Extension séparable

Bonsoir à tous,

je dispose d'un corps $K$ de caractéristique nulle et d'une extension $L$ de $K$ tel que $[L:K] \leq n$.
Il s'agit de montrer que $\forall x \in L$, $[K(x):K] \leq n$. Compte tenu de la tour d'extensions $K \subset K(x) \subset L$, on a $[L:K]=[L:K(x)]\times [K(x):K]$ et donc $[K(x):K] \leq [L:K] \leq n$. Jusque ici tout va bien...
Par contre, on me demande ensuite de montrer que ce résultat n'est plus valable si la caractéristique de $K$ est $p$.....ce qui me laisse assez perplexe étant donné que je n'utilise à aucun moment le fait que la caractéristique de $K$ soit nulle.....

Merci et a+

F.

PS: On c'est "Ivan Gozard" ;-)

Réponses

  • Bonjour. Tu es certain d’avoir communiqué toutes les hypothèses? Je suis complètement d’accord avec toi.
  • Je me demande si ce n’est pas plutôt l’inverse qu’il fallait prouver : si pour tout $x$ dans $L$, $[K(x):K]\leq n$, alors $[L:K]\leq n$. Peut être une coquille dans le livre?
  • Bonjour,

    effectivement cela me semble plus cohérent dans ce sens. J'imagine que dans ce cas il suffit d'utiliser un élément primitif pour démontrer l'assertion.
    Par contre pour le contre exemple, dans le cas de la caractéristique $p$, j'imagine qu'il faut utiliser un corps $K$ non parfait.
    Le premier qui me vient à l'esprit est le corps des fractions rationnelles $K=\mathbb{F}_p(X)$, à partir de là je dois construire une extension de degré $>n$ tel que pour tout $x \in L$, $[K(x):K] \leq n$.....est ce la bonne direction ?

    A+

    F.
  • Je serais parti dans la même direction, mais j'aurais choisi par exemple $K = \mathbb{F}_2(X^2)$ et $L = \mathbb{F}_2(X)$, là il doit y avoir quelque chose à faire.

    Edit : ne cherche pas trop avec mon exemple, ce n'est que mon intuition, je n'ai pas résolu l'exercice ;-)
  • Salut à vous deux.

    En prenant pour $L$ le corps $\mathbf{F}_p(X,Y)$ et $K$ son sous-corps $\mathbf{F}_p(X^p,Y^p)$, l'extension $L/K$ vérifie les conditions recherchées. Elle est de degré $p^2$ et pour tout $x\in L$, $[K(x):K]\le p$.
  • Ok,

    donc dans ce cas pour tout $a \in L$, on a $a^2 \in K$, tout élément de $L$ est donc algébrique sur $K$ de degré inférieur ou égal à 2.
    L'extension $L/K$ devant alors être de degré infini ou du moins supérieur ou égal à 3....je suppose donc que cette extension est de degré 2, la famille $(1,X)$ étant libre elle devrait constituer une base de $L/K$.
    Si on considère la fraction $\frac{1}{1+X+X^2} \in L$, on a alors
    $$
    \frac{1}{1+X+X^2}=F_0(X^2)+XF_1(X^2)
    $$
    Utilisant le fait que $\frac{1}{1+X+X^2}+\frac{X}{1+X+X^2}+\frac{X^2}{1+X+X^2}=1$ et l'unicité de la décomposition dans une cas, j'obtiens alors une contradiction.
    Ceci dit j'imagine que l'on aurait pu aussi bien choisir les couples $\mathbb{F}_p(X)$ et $\mathbb{F}_p(X^p)$, il doit donc y avoir un argument plus général pour justifier que la dimension de $L/K$ est strictement supérieur à 2. Il ne serait par ailleurs pas étonnant qu'elle soit égale à $+\infty$...

    A+

    F.
  • Ok,

    merci b.b. Mais du coup l'extension $\mathbb{F}_p(X)/\mathbb{F}_p(X^p)$ est de degré $p$ ?
    Je pense que oui, car $\mathbb{F}_p(X^\frac{1}{p})=\mathbb{F}_p(X)/(Y^p-X)$.

    A+

    F.
  • Oui. Le polynôme $f=T^p-X^p\in K[T]=\mathbf{F}_p(X^p)[T]$ est irréductible et donc c'est le polynôme minimal de $X$ sur $K$.

    Soient $g,h\in K[T]$ des polynômes unitaires tels que $f=gh$. Dans l'anneau $L[T]=\mathbf{F}_p(X)[T]$, on a l'égalité $T^p-X^p=(T-X)^p$ dont on déduit $g=(T-X)^n$ et $h=(T-X)^m$ pour des entiers $n,m$ tels que $0\le n,m\le p$ et $n+m=p$. Si l'un des entiers $n,m$ est égal à $0$, c'est OK. Supposons que $n<p$ et montrons que $n=0$. Pour tout entier $k$ tel que $0<k<p$, $X^k\notin\mathbf{F}_p(X^p)$. Or $g$ est à coefficients dans $\mathbf{F}_p(X^p)$ et la formule du binôme appliquée à $(T-X)^n$ fait apparaître des coefficients en $X^k$ avec $0<k<n$ quand $n>0$, donc $n=0$.
  • b.b (et malavita)

    Soit $K(X)$ le corps des fractions rationnelles en une indéterminée $X$ sur un corps (commutatif) quelconque $K$. Alors, pour tout polynôme unitaire $F \in K[X]$ de degré $n \ge 1$, on dispose des résultats (non indépendants) suivants :

    $\blacktriangleright$ L'extension $K(X)/K(F)$ est de degré $n$,
    $\blacktriangleright$ $(1, X, \cdots, X^{n-1})$ est une base de $K(X)$ sur $K(F)$
    $\blacktriangleright$ $F$ est le polynôme minimal de $X$ sur $K(F)$ POUF POUF $F(T) - F$ est le polynôme minimal de $X$ sur $K(F)$, où $T$ est une variable fraîche.

    Il y également un résultat si on remplace ``$F$ polynôme'' par ``$F$ fraction rationnelle'' mais ne compliquons pas les choses tout de suite.
  • Super,

    merci à vous deux pour vos éclaircissements !

    A+

    F.
  • Salut malavita, Claude.

    Malavita, en appliquant le premier point cité par Claude à l'extension $\mathbf{F}_p(X,Y)/\mathbf{F}_p(X,Y^p)$, puis à l'extension $\mathbf{F}_p(X,Y^p)/\mathbf{F}_p(X^p,Y^p)$ et avec la multiplicativité des degrés, on voit que $\mathbf{F}_p(X,Y)/\mathbf{F}_p(X^p,Y^p)$ est de degré $p^2$.
  • $\def\F{\mathbb F}$b.b. (et Malavita)
    Vu. Et bien sûr, pour tout élément $z \in \F_p(X,Y)$, on a $z^p \in \F_p(X^p, Y^p)$.

    En ce qui concerne l'extension $K(X)/K(F)$ dans mon post que tu as pointé, je crois que l'on peut commencer par l'inclusion d'anneaux $K[F] \subset K[X]$. Si le coeur t'en dit.

    I. Soit $A \subset B$ deux anneaux intègres de corps des fractions $K, L$. Si $B$ est libre sur $A$ de base $(e_1 \cdots, e_n)$, alors $(e_1, \cdots, e_n)$ est aussi une base de $L/K$.

    II. Expliciter une base de $K[X]$ sur $K[F]$ en commençant petit. Par exemple $F = X^2$, puis $F = X^n$. Et prendre des ailes.

    III. Conclure.
  • Bonsoir

    Merci pour ces indications. Dans le point II., je ne vois pas le lien entre $X^n$ et le cas général.
  • $\def\Zi{\Z[i\rbrack}$Bonjour b.b.
    Les cas particuliers $F = X^2$ puis $X^n$, c'était juste pour ne pas se bloquer avec le cas général. C'est une stratégie possible : quand on ne sait pas faire le cas général, pourquoi ne pas traiter des cas particuliers ? Parfois, cela peut débloquer, d'autres fois non.

    Je me suis aperçu que mes indications n'étaient pas très pédagogiques. Je reviens dessus.

    $\bullet$ Retour sur le I.
    Il y une difficulté pour passer de $B/A$ aux corps des fractions $L/K$. Peut-être commencer, même si cela paraît ridicule de simplicité, par $A = \Z$ et $B = \Zi$ : comment passe-t-on de $(1,i)$ base de $\Zi$ sur $\Z$ à $(1,i)$ base de $\Q(i)$ sur $\Q$, étant entendu que l'on prend comme définition de $\Q(i)$ le corps des fractions de $\Zi$ ? Il y a quelque chose de fondamental qui consiste à multiplier par la quantité conjuguée au dénominateur :
    $$
    \text {habitant de} \ \Q(i) =_{\rm def} {\text{élément de } \Zi \over \text{élément non nul de }\Zi} \quad \buildrel {?} \over = \quad
    {\text{élément de } \Zi \over \text{élément non nul de }\Z}
    $$C'est pareil pour $L$ : il faut pouvoir écrire un élément de $L$ comme quotient d'un élément de $B$ par un élément non nul de $A$ :
    $$
    {b_1 \over b_2} = {b_1b'_2 \over b_2b'_2} =
    {\text{élément de } B \over \text{élément non nul de }A}
    $$Ci-dessus $b_1 \in B$, $b_2 \in B \setminus \{0\}$ : il faut montrer l'existence d'un $b'_2 \in B$ non nul tel que $b_2b'_2 \in A$. Oublions $b_1, b_2$ et prenons $b \in B$. En utilisant le polynôme caractéristique de $b$ sur $A$ (i.e. de la multiplication de $b$) et Cayley-Hamilton :
    $$
    b^n + a_{n-1} b^{n-1} + \cdots + a_1 b + a_0 = 0, \qquad a_i \in A
    $$Avec cela, on finit par trouver $b' \in B$, non nul si $b$ est non nul, tel que $bb' \in A$. Do you see what I mean ?

    $\bullet$ Retour sur le II.
    Il faut deviner que $(1, X, \cdots, X^{n-1})$ est une base de $K[X]$ sur $K[F]$. Pour le montrer, on prend $P \in K[X]$ à écrire comme une combinaison linéaire de $(1, X, \cdots, X^{n-1})$ à coefficients dans $K[F]$. L'idée est d'écrire $P$ ``en base $F$'' i.e.
    $$
    P = R_0 + R_1.F + R_2.F^2 + \cdots \qquad R_i \in K[X], \quad \deg (R_i) < n
    $$Vois tu comment ? Et de cette écriture, en déduire que
    $$
    P \in K[F].1 + K[F].X + \cdots + K[F].X^{n-1}
    $$
  • $\DeclareMathOperator{\deg}{deg}$Salut Claude.

    Je comprends mieux maintenant, merci.

    $\DeclareMathOperator{\N}{N}$Pour le point I., on pose $b'=b^{n-1}+a_{n-1} b^{n-2}+\dots+a_2 b+a_1$. L'élément $b'$ appartient à $B$ et est non nul car sinon on aurait $a_0=0$ et le déterminant de la multiplication par $b$ serait nul. Donc pour tout élément $x$ de $L$, il existe $a\in A\setminus\{0\}$ tel que $ax\in B$. On en déduit que $(e_1,\dots,e_n)$ est une famille génératrice de $L$ sur $K$.

    II. Si $P=0$, c'est OK. Pour $P\ne 0$, on raisonne par récurrence sur le degré de $P$ que l'on note $m$. L'hypothèse de récurrence au rang $m\ge 0$ s'énonce ainsi : pour tout entier $k$ tel que $0\le k<m$ et pour tout polynôme $Q$ de degré $k$, il existe une écriture en base $F$ de $Q$ vérifiant les propriétés que tu as énoncées. On effectue la division euclidienne de $P$ par $F$ : $P=FQ+R_0$ avec $Q,R_0\in K[X]$ et $\deg R_0<n$. Si $Q=0$, le polynôme $P$ est de degré strictement inférieur à $n$ et il est de la forme recherchée. Si $Q\ne 0$, $\deg Q\ge 0$ et on trouve $m=\deg P=\deg F+\deg Q=n+\deg Q$. Donc $m\ge n$ et $\deg Q=m-n$. Vu que $n\ge 1$, $\deg Q<m$. D'après l'hypothèse de récurrence :

    $Q=R_1+R_2.F+R_3. F^2+\dots$ où pour tout $i\ge 1, R_i\in K[X]$ et $\deg R_i<n$
    $P=FQ+R=R_0+R_1 F+R_2 F^2+\dots$ et pour tout $i\ge 0, \deg R_i<n$.

    Montrons le dernier point. Soit $P\in K[X]\setminus\{0\}$ que l'on écrit sous la forme $P=R_0+R_1 F+\dots+R_k F^k$. Les polynômes $R_i$ étant de degrés strictement inférieurs à $n$, en regroupant les termes selon les puissances de $X$, on a $P\in K[F].1+\dots+K[F].X^{n-1}$.
  • Rebonjour b.b.
    Ok. SAUF un petit truc. Contexte MINIMALISTE : $A \subset B$ deux anneaux commutatifs, $B$ libre sur $A$ de rang $n$. Pour $b \in B$, je note $m_b : B \to B$ la multiplication par $b$ que l'on voit comme une application $A$-linéaire. On peut donc parler de $\det(m_b)$, qui appartient à $A$, ce que l'on a fait.

    1. Si $b \ne 0$, tu dis que $\det(m_b) \ne 0$. Comment le justifier ? Note : on b'est pas dans un contexte minimaliste puisque l'on suppose $B$ intègre (a fortiori $A$ intègre).

    2. Dans un contexte minimaliste, le résultat est : si $b$ est régulier dans $B$, alors $a = \det(m_b)$ est régulier dans $A$. Mais ce n'est pas du tout une évidence. En fait si $E$ est un $A$-module libre de rang $n$ et $u : E \to E$ un endomorphisme injectif, alors $\det(u)$ est régulier. Mais encore une fois, ce n'est pas une évidence et il n'est pas question de se lancer là-dedans.

    3. Pour éviter le souci de 1, j'avais tendance à dire. Si $a_0 = 0$ (ce qui ne peut pas arriver), je simplifie par $b$ (je peux car $B$ est intègre et $b \ne 0$), et je recommence le même type de cinéma en remplaçant $a_0$ par $a_1$.

    Je suis un pinailleur, hein ?
  • $\DeclareMathOperator{\det}{det}$Oui, tu as raison, le point 1. n'est pas justifié dans ma preuve, donc il vaut mieux faire comme tu as dit en 3. Une fois qu'on a montré que toute base $e=(e_1,\dots,e_n)$ de $B$ sur $A$ est une base de $L$ sur $K$, on remarque que la matrice de la multiplication par $b$ dans la base $e$ en tant qu'endomorphisme $A$-linéaire de $B$ est la même que la matrice de la multiplication par $b$ (toujours dans la base $e$) vue comme endomorphisme $K$-linéaire de $L$. Les déterminants sont les mêmes. On en déduit que $\det(m_b)\ne 0$, mais on utilise le fait que $e$ est une base de $L$.
  • b.b.
    On peut quand même le justifier en utilisant le fait que $A$ est intègre et en donnant l'énoncé qui suit. Soit $L$ un $A$-module libre de rang $n$ et $u : L \to L$ un endomorphisme INJECTIF. Ou encore soit $U$ une matrice $n \times n$ à coefficients dans $A$, que l'on suppose injective.

    Alors $\det(U) \ne 0$.

    Justification : puisque $A$ est intègre, on peut considérer son corps des fractions $K \supset A$ et voir $U$ comme une matrice à coefficients dans $K$. Qui reste injective quand on la voit $U : K^n \to K^n$ (mini-vérification à réaliser). Et donc $U$ est une bijection de $K^n$ sur lui-même. Et en conséquence $\det(U) \ne 0$.
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