lemme de Morse: applications

Y a-t-il des applications simples (exposables en moins de 5 minutes) et intéressantes du lemme de Morse? Les ouvrages que j'ai font souvent référence à celui de Milnor...que je n'ai pas

Réponses

  • L'application la plus simple que je connaisse du lemme de Morse, c'est celle qui permet de dire qu'un courbe F(x)=0, admet un point double ordinaire (c-à-d que son intersection avec un voisinage de x_0 est l'union de deux arcs paramétrés réguliers, de tangentes en x_0 différentes, penser à XY=0) si x_0 est un point critique (dF en x_0 est nulle) de la courbe (F(x_0)=0) non dégénéré (la hessienne de F en x_0 est non dégénérée.).

    Il faut bien comprendre que c'est le deuxième cas le plus simple, le cas où la différentielle étant non nulle étant une application directe du théorème des fonctions implicites (dans ce cas, localement, la courbe est un arc paramétré régulier).

    Ça doit pas tenir en cinq minutes, mais probablement en quinze (oui, c'est une remarque d'agrégatif, je sais). Je crois qu'il y a d'autres applications dans le PGCD de Rouvière, et dans le livre de Calcul Diff de Gonnord & Tosel.
  • Je vais juste faire une remarque sur le lemme de Morse, ou plutôt sur les fonctions qui vérifient l'hypothèse (pas de point critique dégénéré) du lemme de Morse : les fonctions de Morse.

    Pour moi, le principal avantage de cette classe de fonctions est que c'est une classe de fonctions relativement commode : elles ne présentent que des singularités parfaitement comprises (grâce au lemme de Morse !) et pas trop (sur un compact, par exemple, il n'y a qu'un nombre fini de points critiques). C'est ainsi qu'en systèmes dynamiques, par exemple, on comprend plutôt bien les trajectoires du gradient d'une fonction de Morse, et que l'on considère ce cas comme « facile ». Mais, contrairement à ce que cette simplicité pourrait faire croire, il y a beaucoup de fonctions de Morse. En fait, les fonctions de Morse sont génériques. Je crois ne pas dire de bêtise si j'affirme que sur un domaine compact (une sphère, un tore, ou, plus généralement, n'importe quelle variété compacte) elles formement même un ouvert (et pas seulement un G-delta) dense.

    À mon sens, la force du lemme de Morse, c'est donc qu'il donne une forme plutôt commode à utiliser à quasiment toutes les fonctions.

    Après, l'intêret principal de connaître les fonctions de Morse, c'est que cela donne des renseignements très précieux sur la topologie de la variété. On peut par exemple se convaincre (c'est une forme faible d'un théorème de Georges Reeb) qu'une variété compacte admettant une fonction de Morse n'ayant que deux points critiques (qui sont donc le minimum et le maximum) est homéomorphe à la sphère. C'est ce genre de choses que traite « la théorie de Morse », qui est le sujet du fantastique livre de Milnor (quasiment un pléonasme, ça) auquel tu faisais, je crois, allusion. Il y a d'autres applications du lemme de Morse (celle dont je parlais dans le paragraphe précédent, par exemple), mais celle là est, à mon avis, la plus important et la plus profonde (la moins faisable à l'agreg, aussi).
  • Salut E
    Si c'est pour l'agreg, je laisserais tomber cette idée. Est-ce que le lemme de Morse est au programme de Spe ? Est-ce que le prof de Spe lambda sait à quoi il sert ? Est-ce qu'il connaît des généralisations du lemme de Morse ?
    J'ai fait la bêtise d'exposer des choses que les examinateurs ne connaissaient pas et de répondre à des questions dont ils ne connaissaient visiblement pas les réponses, ça m'a valu 5/20, je te déconseille d'en faire autant. Prends le Gourdon et fait le Gourdon (si le lemme de Morse est dans le Gourdon alors ok).
    Sinon le lemme de Morse (à la base) permet de montrer que le flot de gradient à une variété stable de dimension égale au nombre k de v.propres négatives de la Hessienne et de montrer que le passage d'un point critique de Morse correspond en homotopie à l'attachement d'une cellule de dimension k. En fait, il n'est pas nécessaire de connaître le lemme de Morse pour démontrer ce résultat, on peut s'en passer.
    C'est expliqué dans le livre de Milnor qui est un classique pour les gens intéressés par les maths pures (topologie, géométrie algébrique, différentielle).
    A+,
    M.
  • Bonjour Mauricio et les autres aussi,

    en fait le lemme de Morse est considéré par beaucoup d'étudiants (et certains préparateurs aussi) comme un standard de l'agreg, car sa preuve utilise des outils au programme et "tient en quinze minutes". Et c'est aussi un exercice classique (je l'avais fait en licence, mais effectivement sans voir à quoi cela servait). Après, l'autre problème est de trouver des développements intéressants à faire et dans l'esprit du programme (et en géométrie differentielle, Gourdon n'est pas un bon conseil à mon avis !).
  • Morse est dans le Gourdon!!...sans aucun exemple d'application.

    Quant à l'application du style " ça permet d'étudier la position par rapport au plan tangeant" bof...
  • A l'agrég tu peux dire que le lemme de Morse est le point de départ de la théorie de Morse mais que tu n'en sais pas plus, et si tu veux en savoir plus va voir le livre de Demazure ( pas celui d'arithmétique), sinon il parle du lemme de Morse dans Objectif agrég avec une application mais je crois qu'elle n'est pas transcendante...
  • Le lemme de Morse sert à prouver des choses sur les groupes de de Rham, par exemple qu'ils sont de dimension finie pour une variété compacte (voir le livre de C. Godbillon sur la topologie algébrique).
  • Les examinateurs ne posent pas toujours non plus des questions sur des applications d'applications !
    A mon avis le lemme de Morse est un développement classique, il n'est pas sur que le jury pose des questions sur des applications éventuelles. S'il en pose, c'est que le développement aura été bien fait et que les questions deviennent bonus dans la note.
  • Mauricio le lemme de Morse est un classique de l'agrég aussi le risque tu évoques est inexistant.

    Mais je doute très fort que tu aies un 5 à l'agrég parce que tu as exposé quelque chose que les QUATRE examinateurs ne maitrisaient pas.

    Je pencherais plutôt sur une erreur, malheureusement classique, qui consiste à présenter quelque chose hors programme et très difficille alors que ton plan et les réponses aux questions faisaient l'impasse sur des choses classiques : ça a le don d'énerver les examinateurs et ils ont effectivement tendances à saquer dans ce cas.
  • J'ajouterai que les profs de spé lambda qui interviennent dans le jury de l'agrégation sont généralement des profs de MP*, et certainement pas des manchots.
  • Mon avis (ce n'est que le mien et je le partage) est que le lemme de Morse doit absolument figurer dans la leçon sur inversion locale et fonctions implicites.

    Concernant les applications, je crois qu'elles interviennent vraiment à un niveau qui dépasse de très loin le mien (topologie alg et/ou différentielle). Ceci dit, le théorème parle de lui-même: il dit qu'au voisinage d'un point critique pas trop sale, une fonction lisse est égale à son dvlpt de Taylor à l'ordre 2, modulo l'action d'un petit difféomorphisme.

    La démonstration de Gourdon est à mon sens assez lourde, je lui préfère de très loin, en élégance et simplicité, celle qui figure dans le polycopié de Calcul Différentiel de Joseph Le Potier, sans doute dispo à la BU de P6/P7.

    L'idée est d'écrire la formule de Taylor au voisinage du point critique:

    $f(a+x)=f(a)+q_x(x)$ avec $q_x$ reste intégral qui est en fait une forme quadratique.

    Ce qu'on veut, c'est écrire $q_x=q_0\circ \beta$, avec $q_0=H_a f$ hessien de $f$ en $a$, et $\beta$ petit difféomorphisme.

    Il reste (ok c'est un peu gonflé...) à définir une bonne fonction sur de bons espaces, s'assurer qu'ellle vérifie les hypothèses du TFI (c'est essentiellement un lemme d'algèbre linéaire), exhiber la fonction implicite, et appliquer le théorème d'inversion locale pour affirmer qu'elle en fait un difféo.


    Bonne journée.

    NN
  • Salut!

    Si tu veux des applications du lemme de Morse, tu peux aller voir dans Rouvière "Petit guide du calcul différentiel", il doit y avoir des choses intéressantes sans monter dans les hautes sphères des variétés entre autre...
    Le fait de pouvoir étudier la position d'une surface par rapport au plan tangent est une bonne chose, et il vaut mieux de toute façon rester dans des applications géométriques. Il est aussi bon de donner une surface implicite ne satisfaisant pas au lemme de Morse, et de voir qu'elle constitue un contre-exemple pour la position du plan tangent (point type "selle de singe", ou "selle multiple").
  • Bonjour,

    Désolé de sortir largement du sujet, mais je suis un peu surpris par la remarque de Mauricio sur le jury de l'agreg.

    Je pensais que c'était plutot l'inverse : présenter des résultats intéressants que le jury ne connait pas et réussir à répondre aux questions était valorisant.

    Mauricio, as-tu eu accès au compte rendu de ton oral pour savoir ce qui t'avait été spécifiquement reproché ?
  • Pour e=mc3, voici le démo du lemme de Morse telle qu'elle figure (à quelques mots près) dans le poly de J. Le Potier. Il faut compléter quelques trous, mais les idées essentielles y sont.
    Evidemment, ça ne fait pas partie de la bibliothèque de l'agreg... J'espère quand même que ça t'intéressera (et que tu conviendras que c'est beaucoup plus raffiné que ce que fait Gourdon).


    NN
  • merci NN
  • Kilebo: je n'avais pas vu ton message. Je ne sais pas effectivement pas quelles sont les choses classiques, par exemple je n'aurais jamais imagine que le lemme de Morse faisait partie des choses classiques.
    Si tu veux des details: le jury m'a dit la forme de Jordan ca ne sert a rien (grosso-modo) comme je suis un fan de la forme normale de Jordan, j'ai reagi en disant que par exemple pour les orbites coadjointes des algebres de Lie, c'etait bien utile. Mes examinateurs m'ont demande ce que je savais des orbites ajointes dans GL(n,C), je leur ai donne la liste des codimensions et les transversales correspondantes. Pour les petites codimensions, j'ai donne le type analytique des varietes correspondantes. Je ne pense pas que le jury aurait pu donner un reponse aussi detaillee.
    Ce que je trouve honteux dans tout ca, c'est l'absence de trace.En allemagne par exemple, tout oral donne lieu a un Protokoll, si le jury depasse ces droits, on peut le remettre a sa place et les examinateurs risquent de serieux problemes.
    Enfin bonne chance pour le lemme de Morse. Ma demonstration preferee est celle qui passe par Nakayama que tu trouves dans le livre de Arnold Singularites des applications differentiables vol. I.
    M.

  • Le lemme de Morse est utilise pour determiner le type topologique d'une variete: on la stratifie a l'aide des ensembles de niveau $\{ f \leq m \}$, o\`u $f$ est la fonction de Morse et $m$ un r\'eel.

    On peut montrer que lorsque la th\'eorie s'applique, les ensembles de niveau sont constants entre deux valeurs critiques, et a chaque valeur critique on ajoute une cellule de dimension une de moins.

    En geometrie algebrique complexe (mais pas seulement, cf les travaux qui ont mene a la preuve des conjectures de Weil), cela permet d'etudier la topologie d'une fibration de Lefschetz, c'est a dire une application propre $\phi: X \rightarrow \Delta$, o\`u $\Delta$ est le disque unite du plan, et $\phi$ est une submersion en tout point sauf en un point au dessus de 0, qui determine une singularite ordinaire de la fibre en 0. Dit plus prosaiquement $\phi$ determine une famille de varietes, lisses au dessus de $t \in \Delta^*$, et singuliere en un point oridinaire pour $\phi^{-1} (0)$. En fait $\phi$ est ce qu'on appelle en geometrie differentielle une fonction de Morse.

    Maintenant la theorie de Morse permet de dire que $X$ a la type topologique d'une fibre lisse (en n'importe quel point de $t \in \Delta^*$ cela n'a pas d'importance) avec une boule qui y est collee dessus le long d'une sphere dite &quotevanescente": en effet quand $t \rightarrow 0$ cette sphere a tendance a se contracter sur un point du au fait qu'une singularite se cr\'ee.
    Ceci permet de montrer que les groupes d'homologie de la fibre lisse ne sont pas differents des groupes d'homologie de l'espace ambient, {\bf{sauf}} en un certain degre (qui correspond a la dimension complexe de la fibre). Ceci correspond a l'existence d'une action non triviale de monodromie sur la fibre, mais la ce n'est pas la theorie de Morse qui suffit a l'expliquer.

    Bon tout ca pour dire que tu devrais a mon sens te contenter de leur montrer l'exemple tres classique de la bouee munie de la fonction hauteur (un dessin est disponible en principe dans tout livre traitant de theorie de Morse).
  • Falbala, c'est vrai c'est une application evidente (ainsi que la formule de Picard-Lefschetz correspondante) mais c'est le lemme de Morse complexe qu'il faut utiliser (c'est marrant je suis justement en train de coller des boules a des varietes!).
    Sinon, je persiste a penser qu'il ne faut ni plus ni moins pour se faire descendre par le jury. Idem pour l'exemple du tore dont le flot de gradient n'est pas generique et pour lequel le complexe de Morse n'est pas defini. Terrain dangereux a mon avis mais je peux me tromper.
    A+,
    M.
  • Bonjour,

    Euh... écrivait:
    > L'application la plus simple que je connaisse du
    > lemme de Morse, c'est celle qui permet de dire
    > qu'un courbe F(x)=0, admet un point double
    > ordinaire (c-à-d que son intersection avec un
    > voisinage de x_0 est l'union de deux arcs
    > paramétrés réguliers, de tangentes en x_0
    > différentes, penser à XY=0) si x_0 est un point
    > critique (dF en x_0 est nulle) de la courbe
    > (F(x_0)=0) non dégénéré (la hessienne de F en x_0
    > est non dégénérée.).
    >
    > Il faut bien comprendre que c'est le deuxième cas
    > le plus simple, le cas où la différentielle étant
    > non nulle étant une application directe du
    > théorème des fonctions implicites (dans ce cas,
    > localement, la courbe est un arc paramétré
    > régulier).


    Quelqu'un connait-il une référence pour ce résultat?

    Merci d'avance.
  • Bonne nuit,

    Dans le livre de Arnold & C° (Mir éd.) cité par mauricio je n'ai pas trouvé de démonstration du th. de Morse: il est renvoyé à Milnor; et Nakayama n'est ni dans la bibliographie ni dans l'index. ::o

    Bien cordialement.
  • Je ne sais pas si on peut parler d'application à proprement parler, mais à mon goût une chose intéressante à dire en illustration du lemme de Morse, c'est que ça justifie plus ou moins les "courbes de niveau" en dimension 2 qu'on dessine un peu toujours à l'arrache : autour d'un point critique, localement et à difféo. près, c'est des cercles ou des hyperboles. Non ?
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