Groupes de Lie et équations différentielles

Je pourrais ouvrir une TONNE de fils de discussion comme celui-là, mais je ne vais pas tous les ouvrir en même temps, commençons par celui-là. D'abord un peu de contexte...

Quand je découvre une théorie mathématique, je me pose souvent la question "ça sert à quoi", souvent synonyme de "qu'est-ce qu'on peut faire avec ?" ou "qu'est-ce qui a motivé cette théorie ?". Je sais bien que ce n'est pas une question populaire à poser, et je ne crache absolument pas sur les mathématiciens qui développent quelque chose parce qu'ils trouvent ça "intéressant en soi" ni sur les théories en question "qui n'ont pas encore d'utilité en dehors des mathématiques".

Cependant, quand il y a une utilisation connue de la théorie, j'aime bien en avoir un petit aperçu, juste pour savoir si je trouve ça intéressant. Par exemple, une utilité de la théorie de Galois a été de classifier quelles équations polynomiales sont résolubles "de façon purement algébrique". Je suis sûr et certain qu'il y a une énorme liste d'applications plus intéressantes que ça de la théorie de Galois (non pas que ce ne soit pas déjà quelque chose d'important, hein) mais un truc comme ça me suffit. Motivation : résoudre les équations polynomiales. Outil : théorie de Galois. Conclusion : jusqu'au degré 4, ça marche et voilà comment, à partir du degré 5 c'est mort et voilà pourquoi. Je trouve ça satisfaisant.

En lisant des choses à droite à gauche sur les choses qui m'intéressent (groupes, représentations, topologie, analyse fonctionnelle, analyse harmonique) pour voir où est "la suite" puisque je me suis arrêté avec un Master de mathématiques "non spécialisé vers un domaine de recherche", je suis BEAUCOUP tombé sur les groupes de Lie, et j'ai même un bouquin à disséquer sur le sujet. J'aime bien. Donc je suis allé sur la page Wikipédia sur les groupes de Lie, et apparemment on peut les utiliser pour étudier certaines choses sur certaines équations différentielles. Les équations différentielles font partie des choses que je n'aime vraiment pas (avec la statistique et l'analyse numérique) dans ce que j'ai vu dans mes études, maiiiis... si on peut utiliser un truc qui m'a l'air intéressant dans cette théorie, ça me fera peut-être changer d'avis.

Donc, finalement, après tout ce texte, ce que j'aimerais de votre part, c'est : racontez-moi comment les groupes de Lie interviennent dans l'étude des équations différentielles (ou trouvez-moi un PDF français/anglais qui le fait, j'ai cherché un peu sans trouver quelque chose qui m'ait satisfait).

Imaginons qu'on ait une équation différentielle tout ce qu'il y a de plus ordinaire : $X'(t) = F(t, X(t))$. A partir de la fonction $F$ et le domaine de $\mathbb{R}$ sur lequel on veut résoudre l'équation, comment associe-t-on un/des groupe(s) de Lie à cette équation et que fait-on avec ? Peut-on vraiment identifier une/des solution(s) de l'équation après ?

Je n'attends pas forcément un truc hyper précis, hein. Si vous avez lu jusqu'ici et m'écrivez 4-5 lignes ça sera déjà énorme (:D

Réponses

  • Le peu de choses que je sais sur le sujet sont les suivantes : Il existe une théorie de Galois différentielle, qui étudie les extensions différentielles de corps différentiels, et qui fait intervenir des groupes de Galois différentiels qui sont des groupes de Lie. Le but est d'obtenir des critères de résolubilité d'EDO dans le même esprit que le critère de Galois pour la résolubilité par radicaux. On peut en particulier montrer que la fonction $x \mapsto e^{-x^2}$ n'admet pas de primitive qui s'exprime à l'aide des fonctions polynomiales, l'exponentielle et le logarithme. Et là j'ai vraiment trop peur de dire des bêtises donc je vais me taire.

    Il y a aussi des groupes de monodromie associés aux EDO complexes linéaires à coefficients méromorphes, mais si je ne dis pas de bêtise ces groupes sont discrets en général.
  • Merci ! J'attendrai si quelqu'un d'autre a des choses à dire sur le sujet :-)
  • Pour les groupes de Lie il y a au moins l'idée de l'application exponentielle. C'est je pense très réducteur (je ne connais pas la théorie des groupes et algèbres de Lie) mais cela donne un lien entre équation différentielles, variétés et théorie de Lie.

    Poirot : le Théorème de Liouville différentiel ne fait pas vraiment appel à la théorie de Galois différentielle mais c'est a priori bien de là que tout est parti ! Il semble que les gens qui font du Galois différentiel considèrent Liouville comme le premier à avoir fait des choses dans ce domaine.
  • D'accord, l'application exponentielle, j'en ai entendu parler dans mon bouquin. Mais c'est quoi qui la lie à l'étude d'une équa diff ?
  • Elle est définie sur un groupe de Lie comme solution d'une équation différentielle.
  • La théorie de Galois différentielle c'est de prendre par exemple l'équation de Bessel $x^2 y'' + xy'+x^2=0$. L'ensemble des solutions est de dimension $2$ donc $F = \C(x,y_1,y_1',y_2,y_2')$ contient toutes les solutions de l'équation.

    De plus $F$ est un corps différentiel : qui contient les dérivées de tous ses éléments.

    On veut ensuite trouver le groupe $G$ des automorphismes de corps différentiels : les $\sigma\in Aut(F/\C(x))$ tels que $\sigma(u')=\sigma(u)'$.

    Si $y_2'$ est algébrique sur $ \C(x,y_1,y_1',y_2)$ il faut le montrer. Ensuite l'ensemble des solutions est de dimension $2$ donc $\sigma(y_j) = a_j\sigma(y_j)+b_j\sigma(y_j)$ donc $G$ est un sous-groupe de $GL_2(\C)$, et les contraintes $\sigma \in Aut(F/\C(x))$ plus $\sigma(y_j')=\sigma(y_j)'$ se définissent par des équations algébrique en les $a_j,b_j$, donc $G$ est un groupe algébrique ainsi qu'un groupe de Lie.

    Si $H$ est un sous-groupe algébrique normal (a priori ici on regarde l'algèbre de Lie de $G$ et $H$) alors le sous-corps fixé par $H$ est un sous-corps différentiel donc généré par les solutions d'une équation plus simple, et si $G$ est solvable alors on obtient $y$ via des $\exp$ et des $\int$.
  • reuns : c'est qui, ton $\C(x,y_1,y'_1,y_2,y'_2)$ ? La question est sans doute bête mais la notation ne me dit vraiment rien dans ce contexte...
  • Le corps des fonctions rationnelles en $x,y_1,y_1',y_2,y_2'$, tu peux les penser comme des quotients de fonctions analytiques en $x=1$.

    On veut les automorphismes $\C$-linéaires de corps différentiels, donc automatiquement ils envoient $x$ vers $x-c$ et pour que $\sigma(y_1)$ satisfasse l'équation il faut que $c=0$ donc $G\subset Aut(F/\C(x))$
  • D'accord, donc comme tu sais dès le début que l'ensemble des solutions de ton équation, là; est un EV de dimension $2$, tu considères deux solutions linéairement indépendantes $y_1$ et $y_2$... mais d'où sort l'idée de considérer ce corps-là en particulier ?
  • @Homo Topi : l'équation est d'ordre $2$ à coefficients fractions rationnelles donc si $y$ est solution, $y''$ appartient au corps engendré par les fractions rationnelles, $y$ et $y'$.
  • J'avoue ne pas savoir/avoir oublié pourquoi c'est vrai, ça :-S

    EDIT : ahhhh si c'est parce que c'est une équa diff linéaire donc on cherche un corps qui contient les coefs, et c'est le corps des fonctions rationnelles, donc l'ensemble des solutions est de dimension $2$ sur ce corps-là.
  • Euh dans ce que j'ai écrit il suffit juste d'observer que l'on peut écrire $y'' = \dots$ où tout ce qui est à droite est dans $\mathbb C(x,y,y')$. Ensuite comme l'équation est linéaire d'ordre $2$, on a effectivement un espace vectoriel de dimension $2$ de solutions. Attention on ne dit pas que les solutions sont des fractions rationnelles, simplement que $y''$ peut s'exprimer à l'aide de $y, y'$ et de fractions rationnelles (car les coefficients sont juste des puissances de $x$).
  • Je pense que ceci peut t'intéresser.
  • D'accord.

    Bon, avec l'exemple de reuns on parle d'une EDL et pas d'une EDO quelconque comme je voulais, mais continuons sur l'exemple de l'EDL pour le moment.

    En tout cas ça explique l'apparition du $F$ de reuns et le fait que ce soit un soi-disant corps différentiel.

    Ensuite, on essaie d'adapter les méthodes de la théorie de Galois à la résolution de l'équa diff, parce que pourquoi pas. Par contre, pourquoi c'est $F/\mathbb{C}(x)$ qu'on regarde ? Pourquoi $\mathbb{C}(x)$ et pas $\mathbb{C}(\text{autre chose})$ ?
  • À nouveau : regarde les coefficients de l'équation.
  • D'accord.

    Lupulus : J'ai lu un peu en diagonale, je n'ai pas l'impression que ça réponde à ma question principale, mais ça illustre quand un lien entre les objets. Ils trouvent "un peu par magie" des représentations d'algèbres de Lie associées à leurs fonctions, trouvent une équa diff simple qui résout leur problème, et c'est réglé. Ça répondrait plutôt à la question "qu'est-ce qu'on peut faire concrètement avec des représentations", ça tombe bien, c'est une autre question que je me suis posée :-D
  • On utilise donc le fait que l'ensemble des solutions soit un EV, et le fait qu'il y ait une correspondance entre EV et extensions de corps, pour commencer à appliquer des idées de la théorie de Galois à la résolution de notre problème, d'où l'apparition de certains groupes.

    Jusque-là je pense que j'ai suivi. La suite (si $y'_2$ algébrique...) je n'ai pas encore compris, mais il se fait tard.
  • Le dernier chapitre du livre de Jacques Faraut chez Calvage et Mounet résout l'équation de la chaleur sur le groupe $\mathrm{SU}_2(\C)$.

    Dans la théorie des systèmes intégrables, il y a souvent de gros groupes de symétrie. Exemples particulièrement algébrisés par des groupes et algèbres de Lie : équation de Korteweg-de Vries et équation de Kadomtsev-Petviashvili (mais ça n'apparaît pas trop sur Wikipedia).

    Le livre de Peter Olver Applications of Lie Groups to Differential Equations contient certainement beaucoup de réponses. Voici la recension sur MathSciNet de la première édition.
    Since the discovery of the beautiful structure of the Korteweg-de Vries equation (KdV for short) in the 1960s, new frontiers in the treatment of nonlinear partial differential equations have been reached and numerous important techniques and methods have been developed. Apart from this–at least in this field–a new consciousness about historical perspectives has arisen. Many monographs treating recent developments in this field can be found but yet still missing was a book taking account of the historical context while reflecting the general spirit of research done in this area in a comprehensive way and at the same time presenting a broad view of some major parts of the recent developments. Ideally, the book should even do this in such a way that it may serve as a textbook for beginners.
    Here is such a book, or at least a book which comes as close to these aims as possible at the present time. After the book of R. L. Anderson and H. Kh. Ibragimov [Lie-Bäcklund transformations in applications, SIAM, Philadelphia, Pa., 1979; MR0520395] which, although it was written ten years ago, still is an invaluable source, the present book is the second attempt to give an introduction to the classical treatment of applications of Lie groups to differential equations on one side and to serve on the other side as a textbook giving the beginner access to some beautiful mathematics developed over the last two decades.
    The author succeeds very well in fulfilling one of his principal aims, namely to enable the reader to apply Lie groups as a basic computational tool. The book consists of two major parts. In the first part symmetry transformations in finite-dimensional spaces, i.e., only between dependent and independent variables of partial differential equations, are treated. These transformations are called "symmetries'' or sometimes "geometrical symmetries''. Here large parts of the fundamental work of Sophus Lie and other eminent mathematicians of that time are presented. But the material is presented from a somewhat enlarged viewpoint so that the ideas may serve as an introduction to the more general aspects of the second part. For this reason an introduction into contact transformations is omitted and consideration is concentrated mostly on what sometimes are called Lie-point transformations.
    In the second part the author presents an introduction to what he calls "generalized symmetries'' or what sometimes in the literature is termed "Lie-Bäcklund symmetry'' (or transformation), or just "symmetry''. Roughly speaking, the difference between these two notions is that symmetries can be considered as transformations in finite-dimensional space, whereas the generalized symmetries are transformations in infinite-dimensional spaces.
    With respect to presentation the general spirit of the book is reflected at the very beginning where the author quotes that "it is far easier to abstract a general mathematical theory from a single well-chosen example than to apply an existing abstract theory to a specific example''. Following this, the author presents numerous examples and exercises which are extremely beneficial for every reader.
    Before entering into details let me mention what subjects cannot be found. The most important are: Inverse scattering theory and algebro-geometrical viewpoints. Furthermore, very little can be found about explicit solutions. Even the formula for the two-soliton of the KdV equation is not presented (although this is next to the most trivial group invariant solution if generalized symmetries are admitted).
    Of course, no book can contain all these things, and the author makes up for this by his excellent notes and remarks presented at the end of each section. Although the author claims that little about manifolds is necessary he gives a fairly complete introduction into this subject and its differential aspects. This covers about 70 pages. No infinite-dimensional manifolds are treated; this is because of the extensive use made of the maximal rank condition. This absence of infinite-dimensional manifolds will cause some problems in the second part, i.e., Chapters 5 and 7.
    In the second chapter, symmetry groups (i.e. Lie point transformations) and their infinitesimal treatment are presented. Since the method of "careless computation of formal variational derivatives on infinite-dimensional manifolds'' is avoided, the prolongation method has to be the basic tool in this chapter.
    In Chapter 3 group invariant solutions and reductions are presented. In Chapter 4 conservation laws, mostly presented by their characteristics, are introduced. Of course, this chapter culminates in a presentation of Emmy Noether's result about the interrelation between conservation laws and symmetries. This result is obtained by relating the characteristics of a conservation law with what are called the characteristics of a symmetry, standing for an infinitesimal generator of a one-parameter symmetry group. A notable distinction from other presentations of Noether's theorem is that here it really is presented in full generality, and not just in the Hamiltonian case.
    All these chapters make smooth and pleasant reading. They are rounded out by a variety of carefully worked out examples, and a lot of material is presented which may be difficult to find elsewhere. Some of the material is based on the author's own research.
    In Chapter 5 generalized symmetries are admitted by allowing the coefficients of infinitesimal generators to depend also on derivatives of the dependent variable. These can be understood as infinitesimal generators of one-parameter groups acting on some (infinite-dimensional) manifold of smooth functions.
    Since infinite-dimensional manifolds are mostly avoided, the basic technique for treating these quantities is again the prolongation method. Recursion operators for generating infinite hierarchies of symmetry generators (or their characteristics) are introduced; a subject which we partly credit to the author's pioneering research in this field.
    As examples the popular exactly solvable systems (like KdV, mKdV, sine-Gordon, etc.) are presented. Then the suitable generalizations of the results given for the finite-dimensional case are presented: conservation laws, Noether's theorem and so on. In addition bi-Hamiltonian systems are introduced and their compatibility (in the sense of Gel'fand-Dorfman or Magri) is discussed.
    Of course, the generation of infinitely many symmetries and conservation laws in case of compatible bi-Hamiltonian systems is presented. (Here one should have added that even when the two Hamiltonian structures are not compatible a bi-Hamiltonian system gives rise to infinitely many symmetry group generators, although the group then may be nonabelian.)
    However, basing consideration about generalized symmetries solely on the prolongation method prevents the author from incorporating systems which are not differential equations, but are nevertheless completely integrable (for example, the Benjamin-Ono equation, the intermediate long wave equation and many others). Another difficulty arising from this approach can be seen in context with the treatment of the recursion operator where, for example, the inverse of differentiation causes some unnecessary complications.
    For example in the KdV case one always has to ensure that the terms to which the recursion operator is applied are total derivatives, and, even more serious, the recursion operator cannot be applied to the scaling symmetry (page 322). But in fact it can be applied and leads to a hierarchy of symmetries depending explicitly on time and–at least in the multisoliton case–being intimately connected to the angle variables of the system.
    Of course, this disadvantage is evened out by presenting an approach to integrable systems (on infinite-dimensional manifolds) which fulfills the usual requirements of mathematical rigor (which cannot be said of many of the original contributions to the field).
    Apart from misprints, the reviewer discovered only one mistake in the book. The proof of Tu's important commutativity result (Theorem 5.20) closely follows Tu's original presentation by basing everything on the proposition that an evolution equation having a nontrivial generalized symmetry must have a quasilinear right-hand side (Theorem 5.22). A counterexample to this proposition is easily furnished by rewriting the Harry Dym equation in the form $u-t=u^3u_{xxx}$. For this equation the nontrivial symmetries (in fact infinitely many) can be found in a paper of M. Leo, R. A. Leo, G. Soliano and L. Solombrino [Phys. Rev. D (3) 27 (1983), no. 6, 1406–1408; MR0697872].
    Altogether, a beautiful book, which offers a lot of new material and insight. It certainly has the chance to be a standard reference for some time to come.
    Et celle de la deuxième édition (1993).
    Peter Olver a écrit:
    From the preface: "For the second edition, I have corrected a number of misprints and inadvertent mathematical errors that found their way into the original version [1986; MR0836734]. More substantial changes are the inclusion of a simpler proof of Theorem 4.26 due to L. Martinez Alonzo [Lett. Math. Phys. 3 (1979), no. 5, 419–424; MR0545031] and the omission of the false (at least in the form stated in the first edition) Theorem 5.22 on the commutativity of generalized symmetries. Also, I have corrected some of the exercises and added several new ones. Hopefully this now eliminates all of the major (and almost all of the minor) mistakes. The one substantial addition to the second edition is a short presentation of the calculus of pseudo-differential operators and their use in Shabat's theory of formal symmetries, which provides a powerful, algorithmic method for determining the integrability of evolution equations.
    "The years since the appearance of the original edition of the book have witnessed a remarkable explosion of research, both pure and applied, into symmetry group methods in differential equations, proceeding at a pace well beyond my expectations. Innumerable papers, as well as several substantial textbooks devoted to the subject of symmetry and differential equations, have appeared in the literature. The former are too numerous to try to list here, although I have added a few of the more notable contributions to the list of references and have correspondingly updated the historical notes at the end of each chapter."
  • Math Coss : J'avais cherché une version PDF du livre de Olver ou au moins d'un extrait, pour voir, mais je n'avais rien trouvé.

    Sinon, qu'est-ce que tu appelles résoudre l'équation de la chaleur "sur un groupe" ?
  • Je n'y connais pas grand chose mais pour $G$ un groupe de Lie réel [small](un groupe avec une fonction bi-continue $\phi$ de $]-1,1[^n$ vers un voisinage de $1\in G$ et $(x,y)\mapsto \phi^{-1}(\phi(x)\phi(y))$ et $x\mapsto \phi^{-1}(\phi(x)^{-1})$ sont lisses là où ils sont définis)[/small]

    Il faut ensuite choisir une métrique sur $G$, a priori une métrique invariante par multiplication à gauche, ce qui donne un opérateur laplacien $\Delta$ non-borné semi-défini positif (sur $L^2(G)$) et une équation de la chaleur $\partial_t f = -c \Delta f$ invariante par translation à gauche,

    et si $G$ est compact ou abélien alors il existe une métrique invariante à gauche et à droite ce qui donne un $\Delta$ et une équation de la chaleur canonique, invariante par translation à gauche et à droite, et décomposable dans une base de fonctions propres $\in L^2(G)$ de $\Delta$
  • D'accord !

    J'avouerai que je n'ai pas bien compris ton paragraphe qui commence par "si $y'_2$ est algébrique", il y a moyen que tu me réexpliques ce que tu voulais dire un peu plus en détail ? Merci.
  • Non, étudie un cours sur les extensions algébriques de $\Q$.
  • Non mais je sais ce que veut dire "algébrique sur"... ce n'est pas ça. C'est ce qui vient juste après.

    Tu écris $\sigma(y_j) = a_j \sigma(y_j) + b_j \sigma(y_j)$. Ecrit comme ça, je ne vois pas en quoi ça apporte une information (puisqu'il y a le même $\sigma(y_j)$ partout). As-tu voulu dire que $y_1 = a_1 \sigma(y_1) + b_1 \sigma(y_2)$ et $y_2 = a_2 \sigma(y_1) + b_2 \sigma(y_2)$ ? Auquel cas ça fait effectivement ressortir une matrice $2 \times 2$.
  • Oui c'est ça qu'il voulait écrire. L'un des $y_j$ aurait du être un $y_i$ dans le membre de droite.
  • Alors attendez voir...

    Une fois corrigé, on trouve : $\begin{pmatrix} y_1 \\ y_2 \end{pmatrix} = \begin{pmatrix} a_1 & b_1 \\ a_2 & b_2 \end{pmatrix} \begin{pmatrix} \sigma(y_1) \\ \sigma(y_2) \end{pmatrix}$.

    J'ai du mal à relier cette information à "$G$ est un sous-groupe de $GL_2(\mathbb{C})$". D'accord, j'ai mis en évidence une matrice, mais qu'est-ce qui me prouve que cette matrice code un automorphisme de notre machin ? Pour moi à ce stade c'est "juste une matrice" :-S
  • Il faut aussi oublier les $\sigma$ du membre de droite. On devrait plutôt écrire, pour tout $\sigma \in G$, il existe $a_1, a_2, b_1, b_2 \in \mathbb C$ tels que $\sigma(y_j) = a_j y_j + b_j y_i$. Autrement dit, à tout $\sigma \in G$, on associe une matrice, qui se trouve être inversible, et on vérifie facilement que ça définit un morphisme de groupes de $G$ muni de la composition dans $GL_2(\mathbb C)$ muni de la multiplication.
  • Ah, OK, oui présenté comme ça ça fait beaucoup plus de sens, j'étais un peu paumé. Qu'est-ce qui garantit que la matrice va être inversible ? Une fois qu'on a ça, on voit une représentation de $G$ apparaître, donc j'atterris enfin en terrain un peu mieux connu.

    Le reste du paragraphe ($G$ est un groupe algébrique et un groupe de Lie), je pense avoir compris.
  • La matrice est inversible puisque $\sigma$ l'est.
  • Mais oui :)o
  • homo topi a écrit:
    Sinon, qu'est-ce que tu appelles résoudre l'équation de la chaleur "sur un groupe" ?

    Comme l'a expliqué Reuns, si l'on se donne une métrique assez régulière on peut définir un laplacien et donc une équation d'onde, de la chaleur ou de Schrödinger sur une variété. Une autre approche est la suivante. Soit $f : \R \times \R^n \to \C$ une fonction sympathique, on sait que $\mathcal F (\Delta f) (t,\xi) = -\|\xi\|_2^2 \mathcal F (f)(t,\xi)$ où $\mathcal F$ désigne la transformation de Fourier par rapport à la variable d'espace $x \in \R^n$. En Fourier l'équation de la chaleur devient donc \begin{equation} -\|\xi\|_2^2 \mathcal F (f)(t,\xi) = \partial_t \mathcal F (f)(t,\xi) \;\; \;\;(1)\end{equation} qu'on sait résoudre simplement. Dans le bon espace de fonction cela est strictement équivalent à l'équation de la chaleur classique. Il est donc naturel de définir une <<équation de la chaleur>> (respectivement des ondes ou de Schrödinger) par l'équation $(1)$ (respectivement la version Fourier de l'équation des ondes/ de Schrödinger) sur toute structure ou l'on possède un objet appelé transformation de Fourier. Puisqu'on sait définir une transformée de Fourier sur certains groupes on peut y définir une équation de la chaleur.

    Dans le cas ou le groupe est aussi une variété (comme c'est le cas pour les groupes de Lie) il reste à vérifier si ces deux façons de définir l'équation de la chaleur coïncident ou non et dans quelle mesure elle le font.
  • D'accord !

    Bon, je pense avoir à peu près compris où reuns voulait aller avec son exemple. Mon "problème" avec cet exemple, c'est que c'est un exemple concret en plus d'être une équa diff linéaire.

    Ma question à la base, c'était, est-ce qu'il y a une façon naturelle d'associer un groupe de Lie à toute EDO $X'(t) = F(t,X(t))$ qui permette d'effectivement résoudre cette équation ?
  • Tu en demandes beaucoup, étant donné qu'on ne sait pas résoudre des équations différentielles quelconques, même linéaires :-D
  • Ben, justement, c'était ça la question sous-jacente ! Moi quand j'ai lu "les groupes de Lie ça sert entre autres à résoudre des équa diffs", j'ai voulu savoir jusqu'où ça va. Donc ça sert à résoudre certaines équa diffs linéaires, comme l'exemple de reuns, mais est-ce qu'il y a des équa diffs non linéaires où ça va s'appliquer ? Ou bien on a besoin de la linéarité à tout prix pour que ça puisse marcher ?
  • À ma connaissance les groupes associés aux équations différentielles ne concernent que les équations différentielles linéaires. Mais à nouveau je ne travaille pas du tout dans ce domaine, donc il est possible qu'il existe des généralisations, mais ce n'est sûrement pas très connu.
  • Bon, c'est déjà pas mal, hein ! En plus il me semble qu'il y a des techniques pour linéariser certaines équa diffs non linéaires.

    C'était intéressant, merci (:D
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