Représentations et faisceaux

Je vais essayer de tenir ma promesse initiale de relier théorie des faisceaux et représentations modulaires. C'était beaucoup plus long que prévu et en fait je suis toujours en train de rédiger les futures parties 3) et 4) :-D
En gage de bonne foi je propose de partager la première partie, modeste, qui introduit les nombres de décompositions (qui peuvent être calculés en utilisant des faisceaux). La deuxième partie introduit la théorie de Springer. J'ai aussi écrit quelques lignes à propos des faisceaux. Comme c'était assez long j'ai préféré ouvrir un nouveau fil.

Dans une troisième partie, je vais essayer d'expliquer comment à partir des faisceaux on peut construire les représentations irréductibles du groupe symétrique. Dans la partie finale j'expliquerais ce qui se passe en caractéristique positive.

Bien évidemment je n'ai rien inventé, la théorie de Springer est assez ancienne, et la relation avec les représentations modulaires est relativement récente et c'est Juteau qui a été le premier à l'étudier.

En tout cas, n'hésitez pas à poser des questions !! J'essayerais de répondre dans la mesure du possible, et normalement ça devrait être possible de faire des petits exemples.
_____________________________________

[size=large]1) Nombres de décompositions[/size]

Rappel : une représentation d'un groupe fini $W$ est équivalente à un module sur l'anneau $\Bbb C[W]$. Un module est simple si il ne possède pas de sous-module non trivial. Un module $M$ est semisimple s'il peut s'écrire comme somme directe de modules simples.

Soit $W = \mathfrak S_n$ le groupe symétrique à $n$ lettres. Si $k$ est est un corps de caractéristique $0$ ou $p$ qui ne divise pas $n$, alors la catégorie des représentations de $W$ est semisimple, ce qui signifie que tout $W$-module $M$ peut s'écrire comme $M \cong \oplus_{\lambda \vdash n} D(\lambda)^{m_{\lambda}}$, où $D(\lambda)$ sont certains modules irréductibles indexés par les partitions de $n$. En fait, on peut construire explicitement les $D(\lambda)$ de manière combinatoire à partir des tableaux de Young mais c’est une autre histoire.

Par construction, les représentations $D(\lambda)$ peuvent être construite avec des matrices à coefficients entiers. On peut donc les “réduire modulo $p$” et on obtient une représentation $D(\lambda)$. Il s’avère qu’il existe un unique quotient simple noté $S(\lambda)$. Les représentations simples de $W$ en caractéristique $p$ sont classifiés par les $S(\lambda)$ pour une certain sous-ensemble des partitions de $n$. (Un exemple explicite pour $n=5$ est donné ici )

Pour aussi voir ce qu’il se passe un peu mieux, un exemple de module non semisimple est le module $V = \Bbb F_2^2$ où $W = \mathfrak S_2$ agit par permutation.
Pour donner un petit exemple pour $\mathfrak S_2 = \langle \tau \rangle$ on obtient deux représentations : $D(2)$ qui correspond à la représentation triviale, et $D(1+1)$ qui correspond à la représentation alternée (c’est à dire que $\tau$ agit par multiplication par $-1$). On voit donc que $D(2) = S(2)$ et $D(1+1) = S(2)$.


[size=large]2) Théorie de Springer[/size]

Si $G$ est un groupe algébrique semisimple (par exemple $\mathrm{SL}_n(\Bbb C)$) alors il possède un groupe de Weyl associé (par exemple $W = \mathfrak S_n$). Il est possible d’étudier les représentations de $W$ de manière géométrique. Je vais essayer d’expliquer comment en spécialisant à $G = \mathrm{SL}_n(\Bbb C)$.

Soit $\mathfrak{sl}_n = \{M \in M_n(\Bbb C) : tr(M)=0\} $ et $\mathcal N \subset \mathfrak{sl}_n$ le sous-ensemble des matrices nilpotentes. Soit $B \subset \mathrm{SL}_n(\Bbb C)$ l’ensemble des matrices triangulaires supérieures.

Théorème : L’espace $G/B$ est une variété algébrique projective, dont les points complexes s’identifient avec les suites $$\{ V_0 \subset V_1 \subset \dots \subset V_n : V_i \text{ est un sous-espace vectoriel de dimension } i \}$$

Une telle suite s'appelle un drapeau. Essayons de donner une “preuve” : $\mathrm{SL}_n$ agit transitivement sur l’espace des drapeaux. Par conséquent, les drapeaux s’identifient à $\mathrm{SL}_n/S$ où $S$ est le stabilisateur d’un drapeau, par exemple $\langle e_1 \rangle \subset \langle e_1,e_2\rangle \subset \dots $. Dans ce cas, il est clair que $S=B$.

Par exemple, pour $G = \mathrm{SL}_2$ la variété de drapeau est simplement l'ensemble des droites de $\Bbb C^2$, c'est à dire la droite projective $\Bbb P^1$. Topologiquement c'est la sphère $S^2$.

Soit $\tilde{\mathcal{N}} = T^*(G/B)$ son fibré cotangent. On peut le décrire de la manière suivante : $\tilde{\mathcal{N}} = \{(x,V) : x \in \mathcal{N}, xV_i \subset V_{i-1}\}$. Par conséquent on obtient une application $\mu : \tilde{\mathcal N} \to \mathcal N, (x,V) \mapsto x$.

Le théorème fondamental est le suivant :

Théorème (Springer) :
$\mu : \tilde{\mathcal{N}} \to \mathcal N$ est une résolution des singularités.

Définition : Les fibres $\mu^{-1}(x)$ sont appelés les fibres de Springer, notées $\mathcal B_x$. Par exemple, $\mathcal B_0 = \mathcal B$, et si $x$ possède un seul bloc de Jordan alors $\mathcal B_x$ est un point.

Exemple : Soit $G = \mathrm{SL}_3$. Alors on a trois classes de conjugaison nilpotentes, qui correspondent aux partitions $1+1+1,2+1,3$. La première est la classe de $0$, la matrice nulle. Par définition on a $\mu^{-1}(0) = \mathcal B$. Si $x$ est associé à la partition $3$, il ne possède qu'un seul bloc de Jordan et donc s'écrit $x = \begin{pmatrix}

0 & 1 & 0 \\

0 & 0 & 1 \\

0 & 0 & 0 \\

\end{pmatrix}$. Soit $V_{\bullet}$ un drapeau stable par $x$. Alors $x(\Bbb C^3) = V_2$ par hypothèse. Comme $x$ possède une image de dimension $2$, on obtient immédiatement que $V_2 = \langle, e_1, e_2 \rangle $. De même, $xV_2 \subset V_1$ force l'égalité $V_1 = \langle e_1 \rangle$. On en arrive au cas le plus intéressant : $x$ est sous-régulier, c'est à dire qu'il correspond à la partition $(n-1) + 1$, ici $2 + 1$. On a cette fois ci $x = \begin{pmatrix}

0 & 1 & 0 \\

0 & 0 & 0 \\

0 & 0 & 0 \\

\end{pmatrix}$

Exercice : Montrer que la fibre de Springer $\mathcal B_x$ est donné dans ce cas par l'union de deux droites projectives qui s'intersectent en un point.

En utilisant ce théorème et la théorie des faisceaux, il est possible d’obtenir la correspondance de Springer pour $\mathrm{SL}_n$ : il existe une bijection entre les orbites nilpotentes et les représentations irréductibles du groupe symétrique.

Si par exemple $G = \mathrm{SO}_n$, la correspondance existe toujours mais est un peu plus compliquée à énoncer.

Essayons de détailler un peu plus la correspondance. Il est facile de voir que la fibre de $f : \tilde{\mathcal N} \to \mathcal N$ ne dépend que de la classe de conjugaison de $x \in \mathcal N$. En utilisant les faisceaux, on peut construire une action de $W = \mathfrak S_n$ sur la cohomologie $H^{top}(f^{-1}x,\Bbb C)$, où "top" est le plus haut degré non nul. En fait ce processus construit bijectivement les représentations irréductibles de $W$. C'est bien cohérent avec ce qu'on a dit avant, car les classes de conjugaison du cône nilpotent sont classifiés par les partitions en utilisant la forme normale de Jordan. Il y a des conséquences combinatoires assez intéressantes expliquées dans le livre de Chriss et Ginzburg.

Il reste donc essentiellement à expliquer comment construire cette action de $W$ sur la cohomologie des fibres, en utilisant la théorie des faisceaux. C'est l'objet de la troisième partie.

Pour voir qu'il est nécessaire de prendre le degré maximum de la cohomologie : en fait il est classique par un résultat de Borel que $H^{\bullet}(G/B, \mathbb C) \cong \mathbb C[W]$ !! Donc si on regarde toute la cohomologie, alors l'algèbre de groupe est déjà isomorphe à la cohomologie de la fibre centrale. Mais la théorie de Springer propose une approche différente, qui utilise le cône nilpotent en entier.

[size=large]3)' Faisceaux :[/size]

Soit $X$ un espace topologique. Si $V$ est un espace vectoriel, on obtient un faisceau $\underline{V}_X(U) = \{s : U \to V \text{ est localement constante }\}$. On appelle un faisceau de cette forme un faisceau constant.

Définition : Un système local sur $X$ est un faisceau $\mathscr L$, localement isomorphe à un faisceau constant.

Exercice : soit $f : \Bbb C^* \to \Bbb C^*, z \mapsto z^2$. Alors $f_*\underline{\Bbb C}_{\Bbb C^*}$ est un système local qui n’est pas constant. (On rappelle la définition de l'image directe : si $f : Y \to X$ est continue, et $\mathscr F$ un faisceau sur $Y$, alors $f_* \mathscr F$ est le faisceau sur $X$ défini par $f_* \mathscr{F}(U) = \mathscr{F}(f^{-1}(U))$).

Exemple important de système local : soit $f : Y \to X$ un fibré localement trivial (c’est à dire, il existe un espace $F$ et un recouvrement ouvert de $X$ tel que $f_{\mid U}$ est isomorphe à la projection $U \times F \to U$). Alors $R^if_* \underline{\Bbb C}_Y$ est un système local, où $R^if_* \underline{\Bbb C}_Y(U) = H^i(f^{-1}(U), \Bbb C)$.

En fait le théorème de changement de base propre implique que $(R^if_* \underline{\Bbb C}_Y)_x = H^i(f^{-1}(x), \Bbb C)$ quand $f$ est une application propre. $R^if_* \underline{\Bbb C}_Y$ donc un faisceau sur $X$ qui "réunit" toute la cohomologie des fibres dans un faisceau, mais qui contient plus d'informations (par exemple la monodromie).

On peut décrire un système local de manière très concrète :

Théorème : un système local est équivalent à la donnée d’une représentation du groupe fondamental de $X$.

Les faisceaux utilisés en théorie de Springer sont des faisceaux qui ressemblent à différents systèmes locaux “collés” ensemble. De manière plus précise, soit $G$ un groupe qui agit sur $X$ avec un nombre fini d’orbites (par exemple : $\mathrm{SL}_n$ qui agit sur le cône nilpotent). Un faisceau constructible sur $X$ est la donnée d’un faisceau $\mathscr{F}$, tel que pour tout orbite $\mathcal O$, $\mathscr{F}_{\mid \mathcal O}$ soit un système local.

Exemple (clé) : $R^i\mu_* \underline{\Bbb C}_{\tilde{\mathcal N}}$ est un faisceau constructible sur le cône nilpotent.

3) Construction de l'action de $W$ : en rédaction

4) Le cas de la caractérstique positive : pareil :-)

____________________________________________________

Quelques références :

Représentations de $\mathfrak{S}_n$ :

- "Young Tableaux" de William Fulton
- "Representation theory" de Harris et Fulton
En français :
- http://perso.eleves.ens-rennes.fr/people/Gwendal.Soisnard/Rapports_2016/Marie_Derrien_35667.pdf
- https://orbilu.uni.lu/bitstream/10993/14380/1/TheorieRepresentationsGroupeSymetriqueVersOrbi.pdf

Cône nilpotent :

- "Éléments de géométrie" par Rached Mneimné.
- Le projet de licence de Vinoth Nandakumar : https://pdfs.semanticscholar.org/34ae/e485377b9b553c5079832b09eacca3c1bc33.pdf

Théorie de Springer :

- "Complex geometry and representation theory" de Chriss et Ginzburg.
- http://www.math.harvard.edu/~ana/part1.pdf (essentiellement le chapitre 3 du livre de CG).

Faisceaux :

- Faisceaux constructibles, systèmes locaux : https://webusers.imj-prg.fr/~fouad.elzein/elzein-snoussif.pdf
- Le seul article d'exposition avec des dessins (!) sur les faisceaux pervers : http://people.mpim-bonn.mpg.de/geordie/perverse_course/lectures.pdf
«13

Réponses

  • Bonjour Lupulus :
    Lupulus a écrit:
    En tout cas, n'hésitez pas à poser des questions !! J'essayerais de répondre dans la mesure du possible, et normalement ça devrait être possible de faire des petits exemples.

    J'ai une petite question à te poser puisque tu affirmes qu'on peut te poser des questions sur ce sujet si on ne comprend pas quelques choses :

    Est ce qu'il existe une correspondance bijective entre les faisceaux et les représentations modulaires comme c'est le cas de la correspondance de Riemann - Hilbert qui affirme qu'il existe une correspondance bijective entre les trois éléments définis par :
    $$ S_A \to \mathcal{F}_A \to \big( \rho_A \ : \ \pi_1 (X) \to \mathrm{GL}_n ( ( \mathcal{F}_A )_{z_{0}} \big) $$
    où :
    - $ S_A $ est un système linéaire : $ \begin{cases} X' (z) = A (z) X (z) \\ X(z_0) = X_0 \end{cases} \ \ (1) $.
    - $ \mathcal{F}_A $ est un système local ( faisceau ) qui regroupe les solutions locales du système $ (1) $
    - $ \rho_A $ est une représentation de monodromie qui dépend de $ A $ et dont l'image par $ \rho_A $ est une généralisation du groupe de Galois différentiel du système différentiel $ S_A $.

    Si oui, à quel type de systèmes d'équations $ S_A $ correspond ces faisceaux qui sont en correspondance bijective avec les représentations modulaires ?

    Merci.
  • Il existe une correspondance de Riemann-Hilbert en caractéristique positive mais c'est une travail très récent de Bhatt-Lurie et je ne sais pas vraiment ce qu'on peut en conclure concrètement. Aussi il me semble qu'il faut assumer que l'équation différentielle possède des singularités régulières pour que la correspondance de Riemann-Hilbert fonctionne.

    Mais ce n'est pas vraiment l'approche qu'on va utiliser. L'idée est plutôt d'utiliser le théorème de décomposition pour les faisceaux pervers, appliqué à la résolution de Springer.
  • Bonsoir Lupulus,

    Déjà, merci de proposer cette rédaction, c'est très intéressant!

    J'ai moi aussi une question, probablement très naïve: dans ta partie 2), on travaille tout du long sur $\mathbb{C}$, et j'essaye d'imaginer un peu ce que ça donnerait sur d'autres corps de base (peut-être que je veux trop anticiper ta partie 4) à venir). On peut voir $\mathrm{SL}_n$ comme un schéma en groupes, et le voir comme un foncteur sur la catégorie des anneaux. La définition de $B$ a un sens dans ce cadre, et si je ne dis pas de bêtises (je connais assez peu la théorie des schémas en groupe ou des groupes algébrique malheureusement, je compte y remédier un de ces jours), le quotient $\mathrm{SL}_n/B$ existe. Les $k$-points de ce quotient devraient être la "variété de drapeau" sur $k$, par la même preuve que celle que tu as donnée. Je me demande quels sont les $R$-points de ce quotient, pour un anneau $R$. La notion de dimension de $R$-module n'existant pas en toute généralité, le quotient sera plus compliqué, as-tu une idée de ce que sont les $R$-points dans ce cas (outre bêtement le quotient), sont-ils des sortes de variétés de drapeaux généralisée?
  • Bonsoir Chat-maths,

    merci de ton interêt, c'est une excellente question dont j'ignore la réponse :-D En fait j'aimerais bien y réfléchir, peut-être que plus tard j'aurais quelque chose de plus intelligent à dire.

    Le seul truc "explicite" que je connais (mais qui n'est pas exactement $G/B$) c'est le cas des variétés de drapeaux affines. En gros l'idée est de prendre $R = F := \Bbb C((t))$, et on regarde plusieurs quotients $G(F)/H$ où $H$ est plus ou moins un analogue de $B$. Par exemple, $\mathrm{GL}_n(F)/\mathrm{GL}_n(\mathcal O)$ correspond à l'espace de modules des réseaux, c'est à dire qu'il représente le foncteur qui associe à $R$ l'ensemble des $\mathcal O$-modules finiment engendrés projectifs $E \subset F^n$ tel que $E \otimes_{\mathcal O} F = F^n$. Mot clé : "grassmannienne affine". Il y a aussi d'autre exemples avec les nombres $p$-adiques.

    En revanche je crois que pour la correspondance de Springer modulaire, on regarde essentiellement $G/B$ à valeurs dans des corps (des extensions finies de $\mathbb Q_{\ell}$). De plus, par de la magie qui m'échappe encore un peu, les calculs se font avec les variétés complexe correspondantes. Mais les faisceaux changent de coefficients et deviennent des faisceaux de $\Bbb Z$-modules, ce qui change pas mal de chose au final (par exemple il y a de la torsion qui apparaît en prenant la dualité de Verdier).

    Bref merci de la question intéressante et désolé de ne pas vraiment y avoir répondu ... :-D
  • Marrant, je me suis posé la même question ! Certainement les chaînes $(V_i)$ de sous-$R$-module projectif de $R^n$ de rang constant avec rang de $V_i$ égal à $i$ ! Par contre faire attention au quotient de groupe dans ce contexte c'est délicat !

    Lupulus : j'ai lu, pas compris grand chose pour l'instant, est-ce que tu peux illustrer ton histoire de quotient simple $S(\lambda)$ ? Pour le groupe symétrique $n=3$ ? A mon avis ca peut être intéressant de tout expliciter pour $n=3$ !
  • Merci Lupulus pour ta réponse! J'ai l'eau à la bouche pour la suite :-)
    Goleon a écrit:
    Par contre faire attention au quotient de groupe dans ce contexte c'est délicat !

    C'est pour ça que j'ai précisé que je pensais que le quotient existe, et qu'il a les propriété "attendues", sans en être absolument certain. As-tu un exemple d'un schéma en groupes et d'un sous-foncteur (edit: raisonnable bien sûr, par exemple, en chaque point, c'est un sous-groupe distingué du schéma en groupe qu'on considère) de ce dernier où le quotient n'existe pas ? Ou bien où il n'a pas de "bonnes" propriétés ? Existe-t-il des critères intéressants pour assurer l'existence/de "bonnes" propriétés ?

    Si tu ne te sens pas de répondre à toutes ces questions et te contente de me renvoyer vers une référence bibliographique, j'en serais tout aussi satisfait !

    Je pense comme toi que ce sont les chaines de longueur $n$ de sous-modules projectifs de rang constant égal à leur indice dans la chaine, mais je n'en ai pas de preuve. J'y réfléchirai un de ces jours.
  • Le quotient par un sous-groupe fermé (c'est le cas de $B$ dans $\mathrm{SL}_n$) est toujours irréprochable.
  • @Goleon : en fait je suis un peu plus familier avec les représentations des groupes algébriques, donc là sans réfléchir je te propose un exemple similaire pour $SL_2(k)$, $k = \Bbb F_p$.
    Pour $SL_2(\Bbb C)$ donc, les représentations irréductibles de dimension finies correspondent à $V(d) := \Bbb C[x,y]_d$ (polynômes homogènes de degrée $d$) avec l'action classique. Maintenant, si $k = \Bbb F_p$, alors $V(p)$ n'est plus irréductible ! En effet, $x^p$ et $y^p$ forment un sous-module irréductible, principalement à cause de l'égalité $(x+y)^p = x^p + y^p$. Par conséquent la représentation $V(p)$ cesse d'être irréductible en caractéristique $p$.
    Promis plus tard j'essaye de faire la même chose pour $\mathfrak S_3$ !
  • Chat-maths a écrit:
    As-tu un exemple d'un schéma en groupe et d'un sous-foncteur de ce dernier où le quotient n'existe pas?

    Sauf erreur de ma part :
    Je ne suis pas expert dans le domaine, néanmoins, quant tu dis que tu cherches un sous foncteur d'un schéma en groupes dont le quotient n'existe pas en tant que schéma ( en groupes ), ça sent les ''algebraic spaces'' et leurs généralisations ( Deligne–Mumford stacks, Artin stacks, stacks, $ \infty $ - stacks ... etc ). Non ?

    Edit : Regarde ici : https://en.wikipedia.org/wiki/Stack_(mathematics)

    Edit : ... sans oublier aussi de jeter un oeil sur la notion de ''orbifold'' qui est très proche de la notion de ''differentiable stack''.
  • @Chat-maths : Je n'y connais vraiment pas grand chose vu que je découvre un peu les notions. J'explique quand même ce que je voulais dire par "la notion de quotient est délicate" car c'était sans doute trop vague comme commentaire. Je prends un exemple, celui de Lupulus concernant $\text{SL}_2$ et $\mathbb{P}^1$, histoire de faire simple !

    $\bullet_1$ Prenons juste $ 0 \subset V_1 \subset R^2$ avec $V_1$ un sous-$R$-module projectif de rang $1$ dans $R^2$ (facteur direct dans $R^2$) … Bref ici c'est juste $V_1$ et on retrouve $\mathbb{P}^1$. En fait, je ne suis pas du tout au point avec les modules et je vais voir les choses comme ça.

    $\bullet_2$ Un $R$-point de $\mathbb{P}^1$ c'est par définition l'image d'une matrice $P$, $2 \times 2$ dans $R$ vérifiant $P^2 = P$ et $\text{Trace}(P) = 1$ et $\text{Det}(P) = 0$.

    J'explique un peu plus. J'introduit un autre foncteur que je note $\mathbf{P}^1$ qui est le foncteur $R \mapsto \mathbb{A}^2_{\star}(R) / \mathbb{G}_m(R)$. En clair, pour un anneau $R$, c'est l'ensemble quotient de l'action (diagonal) de $R^\times$ sur l'ensemble des vecteurs uni-modulaire de $R^2$ i.e les vecteurs $(a,b) \in R^2$ tel qu'il existe $u,v \in R^2$ tel que $au+bv = 1$. C'est presque le point de vu classique sur la droite projective sauf que je remplace " condition l'une des deux coordonnées est non nulle" par la notion plus solide d'être uni-modulaire !

    $\bullet_3$ Déjà bien voir que $\mathbf{P}^1$ ce n'est pas $\mathbb{P}^1$ par contre il y a un morphisme de $\mathbf{P}^1 \to \mathbb{P}^1$. Voici la description : Pour $R$ un anneau, pour $(a,b) \in R^2$ tel qu'il existe $(u,v)$ tel que $au+bv = 1$ et bien on pose
    $$
    P := \begin{bmatrix} a \\ b \end{bmatrix} \times \begin{bmatrix} u & v \end{bmatrix} = \begin{bmatrix}
    u a & v a \\
    u b & v b
    \end{bmatrix}
    $$
    Alors
    $$
    \text{Trace}(P) = ua+vb = 1 \qquad \text{Det}(P) = 0 \qquad P^2 = P \qquad \text{(automatique via Calley-Hamilton)}
    $$
    De plus :
    $$
    \begin{bmatrix}
    a \\
    b
    \end{bmatrix} = P \begin{bmatrix}
    a \\ b
    \end{bmatrix}
    $$
    Donc $\text{Im}(P) = \text{Vect} (a,b)$ (enfin j'ai juste pour voir que tout tourne bien !!!) et en particulier c'est un module libre et pas simplement projectif, tu vois l'histoire : en gros, le foncteur $\mathbf{P}^1$ n'est pas le foncteur point d'un schéma (je peux détailler un peu si tu veux, y'a une définition précise d'un schéma en terme de foncteur). Mais bien sûr on a $\mathbb{P}^1(R) = \mathbf{P}^1(R)$ pour certain anneau !

    $\bullet_4$ Maintenant, je parle de $\text{SL}_2 / B$. Là question que je pose est c'est quoi $\left( \text{SL}_2 / B\right)(R)$ ? Ce que j'en dis c'est que ça doit être $\text{SL}_2(R) / B(R)$ et bien ce que je voulais dire avec ma phrase " la notion de quotient est délicate " c'est que ce n'est pas ça qu'il faut prendre comme définition !

    $\bullet_5$ J'explique pourquoi le foncteur $\text{Machin} := \left[ R \to \text{SL}_2(R) / B(R) \right]$ n'est pas bon i.e ce n'est pas le foncteur point d'un schéma. Ici c'est plutôt simple puisque tu peux construire un isomorphisme $\text{Machin} \to \mathbf{P}^1$. Ici c'est presque ensembliste pour tout anneau $R$, tu notes $$\phi_R : \left[M \right] \mapsto \text{Classe de } \left(M \begin{bmatrix} 1 \\ 0 \end{bmatrix} \right) \pmod{R^\times}$$
    Le truc c'est que les vecteurs uni-modulaire sont exactement les vecteurs qui s'obtiennent comme la première colonne d'une matrice de $\text{SL}_2$ et ensuite on quotiente des deux côtés ! Du coup, $\text{Machin}$ est aussi mauvais que $\mathbf{P}^1$ ! Bon j'avoue que je n'ai pas écrit la vérification que les $\phi_R$ donne bien une transformation naturelle $\text{Machin} \to \mathbf{P}^1$ mais bon !

    $\bullet_6$ Mais alors si un $R$ point de $\text{SL}_2 / B$ ce n'est pas un élément de $\text{SL}_2(R) / B(R)$, est-ce que tu peux me dire c'est quoi un $R$-point de $\text{SL}_2 / B$ ? C'est simplement ça que je voulais dire, faut faire attention avec les quotients c'est délicat et les notations peuvent être trompeuse ! Mais peut-être que l'on s'en fou de savoir ce qu'est un $R$-point de $\text{SL}_2 / B$ ? Pour une référence, il y a le livre de Jantzen " représentations of algebraic group" le chapitre $5$ parle de ce genre de problème à la page $81$ y'a des choses mais bon !
  • @Goleon : j'ai trouvé un exemple de calcul presque explicite de $S(\lambda)$ pour $n=5$, je l'ai rajouté au cas où. Maintenant je n'ai malheureusement pas trop le temps mais plus tard j'essayerais de voir si pour $n=3$ c'est possible d'obtenir quelque chose !!

    J'ai aussi rajouté un ou deux détails dans le texte, notamment sur la fibre de Springer.
  • @Lupulus : cool je regarde, t'inquiète si tu n'as pas le temps ! J’essaye de programmer un peu, normalement j'ai (informatiquement) à peu près la fibre au dessus de ta matrice nilpotente intéressante pour $n=3$ (pour celle avec $1$ seul bloc de Jordan c'est ok, l'unique drapeau est $(\ker(N^i))$ OK ?), le "à peu près" c'est parce que je suis avec les projecteurs donc en affine ("au dessus"). Merci pour ton exercice, je vais voir si je peux retrouver tes deux $\mathbb{P}^1$ qui s'intersectent ! Bon après ton histoire cohomologique je ne sais pas du tout si je vais pouvoir y comprendre quelques choses !

    Hum l'anneau en question fait un peu peur et faut en faire quelque chose d'intelligent pour y voir deux $\mathbb{P}^1$, je sens que je vais m'amuser :-D

    Edit :

    Hum non c'est plus simple : donc on cherche les drapeaux $0 \subset V_1 \subset V_2 \subset R^3$ vérifiant certains conditions. En fait la le plus simple c'est de voir les drapeaux dans $\mathbb{P}^2_{(x,y,z)} \times \mathbb{P}^2_{(u,v,w)}$ avec $(x : y :z)$ un point et $(u : v :w)$ le plan d'équation $uX+vY+wZ =0$. Ensuite, on traduit toute les conditions :

    1. $V_1 \subset V_2$ se traduit par $ux+vy+wz= 0$.
    2. $NV_1 = 0$ se traduit par $z=0$.
    3. $\text{Im}(N) \subset V_2$ se traduit par $v=0$.
    4. $NV_2 \subset V_1$ se traduit par des choses avec des mineurs $2 \times 2$ : ici :
    $$
    vz = 0 \qquad xv = 0 \qquad xu = 0
    $$

    Donc la fibre de $\mu$ au dessus de $N := \left(\begin{array}{rrr}
    0 & 0 & 0 \\
    0 & 0 & 1 \\
    0 & 0 & 0
    \end{array}\right)$ (j'ai changé par rapport à toi) c'est la sous variété qui récolte toutes ces conditions. Là faut voir que c'est une union de $\mathbb{P}^1$. J'utilise le plongement de $\mathbb{P}^2_{(x,y,z)} \times \mathbb{P}^2_{(u,v,w)}$ dans $\mathbb{P}^8$ (plongement de Segre) et je traduit là-bas ça me donne la sous-variété de $\mathbb{P}^8_{(u_0: \dots : u_8)}$ donnée par :
    $$
    u_0 = u_1 = u_2 u_3 = u_4 =u_6 = u_7 = u_8 = 0 \qquad \text{ Y'a pas $u_5 = 0$ !!!}
    $$
    La voilà l'union des deux $\mathbb{P}^1$, bon j'avoue ce n'est pas ultra clean !
  • Je propose une solution alternative (mais je regarde sur $\Bbb C$ :-D ) :

    On a $x(e_2) = e_1$ et $x(e_1) = x(e_3) = 0$.

    On suppose que $V_1 \neq \langle e_1 \rangle$. Alors, on doit avoir $V_2 = \text{ker}(x) = \langle e_1,e_3 \rangle$. Par conséquent, $V_1$ peut-être représenté par n'importe quel droite dans $V_2$ : on obtient bien un premier $\Bbb P^1$.

    On suppose maintenant que $V_1 = \langle e_1 \rangle$. Alors, le choix de $V_2$ est équivalent au choix d'une droite dans $\langle e_2, e_3 \rangle$ ce qui redonne un autre $\Bbb P^1$.

    Ces deux droites projectives s'intersectent le long du drapeau $\langle e_1 \rangle \subset \langle e_1, e_3 \rangle \subset \Bbb C^3$.

    Edit : Super ta description des $R$-points de $\Bbb P^1$ je vais essayer de comprendre ça !
  • Lupulus a écrit:
    Théorème : L’espace $G/B$ est une variété algébrique projective, dont les points complexes s’identifient avec les suites $$\{ V_0 \subset V_1 \subset \dots \subset V_n : V_i \text{ est un sous-espace vectoriel de dimension } i \}$$
    Lupulus a écrit:
    Une telle suite s'appelle un drapeau. Essayons de donner une “preuve” : ...

    Je n'ai pas compris ta preuve Lupulus.
    - Comment montres tu que $ G/B $ est une variété algébrique ?
    - Pourquoi un point complexe de $ G/B $ s'identifie a un drapeau d'espaces vectoriels ?.
    Merci d'avance.
  • 1) C'est un fait général que si $H$ est un sous-groupe fermé de $G$ alors $G/H$ est une variété algébrique. Ici on peut s'en passer et directement plonger $G/B$ dans un certain espace projectif. 2) C'est précisément ce que ma preuve montre en fait, tu peux relire ce que j'ai écrit.
  • Lupulus : pour $\mathbb{P}^1$ ce n'est pas moi c'est Claude, enfin si y'a des bêtises c'est moi bien sûr ! Pour $\C$, bin faut faire au mieux qu'on peut d'ailleurs j'ai mis un $R$ mais bon je suis pas trop trop convaincu mais c'est pas bien grave c'est juste pour essayé de comprendre un peu !!! Je t'avoue que j'aimerai bien les voir les représentations, faut décrire le plus possible les choses (quelques liens au cas où : ici et et encore ici … est-ce que tu penses qu'on l'on va pouvoir calculer les $H^i$ et les "systèmes locaux " sur ce petit exemple ? ça me fait un peu peur !

    J'essayes de comprendre tes histoires de faisceaux : Ici on prend $n=3$. Donc il y a trois orbites nilpotentes qu'on va noter $\mathcal{N}_0$,$\mathcal{N}_1$ et $\mathcal{N}_2$. Ici pour $n=3$ c'est pas complexe c'est classifié par le polynôme minimal $X$, $X^2$ et $X^3$ dans l'ordre.

    Comme représentant on a :
    $$
    N_0 = \begin{bmatrix} 0& 0& 0 \\ 0& 0& 0 \\ 0& 0&0 \end{bmatrix} \qquad \qquad N_1 = \begin{bmatrix} 0& 1& 0 \\ 0& 0& 0 \\ 0& 0&0 \end{bmatrix} \qquad \qquad N_2 = \begin{bmatrix} 0& 1& 0 \\ 0& 0& 1 \\ 0& 0&0 \end{bmatrix}
    $$
    Le truc c'est que $\mathcal{N}_0$ est fermée réduite à la matrice $N_0$, pour $\mathcal{N}_1$ ce n'est pas fermée mais son adhérence est $\mathcal{N}_0 \cup \mathcal{N}_1$ et pareil pour $\mathcal{N}_2$ dont l'adhérence est tout. Ensuite tu as l'application : $f == \mu : \overline{\mathcal{N}} \to \mathcal{N}$.

    Donc là on a plus ou moins calculer la fibre de $\mu$ au dessus de chaque point de $\mathcal{N}$, c'est à peu près "constant", mais je ne comprends pas la suite. Est-ce que tu vas restreindre (trois fois) $\mu$ à $\mu^{-1}(\mathcal{N}_i)$ et trivialiser sur un recouvrement ouvert et ensuite appliquer ta construction diabolique "système locaux" et sur chacune des trois restriction tu vas récupérer une représentation de $\mathfrak{S}_3$ ? Ou bien rien à voir ?

    Question "à la con" est-ce que dans cette histoire (avec $n=3$) on va regarder des trucs cohomologiques en degré $6$, en degré $2$ et en degré $0$ ?
  • $\def\P{\mathbb P}$Goleon,
    $\bullet$ Ton post http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1918154,1918744#msg-1918744. Il me semble, que dans la traduction de $NV_2 \subset V_1$ (point 4), il manque l'équation $uz = 0$. Disons que je trouve 4 équations : les 3 que tu as trouvées + celle-ci i.e. $uz = 0$. Sans tenir compte des autres bien entendu. Si on prend par exemple
    $$
    V_1 = R(e_2 + e_3) \leftrightarrow (0 : 1 : 1)_{(x,y,z)}, \qquad \qquad
    V_2 = Re_2 \oplus Re_3 \leftrightarrow (1 : 0 : 0)_{(u,v,w)}
    $$on a bien tes 3 équations $vz = xv = xu = 0$ mais $Ne_3 = e_2 \notin V_1$. Et l'équation $uz = 0$ n'est pas vérifiée.

    Mais au final, cela ne change rien car le point 2 i.e. $NV_1 = 0$ impose $z = 0$, a fortiori $uz = 0$.

    $\bullet$ Une dernière remarque (facile quand on passe derrière les autres). Il me semble inutile de balancer la purée par Segre dans $\P^8$. En effet, tu trouves (j'utilise $\text{truc} \times \text{machin}$ pour les couples au lieu de $(\text{truc}, \text{machin})$) l'ensemble de couples
    $$
    (x : y : 0) \times (u : 0 : w) \quad \text{avec} \quad ux = 0
    $$En utilisant que $ux = 0$ c'est soit $x = 0$ soit $u = 0$, cet ensemble de couples est dans ton $\P^2_{(x:y:z)} \times \P^2_{(u:v:w)}$ la réunion des deux droites
    $$
    \big(\{z = 0\} \times q\big) \quad\cup\quad \big(p \times \{v = 0\}\big), \qquad q = (0_u : 0_v : 1_w) \in \P^2_{(u:v:w)}
    \qquad p = (0_x : 1_y : 0_z) \in \P^2_{(x:y:z)}
    $$droites qui s'intersectent en le point $p \times q$.
  • Coucou Claude :

    Oui pour le point $1$, j'ai bien enlevé une condition pour la raison que tu mentionnes !

    Merci pour la deuxième remarque, ça va être plus simple ! Bon j'avoue j'ai un peu galéré à traduire en équation, je vais réfléchir un peu plus :-D
  • Merci Goleon pour ton explication plus haut! Tu confirmes mes craintes que les points d'un quotient ne se calculent pas naïvement comme le quotient des points. C'est ce que j'entendais par "n'a pas de bonnes propriétés"...

    Finalement, ce n'est pas si surprenant que ça: lorsqu'il est question de faisceaux, les sections d'un faisceaux quotient ne correspondent pas toujours au quotient des sections, et on s'en tire quand même très bien avec les faisceaux.
    En tout cas, je rajoute à ma liste de lecture une référence sur les groupes algébriques et les schémas en groupes, pour éviter de dire des bêtises la prochaine fois que je post (même si malheureusement, j'ai de bonne chances de poster avant d'avoir fini cette lecture, tant ma liste de lecture est longue...).
  • Bonjour Lupulus et merci pour ta présentation. J’aimerais plus modestement (par rapport à tout ce qui vient d'être dit) m’arrêter sur la notion de $\textbf{ drapeau}$ dont tu as parlé et voir comment elle s’applique à un exemple simple, disons $\mathfrak{S}_3$, et, puisque tout le monde le fait, te demander ton avis sur un point.

    Soit $G=\mathfrak{S}_3=\langle (12),(23)\rangle$, $k$ un corps, $V$ le " module standard": $V=\langle v_1, v_2, v_3 \rangle$, une algèbre $A=k[G]$.
    $\mathfrak{S}_3$ agit sur $k^3$ en permutant les coordonnées d'un vecteur-colonne: $\rho_g(v_i)=v_{g(v_i)}$.

    Si la caractéristique de $k$ ne divise pas $|G|$, on peut écrire $V=V_1 \oplus V_2$ avec $V_1=\langle v_1+v_2+v_3 \rangle$ et $V_2=\langle (v_1-v_2), (v_2-v_3) \rangle$ i.e. $\{v_1-v_2, v_2-v_3\}$ est une base du complément orthogonal $V_1$ de $V$.

    $V_1$ est un sous-espace $\mathfrak{S}_3$-invariant de $V$; son complément $V_1^{\perp}=V_2$ est défini comme le noyau de la projection de $V$ sur $V_1$:
    \begin{equation}
    \displaystyle V_2=\{(a, b, c) \}\: | \: a+b+c=0 \}.
    \end{equation}
    Si la caractéristique de $k$ est $3$, nous cherchons une base de $V$ de façon à mettre en évidence un drapeau de la forme: $V_1 \subset V_2 \subset V$.
    On part de nouveau d'un premier vecteur de base, $v_1+v_2+v_3$, et on cherche à l'étendre en une base de $V$. Comme cela m'a été expliqué sur une autre discussion, le deuxième vecteur de la base doit-être choisi de telle sorte qu'à eux deux, ils génèrent un sous-espace invariant, (sous l'action de $G=\mathfrak{S}_3$), $V_2$, de dimension $2$.
    On a $6$ choix possibles de tels vecteurs. On complète ensuite cette famille par un troisième vecteur de base n'appartenant pas au sous-espace $V_2$ ($18$ choix possibles).

    Quelqu'un a-t-il un exemple de vecteurs qui fonctionneraient en deuxième et troisième position de la base de $V$ ? Ou un contre-exemple peut-être ?
    Les choix doivent être tels qu'un espace invariant ne contienne aucun des $v_i$ car alors il contiendrait tous les autres et cet espace serait $V$ dans son entièreté !
    Quelle famille de vecteurs, par rapport à l'exemple précédent, nous placerait dans cette situation ?
    Pour ma part, j'ai trouvé dans un exercice: $\{v_1+v_2+v_3, v_1-v_2, v_1\}$, ce qui amène au drapeau suivant:

    \begin{equation}
    \displaystyle V_1=\langle v_1+v_2+v_3 \rangle \subset V_2=\langle v_1+v_2+v_3, v_1-v_2 \rangle \subset V
    \end{equation}
    ...
  • En passant, il y a des corps de caractéristique $3$ qui ont strictement plus de $3$ éléments. Les comptages « $6$ choix » et « $18$ choix » me semblent donc un peu hasardeux.

    Plutôt que compter les vecteurs, il vaudrait sans doute mieux compter les sous-espaces. Un plan stable par $\mathfrak{S}_3$, c'est un vecteur propre pour la transposée des matrices des éléments de $\mathfrak{S}_3$. On se convainc qu'il n'y en a qu'un.

    Une autre donnée intéressante, c'est de calculer les quotients.
    Bien sûr, $V_1$ est la représentation triviale (le vecteur $v_1+v_2+v_3$ est fixé par tout le monde).
    Le quotient $V_2/V_1$ ressemble furieusement à la signature. En effet, la transposition $(12)$ envoie $w=v_1-v_2$ (dont l'image dans $V_2/V_1$ est une base) sur son opposé ; la transposition $(23)$ envoie $w$ sur \[v_1-v_3=-(v1-v_2)-(v_1+v_2+v_3),\]c'est-à-dire sur la classe de $-w$ dans le quotient.
    Enfin, le quotient $V/V_2$ est la représentation triviale. En effet, la transposition $(12)$ envoie $v_1$ sur $v_2=v_1+(v_1-v_2)$ et $v_1-v_2\in V_2$, quand la transposition $(23)$ fixe $v_1$.
    Cela donne le diagramme suivant (où une arête verticale désigne une extension non scindée).\[\xymatrix{k_{\mathrm{triv}}\ar@{-}[d]\\k_\varepsilon\ar@{-}[d]\\k_{\mathrm{triv}}}\]
  • C'est très juste tout ça ! En effet, je n'avais pas vu que sur $V_2/V_1$, $G$ avait pour représentation la signature: $g \mapsto \text{sign} \: g$ !
    ...
  • Merci à vous deux, c'est très amusant ces histoires !

    @Chat-maths : En fait, le morphisme $\mathbf{P}^1 \to \mathbb{P}^1$ tu peux y penser comme le morphisme d'un pré-faisceau dans son faisceautisé !
  • Hello,

    La question de Df est assez amusante (merci, ça permet de réfléchir un peu). Ici je vais faire un truc un peu différent car gérer la caractéristique $2$ et $3$ ça risque d'être tendu pour l'instant (je n'y comprend pas grand chose).

    Donc on s'amuse a faire agir $\mathfrak{S}_3$ sur la variété de drapeau que je note $\mathcal{D}$. Et il cherche les $\mathbb{F}_3$-points invariants par l'action donc par tous le groupe $\mathfrak{S}_3$. En fait, c'est une idée amusante car ça parle de la ramification du revêtement $\mathcal{D} \to \mathcal{D}/ \mathfrak{S}_3$ !

    $\bullet$ Truc amusant, on a vu comment $\mathcal{D}$ se plonge dans un produit d'espace projectif $\mathbb{P}^2_{x,y,z} \times \mathbb{P}^2_{u,v,w}$. Sous variété donnée par l'unique équation $xu+yv+zw = 0$ donc c'est plutôt simple !

    $\bullet$ Il faut faire attention à l'action de $\mathfrak{S}_3$, action sur les vecteurs et sur les plans ce n'est pas tout a fait pareil !

    $\bullet$ Truc ultra-fun : le quotient de $\mathbb{P}^2$ par $\mathfrak{S}_3$ c'est le plan projectif $\mathbb{P}(1,2,3)$ !
    Le morphisme invariant est donné par :
    $$
    [x : y :z ] \mapsto [ x+y+z : xy +yz+zx : xyz]
    $$
    Pour rappel $\mathbb{P}(1,2,3)$ est le quotient de $\mathbb{A}^3_\star$ par l'action de $\mathbb{G}_m$ donnée par $\lambda \star (x,y,z) = (\lambda x, \lambda^2 y, \lambda^3 z)$.

    $\bullet$ sur l'autre facteur le quotient doit être $\mathbb{P}(3,2,1)$ avec comme morphisme : (faut peut être réflechir un eu quand même
    $$
    [u: v :w ] \mapsto [ uvw : uv +vw+wu : u+v+w ]
    $$

    $\bullet$ Du coup, on va faire comme si la vie est belle est que l'on dispose du morphisme $\pi : \mathcal{D} \to \mathcal{D}/ \mathfrak{S}_3$ :
    $$
    [x : y :z ] \times [u : v :w ] \mapsto [ x+y+z : xy +yz+zx : xyz] \times [ uvw : uv +vw+wu : u+v+w ]
    $$

    $\bullet$ La chose amusante est que l'on a deux points de vu, un côté purement équationnelle (qui est finalement assez simple) mais un côté descriptive sur les objets et bien sûr la chose est de faire communiqué les deux points de vu ! On réfléchi géométriquement et on regarde algébriquement ce que donne !

    $\bullet$ Donc ici. On va chercher des drapeaux amusants pour faire tourner les équations. Donc je vais prendre des drapeaux invariants par l'action du sous-groupe d'ordre $3$ de $\mathfrak{S}_3$. La représentation restreinte que je note $\rho$ est la représentation régulière de $C_3$ et on a la décomposition :
    $$
    \rho = \bullet \oplus \bullet_j \oplus \bullet_{\overline{j}} \qquad \qquad \left\{
    \begin{array}{l l}
    \bullet & = \langle e_1+e_2+e_3 \rangle \\
    \bullet_j & = \langle e_1+je_2+j^2 e_3 \rangle \\
    \bullet_{\overline{j}} & = \langle e_1+j^2e_2+je_3 \rangle
    \end{array} \right.
    $$
    Donc là on cherche les drapeaux $C_3$-invariant et c'est pas difficile car c'est simplement des drapeaux de l'ensemble $\{ \bullet, \bullet_j, \bullet_{\overline{j}} \}$.

    $$
    (\bullet,\bullet_j) \quad (\bullet,\bullet_{\overline{j}}) \qquad \qquad (\bullet_j,\bullet) \quad (\bullet_{\overline{j}},\bullet) \qquad \qquad (\bullet_{j},\bullet_{\overline{j}}) \quad (\bullet_{\overline{j}},\bullet_{j})
    $$
    Donc je les ai regroupé par paire qui vont être identifie dans le quotient, on passe d'un membre d'une pari à l'autre par l'action d'une transposition. Mais faut également remarquer que la conjugaison complexe (coucou Claude) échange les paires également et donc dans le quotient le point image va être rationnelle ! Là on va vérifier que ça marche vraiment :
    sage: f = lambda a,b,c : [a+b+c,a*b+a*c+c*b,a*b*c]
    sage: g = lambda u,v,w : f(w,v,u)
    sage: Z.<j> = CyclotomicField(3)
    sage: bullet = vector([1,1,1])
    sage: bullet_j = vector([1,j,j^2])
    sage: bullet_bar(j) = vector([1,j^2,j])
    sage: pi  = lambda p,q : f(p[0],p[1],p[2])+g(q[0],q[1],q[2])
    

    Je vais juste décrire la paire $(\bullet,\bullet_{{j}}) \quad (\bullet,\bullet_{\overline{j}})$
    sage: pi(bullet,bullet.cross_product(bullet_j))
    [3, 3, 1, 0, 0, 6*j + 3]
    sage: pi(bullet,bullet.cross_product(bullet_barj))
    [3, 3, 1, 0, 0, -6*j - 3]
    
    Alors déjà on voit que les coordonnées ne sont pas les mêmes, et on ne voit pas non plus la rationnalité du point puisqu'il y a encore de $j$. Mais faut ce rappelle que l'on est dans $\mathbb{P}(1,2,3) \times \mathbb{P}(3,2,1)$ et donc j'ai le droit à l'action de $\mathbb{G}_m$. Là c'est ultra simple puisque sur la dernière composante j'ai un poids $1$ pour les autres ça fonctionne également :
    sage: pi(bullet_barj,bullet_barj.cross_product(bullet_j)
    ....: )
    [0, 0, 1, 6*j + 3, -9, -6*j - 3]
    sage: beta = 1/(-6*j-3)
    sage: beta^2*(-9)
    1/3                                          <----- tiens la caractéristique 3 n'aimes pas du tout :-D
    sage: beta^3*(6*j+3)
    1/27
    

    $\bullet$ Ca sert à quoi ? Aucune idée, juste faire joujou :-D
  • $\def\P{\mathbb P}$Hello,

    1. Cela chauffe dans ma pauvre tête. En vrac : dualité de Schur-Weyl, fonctions de Schur, Frobenius, Young, correspondance de Springer ...etc...

    2. Lupulus nous a demandé de lire un certain nombre de pdf. J'ai commencé par le rapport de mémoire de Marie Derrien, document que j'apprécie in http://perso.eleves.ens-rennes.fr/people/Gwendal.Soisnard/Rapports_2016/Marie_Derrien_35667.pdf

    3. Il se trouve que, grâce à Don Zagier, j'avais vu chez les ``russes'' Vershik & Okounov in https://arxiv.org/pdf/math/0503040.pdf une nouvelle approche en ce qui concerne les représentations du groupe symérique $S_n$. Je recommande de lire l'introduction : ceux ci expliquent que l'aspect habituel combinatoire (tableaux ...) présente un certain caractère artificiel et ils procèdent de manière totalement différente.

    Don Zagier en fait un résumé (de l'article des russes) à la page 5 de https://people.mpim-bonn.mpg.de/zagier/files/tex/ApplRepTheoryFiniteGroups/fulltext.pdf. J'en ai pigé quelques aspects.

    4. Qui pourra un jour expliquer à l'enfant que je suis ``dualité de Schur-Weyl'' ? Je n'y connais absolument rien. En allant DOUCEMENT.

    5. Correspondance de Springer : je suis tombé sur Dustin Clausen. 30 pages in http://www.math.harvard.edu/media/clausen.pdf que je n'ai pas lues. J'ai juste vu le bas de la page 1 (wonderful statement ... caveat) et le haut de la page 2.

    6. J'ai vaguement pensé à la fibre de Springer : Lupulus nous avait donné un exercice dans lequel intervient la forme de Jordan $(n-1, 1)$ avec $n = 3$. La solution de Goleon dans $\P^2_{(x:y:z)} \times \P^2_{(u:v:w)}$ m'avait bien plus. J'ai vu une description pour $n$ quelconque, je ne sais plus où. Mais ma tête a encore chauffé beaucoup plus.

    7. Enfin une question. Soit $\lambda = (\lambda_1 \ge \lambda_2 \ge \cdots \lambda_k \ge 1)$ une partition de $n$. CROYONS en l'existence d'une représentation irréductible $S^\lambda$ du groupe symétrique $S_n$ attachée à $\lambda$. Ou alors allons lire Marie Derrien (ou d'autres auteurs). Je considère la partition $\lambda'$ de $n-1$ définie par :
    $$
    \lambda' = \cases {
    (\lambda_1, \cdots, \lambda_{k-1}, \lambda_k-1) & si $\lambda_k > 1$ \\
    (\lambda_1, \cdots, \lambda_{k-1}) & si $\lambda_k = 1$ \\
    }
    $$D'où une représentation $S^{\lambda'}$ du groupe symétrique $S_{n-1}$. Il se trouve que $S_{n-1} \subset S_n$ canoniquement (fixer $n$). La restriction à $S_{n-1}$ de la représentation $S^\lambda$ se décompose en représentations irréductibles DISTINCTES parmi lesquelles $S^{\lambda'}$.

    Donc, en oubliant les partitions, un certain mécanisme $(W, \rho) \mapsto (W', \rho')$ associant à une représentation irréductible de $S_n$ une représentation irréductible de $S_{n-1}$ ``contenue'' dans celle de départ. Peut-on décrire cette opération ?

    Note : chez les russes, un résultat fondamental va être de démontrer, sans avoir avec soi la théorie des représentations du groupe symétrique, que la restriction à $S_{n-1}$ d'une représentation irréductible de $S_n$ est une somme de représentations irréductibles DISTINCTES (branching rule, branching graph et tout le truc)

    8. Suis je le seul à ne pas avoir fait les devoirs de vacances donnés par Lupulus i.e. lire je ne sais combien de pdf ? Et dire que j'en ai ajouté au panier.
  • Claude,

    Je te remercie beaucoup pour ton message ! J'ai malheureusement des petits soucis en ce moment (rien de grave), j'espère revenir vite pour pouvoir comme promis finir la partie sur les faisceaux :-)

    Goleon : Hum on va voir à quel point ça sera explicite à la fin :-D On y croit !!
  • Hello,

    Alors j'avoue je n'ai pas fait tous les devoirs :-D En fait, je me suis amusé à essayé de décrire les quotients de la variété de drapeaux par le groupe $\mathfrak{S}_3$ouhais bon des que je vois un groupe je ne peux pas m'empêcher de faire quelques choses avec, bon ça n'a rien a voir avec le problème mais c'était amusant, normalement y'a une hyper surface dans $\mathbb{P}(1,2,3,3)$ qui entre en jeu ! Bon qu'importe, c'était pour m'amuser !

    Sinon j'ai regardé les histoires de représentation de $\mathfrak{S}_n$ … hum, c'est a devenir fou entre les tableaux, les tabloïdes et les poly-tabloïde, les stabilisateurs en ligne et en colonne, j'ai juste réussi à faire tout petit calcul à la main ! Niveau programmation ça doit vraiment être délicat, sur sage j'ai un module tout fait :-D

    @Lupulus : hum est-ce qu'il y a continu dans ta définition de faisceau constant ? Ensuite, je n'ai pas su faire ton exercice avec l'application $z \mapsto z^2$ ? (je suis nul en topologie et je m'y prends certainement mal) ! Prends ton temps en espérant que ce ne soit rien de grave !

    @Claude : Est-ce que tu es ok pour dire que la combinatoire de la fibre de Springer c'est assez délicat, j'ai essayé de faire un autre exemple ça m'a semblé assez chaotique ! Ici dans notre exemple $\mathfrak{S}_3$ on a $\mathbb{P}^2 \times \mathbb{P}^2$ mais c'est particulier, normalement c'est plutôt une histoire de Grassmanienne et donc coordonnée de Plücker (c'est peut-être mieux d'ailleurs pour traduire les incidences) sauf que je n'y connais rien :-D

    Bilan : y'a pas l'air d'y avoir des choses faciles a faire dans cette histoire !
  • $\def\SL{\text{SL}}\def\GL{\text{GL}}$@Goleon (et Lupulus)
    Tu te doutes bien que je n'ai lu qu'une partie infime des pdf pointés. C'est de la folie. Tout est de la folie dans ces histoires y compris les tableaux, les tableaux standard ... Il y en a plusieurs notions. J'avais déjà vu l'intervention des tableaux à lignes croissantes et colonnes strictement croissantes dans la théorie des fonctions symétriques de Schur. Mais pour l'instant, je n'ai pas vu le rapport : $S_n, \GL_N, \SL_N$, cela me fait chauffer la tête.

    Fibre de Springer.
    L'exemple nilpotent $(n-1,1)$ pour $n = 3$ est décrit en 1.3.4 de https://arxiv.org/pdf/1602.01451.pdf. En 1.3.5, il y a je crois l'exemple avec $n=4$ et le nilpotent $(2,2)$. En https://www.math.ias.edu/~goresky/math2710/lecture16.pdf#zoom=100, il y a une description du nilpotent $(n-1,1)$. J'attache l'extrait et je montre en rouge la description de la fibre. Le gars (ou la fille) visiblement avait prévu de faire un dessin.

    Dans le post suivant, je fais un truc simple autour de la page 5 de Don Zagier qui explique ``les russes''.95376
  • Là, j'illustre la page 5 de Don Zagier qui explique l'approche des russes concernant les représentations irréductibles du groupe symétrique $S_n$. On dit que l'on est totalement ignorant du lien avec les partitions. Mais on va utiliser le fait que la restriction à $S_{n-1}$ de tout caractère irréductible de $S_n$ est une somme de caractères irréductibles DISTINCTS (ce que les russes vont s'appliquer à prouver ``directement''). Il est entendu que $S_1 \subset S_2 \cdots \subset S_{n-1} \subset S_n$ de manière canonique (c'est super important). Note : Don Zagier mentionne l'algèbre de groupes $\Z[S_n]$ et pas $\C[S_n]$ car tout caractère irréductible de $S_n$ est à valeurs entières (cela vient du fait que toute permutation est conjuguée à son inverse).
    [color=#000000]> Chi ;
    [*
        ( 1 ),
        ( 1, 1 ),
        ( 1, 1, 1 ),
        ( 3, -1, 1, 0, -1 ),
        ( 5, 1, 1, -1, -1, 0, 1 ),
        ( 16, 0, 0, 0, -2, -2, 0, 0, 1, 0, 0 ),
        ( 21, -1, 3, 1, -3, 0, 1, -1, 1, 1, -1, 0, 0, -1, 1 ),
        ( 70, -10, -2, 2, 2, -5, 1, 4, -2, 0, 0, 0, -1, -1, -1, 1, -1, 0, 0, 0, 1, 0 )
    *]
    [/color]
    
    C'est quoi ce binz ? C'est le CODAGE d'une suite $(\chi_1 \prec \chi_2 \prec \cdots \prec \chi_n)$ avec $n = 8$ où chaque $\chi_k$ est un caractère irréductible de $S_k$. Et $\chi' \prec \chi$, cela signifie que $\chi'$ (irréductible) figure dans la décomposition de la restriction de $\chi$ au groupe de $\chi'$.

    Ce que l'on veut : attacher une partition $\lambda$ de $n$ au caractère irréductible $\chi_n =_{\rm ici} \chi_8$. Que je note $\chi$.

    La première chose à comprendre, c'est le $\nu_\pi(T)$ de Don Zagier ($\pi \leftrightarrow \chi$). Cela peut faire peur, mais c'est tout simplement :
    $$
    \nu_{\rm Don Zagier}(\chi) =
    {\chi((1,2)) \times \binom {n}{2} \over \dim \chi}
    $$
    [color=#000000]nuDonZagier := function(chi)
      Sn := Group(Parent(chi)) ;
      n := Degree(Sn) ;
      // Dans S_n : {conjugués de la transposition (1,2)} = {transpositions} en nombre Binomial(n,2) 
      return Z ! (chi(Sn!(1,2)) * Binomial(n,2) / chi(1)) ;
    end function ;
    [/color]
    
    Ensuite, on attache à $(\chi_1 \prec \chi_2 \prec \cdots \prec \chi_n)$ un ``weight vector''. C'est un vecteur $a \in \Z^n$ obtenu en faisant les différences successives des $\nu_{\rm Don Zagier}$. Note : on est parti de $\chi = \chi_n$, peu importe les $\chi_k$ pour $k < n$ en dessous : le ``weight vector'' $a$ subira une permutation dit Don Zagier.
    [color=#000000]WeightVector := function(Chi)
      // Chi = (chi_1, chi_2, .., chi_n) avec chi_k caractère irréductible sur le groupe symétrique S_k
      // Et les chi_k sont "emboités".
      n := #Chi ;
      b := [0] cat [nuDonZagier(chi) : chi in Chi[2..n]] ;
      a := [0] cat [b[k] - b[k-1] : k in [2..n]] ;
      ....
    [/color]
    
    Sur l'exemple :
    [color=#000000]> a := WeightVector(Chi) ;
    > a ;
    [ 0, 1, 2, -1, 0, -2, -1, -3 ]
    [/color]
    
    Ca y est c'est fini : on tient via $a$ un CODAGE d'une partition de $n$ !! Comment ? En comptant le nombre d'occurences de chaque élément.
    [color=#000000]> f := map < Z -> N | r :-> #[k : k in [1..n] | a[k] eq r] > ;
    > [f(r) : r in [Min(a)..Max(a)]] ;
    [ 1, 1, 2, 2, 1, 1 ]
    [/color]
    
    On obtient ainsi une fonction $f : \Z \to \N$ nulle en dehors de l'intervalle $[\min(a) .. \max(a)]$. Cette fonction $f$ est un AUTRE CODAGE de la partition $\lambda$ qui tarde à venir.

    On met $f$ en tableau de Young $Y$, à l'envers pour l'instant et avec des lignes vides. On y voit $f(x-y)$, ce qui signifie que $f$ est liée au nombre de cases en diagonale. On ne peut pas tout expliquer d'un coup.
    [color=#000000]> Y := [[<x,y> : x in [1..n] | Min(x,y) le f(x-y)] : y in [1..n]] ;
    > Y ;
    [
        [ <1, 1>, <2, 1>, <3, 1> ],
        [ <1, 2>, <2, 2> ],
        [ <1, 3>, <2, 3> ],
        [ <1, 4> ],
        [],
        [],
        [],
        []
    ]
    [/color]
    
    Petit truc de sorcier. Je vais virer les lignes vides et faire afficher ce qui reste dans le bon sens. Ce que l'on voit ci-dessous sont les coordonnées des points, l'origine étant en $(1,1)$, en bas à gauche. Dans $\langle x, y\rangle$, $x$ est l'abscisse, $y$ l'ordonnée.
    [color=#000000]> a_negative := [ai : ai in a | ai lt 0] ;
    > length := IsEmpty(a_negative) select 1 else -(Min(a_negative) + Max(a_negative)) ;
    > Y := Y[1..length] ;
    > Reverse(Y) ;
    [
        [ <1, 4> ],
        [ <1, 3>, <2, 3> ],
        [ <1, 2>, <2, 2> ],
        [ <1, 1>, <2, 1>, <3, 1> ]
    ]
    [/color]
    
    Et voilà l'objet convoité $\lambda = (3 \ge 2 \ge 2 \ge 1)$. C'est bien une partition de $n=8$ de longueur ici $4$.
    [color=#000000]> [#tranche : tranche in Y] ;
    [ 3, 2, 2, 1 ]
    [/color]
    
    Je suis loin d'avoir tout compris. Ce que j'ai voulu illustrer, c'est que c'est vachement concret.95378
  • Merci Claude,

    Normalement j'ai un programme qui doit me faire des décompositions dans la situation où les sous-représentations sont distinctes ! Je pense pouvoir suivre sur ton petit exemple ce que veux illustrer, mais faut que je simplifie mon code (c'était calculer des Euler factor et tout le binz, tu sais l'induction et tout) donc pour l'instant pour $n=8$, ca ne tourne pas très bien ! Y'a un peu de nettoyage à faire !
  • $\def\GZ{\text{GZ}}$Salut Goleon (et Lupulus). En fait, pour faire l'illustration magma de mon post précédent, j'ai triché car j'ai utilisé les partitions et des choses toutes faites. A l'avenir, je tricherais de moins en moins.

    Je suis rentré un peu plus dans l'article des russes https://arxiv.org/abs/math/0503040 et j'en ai implémenté une petite partie. Il y a des résultats que l'on peut comprendre (je ne parle pas des preuves) et j'envie d'en parler. J'espère que Lupulus ne m'en voudra pas. Il s'agit d'une ``nouvelle'' approche qui au départ n'est pas combinatoire (partitions, tableaux). On va dire que c'est de l'algèbre linéaire et de l'algèbre commutative, et cela va finir par rejoindre la combinatoire.

    $\bullet$ Tout caractère irréductible sur $S_n$ prend des valeurs entières parce que toute permutation $g$ de $S_n$ d'ordre $d$ est conjuguée à $g^\ell$ pour $\ell$ premier à $d$. Cela n'implique pas directement que la représentation associée est définie sur $\Q$ et encore moins sur $\Z$ (cf la représentation de dimension 2 du groupe $Q_8$ qui n'est pas définie sur $\Q$ bien que son caractère prenne des valeurs entières). Malgré cela, je vais travailler sur $\Q$ ou sur $\Z$.

    $\bullet$ Parmi les objets importants introduits par les russes il y a les $n$ éléments $X_1, \cdots, X_n$ de $\Q[S_n]$, dits de Jucys-Murphy, $X_k = \sum_{i < k} (i,k)$
    $$
    \left\{ \begin {array} {l}
    X_n = (1,n) + (2,n) + \cdots + (n-1,n) \\
    \vdots \\
    X_3 = (1,3) + (2,3) \\
    X_2= (1,2) \\
    X_1 = 0 \\
    \end {array}
    \right.
    $$Donc $X_n = \Sigma_n - \Sigma_{n-1}$ où $\Sigma_n$ est la somme de toutes les transpositions de $S_n$ (c'est un élément central) et pareil pour $\Sigma_{n-1}$ relativement à $S_{n-1}$; qui lui est central dans $\Q[S_{n-1}]$. En convenant une fois pour toutes d'injecter $S_{n-1}$ dans $S_n$ de manière canonique.
    $\bullet$ Premier résultat capital. La sous-algèbre de Gelfand-Tselin $\GZ_n \subset \Q[S_n]$ :
    $$
    \GZ_n = \langle X_1, \cdots, X_n\rangle \qquad \text { est COMMUTATIVE}
    $$Ce n'est pas sa définition initiale mais pour simplifier disons qu'elle est égale au membre droit (sous-algèbre engendrée pas idéal) et qu'elle est commutative. C'est ce résultat qui va certifier que le graphe de branchement de $S_{n-1} \subset S_n$ est simple i.e. que la restriction à $S_{n-1}$ de toute représentation irréductible de $S_n$ est une somme de $S_{n-1}$-représentations irréductibles DISTINCTES.
    [color=#000000]> n := 5 ;
    > X := JucysMurphySequence(n) ;
    > [* <tau : tau in Xk> : Xk in X *] ;
    [*  <>,
        <(1, 2)>,
        <(1, 3), (2, 3)>,
        <(1, 4), (2, 4), (3, 4)>,
        <(1, 5), (2, 5), (3, 5), (4, 5)>
    *]
    > 
    > Sn := Universe(Representative(X)) ;
    > Sn ;
    Symmetric group Sn acting on a set of cardinality 5
    Order = 120 = 2^3 * 3 * 5
    [/color]
    
    Bon ici, pas grand chose à voir sauf les éléments de Jucys-Murphy
    [color=#000000]> QSn := GroupAlgebra(Q, Sn) ;
    > //Gelfand-Tselin sub-algebra
    > GZgenerators := [&+ChangeUniverse(Xk, QSn) : Xk in X] ;
    > GZgenerators ;
    [ 0, (1, 2), (2, 3) + (1, 3), (3, 4) + (2, 4) + (1, 4), (4, 5) + (1, 5) + (2, 5) + (3, 5) ]
    > GZ := sub < QSn | GZgenerators > ;
    > IsCommutative(GZ) ;
    true
    > Dimension(GZ) ;
    26
    [/color]
    
    Certes, on doit faire SANS les partitions et la combinatoire. Mais, j'en dis quand même 2 ou 3 trucs pour $n=5$: le nombre de représentations irréductibles et leur dimension.
    [color=#000000]> Pn := Partitions(n) ;
    > Pn ;
    [
        [ 5 ],
        [ 4, 1 ],
        [ 3, 2 ],
        [ 3, 1, 1 ],
        [ 2, 2, 1 ],
        [ 2, 1, 1, 1 ],
        [ 1, 1, 1, 1, 1 ]
    ]
    > [NumberOfStandardTableaux(lambda) : lambda in Pn] ;
    [ 1, 4, 5, 6, 5, 4, 1 ]
    > &+[NumberOfStandardTableaux(lambda) : lambda in Pn] ;
    26
    > [NumberOfStandardTableaux(lambda)^2 : lambda in Pn] ;
    [ 1, 16, 25, 36, 25, 16, 1 ]
    > &+[NumberOfStandardTableaux(lambda)^2 : lambda in Pn] ;
    120
    [/color]
    
    On constate que $\dim\GZ_n = \sum\limits_{\lambda \vdash n} \dim S^\lambda$. Rappel : pour l'instant, les preuves, on s'en fiche. On veut juste comprendre un peu d'organisation des résultats.

    $\bullet$ On oublie TOUT en ce qui concerne la combinatoire. Et on part d'une représentation irréductible $(W, \rho)$ de $S_n$. Le deuxième résultat important, pas étranger au premier, c'est que les $n$ endomorphismes de multiplications par $X_k$ sur $W$ commutent deux à deux, sont diagonalisables et possèdent des valeurs propres entières.

    On considère un vecteur propre commun $v$. Alors on dispose de $W_1 \subset W_2 \subset \cdots \subset W_n = W$, où chaque $W_k$ est un $S_k$-module, défini par
    $$
    W_k := \Q[S_k].v \quad \text{ et c'est une représentation irréductible pour } \rho_{|S_k}
    $$C'est déjà pas mal. Mais il y a encore plus mieux. Car ce $v$ définit un vecteur $a = a(v) = (a_1, \cdots, a_n) \in \Z^n$ (dit weight vector)
    $$
    X_1.v = a_1 v, \qquad X_2.v = a_2 v, \qquad \cdots \qquad X_n.v = a_n v
    $$Note $a_1 = 0$ car $X_1 = 0$.

    Et c'est ce weight-vector $a$ qui va PILOTER la combinatoire.

    $\bullet$ Exemple. On part d'une représentation irréductible $(W, \rho)$ de $S_n$ avec $n = 5$. On la monte à l'aide de la partition $\lambda = (3,1,1)$ de $n=5$. En fait, $W$ c'est le module de Spetch $S^\lambda$, cf le mémoire de Marie Derrie, def 3.2.6 p. 18
    [color=#000000]> lambda := [3,1,1] ;
    > chi := SymmetricCharacter(lambda) ;
    > rho := Representation(GModule(chi)) ;
    > // On oublie tout
    [/color]
    
    Un truc de mézigue qui va fournir une base de $W$ de vecteurs $v$ comme ci-dessus. Dite base de Young-Gelfand-Tselin de $W$
    [color=#000000]> A, basis := YoungGlobalBasis(rho) ;
    > A ;
    [
        [ 0, 1, 2, -1, -2 ],
        [ 0, 1, -1, 2, -2 ],
        [ 0, 1, -1, -2, 2 ],
        [ 0, -1, 1, 2, -2 ],
        [ 0, -1, 1, -2, 2 ],
        [ 0, -1, -2, 1, 2 ]
    ]
    > basis ;
    [
        ( 1  1  1  0  0 -1),
        ( 1 -2 -2  0  0 -1),
        ( 1 -2  2  0  0 -1),
        (1 0 0 0 0 1),
        ( 3  0  4 -8  0 -5),
        ( 3 -3 -1  2  6 -1)
    ]
    > Matrix(basis) ;
    [ 1  1  1  0  0 -1]
    [ 1 -2 -2  0  0 -1]
    [ 1 -2  2  0  0 -1]
    [ 1  0  0  0  0  1]
    [ 3  0  4 -8  0 -5]
    [ 3 -3 -1  2  6 -1]
    > Determinant(Matrix(basis)) ;
    1152
    [/color]
    
    Bon pour l'instant, c'est un peu c.n car il n'y a rien à voir. Suite au prochain numéro où je raconterais la combinatoire élaborée à partir de chaque $v$ de la base de $W$ ou plutôt à partir de son weight-vector $a(v)$. C'est totalement dingue, je trouve.

    $\bullet$ Question : comment trouver de manière efficace un vecteur propre commun à $n$ endomorphismes qui commutent et qui ont toutes leurs valeurs propres dans le corps de base ? J'utilise quelque chose de tout fait qui en fait beaucoup trop et qui patine vite.
  • Salut Claude,

    Je suis malade et je ne peux pas participer (je ne peux a peu près rien faire :-D). D'ailleurs ton avant dernier post j'ai juste réussi a faire les calculs pour $n=4$. Pour $n=8$, c'est un peu trop long (bah oui !).

    Bon courage,
  • Salut Claude,

    Soit $u_1,\ldots,u_n$ des endomorphismes d'un même espace vectoriel $E$ qui commutent, et dont les valeurs propres sont dans le corps de base.
    Si les $u_i$ sont des homothéties, tout vecteur non nul de $E$ est vecteur propre commun.
    Sinon, il existe $j$ et $\lambda_j$ valeur propre de $u_j$ telle que $\dim E_{\lambda_j}<\dim E$.
    On remplace alors chaque $u_i$ par sa restriction à $E_{\lambda_j}$ et on recommence jusqu'à ce que les $u_i$ soient des homothéties...

    Remarque : cela peut aller très vite dès que l'un des $u_i$ possède une valeur propre simple.
  • @Goleon
    J'espère que c'est pas trop grave. Faut dire que tu as participé à certains fils qui font mal à la tête.

    En ce qui concerne les représentations du groupe symétrique, c'est vraiment spécial : ce sont des méthodes ad-hoc. J'ai un peu compris ce qu'on fait les russes, c'est vraiment joli. Je continuerai plus tard et tu verras que tu n'auras plus peur des tableaux, des tableaux standard ...etc... En attendant, au lit et soigne toi.

    @GaiRequin
    Oui, je connais le principe. Mais comme les endomorphismes sont donnés sous forme de matrices, cela prend un peu la tête. En fait, je viens de comprendre que ce n'est pas la recherche d'un vecteur propre qui prend du temps mais certaines de mes affaires qui sont mal fichues.

    Pour te remercier de ta participation, je te montre un truc. Je prends la partition $\lambda = (3,2,1)$ de $6$. Il y a 16 tableaux standard de forme $\lambda$. Peu importe ce que c'est. En tout cas, cela signifie que $\lambda$ définit une représentation irréductible $(W, \rho)$ du groupe symétrique $S_6$ en dimension 16.
    [color=#000000]> lambda := [3,2,1] ;                       
    > NumberOfStandardTableaux(lambda) ;
    16
    [/color]
    
    Les voilà, ces 16 tableaux. Note : de temps en temps, la combinatoire cela peut-être ch.ant. Les russes démarrent avec de l'algèbre linéaire/commutative et cela me plait bien.
    [color=#000000]> T := SetToSequence(StandardTableaux(lambda)) ;
    > HorizontalPrint(T[1..8]) ;                    
    1 2 5     1 3 5     1 2 6     1 3 6     1 4 5     1 2 4     1 2 4     1 3 4     
    3 6       2 4       3 5       2 4       2 6       3 6       3 5       2 5       
    4         6         4         5         3         5         6         6         
    
    > HorizontalPrint(T[9..16]) ;                   
    1 4 6     1 2 5     1 3 5     1 3 6     1 2 3     1 3 4     1 2 6     1 2 3     
    2 5       3 4       2 6       2 5       4 5       2 6       3 4       4 6       
    3         6         4         4         6         5         5         5         
    [/color]
    
    Bon, on oublie cette combinatoire. Place à l'algèbre.
    [color=#000000]> time W := GModule(SymmetricCharacter(lambda)) ;
    Time: 0.190
    > rho := Representation(W) ;
    [/color]
    
    C'est magma qui bosse à cent à l'heure. On ne peut pas en dire autant de ce qui va suivre. Voilà un truc de mézigue qui prend vachement de temps : je monte simplement les 6 matrices de multiplication par $X_1, \cdots, X_6$. C'est tout pourri mes affaires et je me demande pourquoi.
    [color=#000000]> time AllJM := JucysMurphyMatrices(rho) ;
    Time: 38.360
    [/color]
    
    Je sais que tu brûles d'envie de les voir ces 6 matrices de Jucys-Murphy (ce sont les multiplications par $X_k$ sur $W$). Mais on ne va pas saturer le forum, je t'en montre juste une, c'est cadeau. Tiens la deuxième car $X_1 \times \bullet$ c'est la matrice nulle.
    [color=#000000]> AllJM[2] ;                                     
    [ 0 -1  0  1  0  0  0  0 -1  0  0  0 -1  0  0  0]
    [ 0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  1  0  0]
    [ 0  0  1  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0]
    [ 0  0  0  0  0 -1  0 -1  0  1  0  0  1  0  1  0]
    [ 0  0  0  0  1  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0]
    [ 1  0  0  0 -1  0 -1  0 -1 -1  0  1 -1  0  0  1]
    [ 0 -1  0  0  0  0  0  0  0  0  0 -1  0  0  0  0]
    [ 0  0 -1  0  0  0  0 -1  0  0  0  0  0  0  0  0]
    [-1  0  0  0  0 -1  0 -1  0  1 -1  0  1 -1  1  0]
    [ 1  0  0  1 -1  0 -1  0 -1 -1  0  1 -1  0  0  0]
    [ 0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  1  0  0  0]
    [ 0  0  0  0  0  0 -1  0  0  0  0  0  0 -1  0  0]
    [ 0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  1  0  0  0  0  0]
    [ 0  1  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0  0]
    [ 0  0 -1  0  0  0  0 -1  0  0 -1  0  0  0  0  1]
    [ 0  0  0  0  0  0  0 -1  0  0  0  0  1  0  1  0]
    [/color]
    
    Cela te fait plaisir, hein ?
    Le coup des valeurs propres avec les multiplicités, c'est immédiat.
    [color=#000000] > [Eigenvalues(JM) : JM in AllJM] ;              
    [
        { <0, 16> },
        { <-1, 8>, <1, 8> },
        { <1, 6>, <2, 2>, <-2, 2>, <-1, 6> },
        { <0, 4>, <-1, 2>, <-2, 4>, <2, 4>, <1, 2> },
        { <-2, 5>, <2, 5>, <0, 6> },
        { <-2, 5>, <2, 5>, <0, 6> }
    ]
    [/color]
    
    Là, c'est magma qui bosse . Non seulement, il va trouver un vecteur propre commun, mais il va les trouver tous : 16 sous-espaces de dimension 1, chacun étant stable par tout opérateur $X_k \times \bullet$.
    [color=#000000]
    > time CE := CommonEigenspaces(AllJM) ;
    Time: 0.070
    > #CE ;
    16
    > CE[1] ;
    Vector space of degree 16, dimension 1 over Rational Field
    Generators:
    (   1    1 -2/3    1 -2/3  2/3  1/3 -1/3 -1/3   -2    0  5/3 -4/3  1/3   -1  1/3)
    > IntegralVector(Eltseq(Basis(CE[1])[1])) ; 
    [ 3, 3, -2, 3, -2, 2, 1, -1, -1, -6, 0, 5, -4, 1, -3, 1 ]
    [/color]
    
    Bon, demain je reprends là où j'en étais et j'essaye d'expliquer comment les russes vont produire la combinatoire des tableaux via les vecteurs propres communs.
  • $\def\LL#1{\lambda^{(#1)}}\def\YY#1{Y^{(#1)}}\def\ph{\phantom}$$\bullet$ Je reprends mes petites affaires de http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1918154,1924546#msg-1924546. Rappels : nouveau traitement de la théorie des représentations linéaires des groupes symétriques de la part des ``russes'' in https://arxiv.org/abs/math/0503040 et une explication partielle à la page 5 de Don Zagier https://people.mpim-bonn.mpg.de/zagier/files/tex/ApplRepTheoryFiniteGroups/fulltext.pdf que j'attache de nouveau (le contexte n'est pas tout à fait le même mais cela va m'aider pour certains ingédients).

    Je suis parti d'une représentation irréductible $(W, \rho)$ de $S_n$ et j'ai expliqué la présence de vecteurs $v \in W$, vecteurs propres communs aux $n$ opérateurs $X_k \times n$ sur $W$ où $X_1= 0, X_2, \cdots, X_n \in \Q[S_n]$. Et à chaque $v$ est associé un vecteur de poids $a = a(v) = (a_1, \cdots, a_n)\in \Z^n$, défini par $X_k.v = a_kv$. Par exemple, on a considéré $n=5$, une représentation $(W,\rho)$ en dimension 6 et on est tombé sur 6 vecteurs de poids dont $a = (0,1,2,-1,-2)$. Des bons vecteurs $v \in W$ comme cela, on en a en fait une base de $W$.

    Ce qui compte ici c'est comment associer à un vecteur de poids $a = (a_1, \cdots, a_n) \in \Z^n$ une partition de $n$ et bien d'autres choses. On peut oublier le reste i.e. d'où provient $a \in \Z^n$ sauf qu'un vecteur de poids, ce n'est pas un vecteur quelconque. Je n'en dis pas plus pour l'instant. On commence par associer à $a \in \Z^n$ une fonction $f$
    $$
    f : \Z \to \N \qquad f(r) = \#\{i \in [1..n] \mid a_i = r \}
    $$Il est clair que $f$ est nulle en dehors de l'intervalle $[\min(a) .. \max(a)]$ et que $\sum_r f(r) = n$. Eh bien, $f$ est une partition de $n$, version fonctionnelle, cf le point suivant.

    $\bullet$ Partitions de $n$. Trois objets équivalents. J'utilise les lettres $\lambda, Y, f$ pour les 3 visages. $\lambda = (\lambda_1 \ge \lambda_2 \ge \cdots)$ c'est une suite décroissante d'entiers $\ge 0$ nulle à partir d'un certain rang vérifiant $\sum_i \lambda_i = n$. Quant à $Y$, c'est son diagramme de Youngs (ou Ferrers) : $Y$ est une partie de $\N^* \times \N^*$ de cardinal $n$ ayant la propriété : si $(x,y) \in Y$, alors $(x',y') \in Y$ pour $1 \le x' \le x$, $1 \le y' \le y$. Dans la ligne $y$ de $Y$, on met les $(x,y)$ avec $1 \le x \le \lambda_y$. Un tout petit exemple pour $\lambda = (3,1,1)$, partition de $5$.
    $$
    \begin {array} {ccc}
    \bullet \\
    \bullet \\
    \bullet & \bullet & \bullet \\
    \end {array}
    $$Un exemple plus conséquent. Il va y avoir le truc pénible : dans quel sens met on $Y$.
    [color=#000000]> lambda := [6,4,4,3,1] ;
    > YoungDiagram(lambda) ;
    [
        [ <1, 1>, <2, 1>, <3, 1>, <4, 1>, <5, 1>, <6, 1> ],
        [ <1, 2>, <2, 2>, <3, 2>, <4, 2> ],
        [ <1, 3>, <2, 3>, <3, 3>, <4, 3> ],
        [ <1, 4>, <2, 4>, <3, 4> ],
        [ <1, 5> ]
    ]
    > YoungDiagram(lambda : Reversed := true) ;
    [
        [ <1, 5> ],
        [ <1, 4>, <2, 4>, <3, 4> ],
        [ <1, 3>, <2, 3>, <3, 3>, <4, 3> ],
        [ <1, 2>, <2, 2>, <3, 2>, <4, 2> ],
        [ <1, 1>, <2, 1>, <3, 1>, <4, 1>, <5, 1>, <6, 1> ]
    ]
    [/color]
    
    Quant à $f$, c'est une version moins connue. $Y$ et $f$ se correspondent via
    $$
    f(r) = \# \{(x,y) \in Y \mid x-y = r \} \qquad\qquad Y = \{ (x,y) \in \N^* \times \N^* \mid \min (x,y) \le f(x-y) \}
    $$Et $f$ vérifie, en plus de $\sum_r f(r) =n$, $f(r+1) - f(r)$ est égal à 0 ou $|r| - |r+1|$.

    $\bullet$ Exemple en revenant à $a = (0, 1, 2, -1, -2)$
    [color=#000000]> a ;
    [ 0, 1, 2, -1, -2 ]
    > n := #a ;
    > f := map < Z -> N | r :-> #[k : k in [1..n] | a[k] eq r] > ;
    > Df := [Min(a) .. Max(a)] ;
    > [<r,f(r)> : r in Df] ;
    [ <-2, 1>, <-1, 1>, <0, 1>, <1, 1>, <2, 1> ]
    > AssociatedPartition(f, Df) ;
    [ 3, 1, 1 ]
    [/color]
    
    $\bullet$ Mais le vecteur de poids $a = (a_1, \cdots, a_n)$ définit d'AUTRES partitions que celle vue précédemment. Comment ? Il se trouve que $(a_1, \cdots, a_{n-1})$ est également un vecteur de poids et définit une partition de $n-1$. Et ainsi de suite. On dispose donc d'une partition $\LL{k}$ de $k$ et un emboitement:
    $$
    \LL1 \prec \LL2 \prec \cdots \prec \LL{n} \qquad\text {pareil que} \qquad
    \YY0 = \emptyset \subset \YY1 \subset \YY2 \subset \cdots \subset \YY{n}
    $$ $\lambda' \prec \lambda$ signifie que $\lambda'$ est obtenue à partir de $\lambda$ en supprimant UN coin intérieur dans le diagramme de Ferrers. Donc si $\lambda$ est une partition de $n$, $\lambda'$ est une partition de $n-1$. Exemple : voici les $\lambda' \prec \lambda$ pour $\lambda = (6, 4, 4, 3, 1)$.
    [color=#000000]> RestrictionPartitions([6,4,4,3,1]) ;
    [
        [ 6, 4, 4, 3 ],
        [ 6, 4, 4, 2, 1 ],
        [ 6, 4, 3, 3, 1 ],
        [ 5, 4, 4, 3, 1 ]
    ]
    [/color]
    
    Dans $\lambda$, on tente de diminuer une composante d'une unité.

    $\bullet$ La relation $\prec$ sur les partitions fournit graphe orienté de sommet les partitions : on met un arc de $\lambda'$ vers $\lambda$ si $\lambda' \prec \lambda$. Du côté des diagrammes de Ferrers, cela signifie que $Y' \subset Y$ et $Y \setminus Y'$ est réduit à un point. Et un premier bilan, c'est q'un vecteur de poids $a \in \Z^n$ fabrique un chemin dans ce graphe partant de la partition $(1)$ de $1$ à une partition de $n$. Par exemple.
    [color=#000000]> A[1] ;
    [ 0, 1, 2, -1, -2 ]
    > YoungPath(A[1]) ;
    [
        [ 1 ],
        [ 2 ],
        [ 3 ],
        [ 3, 1 ],
        [ 3, 1, 1 ]
    ]
    > A[2] ;
    [ 0, 1, -1, 2, -2 ]
    > YoungPath(A[2]) ;
    [
        [ 1 ],
        [ 2 ],
        [ 2, 1 ],
        [ 3, 1 ],
        [ 3, 1, 1 ]
    ]
    > A[3] ;
    [ 0, 1, -1, -2, 2 ]
    > YoungPath(A[3]) ;
    [
        [ 1 ],
        [ 2 ],
        [ 2, 1 ],
        [ 2, 1, 1 ],
        [ 3, 1, 1 ]
    ]
    [/color]
    

    $\bullet$ La chute : un $\prec$-chemin du graphe, de la partition $(1)$ à une partition $\lambda$ de $n$, c'est la même chose qu'un tableau standard de forme $\lambda$ !! C'est quoi un tableau standard ? Les $n$ entiers $1, \cdots, n$ sont répartis dans les $n$ cases de $Y$ (diagramme de $\lambda$) de manière à avoir (stricte) croissance en $x$ et (stricte) croissance en $y$. Attention à la manière de dessiner les diagrammes. Cela fiche la pagaille.

    Construction d'un tableau standard à partir d'un chemin : mettre les $n$ numéros $1, 2, \cdots, n$ dans les cases suivantes. Ne pas oublier que $\YY0 = \emptyset$.
    $$
    \begin {array} {cccccc}
    \YY1 \setminus \YY0 & \YY2 \setminus \YY1 & \cdots & \YY{n} \setminus \YY{n-1} \\
    1 & 2 & \cdots & n \\
    \end {array}
    $$Pour aller dans l'autre sens, voici les 6 tableaux standard de forme $(3,1,1)$. Qui sont à l'envers (enfin, l'endroit et l'envers, c'est subjectif).
    [color=#000000]> T := Reverse(SetToSequence(StandardTableaux(lambda))) ;
    > HorizontalPrint(T) ;
    1 2 3     1 2 4     1 4 5     1 3 4     1 3 5     1 2 5     
    4         3         2         2         2         3         
    5         5         3         5         4         4        
    [/color]
    
    Je donne un exemple de construction d'un chemin à partir d'un tableau standard. Je prends le premier tableau standard à gauche que je TOURNE. Et je supprime au fur et à mesure la case de poids maximum. Et en dessous, je mets la partition correspondante.
    $$
    \begin {array} {cccc}
    \begin {array}{cccc} 5 \\ 4 \\ 1 & 2 & 3 \\ &(3,1,1) \\ \end{array}
    &\qquad\qquad
    \begin {array}{cccc} \phantom{5} \\ 4 \\ 1 & 2 & 3 \\ &(3,1) \\ \end{array}
    &\qquad\qquad
    \begin {array}{cccc} \phantom{5} \\ \phantom{4} \\ 1 & 2 & 3 \\ &(3) \\ \end{array}
    &\qquad\qquad
    \begin {array}{cccc} \phantom{5} \\ \phantom{4} \\ 1 & 2 & \phantom{3} \\ (2) \\ \end{array}
    &\qquad\qquad
    \begin {array}{cccc} \phantom{5} \\ \ph{4} \\ 1 & \ph{2} & \ph{3} \\ (1)\\ \end{array}
    \end{array}
    $$On obtient ainsi un (anti-)chemin $(3,1,1) \succ (3,1) \succ (3) \succ (2) \succ (1)$.

    Chapeau Vershik & Okounov : où comment l'algèbre linéaire/commutative a prise sur la combinatoire. Et réciproquement.95570
  • Salut Claude,

    Comment trouve-t-on une base de $\mathrm{GZ}_n = \langle X_1, \cdots, X_n\rangle$ ?
  • Salut Gai-Requin

    C'est qui ``on'' ? Si c'est le logiciel : il a la main sur l'algèbre $\Q[S_n]$ qu'il élabore. Si $n$ n'est pas trop grand of course. Avoir la main signifie qu'il y a des algorithmes pour déterminer une base de n'importe quelle sous-algèbre que tu peux construire (via les primitives offertes, of course). Idem pour les idéaux bilatères, à gauche, à droite ... Et sur plein d'autres objets. Il y a une meta-fonction ListSignatures qui permet de lister toutes les primitives qu'offre un domaine. Cela m'impressionne souvent voire toujours.

    Si le ``on'', c'est nous, c'est une autre histoire.

    Hum, peut-être, petit curieux, que tu veux en voir une base ?
    [color=#000000]> time BGZ := Basis(GZ) ;
    Time: 0.000
    > #BGZ ;
    26
    > BGZ[1] ;               
    Id(Sn)
    > BGZ[2] ;               
    (1, 2, 3, 4, 5) + (1, 5, 4, 3, 2) + (1, 3, 4, 5, 2) + (1, 2, 4, 3, 5) + (1, 4, 5, 3, 2) - (3, 5, 4) + (1, 5, 
        3, 4, 2) + (1, 2, 5, 4, 3) + (1, 5, 2, 3, 4) + (1, 3, 4, 2, 5) + (1, 4, 3, 5, 2) + (1, 5, 2, 4, 3) - (3, 
        4, 5) + (1, 2, 3, 5, 4) + (1, 4, 3, 2, 5) + (1, 2, 5, 3, 4) + (1, 3, 5, 4, 2) + (1, 2, 4, 5, 3) - (1, 
        5)(3, 4) - (2, 5)(3, 4)
    > BGZ[3] ;
    (1, 3, 5, 2, 4) + (1, 4, 2, 5, 3) + (1, 2, 4, 3, 5) + (1, 5, 3, 2, 4) + (1, 5, 3, 4, 2) + (1, 4)(2, 5) + (2, 
        3)(4, 5) + (1, 4, 3, 5, 2) + 2*(1, 2)(4, 5) + (1, 4, 2, 3, 5) + (1, 2, 5, 3, 4) + (1, 5)(3, 4) + (2, 5)(3,
        4) + (1, 5)(2, 4) + (1, 3)(4, 5)
    [/color]
    
    Tu comprends pourquoi je n'affiche pas les 26 éléments de la base.

    Autre chose. Mon dernier post : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1918154,1924978#msg-1924978. A un moment donné, j'ai fait ``Envoyer'' au lieu de ``Aperçu''. Of course, j'ai complété depuis. Je crois pouvoir dire qu'aucun post ne m'avait donné autant de mal.

    J'espère que ce post permettra à Goleon de se rétablir. Car il était un tantinet fâché avec les tableaux, les tableaux standard, les tableaux semi-standard, les tabloïdes, les polytabloïdes standard ...etc.. on se demande bien pourquoi. Mais avec les ``russes'', c'est l'algèbre qui gouverne, pas la combinatoire.

    Combinatoire : très bon boulot de Marie Derrien dans son mémoire http://perso.eleves.ens-rennes.fr/people/Gwendal.Soisnard/Rapports_2016/Marie_Derrien_35667.pdf
  • C'est effectivement très impressionnant !
  • Salut Claude

    J'ai lu, mais je ne peux strictement rien faire informatiquement parlant, c'est au delà de mes capacités. Mais je ne suis pas du tout fâché avec les Poly-biduloïde j'ai juste dit que ça doit être assez délicat à manipuler vu le nombre de bidules dedans, moi je n'y connais strictement rien du tout dans ce domaine comme tu t'en doutes.
  • $\def\GL{\text{GL}}$Goleon

    $\bullet$ On n'est pas obligé d'implémenter tout azimut. Mais il faut que je t'avoue que si je n'avais pas fait mes trucs en magma, je ne serais pas rentré aussi vite dans l'article des russes. Peut-être que je ne suis pas bon pour lire !

    Ce n'est que ce jour que j'ai pu relire leur introduction (6 pages) et comprendre ce qu'elle disait. Tiens j'en attache une page. Je t'avoue que je ne sais pas ce que c'est ``dominant weights of a reductive group''. En ce qui concerne Lie, je n'y connais que dalle. Je suis loin d'être clair sur les représentations irréductibles de $\GL_n$ et j'ai cru lire quelque part qu'il y avait un lien avec certains groupes de cohomologie autour de la Grassmannienne.

    $\bullet$ La technique. C'est souvent ch.ant. Jusqu'à maintenant, je n'avais lu aucune preuve. Je me suis dit que j'allais me coltiner la commutation des $X_k := \sum_{i < k} (i,k)$ dans $\Z[S_n]$. Pour l'instant au point mort ! Pire, la preuve du lemme 2.2 que j'attache est fausse : j'ai pris $n = 5$, $g = (1,5,2,3,4)$ et j'ai trouvé $g' = (1,2,3,4)$. En prenant $h = (2,4)$, on a $g'^{-1} = h g' h^{-1}$ mais PAS $g^{-1} = h g h^{-1}$. Sauf erreur de ma part, comme on dit sur le forum. Mais sans aucun doute, l'énoncé est vrai. Conclusion : la technique, c'est ch.ant.

    $\bullet$ Rien à voir. Je suis content car j'ai trouvé où l'élaboration des matrices de multiplication par $X_k$ avait un problème. Pas de ma faute : un petit souci de coercion entre $\Q$ et $\Q(\root 1 \of 1)$. Je suis pas sûr qu'un matheux lambda puisse comprendre.
    [color=#000000]> n := 6 ; 
    > lambda := [3,2,1] ;
    > lambda ;
    [ 3, 2, 1 ]
    > chi := SymmetricCharacter(lambda) ;
    > W := GModule(chi) ;
    > W ;
    GModule W of dimension 16 over Cyclotomic Field of order 1 and degree 1
    > rho := Representation(W) ;
    > Domain(rho) ;
    Symmetric group acting on a set of cardinality 6
    Order = 720 = 2^4 * 3^2 * 5
        (1, 2, 3, 4, 5, 6)
        (1, 2)
    > time AllJM := JucysMurphyMatrices(rho) ;
    Time: 0.020  /// ** HIER SOIR 38 secondes **
    [/color]
    
    95594
    95598
  • Salut Claude,

    Pour l'informatique, si si il faut programmer :-D

    Pour le lemme de conjugaison, est-ce que je comprends si je dit : soit $\sigma = (1,5,2,3,4)$, et donc $\sigma^{-1} = (4,3,2,5,1)$. Là on écrit les choses en mettant $5$ en fin d'écriture :
    $$
    \sigma = (2,3,4,1,5) \qquad \sigma^{-1} = (1,4,3,2,5)
    $$
    Et la conjugaison se voit direct $\begin{bmatrix} 2 &3 &4 & 1 & 5 \\ 1 & 4 &3 & 2 & 5 \end{bmatrix}$ !
  • Bien joué. Tu es moins malade, alors ?
    Et eux en font tout un patacaisse (avec leur virtual projection, c'est pas un truc compliqué, section 7) pour obtenir un truc faux.

    Et ils ont l'air de dire (dernière phrase de la preuve) que l'on peut choisir la conjugaison d'ordre 2, si je comprends bien. Toi, t'es cap. de le faire ? (si tu n'es pas trop malade)
  • $\def\GL{\text{GL}}$Autre chose. Tout sous-groupe fini de $\GL_d(\Q)$ est conjugué à un sous-groupe de $\GL_d(\Z)$. Conjugué par un élément de $\GL_d(\Q)$. Ce n'est oas évident mais cela se fait.

    Du coup, toute représentation d'un groupe fini $G$ qui est définie sur $\Q$ est définie sur $\Z$ i.e. on peut la réaliser via un $\rho : G \to \GL_d(\Z)$.

    Et du coup, j'ai été très déçu quand j'ai trouvé un déterminant égal à $1152$ à la fin de mon post http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1918154,1924546#msg-1924546. C'est le déterminant de la presque-unique base (rigidifiée) de Young-Gelfand-Tsetlin dans la base de départ.
    Les russes travaillent au dessus de $\C$ mais on peut remplacer $\C$ par $\Q$.

    Cette base de Young-Gelfand-Tsetlin d'une représentation irréductible $(W, \rho)$ de $S_n$, c'est celle qui est constituée de vecteurs propres pour tous les $X_k \times \bullet$. Je l'ai rigidifiée en rendant chaque vecteur entier et primitif. Les vecteurs sont donc uniques au signe près. Ce n'est quand même pas banal (sauf si je raconte des c.nneries). Et je m'attendais à tomber sur un déterminant $\pm 1$. Mais ce n'est pas le cas. Peut-être que je suis pas net ici. C'est vachement difficile d'être clair en général.
  • Hum Claude, en fait j'ai des problèmes de dos (des fois c'est un peu catastrophique !) aujourd'hui un peu mieux mais bon !

    Je pense que ca donne directement une conjugaison d'ordre $2$. Disons que l'on a $\sigma$ que l'on écrit en produit de cycle disjoint $c_1 \dots c_k$. Hum c'est chiant à écrire :
    $$
    \begin{bmatrix} c_1 & \dots & c_{k-1} & c_k \\ c_1^{-1} & \dots & c_{k-1}^{-1} & c_k^{-1} \end{bmatrix}
    $$
    Là on fait en sorte que le $n$ est dans $c_k$ et $c_k^{-1}$. Pour les premiers cycle $c_1, \dots, c_{k-1}$. On écrit en mode classique ! disons
    $c_1 = (a_{1,1}, \dots,a_{1,k_1})$ et $c_1^{-1} = (a_{1,k_1},\dots, a_{1,1})$ à l'envers, et bien l'élément de $\text{Perm}(\text{Support}(c_1))$ que ça donne est d'ordre $2$ : $a_{1,i} \mapsto a_{1,k_1+1-i}$ !

    Ensuite, on fait pareil avec les $c_2,\dots,c_{k-1}$ et il reste $c_k$ à gérer (je regarde demain) mais je pense que c'est bon !
  • Claude,

    Sur un exemple, j'ai ça en tête (on regarde la 1er et la troisième ligne)
    $$
    \begin{bmatrix} (1,2,3) & (4,5,6,7) & (8,9,10,11) \\
    (3,2,1) & (7,6,5,4) & (11,10,9,8) \\
    (3,2,1) & (7,6,5,4) & (10,9,8,11)
    \end{bmatrix}
    $$
    Ce qui donne comme conjugaison $(1,3)(4,7)(5,6)(8,10)$.

    J'ai regardé vite fait : les sous-groupes finis de $\text{GL}_n(\Q)$ sont $\Q$-conjugués à des sous-groupes finis de $\text{GL}_n(\Z)$, c'est un truc sur les réseaux de $\Q^n$ et un "argument de moyenne" si j'ai bien compris !
  • $\def\GL{\text{GL}}$Goleon,
    I. Pour cette histoire de conjugaison, je suis d'accord. Cela m'a coûté un peu d'obtenir une programmation uniforme.
    [color=#000000]> n := 9 ;
    > Sn := Sym(n) ;
    > Sn1 := sub < Sn | StandardCycle(Sn, n-1), (1,2) > ; // S_{n-1} comme sous-groupe de S_n
    > // Générer un cycle de S_n ne contenant pas n
    > c := sigma * StandardCycle(Sn,k) * sigma^-1 where sigma is Random(Sn1) where k is Random(2,n-1) ;
    > c ;
    (3, 7, 6, 5)
    > Cycle(c,Max(Support(c))) ;
    {@ 7, 6, 5, 3 @}
    > tau := GoleonConjugation(c) ;
    > tau ;
    (3, 7)(5, 6)
    > // Générer un cyle de S_n contenant n
    > c := Sn!(1,n) * StandardCycle(Sn,k) * Sn!(1,n) where k is Random(2,n-1) ;
    > c := sigma * c * sigma^-1 where sigma is Random(Sn1) ;
    > c ;
    (1, 3, 9, 6, 2, 5, 7)
    > Cycle(c,Max(Support(c))) ;
    {@ 9, 6, 2, 5, 7, 1, 3 @}
    > tau := GoleonConjugation(c) ;
    > tau ;
    (1, 2)(3, 6)(5, 7)
    [/color]
    
    Produit par la fonction suivante. Merci à toi.
    [color=#000000]GoleonConjugation := function(c)       // c est un cycle de Sn
      if IsId(c) then return c ; end if ;  // Attention à un support vide
      Sn := Parent(c) ;
      n := Degree(Sn) ;
      i0 := Max(Support(c)) ;
      // Si n est dans le support alors i0 = n
      // C = séquence des itérés par c de i0
      C := Cycle(c,i0) ;
      if i0 eq n then C := C[2..#C] ; end if ;
      tau := &*[Sn| (C[j],C[k+1-j]) : j in [1..k div 2]] where k is #C ;
      assert Support(tau) subset C  and   tau * c * tau^-1 eq c^-1   and   n^tau eq n ;
      return tau ;
    end function ;
    [/color]
    

    II. Sous-groupes finis de $\GL_n(\Q)$. Oui, on peut moyenner. Une variante en attaché (un vieux truc de mézigue, énoncé + corrigé).

    III. Il ne faut pas oublier que c'est le fil de Lupulus. Je ne te cache pas que la correspondance de Springer, cela me fait un peu peur. Quand je vois comme j'ai pataugé avec les représentations du groupe symétrique (et tout n'est pas encore limpide).

    IV. Sais tu que certaines représentations irréductibles de $\GL_n$, dites polynomiales, sont pilotées par les partitions en au plus $n$ parts (si j'ai bien compris).

    V. Je vais encore travailler pour mieux comprendre la base de Young-Gelfand-Tsetlin d'une représentation irréductible de $S_n$. Et je vais prendre cette fois de vrais exemples, par exemple la représentation hyperplane en dimension $n-1$. Et pas des exemples au hasard destinés à comprendre et verrouiller mes affaires.95608
    95612
  • Claude
    Je ne sais plus où j'ai lu ça : " quand tu ne sais pas faire un calcul en maths c'est souvent que tu as un problème avec l'algèbre linéaire " (c'est peut-être William Stein), enfin c'était un truc du genre.

    Bon là mon problème c'est comment je récupère une $\Z$-base de $\Omega$ ?
    J'ai fait un petit exemple avec un petit groupe : $\left(\begin{array}{rr}
    1 & 0 \\
    \frac{3}{2} & -1
    \end{array}\right)$. C'est une matrice d'ordre $2$.
    Donc si on regarde la démonstration que tu as donnée, on est amené à considérer $\Omega = \Z e_1 + \Z e_2 +\Z \begin{bmatrix} 1 \\ \frac{3}{2}\end{bmatrix} + \Z \begin{bmatrix} 0 \\ -1\end{bmatrix}$.
    Donc l'idée c'est que si on a une $\Z$-base de $\Omega$ c'est gagné. Ici, je bidouille et je dis oui oui une $\Z$-base est $ \begin{bmatrix} 1 \\ 0\end{bmatrix}, \begin{bmatrix} 0 \\ 1/2\end{bmatrix}$ et donc j'introduis la conjugaison par la matrice de la base.
    sage: sigma
    [  1   0]
    [3/2  -1]
    sage: P
    [  1   0]
    [  0 1/2]
    sage: P^-1*sigma*P
    [ 1  0]
    [ 3 -1]
    sage: Psigma = A^-1*sigma*A
    sage: Psigma
    [ 1  0]
    [ 3 -1]
    sage: p^2
    [1 0]
    [0 1]
    
    Est-ce que tu peux me dire le bonne quel est le bon outil pour gérer les $\Z$-bases des réseaux de $\Q^n$ ? Est-ce que c'est un algorithme de Smith ?

    Mince : c'est de plus en plus hors sujet !

    PS. Bien sûr, je ne connais pas les représentations polynomiales de $\text{GL}_n$ !
  • C'est bien vrai que Lupulus nous a laissé sa maison bien propre, et nous on est en train de la saloper un max. Il va falloir nettoyer. Demain, je fais un post sur les représentations, histoire d'essayer de remettre de l'ordre. Mais en attendant.

    1. Ce n'est pas Smith mais Hermite : forme normale d'Hermite après avoir multiplié la matrice par un entier pour la faire rentrer dans $\Z$. Ce que tu veux c'est simplement une base du sous-module d'un $\Z^N$ engendré par des vecteurs de $\Z^N$. Je t'en dirais plus demain car mon logiciel bosse en lignes et pas en colonnes.

    2. Quant à ta conjugaison, on aura qu'à dire que c'est pour réparer le lemme 2.2 des russes. Mais figure toi que je viens de me faire contrôler. Double faute dans ma version précédente : absence de spécification : -5 points. Et manque d'uniformité : -7 points.

    Du coup, je répare : étant donné un cycle $c$, il y a toujours $\tau$ d''ordre 2, de support contenu dans le support de $c$ privé de son maximum, qui conjugue $c$ et $c^{-1}$. Et donc si $n$ est dans le support de $c$ ...etc..
    [color=#000000]GoleonConjugation := function(c)       // c est un cycle de S_n
      // Soit S le support du cycle c
      // Retourne une permutation d'ordre 2 conjuguant c et c^-1, de support contenu dans S \ {Max(S)} 
      S := Support(c) ;
      if IsEmpty(S) then return c ; end if ; 
      // On considère la séquence cyclique de c commençant par le max du support et on écarte son premier élément
      C := Cycle(c, Max(S))[2..#S] ;
      Sn := Parent(c) ;
      tau := &*[Sn| (C[j],C[#C+1-j]) : j in [1 .. #C div 2]] ;
      assert Support(tau) subset C  and   tau * c * tau^-1 eq c^-1  ;
      return tau ;
    end function ;
    [/color]
    
  • $\def\LL#1{\lambda^{(#1)}}\def\YY#1{Y^{(#1)}}\def\GL{\text{GL}}$Lupulus,
    Désolé si j'ai fait dévier le fil, ce n'est pas que de ma faute. Comme déjà dit, les représentations et tout ce qui va avec, cela a fait chauffé ma pauvre tête. Pour essayer bientôt de revenir au sujet, je pointe un article de MSRI vol. 38 (1999) Combinatorial Representation Theory de H. Barcelo & A. Ram in http://library.msri.org/books/Book38/files/barcelo.pdf. Beaucoup de choses sur lesquelles je suis ignorant : représentations de $\GL_n$, construction de Borel-Weil-Bott, dualité de Schur-Weyl, correspondance de Springer ...etc...

    Mais ici, je continue mon investigation concernant l'article (2005) des ``russes'' A. M. Vershik and A. Yu. Okounkov in https://arxiv.org/pdf/math/0503040.pdf, en particulier la section 5. Je ne sais pas me contenter de ``les représentations irréductibles de $S_n$ (en caractéristique 0) sont en correspondance biunivoque avec les partitions de $n$''. Quand on a dit cela, est ce que l'on a dit quelque chose ?

    $\bullet$ Bref, ce que je voudrais faire ici, c'est raconter (de la manière la plus self-contained possible, sans trop de références au passé mais un peu quand même) que les 3 objets ci-dessous sont pareils. On fixe un entier $n$.

    (1) Un objet relevant de l'algèbre linéaire : un $n$-vecteur spectral $a = (a_1, \cdots, a_n) \in \Z^n$ (vecteur de poids, weight vector, content vector)
    (2) Un objet combinatoire : un $n$-tableau standard $t$ (dit parfois de Young)
    (3) Un autre objet combinatoire : un $\prec$-chemin emboité de partitions $\gamma = (\LL1 \prec \LL2 \prec \cdots \prec \LL{n})$ où $\LL{k}$ est une partition de $k$. En diagramme de Ferrers : $\gamma \simeq (\YY0 = \emptyset \subset \YY1 \subset \YY2\subset \cdots \subset \YY{n})$ avec $\YY{k} \setminus \YY{k-1}$ réduit à un point.

    $\bullet$ C'est quoi un $n$-vecteur spectral $a = (a_1, \cdots, a_n) \in \Z^n$ ? En passant, c'est le point fort de l'article des russes car ils le font débarquer de manière naturelle comme valeurs propres de vecteurs propres communs à $n$ opérateurs $X_k \times \bullet$ où $X_k \in \Z[S_n]$, $1 \le k \le n$, commutant deux à deux. Et ceci sur n'importe quelle représentation irréductible $(W, \rho)$ de $S_n$.

    De manière intrinséque, trois conditions sur $a$ pour être spectral
    $\blacktriangleright$ $a_1 = 0$
    $\blacktriangleright$ pour $j > 1$, il existe un $i < j$ tel que $|a_j - a_i| = 1$
    $\blacktriangleright$ si $a_i = a_j$ avec $i < j$ alors $a_i - 1$ et $a_i+1$ figurent parmi les $a_k$ avec $i < k < j$.

    $\bullet$ C'est quoi un $n$-tableau standard $t$ ? C'est un machin comme cela où ci-dessous $n=8$
    [color=#000000]> t ;
    Tableau of shape: 3 2 2 1 
    1 4 6 
    2 5 
    3 7 
    8 
    > Weight(t) ;
    8
    > Shape(t) ;
    [ 3, 2, 2, 1 ]
    [/color]
    
    On y voit un tableau à $n=8$ cases, à 4 lignes, tableau dans lequel sont répartis les entiers de 1 à $n$, de manière croissante horizontale (de gauche à droite) et également de manière verticale (de haut en bas). On voit également que $t$ a une forme (shape) qui est la partition $\lambda = (3, 2,2,1)$ de $n=8$, de longueur 4.

    $\bullet$ Et un exemple pour le dernier objet combinatoire (partitions emboitées)
    [color=#000000]> YoungPath(a) ;
    [
        [ 1 ],
        [ 1, 1 ],
        [ 1, 1, 1 ],
        [ 2, 1, 1 ],
        [ 2, 2, 1 ],
        [ 3, 2, 1 ],
        [ 3, 2, 2 ],
        [ 3, 2, 2, 1 ]
    ]
    [/color]
    

    $\bullet$ Et on passe de manière mécanique d'un objet à un autre. Pour les détails, cf la section 5 de l'article des russes. Cela s'implémente de manière plus ou moins facile (j'en sais quelque chose). Le plus simple est la construction du $n$-vecteur spectral $a$ en fonction du tableau standard $t$ : pour $1 \le i \le n$, $a_i$ vaut $x-y$ si l'entier $i$ est en position $(x,y)$ dans le tableau $t$.
    [color=#000000]/*
    > t ;
    Tableau of shape: 3 2 2 1 
    --- x----> 
    |  1 3 5 
    |  2 4 
    y  6 8    <--- row = tRows[y]
    |  7 
    v
    */
    StandardTableauToWeightVector := function(t)
      // Soit n le nombre de cases de t
      // Retourne une séquence a de longueur n définie par a[i ] = x-y si i est en (x,y) dans t
      assert IsStandard(t) ;
      tRows := Rows(t) ;
      a := [Z| ] ;
      for y := 1 to #tRows do
        row := tRows[y] ;
        // Attention (x,y) est sur la ligne y en position x
        for x := 1 to #row do a[Z!row[x]] := x-y ; end for ;
      end for ;
      return a ;
    end function ;
    [/color]
    
    Ce qui a été plus chaud pour moi, c'est de construire $t$ à partir de $a$. J'ai un peu triché en produisant $\gamma$ à partir de $a$ et en obtenant $t$ de la manière suivante : si $\YY{i} \setminus \YY{i-1}$ est réduit à la case $(x,y)$, on colle $i$ dans le tableau $t$ à l'endroit $(x,y)$. Plus facile à dire qu'à faire.

    $\fbox {Bref : $a$, $t$, $\gamma$, même combat}$. C'est cela que je voulais faire passer ici.

    $\bullet$ Tout le binz ci-dessus a été obtenu de la manière suivante via des fonctions écrites à l'occasion
    [color=#000000]> lambda := [3,2,2,1] ;
    > &+lambda ;
    8
    > T := SetToSequence(StandardTableaux(lambda)) ;
    > t := Random(T) ;
    > t ;
    Tableau of shape: 3 2 2 1 
    1 4 6 
    2 5 
    3 7 
    8 
    > Weight(t) ;
    8
    > Shape(t) ;
    [ 3, 2, 2, 1 ]
    > 
    > a := StandardTableauToWeightVector(t) ;
    > a ;
    [ 0, -1, -2, 1, 0, 2, -1, -3 ]
    > WeightVectorToStandardTableau(a) ;
    Tableau of shape: 3 2 2 1 
    1 4 6 
    2 5 
    3 7 
    8 
    > 
    > YoungPath(a) ;
    [
        [ 1 ],
        [ 1, 1 ],
        [ 1, 1, 1 ],
        [ 2, 1, 1 ],
        [ 2, 2, 1 ],
        [ 3, 2, 1 ],
        [ 3, 2, 2 ],
        [ 3, 2, 2, 1 ]
    ]
    [/color]
    

    $\bullet$ L'article (des russes) date de 2005. Je pense que ce n'est pas demain la veille que l'on exposera la théorie de la représentation linéaire du groupe symétrique $S_n$ de leur manière. Cf les exposés habituels qui balancent la purée en introduisant les tableaux de toutes sortes (approche dite de Young, je pense).

    Ces deux auteurs refont TOUT. Y compris la production explicite de $\rho : S_n \to \GL_d(\Q)$ à partir d'une partition $\lambda$ de $n$, $d$ étant la dimension de la représentation irréductible (nombre de tableaux standards de forme $\lambda$). Ainsi que des choses sur lesquelles je suis ignare, par exemple, des formules dites de Young, la ``Murnaghan-Nakayama rule'' ..etc.. Note : l'aspect groupe de Coxeter de $S_n$ y est fondamental. Et bien entendu, divers aspects algébriques (sous-algèbres de $\Z[S_n]$ ...etc..).
  • [Un article de Cartier] sur les travaux trouvant leur origine dans l'école de Saint-Petersbourg.
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.