Soit l’application \[\varphi: \left\{ \begin{array}{ccl} \mathbb{R}\left[X\right] & \longrightarrow & \mathbb{R}\left[X\right] \\ P & \longmapsto & P-XP' \end{array} \right.\] Montrer que \(\varphi\) est un endomorphisme. Déterminer son noyau et son image.
On montre facilement que \(\varphi\) est linéaire. Soit un polynôme \(P\in \operatorname{Ker}\varphi\). Si \(P\neq 0\), on peut écrire \(P=a_nX^n +a_{n-1}X^{n-1}+\dots +a_0\) avec \(a_n\neq 0\). Alors \(P=XP'\) d’où \(a_nX^n +\dots = na_nX^n +\dots\). En identifiant les termes de plus haut degré, on trouve que \(a_n(1-n)=0\). Donc, puisque \(a_n\neq 0\), \(n=1\). Mais si \(n=1\), \(P=aX+b\) et alors \(P=XP' \Rightarrow b=0\). Donc \(P=aX\). Réciproquement, si \(P=aX\), (\(a\in \mathbb{R}\)), on a bien \(P=XP'\). En conclusion, \(\boxed{ \operatorname{Ker}\varphi= \mathop{\mathrm{Vect}}(X)}\).
Déterminons \(\mathop{\mathrm{Im}}\varphi\). Soit \(Q=\sum_{k=0}^n b_kX^k\in \mathop{\mathrm{Im}}\varphi\). Alors il existe \(P\in \mathbb{R}_{ }[X]\) tel que \(P-XP'=Q\). En examinant les degrés, il faut que \(\deg P=n\). Posons \(P=\sum_{k=0}^n a_kX^k\). On doit donc avoir \(\forall k \in [0,n]\), \((1-k)a_k=b_k\). Une condition nécessaire pour que \(Q\in \mathop{\mathrm{Im}}\varphi\) est donc que \(b_1=0\). Réciproquement, si \(b_1=0\), en posant \(a_k=\dfrac{b_k}{1-k}\) pour \(k\neq 1\) et \(a_1=0\), on a bien \(\varphi(P)=Q\). En conclusion, \(\boxed{ \mathop{\mathrm{Im}}\varphi=\{ b_nX^n +\dots +b_0; b_1=0 \} }\).
Soit \(A=X^3+X^2+X+1\) et \(E=\mathbb{R}_n\left[X\right]\). Considérons l’application \[r: \left\{ \begin{array}{ccl} E & \longrightarrow & E \\ P & \longmapsto & r\left(P\right) \end{array} \right.\] où \(r\left(P\right)\) désigne le reste de la division euclidienne de \(P\) par \(A\).
Montrer que \(r\) est bien définie et que \(r\in\mathfrak{L}\left(E\right)\)..
Prouver que \(r^2=r\). Qu’en déduisez vous?
Déterminer l’image et le noyau de \(r\).
Soit \(P\in E\). Par application du théorème de la division euclidienne, il existe un unique couple \(\left(Q,R\right)\in\left(\mathbb{R}\left[X\right]\right)^2\) tel que \(P=AQ+R\) et \(\deg R<3\). On a donc \(r\left(P\right)=R\) et \(r\) est bien définie. Si on considère un autre polynôme \(\widetilde P\in E\), il existe un couple \(\left(\widetilde Q,\widetilde R\right)\in\left(\mathbb{R}\left[X\right]\right)^2\) tel que \(\widetilde P=A\widetilde Q+\widetilde R\) et \(\deg \widetilde R<3\). De plus, pour tout \(\alpha,\widetilde\alpha\in\mathbb{R}\) : \[\alpha P + \widetilde \alpha \widetilde P = A\left(\alpha Q+\widetilde\alpha \widetilde Q\right)+ \left(\alpha R+\widetilde \alpha \widetilde R\right)\] et \(\deg \left(\alpha R+\widetilde\alpha \widetilde R\right)< 3\). Par unicité du couple quotient-reste dans la division euclidienne de deux polynômes, on peut affirmer que le reste de la division euclidienne de \(\alpha P + \widetilde\alpha \widetilde P\) par \(A\) est \(\alpha R+\widetilde\alpha \widetilde R\). On prouve ainsi que \(r\left(\alpha P + \widetilde\alpha \widetilde P\right)=\alpha r\left(P\right) + \widetilde \alpha r\left(\widetilde P\right)\) et donc \(r\in \mathfrak{L}\left(E\right)\).
Avec les notations de la question précédente, \(r\left(P\right)=R\) avec \(\deg R<3\). Donc \(R=0A+R\) et par unicité du couple quotient-reste dans la division euclidienne, \(r\left(R\right)=R\). On prouve ainsi que \(r^2=r\). \(r\) est donc un projecteur.
Il est clair que le noyau de \(r\) est l’ensemble des polynômes de \(\mathbb{R}_n\left[X\right]\) qui sont divisibles par \(A\). Il est aussi clair que \(\mathop{\rm Im}r\subset \mathbb{R}_2\left[X\right]\). Mais si \(P\in \mathbb{R}_2\left[X\right]\) alors \(r\left(P\right)=P\) donc on a aussi : \(\mathbb{R}_2\left[X\right]\subset \mathop{\rm Im}r\) et donc \(\mathop{\rm Im}r=\mathbb{R}_2\left[X\right]\).
Soient \(n\in\mathbb{N}^*\) et \[\Delta: \left\{ \begin{array}{ccl} \mathbb{C}_{n+1}\left[X\right] & \longrightarrow & \mathbb{C}_n\left[X\right] \\ P & \longmapsto & P\left(X+1\right)-P\left(X\right) \end{array} \right.\]
Montrer que \(\Delta\) est bien définie puis que c’est une application linéaire.
Déterminer le noyau de \(\Delta\).
En déduire que \(\Delta\) est surjective.
On considère maintenant \(E=\mathbb{C}\left[X\right]\) et \[\Delta: \left\{ \begin{array}{ccl} E & \longrightarrow & E \\ P & \longmapsto & P\left(X+1\right)-P\left(X\right) \end{array} \right.\]
Montrer que \(\Delta\) est un endomorphisme de \(E\).
Déterminer \(\mathop{\rm Im}\Delta\).
Soient \(P\in \mathbb{C}\left[X\right]\) et \(n\in\mathbb{N}\). Montrer que : \[\Delta^n\left(P\right)=\left(-1\right)^n \sum_{k=0}^n \left(-1\right)^k \binom{n}{k} P\left(X+k\right)\]
En déduire que si \(\deg P <n\) alors on a : \(\sum_{k=0}^n \left(-1\right)^k \binom{n}{k} P\left(k\right)=0\).
Soit \(P=a_{n+1}X^{n+1}+\dots+a_0\in\mathbb{C}_{n+1}\left[X\right]\). Montrons que \(\Delta\left(P\right)\in\mathbb{C}_n\left[X\right]\). On a : \[\begin{aligned} \Delta\left(P\right)&=&\left(a_{n+1}\left(X+1\right)^{n+1}+a_{n}\left(X+1\right)^n+\dots+a_1\left(X+1\right)+a_0 \right)- \left(a_{n+1}X^{n+1}+a_n X^n+\dots+a_1X+a_0\right)\\ &=& \left(a_{n+1}X^{n+1}+ \underbrace{\dots}_{\textrm{ termes de degré $\leqslant n$}} \right) - \left(a_{n+1} X^{n+1} + \underbrace{\dots}_{\textrm{ termes de degré $\leqslant n$}} \right) \end{aligned}\] donc \(\deg \Delta\left(P\right)\leqslant n\) et \(\Delta \left(P\right)\in\mathbb{C}_n\left[X\right]\). Par ailleurs, si \(P,Q\in\mathbb{C}_{n+1}\left[X\right]\) et si \(\alpha,\beta\in\mathbb{C}\) alors : \[\begin{aligned} \Delta\left(\alpha P+ \beta Q\right)&=& \left(\alpha P+ \beta Q\right)\left(X+1\right)-\left(\alpha P+ \beta Q\right)\left(X\right)\\ &=& \alpha\left(P\left(X+1\right)-P\left(X\right)\right)+\beta \left(Q\left(X+1\right)-Q\left(X\right)\right)\\ &=&\alpha\Delta\left(P\right)+\beta \Delta\left(Q\right)\end{aligned}\] donc \(\Delta\) est linéaire.
Soit \(m\geqslant 1\) et soit \(P=a_{m}X^{m}+\dots+a_0\) un polynôme de degré \(m\in C_{n+1}\left[X\right]\) avec \(m\leqslant n+1\). On a donc : \(a_m\neq 0\). Supposons que \(P\in{\rm Ker}\,\Delta\). Alors \(P\) vérifie \(P\left(X+1\right)=P\left(X\right)\) ce qui amène : \[a_{m}\left(X+1\right)^{m}+\dots+a_0 = a_{m}X^{m}+\dots+a_0 .\] Le coefficient du terme de degré \(m-1\) de \(P\left(X+1\right)\) est \(m a_{m} + a_{m-1}\) et celui de \(P\) est \(a_{m-1}\). Les deux polynômes étant égaux, il en est de même de leurs coefficients, ce qui amène \(m=0\) car \(a_m\neq 0\). On en déduit que \(P\) est un polynôme constant. Réciproquement, on vérifie que tout polynôme constant est élément du noyau de \(\Delta\) et donc \(\boxed{{\rm Ker}\,\Delta=\mathbb{R}_0\left[X\right]}\).
D’après la formule du rang, \(\dim \mathop{\rm Im}\Delta=n+1\) et comme \(\dim \mathbb{C}_n\left[X\right]=n+1\), il vient \(\mathop{\rm Im}\Delta=\mathbb{C}_n\left[X\right]\). \(\Delta\) est donc surjective.
On montre de la même façon que précédemment que \(\Delta\) est un endomorphisme.
Montrons que \(\Delta\) est surjective. Soit \(P\in\mathbb{C}\left[X\right]\) et \(n=\deg P\). Par application de la partie précédente, \(\Delta_{|\mathbb{C}_{n+1}\left[X\right]}:\mathbb{C}_{n+1}\left[X\right] \rightarrow \mathbb{C}_{n}\left[X\right]\) est surjective. Comme \(P\in \mathbb{C}_{n}\left[X\right]\) il existe \(Q\in \mathbb{C}_{n+1}\left[X\right]\) tel que \(\Delta\left(Q\right)=P\). On en déduit que \(\Delta\) est surjective et que \(\boxed{\mathop{\rm Im}\Delta=\mathbb{C}\left[X\right]}\).
Introduisons l’application \(\delta: \left\{ \begin{array}{ccl} E & \longrightarrow & E \\ P & \longmapsto & P\left(X+1\right) \end{array} \right.\). On vérifie facilement que \(\delta\) est un endomorphisme de \(E\) et que \(\Delta=\delta-\mathop{\mathrm{id}}\nolimits\). De plus, pour tout \(k\in\mathbb{N}^*\), \(\delta^k \left(P\left(X\right)\right)=P\left(X+k\right)\). Comme les endomorphismes \(\delta\) et \(\mathop{\mathrm{id}}\nolimits\) commutent, la formule du binôme donne, pour tout \(n\in\mathbb{N}^*\) : \[\Delta^n=\left(\delta-\mathop{\mathrm{id}}\nolimits\right)^n=\sum_{k=0}^n \dbinom{n}{k}\left(-1\right)^{n-k}\delta^ k=\left(-1\right)^n \sum_{k=0}^n \dbinom{n}{k} \left(-1\right)^k \delta^k\] donc pour tout \(P\in E\) : \[\Delta^n \left(P\right)= \left(-1\right)^n \sum_{k=0}^n \dbinom{n}{k} \left(-1\right)^k P\left(X+k\right).\]
Remarquons que pour tout polynôme non constant de \(\mathbb{C}\left[X\right]\), \(\deg \Delta\left(P\right) =\deg \Delta\left(P\right)-1\). On en déduit que si \(\deg P<n\) alors \(\Delta^n\left(P\right)=0\) et en utilisant la relation établie dans la question précédente, on obtient :\(\boxed{\sum_{k=0}^n \left(-1\right)^k \binom{n}{k} P\left(k\right)=0}\)
Déterminer dans \(\mathbb{R}[X]\) les polynômes \(P\) satisfaisant à \(n(n-1)P - (X^{2}-1)P" = 0. \quad (n\geqslant 2)\).
Montrer que \(P\) est nécessairement nul ou de degré \(n\).
Démontrer que l’ensemble des solutions est un espace vectoriel de dimension \(1\).
Démontrer que \(P\) est un polynôme de même parité que \(n\). En déduire la nullité de certains coefficients de \(P\).
Établir une relation de récurrence entre les coefficients de \(P\), déterminer \(P\) et montrer que : \[1 + \displaystyle\sum_{2\leqslant 2q\leqslant n} (-1)^q \dfrac{\binom{n}{2q}\binom{n-1}{q}}{\binom{2n-2}{2q}} = 0.\]
Supposons que \(P\) est une solution non nulle et soit \(\lambda X^k\) son terme dominant. Comme les termes dominants de \(n(n-1)P\) et de \((X^{2}-1)P"\) sont égaux, on en déduit que \(\lambda n(n-1) = \lambda k(k-1)\) d’où \(n^2 - n = k^2 -k\) soit \((n-k)(n+k-1) = 0\) d’où \(n=k\) ce qu’il fallait vérifier.
L’ensemble des solutions est le noyau de l’endomorphisme \(\varphi\) de \(\mathbb{R}_n[X]\) défini par :
Il est clair que si \(P\) est solution non nulle, alors \(Q = P(-X)\) est aussi solution, de même degré \(n\). \(Q- (-1)^nP\) appartient donc aussi à \(\operatorname{Ker}\varphi\). Comme son degré est \(< n\), c’est le polynôme nul. Ce qu’il fallait vérifier.
En posant \(P = \displaystyle\sum_{k=0}^n a_k X^k\) on a \(P'' = \displaystyle\sum_{k=0}^n k(k-1)a_k X^{k-2} = \sum_{k=0}^{n-2} (k+2)(k+1)a_{k+2} X^{k}\) et \(XP'' = \displaystyle\sum_{k=0}^n k(k-1)a_k X^{k}\). Pour \(k = 0,\ldots,n-2\), le coefficient de degré \(k\) du polynôme \(n(n-1)P - (X^{2}-1)P"\) est nul,