Correction évaluation

Bonjour,

j'ai deux classes de seconde de niveau très faible.
Je corrige leur évaluation et c'est très mauvais.
Je les évaluais sur les développements, factorisations, coordonnées de vecteurs, et les fonctions (lecture graphique et tracés).
Peu de notions sont acquises.

Je ne sais trop comment corriger ce devoir. D'ordinaire, je distribue un corrigé mais je sais qu'ils ne le lisent pas.

Je pensais les faire corriger ce devoir par groupes de trois élèves de même niveau.
Pour certains cela sera profitable ( peut être), pour d'autres non car ils ne savent pas faire une distributivité simple et ne maîtrisent par les opérations.
Qu'en pensez vous?

Merci.

Réponses

  • Que penses-tu d'un travail sur l'analyse de l'erreur ? J'imagine que tu as eu droit à des 2x+1=3x et ce genre de choses...
  • Difficile de savoir quoi faire.
    Les « corrections de contrôle » ne sont jamais bien suivies.

    Je suis sûr qu’ils ne savent pas justifier que quels que soient $x$ et $y$, $2x+4+5y+3x+y+5=5x+6y+9$

    Ça se fait sans distributivité.

    Moi, je proposerais cela d’abord, que cela.
    « Qui sait démontrer cette assertion ? ».

    Les admis étant :
    Quels que soient $a$, $b$ et $c$
    $a+b=b+a$ et idem avec $\times$
    $a+(b+c)=(a+b)+c$ et idem...
    La définition de la multiplication par un entier ($3a=a+a+a$)
    La « définition des entiers » ($4=1+1+1+1$)

    C’est très simple. La base. Pas davantage.
    Ne plus faire d’erreurs sur ce truc rudimentaire mais non acquis.
  • Il faut en effet qu'ils analysent leurs erreurs mais comme ils sont 32, il va ma falloir faire une grille de travail presque individuelle.
    Je fais déjà 1 heure de soutien par semaine à des élèves (pas forcément les miens ) où on revoit les bases du calcul littéral.Et je vois que cela ne les aide pas vraiment.
  • C’est le vrai problème.
    Le nombre.
    Puis la disponibilité de chacun au moment M.
    C’est dans ces conditions que le « une erreur ==> 0/20 » peut porter ses fruits.
    Mais quand je dis « peut » c’est bien l’un des problèmes aussi.
    C’est décourageant car ce ne peut pas être pris comme un challenge mais c’est interprété comme une sanction (normal !).

    Rédiger la preuve point par point en indiquant à chaque fois le théorème utilisé, c’est ça l’idéal.

    Enfin, on ne peut même pas leur jeter la pierre, beaucoup n’ont vu que très très peu de calcul littéral en 3e.

    Une piste, mais c’est chronophage et ça demande une charge mentale : proposer des interros très courtes et quand ça réussi, passer à une Interro d’un niveau supérieure. Puis redescendre à la moindre erreur.
    La note ? Proposer des « validations » ou des « à refaire ».
    Mais comme tu le dis, 32 élèves, quelle galère pour faire du boulot efficace... c’est très très proche de l’impossible (pour être optimiste).
  • Sans voir le contenu des évaluations c’est difficile.
    Je pense qu’il faudrait rappeler les règles de calculs en numérotant ces règles (qui ne sont finalement pas si nombreuses).
    A chaque erreur on note le numéro de la règle où il y a eu problème.
    Il faut qu’au minimum les élèves sachent calculer des -3-5 ou -3×(-5) car sinon c’est mort.
    Pourquoi ne pas faire aussi un ’’ne pas confondre’’ ou ’’les erreurs classiques’’ et de les rappeler régulièrement comme par exemple:
    1)
    Ne pas confondre 0 et 1
    On a A+0=0+A=A et A×1=$\frac{A}{1}$=A
    A×0=0 $\frac{A}{A}$=1
    2)ne pas confondre A(B+C)=AB+AC et A×B×C=A(BC)=(AB)C=B(AC)...
    3)ne pas confondre A+A=2A et A×A=$A^2$
    4) AB+A=A(B+1) et non AB
    etc...
    Effectivement avec 32 élèves qui ont d’énormes lacunes à différents niveaux c’est limite mission impossible mais le point positif c’est que souvent le gros des troupes font les mêmes erreurs aux mêmes endroits.
    Le problème du calcul littéral c’est que une ou dix fautes cela revient au même, c’est faux à la fin et c’est décourageant pour des élèves qui s’améliorent mais qui ne voient pas encore leurs progrès et n’arrivent toujours pas au sans faute à cause d’un ’’grain de sable’’. C’est difficile de trouver l’équilibre mais je pense qu’il vaut mieux mettre 0 pour un résultat faux mais de bien faire les commentaires en encourageant fortement les élèves qui passent de 10 fautes à une ou deux.
    Le calcul littéral demande énormément d’entraînement pour la plupart des élèves. Il faut vraiment y aller très graduellement et constamment et effectivement ce travail devrait être fait au collège mais ce n’est pas le cas...(certains préfèrent passer leur temps sur les problèmes ’’ouverts’’ m’enfin bref...).
    ’’Rédiger la preuve point par point en indiquant à chaque fois le théorème utilisé, c’est ça l’idéal.’’ oui, entièrement d’accord.
    ’’Auparavant le monde était dirigé par des intelligents. C’était cruel. Les intelligents forçaient les imbéciles à apprendre. C’était difficile pour les imbéciles. Aujourd'hui le monde est dirigé par des imbéciles. C’est juste, car les imbéciles sont beaucoup plus nombreux. Aujourd'hui les intelligents apprennent à s’exprimer afin que les imbéciles puissent comprendre. Si un imbécile ne comprend pas c’est un problème d’intelligents. Auparavant souffraient les imbéciles. Aujourd'hui souffrent les intelligents. La souffrance diminue car les intelligents sont de moins en moins nombreux.’’
    Mikhaïl Jvanetski.

  • On peut aussi, mais là encore dur dur dur à mettre en place, faire tester chaque égalité avec une valeur (en fait ce n'est pas une bonne idée...disons que pour certains ça peut juste faire comprendre que ce que l'on écrit est valable quel que soit le nombre...).

    Et puis, c'est contre-productif car on va s'apercevoir que pour tester les valeurs numériques, l'élève a commis d'autres erreurs...

    Je raccroche mon idée... mais laisse mon message quand même...
  • j'ai deux classes de seconde de niveau très faible.
    Je corrige leur évaluation et c'est très mauvais.
    Je les évaluais sur les développements, factorisations, coordonnées de vecteurs, et les fonctions (lecture graphique et tracés).
    Peu de notions sont acquises.

    Comme dans plus de 80% du pays (peut-être même plus de 90%). En seconde, dans le lycée où j'effectue un remplacement en prépa, qui est un lycée public ayant des taux de réussite au bac nettement meilleurs que la moyenne nationale, un collègue de seconde me dit qu'il commence le cours sur les factorisations par... ses exercices de 5ème de quand il était élève (je précise qu'il doit avoir la quarantaine).
  • Oh, il doit même pouvoir commencer par des exercices de 5ème actuel...
  • Sauf qu’en 5e actuel, certains élèves peuvent ne pas faire de calcul littéral du tout.
  • Ben oui, justement ! ;-)
  • Lorsque je donne des heures de soutien à des Seconde, je prends les exercices dans des livres de 6è-5 ème pour revoir les fractions et dans des livres de 5 ème-4 ème pour le calcul littéral.
  • Au passage :
    Sur les fractions, tu as une opportunité de démontrer les théorèmes ((ak)/(bk)), (a)(b/c), (a/d)+(b/d)...
    Plutôt un peut plus tête que tout de suite, car là il y a d’abord des choses élémentaires à acquérir des gamins.

    Je rappelle ces choses élémentaires :
    Quel que soit le nombre $x$ : (TOUJOURS indiquer les quantificateurs, même si c’est lourd...)
    $2=1+1$
    $3=1+1+1$
    $4=1+1+1+1$
    ...

    $1x=x$
    $2x=x+x$
    $3x=x+x+x$
    ...

    N’utilise que des $+$ peut-être salutaire au début mais dangereux si on le fait jusqu’à la fin.

    Puis $x+(-x)=0$
    Et :
    $-5=-1-1-1-1-1$

    $-4x=-x-x-x-x$
  • J'ai donc fait dans ces deux classes, comme prévu, une correction de devoir par groupes.

    Certains ont corrigé mais globalement, cela a été peu satisfaisant.
    Deux d'entre eux m'ont dit que comme ils n'avaient pas compris (ils avaient 12 donc, je leur conseillais de comprendre leurs erreurs ) , c'était à moi de faire la correction.
    Très peu ont essayé de comprendre leurs erreurs. C'est donc à moi de tout faire à leur place!

    Je n'aime pas le travail de groupe (les élèves non plus) car c'est rarement constructif.Je ne recommencerai plus.

    Ce soir, je reçois un mail d'une mère à 20h00 ,plutôt en colère. Son fifils , qui a eu 7 et veut être ingénieur,dit que je n'explique pas et que je mets des choses jamais vues en devoir. Et maman chérie croit fifils adoré!
    Il bavarde en classe et ne me pose jamais de questions.

    J'en ai ras le bol de cette immiscion dans mon quotidien , par des mails de parents, d'élèves à toutes heures du jour, de la nuit, des vacances.Ca me stresse ,ça m'angoisse. C'est de plus en plus fréquent. Ils se permettent de dire ce qu'on doit faire.

    Je vais lui répondre par mail et je vais être sèche.

    Les élèves qui ont eu 3 dans mon devoir avait 18 l'an dernier. Bizarre.......ils ne savent pas faire une distributivité et 2x + 1 = 3 x.

    Ce métier devient de plus en plus difficile à vivre et cela ne va pas s'arranger avec cette réforme pourrie.
  • Un mail d'une mère d'un élève à 20 h ? Nan mais ça va pas la tête !
    Déconnectes ta boîte de ton téléphone portable, ne regardes tes mails professionnels uniquement sur ton ordi, quand t'es au boulot.
  • j'ai fait transféré ma boite pronote sur ma boite mail perso.
    Du coup je reçois (enfin je lis) des mails d'élèves , de parents et de collègues dès qu'ils arrivent,aussi bien le soir après 22 h que les week ends.
    Mais je crois que je vais en effet retirer le transfert car je suis trop angoissée.
  • Chanig, sans vouloir défendre les parents ou les élèves, je ne vois pas le problème à ce qu’ils t’écrivent le soir ou le we. Les parents aussi travaillent pendant la journée. Ce qui serait davantage gênant c’est qu’ils exigent une réponse de ta part extrêmement rapidement. Là pour le coup il y a matière à s’offusquer.

    Moi aussi j’écris des mails à pas d’heures mais je n’attends pas de réponse immédiate.
  • Qu' ils m'écrivent à n'importe quelle heure pour me demander un rendez vous, je suis d'accord mais pas qu'ils m'écrivent pour m'accuser de ne pas expliquer ou de donner des choses non vues sur la seule parole de leur enfant.
    Les écrits restent.
    Ils auraient été plus correct qu'ils me le disent de vive voix.
  • Les parents n'ont pas forcément la possibilité de se déplacer pour discuter de vive voix.

    Mais tu peux aussi répondre franco : l'évaluation portait sur des notions travaillées en classe, et les erreurs de l'élève sont dues à des lacunes de niveau cinquième.
  • Les écrits restent.
    Ils auraient été plus correct qu'ils me le disent de vive voix.

    De vive voix ça peut déraper... Avec les écrits tu as des preuves nettes.
  • On peut comprendre que les parents soient interloqués que leur fils ou fille passe d’un 16 de moyenne les années précédentes à un 7 par exemple. Pour eux les notes sont le plus important et si on passe d’un 18 à 7 c’est que le problème est le nouveau prof et pas les anciens qui s’achetaient la paix sociale (et peut-être aussi un meilleur avancement...) en surnotant très très largement. Encore faut-il que ces parents soient au courant que les bonnes notes précédentes étaient du pipeau . Certains en sont conscients mais pas la majorité à mon avis et tout le problème est là :de savoir la part qui accepte la supercherie. Répondre que les problèmes actuels sont dus à de grosse lacunes de collège ne passera pas si les bonnes notes étaient là car pour la plupart encore aujourd'hui, bonnes notes=bon niveau et peu de parents mettent leur nez dans les devoirs de maths surtout à partir de la quatrième pour vérifier par eux même cette supercherie (et beaucoup n’en ont pas la possibilité). La solution? Ben au moins dire la vérité sur le surnotage massif de plus en plus de professeurs et si on ne veut pas trop tabasser certains de ses collègues on peut très bien expliquer ce phénomène par le fait que tout pousse à ce surnotage, y compris une partie des parents...J’avais déjà discuté de cela. On arrive à un point de non retour. Si la majorité cède au surnotage alors c’est bien le collègue suivant qui ne le pratique pas qui va s’en prendre plein la tête de tous les côtés. Il tiendra peut-être quelques années mais finira par abdiquer...(et je peux le comprendre par certains côtés).
    ’’Auparavant le monde était dirigé par des intelligents. C’était cruel. Les intelligents forçaient les imbéciles à apprendre. C’était difficile pour les imbéciles. Aujourd'hui le monde est dirigé par des imbéciles. C’est juste, car les imbéciles sont beaucoup plus nombreux. Aujourd'hui les intelligents apprennent à s’exprimer afin que les imbéciles puissent comprendre. Si un imbécile ne comprend pas c’est un problème d’intelligents. Auparavant souffraient les imbéciles. Aujourd'hui souffrent les intelligents. La souffrance diminue car les intelligents sont de moins en moins nombreux.’’
    Mikhaïl Jvanetski.

  • Ok, je veux apporter mon témoignage.
    Après 1 an en REP + (3 de moyenne au brevet dans ce collège) où l'IPR du coin m'a reproché mes moyennes trop basses (entre 4,5 et 6 en 4ème de moyenne), je suis allé dans un lycée aux résultats moyens (voire faibles), où j'ai témoigné à de multiples reprises du niveau.

    Ensuite, je suis allé dans un lycée plus côté de mon secteur résidentiel, où les résultats au bac sont supérieurs à la moyenne nationale).

    J'avais pourtant, entre autres, une élève qui écrivait en 1ere ce genre de chose (2ème post) :
    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?18,1923942
    Cette élève avait eu le brevet avec Mention TB, et sa mère, devant son incompréhension parce que sa fille avait eu 0,5/20 au premier DS (et encore 0,5 parce que 0 est paraît-il interdit). Elle a apporté ses bulletins de la 4ème à la 2nd :
    - 16 de moyenne en 4ème et 3ème avec de très bonnes appréciations dans un collège à 250 m de chez moi avec une population représentative de la population française. .
    - 14,5 de moyenne en seconde, avec là encore de bonnes appréciations.

    Convoqué une première fois par la direction fin Septembre parce que des parents (de 1ere) s'étaient plaints, je l'ai été de nouveau au retour des vacances de la Toussaint : je n'oublierai jamais ce moment. Je me suis fait littéralement engueulé (comme si j'étais un élève en faute) par la proviseure qui m'a dit
    1) "qu'il est grand temps que je me remette en question"
    2) "quand on est seul à avoir raison c'est qu'on a tort".
    3) qui a estimé "que j'avais une bonne classe de seconde" à cause d'un 13 de moyenne en Français et en Histoire alors que j'avais 9 (et encore à la fin du trimestre j'avais 10,3 avec les 2 dernières notes que je n'avais pas compté, soit en gros la même moyenne qu'en S.V.T. et Physique, celle en Français était d'ailleurs retombée à 12).

    J'étais si furieux que pendant l'après midi qui a suivi j'avais vraiment pensé à tout plaquer pendant une ou deux heures.

    En gros en 1ere, j'avais 1 point de moins que mes collègues, et en plus j'interdisais les calculatrices aux devoirs, et en plus "certains ont du mal à comprendre les cours" (forcément quand la différence entre addition et multiplication n'est toujours pas assimilée, que l'on confond $x^2$ et $2x$, que pour calculer 4*21 on a besoin de poser la multiplication, voire que l'on dise/écrive 7*9 = 36, etc...)

    Bref, visite d'un "conseiller pédagogique", écrit de la part de la proviseure en copie à la DPE du rectorat m'ordonnant de procéder à une :
    1) "péréquation des notes avec vos collègues"
    2) "utilisation réglementée de la calculatrice"
    3) "évaluation bienveillante et stimulante plutôt qu'écrasante (0,5/20) entraînant un renoncement chez l'élève"



    Cette année je suis retourné en REP + ; avec pour objectif principal d'accumuler des points pour muter dans un lycée où l'on peut encore travailler, faire un travail social tant que je suis jeune, et profiter de mon temps libre et d'un salaire confortable (17h de cours en REP + = 3,5 HSA et 387,17 € de prime mensuelle, sans compter "devoirs faits")
    .
    Je précise que 17h de cours, quand on enlève les sorties (en ce moment pas beaucoup), les Heures d'Info-Syndicales, les formations, les jours féries, les grèves, les projets, les interventions de préventions aux addictions, à la sexualité, au harcèlement, etc.... ça fait plutôt 15h, et encore.

    J'avais à la rentrée entre 9,5 et 11,5 de moyenne de classe (la moyenne au brevet est à 5-6/20, mais certains collègues font encore mieux car ils ont 13 de moyenne), mais je ne suis jamais plaint de quoi que ce soit. Résultat la principale a dit à l'inspecteur général qui a appelé qu'elle est "très contente de m'avoir dans l'équipe". Du coup, hop, remplacement en ECS 2 dans une bonne prépa.

    Voilà, voilà, c'est comme ça de nos jours.
  • Merci ShumiSutil de ton témoignage qui montre que l’on touche là le cœur du problème. Je note que les plaintes des parents ont eu pour conséquence la convocation du proviseur et qu’il semble que l’échange soit plutôt dans le sens parents--) proviseur---) professeur.
    Est-ce que les explications aux parents ont été données entre quatre yeux et si oui quelles ont été ces réactions car c’est bien de là que peut venir un jour l’ espoir ou le désespoir...
    ’’Auparavant le monde était dirigé par des intelligents. C’était cruel. Les intelligents forçaient les imbéciles à apprendre. C’était difficile pour les imbéciles. Aujourd'hui le monde est dirigé par des imbéciles. C’est juste, car les imbéciles sont beaucoup plus nombreux. Aujourd'hui les intelligents apprennent à s’exprimer afin que les imbéciles puissent comprendre. Si un imbécile ne comprend pas c’est un problème d’intelligents. Auparavant souffraient les imbéciles. Aujourd'hui souffrent les intelligents. La souffrance diminue car les intelligents sont de moins en moins nombreux.’’
    Mikhaïl Jvanetski.

  • À citer tant que faire se peut.

    Quelle triste réalité.
  • @ ShumiSutil : je doute que ce conseiller pédagogique t'ai ordonné quoi que ce soit, tu interprètes sûrement.
    Quant à ton "du coup, hop", tu t'avances un peu en faisant des liaisons logiques sur des choses dont tu ignores tout (il est plus probable qu'un poste se soit libéré et qu'on s'est dit que tu ferais l'affaire).

    Cela dit, il est clair que se mettre en péréquation avec les notes de ses collègues est ce dont on ne peut pas parler, c'est implicite, vicieux, et évidemment ça empêche de faire réellement progresser les élèves (au passage je signale que mes collègues des autres matières mettent systématiquement des 12, 13 voire 15 de moyenne, alors quand on me dit sur un autre fil que je surnote mes élèves en leur mettant 10, ben je rigole..)

    Tu aurais mieux fait d'y rester en REP+, franchement, pour deux raisons :
    - là où tu es tu ne vois plus rien, c'est un angle mort ;
    - en REP+, 2ème angle mort, tu avais la possibilité de changer les choses (il n'y a qu'à la marge qu'elles peuvent changer, et c'est toujours à la marge qu'elles commencent par changer).
    De plus c'est beaucoup plus amusant d'y travailler.
  • @biely : pas entre 4 yeux, avec les représentantes des fédérations de parents d'élèves, la proviseure, le proviseur adjoint, et mon collègue coordonnateur. Mon collègue m'ayant dit "la moitié des élèves font pas des maths mais de la cuisine, et se planteront dans le supérieur, mais ça faut surtout pas le dire aux parents", tout en ajoutant "à mon avis tes problèmes, c'est que 1) tu es jeune et 2) tu es trop bon pour être au lycée".
    Bref, j'en ai quasiment pas placé une de la réunion.

    @Ludwig : Oui, bien sûr qu'un poste s'est libéré (c'est la définition d'un remplacement, non ?) et que j'avais fait des candidatures en prépa donc j'étais connu.

    Pour ce qui est du "c'est beaucoup plus amusant d'y travailler." par certains côtés oui, par d'autres non. C'est pas mal non plus d'arriver en cours en se disant que la seule chose que l'on va faire, c'est des maths.

    Quant à "Changer les choses" à la marge là encore, je ne suis pas un héros, et l'accumulation des difficultés sociales, familiales, sociétales, etc est telle que de toutes façons on changera pas la face du monde. Faire en sorte que les quelques meilleurs arrivent au lycée sans hésiter sur 1/2 + 1/3 oui certainement, mais ne m'en demande pas trop non plus.
  • Il ne s'agit pas d'être un héros... :-)
    Mais seulement de se mettre à l'endroit où les choses changent, pour les voir changer.
    Amicalement,
    Ludwig
  • @SchumiSutil Ce genre d'anecdotes avec le proviseur, ça m'est arrivé plein de fois durant l'année de stage, mais je ne l'ai pas mal pris parce qu'il était dans son rôle (défendre la réputation de son établissement), après il y a la façon de le dire, mais il faut bien voir que sur la forme, c'est du théâtre, les discours devant les parents.
    Après, je défonçais le parent devant le principal, par contre, parce que pour moi, le parent n'était pas dans son rôle (je dirais même que c'est de la trahison envers son camp).

    Mais bon, en gros, avec le niveau actuel et la casse des baromètres nationaux, le but du principal ne peut plus être de défendre son établissement par des résultats concrets mesurés par des acquis, donc ça devient maintenir la paix sociale avec les parents et donc contre les enseignants (dans la mesure où ceux-ci sont capables de l'accepter car il faut aussi garder une équipe soudée, etc.).

    @Biely Oui, les parents peuvent facilement détruire un enseignant, ils disposent de tous les leviers : via l'influence sur leurs enfants, ils influent sur le fonctionnement de la classe ; ils font pression sur le principal et sur le rectorat.
  • @Superkarl
    Bien entendu que des parents peuvent détruire un enseignant mais tous les parents ne sont pas des monstres ne pensant qu’à défendre leur chérubin qui n’en fiche pas une. Je peux comprendre que des parents se posent des questions sur un professeur quand leur fils ou fille dégringole subitement d’une année sur l’autre sans d’autres raisons apparentes. Après il y a la façon de le dire mais c’est valable de tous les côtés. Je ne suis pas certain que le rôle du proviseur devrait être de maintenir la réputation de son établissement et c’est peut-être aussi un des gros problèmes (le pas de vagues, le taux de réussite et de mentions quasiment imposés etc).
    Quand ShumiSutil écrit ’’Mon collègue m'ayant dit "la moitié des élèves font pas des maths mais de la cuisine, et se planteront dans le supérieur, mais ça faut surtout pas le dire aux parents" je suis choqué par le ’’surtout pas le dire aux parents’’. Si on cache la vérité aux parents il est normal que à un moment donné ou un autre la confiance s’écroule et quand la confiance s’écroule on ne met plus les formes. Je sais que cela peut s’expliquer par le fait que des parents très pénibles ne veulent rien entendre et que, quoi qu’il arrive, c’est leur enfant-chéri-adoré qui a toujours raison contre le méchant professeur (et dans ce cas on peut rentrer dedans aux parents bien entendu...) mais il y a aussi d’autres parents qui risquent de tomber des nues et d’être plus compréhensif.
    Ne pas mettre au courant volontairement les parents de la supercherie c’est quand même pas très sympathique pour eux surtout quand on leur a répété encore et encore depuis plus de 20 ans que le niveau montait...
    ’’Auparavant le monde était dirigé par des intelligents. C’était cruel. Les intelligents forçaient les imbéciles à apprendre. C’était difficile pour les imbéciles. Aujourd'hui le monde est dirigé par des imbéciles. C’est juste, car les imbéciles sont beaucoup plus nombreux. Aujourd'hui les intelligents apprennent à s’exprimer afin que les imbéciles puissent comprendre. Si un imbécile ne comprend pas c’est un problème d’intelligents. Auparavant souffraient les imbéciles. Aujourd'hui souffrent les intelligents. La souffrance diminue car les intelligents sont de moins en moins nombreux.’’
    Mikhaïl Jvanetski.

  • Vous connaissez sûrement ce dessin mais il soulève un véritable questionnement. L'année 1969 a une place très importante dans l'histoire de l'humanité. En effet, c'est l'année de l'exploit de la première marche lunaire. Nous sommes 51 ans plus tard et les choses ont changé dans la société et à l'école :114236
  • J’avais posté ce même dessin en version russe trouvé sur un site russe sur l’école en Russie. Comme quoi, avec ou sans Mai 68 le même constat se généralise...
    ’’Auparavant le monde était dirigé par des intelligents. C’était cruel. Les intelligents forçaient les imbéciles à apprendre. C’était difficile pour les imbéciles. Aujourd'hui le monde est dirigé par des imbéciles. C’est juste, car les imbéciles sont beaucoup plus nombreux. Aujourd'hui les intelligents apprennent à s’exprimer afin que les imbéciles puissent comprendre. Si un imbécile ne comprend pas c’est un problème d’intelligents. Auparavant souffraient les imbéciles. Aujourd'hui souffrent les intelligents. La souffrance diminue car les intelligents sont de moins en moins nombreux.’’
    Mikhaïl Jvanetski.

  • Ludwig,

    Je ne crois pas qu’un prof peut faire changer les choses.
    Qu’il soit le meilleur pédagogue du monde, et qu’il apprenne vraiment aux gamins de sa classe ce qu’ils sont censés apprendre, ça ne changera rien.
    Le « système » reste ce qu’il est. C’est une idéologie (« Meirieu », pour le dire vite). Imprégnée. Personne ne peut la changer chacun de son côté. Même le ministre de l’É.N. n’a pas la main. Il est « conseillé » par ceux qui détruisent l’École (« Meirieu » pour le réaffirmer et le coup de « l’élève au centre »).

    Par contre, tous ces profs ont raison d’essayer de faire ce qu’ils peuvent. Je ne dis certainement pas qu’il faut abandonner car c’est fichu.
    Ce foutu « système » tient grâce à eux. Mais ne changera pas grâce à eux. Certaines adhèrent aux débilités (à mon sens) mais les autres, nombreux, tiennent la baraque. Une image : plein de fils soutiennent la soupière si bien qu’elle ne s’écroule pas. Ça va tomber...mais ça tient encore.
    Pire, tous les syndicats (les seuls représentants « légaux » des profs) s’occupent davantage des conditions de travail (du salarié !) mais pas de ce qu’on lui demande de faire. Et c’est normal, c’est le rôle d’un syndicat.
    Une image qui vaut ce qu’elle vaut : un syndicat ouvrier s’occupe des horaires, des tenues, des salaires, des retraites, etc. mais pas du nouveau logiciel qui fait ch...er l’ouvrier, ni de la nouvelle machine qui vient d’arriver, ni du manche du tournevis qui est bon pour l’écologie mais qui fait mal au main et qui se décolle de la tige...

    Et quand les syndicats profs s’intéressent à la pédagogie, on obtient au mieux des grognements mais la caravane passe tout de même. Elle passe quand ce ne sont pas eux-mêmes qui sont d’accord avec la caravane...

    Ce n’est qu’avec une décision politique, je le crains, que l’École peut redevenir digne de ce nom et tenir au moins un peu ses promesses. On a le droit de ne pas le souhaiter, on a le droit de dire qu’il y a d’autres priorités, on a le droit de s’en foutre.
  • Merci pour vos témoignages. Je suis en effet désespérée par ce qu'est devenu l'Enseignement et plus particulier celui des Maths.
    Il va être difficile de tenir 15-20 ans .

    C'est toujours sur nous qu' on tape. Mes collègues profs principaux ont eu des remarques de parents : les maths, c'est dur, ils ne comprennent pas....
    Bref, c'est de ma faute, forcément.

    Un parent était outré par cette correction par groupe . J'ai voulu innover, essayer, tenter quelque chose face à ces lacunes .
    Voilà, j'ai essayé de "sauver " sa fille , elle n'a pas voulu et n'a rien fait lors de cette séance.
    Je vais faire du B.A BA maintenant, mes prochains collègues se débrouilleront avec cela.
  • Je suis la vilaine prof!
    Le conseil est demain en Seconde . (mes oreilles vont siffler, mon moral va en prendre un coup)

    16 de moyenne de classe en SVT !!!!!!!!!!!!!!!Et 8,7 en maths! 10,7 en Physique Chimie.

    J'entends déjà les parents :les maths c'est dur, la prof n'explique pas, mon fils avait 18 de moyenne en sixième.

    En Terminale complémentaire aussi, les élèves se plaignent car c'est dur et il faut bosser!

    Je ne veux pas critiquer mes collègues mais comment notent ils? Que font-ils avec leurs élèves pour qu'ils aient de bonnes notes?
    C'est sur que j'enlève des poins par calcul faux. Si eux enlevaient des points par fautes d'orthographe, la moyenne de SVT, français et histoire seraient aussi proche de 8 !

    Je suis en colère, dépitée, dégoutée ,écœurée .

    J'attends la semaine prochaine les résultats de l'agreg mais je ne suis plus sure que je continue longtemps d'enseigner( si vous pouvez me conseiller une autre voie?).
    Trop de colère pour être efficace avec mes élèves.
  • Bonjour Chanig.

    J'ai connu ça autrefois. La seule solution est de tenir ta position : expliquer que tu es pile dans les programmes et que tes exigences actuelles ne sont pas exorbitantes. Elles permettront un suivi correct en première pour ceux qui feront des maths. Tu peux proposer de surnoter au risque que ce soit la catastrophe l'an prochain ;-)
    Cordialement.
  • 99% des profs de mon entourage surnotent. Je surnote. Mais même en surnotant j'arrive à 8,5 de moyenne pour ma classe de CP quatrième. Je décroche de l'EN, je n'arrive plus à suivre, ça va trop vite.
    Tel un satellite qui gravite autour de la sphère de la transmission et qui n'a pas de trajectoire bien déterminée, je ne vais pas tarder à m'écraser. C'est peut-être ce qui peut m'arriver de mieux d'ailleurs, ou alors je passerais toute ma vie invisible, inexistant.
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