la même application $f$, c'est pourquoi nos anciens n'hésitaient pas à écrire: $f = \lambda.A$.
Depuis, Bourbaki est passé par là et nous a bien heureusement abreuvé de structures quotients pour mettre fin à cette hérésie.
Quoiqu'il en soit, on voit immédiatement que la recherche des points fixes de $f$ revient à chercher les vecteurs propres de $A$ c'est à dire à diagonaliser $A$.
Par exemple si $A$ possède 3 valeurs propres distinctes, alors $f$ a 3 points fixes.
Je vous laisse méditer sur les cas où $A$ possède des valeurs propres multiples et je vous renvoie à l'excellent livre de J-C Sidler: Géométrie projective, publié chez InterEditions, pour compléter vos connaissances sur ce sujet.
Evidemment une transformation projective opère sur l'ensemble $\mathcal D$ des droites du plan (complété).
En particulier, il existe une droite $L$ telle que $f(L) = D_{\infty}$ et une droite $L'$ telle que $f(D_{\infty}) = L'$ où $D_{\infty}$ est la droite de l'infini d'équation:$x+y+z = 0$.
Je ne sais trop comment on appelait autrefois ces droites et je les nommerai $L$ droite-limite objet et $L'$ droite-limite image.
Maintenant je m'intéresse aux transformations projectives fixant $A, B, C$. Elles forment un sous-groupe $\Gamma$ du groupe projectif et elles s'écrivent dans le repère projectif $\{A, B, C, G\}$:
$f = \lambda.\begin{pmatrix}a&0&0\\0&b&0\\0&0&c \end{pmatrix}$
Leurs matrices sont évidemment diagonales. Il en résulte que $\Gamma$ est un groupe commutatif, ce qui n'était pas évident a priori.
Maintenant $f\in \Gamma$ a deux droites limites notées $L_f$ et $L'_f$.
On obtient ainsi une application:
$\theta:\Gamma \longrightarrow \mathcal D \times \mathcal D;\quad f \mapsto (L_f, L'_f)$.
1° Montrer que les droites $L_f$ et $L'_f$ sont des transversales isotomiques par rapport au triangle $ABC$.
2° Réciproquement, étant donnés deux transversales isotomiques $L$ et $L'$ par rapport au triangle $ABC$, montrer qu'il existe une unique transformation projective $f\in \Gamma$ telle que $L_f = L$ et $L'_f = L'$ et donner une construction de l'image $M' =f(M)$ d'un point quelconque $M$ du plan.
3° Déterminer l'image de $\theta$, notée $\mathrm{Im}(\theta)$.
2° Soit $\Gamma' = \{f \in \Gamma; \ L_f = L'_f\}$
Montrer que $\Gamma'$ est un sous-groupe fini de $\Gamma$ et déterminer sa structure. Donner une construction simple de l'orbite d'un point sous l'action de $\Gamma'$.
Amicalement
Pappus

Réponses

  • Encore moi!

    Définition d'une transversale isotomique?

    Amicalement,
    Georges
  • Mon cher Georges
    Excuse ma distraction. j'avais oublié de joindre ma figure.
    Voilà qui est fait.
    Amicalement
    Pappus
    10956
  • Encore merci Pappus pour ce délicieux problème.

    Je commence par la dernière question : si $f$ est dans $\Gamma'$ alors
    $f^2$ envoie la droite à l'infini sur elle-même et est donc affine dans le plan affine complémentaire. Comme $f^2(A) = A$, ..., on en déduit que $f^2 = \mathrm{id}$.

    Ainsi tout élément de $\Gamma'$ est d'ordre 2. Vue la forme des éléments de $\Gamma$, on en déduit que $\Gamma'$ est isomorphe à $\Z/2\Z$ ou $(\Z/2\Z)^2$.

    Vincent

    [La case LaTeX. :) AD]
  • Bravo, Vincent!
    Des transformations projectives d'ordre 2, il n'y en a pas des masses et tu devrais me les décrire plus précisément dans ce cas de figure!
    Quant à la structure de $\Gamma'$, tu as le choix entre $\mathbb Z/4\mathbb Z$ (ici petit lapsus de ta part) et $(\mathbb Z/2\mathbb Z)^2$ et il n'est pas très difficile de faire le bon choix!
    Quant à l'orbite d'un point, elle figure dans tous les bons livres de géométrie projective.
    Et la première question? C'est d'une simplicité biblique!
    Amicalement
    Pappus
    PS
    Quand je parle de récupérer la transformation $f$, il y deux aspects dans cette question: l'aspect calculatoire et l'aspect graphique, i.e: utilisation d'un logiciel de géométrie dynamique
  • A propos de mon éventuelle faute de frappe : entre $\Z/2\Z$ et $\Z/4\Z$.
    Non, je n'ai pas fait de faute de frappe.
    Dans mon premier message, j'ai montré qu'un élément de $\Gamma'$ est forcément d'ordre 2 (ou 1 bien sûr !). J'en déduis que $\Gamma'$ est donc de la forme
    $(\Z/2\Z)^{(I)}$.
    Ici vu la forme des éléments de $\Gamma$ ("diagonaux" à homothétie près),
    on obtient que $I$ a 1 ou 2 éléments.
    Pour conclure sur le cardinal de $I$, il suffit de vérifier qu'un élément de $\Gamma$ d'ordre 2 est évidemment dans $\Gamma'$... Ce qui montre que $\Gamma'$ est de cardinal $4$ et donc $\Gamma' =(\Z/2\Z)^2$.

    Finalement, $\Gamma'$ est en fait l'ensemble des éléments d'ordre $2$ de $\Gamma$.
    Dans mon premier message, j'ai montré l'inclusion "difficile" et oublié l'inclusion facile.

    Vincent

    [La case LaTeX. AD]
  • Mon cher Vincent
    Excuse moi. J'ai du mal à te lire. Tu devrais cocher la case Latex.
    Effectivement, $\Gamma'$ est d'ordre 4 et est isomorphe au groupe de Klein.
    Les trois éléments différents de l'identité sont des homologies involutives dont le pôle est l'un des 3 sommets du triangle $ABC$ et l'axe le côté opposé à ce sommet.
    Curieux, je ne connais pas de nom officiel ou standardisé pour ces éléments d'ordre 2 du groupe projectif.

    Je laisse en suspens la construction très classique de l'orbite d'un point sous l'action de $\Gamma'$.
    Je citais le Lalesco dans un de mes précédents messages. Eh bien, il en parle, mais évidemment pas de façon moderne!

    La question la plus intéressante est en fait la première. Elle n'est pas très difficile.

    Cette configuration du groupe des transformations projectives ayant les mêmes 3 points fixes est très intéressante , au point de vue affine avec ces droites limites isotomiques, au point de vue euclidien avec les points focaux dont je parlerai peut-être un jour, au point de vue projectif avec les homologies génératrices.
    Je reviendrai ultérieurement sur ces homologies.

    Amicalement
    Pappus
  • Cher Pappus,

    Je vais faire des efforts pour taper du latex mais c'est vrai que ces derniers jours avec les problèmes du forum, je préférais minimiser le latex pour envoyer moins de "données".

    Je vais réflechir à la construction des orbites. Je feuillete le Sidler, je pense trouver la réponse dedans.

    Vincent
  • La transformation $f$ envoie le point $M(x, y, z)$ sur le point $M'(ax, by, cz)$.
    Ce dernier sera sur la droite de l'infini ssi:
    $ax + by + cz = 0 $
    Cette équation est donc celle de la droite limite-objet $L_f$.
    De même la droite limite-image $L'_f$ n'est pas autre chose que la droite limite-objet de $f^{-1}$.
    Son équation est donc:
    $\dfrac x a + \dfrac y b + \dfrac y c = 0$.
    Le point $\alpha = L_f\cap BC$ a pour coordonnées:$(0, c, -b)$ et le point $\alpha ' = L'_f \cap BC$ a pour coordonnées: $(0, b, -c)$.
    Il est clair que $\alpha$ et $\alpha '$ ont le même milieu que les points $B$ et $C$.
    D'ailleurs $f$ induit sur la droite affine réelle $BC$ une homographie dont les points fixes sont $B$ et $C$ et les points limites $\alpha$ et $\alpha '$. On retrouve ainsi un résultat valable pour toutes les homographies d'une droite affine réelle ou complexe.
    En raisonnant de même pour les deux autres côtés $CA$ et $AB$, on voit que les droites $L$ et $L'$ sont bien isotomiques.
    Réciproquement si $L$ est une droite ne passant pas par aucun des points $A$, $B$, $C$, elle a une équation barycentrique de la forme: $ax + by + cz = 0$ avec $a\ne 0, \ b \ne 0, \ c \ne 0$, sa droite isotomique $L'$ ayant donc pour équation:
    $\dfrac x a + \dfrac y b + \dfrac y c = 0$.
    Comme $f \in \Gamma$, il existe un triplet de réels tous non nuls $(a', b', c')$ tels que $f$ envoie le point $M(x, y, z)$ sur le point $M'(a'x, b'y, c'z)$ et l'équation de $L_f$ est donc $a'x + b'y + c'z = 0$. Comme on veut que $L_f = L$, ceci entraine que les triplets $(a, b, c)$ et $(a', b', c')$ sont proportionnels et ainsi $f$ est bien entièrement déterminé par la droite $L$. Il est maintenant clair que $L'_f = L'$.
    Ainsi $\mathrm{Im}(\theta)$ est l'ensemble dont les éléments sont les paires $(L, L')$ de droites isotomiques ne rencontrant pas les points $A$, $B$, $C$.
    Il y a bien des façons de construire l'image d'un point $M$, la plus naïve étant celle que je vais suivre.
    10997
  • A propos du calcul des orbites sous l'action de $\Gamma'$.

    Commençons par étudier les cas où les orbites sont dégénérées.

    L'orbite sous $\Gamma'$ a un élément si et seulement si les nombre de coordonnées homogènes non nulle est 1. On trouve donc les points $A,B$ et $C$.

    L'orbite sous $\Gamma'$ a deux éléments si et seulement si les nombre de coordonnées homogènes non nulle est 2. On trouve donc les droites $(AB),\ (BC)$ et $(CA)$ privées de $A,B,C$.

    Enfin, les autres points qui ont trois coordonnées homogènes non nulles ont une orbites de cardinal 4.

    L'autre point de l'orbite du point à l'infini de la droite $(BC)$ (de coordonnées homogènes $[0 : \frac 1 2 : -\frac 1 2]$) est donnée par $[0: \frac 1 2:\frac 1 2]$ c'est à dire le milieu de $(BC)$.

    Considérons à présent un point de $(BC)$ autre que les deux précédents.
    Ses coordonnées homogènes sont données par $[0 : u : v]$ avec $u \neq v$
    puisque ce n'est pas le milieu de $(BC)$ et $u+v=1$. L'autre point de l'orbite est donné par $[0: u : -v]$ qui n'est autre que le conjugué harmonique du point de départ par rapport au couple $(B,C)$ ce qui est tout à fait normal puisque la restriction à la droite $(BC)$ (complété par son point à l'infini) est une involution dont $B$ et $C$ sont les points fixes.

    Pour la construction générale de l'orbite, je reviens tout à l'heure le ventre plein ! Ce soir c'est chandeleur !

    Vincent
  • On va construire l'image d'un point M du plan par l'homologie de sommet A et de droite (BC), les deux autres points s'obtient en permutant A,B et C.

    Pour cela, on suit la méthode proposée par Sidler.

    On commence par déterminer l'image d'un point particulier. Ici, on va prendre G = [1/3:1/3:1/3] dont l'image G_A est donnée par [-1/3:1/3:1/3] c'est à dire le sommet du parallélogramme de coté [A,B] et [A,C].

    Une fois qu'on a un point et son image, la méthode est donnée dans Sidler : on

    On prend à présent un point M qui n'est pas sur la médiane issue de A.
    On trace la droite (MG) et on note I le point d'intersection avec (BC)
    (éventuellement à l'infini si (MG) est parallèle à (BC)).
    On trace la droite (IG') (la parallèle à (BC) passant par G' si I est à l'infini).
    Elle recoupe la droite (AM) en M' l'image de M cherché.

    Si à présent M est sur la médiane, on choisit N qui n'est pas sur la médiane et
    on construit d'abord N' à partir de G puis on construit M' à partir de N.

    Je ne sais pas si c'est ce que tu attendais comme réponse. En tout cas, moi ca me satisfait comme construction...

    Vincent
  • Mon cher Vincent

    > On va construire l'image d'un point M du plan par l'homologie de sommet A et de droite (BC), les
    > deux autres points s'obtient en permutant A,B et C.

    Je ne comprends pas ce que tu veux dire.
    Je vois bien que tu parles d'une homologie de pôle $A$ et d'axe $BC$ mais la fin de ta phrase:

    > les deux autres points s'obtient en permutant A,B et C.

    est trop ambigüe pour avoir un sens précis.

    > Pour cela, on suit la méthode proposée par Sidler.
    > On commence par déterminer l'image d'un point particulier. Ici, on va prendre G = [1/3:1/3:1/3]
    > dont l'image G_A est donnée par [-1/3:1/3:1/3] c'est à dire le sommet du parallélogramme de coté et .
    > Une fois qu'on a un point et son image, la méthode est donnée dans Sidler : on
    > On prend à présent un point M qui n'est pas sur la médiane issue de A.
    > On trace la droite (MG) et on note I le point d'intersection avec (BC) (éventuellement à l'infini si (MG) est parallèle à (BC)).
    > On trace la droite (IG') (la parallèle à (BC) passant par G' si I est à l'infini).

    Tu ne définis pas le point $G'$.
    > Elle recoupe la droite (AM) en M' l'image de M cherché.
    > Si à présent M est sur la médiane, on choisit N qui n'est pas sur la médiane et
    > on construit d'abord N' à partir de G puis on construit M' à partir de N.

    Peux-tu me dire que tu entends par homologie et quelle est exactement la transformation projective dont tu entreprends la construction?
    Très amicalement
    Pappus
  • Il vaut peut-être mieux traiter le problème par l'algébre linéaire, non?
    Dans R^3, tu as deux plans. Si ces plans sont distincts des plans de coordonnées, tu peux tjs supposer qu'il s'agit des plans K,L d'équations x=y, x=-y (quitte a faire un changement linéaire de variables).
    Tu as une application linéaire diagonale qui envoie K sur L et reciproquement. Le nombre de possibilités pour une telle application est relativement limité...
    Je dis une bêtise?
    M.
  • J'ai écris au moins une idiotie x=y et x=a y. (le birapport doit être preservé)
    M.
  • Reprenons au début : mon objectif est de déterminer l'orbite d'un point $M$ du plan sous le groupe $\Gamma'$.

    Il y a trois points à déterminer :
    l'image de $M$ par la transformation de matrice $\mathrm{diag}(-1,1,1)$, c'est-à-dire l'homologie de pôle $A$ et d'axe $(BC)$,
    l'image de $M$ par la transformation de matrice $\mathrm{diag}(1,-1,1)$ c'est-à-dire l'homologie de pôle $B$ et d'axe $(AC)$,
    l'image de $M$ par la transformation de matrice $\mathrm{diag}(1,1,-1)$ c'est-à-dire l'homologie de pôle $C$ et d'axe $(AB)$.

    Je donne en détail la construction de l'image d'un point $M$ par la transformation de matrice $\mathrm{diag}(-1,1,1)$, c'est-à-dire l'homologie de pôle $A$ et d'axe $(BC)$. L'image de $M$ par les deux autres homologies s'obtient de façon analogue (en permutant les rôles de $A,B,C$). J'espère qu'ici c'est plus clair la notion de permutation de $A,B$ et $C$.

    A propos de la définition de $G'$. Oui, pardon, en fait, dans mes notes, j'avais utilisé la notation $G'$ mais en écrivant le message, j'ai choisi d'appeler $G_A$ l'image de $G$ par l'homologie de pôle $A$ et d'axe $(BC)$ et non $G'$... Malheureusement, je n'ai pas su m'y tenir jusqu'au bout.

    Donc finalement $G'=G_A$ est l'image de $G$ par l'homologie de pôle $A$ et d'axe $(BC)$.
    Pour moi (ou plutôt pour Sidler...) une homologie est une homographie du plan projectif ayant une droite de point fixe (les endomorphismes associés ont un sous-espace propre de dimension 2).

    Finalement, reprenons les choses : la construction de l'image d'un point $M$ par la transformation de matrice $\mathrm{diag}(-1,1,1)$ c'est-à-dire l'homologie de pôle $A$ et d'axe $(BC)$.

    On commence par déterminer l'image d'un point particulier. Ici, on va prendre $G = [\frac 1 3:\frac 1 3:\frac 1 3]$ dont l'image $G_A$ est donnée par $[-\frac 1 3:\frac 1 3:\frac 1 3]$ c'est à dire le sommet du parallélogramme de cotés $[A,B]$ et $[A,C]$.

    Une fois qu'on a un point et son image, la méthode est donnée dans Sidler :
    On prend à présent un point $M$ qui n'est pas sur la médiane issue de $A$.
    On trace la droite $(MG)$ et on note $I$ le point d'intersection avec $(BC)$
    (éventuellement à l'infini si $(MG)$ est parallèle à $(BC)$).
    On trace la droite $(IG_A)$ (la parallèle à $(BC)$ passant par $G_A$ si $I$ est à l'infini).
    Elle recoupe la droite $(AM)$ en $M'$ l'image de $M$ cherchée.

    Si à présent $M$ est sur la médiane, on choisit $N$ qui n'est pas sur la médiane et on construit d'abord $N'$ à partir de $G$ puis on construit $M'$ à partir de $N$.
    A bientôt,
    Vincent
  • Mon cher Vincent
    Merci pour tes précisions.
    Je te renvoie ta construction de l'orbite. Elle est impeccable mais elle m'amène à faire plusieurs remarques dont j'espère tu tireras profit.

    file.php?8,file=11015

    Maintenant il est clair pour moi que tu considérais les homologies du groupe $\Gamma'$. Ce sont des homologies très particulières qui sont involutives comme tu l'as si joliment montré. Quand tu parles de ces homologies, il ne faut pas oublier leur adjectif car il existe une infinité d'homologies de pôle $A$ et d'axe $BC$ ( qui engendrent un groupe commutatif isomorphe à quoi au fait ? eh, eh ! )
    Tu dis alors homologie involutive ou homologie harmonique ou inversion harmonique, (n'est-ce pas, Bruno ?).

    D'une façon générale, une homologie (générale comme le dit Sidler car il y a aussi les spéciales) est entièrement déterminée par son pôle $O$, son axe $L$ (qui ne passe pas par le pôle) et un point $A$ non situé sur $L$ avec son image $A'$, située sur la droite $OA$ , distincte de $O$ et non située sur $L$.
    La construction que tu as donnée est valable dans ce cas.
    file.php?8,file=11015
    A noter que le birapport $(O, m, M', M) = (O, a, A', A)$ est constant. On l'appelait autrefois le coefficient de l'homologie. Il vaut $-1$ pour une homologie involutive.

    Maintenant voici ma principale remarque au sujet de ta construction.
    Elle est inutile ! Simplement parce que le groupe $\Gamma'$ est entièrement déterminé par la connaissance des 3 points $A$, $B$, $C$.
    Je t'envoie ci-joint la construction de l'orbite d'un point $M$, une construction que je qualifierai de projective alors que la tienne est affine car elle exige au préalable la connaissance de l'orbite du centre de gravité.
    file.php?8,file=11017
    Cette configuration est le B.A.BA du plan projectif.
    Essaye de la prouver ! Il y en a pour une ligne !
    Le triangle rouge est le triangle cévien de $M$.
    La droite verte $A''B''C''$ est la polaire trilinéaire du point $M$ par rapport au triangle $ABC$ et le point $M$ est le pôle trilinéaire de la droite $A''b''C''$ par rapport au triangle $ABC$. Ces noms sont bien mal choisis car cette correspondance point-droite n'est pas une polarité mais ils sont consacrés par l'usage.
    Très amicalement
    Pappus
    Ps
    Je reviendrai encore sur ces homologies un peu plus tard !

    [La case LaTeX. :) AD]11015
    11016
    11017
  • Les homologies de pôle $A$ et d'axe $BC$ forment un groupe isomorphe à $k^{\times}$.


    Pour vérifier que j'ai bien compris ta construction :

    $A'$ est le point d'intersection de $(MA)$ avec $(BC)$ (définition du triangle Cévien de $M$)...
    Ensuite, tu définis $A''$ comme l'intersection $(BC) $ et $(B'C')$.
    Le théorème de Desargues appliqué au triangle $B''C'B$ et $C''B'C$ assure que $A''$ est sur la droite $(B''C'')$
    Ensuite, tu définis $M_a$ comme point d'intersection de $BB''$ et $CC''$.

    C'est bien ça ?

    Maintenant, je ne vois pas pour l'instant la raison pour laquelle $M_a$ est bien celui qu'on veut, je vais continuer à y réfléchir.

    Vincent
  • Quelques remarques encore : la restriction de l'homologie involutive de pôle A et de droite (BC) à la droite (MA) est une homographie involutive de cette droite projective. Cette restriction a évidemment pour point fixe A et A'. Ainsi M_a est la quatrième harmonique par rapport au triplet (A,A',M).

    Je ne sais pas si ca permet d'avancer mais bon...
  • Mon cher Vincent
    Tout ce que tu dis est vrai, le problème étant de voir comment cela s'insère dans la construction de l'orbite.
    Elle est fondée sur une autre construction fondamentale qu'on apprenait de mon temps, (fin des années 40), en Classe de Seconde, à savoir la construction de la polaire d'un point par rapport à deux droites.

    Regarde déjà ce que donne la construction que je propose dans le cas où $M = G$. Est-elle valable, oui ou non?
    Si oui, comment passe -t-on alors de l'orbite de $G$ à celle de l'orbite d'un point quelconque $M$ au moyen du groupe $\Gamma$?

    Enfin, comment prouver ma construction de l'orbite de $M$ en utilisant le repère projectif $\{A, B, C, M\}$ où $M$ est le point-unité de ce repère?
    Très amicalement
    Pappus
  • Bonjour Pappus,

    Dans le cas où $M=G$, les droites (A'B'), (A'C') et (B'C') sont parallèles aux cotés du triangle les points A'',B'' et C'' sont alors envoyés à l'infini
    respectivement dans la direction (BC), (AC) et (AB).

    Ainsi $G_a$ s'obtient comme point d'intersection de la parallèle à (AC) passant par B et de la parallèle à (AB) passant par C. On retrouve bien le quatrième sommet du parallélogramme construit sur $\overrightarrow{AB}$ et $\overrightarrow{AC}$.

    Ensuite, l'orbite de G sous le groupe $\Gamma$ est le plan projectif privé des trois côtes du triangle. Ainsi si M est tel que (A,B,C,M) forme un repère projectif, il existe un unique élément $g$ de $\Gamma$ tel que $g(G) = M$.

    Comme $\Gamma$ est commutatif, l'orbite de $M$ s'obtient alors à partir de celle de $G$ en en prenant l'image par $G$.

    Ensuite, comme la construction de $G_a,G_b, G_c$ se fait à partir d'intersection de droites. Il suffit de regarder les images de ces droites : la droite (AG) devient (AM) (la cévienne de M issue de A)... on retrouve bien la construction que tu proposes... vraiment superbe !

    Vincent
  • Bravo, Vincent, tu as trouvé. Tu viens de voir l'importance de ce groupe $\Gamma$ (et de son sous-groupe $\Gamma'$) dans la géométrie projective du triangle.
    Revenons maintenant sur ce groupe qui opère de façon simplement transitive sur le plan (projectif) privé des 3 sommets $A$, $B$, $C$, partie de ce plan que je note $\Omega$.
    Maintenant, je te donne deux points $P$ et $Q$, situés dans $\Omega$ et j'appelle $f_{PQ}$, l'unique élément de $\Gamma$ tel que $f_{PQ}(P) = Q$.
    Soit $M$ un point du plan, construire ( par exemple avec Cabri) son image $M' = f_{PQ}(M)$ et je veux une construction projective, évidemment, la règle doit suffire!
    Amicalement
    Pappus
    PS
    Hint:
    Penser aux homologies
  • Cher Pappus,

    Je crois que tu n'as pas tout à fait choisi le bon $\Omega$.
    L'ensemble sur lequel $\Gamma$ agit simplement transitivement est le plan projectif privé des 3 droites $(AB)$, $(BC)$ et $(AC)$ et non pas simplement des trois points A,B et C.

    Je vais réfléchir à ta nouvelle question

    Vincent
  • Mon cher Vincent
    Tu as raison.
    Autrement dit à 21H39:52, il est temps pour Pappus d'aller au dodo.
    Merci pour la rectification et pour ce diagnostic qui m'évite de consulter mon thérapeute alexandrin.
    En ce qui concerne mon indication, il suffit de décomposer un élément de $\Gamma$ en produit d'homologies puisqu'on sait construire l'image d'un point dans une homologie.
    Facile à dire mais comment faire concrètement!
    Et brusquement, je pense à la réaction intéressante de Mauricio qui disait que c'était plus facile de travailler dans l'espace vectoriel $\mathbb R^3$ des coordonnées homogènes que dans le plan projectif lui-même.
    Regardons y de plus près.
    Toute matrice diagonale inversible:
    $M = \begin{pmatrix}a&0&0\\0&b&0\\0&0&c \end{pmatrix}$
    se décompose en un produit commutatif de la forme:
    $\begin{pmatrix}a&0&0\\0&b&0\\0&0&c \end{pmatrix}
    =
    \begin{pmatrix}a&0&0\\0&1&0\\0&0&1 \end{pmatrix}.
    \begin{pmatrix}1&0&0\\0&b&0\\0&0&1 \end{pmatrix}.
    \begin{pmatrix}1&0&0\\0&1&0\\0&0&c \end{pmatrix}
    $
    Ca c'est le côté facile dans l'algèbre linéaire, n'est-ce pas, Mauricio?
    Maintenant, chacune des matrices apparaissant dans ce produit correspond par passage au quotient dans le plan projectif à une homologie, voir le Sidler.
    Autrement dit, on a montré que les homologies de $\Gamma$ engendrent $\Gamma$.
    Un agrégatif serait heureux de s'arrêter là, ayant trouvé un système simple de générateurs de ce groupe mais nous, nous faisons de la géométrie et pas seulement de la théorie des groupes pour le simple plaisir de la faire.
    Comment cette décomposition va-t-elle se traduire graphiquement sur l'écran de ton ordinateur avec Cabri?
    Et déjà:
    Première question angoissante, la matrice:
    $\begin{pmatrix}a&0&0\\0&1&0\\0&0&1 \end{pmatrix}$ correspond à quelle homologie? (pôle, axe, coefficient?) J'ai défini ce qu'était le coefficient d'une homologie dans un précédent message et à ce propos,j'ai oublié de te féliciter d'avoir dit que les homologies de même pôle et même axe formaient avec $\mathrm{Id}$ un groupe commutatif isomorphe à $\mathbb K^*$.

    Seconde question angoissante, est-ce que cette décomposition en produit d'homologies est unique? Et sinon quelle est la latitude dans ces différents choix?

    Enfin une fois ce boulot fait, comment traduire toutes ces considérations métaphysiques en braves et honnêtes dessins? C'est à dire pour Cabri par des macros.
    Très amicalement
    Pappus
  • he he he
  • HeO a raison de ricaner, j'avais complètement oublié ce fil là!
    Personne ne veut répondre à cette première question angoissante!
    La matrice:
    $\begin{pmatrix}a&0&0\\0&1&0\\0&0&1 \end{pmatrix}$ correspond à quelle homologie? (pôle, axe, coefficient?)
    Il est vrai que cette matrice est une des plus simples qu'un agrégatif puisse rencontrer mais il ne connait pas la transformation projective associée et pour cause puisque le plan projectif a disparu de nos programmes pour l'éternité!
    Amicalement
    Pappus
  • Bonjour àtous ...
    Pappus , tu nous dit à juste titre que la géométrie projective a disparu de nos programmes...Mais pourtant , on en a besoin dans des tas de domaines à commmencer par la vision par ordinateur et autres gateries du même genre...Et il y a des tas de bouquins nouveaux qui en parlent (Bruno, Perrin bientôt, J_J...) ...Comment concilier ces deux choses??
    Bonne journée.
    Cordialement.
    Jean-Louis.
  • Allez, je me lance ! Je trouve :

    le centre est un des sommets du triangle, plus précisément le point de coordonnées $(1,0,0)$ ; l'axe est la droite d'équation homogène $X = 0$ ; le rapport, j'hésite entre $a$ et $\dfrac 1 a$. Autrement dit, je ne sais pas distinguer entre l'homologie et son inverse.

    N.B. Pour procéder, j'ai d'abord cherché l'axe.

    Bruno
  • Effectivement, Bruno, tout dépend de la définition du birapport ou coefficient de l'homologie (s'il existe!!).
    Je rappelle la définition d'une homologie.
    On appelle homologie une homographie (ou transformation projective) du plan (projectif) qui n'est pas l'application identique et qui possède une droite $\Delta$ de points fixes; cette droite s'appelle l'axe d'homologie.
    Une homographie $f: M \mapsto M' = f(M)$ est une homologie ssi il existe un point $O$ tel que pour tout point $M$ distinct de $O$, la droite $MM'$ passe par $O$; Ce point $O$ est appelé le centre de l'homologie.
    Ce centre $O$ peut appartenir à l'axe $\Delta$, on dit alors que l'homologie est spéciale.
    Dans le cas général où le centre $O$ n'appartient pas à l'axe et si $M$ est distinct de $O$, la droite $OMM'$ coupe l'axe en un point $K$.
    Le birapport $(O, K, M, M')$ comme son inverse $(O, K, M', M)$ sont alors constants et suivant les livres, on adopte l'un ou l'autre scalaire comme définition du coefficient de l'homologie.
    Quelle définition faut-il adopter pour que le coefficient de l'homologie associée à la matrice $\begin{pmatrix}a&0&0\\0&1&0\\0&0&1 \end{pmatrix}$ soit justement $a$?

    Quant à moi, je prétends qu'entre les deux définitions, il y en a une qui est plus naturelle que l'autre!
    En effet, le coefficient de l'homologie, une fois choisie sa définition, ne dépend pas de la carte affine dans laquelle on l'évalue. Dans la carte affine pour laquelle l'axe $\Delta$ est la droite de l'infini, l'homologie se lit comme une homothétie et il est naturel de penser que le coefficient de l'homologie soit le rapport d'homothétie et non son inverse!
    Quelle définition adopter pour que ce soit le cas?
    Amicalement
    Pappus
  • Mon cher Jean-Louis
    Tu as raison.
    C'est une situation absurde.
    On a besoin de la géométrie projective dans la vie de tous les jours.
    Toute l'histoire de la géométrie tourne autour de l'émergence de la géométrie projective à laquelle toutes les autres géométries sont subordonnées.
    Toute l'algèbre linéaire a été créée pour répondre aux besoins de la géométrie projective!
    On se croit les meilleurs des meilleurs mais toute la planète ricane: he, he, he!!
    Amicalement
    Pappus
    PS
    Les auteurs de ces livres sont d'autant plus courageux qu'ils ne sont pas assurés d'avoir un lectorat, vu l'indigence de nos programmes!
  • Ce sont plutôt les éditeurs qui sont courageux... Merci Rached.

    Bruno
  • Oui, grand merci à Rached!
    Where are you, old chap?
    Amicalement
    Pappus
  • file.php?8,file=19015

    La transformation projective $f$ dont $\begin{pmatrix}a&0&0\\0&1&0\\0&0&1 \end{pmatrix}$ est la matrice est une homologie puisque chaque point de la droite $BC$ est fixé et d'autre part son centre est le point $A$. (je pense)
    La figure montre un point $M$ et son image $M' = f(M)$, la droite $AMM'$ coupant la droite $BC$ en un point $K$.
    Les birapports $(A, K, M', M)$ et $(A, K, M, M')$ inverses l'un de l'autre sont donc constants et peuvent être choisis comme coefficient de l'homologie $f$.
    Les coordonnées homogènes de ces 4 points sont:
    $A(1,0,0)$, $K(0,y,z)$, $M(x,y,z)$, $M'(ax,y,z)$.
    Comment maintenant calculer ces birapports?
    Amicalement
    Pappus19015
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