Faire travailler les étudiants ?
Bonjour à tous,
Il y a régulièrement des discussions sur le forum concernant le niveau des étudiants (disons en L1) en mathématiques, mais il me semble qu'il y a un problème qui n'a pas vraiment été discuté (ou en tout cas peu, je ne suis pas toutes les discussions non plus) : les étudiants ne travaillent pas. Bien sûr, je parle de manière générique, donc pour être plus nuancé, disons plutôt que la plupart des étudiants ne travaillent pas. Je précise tout de même que je ne parle pas nécessairement des étudiants en mathématiques; d'ailleurs j'enseigne plutôt à des étudiants de L1 qui s'orientent vers l’ingénierie, la biologie ou l'informatique (mais des sciences quoiqu'il en soit). En fait, mon sentiment est que les étudiants ont tendance à n'écouter qu'à moitié le cours, à ne pas le relire avant les TD (qui ne servent donc plus à rien puisqu'ils ne viennent que pour noter la correction), et éventuellement à se plaindre si les partiels ou examens leur semblent trop difficiles...
J'insiste sur le fait qu'il ne s'agit là que d'un ressentiment sur mes quelques années d'enseignement à l'université. D'ailleurs, je ne souhaite pas vraiment discuter de son bien fondé ici, et pour éviter que la discussion ne parte dans tous les sens, je vais poser un cadre précis à ma question.
Supposons donc comme acquis qu'une grande majorité des étudiants de L1 en sciences ont des lacunes très importantes en mathématiques (ce qui me semble une évidence, mais encore une fois, ce n'est pas la question qui m'intéresse). Supposons également que vous ayez un cours de mathématiques à donner, avec un programme donné, et donc un planning à plus ou moins respecter. Comment faîtes-vous pour inciter vos élèves à travailler sur leurs lacunes ?
Ce semestre, j'insiste en début de chaque chapitre sur les techniques des années précédentes qu'il faut absolument maîtriser, en précisant bien que je ne compte pas refaire un cours sur le sujet et qu'il leur faut travailler indépendamment (je fais juste quelques rappels pendant les TD s'il y a besoin). En parallèle, je fais très régulièrement des QCM que je corrige. Comme attendu, les résultats à ces QCM sont absolument catastrophiques, et je comptais sur ces mauvais résultats pour justement inciter les étudiants à retravailler les bases. Mais force est de constater que la réaction dominante est une totale indifférence. Visiblement, avoir des résultats exécrables semble être normal, voire amusant à regarder les réactions des étudiants en face de leur copie...
Le semestre n'est pas commencé depuis longtemps, donc je vais continuer sur ma lancée, mais je n'ai pas beaucoup d'espoir sur l'efficacité de ma méthode. Donc ma question est simplement : en tant qu'enseignant, que faîtes-vous ? La question s'adresse donc surtout aux enseignants en université. En particulier, il faut également garder à l'esprit qu'il n'est pas possible de consacrer tout son temps à l'enseignement (si l'on a une activité de rechercher en parallèle, ce qui est mon cas).
En espérant que la discussion ne dévie trop vite :-D
Il y a régulièrement des discussions sur le forum concernant le niveau des étudiants (disons en L1) en mathématiques, mais il me semble qu'il y a un problème qui n'a pas vraiment été discuté (ou en tout cas peu, je ne suis pas toutes les discussions non plus) : les étudiants ne travaillent pas. Bien sûr, je parle de manière générique, donc pour être plus nuancé, disons plutôt que la plupart des étudiants ne travaillent pas. Je précise tout de même que je ne parle pas nécessairement des étudiants en mathématiques; d'ailleurs j'enseigne plutôt à des étudiants de L1 qui s'orientent vers l’ingénierie, la biologie ou l'informatique (mais des sciences quoiqu'il en soit). En fait, mon sentiment est que les étudiants ont tendance à n'écouter qu'à moitié le cours, à ne pas le relire avant les TD (qui ne servent donc plus à rien puisqu'ils ne viennent que pour noter la correction), et éventuellement à se plaindre si les partiels ou examens leur semblent trop difficiles...
J'insiste sur le fait qu'il ne s'agit là que d'un ressentiment sur mes quelques années d'enseignement à l'université. D'ailleurs, je ne souhaite pas vraiment discuter de son bien fondé ici, et pour éviter que la discussion ne parte dans tous les sens, je vais poser un cadre précis à ma question.
Supposons donc comme acquis qu'une grande majorité des étudiants de L1 en sciences ont des lacunes très importantes en mathématiques (ce qui me semble une évidence, mais encore une fois, ce n'est pas la question qui m'intéresse). Supposons également que vous ayez un cours de mathématiques à donner, avec un programme donné, et donc un planning à plus ou moins respecter. Comment faîtes-vous pour inciter vos élèves à travailler sur leurs lacunes ?
Ce semestre, j'insiste en début de chaque chapitre sur les techniques des années précédentes qu'il faut absolument maîtriser, en précisant bien que je ne compte pas refaire un cours sur le sujet et qu'il leur faut travailler indépendamment (je fais juste quelques rappels pendant les TD s'il y a besoin). En parallèle, je fais très régulièrement des QCM que je corrige. Comme attendu, les résultats à ces QCM sont absolument catastrophiques, et je comptais sur ces mauvais résultats pour justement inciter les étudiants à retravailler les bases. Mais force est de constater que la réaction dominante est une totale indifférence. Visiblement, avoir des résultats exécrables semble être normal, voire amusant à regarder les réactions des étudiants en face de leur copie...
Le semestre n'est pas commencé depuis longtemps, donc je vais continuer sur ma lancée, mais je n'ai pas beaucoup d'espoir sur l'efficacité de ma méthode. Donc ma question est simplement : en tant qu'enseignant, que faîtes-vous ? La question s'adresse donc surtout aux enseignants en université. En particulier, il faut également garder à l'esprit qu'il n'est pas possible de consacrer tout son temps à l'enseignement (si l'on a une activité de rechercher en parallèle, ce qui est mon cas).
En espérant que la discussion ne dévie trop vite :-D
Réponses
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Un système qui est en place là où je bosse en Suisse, c'est de faire des TDs qui sont en fait des séances d'exercice où les étudiants font les exercices et où le ou les profs dans la salle passe(nt) dans les rangs pour répondre aux questions (pas de correction au tableau, par des élèves ou un prof). On distribue les corrigés la semaine d'après.
L'avantage indéniable c'est que les gens bossent. En effet si on ne fait rien, il ne se passe rien et ne rien faire pendant deux heures est vraiment pénible.
Le seul désavantage que je vois c'est qu'il est plus difficile de faire passer des messages importants lors des séances d'exercices, et il est possible que certains élèves passent à côté de ce qu'il fallait comprendre.
Mais dans l'ensemble je trouve ça bien plus efficace que les séances de TDs à la française où les gens attendent la correction (ce que je faisais aussi souvent)... Il me semble qu'aux Etats-Unis ils poussent le concept encore plus loin il n'y a pas de séances de TDs, juste des DMs avec des séances de réponse aux questions (office hours) pour celles et ceux qui le veulent.
Je pense qu'on devrait vraiment repenser ce système de TDs. -
On parle du fléau qui touche les enseignements primaires, secondaires et supérieurs : le travail personnel inexistant.
Pas de débat, j'ai bien compris donc je propose de "distribuer" systématiquement des exos (ceux de TD) à présenter par les étudiants la fois d'après. C'est plus facile à dire qu'à faire, je sais.
Évidemment ça risque de ne faire travailler que ceux qui passent...et ces derniers risquent de ne travailler que leurs exercices et pas les autres.
Aussi, selon les années, les groupes se prêtent à cela mais parfois c'est quasiment impossible (les étudiants ne viennent plus, ou disent tout simplement "non").
Il faudrait désigner deux ou trois étudiants pour un seul exercice, au cas où.
Autre idée, complémentaire et permettant, peut-être, d'initier la première : prévoir une liste des propriétés du secondaire à démontrer (des fractions aux logarithmes, en passant par la monotonie des fonctions usuelles, des formules de dérivations etc.). Plus à l'aise (mouais, par forcément, je sais bien...), peut-être que l'auditoire accepterait davantage de passer au tableau.
Enfin, peut-on faire jouer cette "participation" dans un contrôle continu ? Ça infantilise, je sais. Mais ce public est encore (pour certains) influencé par la carotte... je pense que les étudiants (une majorité) sont demandeurs d'ailleurs et ne savent pas gérer cette "liberté universitaire" (pas de débat !).
Je n'ai pas apporté beaucoup d'arguments sur telle ou telle idée pour éviter le déclenchement des débats.
Dites-moi si c'est irréalisable ou à côté de la plaque, c'est important pour l'auteur du fil.
Je ne me vexerai pas et éviterai de répondre pour ne pas polluer ce fil (intéressant sur les pratiques de chacun dans le supérieur).
Cordialement. -
Je ne vois qu'une solution efficace : une amende si le boulot n'est pas fait. L'argent, c'est la seule chose qui importe pour la plupart des gens. En plus ça permet de réduire les frais d'inscription.
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Blague à part l'amende c'est la mauvaise note, la non-admission aux examens, et pourquoi pas l'invitation à aller voir ailleurs en cas d'inadaptation manifeste aux exigences du système d'enseignement.
Une chose importante a été dite, c'est que l'habitude de l'absence de travail a été prise tôt, et c'est donc à la base qu'il faut tout revoir.
Moi je vois encore des élèves de Math-Spé en colles. Pour l'essentiel ils travaillent. S'ils ne savent pas leur cours ils ont une mauvaise note et leur professeur leur remonte les bretelles. Et à la fin il y a le concours qui ne trompe pas. Bref, la clé, c'est la sélection. -
Bonsoir sieur Chaurien,
je te conseille de lire : Là où le péril croît, croît aussi ce qui sauve.
J'ai retenu que :
- la Vie et la Mort ont sélectionné les plus forts;
- cela a permis à des êtres forts, bien portants, d'avoir de la compassion pour des êtres pas nés dans les mêmes conditions de température et de pression. Et genre des êtres faibles sourient à la vie maintenant.
Donc la sélection c'est d'un autre âge pour reprendre les mots d'un homme politique pour qui je voterai pas (je ne voterai pour personne d'ailleurs).
S -
Je suis né dans des conditions qui n'étaient pas très bonnes et je m'en suis sorti, relativement il est vrai, mais bon. Aux autres de faire de même.
On ne pourra conserver des milliers d'étudiants figurants. La compassion n'a rien à voir ici.
On peut vivre sans faire des études supérieures. Ma gentille coiffeuse et le gentil apprenti qui a dépanné ma voiture ne seront jamais au chômage tant qu'ils auront la volonté de travailler. -
Quand tu dis sélection c'est plutôt orientation que tu veux dire alors.
S -
@Héhéhé : J'ai testé ce système l'an dernier, mais c'était à la toute fin de l'année, juste avant les examens. Du coup, il ne restait que peu d'étudiants, les plus motivés. Mais cela avait plutôt bien marché. Je ne sais pas ce que cela donnerait avec un groupe plus volumineux, il faudrait que j'essaie.
@Dom : Merci pour ces suggestions. Je les garde sous le coude, peut-être que je pourrai les appliquer sous une forme ou une autre.
@Chaurien : Nous sommes bien d'accord que beaucoup des étudiants ne sont pas à leur place, et qu'il faut donc filtrer quelque part, que ce soit à la sortie ou à l'entrée, c'est-à-dire ne pas laisser un étudiant valider une année s'il n'a pas le niveau requis (ça semble surréaliste de devoir dire ça...) ou bien ne pas l'accepter au niveau supérieur. Mais une fois que l'on a dit cela, que fait-on dans l'enseignement de tous les jours ? Et c'est bien l'objet de ma question : étant donnée la situation telle qu'elle est, peut-on trouver de petites astuces pour s'en accommoder le mieux possible ? -
Pour répondre très sérieusement à la question de départ, je dirais :
Donner tous les TD, corrections de TD, poly de tout le cours au début du semestre, faire du tutorat pendant les séances de habituellement prévues pour "CM/TD" pour aborder les points incompris dans les corrections et cours, comme ça ça incite les élèves à poser des questions et à lire le cours et les corrections attentivement, et faire un examen sur tout le semestre dès le début de l'année, où les gens répondent à ce qu'ils veulent, ce qu'ils ont révisé (ils auront 4 mais c'est pas grave lisez la suite)
Puis un deuxième examen sur tout le semestre peu de temps après, pareil les gens se démerdent (ils auront genre 8 mais c'est toujours pas grave continuez)
Puis un troisième, un quatrième etc.
Et la note maximale des examens est la note du semestre.
Comme ça les élèves stressent moins puisque c'est la note max, ils ont une motivation puisqu'ils peuvent potentiellement finir le semestre dès le début, mais c'est pas gênant puisque tous les examens sont censés être représentatifs des connaissances requises, et puis ça incite à bosser puisque le seul moment où ils bossent c'est juste avant l'examen.
Et puis une personne qui a 12 au début a aussi la possibilité d'améliorer son dossier en tentant d'avoir 14 la prochaine fois puis 16.
Ça bénéficie aux bons comme aux moins bons.
C'est un mix entre le contrôle continu et le contrôle terminal, c'est du "terminal-continu".
Je trouve que le côté non-stress + carotte (et pas des moindres, finir le semestre dès le début c'est cool) est, à mon sens, un grand atout de ce système puisqu'on se sert de l'envie de rien foutre pour motiver à foutre des trucs (c'est ça la solution)
Après je sais pas si c'est faisable administrativement.
Alors évidemment on va me dire "oui mais si on file les corrections dès le début personne ne va chercher" bah c'est déjà le cas, et même si on file la corrections la semaine d'après, si on n'a vraiment pas envie de chercher on ne cherche pas.
Donc on voit bien que grosso modo ça ne se joue pas là. Ça se joue ailleurs. -
@Seirios: Actuellement la méthode qui marche du feu de dieu et qui y est d'ailleurs préconisé par le ministère, c'est de garder les étudiants au chaud pendant 5 ans et de leur filer un master à la fin de ces 5 années.
Tu fais en TD des choses au ras des pâquerettes, tu mets 10 aux examens (des points, tu en trouves toujours si tu préviens les étudiants de ne pas rendre copie blanche),et aller hop au suivant..
Tout le monde est content. Tu bosses un minimum (si tu veux faire de la recherche, c'est nickel), les étudiants sont contents et le ministère est tellement content que la dotation qu'il octroie à ton université prend en compte le taux de réussite aux masters sur 5 ans.
En plus, si tu enseignes en filière math, tu sais qu'ils auront le capes à la fin.
Bon si tu es dans d'autres filières, les employeurs vont commencer (enfin, je l'espère) à gueuler qu'on leur envoie des bataillons de tréteaux. Tu leur réponds qu'ils n'avaient qu'à mieux voter. -
Ce que j'en pense.
-
Je pense que @seirios veut parvenir à donner quelques clés aux étudiants qu'il a, dans le système actuel, cette année, sans vouloir s'occuper des moyens de guérir les problèmes. C'est légitime.
Il désire, d'après moi, des idées pour aider les étudiants de bonne foi en sachant qu'ils ne savent pas, pour la plupart, ce qu'est de travailler un cours, une définition, une démonstration, ou un exercice.
Il me corrigera s'il y a méprise de ma part. -
Quand un étudiant n'est pas capable de comprendre par lui-même qu'il ne faut pas passer 10 minutes à copier l'énoncé d'un exercice de 3 lignes, ni bavarder pendant que le prof explique la correction et mettre ensuite 10 minutes à copier 10 lignes écrites au tableau, on ne voit pas comment procéder autrement qu'en sanctionnant le non-travail par une mauvaise note à l'examen. Quant à l'idée de Héhéhé, elle a l'air intéressante en théorie, mais j'imagine déjà les conséquences : fort taux d'absentéisme aux cours/TD et, pour ceux qui sont présents, une bonne partie passera son temps à lire le corrigé des exos de la semaine précédente.
-
Si je comprends ce que dit @Héhéhé, il s'agit, en tout cas au début, d'assister les bosseurs comme des cours particuliers.
Je le juge pas et ce n'est pas non plus provocateur.
Si c'est ça, j'imagine que si la mayonnaise prend, ce doit être très agréable ensuite pour faire des remarques, voire des preuves, au groupe entier.
Tu confirmes, @Héhéhé ? -
Bonjour,
http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?6,1325220,1405350#msg-1405350
Vive l'apprentissage et vive l'excellence !
Bonne journée. -
Shah d'Ock:
Tu aurais pu te faire prendre en faisant ce tag. X:-(Le passé est sinistre, le présent terne, mais heureusement nous n'avons pas d'avenir. -
@u31672874 : Autrement dit, cela ferait passer le travail personnel d'environ 0% à presque 100%. Peut-être un peu brutal comme solution, non ? :-D
@Joaopa : En faire le moins possible est une solution, mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable. L'objectif est tout de même de rendre le cours plus agréable, autant pour les étudiants que pour l'enseignant.
@Dom : Oui, c'est l'idée de base. Je dois avouer que ce qui me motive est de rendre le cours plus agréable pour moi (tant qu'à faire :-D), mais si c'est le cas les étudiants devraient également tirer leur épingle du jeu, donc au final c'est du gagnant gagnant. -
Pour ma part, je procède comme suit:
- Pour les cours en amphi: je distribue un polycopié à trous au début du semestre. Il est divisé par thèmes (par exemple, thème: Théorème de Fubini) sachant qu'un thème vaut une séance en amphi. Par exemple en ce moment au deuxième semestre, j'ai 14 thèmes à effectuer.
Je m'aide d'une présentation Beamer qui suit le polycopié environ mot pour mot. J'explique à l'oral doucement ce qui y est incrit. Les définitions, propositions, théorèmes sont en couleurs (toujours les mêmes, c'est important pour la lisibilité). Quand il y a un trou (une définition à remplir, un théorème, une démonstration, un exemple...), je prend ma craie et on note. Cela permet d'alterner les moments d'écoute et de participation active de la part de l'étudiant.
En fin de séance, environ 20 minutes à la fin, il y a un ou plusieurs exercices en rapport avec le thème à faire. Je laisse les étudiants chercher et je passe dans les rangs de l'amphi. J'ai une correction toute prête sur mon Beamer que j'affiche à la dernière minute.
Il est entendu avec les étudiants que si pour une raison ou une autre (manque de travail, bavardages) un thème n'est pas fini alors tant pis pour eux. La prochaine fois, je commence le prochain thème.
- Pour les TD: en début de semestre chaque étudiant reçoit un polycopié de TD divisé en séances (par exemple 26 ce semestre). Chaque séance comporte une liste d'exercices qui sont à chercher par l'étudiant. Les premiers sont des applications directes et ça se corse ensuite. Les derniers exercices sont à étoiles et plus délicats, parfois très délicat (relativement à l'étudiant) et permettent d'apporter une ouverture en rapport avec le thème de la séance.
J'ai pour chaque séance un beamer de TD où est affiché l'exercice en cours. Au début, je donne la parole pour élaborer une stratégie de résolution et ensuite je laisse chercher. Après un temps de recherche où je passe dans les rangs et j'aide un peu, j'affiche une solution via le Beamer. Une fois la solution expliquée, je laisse un temps pour d'éventuelless questions (où je dis souvent aux étudiants: "essayer d'attaquer ma rédaction et mes arguments" pour leur faire sentir l'importance d'une rédaction rigoureuse).
Evidemment, s'il y en a qui ne font rien, tant pis pour eux. Je n'affiche pas les solutions des exercices que nous n'avons pas eu le temps d'aborder (c'est comme en amphi, ce qui n'est pas fait ne sera jamais fait de ma part, ils peuvent par contre venir me voir à mon bureau pour une séance individuelle). Pendant que je passe dans les rangs, je "tombe" sur les bavards (idem en amphi) et j'enclenche mon arsenal répressif (remarque souvent acerbe sur le comportement, punition (j'ai pas mal d'idées...), exclusion...).
Globalement, je suis assez désagréable avec les étudiants qui manifestement ne travaillent pas et tentent de bavarder. A contrario, j'aide beaucoup les étudiants qui veulent s'en sortir même si leur niveau est abyssal.
Certains TD comportent des petits test notés sur 10 (j'en fais deux avant chaque partiel/examen). Ils sont très faciles (souvent je remets des exercices vus dans des séances de TD précédentes...) et permettent aux étudiants sérieux d'assurer des points (les tests compte pour un quart dans la note finale). Si l'étudiant est absent, c'est zéro. A noter que le numéro de la séance de TD comportant un test est spécifié par un symbole dans le polycopié de TD. Tous les étudiants savent donc quand il y aura un test.
Je précise que je ne fais jamais l'appel en amphi (par contre je le fais systématiquement en TD) et que je ne force personne à venir ("si vous cela ne vous intéresse pas, ne venez pas et laissez les autres progresser").
Juste avant chaque partiel/examen, je donne un DM à me rédiger. Je n'impose pas de le rendre, par contre je met une correction pdf détaillée dans chaque copie qui m'est rendue. Je met aussi une note d'ambiance au DM.
Voilà dans les grandes lignes ma manière de faire. Pas de surprise, ceux qui s'en sortent sont ceux qui se mettent au travail. A noter qu'il y a nettement plus de travail de la part des étudiants en deuxième semestre qu'au premier, idem pour le troisième face au deuxième, etc... Ceci étant, je constate que le niveau reste médiocre et les connaissances fragiles.
Mais quand j'y repense, quand j'étais étudiant, j'étais toujours plongé dans les livres pour accroître le volume des cours de mes enseignants, qui faisaient passer ce qu'ils pouvaient (comme moi maintenant!).
En définitive, le gros avantage avec ma méthode, c'est qu'elle me permet durant mes cours/TD d'être pleinement disponible pour les étudiants qui ont vraiment envie de travailler et progresser.
Par contre, créer tous les Beamers représente une charge de travail énorme mais une fois créés, la rentabilité se fait sentir. -
Seirios a écrit:@u31672874 : Autrement dit, cela ferait passer le travail personnel d'environ 0% à presque 100%. Peut-être un peu brutal comme solution, non ? :-D
C'est même plus accompagné qu'en cours/TD puisqu'en cours/TD on n'a pas beaucoup de temps pour les questions.
Là au moins tout est là dès le départ donc toutes les questions ont le temps d'être posées, au moins beaucoup plus que d'habitude. Donc ça me semble pas du tout être 100% personnel ^^. -
Je trouve la solution de u31672874 intéressante, notamment par le côté "pas de stress, toujours possibilité d'augmenter sa note". Par contre, il y a 2 points qui me posent problème :
* pour le prof, ça fait une quantité de copies énormes à corriger (et ce n'est pas négligeable : un exam terminal prend énormément de temps de à corriger, alors s'il faut en corriger 5 ou 6 par module...)
* il est dur de faire un exam qui couvre toutes les notions ; sur un exam "unique final" ce n'est pas forcément dérangeant car il est assez risqué pour les étudiants de faire une impasse sur un pan entier du programme, mais avec le système que tu proposes, il se peut qu'un étudiant valide le module alors qu'il n'a travaillé qu'une petite partie du programme. -
Comment faire pour inciter ses élèves à travailler ? Il n'y a rien à faire à mon avis car ce n'est pas le travail d'un prof de fac. C'est sans doute à cause de mon expérience personnelle que je pense ça : jusqu'au lycée j'avais pas mal d'animosité envers les profs en général, et quand je suis arrivé à la fac ou on te fiche enfin la paix toute cette animosité c'est envolée, presque du jour au lendemain. Ça m'a vraiment permis de m'épanouir à la fac, et je pense que ça ne se serait pas passé comme ça en prépa.
Cette liberté de travail est importante pour moi, mais elle a un coût : c'est dur de se mettre au travaille quand on n'y est pas vraiment forcé.
Le système suisse de héhéhé à des avantages : ça incite les étudiants à travailler tout en les laissant tranquilles s'ils ne veulent pas travailler. Je pense quand même que c'est important de faire des corrections collectives et orales à certain moments, pour mettre de l'emphase sur une méthode ou une erreur classique à éviter, une astuce etc... Mais je pense aussi que ça peut être difficile à mettre en place en France où ce n'est pas la norme. Petite expérience personnelle : j'ai donné un TD cette année à des étudiants, il y avait un autre groupe de TD ou le prof utilisait ce "système suisse" et moi la "méthode classique" avec corrections au tableau. Son TD s'est vidé dans le mien...
Ce qui est dommage c'est qu'on ne progresse qu'en faisait les exercices soi même, pas en lisant une correction. Tout les professeurs et bouquins de math le disent, mais les étudiants ne s'en rendent vraiment compte qu'assez tard en général. -
Bonjour à tous,
Fil très intéressant !
Je connais un prof qui en TD faisait passer en début de séance une feuille contenant un tableau. Lignes=étudiants, colonnes=exos. Chaque étudiant coche ce qu'il a fait dans la feuille. Ensuite, il envoie au tableau, en général un étudiant qui a fait l'exo, mais s'il voit que personne ne fait rien ou quasiment rien, il s'occupe plus de lui ou même le fait passer au tableau.
Contexte : bonne classe, les élèves bossent le TD avant la séance. Pour l'enseignant, très bonne visibilité de ce que font les étudiants.
Sinon, dans la discussion, j'ai l'impression qu'il faut vraiment faire la différence suivant le niveau, et le public.
Déjà, il faut séparer suivant si c'est une filière de type maths/physique/info, ou bien une filière "sciences de la vie-sciences de la terre" etc. Même si le niveau n'est pas fameux dans les deux, le caractère des étudiants, les attentes et l'enjeu ne sont pas les mêmes.
Par exemple en L1, en SV-ST il y a des étudiants souvent bons dans les autres matières, avec bac S mention bien, mais qui n'ont jamais été trop bons en maths, qui n'aiment plus ça, qui ne feront que très rarement d'efforts, et que ça ne désavantagera pas (faible coef). Ils sont durs à motiver.
En sciences dures, il y a beaucoup d'étudiants qui sont là par défaut, qui sont mauvais partout, même dans la matière qu'ils croient être leur "bonne matière", qui veulent se réorienter l'année d'après. Pour eux je pense qu'il n'y a pas grand chose à faire, malheureusement (ça serait quand même bien de pouvoir expliquer que pour s'inscrire en L1 maths, il faut avoir un bac S avec au moins 10 en maths). Après il y a la masse d'étudiants de niveau bas mais qui veulent (et qui vont) continuer à la fac jusqu'à la L3 : ceux-là c'est crucial de trouver des méthodes pour les faire progresser plus, actuellement le niveau en sortie de L3 est trop faible, avec beaucoup de lacunes.
En fait ce qu'il faudrait c'est une année de L0 : remise à niveau (qcms de niveau terminale S, cours de logique, et surtout "lavage de cerveau" sur les choses importantes, en gros effacer les automatismes nocifs du lycée: oublier la calculatrice, accepter de brancher son cerveau et de vraiment réfléchir, on leur donnerait des jeux de logique, des énigmes, des problèmes de géométrie élémentaire jusqu'à ce qu'ils sachent projeter des vecteurs sur deux axes et faire des calculs en coordonnées, découvrir qu'il y a des exercices qui ne sont pas des "exos-types", les faire travailler sur des problèmes un peu longs et pas juste des exercices indépendants avec une question, et surtout, être ultra sévère en rédaction : zéro au charabia, apprendre à voir si une assertion est bien formée ou pas, comprendre ce qu'est une preuve et ce qui n'en est pas. Et puis aussi : comprendre ce qu'est une fonction, et avoir un niveau correct en calcul littéral (puissances, fraction, identités remarquables etc).
Ensuite, ils pourrait aller en L1 :-) et là on pourrait faire des cours raisonnables . En pratique en L1 on fait un mélange de ce que je dis plus haut et du vrai programme, ce qui fait qu'à la fin, ils ont des lacunes sur la base, et aussi des lacunes sur le programme de L1.
Ce principe "d'année zéro" existe dans quelques facs. Dans d'autres facs, il y a des modules de soutien, ou de renforcement, ou des choses comme ça. Mais je serais très curieux de voir des témoignages sur de tels modules : feuilles de TD, réaction des étudiants etc. -
@ samok
En France on aime à changer les mots pour enfumer les gens, technicien de surface pour balayeur, etc.
Dis « orientation » pour sélection si ça te fait plaisir, mais le résultat doit être le même : ne pas conserver des élèves dans des filières à quoi ils sont inadaptés, à aucun niveau, et les refonder, ces filières.
Bonne journée.
Fr. Ch. -
tomasso5: je ne vois pas en quoi "oublier la calculatrice" puisse avoir une relation quelconque avec faire travailler des etudiants. La preuve c'est qu'on deplore le manque de travail aussi bien au lycee (ou elle est en general autorisee, en tout cas au bac) qu'a la fac (ou elle est presque unaniment interdite).
Il y a un juste milieu a trouver entre se precipiter sur sa calculatrice pour ce qui devrait se faire sans (en particulier tout ce qui devrait se faire par du calcul mental) et l'interdiction aveugle, alors qu'elle peut servir pour explorer une direction ou/et pour verifier le resultat dans certains exercices.
Sinon, ca ne sert a rien de rever d'une L0... il faut bien faire avec ce qu'on a! -
oublier la calculatricecomprendre ce qu'est une fonction, et avoir un niveau correct en calcul littéral (puissances, fraction, identités remarquables etc).
Sauf qu'en L1 il y a des calculs pas drôle (DL, décompositions en éléments simples,... [small]puis en L2 matrice de Jordan, on pourrait y ajouter les bases de Grobner si un jour quelqu’un pense à les enseigner à ce niveau[/small]) et l'informatique permet aux étudiants de travailler en autonomie ces parties chronophages du programme. -
Bonsoir,
Chacun ses goûts, j'ai toujours trouvé les DL et décompositions en éléments simples assez amusants.
Cordialement,
Rescassol -
Une technique possible est de donner aux étudiants en début du semestre l'intégralité des feuilles de TD (qui comprendront beaucoup, mais beaucoup plus d'exercices et problèmes qu'il ne sera possible de corriger en TD ) et de leur dire honnêtement et simplement : TOUT ce qui est dans les feuilles de TD est objet de l'examen. Vous êtes libres de travailler ou pas au cours des mois suivants, mais si vous de travaillez pas vous ne passerez pas l'examen c'est absolument garantit. Je ne fais pas de partiels et je ne donne pas de notes politiques.
Si on peut pas faire de la sélection en entrée de l'université (pour ne pas déranger le système des classes prépa) rien n'oblige a ne pas en faire en cours de route c'est a dire a partir du premier semestre de la L1. On veut des étudiants préparés en M1 ou M2 quelle que soit la carrière qu'ils envisagent de faire (prof, chercheur etc...). Rien n'est plus absurde que de continuer a l'université avec le même système de mensonges du secondaire.
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