"donc" et "si...alors"

Bonjour à tous,

Le rapport du jury du CAPES 2006 fait remarquer la différence logique entre le symbole => et le mot "donc" sans rentrer dans les détails.
Il me semble que le symbole => qui exprime un "si...alors" n'indique en rien la véracité de la phrase mathématique qui suit, contrairement au mot "donc" qui suit une assertion vraie et qui en déduit une autre assertion vraie.
C'est bien ça ?

Samuel.

Réponses

  • L’implication du si… alors… est une proposition hypothétique, rien n’indique que dans A→B, A soit vraie, ou que B soit vraie.
    La déduction du donc est autre chose, elle permet de déduire B en sachant A et A→B.
    The real danger is not that computers will begin to think like men, but that men will begin to think like computers.
            -- Harris, Sidney J.
  • Merci Nicolas, cela confirme ce que je pensais.

    Samuel.
  • Le "si $A$ alors $B$" est l'énoncé d'une proposition mathématique reliant logiquement l'antécédent $A$ au conséquent $B$, en langage formel $A \Rightarrow B$.

    Le "donc" est une étape d'un raisonnement qui enchaîne les propositions.
    En principe, le "donc" est précédé de deux prémisses, et suivi d'une conclusion : $P$ or $Q$ donc $R$, le plus souvent sous forme du {\it modus ponens} :
    $A \Rightarrow B$ or $A$, donc $B$.

    La proposition $A \Rightarrow B$ est souvent limité à l'énoncé d'un théorème, voire est sous-entendu, ce qui peut être à l'origine d'incompréhension. Voici deux exemples :

    Le triangle $ABC$ est rectangle en $A$ [prémisse $P$] donc, en vertu du théorème de Pythagore [prémisse $Q = (P \Rightarrow R)$] , $BC^2 = AB^2 + AC^2$ [conclusion $R$].

    On a $(a+b)^2 = a^2 + b^2 + 2ab$ et $(a-b)^2 = a^2 + b^2 - 2ab$ [prémisse $P = (P_1 \wedge P_2)$] donc $(a+b)^2 + (a-b)^2 = 2(a^2 + b^2)$ [conclusion $R$]. On a sous-entendu la prémisse $Q = (P_1 \wedge P_2) \Rightarrow R$], c'est-à-dire la règle de calcul bien connue $[(x_1 = y_1) \wedge (x_2 = y_2)] \Rightarrow (x_1 + x_2 = y_1 + y_2)$.
  • La déduction, par un "donc", de la conclusion $R$ à partir des prémisses $Q$ et $R$ se note formellement $(P,Q) \vdash R$, et non $(P \wedge Q) \Rightarrow R$ qui serait une proposition mathématique et non un raisonnement.
  • Bonsoir gb,

    Merci pour toutes ces précisions pertinentes.

    Samuel.
  • C'est la différence entre les deux phrases :
    Les élèves qui travaillent réussiront.

    et

    Les élèves, qui travaillent, réussiront.
  • Bonjour.

    Méfiez vous : "Donc" est un mot du vocabulaire courant, qui a parfois un sens a-logique : "Il risque de pleuvoir, donc je prends mon parapluie".

    Cordialement
  • Merci à Eric Lafosse et à GERARD,
  • "officiellement le statut de ces mots est le suivant:

    le mot "donc" n'est utilisé que dans une démonstration (D)!
    il est précédé d'une liste L de phrases et suivi d'une phrase C.

    la "grosse" phrase obtenue en affirmant que la conjonction des phrases de L entraine C (c'est à dire "si P alors C", avec P conjonction des phrases de L) est une hypothèse TACITE utilisée par la démonstration D.
  • Je ne sache pas que l'utilisation d'hypothèses TACITES soit acceptée en mathématiques.

    Il me semble que la démonstration, "L (liste de propositions) donc C" est équivalente, par le théorème de déduction, à la proposition "si P (conjonction des propositions de L), alors C"
  • j'utilise le mot "tacite" dans le sens "pas écrite en tant que tel". Je te donne un exemple:

    Voici une démonstration que {\it tu es la plus belle du monde}:

    Début:
    L'autre jour je suis allé voir les infiltrés. De plus, aucun nombre réel $x$ ne donne $(-1)$ quand on les multiplie par lui-même. Donc $\forall x,$si $x$ est un nombre réel alors $x^2\neq (-1)$. Ainsi je suis allé voir les infiltrés {\bf et} $\forall x, $si $x$ est un nombre réel alors $x^2\neq (-1)$ {\bf donc} tu es la plus belle du monde
    Fin

    Les hypothèses {\bf explicites} de cette "démonstration" sont:
    1) je suis allé voir les infiltrés
    2) aucun nombre réel $x$ ne donne $(-1)$ quand on les multiplie par lui-même

    Les hypothèses {\bf tacites} de cette "démonstration" sont:
    1) {\bf si} aucun nombre réel $x$ ne donne $(-1)$ quand on les multiplie par lui-même {\bf alors} $\forall x,$ si $x$ est un nombre réel alors $x^2\neq (-1)$
    2) {\bf si} $\forall x,$ si $x$ est un nombre réel alors $x^2\neq (-1)$ {\bf et} je suis allé voir les infiltrés {\bf alors} tu es la plus belle du monde
  • gb écrivait:
    {\it Il me semble que la démonstration, "L (liste de
    propositions) donc C" est équivalente,} {\bf par le
    théorème de déduction}, {\it à la proposition "si P
    (conjonction des propositions de L), alors C"}

    A la rigueur, si toi tu le décides, tu peux voir A donc B comme équivalent à si A alors B, mais aucun théorème sérieux ne serait, à ma connaissance, capable d'affirmer une convention grammaticiale aussi futile que ça...

    En fait, "...A donc B...." a une vocation grammaticale à n'être utilisé que dans une preuve, une démo, un raisonnement, bref.. c'est un enchainement, et pas tout à fait une phrase. De la même manière que dans un graphe, il y a des arêtes et des sommets. Alors que "si A alors B" est une phrase parfaitement claire qui peut être soit vraie soit fausse (et qui, en logique classique veut dire "(nonA) ou B").

    Quand quelqu'un te dit "A donc B" il ne me semble pas qu'il te dit juste une phrase, et encore moins qu'il attaque A.

    Par contre, quand quelqu'un te dit "si A alors B" il {\bf attaque} A

    exemple: si tu avances alors je tire (exemple dû à Jean Coret)
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