Matrices carrées et inverse

Bonjour,
pourquoi seules les matrices carrées sont possiblement inversibles ? Merci.

Réponses

  • Par l'algorithme du pivot, pour pouvoir inverser, il faudra un pivot par ligne, et un pivot par colonne. Il faudra bien qu'il y ait autant de lignes que de colonnes. (et notre matrice n'est équivalente en lignes qu'à une seule matrice échelonnée réduite !)

    C'est tout à fait non-trivial ! Toutes les bases d'un espace vectoriel ont le même nombre de vecteurs, c'est la dimension de l'espace.
  • @marsup : merci pour ta réponse mais j'ignore ce qu'est une matrice échelonnée réduite (par contre je sais diagonaliser, si cela peut aider).
  • Tu sais certainement résoudre un système aussi.
    Ici on aura parfois plus d’équations que d’inconnues ou plus d’inconnues que d’équations.

    Tu sais certainement ce qu’est une application bijective ?

    Dans ce cadre, ces notions sont liées.
  • Non ça n'aide pas du tout de savoir diagonaliser.

    L'algorithme du pivot, les opérations élémentaires, les inconnues principales/secondaires, les conditions de compatibilité, le rang et tout ça c'est le niveau avant la diagonalisation.

    En gros, tu peux admettre que les matrices inversibles sur un corps sont forcément carrées, tu ne rates pas forcément grand chose. (la suite est vraiment bien plus intéressante que les détails techniques de ce truc-là !)
  • Ok merci bon j'admets et puis voilà :-D
  • totem, essaie de résoudre le système 3x+4y+3z=0 et 2x-y+z=2.
    Tu vois qu’il manque un truc.
    Ensuite, traduis ça en une égalité matricielle.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Oui, ça se sent bien : la dimension de l'espace des solutions, c'est le nombre d'inconnues secondaires, soit le nombre d'inconnues en tout MOINS le nombre de pivots (ou nb d'inconnues principales).

    Bon, du coup, la plupart du temps pour l'intersection de 2 (= nb d'inconnues principales) plans (une équation chacun !)

    dans $\R^3$ (= 3 inconnues en tout !)

    bah, il nous reste une (=3-2 = 1) inconnue secondaire ou "paramètre".

    Donc un espace de solutions (ou "noyau") de dimension $3-2=1$ : une droite...

    Donc l'intersection de deux plans dans $\R^3$, ça doit donner, la plupart du temps, une droite !
  • Voir photo ci-jointe (modulo quelques fautes « de frappe »)118666
    708.jpg 83.2K
  • @708 : ta dernière ligne c'est "donc $m=n$ " ?
  • 708 : enfin tu supposes la conclusion... Il s'agit (exactement, littéralement) de montrer que $K^n\cong K^m \implies m=n$. Et ça il n'y a pas de magie, il faut le démontrer; d'ailleurs il y a tellement peu de magie que si je bouge un peu les choses ce n'est plus vrai (ce n'est pas vrai pour certains anneaux non commutatifs par exemple - ce que je veux dire par là c'est qu'il y a un travail non formel à faire à ce stade, et qu'il faut bosser avec quelque chose)

    C'est la seconde phrase du premier message de marsup qu'il faut prendre en compte. Quant à elle, elle revient au "lemme d'échange" (bon, j'en donne une version, il y en a d'autres) :

    Soit $B, B'$ deux bases de $V$ et $x\in B\setminus B'$. Alors il existe $y \in B'\setminus B$ tel que $(B'\setminus \{y\})\cup \{x\}$ soit encore une base

    Une fois ce lemme acquis, on fixe une base $B$ de $V$ (disons de cardinal $n$), et on montre que toute autre base a le même nombre d'éléments, par récurrence descendante sur la taille de l'intersection: si l'intersection est de taille $n$, on a $B\subset B'$ et donc $B= B'$ (exercice). Si l'intersection est de taille $k$, par le lemme précédent on trouve une base $B''$ qui est de même taille que $B'$ et qui a une intersection de taille $k+1$ avec $B$.

    Pour prouver ce(tte version du) lemme d'échange, c'est très simple : on écrit $x = \sum_{y\in B'}\lambda_y y$. Il y a forcément un $y\in B'\setminus B$ tel que $\lambda_y \neq 0$ : en effet, sinon, ça voudrait dire que $x$ est dans le sous-espace engendré par $B\cap B'$, mais ce n'est pas le cas car $x\notin B'$.
    On prend ce $y$. Alors comme $\lambda_y$ est inversible, $y$ s'exprime en termes de $(B'\setminus \{y\})\cup \{x\}$, ce qui montre que cette dernière est une famille génératrice. De plus, une relation linéaire non triviale donnerait ou bien une relation linéaire non triviale dans $B'$, ou une deuxième expression de $x$ en termes de $B'$ : les deux sont exclus; donc c'est une base.

    Ici, on n'a utilisé que l'inversibilité des éléments non nuls, donc ce lemme d'échange est valable sur une algèbre à division, et en particulier ces dernières ont bel et bien la même propriété; mais je le répète: il faut à un moment faire quelque chose puisque ce n'est pas vrai sur un anneau non commutatif en général
  • Et à ce stade j'aurais une question pour totem : est-ce que tu savais que $K^n\cong K^m \implies m=n$ ou ça faisait partie des questions que tu te posais ?
  • Je ne nie pas le fait que j’ai répondu à la question posée sachant que si K^n est isomorphe à K^m alors n=m, oui.

    Je sais montrer que si K^n est iso à K^m alors n=m.

    J’ai considéré que la personne qui posait la question accepte de ramener cette question à ce résultat classique.

    La dernière ligne est bugué : c’est n=p.

    J’espère que mon premier message aura été utile.
  • @Raoul : non je ne savais pas, et pire cela ne faisait pas partie des questions que je me posais :-D

    Cela dit je croyais qu'on pouvait mettre $\R$ en bijection avec $\R^2$ ? http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?4,359744
  • Oui mais pas en tant qu’espaces vectoriels sur $\mathbb{R}$.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Bravo Maxtimax d'avoir écrit un raisonnement aussi long. (dont j'avais oublié les détails il y a longtemps)

    En gros, si $B$ est génératrice toute $(B,\vec v)$ est automatiquement liée.

    Sur un corps, dans une famille liée, les relations de dépendance linéaire permettent d'écrire un vecteur en fonction des autres.

    On peut enlever un tel vecteur de la famille sans changer le sous-espace vectoriel engendré. (principe de la base extraite)

    Ça donne ton lemme d'échange.

    On peut exposer ce raisonnement à des étudiants non-spécialistes, voire, si on arrive à leur développer une bonne intuition, ils peuvent le trouver eux-mêmes.

    Après, en revanche, il faut faire une récurrence assez compliquée, et c'est ça qu'on peut passer sous silence pour les étudiants non-spécialistes.
  • (marsup : cette preuve m'avait marqué parce que je ne l'aimais pas :-D et je cherchais quelque chose de "plus conceptuel" ; comme le résultat n'est pas vrai en général, il n'est pas surprenant que je n'aie pas trouvé. Quoique... je vais peut-être y reréfléchir)
  • @totem, je n'ai pas lu le fil, mais je réponds à ton premier post.

    Parce que pour tout anneau commutatif, une matrice qui a strictement plus de colonnes que de lignes a la famille de ses colonnes liées (une combinaison linéaire non triviale des colonnes est nulle)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @christophe:bien vu !! et tellement élémentaire (je ne dis pas que la démonstration l'est :-D ) c'est un théorème je suppose ?
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