Différence entre Lebesgue et Riemann ?

Salut, dans un entretien oral j'ai rencontré cette question que à laquelle je n'arrive pas à répondre.
C
'est quoi la différence entre intégrale au sens de Lebesgue et intégrale au sens de Riemann ?
Est-ce que quelqu'un parmi vous peut répondre ?

[Même dans le titre, Henri Lebesgue (1875-1941) prend toujours une majuscule. AD]

Réponses

  • "La" différence, c'est vite dit... il y a beaucoup de choses qui changent. Elles ne sont pas du tout définies de la même manière : l'intégration au sens de Lebesgue utilise la théorie de la mesure et c'est nettement plus compliqué. Par contre, il y a beaucoup plus de fonctions qui sont Lebesgue-intégrables qu'il n'y a de fonctions Riemann-intégrables : la fonction indicatrice de $\Q$ par exemple.
  • Moi j'ai essayé de leur expliquer que au sens de Riemann la division se fait orthogonalement et l'autre çà se fait horizontalement (en escalier), mais ce n'était pas suffisant.
  • Oui, c'est un début de début d'explication, mais en même temps, répondre "proprement" à une question pareille en plein oral, ça m'a l'air franchement difficile.
  • Non,

    ce n'est pas suffisant ! C'est même seulement une façon de présenter pour ceux qui n'ont quasiment pas appris l'intégration. De la vulgarisation pour non matheux.
    As-tu étudié l'intégrale de Riemann ? L'intégrale de Lebesgue ? Et à quel niveau se passait cet oral (? Au niveau M2 de maths, on doit connaître ces deux définitions d'intégrales, donc savoir expliquer, au niveau L1, on connaît éventuellement l'intégrale de Riemann, et on évite de parler de Lebesgue.

    Cordialement.
  • Moi je répondrais : la R integrale son but est d' intégrer une fonction bornée sur un segment . La L integrale son but est d'intégrer une fonction mesurable sur un espace mesuré . Qui dit mieux ?
    Le 😄 Farceur


  • Si on ne sait pas à quel niveau cette question est posée, et quel type d'oral, difficile de savoir ce que vaut une réponse. On ne va pas répondre de la même façon à un entretien pour recruter un thésard en analyse qu'à un recrutement pour un poste de cadre administratif dont le recruteur a quelques souvenirs et veut savoir quel niveau de maths a le candidat.

    Cordialement.
  • Gérard, Pour recruter un cadre bancaire. Peut-on savoir ta réponse?
    Le 😄 Farceur


  • On est dans le deuxième cas. Si c'est pour diriger une agence, ta réponse, un peu développée suffit. voire est déjà trop technique. Mais si c'est un quant, ou cadre de ce genre, connaissant différents types d'intégrales et habitué aux intégrales stochastiques, il faudra un peu développer ...

    Cordialement.
  • J'insisterais surtoût sur les problèmes de l'intégrale de Riemann (Si elle était si fantastique que cela, on n'aurait pas entendu parler de Lebesgue):

    1) L'espace des fonctions Riemann-intégrable n'est pas complet, cela pose des problèmes par exemple pour les séries de Fourier.
    2)Les limites de fonctions continues sans convergence uniforme
    3)Le problème de la mesure: la condition d’additivité par réunion infinie dénombrable disjointe pour la mesure de Borel par rapport à la mesure de Jordan (on peut caractériser la Lebesgue-intégrabilité à l'aide de la mesure de Jordan) ne vérifiant que l'additivité disjointe finie.
    Etc

    Par contre, les théorémes généraux sur la differenciation (théoréme fondamental de l'analyse) sont costaud dans le cadre général.
    Rudin en parle, Komornik aussi mais je ne m'ai jamais vu en cours...

    C'était quoi ton oral, tu veux de la biblio?
    Quel niveau?
  • Bonjour,
    en effet cette question dans un oral pour accéder à une thèse, alors la réponse doit être
    bien précise, j'ai [je me suis] bien amusé quand j'ai lu vos réponses.
    Merci.
  • Comme l'ont souligné certains plus haut, la réponse à une telle question nécessite d'avoir le niveau auquel on se place.

    Toutefois, on pourra lire ce document de De Marçay qui détaille les points soulevés par axexe ci-dessus.
  • On peut aussi prendre un autre exemple, tombé au bac S il y a deux ans, je crois.

    Soit $X$ une variable aléatoire qui suit une loi exponentielle de paramètre $\lambda= 0,02$ et $Y$ une variable aléatoire de loi normale d'espérance $\mu = 96$ et d'écart-type $\sigma = 26$. La $1$ère question de cet exo consistait à calculer $E(X+Y)$, d'où les deux questions suivantes possibles :

    (i) Quelle est la loi de $X+Y$ ?

    (ii) A-t-on $E(X+Y) = E(X) + E(Y)$ ?
  • Linallili,

    c'est normal que ta réponse n'ait pas convenu. Ils voulaient savoir ce que tu connais de l'intégration à ce niveau, tu as répondu par une explication pour lecteurs de Science & Vie !

    Noix de toto,

    je ne comprends pas ce que tu racontes, ni pourquoi tu parles du bac.

    Cordialement.
  • noix de totos j'ai rien compris de votre réponse.8-)

    gerard0, je leur ai cité l'exemple de l'indicatrice de $\Q$ qui montre que Lebesgue et plus général que Riemann,
    en tout cas, on ne peut pas tout répondre. C'est normal dans un entretien oral.
    Merci.
  • @noix de totos : Ce n'était pas tout à fait ça (cf [Bac S Métropole 2019]).
    Aucune question ne mettait en jeu une somme de variables aléatoires.

    Edit : Ce n'est pas le bon sujet, cf ci-dessous !
  • Il s'agit du bac Liban 2018.

    Quant à mon message, répondre à la seconde question sans l'intégrale de Lebesgue me semble bien compliqué, non ?
  • noix de totos, tout va bien?
  • Bon, si mon exemple ne vous plaît pas, je l'enlève...
  • Je viens de lire ton dernier message. Ah c’était en 2018.. ok.
    En toute rigueur, oui c’est vrai tu as raison.
    Sinon pour l’histoire de la division de l’axe des ordonnées, c’est vrai qu’il faut prendre garde aux vulgarisations. Mais l’idée de « la division de l’axe des ordonnées » peut être formalisée de la manière suivante(qui fait en effet intervenir la mesure):
    Si $f$ est une fonction définie sur $\R$ prend un nombre fini $n$ de valeurs $\{y_1, y_2, ..., y_n\}$, l’intégrale de Lebesgue de $f$ est « simplement »:
    $\sum_{i=1}^n y_i \cdot \text{ mes } f^{-1}(\{y_i\}) $.
    Pour que ce truc ait un sens, il faudrait donner un sens à $\text{ mes } f^{-1}(\{y_i\})$, et donc savoir si on peut et comment « mesurer » des ensembles méchants, et savoir ce qu’est « mesurer », et pouvoir retrouver que c’est « mesurer » pour les enfants quand on se restreint à des segments. Il faut aussi savoir pour quelles fonctions le truc $f^{-1}(\{y_i\})$ fera partie des ensembles mesurables selon la définition de « mesurable » qu’on aura donnée.
    Il me semble que cette vulgarisation n’est pas trop mauvaise.
  • En même temps, l'intégrale de Riemann est enseigné quand?
    A moins d'avoir lu Gostiaux ou autres...( en MP***)
    Puis en L3, celle de Lebesgue est souvent amenée par la théorie abstraite de la mesure (proba...) et un bref lien avec Riemann sur les compacts et c'est tout.
    Il n'y a qu'à l'X ou dans Komornik qu'elle elle était vraiment construite par complétion d'un objet "connu".

    Sur la page de Matheron étienne il y a 2 cours d'intégration L3: un normal pour aller vers les probas et l'analyse fonctionnelle et un autre qu'il appel "non conventionnel" où l'on comprends vraiment les choses.
  • Je me suis sans doute mal exprimé :

    je suis tombé sur ce bac S 2018 Liban où l'on demande aux élèves une espérance mathématiques d'une somme de deux lois à densité différentes.

    Ils doivent répondre en utilisant la formule $E(X+Y) = E(X) + E(Y)$ mais, à leur niveau, il me semble qu'ils ne la connaissent que lorsque $X$ et $Y$ suivent deux lois discrètes, et elle est admise lorsqu'elles suivent deux lois continuent identiques (enfin, je crois, à confirmer toutefois).

    Ainsi, un élève qui se pose des questions est en droit de se demander si cette formule persiste si $X$ et $Y$ suivent deux lois continues distinctes. Je ne suis pas probabiliste, mais, sans l'intégrale de Lebesgue, je ne sais pas répondre à cette question.

    Vous, si ? En tout cas, je suis preneur d'une telle démonstration qui n'utilise pas l'intégrale de Lebesgue. Merci.
  • @noix de totos : Je n'avais jamais regardé ce sujet donné au Liban en 2018, merci !

    Pour ta question 1), je crois me rappeler qu'on ne peut pas répondre si $X$ et $Y$ ne sont pas supposées indépendantes.
    La réponse à 2) est oui parce que $X$ et $Y$ ont une espérance, mais ce n'est pas au programme de TS pour les variables aléatoires continues (je pense qu'il faut connaître Fubini) !
  • Mais $X+Y$, même si chacune a une espérance peut très bien ne pas avoir de densité, non? Et du coup, ce que dit noix de totos me paraît justifié. Comment le prouver avec la RI?
  • Exact ! On peut même construire $X$ et $Y$ de telle sorte que $X+Y$ ne soit ni discrète, ni à densité. Voir par exemple [1, Exercice 6.13].

    [1] Suquet, Probabilités via l'Intégrale de Riemann, Ellipses, 2013.
  • OK NdT.

    Cela montre une fois de plus que les sujets des bacs "étranger" sont faits trop vite !!

    D'autre part, la notion d'intégrale utile pour traiter ce problème est Lebesgue par facilité, mais pas Riemann, puisqu'on n'intègre pas sur un intervalle borné; cependant, il est possible que la notion d'intégrale généralisée (Riemann), ou celle d'intégrale de Stieltjes, puissent suffire, les deux densités ne posant pas de problème. Je ne le certifierais pas, je n'ai pas envie de me taper les calculs.

    Cordialement.
  • Je ne trouve pas ce qu'a dit ndt dans le bac Liban 2018 https://www.sujetdebac.fr/annales-pdf/2018/s-mathematiques-specialite-2018-liban-sujet-officiel.pdf

    edit pour être plus précis je ne vois guerre la question chercher la loi de la somme X+Y

    gerard0
    Que reproches-tu exactement au sujet
    Le 😄 Farceur


  • @ linalili : la différence fondamentale entre l'intégrale de Lebesgue et celle de Riemann est dans la nature des fonctions intégrables. Une fonction f est Riemann intégrable si et seulement si l'ensemble de ses points de discontinuité forment un ensemble de mesure nulle. C'est une condition très restrictive qui a beaucoup de conséquences en ce qui concerne l'inversibilite entre limites et intégrales par exemple.

    Dans la théorie de Riemann on peut partir soit de la construction de Darboux, soit de la définition historique de l'intégrale de Riemann. Ces deux constructions sont équivalentes et conduisent à la même théorie.

    L'intégrale de Lebesgue peut se construire de plusieurs façons. Une construction qui permet de mettre sous le même toit les différentes approches c'est l'intégrale de Daniell où on voit explicitement que c'est le choix d'une classe de fonctions particulières qui vont déterminer l'intégrale en question.
    Pour Lebesgue on fait le choix de partir de fonctions caractéristiques d'ensembles mesurables. Une grosse partie de la théorie est alors dédiée à la construction de ces ensembles mesurables ce qui fait l'objet de la théorie de la mesure. Mais il faut bien comprendre qu'on n'est pas obligé de choisir ces fonctions pour développer la théorie de l'intégration de Lebesgue. C'est seulement un choix "naturel" pour les applications probabilistes. Mais on peut aussi développer une théorie de l'intégration en utilisant la familles de fonctions continues à support compact. Dans ce cas pas de mesure mais l'intégrale se construit sans aucun problème, par contre dans ce cas on a besoin de conditions topologiques qui sont absentes dans la construction standard de l'intégrale de Lebesgue. Cette deuxième approche est appelé aussi intégrale fonctionnelle ou intégrale à la Bourbaki. Mais c'est exactement l'intégrale de Lebesgue. Les deux approches sont équivalentes dès que l'on se restreint a certains types d'espaces, c'est le fameux théorème de Riesz.
  • Gebrane : non, il n'y a pas cette question là, je me suis simplement demandé ce que pourrait se demander un élève curieux qui aurait à passer une telle épreuve visiblement mal conçue.

    Plus généralement, comment peut on poser de tels sujets au bac ? Cela montre toute l'absurdité d'avoir eu au programme des va à densité à ce niveau.

    Il me semble qu'elles ont été supprimées dans le nouveau programme. Si c'est le cas, à confirmer par les collègues concernés, c'est une très bonne chose.
  • Elles ont été supprimées du programme de spécialité mais il y en a dans l'option maths complémentaires.
  • Tiens, ce faisant, je vais jeter un oeil au programmes des deux options « mathématiques complémentaires » et « mathématiques expertes ». Peut-être que cela me redonnera l’envie de revenir au lycée...
  • Merci à Gai Requin pour l'info.
    Gerard0 a écrit:
    Cela montre une fois de plus que les sujets des bacs "étranger" sont faits trop vite !!

    Ça montre surtout l'absurdité d'avoir mis ces lois à densité au programme du secondaire. Bon exemple de la charrue qui est mise (bien) avant les bœufs, comme je le disais plus haut.
    Gerard0 a écrit:
    il est possible que la notion d'intégrale généralisée (Riemann), ou celle d'intégrale de Stieltjes, puissent suffire

    N'étant pas probabiliste comme je l'ai dit, je suis tout disposé à te croire, mais j'ai comme qui dirait un petit doute. Quoi qu'il en soit, cet exemple peut montrer l'intérêt et la motivation d'introduire une autre théorie de l'intégrale pour résoudre une question d'apparence simple.

    C'était là l'objet de mon message ci-dessus, vis-à-vis de la question initiale.
  • Gebrane,

    l'exercice demande d'appliquer une règle dans un contexte où les élèves n'ont pas de règle (seulement l'habitude d'un certain calcul dans un autre contexte), la règle E(X+Y)=E(X)+E(Y).
    Bien sûr, leur prof peut leur avoir demandé d'admettre que cette égalité est valable pour tout couple de variable aléatoires ...

    Cordialement.

    NB : J'ai suffisamment participé à des commissions de choix de sujets pour savoir qu'on a essentiellement le temps de tester les bons sujets pour la France. Les autres sont pris dans ce qui reste, à la va-vite.
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