Théorie catégories, propriétés universelles

Julia Paule
Modifié (December 2021) dans Catégories et structures
Bonjour
Je me pose une question très générale sur la théorie des catégories.

Il semble que les propriétés universelles soient au cœur de cette théorie. Ce lien me semble assez prodigieux (qu'on en ait eu l'intuition). Savez-vous, historiquement, quelle démarche a précédé l'autre :
$-$ les catégories, et les foncteurs, et à force de creuser, on a vu qu'on pouvait les utiliser pour unifier les propriétés universelles
$-$ ou bien on a d'abord cherché à unifier les propriétés universelles (qui se ressemblent toutes) et on en est arrivé à la théorie des catégories.
Je ne sais pas si ma question est claire. Merci en tout cas si vous avez la réponse.
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Réponses

  • Historiquement la théorie des catégories a été créée pour formaliser la notion de "transformation naturelle" en topologie algébrique, l'exemple typique étant le morphisme de Hurewicz, $\pi_1(X,x)\to H_1(X)$.

    La naturalité permet de comparer ce morphisme pour différents $X$ et donc d'obtenir des informations sur des trucs qu'on ne connait pas à partir de trucs plus simples qu'on connait.

    C'est plus tard, avec le lemme de Yoneda ou encore la notion d'adjonction introduite par Kan, qu'on s'est rendu compte de ce que "propriété universelle" voulait dire - bien sûr, on l'a toujours fait pour les produits, les sommes directs etc. mais comprendre le lien précis a pris plus de temps. Donc la démarche catégorique est (je crois) arrivée avant la notion (formelle) de propriété universelle, même si l'idée était bien entendu déjà là sous différentes formes.
  • Julia Paule
    Modifié (December 2021)
    Merci beaucoup Maxtimax. Je viens de voir qu'Emily Riehl en parle (il me semble) au tout début de son livre : la transformation naturelle (morphisme qui ne nécessite pas de choix arbitraire préalable) a amené la notion de foncteurs (départ et arrivée de la transformation naturelle), puis celle de catégories.

    Pour faire le lien entre propriétés universelles et catégories/foncteurs/morphismes de foncteurs, il a fallu comprendre que les propriétés universelles pouvaient être représentées par des foncteurs de catégories, pour prendre quelque chose de basique, $A$ étant un anneau et $I$ un idéal, que la $PU$ de l'anneau quotient pouvait se traduire par un foncteur $F$ qui, appliqué à tout anneau $B$, donne l'ensemble $F(B)$ des morphismes d'anneaux $f$ de $A \rightarrow B$ tels que $I \subset \ker f$ (pas évident), et que parmi ces anneaux, il y en a un plus particulier $A/I$, associé à un élément particulier de $F(A/I)$ (la projection canonique $\pi$), qui représente un dénominateur commun à la situation, à savoir que tous ces morphismes se factorisent par $\pi$ et un morphisme unique pour $B$ et $f$. Pas évident.

    J'imagine que cela (les questionnements qui ont amené à la théorie des catégories) a dû se faire plus ou moins en même temps que d'autres démarches que celle de $PU$, mais d'après ce que tu dis, et ce que dit Emily Riehl dans son livre, elles l'ont précédée.
  • @JP : voici un texte écrit par Pierre Samuel, édité en 1948, concernant les applications universelles vues sous un angle constructif et réducteur. Une bonne partie du texte se trouve dans le premier traité de Bourbaki (consacré à une théorie des ensembles), chapitre IV. Les catégories permettent de généraliser ce concept. Les néo-bourbakistes sont parvenus à utiliser ce chapitre IV dans le traité sur la topologie algébrique (en 2017 !), afin de concevoir finalement une certaine théorie des catégories.
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Merci beaucoup TP. Dommage qu'il n'ait pas écrit son article en français comme le laisse supposer son nom, mais bon.
  • @JP : contrairement à toi, cela ne me gêne nullement de partager cet extrait du livre Théorie des ensembles, chapitre IV. Samuel Eilenberg et Pierre Samuel y ont largement contribué.
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Julia Paule
    Modifié (December 2021)
    TP, tu pourrais comprendre pourquoi je ne sens pas de diffuser le poly d'un prof actuel.
    Sinon, si j'ai bien compris, le lemme de Yoneda ne dispense pas de démontrer les propriétés universelles une par une ?
  • Julia : comment ça ?
    Non, il ne dispense pas de montrer qu'un certain objet représente bien un foncteur, même s'il indique la direction à prendre.
  • Merci Maxtimax. Oui c'est ça, il ne dispense pas de montrer qu'un certain objet de la catégorie représente bien un foncteur (une fois qu'on a trouvé l'objet), mais il ne permet pas de trouver l'objet.

    Pour reprendre mon exemple basique, si on a le foncteur mais aucune idée d'un objet ($A/I$) qui le représente, je ne vois pas ce qui permet de mettre sur la voie. Par contre, si j'ai bien compris, une fois qu'on a l'objet, l'objet (le morphisme) universel associé coule de source.
  • Oui bon, si le foncteur est représentable (ou même simplement si on a un morphisme de foncteurs, pas forcément un isomorphisme), le lemme de Yoneda assure l'existence et l'unicité de l'objet universel qui le représente.

    Je pose cette question parce que, pour l'instant, après avoir étudié un peu la théorie des catégories, je n'en ai pas (encore) vu l'intérêt pour le reste des mathématiques (les plus courantes disons). En effet je la vois comme un habillage (loin d'être simple) qui apporte une certaine satisfaction intellectuelle, de savoir que des choses apparentées (qui se ressemblent) peuvent être mises sous le même chapeau (un dénominateur commun), mais qui (pour l'instant) n'apporte pas d'économie d'échelle (puisque par exemple, cette théorie ne dispense pas de démontrer les propriétés universelles, ou bien on démontre en dehors de la théorie, puis on transpose dans la théorie, jamais, du moins pas encore vu, dans l'autre sens).

    Détrompez-moi ! Merci d'avance.
  • Pardon, je viens de voir que tu avais posé une question.

    ça met sur la voie au sens suivant : si j'ai un foncteur $F$ dont je cherche un représentant, je cherche non seulement un objet $A$, mais aussi un $x\in F(A)$ universel.

    J'ai expliqué dans un autre fil en longueur à quoi sert, et à quoi ne sert pas la théorie des catégories. Dans les mathématiques "courantes" (kesako ?) elle sert principalement à séparer le formel du non formel : tu as un énoncé que tu veux prouver, la théorie des catégories te dit "ok, cette partie là et cette partie là tu t'en fiches complètement puisque je m'en occupe, toi, concentre-toi sur cette partie là qui est spécifique à cette situation".
    ça simplifie énormément la vie de savoir ce qui est spécifique à ta situation et ce qui ne l'est pas.

    ça c'est le paragraphe I de mon autre post. Le paragraphe II indique des directions pour des vraies applications. On pourra par exemple penser au théorème du point fixe de Lefschetz qui a une preuve 90% catégorique (et "donc" triviale); le paragraphe IV indique comment elles aident pour l'inspiration, pour les questions basiques auxquelles on doit/peut répondre en commençant un sujet, et finalement le paragraphe VI explique comment elles sont indispensables à la théorie de l'homotopie et ses embranchements (qui, de nos jours, ne se cantonnent plus du tout à la topologie algébrique)
  • Merci Maxtimax ! Je n'avais pas vu ton autre fil, ce n'est pourtant pas faute d'avoir cherché sur le net quelque chose qui m'expliquerait l'intérêt de la théorie des catégories.

    mathématiques courantes : de la maternelle au M1 (courantes pour moi, je suis en M2 :-D).

    Je vais te lire très attentivement ! (je me pose cette question vainement depuis que j'ai commencé l'étude de la théorie)
  • Julia Paule
    Modifié (December 2021)
    J'ai tout lu. Je ne peux rien dire pour l'instant sauf que la théorie des catégories me permet de mieux comprendre les structures algébriques, et concernant ton point III, je ne crois pas au miracle, bien au contraire. D'ailleurs, ton fil prouve par son existence, que je ne suis pas la seule à avoir cette réserve. Par exemple, on ne se pose pas la question sur l'utilité de la théorie de la mesure.

    Dans les limites que tu observes, tu cites par exemple la catégorie des anneaux : si on veut des résultats concernant les anneaux principaux, il faut quitter les catégories et revenir à l'algèbre. N'existe-t-il pas une catégorie qui serait celle des anneaux principaux, comme il existe celle des groupes abéliens, et on pourrait en tirer des choses ?

    En fait, je ne comprends fondamentalement pas la notion de catégorie : "classe d'objets", vu que je ne sais pas ce qu'est une "classe" ni ce qu'est un "objet" en mathématiques.
    Peut-on créer des catégories à l'infini ? Celle des théorèmes (pourquoi pas), des suites exactes, des chaînes, des idéaux premiers d'un anneau, des applications, des polynômes, ... ? Il existe celle des A-modules, alors celle des B-modules lui ressemble étrangement. Derrière cette question, je ne comprends pas comment s'agencent les catégories, où elles commencent et où elles s'arrêtent. Merci d'avance.
  • Permets-moi d'intervenir ici.

    J'ai l'impression que tu es à un endroit dans ta compréhension des mathématiques où je me suis trouvé avant toi. Plusieurs questions que je me posais m'ont amené vers la théorie des catégories, et c'est aussi Maxtimax qui m'a expliqué certaines choses à l'époque, puisqu'il connait bien.

    J'espère que tu connais les axiomes ZFC de la théorie des ensembles. A une époque, je me suis trouvé "en crise" parce que j'avais l'impression de ne pas comprendre ce que je manipulais, j'ai travaillé ZFC et ça m'a énormément aidé, mais évidemment ça m'a aiguillé sur d'autres questions. J'étais fasciné par le paradoxe de Russell , qui se formule proprement dans ZFC par "il n'existe pas d'ensemble de tous les ensembles". Je trouvais extrêmement étrange qu'une théorie dans laquelle tout objet est un ensemble était capable de dire "si ce machin existe, il est extérieur à la théorie". J'ai par chance découvert la théorie NBG des classes, qui est une sorte d'extension de ZFC qui ne change pas grand-chose de fondamental, à part qu'elle rend le vocabulaire un peu plus propre : les objets de base sont les classes, et les classes "trop grandes" pour être des ensembles sont appelées des "classes propres". Donc le paradoxe de Russell devient "la classe $\text{Ens}$ de tous les ensembles est une classe propre".

    La théorie des classes permet de donner un sens plus précis à la définition "usuelle" d'une catégorie*, puisqu'il faut une "classe" d'objets et une "classe" de morphismes. Une fois qu'on a compris ça, et qu'on sait qu'il existe la classe des ensembles, celle des groupes, celle des anneaux, celle des espaces topologiques etc, la théorie des catégories devient nettement moins obscure. Et pour moi, elle est venue en même temps que ce que Maxtimax m'a introduit comme "l'algèbre universelle". En gros, c'est une théorie unifiée des structures algébriques et de leurs morphismes, ça permet de ne pas devoir traiter séparément des groupes, pseudo-anneaux, semi-groupes, monoïdes, anneaux unitaires... on fait tout en un. A la fin de mon travail, je devais démontrer un théorème qui classifiait quelles classes de "structures algébriques" sont "vraiment algébriques".

    J'en avais besoin parce que je bloquais mentalement sur "d'où sort le $X$ dans l'ensemble des polynômes et pourquoi est-ce que c'est la suite $(0,1,0,...)$". Il me manquait la notion de structure algébrique libre et c'est le discours d'algèbre universelle de Maxtimax, qui est encore sur le forum et qu'il avait écrit spécifiquement pour moi à l'époque, qui m'avait permis de comprendre.


    *il y a plusieurs façons de faire, moi je préfère celle-là.
  • Maxtimax
    Modifié (December 2021)
    Non tu n'es pas seule à avoir cette réserve, mais c'est parce que quasiment personne ne connait rien aux catégories, et que c'est fantasmé comme un truc super general qui, du coup, ne sert à rien. Mon but dans cet autre post était de briser ce malentendu, et de réduire la mesure dans laquelle "personne n'y connait rien".
    L'intérêt de la théorie de la mesure, ça depend d'à qui tu demandes... Moi je n'utilise jamais de théorie de la mesure dans mon travail. Mais maintenant c'est assez vieux et assez élémentaire pour être dans le curriculum standard, donc tout le monde voit en gros de quoi ça parle, à quoi ça sert. Si on presentait de la même manière, avec autant de recul, les catégories, il y aurait certainement moins cette interrogation. Le souci c'est que les applications réelles sont moins élémentaires, mais à nouveau il y a de vastes champs de mathématiques qu'on ne peut même pas formuler sans...

    Ensuite, je crois que tu ne comprends pas le point que je voulais illustrer avec l'exemple des anneaux principaux. Oui, il y a une (des) catégorie des anneaux principaux, mais savoir ça ne t'avance à rien pour la structure des modules de type fini dessus, par exemple; il faut connaitre certaines de ses propriétés etc. ce qui revient, au final, à prouver des choses sur les anneaux principaux. De la même maniere, savoir que $\mathbb Z$ est un ensemble ne t'apporte rien, il faut ensuite travailler sur ses éléments, la structure qu'on lui ajoute etc.
    Ce que je dis c'est que pour prouver des choses sur un truc, il faut savoir des choses sur ce truc, pas juste "c'est une catégorie". Mais c'est une évidence !! Sans hypothèses supplémentaires, une catégorie c'est trop général.

    Pour ta dernière question, je ne la comprends pas. Une catégorie c'est la donnée de certains objets, et des flèches entre eux, ainsi qu'une manière de les composer, vérifiant certains axiomes, point. La distinction classe/ensemble est inessentielle à ce stade, et on l'a certainement abordée 1000 fois sur le forum, il y a plein de manières de s'en débarasser. Si c'est vraiment ça ta question, on peut en rediscuter mais dans ce cas il faut préciser - ce que tu dis après me fait croire que ce n'est pas ça, ta question.

    Une catégorie des théorèmes, ça pourrait exister. Faut juste me dire qui sont les morphismes et comment on les compose (et peut-être préciser un peu ce que tu entends par "théorème"). Pareil pour les autres...

    En fait je ne comprends pas ce qui te bloque : qu'est-ce qui fait que tu te poses cette question et pas "peut-on créer des anneaux à l'infini ? Y a-t-il un anneau des théorèmes ? un anneau des quaternions ? des mesures de probabilité ? ... L'anneau des polynômes ressemble à celui des fonctions" ?
    Les catégories de A,B modules peuvent effectivement se ressembler, mais peuvent aussi être différentes, je ne comprends pas non plus cette question.

    Les catégories s'agencent par foncteurs, de la même manière que les anneaux s'agencent par morphismes d'anneaux
  • Merci à vous.

    Maxtimax, tu veux dire qu'une catégorie ne rend pas compte des propriétés intrinsèques des objets : un module sur un anneau principal ne peut pas se distinguer d'un module sur un anneau quelconque en théorie des catégories, les morphismes entre les objets sont de même nature. Pourtant on arrive à distinguer la colimite d'un diagramme de groupes de celle d'un diagramme de A-modules : je veux dire par là que certaines propriétés peuvent se distinguer, et pas d'autres.

    Mais je crois que je n'ai pas le recul nécessaire pour comprendre cela (ce qui peut se faire ou non dans la théorie, se distinguer ou non, etc... ), je pense qu'il faut pratiquer la théorie pour la comprendre au fur et à mesure.

    C'est toujours pareil, la distinction classe/ensemble n'est pas essentielle si on sait ce qu'est une classe et ce qu'est un ensemble (bon je connais ZFC), mais si on ne le sait pas, on n'arrive pas à distinguer le périmètre et l'agencement de la notion de catégorie. Homo Topi m'a donné l'idée d'aller voir simplement sur le forum les fils qui traitent des catégories et j'ai trouvé ceci concernant les classes :
    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?16,2279488,2279946#msg-2279946 où j'ai trouvé une réponse qui me satisfait, merci aux répondeurs !
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_des_ensembles_de_Morse-Kelley ah !
    Je vais continuer à explorer.

    Pour ta dernière remarque, ben c'est évident, parce que je comprends bien la théorie des anneaux, et pas bien celle des catégories parce que je n'arrive pas à cerner ce que veut dire classe et objet, ainsi que morphisme, et ce qu'on peut faire avec.

    Pour la catégorie des A-modules et des B-modules, je veux dire par là qu'on aura les mêmes résultats (par exemple, la même limite et la même colimite d'un diagramme de A-modules comme de B-modules, etc...) . La théorie des catégories avec les morphismes de A-modules ou de B-modules ne pourra pas distinguer s'il s'agit de A ou de B. C'est toujours une question par rapport au périmètre et à l'agencement.

    Homo Topi, merci pour tes remarques qui m'éclairent beaucoup. Pourrais-tu insérer quelques liens de discussion que tu as eus avec Maxtimax, notamment ce qui concerne l'algèbre universelle ? Merci d'avance.
  • Tiens : structures algébriques libres.

    Au tout début, Maxtimax référence un fil que j'avais initié avant, qui est intéressant en soi.
  • Maxtimax
    Modifié (December 2021)
    Bien sûr que certaines propriétés les distinguent, mais il faut les prouver ! Et par définition même (puisque ces propriétés les distinguent) tu ne peux pas les prouver en disant "c'est une catégorie" .

    Oublie tout au sujet des classes dans ce cas là, et fixe un univers transitif de ZFC (qui est un ensemble). Appelle ses éléments "petits ensembles", et fais tout avec ensembles et petits ensembles au lieu de "classes et ensembles".

    Objet et morphisme ne veulent rien dire en soi, au même titre que "vecteur" ne veut rien dire de plus que "élément d'un espace vectoriel". Si tu me donnes une catégorie C, tu me dis en particulier qui sont ses objets et ses morphismes, donc soudain ça a un sens de parler d'objets et de morphismes.
    Si tu me donnes un espace vectoriel, soudain ça a un sens de dire "prends un vecteur".

    Ton énoncé sur les A-modules et les B-modules est faux, on peut en général distinguer A et B par leurs catégories de modules. Lorsqu'on ne peut pas, on dit que A et B sont Morita-équivalents, mais c'est quand même relativement restrictif comme condition. Par exemple deux anneaux commutatifs sont Morita équivalents si et seulement si ils sont isomorphes
  • Julia Paule
    Modifié (December 2021)
    Super ! Je n'ai pas trop de problèmes avec les structures algébriques libres (je les conçois bien), j'en ai plus sur d'autres aspects de l'algèbre, mais le fil de Maxtimax a l'air intéressant en ce sens qu'il essaie (et y arrive sûrement) de généraliser les structures algébriques, de la même façon que le font les catégories. Il est vrai qu'avec les groupes, les anneaux, les modules, les monoïdes, etc ..., on s'y perd dans tout ce qu'il faut retenir, surtout qu'il y a beaucoup de choses qui se ressemblent et qu'on aimerait bien quelque chose qui nous donne une trame commune qu'il n'y aurait plus qu'à décliner selon les cas.

    Maxtimax, je voulais dire "on ne pourra pas distinguer (les résultats sur les modules) selon qu'il s'agit de A ou de B" (et non pas s'il s'agit de A ou de B ).

    Sinon, concernant l'intérêt des catégories, il me semble que pour être pleinement convaincue, il faut avoir vu un premier résultat obtenu avec les catégories, qui s'appliquerait dans un autre domaine plus concret des maths, et qui ne pourrait pas s'obtenir autrement, je veux dire, sans les catégories. Il me semble que quand on démarre, on ne voit pas ça avant longtemps. Et puis, comme les catégories se fondent au départ sur l'existant en maths (l'algèbre, la théorie des ensembles, la topologie, ...), on a le sentiment qu'on pourrait quand même finir par y arriver (moins rapidement, avec moins d'élégance, à montrer ce résultat sans les catégories). Mais c'est juste une impression.
  • Bonjour

    En suivant le fil susmentionné, et en lisant la première intervention, il me semble que Maxtimax fait abondamment appel à la théorie des modèles ; mais peut-être que je me trompe.

    Thierry
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Si c'est le cas, c'est déguisé parce que moi je n'y comprends quasiment rien, aux modèles
  • Julia : ton énoncé sur les modules, peu importe comment tu le formules, est faux. Je peux te dire des choses différentes (catégoriques !) sur les A-modules et les B-modules. On peut les distinguer.
    Ce que je disais sur A et B implique ce fait là !

    Quant à "on peut le montrer sans", c'est valable pour n'importe quel domaine/théorème. C'est d'ailleurs un théorème de logique :-D qui s'appelle l'élimination des coupures.
    Mais beaucoup de choses ne peuvent même pas se formuler sans : les catégories sont devenues un objet d'intérêt, pour des raisons évidentes quand on regarde l'histoire de la géométrie algébrique, de la topologie algébrique, et de l'algèbre.


    Thierry : non, pas de théorie des modèles ici - c'est bien plus simple puisque (par dessein) tout est équationnel : les formules sont toutes de la forme $\forall x, p=q$ donc, sauf pour aller plus loin, pas besoin de la sophistication des modèles
  • Je parlais de ce fil, où il aurait été possible de considérer la catégorie des modèles.

    PS : je lirai ce fil en détail, plus tard, quand j'aurai le temps.
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Thierry : oui, j'avais compris, et je rèpondais à ce sujet
  • Julia Paule
    Modifié (December 2021)
    Bonjour,

    Pour l'instant, la théorie des catégories me permet de comprendre pas mal de choses en algèbre, et que bien utilisé, cela permet de raccourcir certaines démonstrations (pour donner un exemple, pour démontrer la formule des extensions de scalaires successives, cela prend 4 lignes avec les foncteurs, une page de calcul en direct).

    Sinon, je ne comprends pas vraiment le lemme de Yoneda : à quoi sert-il, et pourquoi parait-il avoir une telle importance en théorie des catégories ?
    Par exemple, ce fil que j'ai retrouvé : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,2063018,2064036#msg-2064036
    Pour moi, le lemme de Yoneda donne l'unicité de l'objet universel, je m'explique. Dans ce fil (à la fin), on a donc $A_2$ qui représente le foncteur $\hom(A_1, -)$ (ou le contraire, peu importe). Si j'applique à la lettre le lemme de Yoneda, il dit qu'il existe un unique morphisme $\lambda$ appartenant à $\hom(A_1, A_2)$ tel que le morphisme de foncteurs $\hom(A_2, -) \rightarrow \hom(A_1, -)$ envoie pour tout objet $B$ (en l'occurrence une $A$-algèbre) un morphisme $f$ de $\hom(A_2, B )$ sur $f \circ \lambda$ !
    Il ne dit pas (comme il est dit dans le fil, ou il ne semble pas dire, ou bien encore c'est une conséquence du lemme) que $\hom(A_1, -) \cong \hom(A_2, -) \Rightarrow A_1 \cong A_2$.
    Il semble que c'est une conséquence du lemme de Yoneda. Pouvez-vous confirmer ? Donc le lemme de Yoneda serait important du fait de ce corollaire ?
  • @JP : bonjour. Le lemme de Yoneda, spécifique aux catégories localement petites (les plus usuelles) [*], est vital et moins restrictif que tu sembles le supposer. Relis-le. Il permet notamment d'introduire le concept de représentabilité fonctorielle, et sa cousine, pour ainsi dire, qui est celle d'universalité, où interviennent les notions d'isomorphismes. Sans le lemme de Yoneda, point de salut.

    [*] Il est à noter que les auteurs ne s'accordent pas à définir exactement ces catégories localement petites. Cependant, la définition classique des catégories tend à ne considérer que des catégories de ce type.
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Julia : c'est effectivement un corollaire du lemme de Yoneda, d'ailleurs le meilleur corollaire est "et tout isomorphisme est induit par un unique isomorphisme entre $A_1$ et $A_2$".

    Comme tu l'indiques, ça permet de parler du représentant d'un foncteur et d'obtenir l'unicité à isomorphisme près dans toutes les propriétés universelles.

    Mais ce n'est qu'une des applications possibles. Comme je l'expliquais dans l'autre fil, il permet aussi par exemple de réduire beaucoup d'énoncés à des énoncés ensemblistes.
    Il est aussi essentiel dans la théorie des catégories présentables, qui est là où la machinerie catégorique est particulièrement adaptée et puissante. En quelques mots, le slogan est qu'énormément de catégories usuelles (celles qui nous intéressent) peuvent se voir comme des sous-catégories (pleines) de catégories de foncteurs. À partir de là, le lemme de Yoneda te permet de calculer des ensembles de morphismes dans ces catégories.

    Il permet aussi de faire des calculs, en jonglant entre propriétés universelles etc.

    Il permet aussi de travailler sur des objets d'une catégorie quelconque comme des ensembles, avec des "éléments généralisés" - c'est particulièrement pratique pour les catégories abéliennes et le "diagram chasing"

    Bref, c'est le théorème le plus important de toute la théorie (ce qui rend son nom, "lemme", d'autant plus amusant) et il est essentiel pour à peu près tout.
  • @Maxtimax : bonsoir. Je qualifierais bien le lemme de Yoneda de théorème fondamental des catégories.
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Merci à vous. Ce n'est toutefois pas très clair.

    TP, peux-tu donner des exemples concrets qui étayent le fait que tu vois le lemme de Yoneda comme le théorème fondamental des catégories ?

    Maxtimax,
    "cela permet de parler du représentant d'un foncteur" : cela donne quoi concrètement ?
    "tout isomorphisme est induit par un unique isomorphisme entre A1 et A2" : tout isomorphisme fonctoriel ? qu'est-ce que cela donne concrètement de savoir qu'il est induit par un unique isomorphisme ?
    Admettons que de savoir lequel est intéressant, mais si j'ai bien compris, le lemme de Yoneda ne le donne que si on a déjà la formulation de l'isomorphisme fonctoriel.
    "il permet de faire des calculs en jonglant entre propriétés universelles" : on peut le faire sans les foncteurs.
    Sinon, je n'ai pas vu les catégories de foncteurs.

    Si j'ai bien compris :
    - soit on a déjà la formulation de l'isomorphisme fonctoriel, et le lemme de Yoneda donne alors l'objet universel,
    - soit on a l'objet universel, et le lemme de Yoneda donne alors la formulation de l'isomorphisme fonctoriel.
    Pouvez-vous confirmer ?

    Un exemple concret de l'utilité de ce lemme serait intéressant (autre que celui que j'ai trouvé plus haut d'un de ses corollaires).
  • 1) beh ça donne l'unicité à iso près d'un truc satisfaisant une propriété universelle. Ça permet de définir le produit tensoriel proprement, et de vérifier ses propriétés de base, par exemple.

    2) Oui, un isomorphisme entre foncteurs je vois pas ce que ça peut être d'autre de pertinent...
    Bah ça te donne que si tu sais me définir un morphisme entre ces foncteurs (par un mélange de propriétés universelles par exemple) en fait il vient des objets. Ça permet donc de définir des morphismes entre objets, et vérifier que ce sont des isos, souvent de manière plus agréable qu'à la main. Par exemple l'isomorphisme $A \times (B\coprod C) \cong A \times B \coprod A\times C$ (responsable de la distributivité de l'addition) se voit plus facilement via les foncteurs représentants que sur les objets eux-mêmes (même si à la fin des fins, en déroulant Yoneda tu pourrais le faire)

    3) Oui mais c'est souvent plus pénible, voire impossible à voir. Bien sûr, a posteriori, tu peux toujours retirer l'usage de Yoneda, mais à nouveau c'est vrai pour littéralement tout (élimination des coupures)

    Si tu n'as pas vu les catégories de foncteurs, il est évident que Yoneda n'a pas trop de sens pour toi...

    Exemples d'application (limités, si tu ne sais pas ce qu'est une catégorie de foncteurs) :
    - $A\times (B \coprod C)\cong A\times B \coprod A\times C$
    - Le produit tensoriel préserve les sommes directes, les unions croissantes, les suites exactes à droite. Plus généralement les adjoints à gauche préservent les colimites (et sont exacts à droite, dans le cas abélien)
    - L'ensemble des transformations naturelles de l'identité vers elle-même sur la catégorie des $R$-modules est $Z(R)$ - en particulier si $R,S$ sont commutatifs et ont des catégories de modules équivalentes, alors $R\cong S$
    - Le point de vue foncteur des points en géométrie algébrique, et la notion de "moduli space/stack"
    - La classification des opérations cohomologiques (stables) en topologie algébrique, via la cohomologie des espaces d'Eilenberg-MacLane.
    - ...

    Avec plus de temps je pourrais te donner des milliers d'exemples mais à partir d'un moment il faut aller plus loin et donc ils ne te serviraient pas à grand chose
  • Merci beaucoup Maxtimax. Je vais lire ton message à tête reposée.
  • @JP : bonjour. Voici un montage pour manifester en surface ce que dit Emily Riehl sur le lemme de Yoneda. Il me semble que tu possèdes son excellent travail. Pour la catégorie des foncteurs, tu pourras te référer à la page 44 dudit livre.128004
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Julia Paule
    Modifié (December 2021)
    Merci beaucoup TP, cet énoncé du lemme de Yoneda a l'air plus clair que dans mon cours.

    Reprenons depuis le début avec l'exemple du 1er message, i.e. l'anneau quotient $A/I$. Il est dit dans un ancien cours que la propriété universelle de l'anneau quotient caractérise $A/I$, i.e. tout anneau $R$ qui la vérifie est, non pas égale à $A/I$, mais isomorphe à $A/I$.
    J'essaie de démontrer cette affirmation.

    On a donc :
    1) - $PU$ de l'anneau quotient $A/I$ : pour tout anneau $B$ et tout morphisme d'anneaux $f : A \rightarrow B$ tel que $I \subset Ker f$, alors il existe un unique morphisme d'anneaux $\overline{f} : A/I \rightarrow B$ tel que $f=\overline{f} \circ p$ (en appelant $p$ la projection canonique de $A$ dans $A/I$).

    2) - Soit $R$ un anneau qui vérifie la $PU$ de $A/I$ : je la reproduis pour que cela soit plus clair :
    pour tout anneau $B$ et tout morphisme d'anneaux $f : A \rightarrow B$ tel que $I \subset \ker f$, alors il existe un unique morphisme d'anneaux $\tilde{f} : R \rightarrow B$ tel que $f=\tilde{f} \circ g$ (en appelant $g$ un morphisme d'anneaux de $A$ dans $R$).

    Pour pouvoir appliquer 1) et pouvoir écrire 2), il faut commencer par montrer qu'il existe un morphisme d'anneaux $g : A \rightarrow R$ tel que $I \subset Ker g$, sauf que je ne vois pas bien comment y arriver, cela veut dire qu'il faut le mettre en hypothèse ??

    J'ai dû louper quelque chose. Merci d'avance.
  • Ce que tu loupes c'est que dans la propriété universelle, il y a également la donnée d'un tel morphisme.
  • Merci Poirot, je n'avais pas vu ton message. Que devient alors la propriété universelle ? Je vais essayer de l'écrire.
  • Julia Paule
    Modifié (December 2021)
    Ben : $PU$ de l'anneau quotient (soit $A$ un anneau et $I$ un idéal de $A$) : il existe un anneau $R$ et un morphisme d'anneaux $p : A \rightarrow R$ tel que $I \subset \ker p$, tel que pour tout anneau $B$ et tout morphisme d'anneaux $f : A \rightarrow B $ tel que $I \subset \ker f$, il existe un unique morphisme d'anneaux $\overline {f} : R \rightarrow B$ tel que $f=\overline {f} \circ p$.
    C'est ça ?

    Alors que veut dire que l'anneau $S$ vérifie la $PU$ de l'anneau quotient ? Tel quel, cela n'a pas de sens ?
    Il faut donc la démarrer différemment :
    Soit un anneau $S$ et un morphisme d'anneaux $g : A \rightarrow B$ tel que $I \subset \ker g$. Puis la continuer comme dans mon message précédent par : 2) (en remplaçant $R$ par $S$) : pour tout anneau $B$ et tout morphisme d'anneaux .... ?

    La $PU$ a donc deux tournures différentes : cela est un peu gênant.
  • On peut réconcilier les deux énoncés de la $PU$ en disant qu'on peut mettre l'existence de l'anneau quotient $A/I$ dans l'énoncé, ou non. Il me semble qu'il est préférable de ne pas le mettre, car on a déjà prouvé son existence préalablement, et une propriété est quelque chose qui se vérifie ou non (par exemple, une loi interne sur un ensemble est commutative ou non).

    Soit donc $A$ un anneau (disons commutatif, ainsi que tous les anneaux considérés, pour simplifier), $I$ un idéal de $A$, et $p$ la projection canonique de $A$ sur $A/I$ (on remarque que $p$ est surjective et que $I \subset \ker p$, et c'est même une égalité).
    Alors la $PU$ de l'anneau quotient $A/I$ s'énonce comme en 1) de http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?16,2309406,2319380#msg-2319380
    Et $R$ vérifie la $PU$ de l'anneau quotient signifie que :
    - il existe un morphisme d'anneaux $g : A \rightarrow R$ tel que $I \subset \ker g$
    - 2) de http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?16,2309406,2319380#msg-2319380

    Alors, en appliquant 1) au couple $(B,f) = (R,g)$, 2) $=(A/I, p)$, 1) $= (A/I, p)$, et 2) $= (R,g)$, on obtient $R \cong A/I$, (et $g$ est surjective, $I=\ker g$), i.e. l'anneau quotient est unique à isomorphisme près.

    Il me semble qu'on retrouve la même application du lemme de Yoneda : l'unicité du représentant à isomorphisme près.

    Maxtimax, ok pour le produit tensoriel préserve les sommes directes, mais je ne vois pas comment le lemme de Yoneda intervient.
    Je retiens : "Si tu n'as pas vu les catégories de foncteurs, il est évident que Yoneda n'a pas trop de sens pour toi..."
    Merci. Je ne cherche pas plus loin.
  • Ce n'est pas "il existe". La PU de l'anneau quotient c'est "le couple $(R,g : A\to R)$ est un anneau quotient si blablabla"

    Le produit tensoriel préserve les sommes directes : par le lemme de Yoneda (version duale), la suite d'isomorphismes naturels suivante suffit : $\hom(A\otimes (\bigoplus_i M_i), N) \cong \hom(\bigoplus_i M_i, \hom(A,N))$
    $
    \cong \prod_i \hom_i(M_i, \hom(A,N)) \cong \prod_i \hom(A\otimes M_i, N)$
    $ \cong \hom(\bigoplus_i A\otimes M_i, N)$

    On a aussi vu l'exemple de $k[x,y]/(x-y) \cong k[x]$ dans le passé, qui peut se démontrer sans division euclidienne, ou encore $A[f^{-1}] \cong A[x]/(xf-1)$, avec des preuves similaires.
    À nouveau, c'est loin d'être le seul usage (cf ma liste d'exemples), mais c'est un début
  • JP a écrit:
    $PU$ de l'anneau quotient (soit $A$ un anneau et $I$ un idéal de $A$) : il existe un anneau $R$ et un morphisme d'anneaux $p : A \rightarrow R$ tel que $I \subset \ker p$, tel que pour tout anneau $B$ et tout morphisme d'anneaux $f : A \rightarrow B $ tel que $I \subset Ker f$, il existe un unique morphisme d'anneaux $\overline {f} : R \rightarrow B$ tel que $f=\overline {f} \circ p$.
    C'est ça ?

    Oui c'est ça. Et là l'unicité à isomorphisme unique près est claire.

    "La propriété universelle du quotient" en tant que telle n'a pas vraiment de sens, il y a tout de même la donnée de $A$ et de $I$ au départ, il faudrait donc parler de "la propriété universelle du quotient de $A$ par $I$" mais c'est un peu lourd.
  • Maxtimax, d'accord pour la PU de l'anneau quotient, c'est plus direct.

    Sinon, je ne connais pas non plus la version duale du lemme de Yoneda, et je ne vois pas pourquoi tu introduis $A \otimes $ dans la suite des isomorphismes, mais c'est peut-être lié.
  • Merci Poirot. Certains auteurs initient la $PU$ par le quantificateur "pour tout idéal $I$ de $A$". On pourrait aussi introduire : "pour tout anneau $A$ ...".

    Sans aller jusque là (je ne suis pas sûre qu'on parle des mêmes $PU$), la "$PU$ du quotient de $A$ par $I$" est beaucoup plus clair que "la $PU$ de l'anneau quotient". Il y a aussi "la $PU$ de l'anneau quotient $A/I$" qui désigne explicitement un représentant, et que je trouve moins claire du coup.
  • @JP : bonjour. En s'appuyant sur le théorème de Yoneda de Emily Riehl, cela commencerait comme ceci pour sa version duale (son image dans un miroir) : for any functor $F:\mathrm{C}^{op}\to\mathrm{Set}$ whose domain $\mathrm{C}$ (...)

    Se rappeler que le dual de $\mathrm{C}(c,\,-)$ n'est autre que $\mathrm{C}(-,\,c)$ pour tout $\mathrm{C}$-objet $c$.
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • TP, bonjour. Ah d'accord, la version duale avec la catégorie opposée. Merci.
  • Je retiens :

    $PU$ de l'anneau quotient de $A$ par $I$ (ou du quotient de $A$ par $I$) : un couple $(R,g)$ est un anneau quotient de $A$ par $I$ si blabla.

    Je discutais l'autre jour avec un ami qui me disait qu'il n'avait jamais compris que la "division de 3 par 0, ça ne faisait pas 3, puisqu'on divise 3 par 0, donc par rien, donc on ne le divise pas, donc cela reste 3".
    Cela pour dire que les mots qu'on emploie sont très importants en mathématiques.
    J'ai fini par le convaincre en lui disant que l'expression "diviser 3 par 0" est inappropriée, c'est "diviser 3 en 0" qu'il faudrait dire : on s'attend à un résultat quand on divise. On divise un gâteau en 8 personnes (on comprend, chacune aura un 1/8ème de part), on divise un gâteau en 0 personnes, on voit bien que c'est impossible (qu'aura chacune de ces 0 personnes ?).
  • Je m'essaie (en vain) à démontrer en direct (sans passer par les foncteurs et le lemme de Yoneda) que dans la catégorie Ann (par exemple), $[\forall X \in Ob Ann, \hom_{Ann}(A,X) \cong \hom_{Ann}(B,X)] \Leftrightarrow A \cong B$. Le sens <= est immédiat.

    Quelqu'un aurait-il une idée pour l'autre sens ? Cela parait (presque) évident, car se donner un morphisme de $A$ dans $X$ revient à se donner un morphisme de $B$ dans $X$, et vice-versa, pour tout $X$.
  • L'énoncé est faux, et si tu le corriges pour qu'il devienne vrai, la preuve sera exactement celle de Yoneda.

    Ta dernière phrase est "Cela parait évident parce que le lemme de Yoneda est vrai" :-D
  • Salut
    Je note $\mathbf{A} := \text{Hom}(A,\bullet)$ et $\mathbf{B} := \text{Hom}(B,\bullet)$. On note : $f : \mathbf{A} \to \mathbf{B}$ et $g : \mathbf{B} \to \mathbf{A}$ les isomorphismes naturelles réciproques. Un petit diagramme pour m'amuser :
    $$
    \xymatrix{
    \mathbf{B} \ar[r]^g \ar@/^2pc/[rr]^{\text{Id}_{\mathbf{B}}}& \mathbf{A} \ar[r]^f & \mathbf{B}
    }
    $$ On note : $ \psi : A \to B$ le morphisme d'anneau donné par $g_B(\text{Id}_B)$ et $\phi : B \to A$ le morphisme d'anneau $f_A(\text{Id}_A)$. On a le diagramme commutatif (qui vient des transformations naturelles) ;
    $$
    \xymatrix{
    \mathbf{B}(A) \ar[r]^{g_A} \ar[d]_{\psi^\star} & \mathbf{A}(A) \ar[r]^{f_A} \ar[d]_{\psi^\star} & \mathbf{B}(A) \ar[d]_{\psi^\star} \\
    \mathbf{B}(B) \ar[r]^{g_B} & \mathbf{A}(B) \ar[r]^{f_B} & \mathbf{B}(B)
    }
    $$ Remarque.
    J'ai noté $\psi^\star : \mathbf{B}(A) \to \mathbf{B}(B)$ la composition à gauche par $\psi$ mais pour tous les foncteurs de la forme $\text{Hom}(C,\bullet)$ et $h : A \to B$, c'est exactement $\text{Hom}(C,h) : \text{Hom}(C,A) \to \text{Hom}(C,B)$ donc c'est un léger abus de notation dans les verticales que j'ai noté toujours $\psi^\star$ mais c'est toujours la multiplication à gauche par $\psi$ mais c'est l'action du foncteur $\mathbf{A}$ ou $\mathbf{B}$ sur le morphisme $\psi$.

    Maintenant je prends $\text{Id}_A$ en haut au milieu du diagramme et je complète le diagramme :
    $$ \xymatrix{
    \star & \text{Id}_A \ar[r]^{f_A} \ar[d]_{\psi^\star} & \phi \ar[d]_{\psi^\star} \\
    \text{Id}_B \ar[r]^{g_B} & \psi \ar[r]^{f_B} & \psi \circ \phi
    }
    $$ Comme $f_B \circ g_B = \text{Id}_{\text{Hom}(B,B)}$ et bien $\psi \circ \phi = \text{Id}_B$.
    Vérifie que je ne me sois pas embrouillé mais je pense que ça tourne !
  • Merci flipflop. Cela parait vraiment calqué sur les foncteurs et les isomorphismes de foncteurs. Je cherchais une preuve en dehors, mais bon. Mais cela a le mérite de faire comprendre la difficulté et d'où sort la théorie !
    Pourquoi le diagramme commute ? Par exemple, en prenant en haut à gauche dans le diagramme $u \in Hom(B,A)$, pourquoi a-t-on $\psi \circ g_A(u)=g_B(\psi \circ u)$ ?

    Maxtimax, l'isomorphisme de foncteurs se décline selon $X$, je ne vois pas où est l'erreur ?
  • Tu dis "pour tout $X, F(X) \cong G(X)$ ", c'est beaucoup (beaucoup) moins fort que "$F$ est naturellement isomorphe à $G$"

    Donc non, cela ne se "décline" pas selon $X$.
    Et d'ailleurs tu le vois à la preuve de flipflop, le diagramme que tu ne comprends pas est exactement le diagramme de naturalité
  • (D'ailleurs dans ce cas précis des anneaux, c'est un exo amusant de trouver un contre-exemple - en particulier la naturalité est complètement nécessaire, et donc toute preuve doit la faire intervenir, et donc avoir un goût similaire à Yoneda, sinon juste calquer Yoneda)
  • Salut,

    $f$ et $g$ sont des transformations naturelles c'est important et c'est cet oublie que souligne Max. Une transformation naturelle entre deux foncteurs $f : X \to Y$, c'est une collection $f_R : X(R) \to Y(R)$ où $R$ est un anneau mais vérifiant la condition suivante ! Pour tout morphisme d'anneau $\phi : R \to R'$ le diagramme suivant commute :
    $$
    \xymatrix{
    X(R) \ar[r]^{f_R} \ar[d]^{X(\phi)} & Y(R) \ar[d]^{Y(\phi)} \\
    X(R') \ar[r]_{f_R'} & Y(R')
    }
    $$
    C'est naturelle comme condition, j'essaye de donner une illustration de cette condition de naturalité en restant dans la catégorie des anneaux commutatif.

    Soit $n$ un entier, je note $M_n$ le foncteur donné par $R \mapsto M_n(R)$ donc les matrices $n \times n$ à coefficient dans $R$. L'action de se foncteur sur un morphisme d'anneau $\phi : R \to R'$ est simplement l'application de $\phi$ sur les coefficients de la matrice. Tu peux penser a $R = \Z$ et $R' = \Z/p\Z$ et $ \pi : \Z \to \Z/p\Z$ la réduction modulo $p$. Si tu prends une matrice $M$ à coefficient dans $\Z$, je ne pense pas que ça te semble bizarre de la réduire modulo $p$ et bien ici on note $M_n(\pi)(M)$ sa réduction modulo $p$ ( c'est ultra lourd comme notation).

    Maintenant, je note $\mathbb{A}^1$ le foncteur donné par $R \mapsto \left( \text{$R$ vu en tant qu'ensemble} \right)$.

    Et bien tu as une transformation naturelle $\text{Det} : M_n \to \mathbb{A}^1$. Pour un anneau $R$, $\text{Det}_R : M_n(R) \to \mathbb{A}^1(R)$ est donné par $M \mapsto \text{det}(M)$ !

    La naturalité veut dire que si tu prends une matrice à coefficient dans $\Z$ et que tu la réduit modulo $p$ et qu'ensuite tu calculs son déterminant et bien c'est la même chose que de réduire modulo $p$ le déterminant (c'est lié au caractère polynomial du déterminant).
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