Déprime post-agreg interne

laurenty

Bonjour,
j'ai, dans l'année, croisé un (=moi), puis deux, puis trois cas de collègues en déprime après avoir eu l'Agreg interne (*).

Normalement, ce devrait être fête pendant un an, on devrait pédaler dans les nuages, avoir une estime de soi surboostée... que se passe-t-il ? Plus de projets à long terme ? Des élèves qui sont toujours les mêmes ? Profond sentiment de soudaine vacuité ?

Anciens agrégés internes, êtes-vous vous aussi passés par là ? Comment en êtes-vous sortis ?

(*) "interne" est déterminant ici je pense

ev

Bah, à mon sens c'est normal. Chaque fois que tu t'investis à fond à dans une entreprise, que tu mets la barre le plus haut possible, et que comme un con tu réussis alors que dans le fond tu n'y croyais pas, tu décompenses.

Les remèdes sont connus.
* Tu te fixes un autre objectif encore plus croquignole en risquant de brouiller avec tes proches.
* Tu t'en tamponnes le coquillard en sifflotant la Paimpolaise.

Bon c'est ce que j'en pense et ça vaut ce que ça vaut.

e.v.

Et pourquoi tu ne t'investirais pas dans l'aide aux collègues qui la veulent cette interne ? Comme ça, en cas de succès vous pourrez monter un club de dépressifs.

Une pensée pour ceux qui sont en plein dedans.

Braun

Bonjour,
On disait jadis aux jeunes femmes « Close your eyes and think of England ». Je te dirais maintenant « Ferme les yeux et pense à la retraite ».

laurenty

Oh merci ev, je cherchai justement le titre de cette chanson entendu pendant la grève de FI !

Fixer un autre objectif. si c'est pour être encore plus déprimé quand il sera atteint ? Il en faudrait un inatteignable.

Penser à la retraite, mon dieu que c'est déprimant.

Aider les collègues, sur ce forum ? Les intervenants ont l'air tellement calés que je n'ose, je n'ai quand même pas le niveau d'un formateur... tiens, j'ai à peine commencé le corrigé de l'épreuve 1 de cette année qu'il y en a déja 2 qui sont tombés sur le site.

Aller, je vais écouter le titre de Brigitte Fontaine, tu as fait le bonheur de ma journée avec, ev.

Jer anonyme

Voici des façons de s'investir en étant en général entouré de gens motivés (think globally, act locally) :
-- aider les collègues qui passent l'interne dans la prépa. agrég. du coin,
-- se rapprocher de l'IREM ou de l'APMEP du coin,
-- donner des colles dans une prépa. du coin (pour ça, l'agrég. aide !),
-- attaquer un M2 d'informatique dans la fac du coin.

Aider les collègues qui passent l'agrég., ça peut être par exemple (à cette saison surtout) leur proposer sa propre collection de plans ou de développements, offrir de les écouter avec une oreille critique mais bienveillante, ou (plus tôt en saison) proposer des sessions d'exercices ensemble, etc. Et ce genre d'échanges peuvent servir aux autres même sans être (ni se poser comme) le héros qui a tout compris et à soi-même pour garder actives toutes ces mathématiques.

laurenty

Ben justement, vous, que faites-vous ? Votre témoignage m'intéresse !
J'avais pensé à l'IREM, mais ça a l'air de concerner essentiellement le niveau collège.

Jer anonyme

Oh non, des groupes, il y en a un peu sur tous les thèmes et tous les niveaux mais c'est variable selon les IREM -- il faut aller voir sur place. Si jamais le lycée est sous-représenté dans l'IREM du coin, c'est peut-être l'occasion de s'intéresser à la liaison collège-lycée, thème jamais épuisé.

gerard0

Laurenty,

j'ai ressenti ce blues post agreg l'année où j'ai réussi l'interne, mais plus tard, car les premiers mois, mon épouse finissait une formation AFPA, et j'avais bien trop à faire à la maison pour la suppléer. Mais en juillet, elle avait fini, et j'ai eu quelques soucis. Heureusement, on était partis en montagne avec des copains, et dès 2000 m d'altitude, plus de déprime.
Donc mon conseil : marche en haute montagne !

Mais comme disait Ev, c'est normal, surtout si tu as soumis ton cerveau à un apprentissage-réapprentissage intensif.

Cordialement.

NB : Il y a aussi souvent un blues de début de retraite, dû à l'absence d'obligations puisque le travail est fini. C'est plus une impression de vide, que certains combattent en remplissant leur vie d'obligations nouvelles (les retraités qui n'ont "plus le temps"). Les autres attendent un peu, puis vivent très agréablement la suite.

ev

@ Braun.
À rajouter dans les pages roses :
Post coitum omne animal triste.
trad. Après un coup de grègue tous les lauréats ont un coup de blouse.

amicalement,

e;v.

laurenty

Post partum ça marche aussi.

C'est vrai que c'est sympa de marcher à 2000 m, mais pas sûr que mes enfants (9 et 12) puissent suivre.

gerard0

Le mien a commencé à 3 ans et demi, avec des passages sur les épaules de son père. Mais à l'époque de l'agreg, c'est moi qui avais du mal à le suivre.

Cordialement.

Sylvain

Mange des gyozas.

AitJoseph

C'est comme la dépression des noces

snowracernc

Une collègue ancienne reçue m'avait parlé de cette déprime post concours.
Si ça peut te consoler, dis toi que pour ceux qui n'ont pas été pris et ont du faire le point après plusieurs admissibilités, ce n'est pas évident non plus, d'accepter de rester dans l'entre deux, le " ni fait, ni à faire". Si tu trouves que tu ne fais plus de maths, que tu as peur d'oublier ce qui a représenté tant d'efforts, pourquoi ne pas commencer un master ou une thèse, ou aller dans un IREM.
De mon côté, j'ai fait un virage arts martiaux, avec une nouvelle carotte au bout du bâton, mais j'ai bon espoir de la décrocher!
Bon courage.

vedeka

Les remèdes pour ma part à cette petite déprime : on m'a proposé des colles en prépa (ça change du collège REP quand même), je demande une mutation en lycée, et je fais un bébé :-).

Plus sérieusement, une ptite question pour Jer anonyme : tu as testé le M2 d'informatique ? J'aurais pensé ne pas avoir les pré-requis nécessaires. Bref, je cherche une idée pour dans trois ou quatre ans...

Jer anonyme

Non mais un collègue est en plein dedans -- bien que ça ne soit pas une déprime post-interne, il est agrégé depuis longtemps mais voulait plus d'activités intellectuelles. Sauf erreur, il n'a pas repris en M2 directement d'ailleurs.

nicolas.patrois

Il peut tester son ciboulot sur le projet Euler.

laurenty

ouaip, le projet Euler, c'était bien !
... mais depuis que je suis tombé sur une page qui liste toutes les bonnes réponses ça ma carrément coupé l'envie.

Rescassol

Bonjour,

Il peut s'amuser avec l'hypothèse de Riemann ou la conjecture de Syracuse.

Cordialement,

Rescassol

discret

J'ai passé l'agreg il y a 20 ans, puis je me suis posé la même question que ci-dessus : "Qu'est-ce que je vais en faire ?"

On peut se la couler douce jusqu'à la retraite...

J'ai préféré passer un DEA (= M2) dans la foulée.

Je ne l'ai jamais regretté. Ça m'a permis, entre autres, d'effectuer un remplacement en PCSI l'an dernier...

nicolas.patrois

laurenty a écrit:

ouaip, le projet Euler, c'était bien !
... mais depuis que je suis tombé sur une page qui liste toutes les bonnes réponses ça ma carrément coupé l'envie.

Je suis aussi tombé dessus mais je continue à jouer le jeu.
Sinon, il y a codingame ou code abbey.

Domi

Il y a tellement de choses à faire après l'agreg et on trouve très vite des occupations bien plus intéressantes . Mais bon , quand on a passé quelques années à préparer il y faut un moment pour se désintoxiquer .

Personnellement je cherche des petits problèmes sans prétention , j'offre les plus faciles à mes élèves afin de pourrir leurs vacances :-D

Et je garde les meilleurs pour moi et pour vous .

Domi

samok

[small]Bonjour Domi,

je suis preneur de tes petits problèmes (pas les tiens, ceux que tu poses). J'aime bien cet esprit.

S[/small]

depasse

Moi aussi

Domi

Je n'ai rien contre mais est-ce le sujet du fil ?

Domi

pi

Bonsoir,
Je comprends, tout cet investissement et puis finalement à quoi ça sert, après ?
Moi mon "angoisse" c'était d'oublier tout de nouveau, l'agreg c'est beaucoup d'investissement, souvent on s'y remet après plusieurs années où le cerveau était en position off (= en préparation de cours de collège), et puis une fois que c'est fait, oui on est content (il ne manquerait plus que ça alors que certains rament pour l'avoir), oui mais et maintenant ?
Moi j'ai opté pour l'option "donner des colles" mais disons que c'est limité, je n'ai pas beaucoup de temps donc je prépare les exercices que je vais donner bien sûr, mais je ne reprends pas non plus forcément toutes les notions en profondeur, disons que je n'approfondis pas beaucoup, mais ça entretient.
ça dépend du temps que l'on a à côté, personnellement je n'ai pas trop le temps de déprimer.
Mais pour ceux qui ont plus de temps et qui veulent continuer, disons qu'il y a l'option tout seul pour soi : chercher des problèmes de concours (grandes écoles, concours général, capes, agreg) ou des problèmes rigolos, et l'option s'inscrire dans un cursus (M2, thèse ...), ce qui fatalement met de nouveau la pression, mais permet sûrement d'aller plus loin ...
Après il y a des gens qui veulent toujours "aller plus loin, plus haut" et d'autres qui se contentent de ce qu'ils ont, ça dépend du caractère de chacun je dirai.