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Les deux suites convergent donc vers une même limite \(l=l_1=l_2\).
Notion de limite puis théorèmes généraux sur les suites réelles.
Suites réelles
Notion de limite puis théorèmes généraux sur les suites réelles.
On dit qu’une grandeur est la limite d’une autre grandeur, quand la seconde peut s’approcher de la première plus près que d’une grandeur donnée, si petite qu’on puisse la supposer...
D’Alembert.
Pour bien aborder ce chapitre
Nous allons définir dans ce chapitre et le suivant une des notions les plus fondamentales en analyse, celle de limite.
Si on se pose les questions suivantes :
La réponse est la même : une limite.
Bien que les mathématiciens utilisent ces différents objets depuis la renaissance, ce n’est que vers la fin du \(18^{\textrm{ e}}\) siècle et le début du \(19^{\textrm{ e}}\) siècle que la notion de limite, grâce à D’Alembert (voir [fig:Bio_DAlembert] page [fig:Bio_DAlembert]) et à Cauchy (voir [fig:Bio_Cauchy] page [fig:Bio_Cauchy]), commence à être formalisée. Le cours d’analyse de Cauchy, alors qu’il professait à l’École Polytechnique, allait d’ailleurs devenir une référence pour tout travail en analyse au \(19^{\textrm{ e}}\) siècle. Malgré la grande rigueur de son contenu, il subsistait des lacunes, comme une preuve, fausse, que la limite d’une série de fonctions continues est continue. Le mathématicien allemand Karl Weierstrass vers \(1860\) (voir biographie [fig:Bio_Weierstrass] page [fig:Bio_Weierstrass]) et ses élèves formalisèrent définitivement la notion de limite et parachevèrent l’œ uvre de Cauchy. La forme actuelle de la définition d’une limite est exactement celle donnée par Weierstrass.
Il vous faudra prendre le temps dans ce chapitre de bien comprendre les nouvelles notions, de faire et refaire les démonstrations. Il fallut plusieurs siècles pour que les mathématiciens formalisent ces concepts correctement. Il est alors naturel que cela vous demande un travail approfondi. Vous êtes en train de préparer les fondations sur lesquelles seront construites toute votre connaissance en analyse.
Définitions
Vocabulaire
(Suite réelle). Une suite réelle est une application \(u:\mathbb{N}\rightarrow
\mathbb{R}\). On note cette application sous forme indicielle \((u_n)_{n\in \mathbb{N}}\) ou encore \((u_n)\). L’ensemble des suites réelles est noté \(\mathscr S(\mathbb{R})\).
On adoptera une des visualisations suivantes pour une suite :
Opérations sur les suites
(Opérations sur les suites). On définit les lois suivantes sur l’ensemble des suites \(\mathscr
S(\mathbb{R})\). Soient \((u_n),(v_n)\in \mathscr S(\mathbb{R})\) et \(\lambda \in \mathbb{R}\),
(Suite majorée, minorée, bornée). On dit qu’une suite réelle \(\left(u_n\right)\) est :
Une suite \(\left(u_n\right)\in \mathscr S (\mathbb{R})\) est bornée si et seulement si la suite \(\left(\left|u_n\right|\right)\) est majorée : \[\exists M\in\mathbb{R}, \quad \forall n\in\mathbb{N}, \quad \left|u_n\right| \leqslant M\]
(Suite croissante, décroissante, monotone). On dit qu’une suite réelle \(\left(u_n\right)\) est
(Suite constante). Une suite \((u_n)\in \mathscr S(\mathbb{R})\) est dite constante lorsqu’il existe un réel \(\alpha \in \mathbb{R}\) tel que \(\forall n \in \mathbb{N},~u_n=\alpha\).
(À partir d’un certain rang). On dit qu’une propriété \(P(n)\) est vérifiée à partir d’un certain rang \(N \in \mathbb{N}\) si et seulement s’il existe un entier \(N\in \mathbb{N}\) tel que \(\forall n \geqslant N\), la propriété \(P(n)\) est vraie.
Convergence d’une suite
Suites convergentes, divergentes
(Limite, suite convergente, suite divergente). On dit qu’une suite réelle \(\left(u_n\right)\) converge vers un réel \(l\in\mathbb{R}\) si et seulement si \[\boxed{\forall \varepsilon>0,\quad \exists N\in\mathbb{N}:\quad \forall n\in
\mathbb{N}, \quad n\geqslant N \Rightarrow
\left|u_n-l\right|\leqslant\varepsilon}\] c’est-à dire, pour tout epsilon strictement positif, il existe un entier N tel que pour tout \(n\) plus grand que \(N\), \(u_n\) est à une distance plus petite que \(\varepsilon\) de \(l\).
On dit alors que \(l\) est la limite de la suite \((u_n)\) et on note \(u_n\xrightarrow[n\rightarrow +\infty]{} l\) ou encore \(\displaystyle{\lim_{n \rightarrow +\infty} u_n=l}\).
Pour comprendre cette définition, étudiez le premier dessin de la figure ci-dessous. Imaginez qu’une clé à molette est centrée sur l’axe \((Oy)\) en \(l\). Vous pouvez choisir l’ouverture \(2\varepsilon\) à votre guise aussi petite que vous le souhaitez. Chaque ouverture détermine une bande \([l-\varepsilon,l+\varepsilon]\). Si la suite converge vers \(l\), on peut trouver un rang \(N\) à partir duquel tous les termes de la suite sont dans la bande \([l-\varepsilon, l+\varepsilon]\). Une autre façon de comprendre cette définition consiste à interpréter \(n\) comme un temps. À l’instant \(n\), on allume un point sur l’axe \((Ox)\) d’abscisse \(u_n\). Pour tout \(\varepsilon> 0\), à partir de l’instant \(N\), tous les points allumés seront dans l’intervalle \([l-\varepsilon, l+\varepsilon]\).
Multimédia: un pied à coulisse où l’on choisit \(\varepsilon\) avec le rang \(N\) à partir duquel tous les termes sont dans la bande \([l-\varepsilon, l+\varepsilon]\)
(Pour montrer que \(u_n\xrightarrow[n\rightarrow +\infty]{} l\)). On utilise le plan
Montrons que la suite \((1/n)_{n\in\mathbb{N}^*}\) converge vers \(0\) en utilisant le plan ci-dessus.
(On peut utiliser une inégalité stricte dans la définition de convergence). Une suite \((u_n)\) converge vers une limite \(l \in \mathbb{R}\) si et seulement si \[\forall \varepsilon> 0,~\exists N \in \mathbb{N},~ \forall n \in \mathbb{N},~ n\geqslant N \Rightarrow \lvert u_n-l \rvert < \varepsilon\]
Nous allons voir cette année plusieurs définitions d’analyse faisant intervenir des inégalités. Par défaut, nous utiliserons des inégalités larges. On peut souvent remplacer dans les définitions ces inégalités larges par des inégalités strictes au besoin en utilisant l’idée de la démonstration précédente.
(Unicité de la limite). La limite d’une suite réelle, si elle existe, est unique.
(1). Supposons que \(\left(u_n\right)\) possède deux limites \(l_1,l_2\in\mathbb{R}\) et montrons par l’absurde que \(l_1=l_2\).
Supposons \(l_1\neq l_2\) et posons \(\varepsilon= \lvert l_1-l_2 \rvert /2 > 0\). Puisque \(u_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}l_1\), il existe un rang \(N_1 \in \mathbb{N}\) à partir duquel \(\lvert u_n - l_1 \rvert < \varepsilon\) et puisque \(u_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}l_2\), il existe un rang \(N_2\) à partir duquel \(\lvert u_n-l_2 \rvert < \varepsilon\). Considérons l’entier \(n = \max(N_1,N_2)\) supérieur à la fois à \(N_1\) et \(N_2\). On a \(\lvert u_n-l_1 \rvert < \varepsilon\) et \(\lvert u_n-l_2 \rvert < \varepsilon\) mais alors, en utilisant l’inégalité triangulaire, \[\lvert l_1-l_2 \rvert = \left|(l_1-u_n)+(u_n-l_2)\right|
\leqslant\lvert u_n-l_1 \rvert + \lvert u_n-l_2 \rvert < 2\varepsilon= \lvert l_1-l_2 \rvert\] ce qui est absurde.
(La valeur absolue d’une suite convergente est convergente). Soit \(\left(u_n\right)\) une suite convergeant vers \(l\in\mathbb{R}\). Alors \(\boxed{\left|u_n\right|\xrightarrow[n\rightarrow +\infty]{} \left|l\right|}\)
Soit \(\varepsilon> 0\), puisque \(u_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}l\), il existe un rang \(N \in \mathbb{N}\) à partir duquel \(\lvert u_n - l \rvert \leqslant\varepsilon\). Alors pour \(n \geqslant N\), en vertu de la minoration de l’inégalité triangulaire voir [inegalites_triangulaires_R] page [inegalites_triangulaires_R], \(\bigl|~\lvert u_n \rvert - \lvert l \rvert ~\bigr| \leqslant\lvert u_n - l \rvert \leqslant\varepsilon\).
(Une suite convergente est bornée). Toute suite convergente est bornée.
(3). Posons \(\varepsilon= 1\). Puisque \((u_n)\) converge, il existe \(l \in \mathbb{R}\) et \(N \in \mathbb{N}\) tel que \(\forall n \geqslant N\), \(\lvert u_n-l \rvert \leqslant\varepsilon\). Donc pour \(n \geqslant N\), en vertu de la minoration de l’inégalité triangulaire, \(\lvert u_n \rvert - \lvert l \rvert \leqslant\lvert u_n-l \rvert \leqslant 1\) et donc \(\lvert u_n \rvert \leqslant 1 + \lvert l \rvert\). Les premiers termes sont en nombre fini, donc on peut poser \(M = \max(\lvert u_0 \rvert ,\dots, \lvert u_{N-1} \rvert , 1 + \lvert l \rvert )\). Alors, \(\forall n \in \mathbb{N}\), \(\lvert u_n \rvert \leqslant M\) ce qui montre que la suite est bornée.
On se sert souvent du résultat suivant pour transformer l’hypothèse sur une limite en inégalité à partir d’un certain rang.
(Transformation de limite en inégalités). Soit \((u_n)\) une suite et \(k,k' \in \mathbb{R}\). On suppose que
Alors, il existe un rang \(N \in \mathbb{N}\) tel que \(\forall n \geqslant N\), \(k \leqslant u_n \leqslant k'\).
(1). Posons \(\varepsilon= \min(l-k, k'-l) > 0\). Puisque \(u_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}l\), il existe un rang \(N\) à partir duquel \(\lvert u_n-l \rvert \leqslant\varepsilon\). Alors, si \(n \geqslant N\),
Opérations sur les limites
Opérations algébriques sur les limites
Les démonstrations de ce paragraphe sont très instructives pour comprendre ce qu’est une preuve d’analyse. Nous les avons rédigées en deux étapes. La première étape (qui se fait au brouillon) consiste à comprendre l’idée de l’approximation. La deuxième étape consiste à rédiger rigoureusement une preuve qui s’appuie sur le plan de démonstration correspondant aux définitions. Étudiez en particulier l’ordre dans lequel les différents objets sont introduits dans ces preuves.
Soit \((u_n)\) une suite réelle et \(l\) un réel. La suite \((u_n)\) converge vers \(l\) si et seulement si la suite \((u_n-l)\) converge vers \(0\).
Il suffit d’écrire \(\lvert u_n-l \rvert = \lvert (u_n-l)-0 \rvert\) dans la définition.
Pour montrer qu’une suite converge vers une limite \(l\), il suffit donc de majorer \(\lvert u_n-l \rvert\) comme le montre le résultat suivant.
(Théorème de majoration). Soit \((u_n)\) une suite réelle et \(l\in \mathbb{R}\). On suppose qu’il existe une suite réelle \((\alpha_n)\) et un rang \(N_1\in\mathbb{N}\) tel que
alors \(u_n \xrightarrow[n\rightarrow +\infty]{} l\)
(La somme de suites convergentes est convergente). Soient \((u_n)\) et \((v_n)\) deux suites. On suppose que
Alors \(u_n+v_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}l+l'\).
(3). Nous devons majorer \(\lvert (u_n+v_n)-(l+l') \rvert\) à partir d’un certain rang. Notre hypothèse permet de majorer les quantités \(\lvert u_n-l \rvert\) et \(\lvert v_n-l' \rvert\) par un réel \(\varepsilon'> 0\) arbitraire à partir d’un certain rang. Faisons donc apparaître ces groupements avant d’utiliser l’inégalité triangulaire : \[\lvert (u_n+v_n)-(l+l') \rvert = \lvert (u_n-l) + (v_n-l') \rvert \leqslant\lvert u_n-l \rvert +
\lvert v_n-l' \rvert \leqslant 2\varepsilon'\] Il ne reste plus qu’à rédiger rigoureusement la preuve en suivant le plan de démonstration.
(Combinaison linéaire de suites convergentes). Soient deux suites \((u_n)\) et \((v_n)\) convergentes : \(u_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}l\) et \(v_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}l'\). Alors pour tous réels \(\alpha, \beta \in \mathbb{R}\), \[\alpha u_n + \beta v_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}\alpha l + \beta l'\]
Similaire à la preuve précédente et laissée en exercice. Utiliser \(\varepsilon' = \varepsilon/(\lvert \alpha \rvert +\lvert \beta \rvert )\) lorsque \(\alpha\) et \(\beta\) ne sont pas tous les deux nuls.
(Produit de suites convergentes). On considère deux suites \((u_n)\) et \((v_n)\) convergentes :
Alors \(u_nv_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}ll'\).
(3). Nous devons estimer la quantité \(\lvert u_nv_n - ll' \rvert\) et utiliser notre hypothèse, \(\lvert u_n-l \rvert \leqslant\varepsilon'\) et \(\lvert v_n-l' \rvert \leqslant\varepsilon'\). Faisons donc apparaître ces groupements à l’intérieur des valeurs absolues avant de majorer grâce à l’inégalité triangulaire : \[\lvert u_nv_n-ll' \rvert = \lvert u_n(v_n-l') + l'(u_n - l) \rvert \leqslant\lvert u_n \rvert \lvert v_n-l' \rvert + \lvert l' \rvert
\lvert u_n-l \rvert \leqslant(\lvert u_n \rvert +\lvert l' \rvert )\varepsilon'\] Il reste \(\lvert u_n \rvert\) qu’il nous faut majorer. Nous savons qu’une suite convergente est bornée, donc \(\lvert u_n \rvert \leqslant M\) et alors \(\lvert u_nv_n-ll' \rvert \leqslant(\lvert l' \rvert +M)\varepsilon'\). Reste à rédiger rigoureusement la preuve en suivant le plan de démonstration.
(Inverse d’une suite convergente). Soit \((u_n)\) une suite et \(l \in \mathbb{R}\). On suppose que
Alors \(\dfrac{1}{u_n} \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}\dfrac{1}{l}\).
(3). Nous devons estimer la quantité \(\lvert 1/u_n - 1/l \rvert\) en utilisant l’hypothèse \(\lvert u_n-l \rvert \leqslant\varepsilon'\). Écrivons \[\left|\dfrac{1}{u_n} - \dfrac{1}{l}\right| = \dfrac{\lvert u_n-l \rvert }{\lvert l \rvert \lvert u_n \rvert } \leqslant
\dfrac{\varepsilon'}{\lvert l \rvert \lvert u_n \rvert }\] Il reste \(\lvert u_n \rvert\) au dénominateur qu’il nous faut minorer. Comme \(\lvert u_n \rvert \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}\lvert l \rvert\), et que \(k = \lvert l \rvert /2 < \lvert l \rvert\), d’après la proposition [transformation_limite_inegalite], à partir d’un certain rang, \(\lvert 1/u_n - 1/l \rvert \leqslant 2\varepsilon'/\lvert l \rvert ^2\). Il nous reste à rédiger rigoureusement cette idée en suivant le plan :
(Quotient de suites convergentes). On considère deux suites \((u_n)\) et \((v_n)\) et on fait les hypothèses suivantes.
Alors \(\dfrac{u_n}{v_n} \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}\dfrac{l}{l'}\).
Il suffit d’appliquer les théorèmes [thm:0714182749] puis [thm:0714181845].
Les théorèmes précédents s’appellent les théorèmes généraux sur les suites.
Limites et relations d’ordre
Nous allons voir dans ce paragraphe les liens entre limites et inégalités. Ces résultats sont particuliers aux suites réelles et ne s’étendront pas aux suites complexes (il n’y a pas de relation d’ordre naturelle dans \(\mathbb{C}\) !).
(Passage à la limite dans une inégalité). Soit \((u_n)\) une suite réelle et \(k \in \mathbb{R}\). On suppose que :
Alors \(l \leqslant k\).
Montrons le résultat par l’absurde. Supposons \(l > k\) et posons \(\varepsilon= l-k >
0\). Puisque \(u_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}l\), il existe un rang \(N_1 \in \mathbb{N}\) à partir duquel \(\lvert u_n-l \rvert < \varepsilon\) (on peut utiliser une inégalité stricte dans la définition de la limite). D’après la deuxième hypothèse, il existe un rang \(N_2 \in \mathbb{N}\) à partir duquel \(u_n \leqslant k\). Considérons l’entier \(n = \max(N_1, N_2)\). On devrait avoir d’une part \(l-u_n < l-k\) d’où \(u_n > k\) et d’autre part \(u_n \leqslant k\) ce qui est absurde.
Attention aux hypothèses de ce théorème important : on suppose que la suite converge. En aucun cas un passage à la limite ne permet de justifier l’existence d’une limite. On obtient évidemment le théorème correspondant en remplaçant l’inégalité \(\leqslant\) par \(\geqslant\).
(Passage à la limite dans les inégalités). Soient deux suites \((u_n)\) et \((v_n)\). On suppose que :
Alors \(l\leqslant l'\).
Il suffit d’utiliser le résultat précédent avec la suite \((w_n) = (u_n-v_n)\) et \(k = 0\).
Multimédia: Une suite cv vers \(l\). On choisit une barre de hauteur \(k < l\) et on obtient le rang à partir duquel \(u_n \geqslant k\)
(Théorème des gendarmes). On considère trois suites: \((u_n)\), \((v_n)\) et \((w_n)\) . On suppose que :
Alors la suite \((u_n)\) converge vers \(l\).
(1).
Contrairement au passage à la limite dans les inégalités, le théorème des gendarmes garantit l’existence de la limite de \((u_n)\). Bien distinguer les deux théorèmes.
(Caractérisation séquentielle de la borne supérieure). On considère une partie \(X\) non vide et majorée de \(\mathbb{R}\). Elle possède une borne supérieure \(\sup X\). Soit un réel \(l \in \mathbb{R}\). Les deux propriétés suivantes sont équivalentes.
(1). La preuve illustre bien l’utilisation des deux théorèmes précédents.
Limites infinies
Nous allons étendre la notion de limite d’une suite à \(\overline{\mathbb{R}}\).
(Suite divergeant vers \(+\infty\) ou \(-\infty\)). Soit \(\left(u_n\right)\) une suite réelle.
(Pour montrer que \(u_n\xrightarrow[n\rightarrow +\infty]{}
+\infty\)). On utilise le plan :
Attention, il existe des suites divergentes qui ne tendent pas vers \(\pm \infty\), par exemple la suite de terme général \((-1)^n\) …
On étend les théorèmes généraux aux suites qui divergent vers l’infini. Par exemple :
Soient \((u_n)\) et \((v_n)\) deux suites. On suppose que
Alors \(u_n + v_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}+\infty\).
On veut minorer \(u_n+v_n\) à partir d’un certain rang. Avec nos hypothèses, à partir d’un certain rang, \(u_n \geqslant l - 1\) et \(v_n \geqslant M'\) (avec \(M'\) aussi grand que l’on veut). Alors à partir d’un certain rang, \(u_n + v_n \geqslant M' + l - 1\). Il suffit de rédiger rigoureusement cette idée :
Plus généralement, on dispose des théorèmes généraux suivants qui utilisent les opérations sur \(\overline{\mathbb{R}}\) vues dans les tables .
(Théorèmes généraux étendus à \(\overline{\mathbb{R}}\)). On considère deux suites \((u_n)\) et \((v_n)\). On suppose que :
Alors,
On utilise souvent la variante suivante du théorème des gendarmes :
(Théorème des gendarmes étendu à \(\overline{\mathbb{R}}\)). Soient deux suites \((u_n)\) et \((v_n)\). On suppose que
alors \(u_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}-\infty\).
Alors \(u_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}+\infty\).
De même, si
Suite extraite d’une suite
(Suite extraite). On dit qu’un suite \((v_n)\) est une suite extraite ou une sous suite d’une suite \((u_n)\) s’il existe une application \(\varphi:\mathbb{N}\rightarrow \mathbb{N}\) strictement croissante telle que \[\forall n \in \mathbb{N}, \quad v_n=u_{\varphi(n)}\]
Soit \(\varphi:\mathbb{N}\rightarrow \mathbb{N}\) strictement croissante. Alors \[\forall n \in \mathbb{N},\quad \varphi(n) \geqslant n\]
Par récurrence :
(Une suite extraite d’une suite convergente est convergente). Toute suite extraite d’une suite \(\left(u_n\right)\) convergeant vers une limite \(l\) est une suite convergeant vers \(l\)
Soit \(\varphi: \mathbb{N}\mapsto \mathbb{N}\) une application strictement croissante. On suppose que \(u_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}l\). Montrons que \(u_{\varphi(n)} \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}l\).
(Critère de divergence d’une suite). Soit \((u_n)\) une suite réelle. On suppose qu’il existe deux suites extraites \(u_{\varphi(n)}\) et \(u_{\widetilde
\varphi(n)}\) telles que:
Alors la suite \((u_n)\) est divergente.
Il suffit de prendre la contraposée de la précédente proposition : si \(\left(u_n\right)\) admet des suites extraites qui ont des limites différentes, alors elle diverge.
La suite \((u_n)=\left((-1)^n\right)\) est divergente. En effet, la suite extraite \((u_{2n})\) converge vers \(1\) alors que la suite extraite \((u_{2n+1})\) converge vers \(-1\).
(Critère de convergence d’une suite). Soit \(\left(u_n\right)\) une suite et \(l\in\overline{\mathbb{R}}\). On suppose que :
alors \(u_n \xrightarrow[n\rightarrow +\infty]{} l\).
Suites monotones
Théorème de la limite monotone
(Théorème de la limite monotone). Soit \(\left(u_n\right)\) une suite croissante. On a les deux possibilités suivantes.
(3).
Soit \(\left(u_n\right)\) une suite décroissante. On a les deux possibilités suivantes.
Il suffit d’appliquer la propriété précédente à la suite \(\left(-u_n\right)\).
Le théorème de la limite monotone permet de justifier l’existence d’une limite sans la connaître explicitement. C’est un théorème d’existence abstrait très important en analyse.
Suites adjacentes
(Suites adjacentes). Soient \(\left(u_n\right)\) et \(\left(v_n\right)\) deux suites réelles. On dit que \(\left(u_n\right)\) et \(\left(v_n\right)\) sont adjacentes si et seulement si
(Théorème de convergence des suites adjacentes). Soient \(\left(u_n\right)\) et \(\left(v_n\right)\) deux suites réelles. On suppose que
Alors ces deux suites sont convergentes et convergent vers la même limite \(l\in\mathbb{R}\). De plus, \[\boxed{\forall n\in\mathbb{N}, \quad u_n \leqslant l \leqslant v_n}\]
Approximation décimale des réels
Dans tout ce paragraphe \(x\) est un nombre réel. Pour tout \(n\in\mathbb{N}\), on pose \[\boxed{p_n=E\left(10^n x\right)}\] Par définition de la partie entière d’un réel, on a \(p_n \leqslant 10^n x < p_{n}+1\). Cette inégalité est équivalente à \(\dfrac{E\left(10^n x\right)}{10^n} \leqslant x < \dfrac{E\left(10^n x\right)+1}{10^n}\).
Posons, pour tout \(n\in\mathbb{N}\), \[a_n=\dfrac{E\left(10^n x\right)}{10^n} \quad \textrm{ et} \quad b_n=\dfrac{E\left(10^n x\right)+1}{10^n}\]
(Valeur décimale approchée). Soit \(n\in\mathbb{N}\). Les rationnels \(a_n\) et \(b_n\) sont appelés respectivement valeurs décimales approchées de \(x\) à \(10^{-n}\) près respectivement par défaut et par excès.
\(n\) | \(a_n\) | \(b_n\) | erreur\(=10^{-n}\) | |
\(1\) | \(1 < \sqrt 2<2\) | \(1\) | \(2\) | \(1\) |
\(2\) | \(1.4 < \sqrt 2<1.5\) | \(1.4\) | \(1.5\) | \(0.1\) |
\(3\) | \(1.41 < \sqrt 2<1.42\) | \(1.41\) | \(1.42\) | \(0.01\) |
\(4\) | \(1.414 < \sqrt 2<1.415\) | \(1.414\) | \(1.415\) | \(0.001\) |
Les suites \(\left(a_n\right)\) et \(\left(b_n\right)\) sont adjacentes et leur limite commune est \(x\).
Soit \(n\in\mathbb{N}\). Rappelons que \(p_n \leqslant 10^n x < p_{n}+1\) où \(p_n=E\left(10^n x\right)\). En multipliant par \(10\) chaque membre de cette inégalité, on obtient \[10 p_n \leqslant 10^{n+1}x < 10\left(p_{n}+1\right).\] Or \(p_{n+1}\) est le plus grand entier inférieur à \(10^{n+1}x\) et \(1+p_{n+1}\) est le plus petit entier supérieur à \(10^{n+1}x\). Par conséquent, on a
Segments emboités et théorème de Bolzano-Weierstrass
( Théorème des segments emboîtés). Soit \((I_n)_{n\in\mathbb{N}}\) une suite de segments, \(I_n=[a_n,b_n]\) tels que
Alors il existe un réel \(l\in \mathbb{R}\) tel que \(\bigcap_{n\in\mathbb{N}} I_n =\{l\}\).
Soit \(n \in \mathbb{N}\). Puisque \([a_{n+1}, b_{n+1}]\subset [a_n, b_n]\), on a \(a_n \leqslant a_{n+1}\) et \(b_{n+1} \leqslant b_n\) ce qui montre que la suite \((a_n)\) est croissante et la suite \((b_n)\) décroissante. La deuxième hypothèse montre que ces suites sont adjacentes. Elles convergent donc vers la même limite \(l \in \mathbb{R}\). Montrons par double inclusion que \(\bigcap_{n\in\mathbb{N}} I_n = \{l\}\).
Karl Weierstrass, né le 31 octobre 1815 à Ostenfelde (Westphalie), mort le 19 février 1897 à BerlinMathématicien Allemand. Karl Weierstrass est considéré comme le père de l’analyse moderne. Après des études secondaires brillantes, son père le force à étudier le droit à l’université de Bonn. Il ne fréquente guère les amphithéâtres et préfère s’adonner à l’escrime, aux mathématiques et à la boisson ... Tant et si bien qu’au bout de quatre ans il n’a toujours aucun diplôme. Son père consent à lui financer deux années supplémentaires afin qu’il décroche un poste d’enseignant dans le secondaire. Il rencontre alors Guddermann qui va le former aux mathématiques. Ce n’est qu’à 40 ans et alors qu’il enseigne dans le secondaire depuis une quinzaine d’année qu’il publie un article dans le fameux journal de Crelle sur les travaux qu’il a mené de façon isolée depuis plusieurs années. Il accède aussitôt à la célébrité et obtient rapidement un titre de docteur et une chaire à l’université de Berlin. Il s’est intéressé, entre autres aux fonctions analytiques et aux fonctions elliptiques. On lui doit le formalisme actuel en analyse.
(Théorème de Bolzano-Weierstrass). De toute suite réelle bornée, on peut extraire une suite convergente.
Vous pouvez la sauter en première lecture. Nous allons uniquement donner une idée de la construction en ne rédigeant pas les récurrences complètes.
Considérons une suite \((u_n)\) bornée. Il existe \(a_0, b_0 \in \mathbb{R}\) tels que \(\forall n \in \mathbb{N}\), \(a_0 \leqslant u_n \leqslant b_0\). Nous allons utiliser un procédé standard d’analyse, la dichotomie pour construire une suite extraite de \((u_n)\) qui va converger.
Multimédia: Animation qui explique cette construction.
Suites géométriques
(Convergence d’une suite géométrique). Considérons la suite géométrique \(\left(k^n\right)\) de raison \(k\in \mathbb{R}\) et de premier terme \(1\).
En résumé la suite géométrique \((k^n)\) converge si et seulement si \(\lvert k \rvert < 1\) ou bien \(k = 1\).
(Série géométrique). Soit \(k\in \mathbb{R}\). On définit la progression géométrique (ou série géométrique) de raison \(k\) comme étant la suite de terme général \[\displaystyle{S_n=1+k+k^2+...+k^n=\sum_{i=0}^n k^i }\]
(Convergence d’une série géométrique).
Si \(\lvert k \rvert < 1\), puisque \(k^n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}0\), \(S_n = \dfrac{1-k^{n+1}}{1-k} \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}
\dfrac{1}{1-k}\). Si \(k = 1\), \(S_n = n+1 \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}+\infty\) et donc \((S_n)\) diverge. Pour \(\lvert k \rvert \geqslant 1\) et \(k \neq 1\), puisque \((1-k)S_n = 1-k^{n+1}\), on tire \(k^{n} = (1-(1-k)S_n)/k\). Si la suite \((S_n)\) convergeait vers \(l\), d’après les théorèmes généraux, la suite \((k^n)\) convergerait vers \((1-(1-k)l)/k\) ce qui est faux d’après le théorème précédent.
Le dessin suivant permet de visualiser la limite de la somme géométrique dans le cas où \(0 < k < 1\). On place les uns après les autres des cubes de côté \(k^i\). Multimédia: Faire varier k et la valeur de la somme
Les suites et séries géométriques sont très utilisées en analyse. On essaie souvent de majorer des suites par des suites géométriques dont on connaît bien le comportement.
Relations de comparaison
Introduction
Bien que deux suites puissent avoir la même limite, elles peuvent avoir des comportement très différents en l’infini. On s’en convaincra en observant les graphes des suites \(\left(n\right)\), \(\left(2^n\right)\) et \(\left(n!/10\right)\). Une idée simple pour comparer le comportement asymptotique de deux suites \(\left(u_n\right)\) et \(\left(v_n\right)\) est d’étudier la nature de la suite quotient \(\left(u_n/v_n\right)\). Cette idée est à la base des notions de domination, prépondérance et équivalence que nous allons développer maintenant. Ainsi, on dira que \(\left(v_n\right)\) est prépondérante devant \(\left(u_n\right)\) si \(u_n/v_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}0\). On dira aussi que \(\left(u_n\right)\) et \(\left(v_n\right)\) sont équivalentes si \(u_n/v_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}1\). On verra que cette façon de comparer le comportement asymptotique des suites aura des conséquences utiles sur les méthodes de calcul de limites.
\(\times\) \(\left(100n\right)\) - \(\Box\) \(\left(2^n\right)\) - \(\left(n!/10\right)\)
Suite dominée par une autre
(Suite dominée par une autre). Soient \(\left(u_n\right)\) et \(\left(v_n\right)\) deux suites. On dit que \(\left(u_n\right)\) est dominée par \(\left(v_n\right)\) si et seulement si il existe une suite \(\left(B_n\right)\) et un rang \(N\in\mathbb{N}\) tels que :
On note alors : \(u_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{O}\left(v_n\right)\)
(Transitivité de la relation \(O\)). Le relation \(O\) est transitive, ce qui signifie que si \(\left(u_n\right)\), \(\left(v_n\right)\) et \(\left(w_n\right)\) sont trois suites, alors : \[\left[u_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{O}\left(v_n\right) \quad \textrm{ et} \quad v_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{O}\left(w_n\right)\right]
\quad\Rightarrow \quad u_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{O}\left(w_n\right)\]
Comme \(u_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{O}\left(v_n\right) \quad \textrm{ et} \quad
v_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{O}\left(w_n\right)\), il existe des suites bornées \(\left(B'_n\right)\) et \(\left(B''_n\right)\) telles que à partir d’un certain rang \(N'\) et d’un certain autre \(N''\), on a : \(\forall n\geqslant N', \quad u_n=B'_n
v_n\) et \(\forall n\geqslant N'', \quad v_n=B''_n w_n\). Posons \(N=\max\left(N',N''\right)\) et pour tout \(n\geqslant N\), posons \(B_n=B'_n.B''_n\). La suite \(\left(B_n\right)_{n\geqslant N}\) est bornée et : \[\forall n\geqslant N, \quad
u_n=B'_n v_n = B'_n B''_n w_n = B_n w_n.\] Par conséquent, \(u_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{O}\left(w_n\right)\).
(Une suite est dominée par une autre si et seulement si le quotient de la première par la deuxième est borné). Soit \(\left(u_n\right)\) et \(\left(v_n\right)\) deux suites. Si à partir d’un certain rang \(\left(v_n\right)\) ne s’annule pas alors : \[\boxed{u_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{O}\left(v_n\right) \quad\Longleftrightarrow\quad
\textrm{ $\left(\dfrac{u_n}{v_n}\right)$ est bornée}}\]
Supposons que \(\left(v_n\right)\) ne s’annule pas à partir du rang \(N\in\mathbb{N}\). La suite \(\left(\dfrac{u_n}{v_n}\right)_{n\geqslant N}\) est donc bien définie. On peut supposer que \(\left(v_n\right)\) ne s’annule jamais (et donc que \(N=0\)). Dire que : \(u_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{O}\left(v_n\right)\) revient à dire qu’il existe un rang \(N\in\mathbb{N}\) et une suite bornée \(\left(B_n\right)\) tels que : \(\forall n\geqslant N,\quad u_n=B_n v_n\), ce qui est équivalent à dire que : \(\forall n\geqslant N,\quad \dfrac{u_n}{v_n}=B_n\) et donc que \(\left(\dfrac{u_n}{v_n}\right)\) est bornée.
Suite négligeable devant une autre
(Suite négligeable devant une autre). Soient \(\left(u_n\right)\) et \(\left(v_n\right)\) deux suites réelles. On dit que \(\left(u_n\right)\) est négligeable devant \(\left(v_n\right)\) si et seulement si il existe une suite \(\left(\varepsilon_n\right)\) et un rang \(N\) tels que
On note alors : \(u_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{o}\left(v_n\right)\).
Écrire que \(u_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{o}\left(1\right)\) revient à dire que \(u_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}0\).
(Transitivité de la relation \(o\)). La relation \(o\) est transitive, ce qui signifie que si \(\left(u_n\right)\), \(\left(v_n\right)\) et \(\left(w_n\right)\) sont trois suites réelles, alors : \[\left[u_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{o}\left(v_n\right) \quad \textrm{ et} \quad v_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{o}\left(w_n\right)\right]
\quad\Rightarrow \quad u_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{o}\left(w_n\right)\]
Identique à la démonstration de la transitivité de \(O\).
(Une suite est négligeable devant une autre si et seulement si le quotient de la première par la deuxième tend vers \(0\).). Soit \(\left(u_n\right)\) et \(\left(v_n\right)\) deux suites réelles. Si à partir d’un certain rang \(\left(v_n\right)\) ne s’annule pas alors : \[\boxed{u_n=\underset{n \rightarrow +\infty}{o}\left(v_n\right) \quad\Longleftrightarrow\quad
\dfrac{u_n}{v_n}\xrightarrow[n\rightarrow +\infty]{} 0}\]
Identique à la démonstration du théorème [grando_borne].
Vous rencontrerez deux façons d’utiliser la notation \(o\).
Suites équivalentes
(Suite équivalentes). Soient \(\left(u_n\right)\) et \(\left(v_n\right)\) deux suites réelles. On dit que \(\left(u_n\right)\) est équivalente à \(\left(v_n\right)\) si et seulement si : \[u_n -v_n =\underset{n \rightarrow +\infty}{o}\left(v_n\right)\]
La relation est équivalente à est une relation d’équivalence sur l’ensemble des suites. Soient \(\left(u_n\right)\), \(\left(v_n\right)\) et \(\left(w_n\right)\) trois suites réelles. On a :
Montrons que si \(u_n \underset{n \rightarrow +\infty}{\sim}v_n\), alors \(v_n \underset{n \rightarrow +\infty}{\sim}u_n\). Puisque \(u_n \underset{n \rightarrow +\infty}{\sim}v_n\), à partir d’un certain rang \(N\), \(u_n-v_n = v_n\varepsilon_n\) où \(\varepsilon_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}0\). On en tire \(u_n = (1+\varepsilon_n)v_n\). Puisque \(\varepsilon_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}0\), à partir d’un rang \(N_2 \geqslant N\), \(1-\varepsilon_n \neq 0\). Alors pour \(n \geqslant N_2\), \(v_n-u_n = -\varepsilon_n/(1-\varepsilon_n) v_n\). Définissons la suite \((e_n)\) par \(e_n = -\varepsilon_n/(1+\varepsilon_n)\). On a \(e_n \xrightarrow[n \rightarrow +\infty]{}0\) ce qui montre que \(v_n-u_n = \petito{u_n}\) d’où \(v_n \underset{n \rightarrow +\infty}{\sim}u_n\). Les autres preuves sont laissées en exercice.
(Une suite est équivalente à une autre si et seulement si le quotient de la première par la deuxième tend vers \(1\).). Soient \(\left(u_n\right)\) et \(\left(v_n\right)\) deux suites réelles. Si \(\left(v_n\right)\) ne s’annule pas à partir d’un certain rang, alors \[\boxed{u_n\underset{n\rightarrow +\infty}{\sim} v_n \quad\Longleftrightarrow\quad \dfrac{u_n}{v_n}\xrightarrow[n\rightarrow +\infty]{} 1}\]
(Pour montrer que \(u_n \underset{n\rightarrow +\infty}{\sim} v_n\)). on peut au choix, montrer que
(Équivalents et limites). Soit \(\left(u_n\right)\) et \(\left(u_n\right)\) deux suites réelles . Alors :
Écrire \(u_n \underset{n\rightarrow +\infty}{\sim} 0\) revient à dire qu’à partir d’un certain rang, les termes de la suite \(\left(u_n\right)\) sont tous nuls.
(Un équivalent simple permet de connaître le signe d’une suite). Si \(\left(u_n\right)\) et \(\left(v_n\right)\) sont deux suites réelles équivalentes alors, il existe un rang à partir duquel elles sont de même signe \[u_n \underset{n\rightarrow +\infty}{\sim} v_n \Rightarrow \left[\exists N \in \mathbb{N}: \quad \forall n
\geqslant N, \quad u_n v_n\geqslant 0\right]\]
Comme \(u_n \underset{n\rightarrow +\infty}{\sim} v_n\) il existe une suite \(\left(\varepsilon_n\right)\) telle que, à partir d’un certain rang : \(u_n=(1+\varepsilon_n)v_n\) et \(\varepsilon_n \xrightarrow[n\rightarrow +\infty]{}
0\). Le signe de \((1+\varepsilon_n)v_n\) est donc donné, à partir d’un certain rang, par celui de \(v_n\). Par conséquent, à partir d’un certain rang, les deux suites \(\left(u_n\right)\) et \(\left(v_n\right)\) sont de me signe.
(Produits, quotients, puissances d’équivalents). Soit \(\left(a_n\right)\), \(\left(b_n\right)\), \(\left(u_n\right)\), \(\left(v_n\right)\) des suites vérifiant : \[u_n \underset{n\rightarrow +\infty}{\sim} a_n \quad \textrm{ et} \quad v_n \underset{n\rightarrow +\infty}{\sim} b_n.\] Alors :
Démontrons le premier équivalent. Les autres se prouvent de même. Comme \(u_n \underset{n\rightarrow +\infty}{\sim} a_n \quad \textrm{ et} \quad v_n \underset{n\rightarrow +\infty}{\sim} b_n\), il existe des suites \(\left(\alpha_n\right)\) et \(\left(\beta_n\right)\) toutes deux convergeant vers \(1\) telles que à partir d’un certain rang : \(u_n =
\alpha_n a_n\) et \(v_n=\beta_n b_n\). Par conséquent, à partir d’un certain rang : \(u_n.v_n = \left(\alpha_n a_n\right).\left( \beta_n b_n\right) =
\alpha_n\beta_n . a_n b_n\) et par opération sur les limites \(\alpha_n \beta_n \xrightarrow[n\rightarrow +\infty]{} 1\). On a donc bien : \(u_n
v_n \underset{n\rightarrow +\infty}{\sim} a_n b_n\).
Attention, il ne faut pas
Par exemple :
Comparaison des suites de référence
(Comparaison logarithmique).
(Comparaison des suites de référence).
Soient \(a>1\), \(\alpha>0\) et \(\beta>0\). \[\boxed{\left(\ln n\right)^\beta =
\underset{n \rightarrow +\infty}{o}\left(n^\alpha\right)} \quad \quad \quad
\boxed{n^\alpha =
\underset{n \rightarrow +\infty}{o}\left(a^n\right)} \quad \quad \quad
\boxed{a^n = \underset{n \rightarrow +\infty}{o}\left(n!\right)} \quad \quad \quad
\boxed{n! = \underset{n \rightarrow +\infty}{o}\left(n^n\right)}\]
(Équivalents usuels). Soit \(\left(u_n\right)\) une suite telle que \(\boxed{u_n \xrightarrow[n\rightarrow +\infty]{} 0}\).
En conclusion à ce chapitre et avant d’aborder les exercices, il est vivement conseillé de prendre connaissance du paragraphe [AnnexeC_Equivalents] de l’annexe [AnnexeC]. On y apprendra différentes méthodes permettant de calculer des équivalents. Il sera aussi très profitable de (re-)lire le paragraphe [AnnexeC_Inegalites] de cette même annexe.
En résumé
Les différents théorèmes et les différentes définitions de ce chapitre doivent être parfaitement compris et appris. Il faut pouvoir les illustrer par des dessins et savoir refaire les démonstrations marquées avec des \(\heartsuit\). Pour la plupart, ces théorèmes et définitions seront re-formulés dans le cadre du prochain chapitre sur les fonctions réelles.
En accompagnement des exercices de ce chapitre, lisez la partie [AnnexeC_Inegalites] page [AnnexeC_Inegalites] sur les techniques de majoration-minoration et la partie [AnnexeC_Equivalents] page [AnnexeC_Equivalents] sur les équivalents. Le tout se trouve dans l’annexe [AnnexeC].
Enfin, en complément à ce chapitre, il faudra vous consacrer au paragraphe [AnnexeC_suites_recurrentes] page [AnnexeC_suites_recurrentes] toujours dans l’annexe [AnnexeC]. On y traite des suites définies par récurrence un thème .... récurrent... dans les concours.
Bibliographie
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[ID: 65] [Date de publication: 9 décembre 2021 18:37] [Catégorie(s): Le cours de SUP ] [ Nombre commentaires: 0] [nombre d'éditeurs: 1 ] [Editeur(s): Emmanuel Vieillard-Baron ] [nombre d'auteurs: 3 ] [Auteur(s): Emmanuel Vieillard-Baron Alain Soyeur François Capaces ]Commentaires sur le cours
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