Les mathématiques peuvent-elles modéliser les interactions de la pensée avec l'être ?

Bonjour,
Si le sujet vous branche il vaut mieux que je vous laisse vous en imprègner. Sinon j'aimerais savoir pourquoi.
Cordialement,
J-Y.

Réponses

  • S'en imprégner au pastis.. ?
  • bonjour

    ta question n'a guère de signification:
    on modélise les phénomènes naturels
    ou certains phénomènes humains comme ceux liés à l'activité économique

    mais on comprend mal une modélisation éventuelle
    d'une interaction entre la pensée et l'être
    penses-tu à des modèles psychométriques
    comme il existe des modèles économétriques?

    cordialement
  • Bonjour,
    Lis les bouquins de Penrose, il s'intéresse à une possible modélisation de la conscience.
    Cordialement .
    Jean-Louis.
  • Bonjour,
    Jean-Louis a certainement mieux compris mon message qu'Aleg ou Jean. Je ne vois pas en quoi la pensée ne serait pas aussi un phénomène naturel, pour répondre à Jean. Un paléontologue connu espérait à la radio, que nous en apprendrons plus, à l'avenir, sur l'évolution depuis 15 milliards d'années et je crois connaître un moyen de progresser en ce sens.
    Si l'on admet que la matière en est venue au cours du temps à définir les opérations qu'elle s'est mise à pratiquer en fonction des " parties " qu'elle délimitait aussi en même temps, une étude plus systématique de cette genèse devient possible. Et je suis convaincu que parmis ces opérations plus ou moins primitives, celles dont la fonction, vue de l'extérieur, s'apparente le plus à des identifications ou des perceptions de " soi " de la part de ces parties, même à une échelle minimale et abstraite, jouent le plus grand rôle pour comprendre l'évolution. Jusqu'à donner lieu au phénomène de la conscience, certes, mais en ce qu'il dépend étroitement de la fonction de perception du sens des choses, de soi et des autres, via les sens, l'affectivité et la raison.
    Une étape antérieure à la perception de sens me paraît être celle de l'apparition des formes de mémoire en ce qu'elles organisent des informations dans le temps en venant troubler l'écoulement des phénomènes qui, sinon ne feraient que passer, que couler sur soi sans nous affecter. Avec la mémoire les phénomènes laissent des traces, non seulement durables mais qui peuvent donner lieu à des combinaisons entre elles. Un être interprète la nature comme un instrument de mesure et comme un instrument de musique, en s'efforçant de faire coïncider les deux interprétations par des actes en vue de s'y sentir bien.
    Mais à plus long terme les ancêtres vous lèguent ce qui caractérise votre espèce et vous spécialise dans l'espace du vivant. Ce que nous sommes est aussi une mémoire de la nature en conservant à travers nous des caractéristiques passablement uniques.
    Aussi devrions-nous, suivant un nèologisme, pratiquer la " métabiologie " d'après l'évocation du thème de la métaphysique aussi vieux qu'Aristote mais en un sens renouvelé. Si la métaphysique est " l'étude des conditions du réel ", la métabiologie serait " l'étude des conditions du vivant ".
    Car nous avons les moyens aujourd'hui de mener des études systématiques qui fassent le tri entre des opérations fonctionnelles plus ou moins primitives au sein de la matière. Elles seraient capables d'expliquer l'émergence des mémoires, du sens et de la conscience depuis une soupe de matiére expérimentale. Il suffit d'encadrer ce projet par la physique et peut-être aussi par un principe cognitif-vital qui lui serait consubstanciel. Je crois que cette étude philosophique sera capable de nous permettre d'approfondir les liaisons des mathématiques et de l'informatique avec la biologie et les pratiques réflexives à travers une reconsidération plus pragmatique et empiriste de la métaphysique au sens énoncé plus haut.
    Au plaisir de vous lire.
    J-Y.
  • Je ne sais pas si ça répondra à ta question, mais à l'heure actuelle n'importe quelle modélisation sera soit deterministe (tu perdras ton libre arbitre) soit avec un peu d'aleatoire en plus d'une evolution deterministe (tu perdras ton libre arbitre aussi). Donc soit tu inventes de nouvelles mathématiques, soit tu renonces à ton libre arbitre et cherches une modélisation avec ce qu'on a pour le moment. Mais je suis d'accord que sur le long terme c'est une piste d'une importance fondamentale (et comme l'a dit Jean-Louis, la bonne reference pour commencer c'est les bouquins de Penrose), mais il ne sortira rien d'interessant d'une discussion dans le vague.
  • Bonjour

    Je vais prêcher pour ma paroisse, il y a un nombre assez conséquent de tentatives de modélisations de l'intelligence artificielle mais assez peu se sont intéressées à ce genre d'interactions au sens large. C'est à dire que bien souvent elles se limitent à la théorie de la décision, donc déjà après avoir mis les critères sous forme de données, en général quantitatives.
    Mais certaines théories comme la théorie computationnelle (calculatoire) de la perception de Zadeh (computational theory of perceptions : CTP, car je doute que tu trouves beaucoup de choses en français) cherche à comprendre comment on transforme une perception en données (elle utilise pour cela la théorie des possibilités, la théorie des fonctions de croyances, la théorie des ensembles flous et bien sûr tous les domaines de la "logique floue au sens large" (on dit parfois mathématiques floues)) en utilisant une "sorte de calcul sémantique" qui est entre celui formel et celui numérique (je dois dire que celle-ci me semble assez prometteuse mais c'est vraiment spéculatif).
    Il y a aussi la théorie des probabilités subjectives (assez proche des probabilités floues et en un certain subordonné à une théorie des possibilités) et finalement il y a sémiotique formelle (si vous connaissez les travaux de Peirce en sémiotique, vous pouvez regarder, il y a de nombreuses références sur internet).
    Vous avez aussi une jolie "tentative" d'ontologie formelle de Badiou dans "l'être et l'évènement", puis il essaie de compléter son ontologie avec une sorte de phénoménologie formelle en utilisant la théorie des catégories dans "logique des mondes". C'est plus orienté sur comment on peut modéliser un évènement que comment l'évènement est pensé, mais cela peut répondre à certaines questions sur les interactions entre la pensée et l'être.
    Sinon vous pouvez toujours souffrir avec de nombreux papiers liant la philosophie de Heidegger et la géométrie voire la topologie de "l'être et l'étant", je crois avoir vu une approche de fondement ontique : l'ontologie à travers la quotidienneté à coup d'espaces topologiques, groupes cycliques, de théorie de Kummer et de L-fonctions (rien que ça), c'était strictement incompréhensible (et je me demande même si ce n'était pas un canular) mais si je retrouve par hasard la référence je vous la communiquerai.
  • Heidegger, c'est lui qui a pondu le "dasein" ?
  • Bonjour,
    Je suis ouvert à la discussion même si vous pensez qu'il n'en sortirait rien sans recours à un lourd formalisme. Aussi laissez-moi vous faire part d'une forme d'approndissement suite à la réécoute d'Henri Atlan au colloque "Science et Conscience" de Tsukuba au Japon,qu'avait organisé à l'époque France Culture. Il y parlait d'autoorganisation de la matiére à partir du hasard systématiquement utilisé et du rôle de l'observateur. J'en suis venu à une idée que j'aimerais vous soumettre pour me permettre d'appréhender ce qu'elle vaut :
    Remarque : un esprit attentif ne manquera pas de déceler une question sous-jacente aux mathématiques avec une idée "constructiviste" et pratique sur des " parties " qui s'autoorganisent.

    Sur l'hypothèse des identifications et usages d'identités.

    I) Présentation du cadre de référence :
    Mon hypothèse centrale pour expliquer la formation du vivant, en tant que système basé sur des opérations matérielles, est de saisir ou comprendre l'émergence de "parties" spécialisées au sein d'une activité distribuée au hasard.
    II) Idée A :
    Aussi l'opération qui me parait essentielle, et donc la plus spécifique à la vie, serait dans mon hypothèse l'acquisition et l'usage par ces parties ou composantes de leur identité. Or cette "identité" resulterait primitivement de la délimitation d'un "intérieur" à chaque partie, et donc nécessairement en opposition à un "extérieur" perçu comme tel. Mais ce qui est remarquable dans ce processus est de devoir imaginer que les dites "parties" s'autodéterminent en s'interlimitant l'une par les autres, c'est-à-dire de façon réciproque.
    III) Commentaire de l'idée A:
    Cette faculté serait obtenue comme transformation d'opérations plus primitives d'identification, par le milieu, de ce qui lui est en contact, comme on peut concevoir l'émergence de singularités au sein d'un milieu par exemple. Notamment là où on ne peut pas avoir simplement une chose qui s'oppose à une autre de façon évidente. Or cette question me semble offrir un cadre général idéal aux problèmes de conception de réseaux en nous obligeant à concevoir les rôles de ces identités à un niveau infrasymbolique d'abord, mais réalisant la transition au symbolique. Cette transition nous apprendrait certainement beaucoup sur la conscience. Car la géométrie ou la topologie propres à cette représentation sont affaire d'entraînement de notre esprit.
    IV) Commentaire général :
    Et il me semble que ces mécanismes, bien conçus, pourraient rendre compte de l'évolution qui aboutit à l'être animé et à la conscience à partir de considérations physiques et métaphysiques précisant les conditions concernant le réel.
    En effet la forme la plus intégrée de toute conscience me parait être celle qui tient compte autant de soi comme unité que des autres en tant qu'ensemble d'unités que vous reconnaissez comme des "sois" au même titre que vous, pour concevoir par vous même, de ce tout, l'organisation harmonieuse. Or une transposition de cet état d'esprit à l'activité matérielle émergente me semble très prometteuse. Comme si les expériences de pensée chères à la physique du début du XXème sciècle, où l'on essaye de se figurer soi-même à une autre échelle que celle d'un morne quotidien pouvaient fonder des découvertes scientifiques
    Cordialement.
    Jean-Yves
  • Celà va sans dire mais mieux en le disant :
    L'avantage incomparable qu'apportent les constructions qui tiennent compte de l'identité des choses qui leur servent à construire réside en ce que ces identités peuvent être utilisées en tant qu'étapes ou niveaux de construction à part entière et c'est très important. Elles peuvent alors servir d'intermédiaires de référence pour l'analyse et la synthèse.
    Cordialement.
    Jean-Yves
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