Reconversion

Bonjour tout le monde
J’aurais un petit besoin de conseils. Voilà ma situation. J’ai eu un bac S, fait une prépa hec et intégré une école de commerce en 2005. Après cela plus de math jusqu’à aujourd’hui. J’ai fait une carrière en finance. Depuis quelques années j’aimerais beaucoup me reconvertir dans l’enseignement des maths. Pour ce faire, je pensais prendre une année sabbatique et préparer l’agrégation à plein temps (exam 2022). Le concours a l’air vraiment vraiment difficile, et à la vue de ma situation je me demandais si j’avais ne serait-ce qu’une petite chance de réussir le concours. Qu’en pensez-vous? Un travail acharné serait-il suffisant pour quelqu’un de 36 ans pour réussir le concours ? Connaissez-vous quelqu’un qui ait été dans une situation similaire et qui a réussi ou échoué ?
Milles mercis de votre aide.

Réponses

  • A ton âge, tu es au moins VP (vice-president). Tu veux vraiment te reconvertir, avec la perte de salaire que cela implique ?
    Tu n'as pas à te justifier, et j'essaie de saisir ta démarche.

    Après, il y a des élèves d'ESC qui ont un très bon niveau.
  • Bonjour!
    J’ai eu l’agrégation l’an dernier à 36 ans avec 3 enfants jeunes. C’est faisable mais ça demande des sacrifices. Je l’ai préparé à la fac, sans cela je n’aurais pas réussi je pense.
  • Vu ton pedigree ça va être plus que juste pour l'agreg. Tu devrais d'abord passer le capes et essayer de l'inscrire en l3 mathématiques.
  • Tu as raison, mais c'est un projet pour lequel la consideration monetaire n'est pas prioritaire. C'est vraiment un projet de reconversion.
  • Toutes les situations sont possibles.
    Il y a des postes alors hop on s’inscrit.

    Mieux vaut s’inscrire aux deux concours d’ailleurs : CAPES et agrégation.

    Édit : au pire tu enchaînes les deux.
  • Il faut relativiser la difficulté de l'agrégation, surtout depuis ces dernières années où ce métier attire beaucoup moins. Il y a une différence entre le niveau d'exigence présenté par un programme très large et le niveau réel des candidats. Personnellement j'étais loin de maîtriser tout le programme, mais à une époque autrement plus sélective j'ai tout de même bien réussi le concours (top 5% des reçus). Donc surtout ne pas se laisser impressionner par le niveau.

    Ce qui est en revanche vrai, c'est que je pense que tu vas avoir quelques points faibles, ce qui signifie que mieux vaut envisager une préparation sur une période un peu longue. 2022 est un objectif qui me semble juste, mais pas insurmontable. Voici mes remarques :

    1) a priori tu as abandonné les maths depuis 15 ans. Est-ce que tu as travaillé suffisamment efficacement de sorte à ce qu'il te reste des souvenirs de ta prépa. Attention, je ne te parle pas d'avoir obtenu des bons résultats aux concours, mais d'avoir les choses suffisamment ancrées. C'est assez différent, j'ai eu l'occasion de cotoyer des étudiants des meilleures écoles, qui avaient eu des notes type 19-20 en maths aux concours BCE, mais qui 6 mois après avaient oublié beaucoup de choses "basiques". Donc te reste t-il des choses ?

    2) sur le programme d'analyse et probas, le programme d'ECS est un bon programme de bac+2, à quelques détails près. En revanche, j'observe que le choc pour les ECS a abordé l'intégrale de Lebesgue est plus violent que pour des universitaires, ce qui m'a surpris. Même en restant au niveau bac+2, il te manque en revanche un certain pan de l'algèbre linéaire et bilinéaire, tu as presque un niveau 0 en algèbre générale, et sans même parler de la géométrie (version "moderne"). Donc déjà à bac+2 il te manque pas mal de choses, en plus de réviser tes bases de prépa commencer par compléter celles-ci me semble essentiel. Aller voir des bouquins de MP serait sans doute raisonnable.

    3) après bien entendu, il y a un programme spécifique bac+3 voire bac+4 : Lebesgue, la vision moderne (et non avec les mains) des probas, l'analyse complexe, la représentation linéaire des groupes, les distributions, approfondir l'algèbre.

    Une fois ce programme maitrisé, ce qui risque au minimum de te prendre une année pleine (en supposant que tu bosses plus qu'en prépa, mais là tu ne feras que des maths, en effet cela me semble plus lourd que le programme ECS1+ECS2 de maths), il me semble que tu peux te consacrer à la préparation de l'agrégation, au moins à temps partiel.

    Bien réussir l'agrégation nécessite ensuite de prendre du recul sur un programme compris dans l'essentiel, et prendre du temps pour préparer ses leçons. Il me semble que cela peut éventuellement se faire à temps partiel si la première phase a été parfaitement réalisée. Personnellement je l'ai faite en même temps qu'une année de thèse.

    Donc si c'était pour moi :
    - je commencerai par réviser et compléter le programme de prépa, niveau MP, et de le maitriser parfaitement
    - je travaillerai ensuite à fond les nouveautés.
    L'idéal (sans doute optimiste) est que ce programme soit "globalement" maitrisé fin 2021. Si tu le souhaites, tu peux t'inscrire même au concours 2021. Peu de chances que ça passe si tu n'as pas travaillé les oraux, mais ça fait un entrainement, et avec un peu de chances ; en plus si des oraux ne sont pas organisés en 2021, ça augmente tes chances ...
    - si des oraux sont organisés en 2021, vas absolument les voir. Des épreuves écrites, tu sais ce que sait (il faut juste apprendre à tenir 6h), en revanche les oraux d'agreg sont très spécifiques
    - ensuite, on se prépare pour 2022 en comblant quelques lacunes résiduelles, mais surtout en essayant de prendre de la hauteur et en préparant les épreuves orales.
  • Felicitations :-)

    Si je puis me permettre, j'aimerais beaucoup en savoir un peu plus sur ta situation.
    Avant l'agreg, travaillais-tu déjà dans le secteur de l'enseignement ?
    As tu pris une annee sabbatique et t'es tu inscrit a la fac pendant une année ? Si c'est le cas, quelle fac etait-ce?

    Merci bcp beaucoup.
  • Ma situation est différente de la tienne, j'ai passé l'agrégation durant ma scolarité. Déjà je venais de M' (ancêtre de la MP*) où d'ailleurs notre prof nous avait posé qq sujets d'agreg. Parallèlement à mon école, j'avais fait licence, maitrise puis DEA de maths, après une année de service militaire j'attaque une thèse, et passe l'agreg durant ma deuxième année de thèse. Donc c'est dans la continuité de mes études. Je n'ai pas pris d'année sabbatique, puisque je faisais ma thèse (et un peu d'enseignement) en même temps, mais il est vrai que j'ai toujours énormément travaillé et donc les choses acquises le sont vraiment. J'ai donc pu aborder l'année d'agreg avec un programme plutôt déjà assez connu, cette année a donc pu se faire en prenant du recul sur ce que je connaissais bien, compléter quelques manques et m'adapter aux exigences du concours. Je l'ai fait en suivant à temps partiel la préparation à Orsay, temps partiel car j'avais une thèse et un peu d'enseignement à effectuer (et qu'aller à Orsay c'était pour moi 4h de transports aller-retour quand ça fonctionnait).
  • En effet, très différente, ça ne m'étonne pas que tu aies validé avec trois enfants :-)
  • morthon a écrit:
    Le concours a l’air vraiment vraiment difficile, et à la vue de ma situation je me demandais si j’avais ne serait-ce qu’une petite chance de réussir le concours.

    Le concours est difficile mais tu as une chance comme une partie des autres candidats qui ne sont pas étudiants. Voir le dernier rapport du jury (pdf) qui contient pas mal de statistiques. Concernant les écrits, il est possible d'avoir entre 6 et 10 sur 20 en répondant à peu de questions (par exemple 2 parties sur 6) mais en le faisant bien et sans sauter trop de questions. Par contre, il te faut travailler régulièrement l'épreuve de modélisation et ne pas attendre une éventuelle admissibilité pour t'y mettre.
  • Bonjour,

    J'ai eu également cette démarche de reconversion en 2014, mais j'ai préféré passer le CAPES 3éme concours, ce concours est réservé à des candidats qui ont une expérience professionnelle dans le privé ( 5 ans minimum je crois).

    Je suis passé par les classes préparatoires MPSI, MP puis école d'ingénieur et j'ai travaillé 10 ans dans l'industrie. Comme toi je n'avais pas refait de maths depuis 12 ans lorsque j'ai passé le CAPES, j'ai bossé seul mes cours de prépa et cela m'a suffit pour obtenir le CAPES. J'avais également tenté à l'époque l'agrég mais sans succès.
    J'ai depuis tenté plusieurs fois l'agrégation ( 3 fois admissible) pour finir par l'obtenir, le tout en continuant de travailler en tant que prof. Cela demande un réel effort et beaucoup de travail car le niveau prépa n'est pas suffisant pour l'agrégation et surtout il faut avoir un certain recul sur les mathématiques.

    Il existe également l'agrégation interne, mais il faut attendre 5 ans d'ancienneté avant de pouvoir passer ce concours . Le programme le l'agrég interne est plus léger que celui de l'externe.

    Avant de t'inscrire dans une préparation à l'agrég, je te conseille de te remettre à niveau en utilisant des livres de MPSI MP.
    Inscris toi pour le concours 2021, histoire de passer les écrits, regarde les rapports de jury, il y a beaucoup d'information et tu trouveras les corrigés (partiels) des épreuves précédentes, regarde également les épreuves écrites, ça te donnera une idée du niveau demandé à l'écrit.
    Ton objectif doit être l'admissibilité dans un premier temps, et si tu es admissible surtout va aux oraux, même si tu n'es pas prêt, c'est formateur et assiste également aux oraux des autres candidats (c'est autorisé).
  • Morthon alors en ce qui me concerne :
    J’ai fais une prépa PCSI PSI, et école d’officier.
    J’avais un très bon niveau pour mon environnement (prépa pas prestigieuse et concours d’officier, j’ai été reçue première à ce dernier avec 20 à l’épreuve de maths)
    Arrêt des maths ensuite, congés parentaux qui s’enchaînent.
    Après quelques vacations j’ai décidé de passer le concours. Connaissant le niveau et mes lacunes par rapport à un cursus incomplet en maths, je me suis inscrite en M1 maths fonda pour commencer. Ça m’a beaucoup aidé. Je n’ai fait que le premier semestre pour raison de santé. J’ai quand même passé l’agreg cette année là surtout pour voir ce que donnaient les épreuves in situ.
    Admissible, et carnage aux oraux : ça remet les idées en place, on ne peut pas l’avoir sans préparation solide (sans blague).
    Année suivante, prepa agreg. Combiné à une vie de famille très prenante (ma dernière avait 2 ans quand j’ai commencé tout ça)
    Et je l’ai eue cette année là, classée pas loin de 200.
  • Mon conseil est toujours le même :
    Se renseigner sur le système de mutations pour l’année de stage et ensuite pour l’affectation en tant que titulaire (et oui, ce ne sont pas tout à fait les mêmes modalités..).
    Si tu es au clair sur le fait que tu vas devoir peut être enseigner loin de chez toi, en collège, à des 6èmes (même avec l’agrégation...) ou être simplement remplaçant (car actuellement, dans certaines académies même avec des points tu es remplaçant...) alors vas y, fonce, j’ai fait la même chose...
    Si tu veux enseigner, surtout en lycée, juste à côté de chez toi, ça risque d’être compliqué et la déception, après la réussite du concours peut être grande... La réforme du lycée en cours a sacrifié des centaines [de] postes de mathématiques et on peut même se retrouver aujourd’hui à ne pas enseigner que des maths...
  • Commence par faire contractuel quelques mois.

    Le métier peut être un choc pour ceux qui commencent. Ce n'est pas sûr que cela te plaise de faire de la discipline.

    On m'a raconté l'histoire d'un agrégé de maths top 200 qui finit dans un collège ZEP et qui démissionne au bout de 3 mois car les élèves lui faisaient la misère.
  • C'était dans un collège de la zone de Mantes ? Qu'est-ce que les élèves faisaient ?
  • Relax Zestiria ça va bien se passer :-D
  • Non la zone de Dreux.
    C'est une collègue prof d'espagnol qui m'a raconté. C'est un ami à elle.
  • Non mais avant de se lancer dans une agrégation et des années de travail acharné et un changement de métier, mieux vaut essayer pour savoir si on aime le métier.
  • J’ai suivi un parcours ressemblant au tient, ingénieur Supaero 2005, passé assez facilement le 3e CAFEP en 2016, j’aime mon nouveau métier. Pour ce qui est de l’agrégation, c’est beaucoup plus difficile. Un métier qui te plaît a beaucoup plus de valeur qu’un surplus de monnaie. Fonce !
  • Le pire, ce sont rarement les ZEP (tiens je croyais que ça n'existait plus d'ailleurs), ce sont là où tu trouves les enfants de "petits parvenus".

    J'ai fait mon collège dans un lycée au pied d'une cité, et il y a au moins 4 élèves de ma classe de 4ème qui ont fait une grande école : un ESSEC (qui d'ailleurs y était rentré après une année de prépa, à l'époque les prépas HEC se faisaient en un an et certains intégraient du 1er coup), un Centralien de Lyon, et une fille qui a fait l'ENSTA ou SupAero (je ne me souviens plus), sans me compter. Donc dans de tels établissements on peut avoir des élèves travailleurs.

    Je suis d'accord qu'il faille éviter de véhiculer des "lieux-communs", en même temps là les messages ne parlent pas des REP dans leur ensemble, mais de deux lieux en particulier.

    Il est vrai que selon l'établissement, le métier change du tout au tout ... Tu feras par heure entre 5 minutes et 1h de maths, selon l'établissement et la classe, comme me l'avait dit une copine ...
  • Le REP a aussi ses avantages, moins d’élèves par classe, du bon matériel, une certaine culture du respect. Personnellement j’ai fait mon collège en ZEP, je constate aujourd’hui que jamais par la suite je n’ai connu une telle diversité sociale.
  • En ZEP il y a aussi des primes non négligeables. Mais l'avantage des classes à effectifs réduits est le plus gros avantage selon moi.

    L'an dernier collège non ZEP je devais supporter 28 élèves en 6ème avec une énergie débordante, c'est épuisant.
  • Dis-donc philou22
    Qu’est-ce que tu nous déclares ? http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?6,2078050,2078828#msg-2078828

    a) "Le REP a aussi ses avantages"
    Je suis d’accord.

    b) "moins d’élèves par classe"
    En général c’est vrai.
    Attention : c’est une moyenne par établissement qui en général se vérifie par classe aussi.
    Mais il existe des bahuts où l’on tourne à 24 élèves par classe EN MOYENNE mais où les classes de 6e sont à 29.
    C’est le problème du comptable et de la moyenne...

    c) "du bon matériel"
    Dans le 92, c’est vrai en majorité.
    Ailleurs, dans d’autres départements, je doute...

    d) "une certaine culture du respect."
    Là, c’est ce qui m’a fait réagir.
    As-tu vu ou constaté cela dans beaucoup de ZEP ?

    e) "Personnellement j’ai fait mon collège en ZEP, je constate aujourd’hui que jamais par la suite je n’ai connu une telle diversité sociale."
    Là encore, cela dépend. Il existe des zones très enclavées où aucune mixité n’existe.
  • J'apprecie beaucoup ces éloges des collèges de ZEP venant de gens qui n'ont jamais enseigné en ZEP, c'est vraiment très instructif.
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