Argument diagonal de Cantor
Bonsoir,
classiquement, on présente l'argument de Cantor en numérotant les réels entre 0 et 1 et en numérotant leurs décimales. (On sait qu'historiquement, ce n'était pas tout à fait ça mais ce n'est pas mon propos.)
Un collègue a émis l'objection suivante: ok le réel "diagonal" n'était pas numéroté mais qu'est-ce qui me dit que l'ensemble des réels non-numérotés n'est pas dénombrable? qu'est-ce qui permet par le seul argument diagonal de montrer que [0;1[ n'est pas dénombrable?Merci de m'avoir lu, je me plonge dans l'immense livre de Mrs Cori et Lascar pour essayer d'attrapper l'argument que je cherche,
F.D.
PS: que je ne m'habitue pas au nouveau forum et combien mon ancien avatar me manque :-(
Réponses
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Il n'y a pas besoin de montrer que l'ensemble des réels non numérotés est indénombrable pour faire marcher l'argument diagonal de Cantor.Il suffit de montrer que cet ensemble est non vide.
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François14 a dit :qu'est-ce qui permet par le seul argument diagonal de montrer que [0;1[ n'est pas dénombrable?
C'est tout, nul besoin de se demander s'il y a une infinité non dénombrable de réels qui ne sont pas dans la liste car on a déjà obtenu une contradiction. -
L'argument diagonal fonctionne de par sa généralité. Quelle que soit l'énumération (dénombrable) de $[0, 1]$, celle-ci est incomplète. Ainsi il n'existe aucune surjection de $\mathbb N \to [0, 1]$. A fortiori l'ensemble des réels qui manquent dans une telle énumération est non dénombrable (sinon $[0, 1]$ serait dénombrable), mais on ne le prouve pas au cas par cas, c'est une conséquence de l'argument général.
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Merci de vos éclaircissements,amicalement,F.D.
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Bonjour
Ce que je ne comprends pas, c'est comment on peut définir la diagonale : elle suppose en effet une bijection entre les lignes et les colonnes, bijection inexistante.Parler d'une "diagonale" c'est un peu comme le paradoxe de Russell.Qu'est-ce qui empêche de conclure à l'inexistence de la diagonale plutôt qu'à l'inexistence de la liste ? -
En supposant par l'absurde l'existence de la liste, il y a bijection entre les lignes et les colonnes.
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L'argument diagonal est extrêmement simple et ne suppose quasiment rien. Soit $P$ un énoncé (formule sans variable libre) et $R(\_ ,\_)$ une relation (propriété à deux arguments). Soit $u$ un objet tel que $\forall x, R (x,u) \Leftrightarrow (R (x,x) \Rightarrow P)$. Alors on peut en déduire $P$, en effet en particularisant l'énoncé précédent à $u$ on a $R(u,u) \Leftrightarrow (R(u,u) \Rightarrow P)$ (*). Supposons $(R(u,u))$. Alors $R(u,u) \Rightarrow P$ puis $P$. Donc $(R(u,u) \Rightarrow P)$. Donc (*) $R(u,u)$. Et comme $(R(u,u) \Rightarrow P)$, on a $P$.Exemples: $P:=\perp$ et $R:= x,y \mapsto x\in y$ (Russel)$P:=\perp$ et $R:= x,y \mapsto$ "le villageois $y$ rase le villageois $x$" ("Paradoxe du barbier"). Etc.Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
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