discriminant

Bonsoir, j'ai un exercice !

Prouver que le discriminant de $\ \mathbb Q[\sqrt 3,\sqrt 5]\ $ vaut $\ 2^23^45^6.$

Je ne vois pas comment faire.
Merci des éclaircissements.

Réponses

  • C'est du cours : un corps biquadratique $K = \mathbb{Q} \left( \sqrt{a_1}, \sqrt{a_2} \right)$ possède trois sous-corps quadratiques intermédiaires $\Bbbk_i = \mathbb{Q} \left( \sqrt{a_i} \right)$ ($i \in \{1,2,3 \}$), où l'on a posé $a_1 a_2 = a_3 m^2$ avec $m$ le plus grand carré divisant $a_1 a_2$ (par convention, si $K$ est imaginaire, alors $\Bbbk_1$ est le seul sous-corps quadratique réel de $K$). On a alors $d_K = d_{\Bbbk_1} d_{\Bbbk_2} d_{\Bbbk_3}$.

    Ici, $m=1$, $\Bbbk_1 = \mathbb{Q} \left( \sqrt{3} \right)$, $\Bbbk_2= \mathbb{Q} \left( \sqrt{5} \right)$ et $\Bbbk_3 = \mathbb{Q} \left( \sqrt{15} \right)$ de sorte que
    $$d_K = 12 \times 5 \times 60 = 3600 = 2^4 \times 3^2 \times 5^2.$$
    Il y a donc une erreur dans ton énoncé.
  • @noix de totos
    Je dois avouer que je ne connais pas mon cours. Je suppose que cela se prouve sans exhiber une base de l'anneau des entiers ?

    Est ce encore vrai pour une extension ``multi-quadratique'' ? I.e. est ce que le discriminant d'une telle extension est le produit des discriminants des sous-extensions quadratiques ? Exemple : pour un entier $a \in \Z$ non carré, je note $D(a) = \text{Disc}(\Q(\sqrt a))$. Il semble que l'on ait :
    $$
    \text{Disc}\big(\Q(\sqrt a, \sqrt b, \sqrt c)\big) = D(a)D(b)D(c)\ D(ab)D(ac)D(bc)\ D(abc)
    $$
    Etant entendu que parmi $a, b, c, ab, ..$, aucun n'est un carré.

    AJOUT Cela doit être une conséquence de ``Discriminant Conductor Formula''. De manière générale soit $r$ entiers $a_1, \ldots, a_r$ tels que
    $\prod_{i \in I} a_i$ soit non carré pour tout $I \ne \emptyset$. Notons $K = \Q(\sqrt {a_1}, \cdots, \sqrt {a_r})$. Alors :
    $$
    \text{Gal}(K/\Q) = \prod_{i=1}^r \text{Gal}(\Q(\sqrt {a_i}/\Q)
    $$
    Avec des notations que l'on devine, un caractère $\chi$ sur $\text{Gal}(K/\Q)$ s'écrit de manière unique :
    $$
    \chi = \chi_1^{e_1} \cdots \chi_r^{e_r}, \qquad e_i = 0,1
    $$
    Et le conducteur de $\chi$ s'obtient de la manière suivante, en notant $I$ l'ensemble des $i$ tels que $e_i = 1$ :
    $$
    \text{Cond}(\chi) = \text{Disc}\big(\Q( \sqrt {\pi_I}) \big), \qquad \pi_I = \prod_{i\in I} a_i
    $$
    ce qui fait que :
    $$
    \text{Disc}(K/\Q) = \prod_I \text{Disc}\big(\Q( \sqrt {\pi_I}) \big)
    $$
  • @Claude Quitté : Pour une démonstration utilisant une base entière, voir http://people.math.carleton.ca/~williams/papers/pdf/033.pdf
  • Autre méthode plus simple ici : si $K = K_1 K_2$ est le corps composé de $K_1$ et $K_2$ tel que $\left[K : \mathbb{Q} \right] = \left[K_1 : \mathbb{Q} \right] \times \left[K_2 : \mathbb{Q} \right]$, alors on a $\left( d_{K_1},d_{K_2} \right) = 1$ et
    $$d_K = d_{K_1}^{\left[K_2 : \mathbb{Q} \right]} \times d_{K_2}^{\left[K_1 : \mathbb{Q} \right]}.$$
    On est ici dans ce cadre avec $d_{K_1} = 12$ et $d_{K_2} = 5$.
  • @noix de totos.
    Vu (les deux posts). Merci.
  • Merci pour toutes ces réponses

    l'énoncé venait du Steward-Tall p 57

    A cet endroit il n'y a rigoureusement rien du tout dans le livre hors mis la définition via une base entière et le produit des \sigma(\alpha_i).

    Quelqu'un verrait-il une solution basique?

    La valeur 4.9.25 est, soit dit en passant celle que l'on obtient par la base (pas encore entière à ce stade)
    1, V3,(1+V5)/2, V3(1+V5)/2
    qui du coup est bien une base des entiers
  • @noradan
    Tu dis ``Quelqu'un verrait-il une solution basique ?''. Oui : toi. Tu poses $x = \sqrt 3$, $y = {1 + \sqrt 5 \over 2}$. Et tu montres que $(1,x,y,xy)$ est une $\Z$-base de l'anneau des entiers de $\Q(\sqrt 3, \sqrt 5)$. Ce qui demande un peu de travail.
  • L'une des solutions les plus basiques consiste à utiliser ce que j'ai dit dans mon dernier message.
  • c'est vrai que ma question était un peu idiote.
    A ma décharge, déterminer explicitement les entiers d'une extension est souvent une vrai horreur comme dans le cas des corps cubiques. A moins qu'il y ait encore une méthode magiques. Une biquadratique explicite c'est encore raisonnable

    @ noix de toto
    je n'ai pas trouvé où que ce soit la moindre référence ni concernant les corps composés ni sur la première méthode.

    Existe-t-il des preuves de ces résultats qui ne passe pas par la formule du conducteur
    Me farcir 500 pages de Neukich me fait un peu peur et surtout... j'en ai pour un moment.

    Certes c'est particulièrement joli mais ce sera pour plus tard après avoir progressé !
  • Je m'avance peut-être mais ça doit être fait dans le Lang.
  • @Noradan
    Tu parles du Neukirch, Algebraic Number Theory ? Il ne fait que 294 pages.

    J'ai regardé I. Steward & D. Tall. Là où est situé l'exercice, en principe, il est faisable.
    Quelques pistes. Soit $z \in \Q(\sqrt 3, \sqrt 5)$ entier sur $\Z$ que l'on écrit sur la $\Q$-base :
    $$
    z = r + s \sqrt 3 + t {1 + \sqrt 5 \over 2} + u \sqrt 3 {1 + \sqrt 5 \over 2}, \qquad r, s, t, u \in \Q
    $$
    A toi de deviner ce qu'est $\sigma$ et pourquoi $\sigma(z)$ est entier sur $\Z$ :
    $$
    \sigma(z) = r - s \sqrt 3 + t {1 - \sqrt 5 \over 2} - u \sqrt 3 {1 - \sqrt 5 \over 2}
    $$
    En considérant $z + \sigma(z)$, tu dois obtenir $\fbox{$u \in \Z$}$ et $\fbox {$2r + t \in \Z$}$.

    On est donc ramené à étudier les $z$ entiers de la forme :
    $$
    z = r + s \sqrt 3 + t {1 + \sqrt 5 \over 2}, \qquad r, s, t \in \Q
    $$
    Rebelote avec un certain $\tau$ :
    $$
    \tau(z) = r - s \sqrt 3 + t {1 + \sqrt 5 \over 2},
    $$
    Et en considérant $z + \tau(z)$, sans oublier le deuxième encadré ...etc...

    Et si tout va bien, on obtient $r, s, t, u \in \Z$.
  • L'égalité
    $$d_{K_1 K_2} = d_{K_1}^{\left[ K_2 : \mathbb{Q} \right]} \times d_{K_2}^{\left[ K_1 : \mathbb{Q} \right]} $$
    valide dès lors que $\left [ K_1 K_2 : \mathbb{Q} \right] = \left [ K_1 : \mathbb{Q} \right] \times \left [ K_2 : \mathbb{Q} \right]$, est dans tous les (bons) cours de théorie algébrique des nombres.

    Par exemple sur le net : http://math.stanford.edu/~conrad/154Page/handouts/disccomposite.pdf
  • Une petite question : existe-t-il une $\Z$-base normale de $\mathcal O_K$ ?
  • @noix de totos: j'imagine qu'il faut supposer que $d_{K_1}$ et $d_{K_2}$ sont premiers entre eux, non ?
  • @gai-requin
    Bases normales et tutti-quanti. Quelques exercices faciles.

    1) Soit $D$ un discriminant quadratique fondamental. Alors $\Q(\sqrt D)$ admet une base entière normale si et seulement si $D \equiv 1 \bmod 4$ ; et dans ce cas, ${1 \pm \sqrt D \over 2}$ en est une. Il te reste à traiter $D \equiv 0 \bmod 4$.

    2) Soit $L/\Q$ une extension galoisienne de groupe de Galois $G$ admettant une base normale entière engendrée par $z \in \mathcal O_L$. Alors, pour $H \subset G$, on dispose d'une $\Z$-base explicite de $\mathcal O_{L^H}$, n'est ce pas ? Et si $H$ est distingué dans $G$, alors la $H$-période principale de Gauss, i.e. $\text{Tr}_{L/L^H}(z)$, engendre une base entière normale de $L^H/\Q$ i.e. une $\Z$-base normale de $\mathcal O_{L^H}$.

    3) Bilan : $\Q(\sqrt 3, \sqrt 5)$ n'admet pas de base normale entière à cause de l'obstruction fournie par $\Q(\sqrt 3)$.

    Note : le 1) est en accord (heureusement) avec le théorème de Hilbert-Speiser (être contenu dans une extension cyclotomique de niveau un entier impair sans facteur carré).
  • @Killersmile38 :

    si tu lis bien le document que j'ai mis ci-dessus, tu y verras que la condition sur les degrés implique que $\left( d_{K_1},d_{K_2} \right) = 1$ et aussi (et surtout) que $\mathcal{O}_{K_1 K_2} = \mathcal{O}_{K_1} \mathcal{O}_{K_2}$.
  • Ca semble louche !
  • Non, c'est moi qui ai mal lu (honte à moi !).

    Effectivement, c'est faux, c'est même le contraire (voir [1, Theorems 87 and 88]) : Si $\left( d_K , d_L \right) = 1$, alors $\left[ KL : \mathbb{Q} \right] = \left[ K : \mathbb{Q} \right] \times \left[ L : \mathbb{Q} \right]$ et, sous cette hypothèse
    $$d_{KL} = d_K^{\left[ L : \mathbb{Q} \right]} \times d_L^{\left[ K : \mathbb{Q} \right] }.$$

    Référence.

    D. Hilbert, The Theory of algebraic Number Fields, Springer, 1998. https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=_Q2h83Bm94cC&q=theorem+87#v=snippet&q=theorem 87&f=false
  • Hello,
    Est ce qu'il y a une ``conclusion'' à donner cette histoire ? En tout cas, Noradan semble parti, probablement découragé. L'avons nous aidé ? J'ai des doutes. Et j'en suis le premier responsable via mon premier post dans lequel j'ai mentionné ``Discriminant Conductor Formula'' (et également mon ignorance ``du cours''). J'ai bien essayé de rattraper le coup avec une approche élémentaire dans http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1578586,1579774#msg-1579774. Et d'ailleurs, j'étais prêt à écrire un ``corrrigé'' détaillé puisque je dispose de l'ouvrage ``Algebraic Number Theory and Fermat's Last Theorem'' (I. Stewart & D. Tall) dont est tiré l'exercice. Et du coup, je pense (bémol plus loin) que je suis susceptible de situer le niveau requis.

    De quoi était-il question ? De calculer le discriminant de $\Q(\sqrt 3, \sqrt 5)$, exercice 4 de la section 2.7, page 58 in https://kashanu.ac.ir/Files/Content/ANT.pdf. Quand je dis ci-dessus ``je pense'', ce n'est pas si clair que cela car il n'est pas demandé de base entière (comparer avec l'exercice 8).

    Venons en aux mathématiques. Suite aux expressions ``c'est du cours'', ``solution basique figurant dans les (bons) cours de théorie algébrique des nombres'', ``cela doit être fait dans ...'' et vu mon ignorance, j'ai voulu en savoir plus. J'avais bien entendu parler, pour deux corps de nombres $K_1, K_2$, des conséquences de l'hypothèse ``les discriminants de $K_1, K_2$ sont premiers entre eux'' mais je n'étais pas clair du tout. Je dois avouer que j'y travaille depuis hier et que c'est encore loin d'être clair dans ma tête (je parle de la preuve, bien entendu).

    Il y a au moins 3 aspects, conséquences de $\fbox {$d_{K_1} \wedge d_{K_2} = 1$}$ :

    1) Linéaire disjonction de $K_1, K_2$ sur $\Q$.

    2) L'aspect ``produit tensoriel'' des anneaux d'entiers : $\mathcal O_{K_1K_2} = \mathcal O_{K_1} \otimes_\Z \mathcal O_{K_2}$, ce qui peut être raconté sans produit tensoriel : le ``produit'' d'une $\Z$-base de $\mathcal O_{K_1}$ et d'une $\Z$-base de $\mathcal O_{K_2}$ est une $\Z$-base de $\mathcal O_{K}$ où $K$ est ``le'' compositum de $K_1$ et $K_2$.

    3) La formule qui donne le discriminant de $K$ en fonction des discriminants des $K_i$. Qui est conséquence, une fois le point 2) acquis, de :
    $$
    \det(u \otimes v) = \det(u)^{\dim v} \ \det(v)^{\dim u} \qquad \hbox {($u,v$ endomorphismes d'un module libre)}
    $$
    Le premier problème pour moi a été de trouver des références dans les ouvrages dont je dispose, en particulier dans Frölich & Taylor, Lang, Ribenboim (je ne dispose pas de l'ouvrage de Hilbert qui a été pointé).

    A ma grande surprise, je n'ai pas trouvé la formule 3) dans le Frölich & Taylor mais j'ai trouvé (en 2.13 page 124) le point 2) sous couvert de l'hypothèse encadrée ET de 1). Idem dans Lang (prop. 17 page 68) où l'hypothèse 1) de disjonction linéaire est ajoutée à l'hypothèse encadrée (et Lang donne la formule 3). Mais il est bien connu que Frölich & Taylor, ainsi que Lang, sont des petits joueurs en Théorie Algébrique des Nombres.

    J'ai trouvé la totale dans Ribenboim (point W, page 254). Il faut noter le numéro de la page. Où l'on voit que montrer la disjonction élémentaire à partir de l'hypothèse encadrée n'est pas une mince affaire.

    Quant à la page pointée discomposite.pdf (Math 154 de B. Conrad), elle est totalement insuffisante. Il y est question de choses vues en classe, d'un certain travail à faire dans HW4 (Home Work 4) ...etc... J'ai cherché dans le cours Math 154 (Algebraic Number Theory de Briand Conrad & A. Landesman) http://math.stanford.edu/~conrad/154Page/handouts/undergraduate-number-theory.pdf mais je n'ai rien trouvé. Note : ne pas confondre Keith Conrad et Briand Conrad : ils sont frères.

    Vous avez dit ``basique'' ? Hum.


    Noradan : désolé. Les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Comme déjà dit, je suis prêt à écrire un corrigé détaillé en utilisant uniquement les connaissances figurant avant la page 58 de l'ouvrage de Steward & Tall.
  • Je n'ai pas l'impression que nos messages respectifs aient été inutiles, bien au contraire. Il arrive souvent que des demandeurs s'éloignent un temps de la discussion.

    En ce qui me concerne, j'ai :

    1. Donné trois méthodes possibles pour calculer ce discriminant, dont l'une en fournissant un article de recherche ;
    2. Relevé l'erreur du premier message du demandeur.

    Donc, pour moi, j'ai fait le job.

    Enfin, je pense que la dernière référence que j'ai donnée (Hilbert) répond correctement au problème posé (pour les corps composés). Seul bémol : j'aurais pu (et dû) y penser plus tôt, mais comme je suis sur un problème difficile en ce moment, je n'avais pas toute ma tête...
  • Bonsoir Claude,

    Concernant le point 2) je n'arrive pas à comprendre pourquoi l'égalité : $\mathcal O_{K_1K_2} = \mathcal O_{K_1} \otimes_\Z \mathcal O_{K_2}$ dépend des discriminants de $K_1$ et de $K_2$. Est-ce que tu peux détailler ou expliquer un peu ?

    Je vois que lorsque $K_1$ et $K_2$ ont intersections non triviales ($\ne \Q$) il y a des choses qui "comptent double" mais je ne comprends pas ce qu'ajoute l'hypothèse sur les discriminants (ramification indépendante).
  • @moduloP

    Je ne sais pas comment m'y prendre pour te répondre car d'une part je ne suis pas clair sur certains points et d'autre part, dans cette histoire, il y a des choses que je trouve compliquées. Exemple (pour illustrer ``choses compliquées'') : dans le contexte de mon post http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1578586,1580562#msg-1580562, Ribenboim ne va pas montrer 3) à partir de 2) mais 2) à partir de 3) !! Autre exemple : si dans mon post pointé, je remplace le corps de base $\Q$ par un corps de nombres $E$, j'ignore si la comaximalité des discriminants (qui sont des idéaux de $\mathcal O_E$) entraine la disjonction linéaire sur $E$ des $E$-extensions.

    Mais je fournis quand même une première réponse en espérant que peut-être on va y voir plus clair. Le contexte est celui de mon post pointé : deux corps de nombres $K_1, K_2$. Je numérote cette première réponse à l'aide de petits points minuscules.

    (A) Attention au fait que la ``propriété $K_1, K_2$ linéairement disjoints sur $\Q$'' n'est pas équivalente à $K_1 \cap K_2 = \Q$. Certes, tu n'as rien dit de tel mais tu as mentionné le mot ``intersection''.

    (B) Contexte : $B$ une $A$-algèbre libre de dimension finie, $A$ anneau commutatif. Dans ce contexte, les matrices traciques qui interviennent sont des matrices carrées au sens de Bourbaki. Je vais dire strictement carrée pour éviter la panique. Rappel : chez lui, une matrice strictement carrée n'est pas une matrice dont le nombre de lignes est égal au nombre de colonnes MAIS une matrice indexée par $I \times I$, $I$ ensemble fini. Nuance. Une telle matrice strictement carrée possède un déterminant ; ce qui n'est pas le cas d'une matrice $(a_{i,j})_{I \times J}$ avec $\#I = \#J$. Dans le contexte de ce point, la matrice tracique d'une famille finie $(b_i)_{i \in I}$ d'éléments de $B$ est la matrice strictement carrée $(\text{Tr}_{B/A}(b_ib_{i'}))_{I \times I}$, dont le déterminant, bien défini, est le discriminant de la famille.

    (C) Quand tu disposes de deux matrices strictement carrées $M$ et $N$, la première indexée par $I \times I$, la seconde par $J \times J$, tu peux former leur produit tensoriel (ou produit de Kronecker) $M \otimes N$, qui est une matrice strictement carrée indexée par $(I \times J) \times (I \times J)$. Et dont le déterminant est :
    $$
    \det(M \otimes N) = \det(M)^{\#J} \times \det(N)^{\#I}
    $$
    On en a déjà parlé dans le fil que tu as initié.

    (D) Venons en à l'égalité $\mathcal O_{K_1K_2} = \mathcal O_{K_1} \otimes_\Z \mathcal O_{K_2}$. On va faire comme si on était clair sur le compositum $K_1K_2$, sinon on ne va pas s'en sortir. D'une part , cette égalité est mal écrite (fort possible que j'ai mentionné une telle égalité) et d'autre part, j'ai envie d'y faire disparaître le produit tensoriel en disant :
    $$
    \hbox {le produit d'une $\Z$-base de $\mathcal O_{K_1}$ et d'une $\Z$-base de $\mathcal O_{K_2}$ est une $\Z$-base de $\mathcal O_{K_1K_2}$}
    \qquad (\spadesuit)
    $$
    Bien sûr, il s'agit de produit ``au sens de Kronecker''. Et ci c'est vrai pour une base de $\mathcal O_{K_1}$ et d'une base de $\mathcal O_{K_2}$, c'est vrai pour n'importe quelles bases.

    Je ne sais pas si cette propriété $(\spadesuit)$ possède un nom. Elle entraîne le fait que $K_1, K_2$ sont linéairement disjoints sur $\Q$. Note : Frölich & Taylor utilisent, en III.2.13, page 125, la terminologie ``arithmetically disjoint extensions'', bien plus fort que ``linearly disjoint extensions'', mais ce n'est PAS dans le sens $(\spadesuit)$.

    Supposons donc $(\spadesuit)$. Aucune raison a priori que cela entraine le fait que les discriminants de $K_1, K_2$ sont premiers entre eux, sauf que pour l'instant je ne dispose pas d'exemple. Alors, en utilisant les points $(B)$ et $(C)$ (et peut-être d'autre chose ?), on obtient la formule du discriminant :
    $$
    \text{Dis}(K_1K_2) = \text {Disc}(K_1)^{[K_2 : \Q]} \times \text {Disc}(K_2)^{[K_1 : \Q]}
    $$
    Voilà. C'est ma première réponse !


    De la lecture au cas où tu ne serais pas convaincu par ``choses compliquées" : Briand Conrad, Math 154, Algebraic Number Theory (Handouts) http://math.stanford.edu/~conrad/154Page/handouts/unramcomp.pdf. Attention : c'est n'est pas le disccomposite.pdf déjà pointé (Discriminant of composite fields) mais un autre (Unramifiedness and composite fields).

    Autre chose : si tu disposes du Lang (Algebraic Number Theory), regarde bien le contexte de l'énoncé la proposition 17, page 68. Ainsi que la preuve (utilisation de la différente et du ``complementary module''). Note que Lang prend en charge $(\spadesuit)$ mais laisse en exercice la formule du discriminant.

    A suivre ?
  • Effectivement, l'intersection n'est pas tout a fait la bonne condition, disons qu'il faut que cette intersection soit triviale pour tout les plongements de $K_1$ et $K_2$ dans une clôture. Est-ce que tu es d'accord ?

    Je vais prendre du temps pour lire, je te réponds peut-être après le week-end. Merci de cette réponse
  • @moduloP

    Je commence par une remarque : j'ai tout mon temps (je ne veux pas faire avancer la science et de toute manière, il faudra bien qu'elle avance sans moi). Et quand il s'agit de comprendre des choses que j'estime de base, le temps ne compte pas.

    Pour l'instant, sur la sellette : disjonction linéaire en théorie des corps. Il est indispensable d'être clair là-dessus. Ma référence a toujours été Bourbaki, Algèbre V (Corps commutatifs). Est ce que tu possèdes une définition sérieuse et sûre (de la disjonction linéaire) ?

    Car b.rd.l de m.rd. : les ennuis débarquent. Regarde le pdf ``Notes on Galois modules'' de Johnston in https://www.dpmms.cam.ac.uk/~hlj31/GM_CourseNotes101.pd, définition 5.1, page 9. $L,K$ deux extensions finies d'un corps $F$, contenues dans une clôture séparable $\overline F$ ; then we say that $L$ and $K$ are linearly disjoint over $F$ if $K \cap L = F$. Et il ajoute que c'est équivalent à :
    $$
    [LK : F] = [L : F] \times [K : F], \qquad \hbox {ou bien à} \qquad [K : F] = [LK : L]
    $$
    Quelque chose ne colle pas. Considérer $F = \Q$ et dans un corps de décomposition de $X^3 - 2$ sur $\Q$, prendre $L = \Q(\root 3 \of 2)$, $K = \Q(j\root 3 \of 2)$. On a $L \cap K = \Q$ et pourtant $L,K$ ne sont pas linéairement disjointes sur $\Q$ (le compositum de $L$ et $K$ sur $\Q$ est de degré $6$ sur $\Q$).

    Et l'auteur donne comme référence Frölich & Taylor, disons (I.49) p. 24. Et b.rd.l de m.rd. bis, chez Frölich-Taylor ``linear disjoint'' est utilisé mais n'a pas été défini (il n'est pas dans l'index mais cela ne veut rien dire car en général, les index sont pourris). Je veux dire qu'il n'est pas défini avant la page 24 (j'ai passé les pages 1 à 24 à deux reprises).

    Bref, impossible d'avancer si cette propriété ``disjonction linéaire'' n'est pas correctement assise. Si tu n'as pas le Bourbaki, je te propose encore de la lecture. toujours Briand Conrad, Algebraic Number Theory MAIS Math 676, cette fois. Suivre http://math.stanford.edu/~conrad/676Page/ puis http://math.stanford.edu/~conrad/676Page/handouts.html. Pour tomber sur ``Discriminants and étale algebras'' in http://math.stanford.edu/~conrad/676Page/handouts/etaledisc.pdf

    A suivre ?
  • La bonne définition est la suivante. Deux sous-extensions $E/K$ et $E'/K$ de $L/K$ sont linéairement disjointes (sur $K$) si toute famille $K$-libre de $E$ est une famille libre $E'$-libre de $EE'$.
    On montre que la définition est symétrique en $E$ et $E'$.

    Cela implique que $E\cap E'=K$, mais cela n'est pas suffisant en général.

    Si les extensions sont algébriques, on peut remplacer famille libre par base, c'est pareil.

    Si les extensions sont finies, cela équivaut effectivement à $[EE':K]=[E:K][E':K]$ ou à $[EE':E']=[E:K]$.

    En particulier, deux extensions finies dont les degrés sont premiers entre eux sont linéairement disjointes.

    Si les deux extensions sont finies, et si une des deux est galoisiennes, alors la disjonction linéaire équivaut à $E\cap E'=K$.


    Dans le cas des corps de nombres, on a une notion d'extensions arithmétiquement disjointes; On dit que $E/\mathbb{Q}$ et $E'/\mathbb{Q}$ (de degré fini) sont arithmétiquement disjointes si $\mathcal{O}_E\otimes_\mathbb{Z}\mathcal{O}_{E'}\to \mathcal{O}_{EE'}$ est un isomorphisme. Deux extensions arithmétiquement disjointes sont en particulier linéairement disjointes.

    On montre que c'est le cas par exemple si $d_E$ et $d_{E'}$ sont premiers entre eux (cf. la référence donnée par noixdetotos)

    Sauf erreur... c'est un peu loin pour moi, tout ça...
  • @killersmile38

    Essayons d'être plus précis.

    1) Ok bien sûr avec ta ``bonne'' définition de disjonction linéaire : c'est celle donnée par Bourbaki. Sauf que la tienne n'a de sens que si on suppose $E,E'$ contenus dans une même $K$-extension $\Omega$. Et comme Bourbaki, c'est Bourbaki, il prend le temps de le dire de manière bien visible (sous-section 5, Extensions linéairement disjointes, de la section 2, Extensions, p. A V 13).

    Et cette définition est indépendante de la réalisation de $E, E'$ dans une même $K$-extension $\Omega$ car la disjonction linéaire de $E, E'$ sur $K$ équivaut au fait que la $K$-algèbre $E \otimes_K E'$ est intègre (cf Bourbaki).

    2) Ta définition de ``d'extensions finies de $\Q$ arithmétiquement disjointes'' n'est PAS en accord avec la définition ``arithmetically disjoint'' de Frölich-Taylor, point (2.13), page 124, dans laquelle les discriminants sont supposés comaximaux. La terminologie en italique est visible en haut de la page 125. J'attache les 2 pages concernées.

    Puis je me permettre de te demander d'où provient TA définition ?

    3) As tu des exemples de corps de nombres arithmétiquement disjoints (au sens de TA définition) dont les discriminants ne sont pas premiers entre eux ?

    Merci.
  • 1) En ce qui concerne Bourbaki, je le crois bien volontiers. Je les ai tous en algèbre/algèbre commutative, mais ne les ai jamais ouverts. En revanche, ils font très bien au-dessus de ma cheminée.

    2) Je plaide les circonstances atténuantes , votre honneur, ça fait 30 ans que je n'ai vu la queue d'un couple d' extensions arithmétiquement disjointes :-D

    3) Je flaire la question piège, mais il me semble, votre honneur, que si $E=\mathbb{Q}(\sqrt{2})$ et $E'=\mathbb{Q}(\sqrt{3})$, qui sont de discriminants respectifs $8$ et $12$, alors $(1,\sqrt{2},\sqrt{3},\sqrt{6})$ est une $\mathbb{Z}$-base de l'anneau des entiers de $EE'$...et donc que cela suggérerait que $E$ et $E'$ sont arithmétiquement disjoints dans mon sens.

    Les spécialistes ou PARI confirmeront...ou pas. En attendant le verdict, votre honneur, je me retire humblement.
  • @killersmile38

    J'essaie d'y voir clair, rien de plus (à ce propos, j'ai raconté une bêtise mais je le dirai plus tard pour éviter les confusions). Pas de piège dans mes questions. Je pensais tout simplement que tu avais vu quelque part la définition d'extensions arithmétiquement disjointes.

    I) A propos de $E = \Q(\sqrt 2)$ et $E' = \Q(\sqrt 3)$. Non, le système que tu donnes n'est pas une $\Z$-base de l'anneau des entiers de $\Q(\sqrt 2, \sqrt 3)$ car $(\sqrt 2 \pm \sqrt 6)/2$ est entier:
    $$
    (\sqrt 2 + \sqrt 6)^2 = 2 + 6 + 2\sqrt 2\sqrt 6 = 8 + 4\sqrt 3 \qquad\Rightarrow\qquad
    \left( {\sqrt 2 + \sqrt 6 \over 2}\right)^2 = 2 + \sqrt 3
    $$

    II) Soient $D_1, D_2$ deux discriminants quadratiques fondamentaux distincts, de sorte que $\Q(\sqrt {D_1})$ et $\Q(\sqrt {D_2})$ sont linéairement disjointes sur $\Q$. A quelle condition ces deux extensions sont-elles arithmétiquement disjointes en ton sens ? Ma réponse : si et seulement si $D_1 \wedge D_2 = 1$.

    Justification.
    Je vais utiliser les deux résultats suivants (dont on a déjà parlé dans ce fil, j'ai la flemme de pointer).
    (a) Le discriminant de $\Q(\sqrt {D_1}, \sqrt {D_2})$ est le produit des 3 discriminants des sous-extensions quadratiques i.e. c'est $D_1D_2D_3$ où $D_3$ est le discriminant de $\Q(\sqrt {D_1D_2})$.
    (b) Si $K_1, K_2$ sont arithmétiquement disjointes en ton sens, alors :
    $$
    \text{Disc}(K_1K_2) = \text{Disc}(K_1)^{[K_2 : \Q]} \text{Disc}(K_2)^{[K_1 : \Q]}
    $$
    Conséquence de (a) et (b). Supposons $\Q(\sqrt {D_1})$ et $\Q(\sqrt {D_2})$ arithmétiquement disjointes ; on doit donc avoir
    $$
    \text{Disc}(\Q(\sqrt {D_1}, \sqrt {D_2})) = D_1^2 D_2^2
    \qquad \hbox {i.e.} \qquad D_1D_2D_3 = D_1^2 D_2^2 \qquad \hbox {i.e.} \qquad D_3 = D_1D_2
    $$
    Et à quelle condition le discriminant $D_3$ de $\Q(\sqrt {D_1D_2})$ est-il égal à $D_1D_2$ ? Si et seulement si $D_1 \wedge D_2 = 1$.

    III)
    Pour l'instant, je n'ai pas d'exemple d'extensions arithmétiquement disjointes $K_1, K_2$ (en ton sens) avec $\text{Disc}(K_1)$ et $\text{Disc}(K_2)$ non premiers entre eux. Et cela serait donc une bonne chose d'accompagner ``ta'' définition d'extensions arithmétiquement disjointes de quelques exemples pertinents (autres que le coup des discriminants premiers en eux). Qu'en dis tu ? Cela serait dommage d'avoir juste une définition, non ?

    IV) Tu ne veux toujours pas me dire où tu as vu cette définition d'extensions arithmétiquement disjointes que tu rapportes ?
  • I) et II) Caramba! encore raté...

    III) toutafé

    IV) si si, je veux bien...dans ma mémoire prodigieusement défaillante, en fait. J'étais persuadé que c'était la définition, mais il faut croire que non. Je pars de ce pas m'auto-flageller, en attendant d'avoir une réponse plus étoffée à III)
  • @killersmile38
    Non, non, surtout pas (t'auto-flageller). Reviens. Après tout, on peut penser que la propriété qui intervient dans ta définition est une propriété qui mérite d'être étudiée. Si tu as le courage de regarder mon post http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1578586,1581602#msg-1581602, tu verras que j'en parle dans le point (D), en supprimant le produit tensoriel (pour éviter de faire peur aux enfants) et en la nommant $(\spadesuit)$ pour la bonne raison que j'ignore si cette propriété possède un nom.

    Chez toi, cela remonte à 30 ans (si je comprends bien) ? Tu as de ``beaux restes'', si je peux me permettre.
  • $\newcommand{\qq}{\mathbb{Q}}$

    En fait, mon cerveau a buggué, je voulais dire $20$ ans. Tu vois que je ne suis bon à rien, je ne suis même pas fichu de faire une simple soustraction correctement (ni de calculer une base d'entiers de $\mathbb{Q}(\sqrt{2},\sqrt{3})$ apparemment).

    Pour essayer de construire un exemple intéressant, en ce qui concerne la question III, on pourrait peut-être essayer de prendre $E=\qq(i)$ et $E'=\qq(\sqrt[n]{d})$ avec $n$ et $d$ à préciser, de sorte que $2$ se ramifie dans $E'$, avec $d>0$ (comme ça, $E$ et $E'$ sont linéairement disjointes directement, paf !) et tel que l'anneau des entiers de $\qq(i)(\sqrt[n]{d})/\qq(i)$ soit monogène, engendré par $\sqrt[n]{d}$.

    Mais peut-être faut-il être plus modeste et commencer par le cas local...
  • Bonjour,

    Je suis toujours avec la notion de linéairement disjoint. Je pense que vous êtes passé a l'étage supérieur :-D

    Si je résume la définition est : soit $E$ et $E'$ deux extensions de $K$. On dit que $E$ et $E'$ sont linéairement disjointes lorsque $E \otimes_K E'$ est une $K$-algèbre intègre.

    Dans cette définition,il n'y a aucune hypothèse de dimension ou de caractère Galoisien.

    Donc un premier truc.

    1/ Si $E$ et $E'$ sont de dimension fini alors $E \otimes E'$ est de dimension fini.
    2/ Si $F$ est une $K$-algèbre fini intègre et de dimension fini sur $K$. Alors $F$ est un corps.

    Pour le 2/ un idée de démonstration, c'est de dire que pour tout $x$ non nul dans $F$ la multiplication $m_x$ par $x$ est un endomorphisme bijectif si et seulement si $m_x$ est injectif (car dimension fini).

    Par suite, si $F$ est intègre et $x \ne 0$ alors $m_x$ est inversible et $1$ admet un inverse.

    Je continu un peu la lecture de vos posts, merci a vous deux ;)
  • @moduloP
    Vu ton dernier post et OK (sauf que ce n'est pas vrai, nous ne sommes pas passés à l'étage supérieur). Et ton post m'amène à corriger une bêtise que j'ai racontée. Ce n'est pas entièrement de ma faute, car je trouve qu'il y a une faiblesse de terminologie. Je reviens donc en arrière avec la notion de disjonction linéaire : pour la définir, il faut être QUATRE et pas TROIS.
    On dispose de deux $K$-extensions $E, E'$ ET d'une $K$-extension $\Omega$ qui contient ce beau monde. Pendant que nous y sommes, c'est une bonne chose de penser à des $K$-morphismes $E \hookrightarrow \Omega$, $E' \hookrightarrow \Omega$ au lieu d'inclusions, même si la glace est mince entre inclusion et $K$-réalisation.
    $$
    \vcenter {\hbox{$
    \xymatrix {
    & \Omega \\
    E\ar@{-}[ur] & & E'\ar@{-}[ul] \\
    &K\ar@{-}[ul] \ar@{-}[ur] \\
    }$}}
    \qquad\qquad
    \begin {array} {l}
    \hbox {(a) toute partie de $E$ qui est $K$-libre est $E'$-libre} \\
    \hbox {(b) toute partie de $E'$ qui est $K$-libre est $E$-libre} \\
    \hbox {(c) $E \otimes_K E' \to \Omega$ est injectif} \\
    \end {array}
    $$
    A droite, il s'agit d'équivalences qui définissent $E, E'$ linéairement disjointes sur $K$, dans $\Omega$. C'est moi qui ajoute dans $\Omega$ pour clarifier les choses mais personne ne le dit. Cela n'a pas de sens a priori de parler de $E,E'$ linéairement disjointes sur $K$ sans disposer de $\Omega$ (dans les définitions (a), (b), il faut bien que $E, E'$ soient contenues dans un même ambiant).

    On montre alors que $E \cap E' = K$ (facile) et il est clair que $E \otimes_K E'$ est intègre.

    Qu'en est-il de la réciproque i.e. de $E \otimes_K E'$ intègre ? Alors $E, E'$ sont linéairement disjointes sur $K$ dans $\Omega = \text{Frac}(E \otimes_K E')$. Mais PAS dans n'importe quelle $K$-extension $\Omega$ dans laquelle $E, E'$ se $K$-réalisent.

    CEPENDANT, si $E/K$ et $E'/K$ sont finies et $E \otimes_K E'$ intègre, alors $E \otimes_K E'$ est un corps (cf post de moduloP) et donc $E \otimes_K E' \to \Omega$ est injectif pour n'importe quelle $K$-extension $\Omega$ dans laquelle $E,E'$ se $K$-réalisent. C'est encore vrai si l'on suppose seulement que l'une des deux $E$ ou $E'$ est algébrique sur $K$ : par exemple, si $E$ est algébrique sur $K$, alors $E \otimes_K E'$ est algébrique sur $E'$ ; étant intègre, c'est un corps ...etc...

    Un exemple.
    Soit $E/K$ galoisienne et $E \cap E' = K$. Alors $E,E'$ sont linéairement disjointes sur $K$ dans n'importe quel $\Omega$. C'est le trick de l'élément primitif. Soit $P \in K[X]$ le polynôme minimal d'un élément primitif de $E/K$. Ce polynôme a toutes ses racines dans $E$ car $E/K$ est galoisienne. Il faut voir que $P$ reste irréductible sur $E'$. Soit $Q \in E'[X]$ un diviseur unitaire (sur $E'$) de $P$ non constant. Alors les racines de $Q$ étant celles de $P$ sont dans $E$ et donc les coefficients de $Q$ sont dans $E$ (fonctions symétriques élémentaires des racines). Mais ces coefficients sont aussi dans $E'$ donc dans $E \cap E' = K$. Bref, $Q \in K[X]$ et comme il divise $P$ sur $E'$, il divise $P$ sur $K$ et $P$ étant irréductible sur $K$, on a $Q = P$.

    Je redonne comme pointeur : Math 676, de Brian Conrad in http://math.stanford.edu/~conrad/676Page/handouts/etaledisc.pdf, en particulier pour la section 2, Linear Disjointness (attention à la mauvaise interprétation que l'on pourrait donner de la deuxième ligne en haut de la page 4).
  • Bonjour,

    Ok avec le changement de définition. Donc préférable de rester sur un terrain d'extension algébrique. i.e $E_1$ et $E_2$ algébrique sur $K$.

    Dans ce cas, si on a un contenant $\Omega$ tel que $E_1 \otimes E_2 \to \Omega$ injective alors $E_1 \otimes E_2$ est intègre et c'est un corps car algébrique. Et alors pour tout contenant $\Omega'$ le morphisme $E_1 \otimes E_2 \to \Omega'$ est injectif car $E_1 \otimes E_2$ est un corps.

    Bon je dois relire, je me suis un peu perdu :-D
  • Bonjour Claude,

    Je reprends tranquillou en répondant à la question 1) de [ce message].

    Il reste à étudier le cas où $K=\Q(\sqrt{D})$ avec $D=0\bmod 4$.
    On sait que $(1,\sqrt{D})$ est une $\Z$-base de $\mathcal O_K$.
    Soit alors $a,b\in\Z$ tels que $(a+b\sqrt{D},a-b\sqrt{D})$ soit une $\Z$-base normale de $\mathcal O_K$.
    Alors on peut trouver $\alpha,\beta\in\Z$ tels que $\alpha(a+b\sqrt{D})+\beta(a-b\sqrt{D})=1$ ce qui est impossible, essentiellement parce que $1$ est impair.

    Je regarderai demain les autres questions.
  • Bonjour,

    Je passe à la question 2).
    Le coup de la $\Z$-base explicite de $\mathcal O_{L^H}$ a été expliqué [ici], et avec les notations de ce message, on a $$\text{Tr}_{L/L^H}(z)=s_H.$$ On vérifie ensuite que si $H$ est distingué dans $G$, les conjugués de $s_H$ dans $L^H$ (extension galoisienne de $\Q$) sont les $s_C$. Donc $s_H$ engendre bien une $\Z$-base normale de $\mathcal O_{L^H}$.

    Conséquence : si on avait une base normale entière de $\Q(\sqrt 3, \sqrt 5)$, on en aurait aussi une pour $\Q(\sqrt{12})$ ce qui n'est pas le cas d'après mon message précédent.
  • @gai requin
    Vu. C'est de la faute à personne si, pour $a,b \in \Z$, le déterminant $\left| \matrix {a & a\cr b & -b\cr}\right|$, qui vaut $-2ab$, ne prend jamais la valeur $\pm 1$.

    Quant ``au reste'', je ne sais pas si tu as suivi, mais moi j'ai abdiqué. J'ai essayé de lire à plusieurs reprises la preuve du résultat (2.13), pages 124-125, de Frolich-Taylor. Et pourtant la preuve ne fait que 13 lignes. Cela rend modeste.
  • Je n'ai pas suivi mais grâce à toi, j'ai appris la correspondance de Galois via une base normale.
    Merci ! ;-)
  • @gai requin
    Hors-sujet : suite à un post sur les polytopes, j'ai envie de m'amuser à décortiquer le $n$-cube. Tu es partant ? Si oui, j'ouvre un fil mais en Algèbre. Peut-être que l'on aura la visite de moduloP ?
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