[HorsMath] Esprit matheux
Qu'est-ce qu'un "esprit matheux"? C'est une question que je me pose depuis quelque temps....
Les mathématiciens ont-ils une vision bien à eux de la vie? Des traits de caractères communs et récurrents (sans jeu de mots...)?
On dit souvent des littéraires qu'ils sont rêveurs, sensibles, sentimentaux...Les matheux seraient-ils, eux, des gens nécessairement rigoureux, rationnels (en toute circonstance!), méthodiques, ordonnés.
Existe-t-il réellement une vision mathématique des choses et de la vie en général? L'exemple connu de Descartes, qui aurait eu l'intuition géniale des systèmes de coordonnées cartésiennes en observant une mouche voler sur les carreaux d'un fenêtre, me pousserait à répondre oui dans certains cas!
Qu'en pensez-vous?
Les mathématiciens ont-ils une vision bien à eux de la vie? Des traits de caractères communs et récurrents (sans jeu de mots...)?
On dit souvent des littéraires qu'ils sont rêveurs, sensibles, sentimentaux...Les matheux seraient-ils, eux, des gens nécessairement rigoureux, rationnels (en toute circonstance!), méthodiques, ordonnés.
Existe-t-il réellement une vision mathématique des choses et de la vie en général? L'exemple connu de Descartes, qui aurait eu l'intuition géniale des systèmes de coordonnées cartésiennes en observant une mouche voler sur les carreaux d'un fenêtre, me pousserait à répondre oui dans certains cas!
Qu'en pensez-vous?
Réponses
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En tout cas les matheux ne sont pas fermés. La preuve, prenons une suite de matheux... désolé, fatigue, tout ça.
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"Ordonnés"? Si vous voyiez l'état de mon appartement, un mois après le départ en vacances de ma femme. J'évolue dans une porcherie. Comme elle revient dans quelques jours, j'envisage d'y aller au karcher (mais c'est pas évident au 3ème étage).
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Au cours d'une discussion (1987) entre matheux et non matheux, une didacticienne, répondant à une question, disait en substance :
"Les matheux sont des gens qui sont capables de manipuler (intellectuellement) de nombreuses idées de façon quasi simultanée. C'est pour cette raison que lors de discussions professionnelles informelles, vous voyez les participants interrompre l'orateur par des questions de le forme : Si tu dis, cela, alors cela signifie que..."
Bref ils sont capables de suivre le discours de l'autre tout en anticipant.
Je ne sais pas si ma traduction est très claire, mais il me semble que s'il y a une "bosse des mathématiques", c'est en partie dans de domaine qu'elle semble se manifester.
Bruno -
En tout cas il ne faut pas prendre les mathématiciens en général pour des gens taciturnes et monomaniaques... Jette un coup d'œil à
<http://www-groups.dcs.st-and.ac.uk/~history/BiogIndex.html>
pour des bios de matheux. Tu verras que l'on passe du dépressif Cantor au schizophrène Nash en passant par le politique Fourier ou le jovial Erdös. En fait, les mathématiciens n'ont qu'une chose en commun : leur passion. (cette opinion n'engage que moi...). Je remarque quand même que la plupart des grands ont étés très précoces (voir la bio de Von Newmann ou Evariste Galois). -
bonjour
il n'existe pas de vision mathématique des choses et de la vie en général
et les matheux (prof ou chercheurs) ne constituent pas un groupe homogène en terme intellectuel ou culturel (par exemple les idées religieuses ou politiques sont très partagées)
les matheux seraient-ils rigoureux, rationnels, méthodiques, ordonnés?
oui dans leur discipline, c'est presque une exigence mais en dehors de leur discipline pas toujours
la mathématique encourage l'esprit d'analyse et de synthèse mais c'est vrai pour les autres sciences également (sciences physiques et sciences sociales)
la mathématique encourage l'intuition (Poincaré a insisté sur ce point) et c'est peut-être une caractéristique commune; et effectivement chez les matheux on constate d'après les psychologues une densité assez forte d'imaginatifs désintéressés,
mais cela ne suffit pas à dessiner un esprit mathématique qui serait unique et aurait vocation à s'appliquer à tous les domaines de la vie
cordialement -
Je rebondis sur vos remarques.
Il m'a toujours semblé abusif et souvent inexact d'opposer l'esprit "matheux" à l'esprit "littéraire". Je pense qu'on conviendra que les deux ne sont en rien inconciliables pour de nombreux individus. On peut pencher davantage d'un coté que de l'autre.
La pensée littéraire necessite parfois une rigueur insoupçonnée pour exprimer ses finesses dans une cohérence d'ensemble.
L'esprit mathématique fait souvent preuve d'une créativité toute étonnante. Les maths ne sont pas que de la méthode, de la rigueur, et de la technique. Il faut aussi de l'imagination pour se sortir de nombreuses situations.
Arretons les préjugés ! -
La traditionnelle dichotomie matheux/littéraires ne me parait pas pertinente: les matheux sont souvent imaginatifs et idéalistes, et les littéraires peuvent être rigoureux et rationnels, c'était le cas de ma prof de français et latin au lycée.
Et comme RAJ, je ne suis pas franchement ordonné: quand j'ai le courage de faire du rangement dans mon bureau, le bazar y est de retour en moins d'une semaine. Je n'ai jamais constaté d'exception, mais si quelqu'un a une démonstration, je suis preneur... -
Bonjour,
Pour rebondir sur les propos de Okay et Sylvain, une petite anecdote :
Une amie polonaise qui parle couramment le Français, l'Anglais, l'Allemand et le Polonais m'a dit que la pratique des mathématiques (elle n'est pas mathématicienne du tout mais elle en aimait bien ça dans les études) l'avait beaucoup aidé pour apprendre les langues. Elle entendait par là que les langues comme les raisonnements mathématiques suivent certaines règles, une certaine "logique" et que maîtriser un peu les méthodes de raisonnements en maths lui avait permis de savoir que telle formulation dans une langue était fausse parce que telle autre était juste. Bon, elle expliquerait ça mieux que moi mais ça m'avait conforté dans l'idée que la barrière "lettres / maths" n'existe pas vraiment. On peut aussi voir des similitudes entre la philo et les maths, je pense.
Pour en revenir à la question initiale (et aux caractéristiques des littéraires et des matheux), il s'agit surtout de généralités qu'il faut s'efforcer de faire tomber, je pense. De même qu'un mec peut aimer les fringues et une fille la bière (comme l'a écrit cet après-midi un copain sur un autre forum), des matheux peuvent être très peu rigoureux dans leurs raisonnements autres que mathématiques et des littéraires des gens très peu "poétique" dans la vie quotidienne.
michaël. -
Bonjour,
Lors de recherches bibliographique j'était tombé sur un article de psychologie qui proposait la théorie suivante, en gros et de mémoire:
On sait que la plupart des grands mathématiciens ont eu des difficultés lors de l'apprentissage de la lecture, une grande partie d'entre eux étant même dyslexique. Ceci révélerait un antagonisme entre compétences littéraires et mathématiques. Or les fonctions mathématiques et littéraires sont contenues dans des hémisphères distincts du cerveau.
Une certaine hormone (dont j'ai oublié le nom) sécrétée durant la grossesse, peut endommager l'hémisphère "littéraire" du cerveau et laisser intacte l'autre.
Il est prouvé que lorsque des zones du cerveau sont endommagées les fonctions qu'elles remplissaient sont "réaffectées" vers d'autres zones. Ainsi l'hémisphère "matheux" se retrouve plus sollicité, pour compenser les déficiences de l'autre hémisphère. Il est donc plus entraîné, plus "musclé", d'où des performances mathématiques supérieures à la moyenne.
Le cas extrême serait ainsi ces "idiots savants" autistes présentant des aptitudes stupéfiantes au calcul mental. On sait également que le cerveau d'Einstein était en partie atrophié.
CQFD
Qu'est que vous en pensez? -
Ce que j'en pense ? Que ça me parait bien simpliste, et qu'on ne peut sûrement pas résumer le fonctionnement de cet organe extraordinairement complexe et fascinant qu'est le cerveau de la sorte. D'autant plus qu'il me parait difficile de faire des maths sans avoir recours à l'expression écrite, et donc à la lecture. Signalons en outre que des mathématiciens peuvent s'exprimer avec style et clarté, et que nombre de dyslexiques ne sont pas de bons mathématiciens. On peut bien sûr arguer que la géométrie nécessite un sens visuel et spatial développé, ce qui n'est peut-être pas le cas de la lecture, mais encore faut-il être en mesure de comprendre un énoncé pour résoudre un problème donné.
Par ailleurs, je trouve que la grammaire à un côté logique certain, ce qui tendrait à montrer que les aptitudes littéraires et mathématiques ne sont pas aussi dissociées que d'aucuns voudraient nous le faire croire, même si je connais des gens (mon père par exemple) excellents en grammaire mais nuls en maths.
Et que penser de gens cultivés, bons en lettres ET en calcul mental mais pas en géométrie par exemple ? Ainsi en est-il de notre ami Bertrand Renard, que les téléspectateurs fans des chiffres et des lettres, dont je suis, connaissent bien, et qui avoua un jour ne pas trop savoir ce qu'est un triangle isocèle. Comme quoi le problème est loin d'être simple. -
Sylvain,
Je suis bien d'accord pour le côté "simpliste" de cette explication. J'ai un peu l'impression qu'il existe un courant de la psychologie, très présent dans la presse (cf. Cerveau & Psycho) qui tend à réduire les comportements humains à des équations de chimie. Cette approche est évidemment réductrice et est parfois assez inquiétante (on prétend avoir trouvé le gène de l'obésité, de la violence, la molécule de l'homosexualité etc.) mais on ne peut en tout cas tout rejeter en bloc.
Pour l'antragonisme entre facultés scientifiques et littéraires, en me basant sur mon expérience personnelle où j'ai pu cotoyer de nombreux chercheurs et enseignant de disciplines variées, je suis frappé par l'incapacité à s'exprimer de nombreux scientifiques - surtout les informaticiens et les mathématiciens -, même de ceux dont c'est le métier comme les enseignant-chercheurs. Cependant les mathématiques et l'informatiques sont un langage comme les autres, non?
De mon côté j'ai remarqué que lorsque je passais beaucoup de temps à programmer ou à résoudre des équations les mots me venaient plus difficilement au bout de quelques semaines. En en parlant j'ai découverts que certains de mes amis étaient sujets aux mêmes troubles... Et vous?
Peut-être est-ce du au fait que le temps passé à faire des maths n'est pas passé à parler ou à lire. De même on peut se demander si le système éducatif ne provoque pas cet antagonisme. En effet, dans l'enseignement supérieur scientifique, y compris dans les plus grandes écoles, la pratique des disciplines scientifiques est négligée voir inexistante. Ce qui donne au final des chercheur et ingénieur complètement incultes ( j'en fait parti) sauf s'ils ont le goût de lire... -
Salut,
El tyrano, tu termines en disant que "En effet, dans l'enseignement supérieur scientifique, y compris dans les plus grandes écoles, la pratique des disciplines scientifiques est négligée voir inexistante. Ce qui donne au final des chercheur et ingénieur complètement incultes ( j'en fait parti) sauf s'ils ont le goût de lire...".
Déjà, j'imagine que tu voulais dire que la pratique des disciplines non-scientifiques est négligée voire inexistante.
Ensuite, tu dis qu'au final, cela donne des chercheurs ou des ingénieurs incultes. Peut-être incultes en ce qui concerne la littérature, le théâtre ou la poésie. Mais la culture ne s'arrête pas aux lettres (ni aux arts plastiques). C'est une image très "populaire" (au sens péjoratif du terme) de la culture. Mais même en acceptant cette réduction (i.e. la culture c'est ce qui concerne l'art au sens très moderne du terme, et l'Histoire (des civilisations, des peuples, des pays), la musique (par exemple) en fait partie. Et dans ce cas la lecture est plus ou moins dispensable je pense.
Aussi pourrions-nous voir ça dans l'autre sens et dire que les formations littéraires forment des gens incultes en science, voire en histoire des sciences (sauf s'ils s'y intéressent), ce qui fait partie intégrante de la culture à mon avis.
michaël. -
Michael,
Je me suis mal exprimé. Tout ce que je voulais dire c'est que le système d'enseignement (en tout cas en France) fait que les disciplines littéraires et scientifiques sont cloisonnées. Ce qui donne des ingénieurs incultes en matière littéraire, et des littéraires incultes en matière scientifique. Pire, j'ai parfois l'impression que certain mettent un point d'honneur à mépriser l'autre bord. On en revient au problème de l'antagonisme entre ces deux versants de la culture. Je ne voulais pas dire que la culture scientifique n'était pas une vrai culture. Sur ce point je suis tout à fait d'accord avec toi. -
Bonjour ,
Tiens au fait, pourquoi quand on parle d'intellectuels, dans les médias français, il s'agit quasi toujours de littéraires ???
Bonne journée.
Jean-Louis. -
OK, El tyrano, merci pour ces précisions. Même si je ne suis pas certain que cette inculture soit si fréquente que ça (pour les scientifiques envers les lettres, pour l'autre "sens", j'ai moins d'expérience, donc difficile de me prononcer).
m.
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Bonjour!
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