Tribune Maths&Sciences

kalimoulox

Publiée dans La Recherche, signée par de nombreux acteurs institutionnels et assiociatifs

Une nouvelle tribune, très critique quant aux conséquences de la réforme du lycée sur l'enseignement en général et sur celui des mathématiques en particulier

https://www.larecherche.fr/tribune/réforme-du-lycée-général-petites-failles-ou-grandes-fractures

zeitnot

Ces nombreux acteurs .... ils étaient où au départ de ce fiasco ? Tout était largement prévisible, je n'ai vraiment pas entendu grand monde pour mettre en garde de la catastrophe annoncée. Le mal est fait, il est trop tard pour se réveiller.

Foys

En 2019, avant la réforme, les filles constituent 47,5% des effectifs en sciences. Ce taux avait crû en moyenne de 0,3 point par an depuis 25 ans. Et depuis? La chute massive des effectifs en sciences est doublée d’une fracture entre les garçons, dont les effectifs chutent de 20%, et les filles, dont les effectifs chutent de 28%. Pour les élèves scientifiques qui suivent au moins 6 heures de mathématiques, la fracture est plus grave encore: -37% pour les garçons et -61% pour les filles! Celles-ci ne représentent plus que 36,5% des effectifs, soit une proportion équivalente à celle du début des années 60. La science, ce n’est pas pour les filles…

Choix des maths et des options: de nouveaux marqueurs sociaux

Le choix des mathématiques est devenu un marqueur social fort, alors qu’avant la réforme, tous les élèves des séries S et ES en suivaient au moins 4h par semaine. Aujourd’hui, près de deux élèves sur trois d’origine très favorisée suivent cette spécialité en terminale, contre moins de la moitié pour les élèves d’origine défavorisée. L’option mathématiques expertes [réservée aux élèves de terminale qui conservent la spécialité maths] est privilégiée par les garçons d’origine sociale très favorisée (28%), et délaissée par les filles d’origine sociale défavorisée (4%).

Ces propos sont deux extraits de ladite tribune. Les "nombreux acteurs institutionnels et associatifs" qui l'ont rédigée feraient mieux de se préoccuper de l'enseignement des mathématiques (de sa réintroduction à l'école et au lycée notamment).

kalimoulox

Quel accueil chaleureux, quelle solidarité. Cela fait chaud au cœur !

Mathurin

Les solutions envisagées par les auteurs de cette tribune :

- rééquilibrer le tronc commun en faveur des sciences
- passer à 3 spécialités en terminale

ne me paraissent pas viables à l'heure actuelle.

La majorité des élèves est trop ignare en maths, pour qu'on puisse envisager en mettre dans le tronc commun (trop de décalage de niveau avec les élèves "plus avancés").
Une troisième spécialité en terminale, réduirait l'horaire des deux autres pour garder des emplois du temps acceptables.

Une première solution serait bien sûr de revenir totalement sur cette réforme et de rétablir des sections. Cette réforme a été pensée par des gens de sciences po, gens particulièrement incultes et ignares, qui ont voulu modeler le lycée à leur image. C'est une école où les élèves ne sont pas formés à réfléchir par eux-mêmes, mais à répéter une bouillie, véritable doxa pour perroquets savants. Leur insuffisance mathématique les rend de plus inapte à tout emploi managérial un peu opérationnel.

 
En deuxième choix, à court terme (compte tenu de l'état de l'école et du collège), je préconise plutôt :

- la création d'une spécialité "mathématiques allégées" (ou "appliquées") en parallèle de la spécialité "mathématiques fondamentales", en première et en terminale

- la création d'une option "SVT complémentaires", pour permettre à ceux qui veulent devenir ingénieurs agros de la retenir en gardant en terminale les deux spécialités  "maths fondas" et "SPC".

Mais le véritable enjeu c'est l'enseignement des maths et de la syntaxe à l'école et cela passe avant tout par une remise en cause de nos lubies pédagogiques. (En faveur du travail, de la discipline et de l'enseignement explicite). Les évolutions sociétales et technologiques ont bon dos ; elles existent aussi ailleurs en Europe où on n'assiste pas à un tel effondrement. Cela suppose aussi une remise à niveau lourde des professeurs des écoles.
Enfin en matière de didactique, les ouvrages du GRIP sont très bien faits.

Héhéhé

zeitnot a dit :

Ces nombreux acteurs .... ils étaient où au départ de ce fiasco ? Tout était largement prévisible, je n'ai vraiment pas entendu grand monde pour mettre en garde de la catastrophe annoncée. Le mal est fait, il est trop tard pour se réveiller.

N'importe quoi, il y a eu énormément de monde qui a soulevé a priori les effets délétères de la réforme, qui ce sont révélés vrais par la suite.

Vassillia

Bonjour
Merci Foys pour ce morceau choisi mais ce n'est pas forcément incompatible, il parait que les femmes sont plus multi-taches donc cela tombe bien
Blague à part, il y a la plupart des associations connues dans les signataires de la tribune, on peut espérer qu'elles aient un peu de poids pour les choix politiques futurs. En tout cas, elles sont plus représentatives de la communauté des mathématicien.ne.s que ce forum, donc je trouve très rassurant que ce sujet les préoccupe. Moment de joie et bienvenue à kalimoulox, je sais pour l'ambiance, mais on s'habitue, tu verras...

lourrran

La réforme avait certainement plein de défauts. 
Cette tribune en a au moins autant.

kalimoulox

Certainement, chacun peut se faire son avis :-)
En tout cas les conséquences de cette tribune seront on l'espère bien moindres que celle de la réforme.
La seule question qui vaille est : que fait-on avec nos étudiants qui se destinent à devenir ingénieurs et qui galèrent à additionner des fractions ?

[Utilisateur supprimé]

kalimoulox a dit :

La seule question qui vaille est : que fait-on avec nos étudiants qui se destinent à devenir ingénieurs et qui galèrent à additionner des fractions ?

À tout hasard… on les fait additionner des fractions ?

lourrran

La seule question qui vaille est : que fait-on avec nos étudiants qui se destinent à devenir ingénieurs et qui galèrent à additionner des fractions ?

On est bien d'accord que la réforme du bac n'est absolument pas à l'origine de ce problème ? 
Je compatis avec tous les profs qui doivent faire comme si tout allait bien.
Effectivement, pour un prof de supérieur, la seule question qui vaille est celle que tu soulèves.
Pour un observateur extérieur, la seule question qui vaille est encore différente. Pour tous les gamins qui ont aujourd'hui entre 10 et 25 ans, on a raté notre mission. Que fait-on pour que les suivants aient un enseignement correct ?

Vassillia

@dp J'avoue, j'ai rigolé (un peu jaune quand même) mais oui, ça se défend sauf que du coup, je suis mal partie pour finir mon programme si je dois partir d'additionner les fractions

[Utilisateur supprimé]

@Vassillia dans mon université on avait WIMS sur lequel les enseignants mettaient des exos simples dans ce genre (par exemple des opérations sur les matrices, des calculs de dérivées, d’intégrales…) à faire en dehors des cours. Pour motiver un peu les troupes, c’était noté et ça comptait pour 10% de la note finale de l’UE en fin de semestre.

Sylvain

Ce qui est déplorable c'est cette obsession à perpétuer un système socio-économique intrinsèquement aberrant et délétère, ce que Grothendieck avait compris il y a un demi-siècle...