Équation polynomiale

Bonjour à tous,
auriez vous quelques pistes pour déterminer les polynômes réels vérifiant P(X)P(X+1)=P(x^2+X+1) ?

Je n'arrive pas à finir les miennes : si P non constant, P a une racine complexe. Comment montrer que P a alors une infinité de racines ? ou alors une autre méthode ?
D'avance merci,
best M.

Réponses

  • Que peux-tu dire du degré de P?
  • Si deg(P)=n alors P(X)P(X+1) est de degré 2n ainsi que P(X^2+X+1). Je ne vois pas comment utiliser cette information.

    De même, on trouve que le coefficient du terme de plus haut degré est 1.

    bestM
  • Si P a une racine réelle x, alors x²+x+1 est une autre racine de P.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Avec ta remarque sur le coeff deplus haut degré, $P$ est déterminé de manière unique par $P^{-1}(0)$ (l'ensemble de ses racines), qui est un sous-ensemble fini de $\mathbb{C}$. D'après les hypothèses, chacune des 3 applications:
    $$
    z\mapsto \bar z, \qquad S: z\mapsto z^2+z+1, \qquad T:z\mapsto z^2-z,
    $$
    doit être une permutation de $P^{-1}(0)$.
    Après je bloque.
  • nicolas.patrois : pourquoi P a une racine réelle ?

    Ok i.zitoussi, mais comment arriver à déterminer les racines?
  • Je n’ai pas écrit que P en avait une, j’ai écrit « si »…
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • OK nicolas.patrois. J'ai mal lu.

    Si x est racine réelle alors, en posant f(x)=x^2+x+1, on vérifie que pour tout entier naturel n, f^n(x) ( composée n fois de f) est racine de P.
    On peut montrer par récurrence que , f^n(x)>+n-1. ce qui devrait donner une infinité de racine donc P=0.

    Si P est non nul, les racines sont de vrais complexes donc le degré de P est pair.
  • J'ai donné une autre méthode, mais il faudrait retrouver le fil.
  • Ça y est j'ai trouvé, c’était le 152 des problèmes de l'ENS :
    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?4,2141668,2142348#msg-2142348
    Bonne soirée.
    Fr. Ch.
  • @bestM: Si on reprend les applications $S$ et $T$ que j'ai données plus haut: $S(z)=z^2+z+1$, $T(z)=z^2-z$, on doit chercher un sous-ensemble fini de $\mathbb{C}$ clos sous l'action de $S$, $T$ et $z\mapsto \bar z$.
    Tu as montré qu'un tel ensemble n'intersecte pas $\mathbb{R}$ (car pour $z_0\in \mathbb{R}$, $(S^n(z_0))_{n\geq 0}$ est non bornée), et est donc de cardinal pair (car clos sous $z\mapsto \bar z$).

    Après, si mes calculs sont bons, on a $TS-ST = (z\mapsto 4z^3)$.
    Je pense que ça suffit pour montrer que les orbites du semi-groupe engendré par $S$ et $T$ ne peuvent pas être finies (il faut encore travailler).

    NB: Les solutions constantes sont $0$ et $1$ (pas seulement $P=0$).

    @Chaurien:
    La meilleure idée, je l'ai trouvée dans : Mathématiques & Pédagogie, revue de la SBPM (e.f.), Bruxelles, n° 167, 2008, p. 74. Cette idée est de prouver d'abord qu'il y a au plus un polynôme de degré donné qui convient, ce qui se fait sans mal. Ensuite, un polynôme-solution est de degré pair, et le produit de deux polynômes-solutions est aussi un polynôme-solution.

    Est-ce que tu peux détailler le "au plus un", je ne vois pas.

    Edit quelques heures plus tard: j'ai oublié un $+1$ dans mon expression de $T(z) := S(z-1) = z^2-z+1$ (et non $z^2-z$), ce qui fait que mon expression de $T\circ S-S\circ T$ est aussi fausse...
    Après je bloque.
  • Merci Chaurien.
  • Merci i.zitoussi
  • S'il existait $P$ et $Q$ deux polynômes distincts qui conviennent, de même degré $n$, soit $R=Q-P$, de degré $m<n$, puisque $P$ et $Q$ ont même coefficient dominant (égal à 1). On a : $(P(X)+R(X)(P(X+1)+R(X+1))=P(X^{2}+X+1)+R(X^{2}+X+1)$, d'où : $P(X)R(X+1)+R(X)P(X+1)+R(X)R(X+1)=R(X^{2}+X+1)$.
    Le degré du premier membre est $n+m$ et le degré du second membre est $2m$. Impossible.
    Pour moi ça s'appelle un raisonnement par l'absurde, mais allez savoir...
    Bonne soirée.
    Fr. Ch.
  • Astucieux. Cet argument d'unicité par degré court-circuite pas mal de choses. En particulier, si $P$ et $Q$ sont deux polynômes non constants solutions du problème, alors ils ont les mêmes racines (à multiplicité près), car on doit avoir $P^{\deg Q} = Q^{\deg P}$. On cherche donc au plus un ensemble de racines.
    Après je ne vois toujours pas d'argument simple pour montrer qu'il n'en existe pas de non vide.
    Après je bloque.
  • Dans les années 1980, était tombé à l'oral de HEC : $P(X)P(X+1)=P(X^2)$. Je l'avais posé en prépa-HEC en proposant de raisonner sur les racines complexes de $P$, ce qui convient dans ce cas. Mais cette méthode ne s'applique pas à $P(X)P(X+1)=P(X^2+X+1)$.
    C'est pourquoi j'ai été tout heureux de trouver cette solution dans Mathématique et pédagogie, revue de la Société Belge des Professeurs de Mathématiques d'expression française, qui fait pour les mathématiques bien plus que son homologue française, depuis toujours.
    Cette méthode se généralise sans mal à $P(X)P(X+1)=P(X^2+bX+c)$, et à coefficients complexes. Malheureusement j'ai égaré le nom de celui qui a donné cette solution, mais je le retrouverai et je le balancerai sur ce forum, il le mérite.
    Bonne soirée.
    Fr. Ch.
  • En me basant sur la méthode que Chaurien m'avait décrite dans une autre discussion, j'avais rédigé cette exercice de colle.

    Énonce : On souhaite déterminer l'ensemble
    \[\mathcal{S}=\big\{P\in\C[X]\mid P(X)P(X+1)=P(X^2+X+1)\big\}.
    \] 1) Montrer que si $(P,Q)\in\mathcal{S}^2$, alors $PQ\in\mathcal{S}$.
    2) Montrer que si $P\in\mathcal{S}$ est un polynôme non nul, alors $P$ est unitaire.
    3) Soit $d\in\N$. Montrer qu'il existe au plus un polynôme $P\in\mathcal{S}$ de degré $d$.
    4) En déduire tous les éléments de $\mathcal{S}$.

    Quelques éléments de solution.
    3) Si $(P,Q)\in\mathcal{S}^2$ avec $\deg(P)=\deg(Q)=d$, alors en notant $R=Q-P$, on a
    \[P(X)R(X+1)+R(X)P(X+1)+R(X)R(X+1)=R(X^2+X+1),
    \] ce qui est impossible, car $\deg(R)<d$.
    4) Par résolution directe, on a que $X^2+1\in\mathcal{S}$. On en déduit que $(X^2+1)^n\in\mathcal{S}$ pour tout $n\in\N$. De plus, s'il existe $P\in\mathcal{S}$ de degré impair, alors $P^2$ est de la forme précédente, ce qui est impossible. On conclut que $\mathcal{S}$ est constitué du polynôme nul et des $(X^2+1)^n$ pour tout $n\in\N$.
  • Ça y est, j'ai trouvé ; il est plus facile de chercher sur Internet que dans mon foutoir de papier, et ça fait moins mal aux reins : https://mp.sbpm.be/MP167.PDF, p. 74-75
    Celui qui a donné cette solution c'est P. le Gall, de Metz, un Français. Peut-être un ami messin de ce forum le connaît-il.
    Bonne soirée.
    Fr. Ch.
    [small]Vous êtes nancéien et moi je suis messin :
    Vive donc à jamais cette vieille Lorraine
    Qui nous vit naître et nous réchauffa dans son sein
    Et dont, fils pieux, nous baisons le front de reine.[/small]
  • Après avoir fouillé dans mes vieux messages, j'ai retrouvé la discussion que Chaurien cherchait : Oral x-ens : inégalité sur des complexes.

    @Chaurien : le nom que tu cherches est P. Le Gall d'après tes messages dans la discussion indiquée ci-dessus.

    Édit : Tu l'as retrouvé pendant que je rédigeais ce message ;-)
  • Bravo MrJ, moi j'ai du mal avec les anciens messages. Je me suis donc répété, c'est mieux que de se contredire ;-).
    Bonne soirée.
    Fr. Ch.
  • La répétition est la base de l’apprentissage !
    (C’est ce qu’on m’a toujours dit)
    ...
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.