Petite question sur la théorie des ensembles

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Réponses

  • @Julia Paule, les entiers sont finis, mais peuvent (dans certains univers) avoir un nombre infini d'éléments au sens intuitif !
    Voilà comment je me figure la chose. C'est intuitif, peu rigoureux, et peut-être même faux (?), mais j'ai très peu de connaissances en logique, et les participants plus compétents me corrigeront et t'expliqueront mieux.

    Un ordinal limite est un ordinal non nul et qui ne possède pas de prédécesseur. On formule souvent l'axiome de l'infini par : il existe un ordinal limite. On note $\omega$ le plus petit.
    Tous les ordinaux inférieurs à $\omega$, ses éléments donc, sont nuls ou ont un prédécesseur. On les appelle les entiers naturels.

    On se figure donc que la liste des ordinaux commence par :

    $0, 1, 2, ..., \omega, \omega+1, ..., 2\omega, 2\omega+1, ...$

    Mais il peut arriver que ça soit plutôt, par exemple :

    $0, 1, 2, ..., $ $... \alpha-2, \alpha-1, \alpha, \alpha+1, \alpha+2, ..., \omega, \omega+1, ..., 2\omega, 2\omega+1, ...$ où $\alpha$ est un certain ordinal.

    $\alpha$ est donc un ordinal fini, mais qui possède un nombre infini d'éléments !
    Tu me rétorqueras qu'$\alpha$ n'est pas un ordinal puisqu'il n'est pas bien ordonné (par $\in$) : la partie $\{ ... \alpha-2, \alpha-1, \alpha \}$ n'a pas de plus petit élément. C'est là le hic ! C'est une partie au sens intuitif, mais pas une partie de $\alpha$ en tant qu'élément de l'univers.

    Le mystère s'est maintenant déplacé : comment est-il possible qu'une partie d'$\omega$ au sens intuitif ne soit pas un ensemble de l'univers ?
    Cela vient du fait que le schéma de compréhension $\exists x \forall y $ $( y \in x \Leftrightarrow (y \in \omega \wedge P(y)))$ ne peut s'appliquer qu'à un nombre infini dénombrable de formules $P(y)$ alors que le nombre de parties d'$\omega$ au sens intuitif est infini non dénombrable.
  • GG a écrit:
    comment est-il possible qu'une partie d'$\omega$ au sens intuitif ne soit pas un ensemble de l'univers ?

    Intéressant ton argument GG.

    Dans le Krivine il montre que s'il existe un ordinal fini qui possède un nombre infini d'éléments, la partie de l'univers (au sens intuitif) formée des entiers standards $0,1,2,...$ ne peut pas être une collection (une collection étant une formule à un argument). Donc, dans ce cas, non seulement les entiers standards ne forment pas un ensemble mais ils ne peuvent même pas être définis par une formule.

    Il procède en supposant qu'il existe une formule $P(x)$ qui définit les entiers standards. Alors étant donné qu'il existe par hypothèse un ordinal fini $\alpha$ ayant une infinité d'éléments, on a $\neg P(\alpha)$. Soit donc $\beta$ le plus petit ordinal fini tel que $\neg P(\beta)$. L'ordinal fini $\beta$ a un prédécesseur $\gamma$ et $\gamma$ est forcément un entier standard car $P(\gamma)$. Mais alors $\beta=\gamma +1$ est aussi un entiers standard ce qui est absurde.

    Bon ce n'est pas très compliqué mais j'ai trouvé ça surprenant.


    PS. que les pros n'hésitent pas à me dire si je n'ai rien compris aux premières pages du Krivine... B-)-
  • @JP : suite à ceci et bien que ce point ne soit pas important, clairement $x\in\{x\}$ quel que soit $x$ de type ensemble. Supposons que l'on travaille sans l'axiome de fondation. Rien n'interdit d'avoir $a\in{}a$ pour un certain $a$ de type ensemble. Supposons que ce soit le cas. Comme $a\in\{a\}$, il vient que $a\in\left(a\cap\{a\}\right)$.
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • @Médiat, je n'ai pas dû bien m'exprimer. Je reformule en quelques questions précises.

    1) Est-il vrai qu'il existe une théorie de ZF du second ordre ?

    2) Si oui, est-il vrai que tous ses modèles sont isomorphes, et donc ce n'est pas le cas que certains aient des entiers finis avec un nombre infini d'éléments au sens intuitif, et d'autres pas ?

    3) Est-il vrai que les bouquins de théorie axiomatique des ensembles, style celui de Krivine, ne mentionnent jamais dans leur introduction qu'ils vont développer leur théorie dans la logique du 1er ordre, qu'ils pourraient le faire dans celle du second ordre, mais qu'ils ne le font pas pour telle et telle raison ?

    4) Si oui, est-il vrai que l'unique raison pour laquelle ils ne le font pas est qu'avec le second ordre on perdrait la complétude, i.e. il existerait alors des énoncés qui seraient vérifiés dans tous les modèles, mais seraient indémontrables ?

    Si par miracle je ne me trompais pas, les questions d'ordre philosophiques et les doutes ne feraient alors que commencer, mais j'espère bien que tu vas réfuter quelques-uns des énoncés 1) à 4), ce qui me permettrait d'avancer.
  • Bonjour GG

    1)"ZF du 2nd ordre" : il suffit de prendre les axiomes de ZF et de dire que la logique à utiliesr est celle du 2nd ordre, la logique du 2nd ordre peut être considérée comme une théorie faible des ensembles

    2) Je ne pense pas, dans la mesure où les modèles du 2nd ordre dépendent du domaine choisie (pour quantifier sur les sous-ensembles)

    3) Je ne serais pas surpris, ayant écrit un document sur les ensembles de nombres, je n'ai pas expliqué dans l'introduction, pourquoi je ne parlerais pas d'autres choses

    4) Je ne suis pas dans la tête des gens qui ont écrit sur des théories des ensembles, mais ,ne pas avoir de théorème de compacité, ni de Löwenheim-Skolem, ni d'interprétation à la fois complète et correcte, sont bien des "défauts"
  • Merci Médiat pour les réponses, il faut que j'y réfléchisse.

    1) N'est-ce pas l'inverse ? ZF au 2ème ordre n'est-elle pas plus forte que ZF au 1er, tous les théorèmes de celle-ci (1er) étant théorèmes de celle-là (2ème) ?

    2) Tu parles de choix, je ne comprends pas parce que je n'ai jamais vu de près l'élaboration de la logique du 2ème ordre. Mais parmi ces choix, n'y en a-t-il pas un pour lequel tous les modèles sont isomorphes ?

    3) C'est comme si tu me disais qu'une théorie de ZF au 2ème ordre serait autre chose qu'une théorie des ensembles !
  • 1) J"ai écrit "la logique du 2nd ordre peut être considérée comme une théorie faible des ensembles" avant même de parler d'une quelconque théorie

    2) Mais comme il y a plusieurs modèles... j'ai du mal à dire qu'il n-y en a qu'un

    3) Ben si on décide d'écrire un bouquin sur ZF(C) (qui est une théorie du 1er ordre) pourquoi parler d'aure chose (comme les 30 (*) autres théories des ensembles)

    (*) Je n'ai jamais compté, c'est sans doute plus
  • OK, Médiat, merci.

    Ceci dit, le bouquin de Krivine est intitulé "Théorie des ensembles" (pour l'édition Cassini), et non "Théorie des ensembles de Zermelo-Fraenkel".
    Dans l'introduction, il dit ".. Il y a beaucoups de systèmes d'axiomes possibles pour la théorie des ensembles, mais le consensus s'est finalement réalisé sur l'un des plus puissants : la théorie de Zermelo-Fraenkel..."

    Ok, on comprend la motivation, mais au premier chapitre, il introduit de but en blanc les axiomes et les schémas de ZF, et sans un mot sur la logique sous-jacente. Et là, un lecteur (curieux) pourrait se demander : pourquoi un schéma d'axiomes, et non une formule du second ordre, etc.

    Bon, je crois que j'ai une idée en tête que je n'arrive pas à communiquer. Pas grave, et merci encore.
  • GG a écrit:
    2) Si oui, est-il vrai que tous ses modèles sont isomorphes, et donc ce n'est pas le cas que certains aient des entiers finis avec un nombre infini d'éléments au sens intuitif, et d'autres pas ?
    Médiat a écrit:
    En fait il faut définir le domaine, c'est-à-dire les sous-ensembles sur lesquels on peut quantifier, et on peut se rassurer en disant "on les prend tous", mais cela ne fait pas faire un seul pas mathématique en avant pour expliciter de quoi on parle...

    2) Je ne pense pas, dans la mesure où les modèles du 2nd ordre dépendent du domaine choisie (pour quantifier sur les sous-ensembles)

    Quitte à raconter d'ÉNORMES salades je vais essayer d'interpréter la réponse de Médiat, en tout cas c'est comme ça que je la comprends.

    On s'autorise à quantifier sur les relations unaires et on désire que toute partie au sens intuitif d'un ensemble soit un ensemble (ce qui est probablement un vœu pieux).

    Soit donc $a$ un ensemble. Dire qu'une relation unaire $Z$ est une partie au sens intuitif de $a$ peut s'exprimer avec l'énoncé $R(Z,a)$ définit par $ R(Z,a):= \forall x, \ Z(x)\Rightarrow x\in a$.

    Dire que toute partie au sens intuitif de $a$ correspond à un ensemble devrait donc s'écrire : $\forall Z,\ \exists z,\ R(Z,a)\Rightarrow \text{égal}(Z,z), \quad (1)$

    où $\text{égal}(Z,z)$ est l'énoncé $\forall b,\ Z(b)\Leftrightarrow b\in z$.

    Sauf que naturellement l'énoncé $(1)$ ne dit absolument pas que toute partie au sens intuitif de $a$ correspond à un ensemble. En effet pourquoi ne pourrait-il pas exister un univers dans lequel les variables $Z$ ne capturent pas toutes les parties intuitives d'un ensemble $a$ ?
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