Intégrale de Riemann

topopot
Modifié (July 2023) dans Analyse
Bonjour
Dans le théorème suivant, j'ai l'impression que l'hypothèse de complétude sur l'espace vectoriel normé $E$ ne sert à rien. Pouvez-vous me le confirmer ?
Si tel est le cas, à partir de quand cette hypothèse est utile dans la théorie de l'intégrale de Riemann (d'une fonction définie sur un intervalle compact de $\R$ à valeurs dans un espace vectoriel normé) ?
122678

Réponses

  • Je pense que l'hypothèse de complétude est indispensable pour définir l'intégrale d'une fonction intégrable car on doit montrer que les suites des intégrales des fonctions en escalier sont convergentes, la limite étant indépendante de la suite choisie.
  • topopot
    Modifié (July 2023)
    En effet ça a l'air d'être le cas.
    Par conséquent, on n'a pas besoin de la complétude pour définir la Riemann-intégrabilité mais on en a besoin pour définir l'intégrale d'une fonction (Riemann-)intégrable.
    Merci !
  • RDO, tome 3, édition ... ?
  • Troisième édition.
  • Dreamer
    Modifié (July 2023)
    Bonjour.
    Surtout édition Dunod, avec tout ce que cela implique.
    À bientôt.

    Cherche livres et objets du domaine mathématique :

    Intégraphes, règles log et calculateurs électromécaniques.

  • Moi j'ai l'édition Masson de 1982. Qu'est-ce qu'implique l'édition Dunod : une moindre qualité typographique ?
  • Je lis "Par conséquent, on n'a pas besoin de la complétude pour définir la Riemann-intégrabilité".
    En somme tu veux définir la Riemann-intégrabilité sans pouvoir dire ce que serait l'intégrale ? Cela me semble inconséquent !
  • Ca revient à dire que l'intégrale existe dans le complété. C'est pas si loufoque. Et elles ont possiblement des propriétés de régularité intéressantes en soi.
  • Bonjour,

    Le théorème de Chasles est vrai si et seulement si l'espace d'arrivée est un espace de Banach. Voici ce qui arrive si ce n'est pas le cas: https://www.imo.universite-paris-saclay.fr/~guenard/Curiosites/Francois_Guenard_-_Un_exemple_de_fonction_integrable_sur_-1,_1_mais_pas_sur_0,_1.pdf
  • Chaurien : C'est peu dire, "moindre qualité typographique", en effet.

    Cherche livres et objets du domaine mathématique :

    Intégraphes, règles log et calculateurs électromécaniques.

  • Bonjour,

    Désolé pour mon dernier post avec peu (aucune?) explication (cf heure à laquelle je l'ai publié). Pour essayer de répondre à la question de topopot, on peut dire qu'une fonction $f$ d'un segment $[a,b] \subset \mathbb{R}$ à valeurs dans un espace vectoriel normé $E$ (pas encore supposé complet) est intégrable au sens de Riemann s'il existe $I \in E$ ($I$ sera l'intégrale de $f$) tel que pour tout $\varepsilon > 0$, il existe $\eta > 0$ tel que pour toute subdivision étiquetée $\sigma = \left( (x_i)_{0 \leqslant i \leqslant n} , (y_i)_{0 \leqslant i \leqslant n-1} \right)$ de $[a, b]$ de pas inférieur à $\eta$, on ait
    $ \left\| \int_{[a, b]} f - \sum (f, \sigma ) \right\| < \varepsilon$ (où $\sum (f, \sigma )$ désigne la somme de Riemann associée à $f$ et à $\sigma$).
    Autrement dit, on peut définir l'intégrale par le théorème de convergence des sommes de Riemann (avec ou sans hypothèse de complétude de $E$ pour le moment). Cette approche permet au passage de définir une intégrale dans des espaces de dimension infinie, sans utiliser la notion d'ordre que l'on utilise parfois pour définir l'intégrale dans $\mathbb{R}$ (en approchant $f$ par valeurs supérieures et par valeurs inférieures).

    Maintenant, rien n'assure l'existence d'un tel $I$. Cette existence est néanmoins assurée si l'espace d'arrivée est complet (sous réserve de certaines conditions de régularité de $f$, "continue par morceaux" sur le SEGMENT $[a, b]$ étant par exemple une hypothèse suffisante). Cela repose sur des notions de filtres de Cauchy. Si vous ne connaissez que les suites de Cauchy (et pas les filtres), vous pouvez par exemple montrer que la suite $\left( \sum (f, \sigma_n ) \right)_n$ est de Cauchy (où $\sigma_n$ désigne la subdivision régulière à $n$ cellules, $\textit{i.e.}$ vous découpez $[a,b]$ de façon régulière en $n$ "sous-segments" de taille $\frac{b-a}{n}$). Cette suite étant de Cauchy ET L'ESPACE D’ARRIVÉE ÉTANT COMPLET, il existe $I$ tel que la suite converge vers $I$. Pour les autres subdivisions, on peut ensuite montrer leur convergence vers $I$ en faisant leur différence avec la subdivision régulière et en montrant que cette différence tend vers $0$ avec le pas (à vérifier mais ça doit pouvoir se faire comme ça). Ainsi, l'hypothèse de complétude de $E$ permet d'assurer l'existence de l'intégrale $I$.


    Si maintenant $E$ n'est pas complet, on a néanmoins un résultat affirmant l'existence d'un complété "$F$" de $E$: en gros on rajoute des éléments à $E$ pour obtenir un espace complet. L'intégrale $I$ existera donc toujours dans le complété $F$, mais pas nécessairement dans $E$.
    Le théorème de Chasles (voir comment il est énoncé dans la note que j'ai jointe à mon dernier message) se démontre par la convergence des sommes de Riemann sur $[a,b]$, sur $[a,c]$ et sur $[b,c]$. Comme cette convergence repose sur la complétude de l'espace d'arrivée, rien n'assure cette convergence dans le cas où $E$ n'est pas supposé complet, et on peut très bien imaginer que la convergence n'a pas lieu sur chacun des intervalles $[a,b]$, $[a,c]$ et $[b,c]$, d'où la construction d'une fonction intégrable sur $[-1,1]$ mais pas sur $[0,1]$ de l'article. Pire que ça: dès que $E$ n'est pas complet, vous pourrez toujours trouver une telle fonction: le théorème de Chasles est vrai si et seulement si l'espace d'arrivée est complet.

    L'hypothèse de complétude de $E$ n'est donc pas nécessaire pour définir des notions d'intégrabilité et d'intégrale (avec la définition que j'ai donnée au début de ce message, $I$ existe toujours dans un complété de $E$ mais $I$ peut très bien être dans $E$), mais l'hypothèse de complétude est "nécessaire" pour avoir une théorie cohérente et éviter les bêtes étranges comme celle présentée dans l'article.

    Pour information, la méthode de définition de l'intégrale ci-dessus s'étend aux intégrales de Lebesgue, Denjoy, Henstock, etc... en prenant les définitions de ces intégrales à l'aide de ces sommes de Riemann pour certains types de subdivisions de l'intervalle de départ (pour l'intégrale de Lebesgue, cf Mc Leod McShane qui a montré l'équivalence des deux définitions).

    J'espère que cela vous éclaire un peu.
  • Merci, c'est très intéressant !
  • La "définition" donnée ne peut valoir pour la Riemann-intégrabilité : la convergence des sommes de Riemann n'est pas condition suffisante.

    Soit $E=\ell^{00}$ l'espace des suites réelles à support fini, normé par : $\displaystyle\lVert{X}\rVert=\max_{n\in\N}|X_n|$; $n\mapsto a_n$ une bijection de $\N$ sur $A=\Q\cap[0,1]$.

    On définit une application $f : [0,1]\to E$ par les conditions ($\delta_{ij}$ est le symbole de Kronecker):
    $
    f(t)= \begin{cases}
    0, & \hbox{si $t\notin A$;} \\
    (\delta_{np})_{n\in\N}, & \hbox{si $t=a_p$.}
    \end{cases}
    $

    Il est clair que l'application : $t\mapsto\lVert{f(t)}\rVert$ est la fonction caractéristique des rationnels de $[0,1]$ : elle n'est pas Riemann-intégrable et il en est de même de la fonction $f$.

    Par ailleurs, si $\sigma=\{x_0,\dots,x_p\}$ est une partition de $[0,1]$ de pas $\varpi(\sigma)$ et $\theta$ un pointage de $\sigma$, la suite
    $$
    R(f,\sigma,\theta)=\sum_{1\leqslant k\leqslant p}(x_k-x_{k-1})f(\theta_k)
    $$
    a pour terme d'indice $q$ : $0$ ou $x_k-x_{k-1}$ (s'il existe $k\in\{1,\dots,p\}$ vérifiant $\theta_k=a_q$).

    Par conséquent la suite $R(f,\sigma,\theta)$ a une norme inférieure à $\varpi(\sigma)$ : on peut donc définir $\alpha$ pour avoir $\varpi(\sigma)\leqslant\alpha\implies\lVert{R(f,\sigma,\theta)-0}\rVert\leqslant\varepsilon$.
  • @rakam Bonjour,

    Il n'y a pas d'erreur dans la définition (en tout cas je n'en ai pas trouvée), mais il y a en revanche un oubli de ma part: par "intégrable", j'entends "l'intégrale existe". Je distingue donc "intégrable" ($\int f$ existe et est finie) et "absolument intégrable" ($\int \left\| f \right\|$ existe et est finie); il me semble qu'il y a deux "écoles" à ce sujet (pour vous, "intégrable" = "absolument intégrable"; pas pour moi). Cela semble aussi être la définition prise dans l'article ainsi que dans l'ouvrage de Gordon cité plus bas dans ce message.
    La définition proposée me semble toujours être valide, et vous donnez un bel exemple d'une fonction intégrable non-absolument intégrable (toujours au sens de Riemann "étendu" aux espaces non complets avec la convergence des sommes de Riemann).

    Effectivement, cela montre aussi que la caractérisation des fonctions intégrables au sens de Riemann comme l'ensemble des fonctions bornées dont l'ensemble des points de discontinuité est de mesure nulle ne tient plus en dimension infinie. C'est normal lorsque l'on regarde la démonstration donnée par Gordon (cf page 37 à 39 de l'ouvrage suivant: https://www.amazon.fr/Integrals-Lebesgue-Denjoy-Perron-Henstock/dp/0821838059 ).
    Je n'ai pas le temps de la taper aujourd'hui, mais je pourrai en dire plus ce weekend si le souhaitez (j'ai des examens de mercredi à vendredi).

    Merci encore pour votre exemple! Encore désolé pour l'oubli de précision du sens d' "intégrable".

    Adrien



    Ps: J'ai modifié mon post précédent en remplaçant "Mc Leod" par "McShane".
  • adrien 2019, je ne comprends pas ton précédent message. Tu dis qu'une fonction $f : [a,b] \rightarrow E$ est intégrable s'il existe $I \in E$ tel que etc. Dans le paragraphe suivant, tu dis que rien n'assure l'existence d'un tel $I$. Mais justement il me semble que l'intégrabilité de la fonction assure cette existence, d'après ta définition. Si $I$ n'existe pas, c'est que $f$ n'est pas intégrable, non ?


    .
  • La définition du RDO qui figure en tête de ce fil énonce une définition de l'intégrabilité qui ne mentionne pas l'intégrale elle-même, et c'est pourquoi celle-ci pourrait ne pas exister en cas de non-complétude. Il faut donc poser une telle définition pour risquer d'avoir, pour ainsi dire, une intégrabilité sans intégrale. Ai-je bien compris ?.
  • @Chaurien Oui: si $I$ n'existe pas, $f$ c'est (d'après la définition généralisée que j'ai donnée), que $f$ n'est pas intégrable.

    Je ne suis pas sûr non plus d'avoir compris votre question, mais je tente quand même d'y répondre. Si vous préférez, je considère une fonction $f: [a, b] \subset \mathbb{R} \to E$. Je donne ensuite une définition: "On dit que $f$ est intégrable s'il existe $I$ tel que...". Ça vous donne une définition de "$f$ est intégrable". Mais je ne dis pas que toutes les fonctions sont intégrables (c'est ce que j'entends par "rien n'assure l'existence d'un tel $I$": il n'y a pas de raison pour que toutes les fonctions $f: [a, b] \subset \mathbb{R} \to E$ soient intégrables au sens que je donne). Est-ce que cela est plus clair?
  • @Chaurien Désolé je viens de voir votre dernier post (que pour le coup je n'ai pas du tout compris). Je n'ai pas beaucoup de temps pour répondre maintenant (j'ai un train dans pas longtemps puis examens jusqu'à vendredi inclus). Si personne n'a compris ce que j'explique et n'arrive à l'expliquer j'essaierai de prendre le temps de vous répondre dès que je pourrai (mais sans doute d'ici quelques jours). En attendant, je dirai juste que je répondais à la question "Peut-on définir une notion d'intégrale lorsque l'espace d'arrivée n'est pas complet?" (question qui me semble généraliser un poil la question initiale de ce fil et qui l'englobe, mais je me suis dit que la discussion allait rapidement aboutir à cette formulation donc j'y ai répondu). J'ai donné une définition de "Riemann-intégrable" généralisant celle habituelle, et permettant de définir DANS CERTAINS CAS ($\textit{i.e.}$ lorsque $I$ existe) une notion d'intégrale même lorsque l'espace d'arrivée n'est pas complet. Cela présente néanmoins des faiblesses (ce que je disais sur le théorème de Chasles; cf l'article que j'avais posté (mais l'article n'est pas de moi)). J'ai aussi précisé que pour moi, "intégrable" signifie "$f$ admet une intégrale", SANS LES NORMES AUTOUR DE $f$ (je distingue donc "intégrable" de "absolument intégrable"; cette distinction est loin d'être personnelle et c'est une convention souvent adoptée en maths).
    Si quelqu'un a compris ce que je disais dans mes précédents messages, peut-être peut-il l'expliquer mieux que moi (et je prendrai le temps de confirmer ou d'infirmer si c'est bien ça ou pas). En attendant je dois vraiment réviser (désolé :-( ) donc je n'ai pas le temps d'en écrire beaucoup plus.
    Je ne vous oublie pas et je reviens vers vous dans quelques jours si ça n'est toujours pas clair (envoyez-moi un message privé ce weekend si jamais j'oublie).

    J'espère que cela vous aura quand même aidé à comprendre l'idée générale de ce que je disais dans mes précédents posts (et désolé s'il y a des fautes qui traînent dans mes derniers messages: je suis pressé donc j'écris vite). :-)

    Adrien
  • D'accord. Priorité à tes études. Vu la qualité de tes messages, je ne doute pas de ton succès.
    Bien cordialement,
    Fr. Ch.
  • @Chaurien Pourriez-vous écrire aussi précisément et clairement que possible:
    - ce que vous avez (ou pensez avoir) compris;
    - ce que vous n'avez pas compris;
    - les éventuelles questions que vous avez.

    Cela m'aidera à y répondre au mieux.
  • Frydman Charles
    Modifié (July 2023)
    Dans le film la moutarde me monte au nez
    Pierre Durois fait un cours sur la fonction exp(-x)*sinx. Conclusion c'est integrable au sens de Riemann . Mais rien dans le cours n'évoque les critères l'intégralité au sens de Riemann.  La meilleure élève qui a pris des notes demande "est-ce bien integrable au sens  de Riemann sur l'intervalle [a,b]" ? Pierre Durois "absolument oui". Et effectivement une integrale de Riemann est dessinée en bas du tableau, à côté du professeur. Vous avez 30 mn pour démontrer la proposition inverse. Tous les élèves n'y comprennent rien. Sauf la meilleure élève qui rempli consciencieusement une feuille. Facile. On part de l'integrale de Riemann et on en conclut que la fonction exp(-x)*sinx est continue ....? Pas forcement, une fonction etagée,en escalier est intégrable au sens de Riemann.
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.