Produit vide

Alerte : potentiel marronnier du forum.

On lit un peu partout que dans une structure algébrique avec une LCI, le "produit vide" est égal à l'élément neutre. Sauf qu'il existe des structures dans lesquelles on peut définir un produit vide, mais qui n'ont pas d'élément neutre. Donc à mon sens, le produit vide égal au neutre ne peut pas vraiment être une convention, ça serait plutôt un théorème valide quand il existe un élément neutre mais dont toutes les sources ont oublié la démonstration...

Donc dans le cas général d'une structure algébrique dotée d'une LCI (même associative et/ou commutative si l'on veut, mais sans élément neutre), comment définit-on le produit vide ? Ou bien ne peut-on pas définir le produit vide en général, mais quand il existe un élément neutre, la seule valeur possible pour le produit vide est le neutre et donc c'est plus un théorème qu'une convention ?

Merci.
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Réponses

  • Bonjour.

    Prenons l'ensemble $E$ des puissances de 2 d'exposant strictement positif (donc 1 n'en fait pas partie) avec la multiplication. Le produit vide doit-il respecter la règle classique :
    pour $A\cap B = \emptyset$, on a $\prod\limits_{i\in A}a_i\times \prod\limits_{i\in B}a_i = \prod\limits_{i\in A\cup B}a_i$ ?
    Dans ce cas, pour tout élément $2^i$ de E, on a
    $\prod\limits_{i\in \{i\}}2^i\times \prod\limits_{i\in \emptyset}2^i = \prod\limits_{i\in \{i\}\cup \emptyset}2^i$
    Soit en appelant $P$ ton produit vide :
    $2^i \times P=2^i$
    P est dont une unité à droite, et il n'y en a pas.

    Maintenant, évidemment, on peut laisser tomber l'associativité du produit ...

    Je m'interroge : "'il existe des structures dans lesquelles on peut définir un produit vide, mais qui n'ont pas d'élément neutre." Je ne connais pas, peux-tu donner un exemple ?

    Cordialement.
  • Une LCI sur E est un sous-ensemble de ExExE (avec une contrainte fonctionnelle), $\emptyset$ n'étant pas forcément un élément de E (et quand il l'est ce n'est pas ce que vous entendez pas produit vide), le produit vide n'existe pas, par contre, c'est une convention souvent pratique
  • gerard0 : je pars volontiers du principe de "le produit vide vaut le neutre par convention" comme on le trouve dans plein de cours... si les auteurs ne font pas gaffe, je m'offre le même luxe :-D

    L'argument de Médiat est plutôt efficace. Donc on le définit comme valant le neutre quand il y a un neutre, mais le reste du temps, on ne le définit effectivement pas.
  • "le produit vide vaut le neutre par convention" est sans intérêt si on ne voit pas pourquoi on prend cette convention. Pourquoi pas "le produit vide n'existe pas par convention" ?

    Je ne comprends pas ce que raconte Médiat, l'ensemble d'indice d'un produit n'a aucune raison d'être un élément de l'espace sur lequel il y a une LCI ... Il ne s'agit pas du produit par le vide, mais d'un produit sur un ensemble d'indices vide.
  • Pour l'instant, je suis d'accord avec toi sur le fait que si un neutre existe, il faut que le produit vide lui soit égal, pour les raisons que tu as mentionnées (réunion disjointe).

    La question est de savoir si indexer un produit par $\varnothing$ peut avoir un sens en général, et ça, je ne sais franchement pas. J'ai compris la réponse de Médiat comme ça : en l'absence de neutre, le produit vide ne se définit pas proprement, donc il faut définir les produits sur les parties non vides.
  • gerard0 écrivait:
    Il ne s'agit pas du produit par le vide, mais d'un produit sur un ensemble d'indices vide.
    D'où ma remarque : (et quand il l'est ce n'est pas ce que vous entendez par produit vide).

    Une LCI sur $E$ est par définition une fonction de $E\times E$ dans $E$, si $I$ est un ensemble fini d'indices de cardinal $\geq 2$ et si la LCI est associative ou si on parle d'un ensemble ordonné d'indices, je vois sans ambiguïté (car conforme à la définition) la signification du "produit" sur cet ensemble d'indices.

    Pour les singletons, la convention qui veut que $a$ composé avec rien est = $a$ est naturelle, bien qu'on pourrait chipoter pour savoir si "composer avec rien" est la même chose que "ne pas composer".

    Pour l'ensemble vide d'ensemble d'indice, je ne vois aucune raison naturelle (en ne tenant compte que de la définition de la LCI) de choisir une convention plutôt qu'une autre, par contre le choix de l'élément neutre, quand il existe et quand on manipule des produits de produits indicés, rend certaines écritures plus simples (donc c'est un bon choix).
  • Alors : convention (pratique) ou théorème ?

    La loi $*$ (LCI) va de $E\times E$ dans $E$.
    On étend la loi à un $n$-uplet ordonné par récurrence :
    a) $*(a_1,a_2)=a_1 * a_2$
    b) $*(a_1,...,a_{n+1})=(*(a_1,...,a_n) )* a_{n+1}$

    La question : que vaut $*(\emptyset)$ ? (liste vide)
    Une autre question : que vaut $*(a)$ ? (liste contenant un seul élément)

    Si toutefois j'ai bien compris la question.
  • Voici ce qu'en disait Bourbaki, qui est loin d'être mort :127352
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • C'est toujours le même problème : que fait-on quand il n'existe pas de neutre ?
  • On ne définit pas le produit vide dans ce cas.

    Un exemple pratique :

    Si l'on considère une famille de partie $(A_i)_{i\in I}$ d'un ensemble $E$, étant donné que $E$ est neutre dans $P(E)$ pour l'intersection, il est "naturel" de définir l'intersection des $A_i$ lorsque $I$ est vide par $E$.

    Par contre, sans précision sur l'ensemble dans lequel on choisit de faire vivre ses parties, il n'y a pas de neutre pour l'intersection et donc pas de bonne définition de l'intersection des $A_i$ lorsque $I$ est vide.
  • On pense souvent que $\prod_{i=1}^n x_i = x_1 * x_2 * ... * x_n$ alors que le "bon" point de vue est $\prod_{i=1}^n x_i = \mathbf 1 * x_1 * ... * x_n$ (avec parenthèses à mettre là où il faut quand la loi n'est pas associative). Et hop les difficultés psychologiques dues au vide s'envolent et les généralisations viennent à l'esprit naturellement et immédiatement.

    En informatique ces notions ne posent aucun problème à implémenter. Comment faites-vous en ocaml (ou python, lisp, ou le langage que vous voulez)?
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Deux choses :

    1) Je n'ai jamais vu ça écrit tel quel dans un cours
    2) Cette définition n'inclut pas les produits indexés par une partie abstraite éventuellement infinie et/ou indénombrable, et donc forcément elle contourne le gros du problème.
  • A priori, on ne parle pas de produit infini dans un ensemble abstrait muni d'une opération associative (avec ou sans élément neutre).
    Même si je n'ai jamais rencontré écrite ainsi la définition donnée par Foys, elle me plait assez bien en fait.
  • Oui, sa façon de faire marche bien.

    Cependant, ici je trouve un produit, dans le groupe $\C^*$, qui dispose donc bien d'un élément neutre, indexé par un ensemble infini (celui des nombres premiers).
  • C'est de l'analyse : ce produit est défini comme la limite d'une suite convergente, pas par une récurrence comme les sommes ou les produits finis.
  • Mettons les pieds dans le plat car ça semble être mis sous le tapis par beaucoup, ou peut-être ne lisent-ils qu’en diagonale…

    $E=\{a,b\}$ de cardinal $2$.
    $a*b=a$
    $b*a=b$
    Pour toute suite $(x_i)_{i\in \mathbb N^*}$ d’éléments de $E$, c’est assez simple de définir pour $n>1,\ {\LARGE *}_1^n x_i$, par récurrence (avec « parenthésage à gauche » pour le dire simplement).
    Puis :
    a) est-ce si évident (dans le sens « ça se prouve ? ») que ${\LARGE*}_1^1 x_1=x_1$ ?
    On peut contourner le problème et définir à partir de $1$. Ça OK !
    Mais il faut bien dire : NON, ça ne marche pas mais on décide d’ajouter une définition commode.

    b) Est-ce si évident (dans le sens « ça se prouve ? ») de parler de « itération de $*$ » sur un ensemble vide ?
    Avec la définition de Foys, c’est quoi $\mathbf 1$ ?

    Remarque : c’est drôle ma loi $*$ car ça ne dépend que du premier terme, haha.

    C’est assez agaçant finalement.
    On dit qu’on a un problème pour considérer le « produit vide » avec les définitions données.
    Et là, au lieu de dire « oui, c’est vrai, ce n’est pas possible avec ces définitions là », on dit « bah voyons c’est évident avec cette autre définition ». C’est (presque) malhonnête intellectuellement.
    Pourquoi parler de problème psychologique puisque personne ne sait démontrer ça avec les définitions merdiques ?
    Les discussions sur $0^0$ étaient parfois de cette teneur, d’ailleurs. Certains étaient décevants.
    Enfin, sans neutre, cette définition n’a aucun sens.

    Édit : ha ! J’ai ajouté la dernière phrase avant de voir le message suivant.
  • Dom écrivait:
    > Avec la définition de Foys, c’est quoi $\mathbf1$ ?

    Le neutre pour l'opération $\star$.
    Evidemment, sa définition ne fonctionne pas si l'ensemble ne contient pas de neutre...
  • Homo Topi a écrit:
    Deux choses :

    1) Je n'ai jamais vu ça écrit tel quel dans un cours
    Si tu savais ce que je pense de la plupart des cours ... Bon je n'en dirai pas plus ;-)
    Homo Topi a écrit:
    2) Cette définition n'inclut pas les produits indexés par une partie abstraite éventuellement infinie et/ou indénombrable, et donc forcément elle contourne le gros du problème.
    Pour avoir plus de généralité sur les ensembles d'indexation, il faudra supposer bien plus sur la loi.
    Dans le cas où il est fini, il te faut soit mettre un ordre total sur l'ensemble d'indexation, soit avoir une loi commutative.
    Quant au cas infini, il faut s'autoriser des arguments de passage à la limite donc au moins une topologie sur le monoïde compatible avec ses opérations, ou alors on est dans dans $\R$ ou $\R_{+} \cup \{+\infty\}$ et on gère des bornes supérieures.

    Bref ces généralisations ne sont pas gratuites.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Ce que j'ai envie de retenir, c'est qu'un produit vide n'a pas, et n'a pas raison d'avoir, de définition indiscutable en l'absence d'un élément neutre. Et en présence d'un élément neutre, on a des arguments pour dire que si le produit vide doit être égal à un élément de la structure, c'est obligé d'être le neutre (cf ci-dessus).
  • Homo Topi :

    Finalement, une discussion pour pas grand chose (*), simplement parce que " si les auteurs ne font pas gaffe, je m'offre le même luxe". Donc quand un bouquin raconte des bêtises (**), tu arrêtes de faire des maths correctement ?
    Si tu relis Bourbaki, tu verras que l'utilité de cette convention (ce qui fait qu'on a pu la prendre) est bien l'associativité du produit. Donc il faut une loi associative avec élément neutre, ou bien faire des produits indexés par des ensembles ordonnés.

    Cordialement.

    (*) Dans le même genre : "comment définit-on $\frac a b$ dans un monoïde quand b n'a pas d'inverse (voire même quand il n'y a pas d'élément neutre !) ?
    (**) Tu as des exemples ? Je sais que ça peut arriver, j'ai même vu un auteur utiliser le 1 d'un espace vectoriel pour définir le complexifié.
  • Je tiens à préciser que lorsqu'il y a un élément neutre, on peut "prouver" cette "convention", modulo la supposition que le produit est censé être naturel.

    En effet, le morphisme $\{e\}\to E$ est alors un morphisme de "magmas avec un neutre" et donc le produit vide à gauche doit être envoyé sur le produit vide à droite. Bon bah à gauche il y a pas 10 000 éléments.
  • Quand c'est une bêtise que je sais corriger, je la corrige. Quand c'est une définition d'un "cas dégénéré" c'est un peu plus pointu. Et justement, les questions sur des choses comme le produit vide, l'application vide, pourquoi $0^0 = 0! = 1$, etc, sont des cas dégénérés.

    Je ne sais plus par coeur qu'est-ce que j'ai lu dans quel bouquin, non. Mais je sais que je n'ai jamais lu qu'un produit devait être indexé par un ensemble non vide, donc, le produit indexé par le vide doit être cohérent avec la définition, d'où le problème.

    On a fait le tour de la question.
  • Maxtimax,

    Merci de préciser cela «  modulo la supposition que le produit est censé être naturel
    C’est mon propos.
    Il ne s’agit pas de preuve au sens mathématique.
    Il s’agit d’avoir un objet commode (pour l’humain, les notations, etc.).

    J’ajoute :
    $\prod_{i=1}^n x_i = \mathbf 1 * x_1 * ... * x_n$

    Après réflexion, cette définition ne dit toujours pas quoi faire avec un produit vide.
    Sauf à « vouloir » que ce soit ce que l’on attend de lui.
  • Avec ta définition, tu dois définir le produit vide comme étant le neutre, puisque tu fais une définition par récurrence. Il faut bien l'initialiser quelque part. Tu peux l'initialiser à partir du produit de 1 élément ou du produit de 0 élément, donc on prend 0 pour avoir une convention sortie de nulle part de moins. "Ce n'est pas une convention sortie d'un chapeau magique, c'est la définition"
  • Dom: Soit $(M,*)$ un monoïde avec unité $e$.
    On définit une liste (d'éléments de $M$) par induction de la façon suivante: c'est soit
    -$\emptyset$, ou bien
    -$(t,h)$ où $h\in M$ et $t$ est une liste d'éléments de $M$. On note $(x_1,\ldots,x_n)$ pour $((\cdots(x_1,\ldots)\cdots) x_{n-1}), x_n)$.

    On définit le produit de la liste $\ell$ par induction sur sa longueur via :
    $\prod \emptyset := e$
    $\prod (t,h) = \left ( \prod t \right ) * h$
    De sorte que $\prod (x_1,\ldots,x_n) = e * x_1 * x_2 *\cdots* x_n$ pour tout $n$.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Ha ! D’accord. Là on définit bien le produit vide.

    C’est la forme arrogante « ben voyons, c’est le neutre ! » à la place de « on définit le produit vide comme le neutre » qui m’escagasse.
  • Dom a écrit:
    C’est la forme arrogante « ben voyons, c’est le neutre ! » à la place de « on définit le produit vide comme le neutre » qui m’escagasse.
    Il y a des situations où on peut montrer que si ce produit a une valeur, alors cette valeur ne peut pas être autre chose que le neutre. Elles sont abordées dans ce fil.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Dom : il s'agit bien d'une preuve au sens mathématique, seulement avec une hypothèse en plus. J'ai mis des guillemets à "preuve" parce que je ne réponds pas à la question, je réponds à une question liée (que je trouve plus pertinente, mais ça c'est du goût).
  • La question était: que fait on quand il n'y a pas de neutre?
    La réponse semble être: on s'en fout, on utilise le neutre, na.

    Ne dit-on pas j'ai un marronnier, tu as un tarronnier, ..., ils ont un leurronnier. Dans les branches du leurronnier chantaient les mésongres et les feuvertes, tandis que sur ces maths-là le sage piquait un petit roupillon.

    Cordialement, Pierre.
  • Si tu relis bien le fil, il a été dit que le produit vide ne se définit juste pas quand il n'y a pas de neutre.
  • Soit $(X,*)$ un ensemble muni d'une loi de composition interne associative. Soit $P$ l'ensemble des fonctions définies sur une partie finie de $\N$ et à valeurs dans $X$.

    Montrer l'équivalence entre énoncés suivants:

    1°) Il existe une fonction $\varphi$ de $P$ dans $X$ telle que pour toutes parties finies $B,C$ de $\N$ et tout $f:B \cup C \to X$, si pour tous $v\in B$ et $w\in C$, $v<w$, alors $\varphi (f) = \varphi \left (f \big |_B \right) * \varphi \left (f\big |_C \right )$.
    2°) Il existe dans $X$ un élément neutre pour $*$.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Une LCI est une fonction de 2 variables, tout le reste n'est que conventions qui trouvent leur justification dans leur efficacité, même si cela ajoute à notre confort intellectuel de trouver d'autres justifications.

    C'est comme $0^0$ (que l'on peut facilement voir comme 3 objets différents suivant le domaine), par exemple, dans $\mathbb R$, on justifie $0^0 = 1$, par $\displaystyle \lim_{x\to 0}x^x = 1$, mais on aurait pu justifier un autre résultat puisque $\displaystyle \lim_{x\to 0}0^x = 0$ (ce sont les résultats sur d'autres domaines (ZFC par exemple) qui justifient le choix de $x^x$)
  • Bonjour,

    J'ai toujours été surpris par le fait qu'on parle de "convention" dès qu'il s'agit du vide, et de définitions dans le cas général, comme si le vide avait un aspect différent. J'ai remarqué que le vide fait peur à plein de gens, justement parce qu'on leur a rabâché le mot "convention" en long, en large et en travers. Je ne vois donc aucunement l'utilité de parler de convention.

    Pour le produit itéré dans un semi-groupe, il existe une définition par récurrence sur la taille $n$ du produit. Le cas de base est $n=1$ dans le cas général, $n=0$ si on se restreint au monoïde. Le fait que le produit vide soit le neutre n'est pas plus une convention que le fait qu'un produit de taille 2 vaille le produit des 2 éléments : c'est une définition.

    Pour $0!$, qu'on voit la factorielle comme un produit vide ou comme le cardinal de l'ensemble des permutations, on obtient bien 1 : soit par définition du produit vide, soit par définition d'une fonction (le fait que $\mathfrak{S}_0$ ait un élément n'a toujours rien d'une convention).

    Pour $0^0$, on peut le voir en terme de fonctions également (donc pas de convention). L'argument sur la forme indéterminée $0^0$ en analyse n'a pour moi pas lieu d'être car il arrive dans un autre cadre. Le $0^0$ au sens du produit vide a une définition qui n'est pas celle de l'analyse, on parle de 2 objets différents.

    Cordialement

    Heuristique
  • Bonjour.

    Une définition n'est-elle pas une sorte de convention ? On convient qu'on appellera ainsi, ou qu'on notera ainsi. Plus généralement, le vocabulaire d'une langue est totalement conventionnel (*).

    Cordialement.

    (*) les anciens de mon village disent "faire prenière" et je comprends bien "faire la sieste".
  • Une convention est une définition, donc on ne peut jouer qu’un peu avec les mots.
    Édit : Gérard vient de le dire, je ne l’avais pas vu.

    Sur ce que tu dis, c’est justement ce qui ne répond pas à la question.
    Le thème est « quand on a une itération sans neutre ».

    Enfin, j’essaye de décortiquer les marronniers à ce sujet et il y a toujours la même incompréhension des uns et des autres, de mon point de vue.

    Pour $0^0$ ou $0!$ c’est encore la pirouette (inconsciente ?) éculée par les pros : « c’est le nombre d’applications », « c’est le nombre de permutations ».
    Et bien non ! Faire ça, c’est changer la définition de celui qui pose la question.
    La première fois que quelqu’un rencontre « la puissance d’entiers » ou « la factorielle » ce n’est pas un nombre d’applications ou autres permutations. Ce sont au moins deux nombres qu’on multiplie. (Voire deux unités pour $m^2$, je crois que c’est surtout ça la première fois qu’on voit $^2$).
    Pour parler pompeusement, la fonction $\times$ prend d’abord deux arguments et ensuite elle est étendue.
    Rien que pour $a^1$ et $1!$ ce n’est pas si simple, sauf à réfuter l’idée que cela vienne de la fonction $\times(.;.)$.
    Et c’est souvent le cas de celui qui arrive sur le forum et qui dit « je ne comprends pas ». Il prend une volée de bois vert et on lui parle d’applications et de permutations… alors qu’il ne jouait qu’avec des entiers et un $\times$ dans sa classe de 4e de 2020. On a même eu une une mauvaise foi inouïe sur le sujet quand je parlais des « programmes officiels » et qu’un interlocuteur professionnel me disait que « ce qu’il appelait "officiel" n’était pas ça », bref.
    Faut-il le mépriser pour autant, cet ado de 4e, en 2020 ?
    C’est le fait d’étendre à ce que l’on a envie que ce soit qui donne l’idée de « poser des conventions commodes », pour les « formules » notamment.

    Je suis d’accord évidemment qu’un bon choix de définitions (dans le supérieur en général, au lycée parfois) chasse alors toutes ces considérations.
    Mais il s’agit bien d’une autre discussion, d’un autre paradigme.

    Je suis d’accord aussi sur le fait que « le vide fait peur ». Ça n’est pas la même chose mais ça ajoute à la difficulté, sans doute.

    Je suis d’accord enfin sur ta réticence à utiliser l’analyse et l’étude d’une limite en $(0,0)$ de $(x,y)\mapsto x^y$.

    Désolé de ce message un peu trop long.
  • Il faut quand même avouer que le choix des définitions y est pour beaucoup dans les incompréhensions.

    Typiquement, pour la factorielle : si l'on définit $n!$ comme le produit des $n$ premiers entiers, et qu'on démontre que le cardinal de $\mathfrak{S}_n$ est $n!$, se pose potentiellement le problème de $0!$ et $1!$, quand on multiplie moins de $2$ nombres. Cependant, si l'on définit $n!$ comme le cardinal de $\mathfrak{S}_n$, les valeurs de $0!$ et $1!$ sont évidentes (sans aucune convention, qui plus est), et il suffit de montrer que pour $n \geqslant 2$, $n! = 1 \times ... \times n$, ce qui se fait par récurrence.

    Certaines définitions sont meilleures que d'autres. Parfois, ça dépend du contexte, et parfois, j'ose dire que ça n'en dépend pas.
  • On définit pour tout entier $n$ et tout $a$ d'un monoïde $(M,*)$ avec neutre égal à $e$, $n!$ et $a^n$ par récurrence sur $n$ via $0!:=1$, $(n+1)!:= (n!)\times (n+1) $, $a^0:=e$ et $a^{n+1}:=\left ( a^n\right )*a$.

    Par exemple $1!=1\times 1$ et $a^1=e*a$ et ces deux expressions sont "le produit de deux nombres".
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • CC appelait ça "les mathématiques officielles". "La définition c'est ça, circulez, y'a rien à voir !"

    C'est cette façon d'enseigner qui a dégoûté pas mal d'élèves, en particulier dans le lycée des années 1970-90, de faire des maths. Alors que les conventions-définitions mathématiques se sont construites progressivement au gré des besoins et des idées (lisez les "Principia" de Newton, il n'y a pas d'ensemble vide, pas de puissance d'exposant nul, pas de factorielle) et qu'il y a des raisons à ces choix.

    Notez aussi que tout ce qui est officiel est sujet un jour ou l'autre à modification ...

    Cordialement.
  • C'est vrai qu'une définition est une convention. Le hic, c'est qu'on ne peut rien faire sans elles.
    Je pense qu'il y a tout de même des consensus contemporains sur certaines fonctions mathématiques assez simples.
    Le recours dans le discours à des axiomes et définitions précis sert aussi à évacuer toutes les pseudo-ontologies et autres pensées magiques, qui sont in fine des freins plus qu'autre chose.
    Quelle tristesse de constater que des réponses simples à certaines questions (légitimes) sont disponibles depuis parfois un siècle et que l'anti-formalisme anti-bourbakiste haineux continue les masquer.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Ce n'est pas parce qu'au XVIII siècle les gens faisaient (inévitablement) sans les inventions des siècles qui ont suivi qu'il faut les imiter. Il n'y avait pas non plus d'électricité, de véhicule à moteur...

    On est au 21ième siècle et des gens ayant atteint l'âge adulte sont encore en pâmoison devant $x^0$. A un moment il faut passer à autre chose, surtout quand il est établi au delà du doute raisonnable que la solution au problème fait une ligne (même si les anciens n'avaient pas eu l'occasion de s'en apercevoir, ce qui ne remet en rien leurs mérites en cause).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • C’est une position Foys.
    Elle est légitime.

    Une autre position est de dire : est-ce qu’il est pertinent que tout le monde sache parfaitement quoi faire avec $a^0$ ? et n’est-il pas plus important que tout le monde sache quoi faire face à $a^n$ pour $n$ entre $2$ et $10$ ?

    Je charge volontairement un peu la barque en restant entre $2$ et $10$. Mais c’est pour tenter un argumentaire.
    Pour moi, qui ne suis pas un anti-Bourbakiste, je comprends la deuxième position.
    Par contre, je ne souhaite absolument pas qu’on enlève tout et qu’on se restreigne à « $3^2$ se calcule avec une calculatrice donc inutile d’embêter les pauvres enfants avec ça ».
    Il faut trouver un juste milieu où placer le « curseur pour tous ». Je crois qu’il est là, le débat (pas le débat de ce fil, mais le débat de la discussion que tu inities).

    Ainsi, pour Robert de 4e en 2020 dans l’établissement REP qui accueille tout le monde et donc n’importe quel élève (dys divers et handicaps divers genre TDA et autre…), en gros pour ce « collège ordinaire statistiquement parlant », ça ne me dérange absolument pas qu’on lui dise que la puissance entière commence à partir de $2$, que c’est un produit, puis qu’on choisit de l’étendre à $1$, puis $0$, et enfin même à des puissances négatives.
    Cette chronologie que tu trouveras très archaïque ne m’effraie pas.

    Pour autant je ne la qualifierais pas de « pédagogiste à outrance ».
  • La "difficulté" de $a^n$ pour certaines valeurs de $n$ est une création artificielle, ajoutée par-dessus les mathématiques.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Nous ne sommes pas d'accord sur ce point.
    La première fois qu'un élève rencontre la notation puissance est lorsqu'il voit $m^2$ et je ne crois pas que ce soit une erreur de lui dire que c'est une notation pour $m\times m$** sans même définir et parler des $a^n$ en général, pour des nombres.
    Arrivé à ce niveau (primaire, donc), c'est très artificiel de parler d'une puissance $1$ ou encore $0$.

    Au lycée, cela me va très bien que l'on définisse par récurrence comme tu le suggères.
    Hum... faut-il savoir ensuite jouer avec les puissances négatives où tu dois à nouveau travailler en donnant une autre définition.

    Édit : dans ce message http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?16,2311902,2313030#msg-2313030 qui me va très bien, tu t'aperçois que c'est toi qui rends la chose artificielle puisque tu es obligé de la définir ainsi : $a^0 := e$. Ce n'est pas un reproche. Cela ne se déduit de rien, c'est tout. Ainsi, qu'on le dise au tout début ou après quelques années, on finit par le dire.
    Le désaccord réside dans "à quel moment le dire ?" mais il ne s'agit pas du tout d'un truc naturel qui ne devrait pas poser de problème.


    [small]**on calcule des aires de rectangles en multipliant deux longueurs, ça se note $2 \, m \times 3 \, m$ puis $6 \, m^2$[/small]
  • Rappelons qu'il a fallu attendre le 16 ième siècle pour que 1 soit considéré comme un nombre à part entière, et attendre encore plus pour le 0.
  • Supposons qu'on ait déjà les fractions.
    Soient $n$ un nombre non nul et $a,b,c,d$ des entiers tels que $a-d=c-b$. Alors $a+b=c+d$. Donc $n^{a}n^{b}=n^{a+b}=n^{c+d}=n^cn^d$.
    Donc $\frac {n^a}{n^d} = \frac{n^c}{n^b}$. Ainsi, pour tout nombre $x$ qui est la différence de deux enties positifs $y$ et $z$, on peut définir $n^x$ comme étant $\frac {n^y}{n^z}$. Noter qu'on peut céder au caprice exigeant que $y\geq 2$ et $z\geq 2$ (tout nombre relatif est clairement la différence de deux nombres entiers supérieurs à $2$). On retrouve quand même $n^1=n$ et $n^0=1$ au bout du compte.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Médiat a écrit:
    Rappelons qu'il a fallu attendre le 16 ième siècle pour que 1 soit considéré comme un nombre à part entière, et attendre encore plus pour le 0.
    Rappelons qu'il a fallu attendre la fin du 19ième siècle pour que des objets plus lourds que l'air volent. Inderdisons les voyages en avion. Puis tant qu'à faire interdisons le train, la voiture, le chauffage, l'agriculture pour rester dans l'esprit puisqu'après tout, comme ces choses n'existaient pas durant la majorité de l'histoire de l'humanité, les contemporains ne les comprendraient pas.

    Certains entretiennent un rapport avec l'histoire des mathématiques qui est très étrange pour ne pas dire plus.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • [suite à ce message

    Heu ... Foys, tes "réponses simples" sont construites sur des mathématiques élaborées. Et tu confonds "s'appuyer sur les mathématiques élaborées pour refuser toute explication" et "expliquer", de même que tu confonds "'anti-formalisme anti-bourbakiste haineux" avec "demande de justification".

    Tu as donné ici des définitions, tu n'as jamais dit pourquoi on les prenait. Bourbaki, au moins, finit son explication en disant que ça permet de généraliser des formules qu'il avait présentées avant.

    Ton expression "'anti-formalisme anti-bourbakiste haineux" montre bien que ça te touche plus psychologiquement que mathématiquement, que ça remet en cause ta façon de comprendre les maths. Tu devrais soigner ça.

    Cordialement.
  • Dom a écrit:
    Ce n'est pas un reproche. Cela ne se déduit de rien, c'est tout. Ainsi, qu'on le dise au tout début ou après quelques années, on finit par le dire.
    On ne déduit jamais rien d'une liste d'axiomes vides. Une définition est au fond un axiome liant une notation avec des propriétés formulées dans un langage ne contenant pas cette notation ou bien avec d'autres notations.

    C'est le cas de la multiplication pour enfants: si vous avez $n$ sacs, chacun contenant $m$ billes, vous avez au final un nombre de billes appelé "produit de $n$ et $m$" et noté $n\times m$. Cette comptine peut être prise comme définition du produit, en attendant mieux (mais c'est déjà bien).

    Par exemple si $p,q$ sont des cardinaux et si $p^q$ désigne le cardinal de l'ensemble de applications de $q$ dans $p$, on déduit de cela que $0^0=1$ (puisque $0$ et $1$ sont en théorie des ensembles des abréviations de $\emptyset$ et $\{\emptyset\}$ et que ces ensembles sont des cardinaux).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • C’est cela Foys.
    Et ici, on part de ce que tu qualifies de « déjà bien ».
    Cette multiplication pour enfant n’est pas honteuse.
    Et il se trouve que « les puissances entières pour enfant » sont abordées avec leur multiplication.
    J’estime que ce n’est pas honteux non plus.
  • @gerard0
    En mathématiques, "justifier", "expliquer" sont synonymes de démontrer. Il n'y a pas lieu de passer des centaines d'heures à justifier du vocabulaire. Il n'y a pas lieu non plus de faire vivre des conceptions obsolètes du moyen-âge. Personne n'affirme qu'l faut infliger des années de cours d'épicycles ptolémaiques aux collégiens au lieu de leur montrer immédiatement la physique newtonnienne sous prétexte "que la physique newtonnienne est tardivde alors qu'avant on pratiquait les épicycles pendant un millénaire". Seule notre discipline souffre de cette lecture absurde de son histoire comme d'une injonction d'arriérisme.
    C'est comme si on décrétait qu'il faille exposer 6000 ans d'évolution linguistique et justifier que la chose en photo ci-dessous s'appelle un arbre et non un "schwürz" pour s'autoriser à prononcer le mot "arbre" devant les élèves car "sinon" ils seraient terrorisés en sortant dehors et en voyant les feuilles vertes.
    tilleul-arbre.jpg
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
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