Intégrer une ens "sans" physique.

2»

Réponses

  • Je m'en tape d'Arnold, qu'il fasse sa sup avec mon prof et on en reparlera.

    Moi aussi je me retrouve dans ce que dit alea. La manipulation des notations différentielles "avec les mains" en cours de physique, alors même que je n'avais aucune idée de ce qu'était une différentielle en dimension n, que je n'allais connaître qu'en fin de spé, le fait de n'avoir aucune idée de la nature des objets dx, dr, dtheta, puis plus tard d'une divergence, d'un laplacien, d'un rotationnel, d'une intégrale double ou triple sur un contour, et surtout d'avoir en face de la classe un guignol qui manipulait toutes ces choses tranquillement sans rien expliquer à nos droits et en se moquant des mathématiciens qui voulaient de la rigueur, ça a été de trop. Et si je m'en sortais encore avec des notes allant de 15 à 18 en début d'année au prix d'un investissement totalement ridicule puisque je devais piocher à mille endroits d'internet pour compenser mon absence de cours construit, ce miracle n'était possible que parce que les premier chapitres ne réclamaient pas de nouvelles connaissances en maths. Ensuite il y a eu le calcul diff qui a pointé le bout de son nez. Pour ça qu'à partir de la mécanique, j'ai plus rien su faire. J'ai totalement foiré les maths parce que le prof de physique ne me les a pas expliquées, plus obnubilé par l'idée de faire son show à base de blagues méprisantes à qui ne comprendrait pas son "cours", pendant que je me demandais pourquoi un "dx rond" ne se simplifiait pas avec un "dx droit", ou comment exprimer tel opérateur dans tel système de coordonnées. Sans oublier plus généralement qu'il n'y avait pas comme en maths ce côté "je sais à quoi sert chaque théorème". Là non, un tas de trucs en pagaille, qui correspondent à je ne sais trop quoi, et basta on rentre chez soi.
    En deuxième année c'était pas bien mieux niveau pédagogique mais au moins on passait des heures à recopier le tableau donc on avait le luxe d'avoir un cours. Pareil, j'ai fait des top 3 en début d'année en apprenant par cœur le cours parce que rien n'allait de soi.
    Le truc marrant c'est que plusieurs années plus tard, en lisant un cours d'edp, j'ai compris très facilement comment établir l'équation de la chaleur alors qu'avant c'était juste une suite de caractères que j'avais retenus par cœur. Peut-être que les profs de physique ont juste pas de pédagogie. Ou peut-être que les programmes ne sont pas faits en physique pour ceux qui veulent comprendre mais ceux qui sont capables de faire plein de par cœur. Sans les maths qu'on a entre une et deux années plus tard on ne peut juste pas. Et on se moque de médecine.

    Le calcul diff est déjà un chapitre particulièrement dur en maths je trouve. Nous faire l'aborder sans aide et avec autant de mépris en cours de physique, c'est loin de me convaincre que la physique telle qu'on nous l'enseigne est supposée aider à comprendre les maths en profondeur.

    En L3 magistère j'ai eu de la physique quantique et ça allait parce que...c'était des maths.
    Je n'ai absolument rien compris de nouveau en physique. Mais c'était sympathique en maths, même si dans le fond ce cours non plus ne m'a pas permis de comprendre grand chose aux objets introduits (espaces de Hilbert, distributions, algèbres de Foch...). Mais au moins il était simple.

    Tout ça pour dire que la physique telle qu'on l'enseigne (puisque je sais que mon témoignage n'est vraiment pas un cas isolé) ne conditionne en rien notre capacité en maths, et c'est même plutôt le contraire.
    Les abstractions universitaires à la Arnold c'est bien gentil, les discours type "Il n'y a que des maths appliquées vous savez, les maths sont toujours de la physique déguisée" aussi. Sauf que dans la vraie vie, il y a plein de bons matheux qui étaient des tanches en physique auxquels il me viendrait jamais à l'idée de leur chatouiller les pieds en disant qu'ils sont incomplets en maths parce que nuls en physique.
    Acceptons juste que ce mariage forcé pour tout le monde est surtout historique et évitons de dire à des logiciens ou algebristes purs reconnus dans leur branche qu'ils sont nuls parce qu'ils ne font pas de physique.
    Acceptons aussi que pour certains, certes, la physique éclaire les maths, et que pour d'autres, c'est la réciproque qui est vraie.

    Edit : et dire que la plupart des chercheurs en maths ne sont pas au courant du fait que beaucoup de leurs outils récents viennent de la physique quantique, franchement...
    Je t'aime bien xax mais merde quoi là. Tous les matheux savent d'où viennent les développements récents dans leur discipline et aucun ne le nie enfin !
    Au début tu ne parlais pas de lien tenu entre maths et physique de ce genre -lien que personne mais alors personne n'a nié- mais prétendais exactement qu'on ne peut pas être bon en maths sans l'être en physique. Là tu changes de sujet en essayant d'attaquer des matheux professionnels en leur reprochant un tort que même des étudiants n'ont pas. C'est plutôt moyen là.
  • Bonjour,

    Pour rebondir sur ce que disait Aléa, une anecdote dont je me souviens:
    J'ai suivi jadis des cours de DEA de physique en parallèle avec mes études de mathématiques, je voulais voir comment on utilisait les mathématiques en physique.
    En particulier, j'ai suivi un cours sur les solitons (ondes solitaires du type raz-de-marée) à coup d'équations différentielles et de fonctions holomorphes.
    Le professeur avait le don de m'énerver avec ses fonctions douces à l'infini, expression gentilles et autres approximations de langage.
    Comme nous n'étions qu'une vingtaine dans l'amphi, nous pouvions facilement poser des questions, et chaque fois que je demandais une définition rigoureuse de ces termes, j'avais droit à la réponse "vous, le matheux, taisez vous !".

    Cordialement,

    Rescassol

    PS: Je suppose, qu'il n'y avait pas de lien avec le fait que j'avais eu son épouse en mathématiques en taupe.
  • RLC a écrit:
    Je pense avoir un excellent niveau en maths en étant une quiche en physique.

    On dit une ouiche en physique.

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • RLC non pas du tout, c'est un zeste de provoc acidulée par le fait que j'aurais seulement bien aimé qu'on m'indique ce genre d'article où l'on voit le lien profond entre maths et physique - qui a peu à voir avec ce que tu exposes sur l'apprentissage de la physique qui semble peu pédagogique en prépa, nous nous avions droit à l'université à des dessins avec des delta x qui en petit devenaient des dx - mais puisque tu le dis je veux bien croire que tous ceux qui travaillent sur les opérateurs ou la géométrie algébrique connaissent l'origine physique.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • RLC,

    manifestement, tu as eu en prépa un très mauvais prof de physique et ce n'est pas le seul (à moins que ce soit le même) : le prof de physique de mon fils en sup faisait des calculs sans explication, c'est tout. le jour où j'ai étudié avec mon fils un chapitre, il n'y avait aucune situation physique de présentée, rien que des équations sans support physique et "résolues" à la va-comme-j'te-pousse, et à un moment une phrase en français que j'ai comprise parce que je connaissais le sujet. C'était la seule qui parlait de physique, mais comme elle intervenait sans lien avec une situation donnée, elle ne voulait rien dire seule !
    Évidemment, ça laisse des traces ensuite !!

    Cordialement.
  • xax, cet article ne montre pas le "lien profond entre les maths et la physique". Il montre comment une notion physique a inspiré des travaux mathématiques, d'abord pour la physique elle-même, puis pour d'autres mathématiques qui n'ont plus eu aucun lien avec celle-ci (la notion de spectre a connu de nombreuses modifications successives; le spectre d'un anneau commutatif n'est pas le spectre d'un atome même si une parenté conceptuelle existe. On ne fait pas de physique quand on étudie les propriétés de $spec(\Z)$).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • À la fin de l'article Cartier évoque un retour inattendu vers la physique via le motif grothendieckien sur le formalisme de Feynman, et quelques recherches rapides indiquent qu'il y a des recherches actives mais c'est complètement hors de ma portée.
    C'est le fait qu'il existe de tels mouvements interfeconds qui me fait dire qu'il existe un lien profond même si ce n'est pas simple à envisager.

    En tout cas j'ai trouvé cet article vraiment très bien, ça m'a vraiment envie de m'y remettre aussi bien en maths qu'en physique, j'ai trouvé à l'achat du matériel pas trop cher, je pense que pour junior c'est aussi un autre point d'entrée intéressant.

    C'est bizarre que les cours de physique soient si inegaux chez les taupins.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Il y a eu un fil récemment sur lequel d'autres ont pu raconter des expériences similaires. J'ai l'impression qu'il y a un vrai problème avec l'enseignement de la physique chez nous dans le supérieur.
    Au contraire j'avais un prof de physique très rigoureux en terminale qui savait à la fois inculquer les concepts, les méthodes et la manière de rédiger.

    Parce que même avec un bon prof, je me demande comment ça peut passer les "déherre euherre plusse ère dététa eutéta" pour des étudiants qui ne savent pas ce que c'est que ce $dr$ (et même en cours de maths j'ai dû arracher les vers du nez du prof pour qu'on m'explique que $dx$ était simplement la forme linéaire "coordonnée selon $x$", notée ainsi parce que linéaire donc égale à sa dérivée, ce qui permettait une écriture commode pour nous aider...mais qui ne m'aidait pas à cette explication puisque j'avais peur de manipuler un ODNI (objet différentiel non identifié)), mais qui ont besoin de comprendre ce qu'ils utilisent faute de quoi ils ne peuvent rien faire.
    Je suis de ceux-là. Même en maths, mettons que je doive utiliser la formule de Stokes, je ne peux pas le faire même avec un bref paragraphe sur le livre de cours qui me l'énonce parce qu'il en a besoin ensuite. J'ai besoin de m'en imprégner, donc de lire un vrai cours et pratiquer un minimum, sinon rien de bien ne sortira de mes productions.
    Alors voilà, arriver à résoudre mes premières edp en recopiant par cœur des raisonnements dans lesquels on manipule les $\frac{df}{dx}$ comme des fractions (et c'est bien la première chose sur laquelle on insiste en cours de calcul diff, que c'est pas des fractions), ou alors on s'amuse à écrire les opérateurs différentiels après changements de coordonnées, dans le cas miraculeux où bien sûr on aurait bien compris tout ce que signifiait l'énoncé, et bien compris où allaient tous les vecteurs de forces, ou encore pensé à faire un développement limité pour simplifier une expression qu'on devait deviner inexploitable telle quelle alors qu'en début de sup on a aucune idée que (1+x)^n c'est environ 1 + nx, c'était trop. Ah, le summum allait quand même à ce premier ds de spé dans lequel on avait une solution explicite de l'équation de la chaleur donnée et qu'on devait vérifier qu'elle fonctionnait : oui mais comment je fais pour dériver une fonction du type intégrale de f(x,t)dt ? J'allais voir ça quatre mois plus tard en maths et il n'y avait aucune note explicative sur l'énoncé pour expliquer ça ! Et quand c'était pas en contrôle mais pendant le cours de première année avec guignol qui faisait son show, c'était presque pire. Plus question de comprendre.

    Donc bon, il y a eu le mauvais prof, mais même sans ça, j'ai du mal à comprendre comment les maths de la physique peuvent être comprises avec l'apprentissage qu'on a actuellement de la chose. On était pas mal à se dire qu'on comprenait pas le monde dans le sens naturel des phénomènes vers l'équation, mais dans l'autre sens, du coup. Aujourd'hui je pense que je pourrais apprendre la physique à plat avec mon bagage mathématique, mais avant ça, j'aurais toujours eu un blocage même avec un vrai cours, du moins je pense.
    Et pourtant, les potes avec qui j'ai pu parler de ça récemment travaillent comme tout le monde à concevoir des schémas numériques pour des edp issus de problèmes physiques qu'ils comprennent parfaitement (et paraît-il qu'ils s'en sortent mieux en physique que les étudiants en physique là-bas qui pêchent par manque de maths, le plus jouissif étant d'expliquer des choses à des docteurs du haut de leur M2 tout frais). C'est pour ça que je la trouve pas délirante l'idée de la compréhension du monde de l'équation vers le phénomène, si personne est capable de bien expliquer le phénomène c'est toujours mieux que de jamais rien comprendre. Et ça fait que même celui qui a du mal avec la physique en tant que discipline n'a pas forcément de mal avec les problèmes de la vie réelle tant qu'il a de la bouteille et de la culture scientifique.

    Ah, j'ai oublié d'évoquer un problème nouveau par rapport aux anciens du forum par rapport aux blocages mathématiques en physique : le niveau déplorable en géométrie de ma génération et des suivantes. Evidemment ça ajoute des dégâts.
  • En réponse à ce message de xax. Ok, je me doutais qu'il s'agissait d'un quiproquo, merci pour la clarification.

    Ah et au sujet des cygnes noirs et corbeaux blanc, je sais bien que ça existe (j'en ai vu de mes propres yeux). C'était en référence au problème de l'induction qui prend souvent comme exemple les cygnes noirs (voir ici), on pensait que cela n'existait pas jusqu’à ce qu'on en découvre assez tardivement en australie.
  • Bonjour,

    Des cygnes noirs, j'en ai vu toute une "meute" dans la Marne à la fin des années $70$. Je me suis même fait attaquer par le chef de meute, je suppose qu'il défendait son territoire et son harem.

    Cordialement,

    Rescassol
  • Les cygnes sont généralement pas très sympas et sont assez agressifs. Ce n'est pas très agréable de retrouver face à un cygne en colère. J'imagine Rescassol que tu as pris tes jambes à ton cou.
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
  • Rescassol : les cygnes noirs ont justement été importés d’Australie en Europe vers le 18e siècle comme animaux décoratifs. J'imagine que certains ont été relâchés dans la nature et qu'ils ont établi domicile en Marne ;-)

    Tout aussi cordialement,

    Renart
  • Bonjour,

    J'étais à moitié à poil dans la rivière pour me laver avant d'aller faire mon boulot d'examinateur du baccalauréat (oraux) loin de chez moi. Je me suis réfugié dans mon estafette qui me servait d'ersatz de camping-car.

    Cordialement,

    Rescassol
  • On s'éloigne de la question initiale mais de toute façon je crois que les réponses ont été données : il est possible d'être un excellent mathématicien sans faire de physique, et il est possible d'intégrer une ENS "sans" physique si on est au-dessus du lot en math.

    Pour ma part j'étais bon en physique et n'avais pas de problème pour faire des calculs "à la physicienne". L'égalité $dxdy=rdrd\theta$ s'explique très facilement en considérant l'aire comprise entre deux cercles de rayons $r$ et $r+dr$, et entre deux rayons $\theta$ et $\theta+d\theta$. Manipuler les dérivées partielles sans avoir vu le calcul différentiel au préalable ne me posait pas de problème non plus, par contre l'égalité $\dfrac{\partial P}{\partial V}\dfrac{\partial V}{\partial T}\dfrac{\partial T}{\partial P}=-1$ m'avait laissé sceptique.
  • Bonjour,
    JLT a écrit:
    par contre l'égalité $\dfrac{\partial P}{\partial V}\dfrac{\partial V}{\partial T}\dfrac{\partial T}{\partial P}=-1$ m'avait laissé sceptique.

    Ménélaüs ou Céva :-S ?

    Cordialement,

    Rescassol
  • JLT en fait une sous-problématique du fil c'est de savoir dans quelle proportion les taupins délaissent la physique en raison d'un enseignement anti-pédagogique. Personnellement j'ai un vif souvenir que dans l'exemple que tu as repris, de figures au tableau où $\Delta x$ devenait $dx$ en rapetissant, et ça ne posait pas de problème. Si Aléa et RLC ont tiqué, c'est que sans un soupçon d'explication un taupin normalement constitué voire bien pourvu ne comprend pas.

    C'est vrai que les cygnes noirs c'est assez hors sujet, sans compter le risque que FdP se saisisse d'une question racialiste.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • L'égalité $dxdy=rdrd\theta$ s'explique très facilement en considérant l'aire comprise entre deux cercles de rayons $r$ et $r+dr$, et entre deux rayons $\theta$ et $\theta+d\theta$.
    Même le plus mauvais des profs de physique donne cette explication.
    Pour moi, ce n'est pas entendable, on travaille avec des objets qu'on n'a tout simplement pas définis.
    Il n'y a souvent pas de différence claire entre un raisonnement et une heuristique ; pour quelqu'un qui apprend les maths, c'est problématique.
  • Très intéressant, je vois que c'est un sujet qui revient souvent :
    Les Vieux de la Vieille : http://www.numdam.org/article/PSMIR_1987-1988___5_A4_0.pdf
    La Thèse : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00271402/document
    L'Institution : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Mathematiques/29/9/Ressources_Math_Rapprochements_didactiques_Maths-PHCH-SI_359299.pdf

    Pour ma part je pense que ça demande un peu de lecture pour recentrer.
    Si je n'y avait pas fait attention j'aurais peut-être fait une erreur pédagogique, merci à tous !
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Il faut quand même avoir très peu connaissance des maths des 20/21è siècles pour penser que les maths sont toujours là "pour la physique" ou "en vue d'une réalisation physique", ou quoi que ce soit qui ait un rapport avec la physique, de près ou de loin.

    C'est déjà complètement oublier que les maths s'appliquent aussi en informatique, et pas qu'un peu (d'ailleurs, pour moi c'est beaucoup plus clair comment des maths avancées peuvent y servir à quelque chose qu'en physique).
    Mais au delà de ça, c'est ne pas voir ce que sont les maths pures (qui, malgré le manque de postes, existent encore !) qui, pour une grande partie, ont complètement délaissé l'info et (bien évidemment) la physique.

    Il y a même beaucoup des maths censées être proches de la physique qui n'ont en réalité aucun rapport avec cette dernière (et même celles qui n'ont pas aucun rapport, quand tu demandes aux gens qui en font le lien avec la physique, on te répond souvent "ah ça je sais pas, il faut demander aux physicien-ne-s", autrement dit les mathématicien-ne-s qui en font ne le font pas avec la motivation physique en tête).

    Bon, ce débat n'a pas grand intérêt dans la mesure où il est factuel, et la réponse factuelle est évidente à obtenir en regardant un échantillon suffisamment large de publications mathématiques.

    Pour la question de l'intégration, on a déjà aussi répondu que c'était possible, et ça, à nouveau, c'est factuel donc pas bien compliqué à vérifier.
  • Voici une démonstration à la physicienne de $\dfrac{\partial P}{\partial V}\dfrac{\partial V}{\partial T}\dfrac{\partial T}{\partial P}=-1$.

    Supposons que $dP=adV+bdT$. Alors $dV=\frac{1}{a}dP-\frac{b}{a}dT$ et $dT=\frac{1}{b}dP-\frac{a}{b}dV$.

    On a $a\times (-b/a)\times (1/b)=-1$, d'où l'égalité annoncée.

    On peut donner un sens mathématique précis à tout ceci, et transformer ce qui précède en une démonstration rigoureuse. Comme dit Aléa c'est une heuristique, mais les mathématiciens raisonnent aussi par heuristique avant d'écrire des démonstrations propres. Les physiciens s'arrêtent au stade de l'heuristique car n'ont pas le temps d'approfondir l'aspect mathématique et cherchent juste à utiliser l'outil.
  • Maxtimax le débat n'a pas vraiment évolué comme tu le décris mais plutôt sur le fait que ce que tu appelles "maths pures" (expression rigolote, maths épurées de quoi d'ailleurs ?) reviennent à la physique même pour des thématiques "très pures" auxquelles on ne s'attend pas, ce qui est comme tu dis "factuel", ce qui me porte à croire qu'il y a un lien profond même si les puristes pensent que non. Ou, certains pensent que le fait qu'une théorie mathématique reviennent ou soit utilisée par la physique n'est pas décidable.

    Ceci dit tu as raison sur le fait que ces questions n'ont pas d'importance pour faire des maths, sauf bien sûr pour ceux qui vont se trouver à développer des théories majeures inspirées par la physique (comme Cartier le détaille pour les théories spectrales).
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Si on considère que l'économie, la sociologie, la sécurité informatique et que sais-je encore sont des branches de la physique, alors on doit bien pouvoir trouver des arguments pour dire que xax a presque raison, et que tout le reste du monde se trompe.
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • Tiens lourrran, c'est pas encore l'heure de l'apéro ou de la sortie de table pourtant.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • xax a écrit:
    Ceci dit tu as raison sur le fait que ces questions n'ont pas d'importance pour faire des maths, sauf bien sûr pour ceux qui vont se trouver à développer des théories majeures inspirées par la physique (comme Cartier le détaille pour les théories spectrales).
    Les théories spectrales ne constituent pas toutes les mathématiques mais seulement une toute petite partie d'icelles.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Et la géométrie algébrique ?
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Bonsoir

    Bien qu'ayant choisi in fine la physique, je dois dire que je me retrouve dans la plupart des témoignages des matheux. C'est vrai que devant l'utilisation qui est faite des objets mathématiques, il faut avoir la foi du charbonnier sous peine d'avoir les foies !

    Il m'est arrivé la même mésaventure qu'à Rescassol : dans un cours d'optique, je m'étais permis de faire remarquer qu'une fois définie une fraction inférieure à un de deux grandeurs de même unité, les règles usuels des développements limités s'imposent... Foudres !

    Mais il faut distinguer plusieurs niveaux d'absence de rigueur. Concernant la façon dont on utilise le calcul différentiel et intégral en physique, je ne sais pas comment on pourrait s'en passer. Comme le dit RLC, en math, $\frac{df}{dx}$ n'est pas une fraction. En physique, si ce n'est pas une fraction, on ne peut rien faire !

    L'analyse non standard a donné un statut rigoureux aux infinitésimaux. Mais je n'ai vu nulle part comment on pouvait s'en servir pour réécrire un cours de physique de L1. De façon plus générale, on trouve des articles intéressants sur ce divorce mais, dans ce que j'ai lu, pas de solution. La définition moderne de limite est une "invention" géniale, mais quand on fait une mise en équation, on raisonne sur des quantités "finies", et que l'on note d ou delta ne règle pas l'affaire.

    Dans mon souvenir, Frédéric Pham a écrit des choses intéressantes sur le sujet. Son parcours n'y est sans doute pas étranger.

    Bonne fin (ou début) de soirée à tous. Cordialement.
  • C'est des fractions quand c'est linéaire, mais c'est complètement faux d'en faire une généralité pour la physique qui a énormément investigué ces dernières années les régimes non linéaires.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Je me souviens d'une remarque de ma prof de physique de terminale : 'vous trouvez les solutions, mais avec des méthodes de matheux' ou quelque chose comme ça.

    Un lycéen qui est parfaitement à l'aise en maths, qui considère que les règles apprises en maths sont également vraies en physique ... ça entend ce genre de remarque.
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • J'avais eu ce même type de remarque, mais la raison était toute bête. Il fallait faire d'abord le calcul littéral complet, et faire l'application numérique seulement à la fin ; le résultat devait être donné avec le bon nombre de chiffres significatifs.

    Or, je remplaçais trop tôt les lettres par leurs valeurs, et mon résultat final donnait beaucoup plus de décimales que les données de départ.

    Bref rien de bien sorcier mais une explication claire à ce sujet aurait été bienvenue.
  • Moi j'ai eu droit à la "démonstration" à la physicienne du théorème de Gauss-Ostrogradski (ou théorème de la divergence sur Wikipedia)... B-)-
  • Gauss-Ostrogradski s'interprète comme une loi de conservation de la matière, il est important en physique d'en connaître cette signification. Certes ce n'est pas une vraie démonstration. Ce qui m'a impressionné en maths, c'est que tous ces théorèmes d'analyse vectorielle (Green-Riemann, etc...) se généralisent en la formule de Stokes. Mais cette dernière n'est pratiquement jamais démontrée dans les cours de maths.
  • C'est quand même un peu coton de la démontrer au niveau L2 ou taupin, mais son utilisation ou celle de ses dérivées vient très rapidement effectivement. Dixmier en fait une présentation détaillée sans la démontrer, j'ai l'impression que ce choix est repris dans des cours contemporains.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Oui à l'époque j'étais frustré de ne pas disposer d'une démonstration mathématique. Aujourd'hui le sujet ne m'intéresse plus assez pour que j'en lise une... et surtout pour que je me coltine toute la théorie avant pour pouvoir comprendre la preuve.
    JLT a écrit:
    il est important en physique d'en connaître cette signification

    oui c'était pour la conservation de la charge électrique je crois.

    Mais ce qui était agaçant c'est que le prof de physique présentait sa "démonstration" sans les guillemets, comme si ce qu'il écrivait était mathématiquement acceptable. Lors d'un contrôle une des questions était de démontrer Gauss-Ostrogradski, donc de savoir recracher sa preuve... j'ai refusé B-)-
  • La formule de Stokes (ou ses cas particuliers comme Ostro$\overrightarrow{\mathrm{grad}}$ski) c'est une généralisation de $\int_a^b f'(t)\,dt=f(b)-f(a)$, mais il faut avoir des connaissances de géométrie différentielle (ou de comprendre la notion de sous-variété), donc au minimum disposer du théorème des fonctions implicites. Difficile donc de la démontrer au niveau L2/taupe.
  • Sans donner de détails, mon témoignage rejoint ceux qui ont été donnés plus haut. Alors que j’hésitais encore un peu en terminale, l’enseignement déplorable de la physique en Deug m’a convaincu de faire des maths.

  • Quant au goût pour la physique, j'ai eu le même vécu et cela était dû à la façon dont elle était enseignée, c'est à dire en voulant trop y faire des mathématiques et pas assez de physique. On y voyait donc des démonstrations complètement fausses qu'il fallait à tout prix reproduire, et une dose massive de maths sans réelle nécessité. On y voyait également l'absence de recul sur ce qu'est un modèle physique et on y parlait tout le temps de Lois (ie divines) là où je n'ai vu que des modèles évidemment faux même si fonctionnels.

    De tout cela est né désintérêt profond pour la physique jusqu'à ce que... un jour en khôlle un enseignant résolve un problème compliqué devant moi juste avec du bon sens physique, et une dose tout à fait minime de maths. A ce moment là je me suis dit (trop tard pour pouvoir revenir en arrière) qu'en regardant le programme avec un vrai regard de physicien (à éventuellement chercher en dehors du cadre scolaire) cette matière pouvait devenir autrement intéressante.

    Tout cela donc pour dire qu'avant de condamner cette discipline trop vite, tu devrais sans doute chercher à y mettre un autre sens que celui qu'on te propose et tu pourras peut-être y retrouver du goût, voire du plaisir.
    The fish doesnt think. The Fish doesnt think because the fish knows. Everything. - Goran Bregovic
  • JLT a écrit:
    Voici une démonstration à la physicienne de $\dfrac{\partial P}{\partial V} \dfrac{\partial V}{\partial T} \dfrac{\partial T}{\partial P} = -1$.

    Cette soit-disante "formule" est fausse. Rétablissons la version originale et correcte, en la substance $\Big( \dfrac{\partial p}{\partial V} \Big)_T \Big( \dfrac{\partial V}{\partial T} \Big)_p \Big( \dfrac{\partial T}{\partial p} \Big)_V = -1$.
  • Merci à tous pour vos réponses. Ça me rassure de voir que parmi des génies en maths (et surtout qui ont pu faire les études qu'ils voulaient) beaucoup ne sont pas des dieux en physique pour autant. Ça me redonne de l'espoir en tout cas.

    Et pour revenir à ce qu'a dit xax, je ne pense pas connaître en profondeur un sujet en maths (je ne suis qu'en 2ème année de prépa donc je suis bien moins calé que vous), pourtant je n'ai pas l'impression que mon niveau en physique restreigne mon raisonnement logique à ce niveau. Après chacun se fait sa propre vision des choses évidemment.
    Bonne soirée.
  • J il y a parfois un peu de provoc dans ce que j'écris, mais la discussion était intéressante (formule de Stokes, les formes différentielles en physique etc.).
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Simplement par curiosité J, est-ce que ta faiblesse supposée en physique vient comme la plupart des intervenants d'un professeur incapable où bien est-ce que tu n'y arrives juste pas ?
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.