La voix de Hilbert

L'instrument qui sert de médiateur entre la théorie et la pratique, entre la pensée et l'observation, est la mathématique; il construit le pont de connexion et le rend plus fort et plus fort. Il arrive ainsi que toute notre culture actuelle, en tant qu'elle repose sur l'intuition intellectuelle et l'exploitation de la nature, soit fondée sur les mathématiques. Déjà, GALILEO a dit: Seulement il peut comprendre la nature qui a appris la langue et les signes par lesquels il nous parle; mais cette langue est mathématique et ses signes sont des figures mathématiques. KANT a déclaré: «Je soutiens que dans chaque science naturelle particulière, il n'y a que la science vraie autant que la mathématique.» En fait, nous ne maîtrisons pas une théorie en sciences naturelles avant d'avoir extrait son noyau mathématique et l'avoir complètement dépouillé. Sans les mathématiques, l'astronomie et la physique d'aujourd'hui seraient impossibles; dans leurs parties théoriques, ces sciences se déploient directement dans les mathématiques. Ceux-ci, comme de nombreuses autres applications, confèrent aux mathématiques toute autorité dont ils jouissent auprès du grand public.

Néanmoins, tous les mathématiciens ont refusé de laisser les applications servir de norme de valeur pour les mathématiques. GAUSS a parlé de l'attraction magique qui a fait de la théorie des nombres la science préférée des premiers mathématiciens, sans parler de sa richesse inépuisable, dans laquelle elle surpasse toutes les autres parties des mathématiques. KRONECKER a comparé les théoriciens du nombre avec les Lotus Eaters, qui, une fois qu'ils avaient goûté cette délicatesse, ne pourraient jamais s'en passer.

Avec une netteté étonnante, le grand mathématicien POINCARÉ a une fois attaqué TOLSTOY, qui avait suggéré que poursuivre «la science pour l'amour de la science» est idiot. Les réalisations de l'industrie, par exemple, n'auraient jamais vu le jour si l'esprit pratique avait existé seul et si ces progrès n'avaient été poursuivis par des imbéciles désintéressés.

La gloire de l'esprit humain, disait le célèbre mathématicien de Königsberg JACOBI, est le but unique de toute la science.

Nous ne devons pas croire ceux qui, aujourd'hui, avec une attitude philosophique et un ton de supériorité, prophétisent la chute de la culture et acceptent l'ignorabimus. Pour nous, il n'y a pas d'ignorabimus, et à mon avis, il n'y en a aucun dans la science naturelle. À la place de l'ignorabimus stupide laissez notre slogan:

Nous devons savoir,
On va savoir.

Amicalement, merci à la MAA et à Google.