Lien entre algèbre et analyse

Bonjour, on peut montrer que les sous-groupe additifs de R sont soit discrets, soit denses.

Personnellement je trouve ce résultat très intéressant car il crée un lien assez fort entre des propriétés algébriques et analytiques (topologiques).
Je ne souhaite pas dire d'énormité mais il me semble que la topologie algébrique ou la notion de groupe topologique (que je ne connais vraiment que de nom) peuvent "généraliser" ce résultat.

J'aimerais savoir si de tels genres de résultats existaient dans d'autres ensembles comme Mn(C), où GLn(C) y est un groupe multiplicatif dense. Je n'ai en topologie que le niveau de prépa, en particulier je n'ai jamais étudié la définition précise d'une topologie.
Je m'interroge sur l'existence de tels liens algèbre/analyse dans un anneau/corps fini/infini.
J'espère avoir été suffisamment clair et je vous remercie d'avance.
Cordialement.

Réponses

  • Non, ce n'est pas exttrèmement précis, mais la théorie concernant ces objets est si vaste qu'elle répond à des tas de questions, même imprécises (et qu'elle ne connaît pas la réponse à beaucoup d'autres non plus, c'est un domaine de recherche encore très actif). Il y a la structure des groupes algébriques et leurs sous-groupes, leurs sous-groupes fermés, discrets, leurs représentations, tout un tas de choses sur la rigidité, leur géométrie (par graphes de Cayley, comme groupes fondamentaux d'espaces topologiques), et plein de belles choses que toute ta vie ne suffirait pas à toutes connaître. Mais c'est bien de t'intéresser à ce sujet, tu peux y découvrir plein de merveilles.

    J'ajouterai d'ailleurs que c'est aussi un peu grâce au fait que les questions sont imprécises qu'on peut avoir une telle richesse.

    [Arthur Cayley (1821-1895) mérite le respect de son patronyme. ;-) AD]
  • Des liens, il y en a partout, en un sens c'est presque inutile de vouloir séparer les maths en sous-théories (tu peux te faire bourbakiste et parler de "la mathématique" si tu veux). Je conçois que l'algèbre et l'analyse puissent être séparées comme ça mais je ne trouve pas ça forcément utile... le "théorème fondamental de l'algèbre" ne se démontre pas sans faire un peu d'analyse quelque part (typiquement, une application du théorème des valeurs intermédiaires), c'est presque un comble vu son nom.

    La topologie algébrique n'est pas spécifiquement l'étude des groupes topologiques. Le "début" de la topologie algébrique c'est d'essayer de classifier les espaces topologiques à isomorphisme près (les isomorphismes d'espaces topologiques sont les homéomorphismes). On fabrique pour ça une suite de groupes, les groupes d'homotopie, et on essaie d'affiner la classification avec ça.

    Les groupes topologiques, c'est tout bêtement un truc à cheval entre la théorie des groupes et la topologie. Ils servent par le biais de leurs actions continues sur d'autres espaces, par exemple. Sinon, ils servent aussi de passerelle vers l'étude des espaces vectoriels topologiques : c'est un truc plus général que les espaces vectoriels normés (on ne demande plus à la topologie de provenir d'une norme, donc c'est "moins simple") qui sert de support à une théorie gigantesque appelée analyse fonctionnelle (programme de Master de maths fondamentales, parfois déjà abordé en L3 selon l'organisation des cours dans l'établissement).

    L'idée, si tu veux, c'est qu'il y a eu une énorme "algébrisation" de l'analyse depuis le début du 20ème siècle : la topologie, c'est un truc ensembliste qui a, me semble-t-il, été introduit au départ pour essayer de classifier un peu les espaces de fonctions... justement, pour étudier les espaces de fonctions au lieu des fonctions en elles-mêmes (ça, c'est l'analyse que tu connais qui s'en charge). De même, la théorie de la mesure, qui sert de support à la "bonne" théorie de l'intégration (qu'on utilise en probabilités et en analyse fonctionnelle), c'est un truc ensembliste. Donc l'analyse au sens moderne, ben, ça repose sur des trucs algébrisés exprès, la topologie générale et la théorie de la mesure.

    Pour t'interroger sur les liens entre différents trucs, le seul conseil que je peux te donner, c'est de lire : lis un cours de topologie, tu verras bien où les liens apparaissent et lesquels t'intéressent. Les structures algébriques topologiques, il y en a partout : les groupes de matrices sont des groupes topologiques, $\R$ et $\C$ sont des corps munis d'une topologie compatible, les espaces vectoriels topologiques c'est toute l'analyse fonctionnelle... les anneaux topologiques, cependant, c'est comme les anneaux tout court : c'est vite compliqué, alors on se le garde pour plus tard :-D. En tout cas, comme la topologie est une théorie "fondamentale", c'est un peu normal qu'elle ait des interactions avec plein de trucs.
  • Il ne faut jamais oublier que $\R$ est un objet construit pour vérifier une propriété topologique (métrique plus précisément), donc il est en fait très naturel que la topologie intervienne dans de nombreux résultats sur $\R$.
  • Rebonjour, merci pour vos réponses.

    Prenons l'exemple de Mn(C) avec C le corps des complexes qui est en effet " bien construit ".

    Connaissez-vous quelques problèmes qui traitent de l'étude topologique des sous-groupes / anneaux de Mn(C) ? Des questions qui me viennent à l'esprit : un sous-groupe/anneau peut il être ouvert ? borné il le peut (On(R)) mais peut-il être dense en même temps ?
    Y a-t-il des sous-anneaux de Mn(C) qui sont des corps ?
  • Tu peux faire une recherche par toi-même. C'est mieux et tu retiendras sans doute mieux que si c'est nous qui te répondons.

    Aussi : Dans quel cadre t'intéresses-tu à ces problèmes ? Pour tes études ? Juste pour ta culture ?

    Une chose plus mathématique tout de même : Il faut faire un peu attention à certaines notions. Par exemple, $O_n ({\mathbb R })$ n'est pas un sous-groupe de $M_n ({\mathbb R })$.
  • Je ne trouve rien de tel sur la toile, je m'intéresse à ça pour le plaisir.
    Plutôt que de dire des bêtises je vais reformuler : je m'intéresse aux parties P de Mn(C) telles que certaines propriétés algébriques comme la stabilité par certaines opérations ou fonctions leur confère des propriétés topologiques remarquables comme la densité, la bornitude.
  • La densité est une propriété topologique intéressante en analyse. Le côté borné, ça dépend, mais ne crachons pas dessus.

    En topologie générale, on s'intéresse souvent d'abord à d'autres propriétés. Pour n'en citer que trois :

    - les composantes connexes : puisqu'on ne sort pas d'une composante connexe quand on applique une fonction continue (en topologie, les applications continues sont les seules vraiment intéressantes), il est utile de savoir de combien de morceaux dissociés notre espace est fait. Pour les matrices, selon qu'on les regarde sur $\R$ ou sur $\C$, il y a des choses qui changent.

    - le "niveau" de séparation : en topologie générale, il n'est pas du tout garanti qu'un truc qui a une limite (suite, fonction) ait une limite unique, pour ça l'espace doit être "suffisamment séparé". Selon la topologie qu'on regarde, ce n'est pas forcément garanti, donc ça peut donner lieu à des surprises. De ce côté-là, les matrices c'est encore assez gentil.

    - le "niveau" de compacité : dans un espace compact, beaucoup de raisonnements "passent du fini à l'infini" assez facilement (je suis très approximatif quand je dis ça) donc on retrouve des propriétés fortes dans des espaces compliqués. Je ne me rappelle plus tout à fait des résultats de compacité autour des matrices, cela dit. Tu pourras chercher par toi-même.

    Pour l'instant, tous mes bouquins sont encore dans des cartons puisque je viens de déménager, mais je suis sûr et certain que quelqu'un va bientôt passer lire ceci qui est en possession des bouquins de Xavier Gourdon. Il me semble que dans le tome d'algèbre, après le passage sur les polynômes d'endomorphismes, il y a un truc sur la topologie des espaces d'endomorphismes, il y a sûrement des choses en lien avec les sous-groupes classiques de $GL_n(K)$. A confirmer.
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