Axiome du choix

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Réponses

  • En effet, merci Médiat, confusion de ma part.

    Sinon la démonstration à laquelle je faisais allusion est celle de Foys dans le cas fini :
    (AC): Pour tout ensemble X dont les éléments sont non vdes et disjoints deux à deux, il existe un ensemble Y dont l'intersection avec chacun des éléments de X possède exactement un élément.

    Mais il n'y est pas question de fonctions, elle ne semble pas marcher pour démontrer l'existence d'une fonction dans le cas fini (de l'ensemble indice). On bute toujours sur le "il existe" imprécis.
    Par contre, on peut s'en servir pour montrer l'existence de la fonction : on tient l'unicité (l'élément de Y).
    Cela ne fonctionne pas dans le cas infini car on a utilisé une récurrence.

    Je devrais continuer l'étude de la théorie avant de poser de nouvelles questions, ou lire un livre plus approfondi comme celui de P. Dehornoy (mais 650 pages ...).
  • Heu la démonstration de Foys dans le cas fini (pour l'ensemble d'ensembles) se heurte aussi à une incertitude ? Elle bute aussi sur le tout 1er axiome de la théorie des ensembles, à savoir celui d'extensionnalité : il faut définir $b$ sans ambiguïté pour parler de $Y \cup \{ b \}$ (on "choisit" $b$ dans un ensemble éventuellement infini) ?
  • "Il existe" n'est pas imprécis, il y a des règles de déduction parfaitement précises qui ecpliquent ce qu'on peut et ne peut pas faire avec.

    "Incertitude" n'est pas un mot mathématique, et la démonstration de Foys (que je n'ai pas lue) marche tout à fait bien, aussi bien pour sa version que pour la version.avec des fonctions.

    Il suffit de passer de $n$ à $n+1$ : tu supposes (par récurrence) qu'il y a une fonction de choix sur $A_1,...,A_n$, appelons là $f$. Je rappelle que ça signifie $f(i)\in A_i$.

    Maintenant, par hypothèse, $A_{n+1}$ est non vide. Il existe donc $a\in A_{n+1}$. Je peux définir $g$ par $i\mapsto f(i)$ si $i\leq n$, et $g(n+1)=a$. C'est une fonction de choix, donc il existe une fonction de choix.
    Fin.

    Elle n'est pas unique, et n'importe quel $a$ en fournit une - à vrai dire, n'importe quelle $f$ en fournit une aussi. En particulier ce résultat ne me dit pas qu'il y a une manière définissable de se donner une fonction de choix, juste qu'il y en a une qui existe (c'est pour ça, par exemple, qu'il ne s'étend pas au cas dénombrable).


    Si cette démonstration n'est pas claire, la confusion se trouve peut-être plus tôt, sur le "il exisfe" justement
    (On en revient aux râleries de Foys sur le fait qu'on enseigne les maths sans enseigner les règles du jeu :-D)
  • Ha j’arrive bien tard. Christophe me disait bien de faire une récurrence (passer de 8 à 9).
    Il me disait aussi « non, on ne définit pas la fonction de choix ».
    Dans mon vocabulaire, c’est pourtant bien ça : on a l’existence pour $n$ et on définit pour $n+1$ avec l’existence d’un élément car l’ensemble n’est pas vide. Mais j’entends bien que j’utilise « définir » dans un sens disons courant.

    Question : est-ce que AC est bien la même chose que de dire

    Quelle que soit la famille d’ensembles $(A_i)_{i\in I}$,
    si $\forall i,\ A_i$ est non vide, alors $\prod_{i\in I} A_i$ est non vide.
  • Dom : oui, c'est même la version qu'on présente d'habitude.
    Pour la remarque de Christophe: tu ne la définis pas au sens où elle n'est pas uniquement déterminée après ta preuve. Tu as seulement prouvé qu'il en existe une (potentiellement beaucoup)
  • Oui, voilà, c’est ça.
    En fait c’est le mot « définir » dans la phrase « l’application est mal définie ».
    J’y vois une acception très précise.
  • A mon avis ce qui cause les difficultés de Julia Paule est l'insupportable confusion entre fonction et formule ("une fonction est un procédé (défini par une formule)", préjugé faux inculqué avec insistance et fierté par des générations de pédagogistes et que les élèves doivent désapprendre par la suite).

    Jouons un peu avec ce préjugé.

    -La plupart des gens -ayant une culture on va dire au moins "lycéenne" des maths- sont d'accord avec le fait que si $E$ et $F$ sont des ensembles finis, le nombre de fonctions de $E$ dans $F$ vaut $card(F)^{card(E)}$ (où, étant donné un ensemble fini $X$, $card(X)$ désigne ici le nombre d'éléments de $X$).

    Soit $S=\{s_1,...,s_d\}$ un ensemble fini d'objets appelés "symboles". On prendra par exemple $d=256$ et $S$ va être la table "ASCII".
    Si $n$ est un entier, une formule à $n$ termes est un élément de $S^n$ (respectant certaines règles syntaxiques on va dire). Il y a au plus $d^n$ formules à $n$ symboles et au plus $\frac{d^{n+1} - 1}{d-1} = \sum_{k=0}^n d^k$ formules ayant au plus $n$ symboles.

    Ainsi, le nombre $N$ de fonctions prenant en entrée une liste de $4$ symboles dans la table ASCII et renvoyant une autre liste de $4$ symboles dans cette même est égal à $p^p$ avec $p=256^4$, et le nombre $M$ de formules à au plus dix-sept milliards ($17\times 10^9$) de caractères est égal à $\frac{256^{1+17 \times 10^9} +1 }{255}$.

    On a (google calc avec des logs en base 10) $$N/M = 255 \times \frac {256^{4 \times 256^4}}{256^{1+17 \times 10^9} +1} > 255 \times 256^{4 \times 256^4 - 17 \times 10^9} = 255 \times 256^{179869184} \simeq 6.97 * 10 ^{433168159} \tag 1$$
    Bref le nombre de fonctions de $S^4$ dans lui-même excède TRES LARGEMENT (!) le nombre d'éléments de $\bigcup_{k=0}^{17 \text{ milliards}}S^k$ !!! Presque aucune fonction de $S^4$ dans lui-même n'est définie par une formule sauf ayant un nombre énorme de symboles excédant les capacités de stockage des disques durs ventus dans le commerce.

    Bien évidemment dans le cas général on a simplement le résultat qui dit qu'un ensemble $M$ non réduit à un élément (mettons $\bigcup_{n\in \N} S^n$) ne se surjecte pas dans $M^M$ mais ces exemples montrent que cette non-surjectivité est bien plus qu'une pathologie "marginale" issue des arguments diagonaux à mon avis.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Bref les fonctions de la preuve du principe du choix pour une famille d'ensembles, ne sont pas définies par des formules, nul besoin de t'inquiéter si tu estimes qu'on ne peut pas construire de telles formules avec les données de l'énoncé Julia Paule, ce n'est pas ça une fonction de toute façon (certaines formules peuvent donner des fonctions mais toutes les fonctions ne sont pas, ne peuvent pas être données par une formule).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Dans les ouvrages que je connais et qui traitent des fondements des mathématiques, je ne trouve pas de définition de ce qu'est une formule. Je connais bien sûr le sens courant de ce mot, pas très précis d'ailleurs. Mais dans le cade d'une théorie rigoureuse, j'aimerais savoir comment c'est défini.
    Merci.
    Fr. Ch.
  • Tout dépend des règles syntaxiques que tu imposes Chaurien, mais en principe c'est un $n$-uplet de symboles pris dans un alphabet, d'où le fait qu'il y a au plus $\mathrm{card}(S)^n$ formules de longueur au plus $n$ sur l'alphabet $S$. Tu peux consulter n'importe quel cours de théorie des modèles pour la définition précise.
  • Bonjour Chaurien,
    Le mot "formule" s'applique à une très grande variété de situations et la seule définition générale qu'on puisse donner est celle que j'ai proposée dans la réponse que j'ai faite à Julia Paule:
    Une formule est une suite (finie) de symboles (d'autres artifices graphiques -traits de fractions, mises en indices, ..., pouvant être eux-mêmes encodés par de nouveaux symboles: $\frac x y$ étant vu comme une écriture plus commode de $x / y$ par exemple).

    Il doit y avoir autant de définitions de formules que d'auteurs.

    Pour ce qui est du cas particulier des formules (énoncés) de théorie des ensembles, j'ai proposé une définition ici http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?16,2285184

    De plus il y a la problématique distincte de l'interprétation de telles formules (sémantique, règles de démonstration quand les formules ont vocation à représenter des énoncés): à nouveau on est dans le cas par cas.

    C'est long certes mais je ne vois pas comment faire plus court en expliquant tout.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Le plus simple pour les formules c'est de donner une définition qui tient compte du langage, ce qui amène très rapidement à une construction des termes, des formules atomiques :
    La collection des termes d'un langage $\mathcal{L}$ est définie de la façon suivante :
    Les variables de $\mathcal{L}$ sont des termes.
    Les constantes de $\mathcal{L}$ sont des termes.
    Si $t_1, t_2, ... t_n$ sont des termes, et, si $\mathcal{F}$ est une fonction n-aire (d'arité n, c'est à dire avec n variables), alors $\mathcal{F}(t_1, t_2, ... t_n)$ est un terme.

    La collection des formules atomiques d'un langage $\mathcal{L}$ est définie de la façon suivante :
    Si $t_1$ et $t_2$ sont des termes, alors $t_1 = t_2$ est une formule atomique (si nous considérons des langage égalitaires).
    Si $t_1, t_2, ... t_n$ sont des termes, et, si $\mathcal{R}$ est une relation n-aire (d'arité n), alors $\mathcal{R}(t_1, t_2, ... t_n)$ est une formule atomique.

    La collection des formules d'un langage $\mathcal{L}$ est définie de la façon suivante :
    Les formules atomiques sont des formules
    Si $\phi$ est une formule, $\neg \phi$ est une formule
    Si $\phi$ et $\psi$ sont des formules, $\phi \wedge \psi$ est une formule
    Si $\phi$ est une formule et x une variable, $\forall x \phi$ est une formule
  • @Chaurien en ce qui concerne la logique du premier ordre, une bonne introduction est donnée dans le premier tome du Cori, Lascar https://www.amazon.fr/Logique-mathématique-propositionnel-algèbre-prédicats/dp/210005452X chapitre "calcul des prédicats".

    Sinon un résumé rapide ici https://www.imo.universite-paris-saclay.fr/~bouscare/NOTESCOURS/03Notes1.pdf

    PS. ça rejoint le résumé de Médiat
  • Pas du tout Foys, mon questionnement ne vient pas de ma confusion entre "formule" et "fonction", heureusement je distingue très bien les deux (du coup, je n'ai pas lu la suite).

    Non, cela vient qu'à la suite du message de Maxtimax : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?16,2284834,2285420#msg-2285420, je ne comprends plus rien.

    Question : que fais-tu Maxtimax dans ta démonstration : qu'es-tu en train de démontrer, il existe une fonction de choix sur $\{A_1, \cdots A_n \}$ si les $A_i$ sont non vides, donc que l'axiome du choix est vérifié dans ce cas particulier, c'est bien ça ?

    Il me semble que c'est contradictoire avec le message de Alesha qui dit qu'il n'existe pas de fonction, même dans le cas fini : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?16,2284834,2284938#msg-2284938 : "on voit bien que même quand tout est fini, on ne définit pas ainsi ($i \mapsto a_i$) une fonction $f$". Mais je crois que j'ai mal compris ce qu'elle a voulu dire.

    En fait si, il existe une fonction de choix dans le cas fini, et même il en existe plusieurs (si l'un au moins des $A_i$ n'est pas un singleton), et l'AC dit qu'il en existe une même dans le cas infini ?
    Pour un on peut choisir (on se l'autorise), donc pour deux, etc ..., donc pour un nombre fini ; mais pour un nombre infini, on ne voit pas comment on pourrait faire. Donc l'axiome du choix porte en lui-même (sans le dire) sa validité pour un nombre fini : on sait choisir pour un, et on crée un axiome pour le cas infini.

    Beaucoup d'encre.
  • @Chaurien : Pour une fois que ton message (ton premier dans ce fil) ne contient pas d'attaque contre la logique, je prends la peine de réagir à quelque chose.

    Tu dis "admettre l'axiome du choix", mais je crois qu'il y a méprise : ce n'est pas la personne qui écrit une démonstration qui suppose des choses ; c'est la démonstration elle-même qui suppose des choses. Il y a des démonstrations qui supposent l'axiome du choix, d'autres qui supposent sa négation, et d'autres qui ne supposent ni l'une, ni l'autre.

    D'ailleurs, écrire une démonstration supposant l'axiome du choix ne te place pas dans une position philosophique vis-à-vis de sa "véracité", un peu comme citer Marx ne rend pas marxiste. Quelqu'un qui écrit "supposons que la racine carrée de deux est rationnelle" pour conclure une absurdité ne "croit" pas que la racine carrée de deux soit rationnelle.

    Bref, la seule chose à comprendre de ta phrase, c'est que tu préfères les démonstrations supposant l'axiome du choix plutôt que sa négation ; un peu comme si tu nous disais que tu préfères les comédies romantiques aux films d'auteur.

    PS : Tout de même, "scepticisme vis-à-vis de la logique", c'est un peu étonnant. Que dirais-tu de quelqu'un qui dirait être sceptique de l'algèbre ?
  • Julia : oui, enfin je décrivais l'étape clé de la preuve
  • Julia : (ce que j’ai compris…)
    Le « supposons » est l’hypothèse de récurrence.
    Et dans ce cadre fini, on n’a pas besoin de l’axiome du choix : je veux dire qu’on a démontré sans AC qu’il existe une fonction de choix (pour 1,…,n).

    J’ajoute une banalité (si toutefois là encore j’ai bien compris).
    L’initialisation (n=1) ne fait pas appel à AC.
    Soit $A_1$ un ensemble non vide, alors il existe un élément, que je nomme $a_1$ et je décide d’appeler $f$ la fonction de $\{ 1 \}$ dans $A_1$ définie par $f(1)=a_1$.
    Ce qui est en gras est la définition d’un ensemble non vide.

    En gros, c’est AC pour une famille d’un seul ensemble 8-)

    L’hérédité ne fait pas appel à AC non plus.
  • Merci à vous, je crois que j'ai compris.

    Pour mieux comprendre encore, quel genre de résultats pourrait-on obtenir sans l'AC ?

    En plus des impasses (parce qu'on ne saurait pas démontrer des choses qui nous paraissent intuitivement vraies), pourrait-on obtenir des bizarreries ?
  • @Dom: On peut même faire l'initialisation avec $n = 0$ (ce qui permet de ne pas avoir à supposer que l'ensemble des indices est non-vide).
  • Le but de la logique n'est pas d'apprendre à raisonner mais de dire explicitement ce qu'est un raisonnement, afin notamment de dégager les règles d'arbitrage disant ce qu'est une production mathématique correcte.
    La logique est une prise de distance par rapport au langage.

    Le rapport qu'entretient la logique (mathématique) aux maths est le même que celui qu'entretient la grammaire française à la langue française. Lorsque l'enfant (de parents francophones) arrive à l'école primaire, il sait déjà parler français (grosso modo) mais l'exposition aux vraies règles du français, rassemblées sous les noms de grammaire et d'orthographe, lui permettent dans les meilleurs cas d'affiner considérablement sa compréhension et sa maîtrise de sa propre langue et de saisir précisément des choses qui parfois n'étaient que ressenties.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Alesha, tu as tapé dans le mille.
    J’ai fait une vidophobie sur ce coup là et j’ai volontairement fui le cas $n=0$, très lâchement…8-)

    J’essaye, ne vous moquez pas, hein ? (sauf si c’est drôle ;-))

    ///////
    Soit une famille d’ensembles $(A_i)_{i\in \emptyset}$.
    Alors la fonction suivante :
    $f : \emptyset \rightarrow \emptyset$

    Remarque : autant l’ensemble de départ, c’est bien $\emptyset$, autant l’ensemble d’arrivée, je ne sais pas le noter autrement.
    J’imagine qu’on démontre d’abord que c’est l’ensemble vide.


    Définie par $\forall x\in \emptyset, f(x) = x$

    Remarque : un peu comme la remarque précédente, je n’ai pas su quoi mettre dans le membre de droite.
    J’imagine qu’on peut écrire n’importe quoi puisqu’on écrit un élément de l’ensemble vide (et qu’il n’en existe pas).


    Cette fonction est unique, du coup. On l’appelle l’application vide.
    ///////

    Vous voyez, je n’en suis resté qu’à des rudiments…
  • @Dom: Effectivement, si on veut (comme j'aime à le faire) ne pas identifier toutes les applications vides $\emptyset \to B$ (car une application viendrait avec son codomaine), il faut dire qui est $B$. Quelle est la définition de $\prod_{i \in I} A_i$? Je ne sais pas s'il en a été donné une dans ce fil, donc je prends la suivante: c'est l'ensemble des fonctions $f: I \to \bigcup_{i \in I} A_i$ telles que, pour tout $i \in I$, $f(i) \in A_i$. Dans ce cas, si $I = \emptyset$, alors $\prod_{i \in I} A_i = \{ f_0 \}$, où $f_0$ est l'unique fonction $\emptyset \to \emptyset$.
  • Bonjour,

    "En plus des impasses (parce qu'on ne saurait pas démontrer des choses qui nous paraissent intuitivement vraies), pourrait-on obtenir des bizarreries ? "

    L'Axiome du Choix conduit aussi à des théorèmes intuitivement faux, comme le paradoxe de Banach-Tarski (que notamment Christophe, que je salue, a mentionné).
    Maintenant avec la négation de l'Axiome du Choix, on peut avoir que les nombres réels sont une union dénombrable d'ensemble dénombrables, ce qui est intuitivement faux.

    En clair, de mon point de vue, il n'y a pas d'évidences en mathématiques et la notion même d'intuitivement vraie est tout aussi problématique.

    Après sur la question de la logique mathématique (je ne suis pas un grand fan de cette appellation), on peut épiloguer sur sa nécessité ou non, comme, en d'autres temps, on a épilogué sur l'utilité de plein d'autres domaines mathématiques.
    Au final, la théorie des modèles et la théorie des ensembles, pour ne citer que ces domaines de la logique mathématique, ont à la fois montré leur puissance pour aborder des problèmes mathématiques divers et variés (comme les travaux notamment de Hrushovski ont pu le prouver - pour ne citer que lui) - de façon très humble, dans ma thèse, j'avais résolu un problème ouvert entre géométrie réelle et théorie des singularités par la théorie des modèles (la démonstration sans théorie des modèles est arrivée plusieurs années après, avec un formalisme excessif qui n'apportait rien au final) - et ont généré des questions importantes actuelles en mathématiques.

    Après sur le fait de supposer ou non l'Axiome du Choix et de ne pas se préoccuper du reste me fait toujours penser au débat de plus en plus prégnant sur la supposition de l'Hypothèse de Riemann ou non. Plusieurs mathématiciens estiment que l'HR peut être posée comme axiome et qu'il est intéressant de continuer les mathématiques ainsi (Jean-Pierre Serre lui-même a indiqué récemment qu'il trouvait cette façon de faire tout à fait intéressante), tandis que d'autres veulent absolument savoir si HR est vraie, fausse voire indécidable avant de continuer.
    Du coup, si je continue le parallèle, on sent bien qu'il y a quand même un débat à avoir, débat à l'intersection entre algèbre, analyse et logique et que supposer HR ne peut se faire de façon totalement naïve. C'est la même chose pour AC finalement.

    @l
  • Merci @I pour tes remarques intéressantes.

    Il faut voir ce qu'il y a précisément derrière le paradoxe de Banach-Tarski, je crois que les boules dupliquées n'ont pas de mesure, et s'il y a d'autres "paradoxes" (du même genre ou d'un autre genre) avec l'axiome du choix.

    En fait, ce qui m'étonne, ce n'est pas l'axiome du choix, c'est la discussion aussi fertile autour de cet axiome, au point qu'il y ait plusieurs théories des ensembles, l'une avec et l'autre sans. Les résultats sans l'axiome du choix semblent plus faux qu'avec. Point. Il me semble qu'on ne demande rien d'autre à un axiome que de nous apporter des résultats qui nous paraissent vrais dans une vision idéalisée de l'existant, quitte à les déformer ensuite pour voir une autre réalité.
    Alors pourquoi cet axiome plutôt qu'un autre, pourquoi pas autant de discussions autour des autres axiomes, et autant de théorie des ensembles qu'il y a d'axiomes en plus ou en moins, bizarre.

    Quant à la logique, je ne suis pas persuadée que le formalisme poussé de la logique serve vraiment à quelque chose en maths. La preuve, Foys avec sa "logique", n'a pas vu ce que je ne comprenais pas. ;-)
  • Alors pourquoi cet axiome plutôt qu'un autre, pourquoi pas autant de discussions autour des autres axiomes, et autant de théorie des ensembles qu'il y a d'axiomes en plus ou en moins, bizarre.
    Rien de bizarre :
    1) cf. Jerry Bona pour montrer que cet axiome (comme les autres d'un point vue formel mais si spécifique d'un point de vue "culturel")
    2) Que donnerait une théorie des ensembles sans extensionnalité ?
    3) Une théorie des ensembles sans axiome de l'infini existe bel bien (on peut même en créer un modèle assez facilement cf. le modèle d'Ackerman)
    4) Personnellement j'évite le vocabulaire vrai/faux (à quelques exceptions près), ce qui exclut les problèmes liés à l'existant, la réalité etc.. qui ne sont pas des notions mathématiques
  • Par contre, je ne sais pas s'il y a beaucoup de mathématiciens qui trouvent l'axiome du choix contre-intuitif. C'est en ce sens que je trouve ça bizarre. En revanche, une théorie des ensembles sans axiome de l'infini doit être intéressante : cela veut dire qu'il n'y a plus d'infini, donc une bonne partie de l'Analyse disparait : les suites, etc ...? Une théorie des ensembles sans extensionnalité (deux ensembles sont égaux ... s'ils ont la même couleur ... on n'irait pas très loin). Merci pour ces remarques.
  • Ce n'est pas l'axiome du choix qui est contre intuitif, mais une bonne partie des théorèmes dont ils découlent. Il n'y a pas plus intuitif que l'axiome du choix.

    L'axiome de l'infini est essentiel, sinon l'on n'aurait pas grand chose sous la main en Mathématique. Sans lui, pas d'ensemble $\Bbb{N}$, par exemple.

    Enfin, c'est par l'axiome d'extensionnalité que l'on est conduit à garantir l'unicité d'ensembles bien connus.
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Ah quels sont les théorèmes qui découlent de l'axiome du choix et qui sont contre-intuitifs ?

    Oups sans l'axiome de l'infini, c'est bien plus qu'une partie de l'Analyse qui disparait, ce sont tous les grands ensembles de $\mathbb N$ à $\mathbb C$, donc pratiquement toute l'Analyse, les espaces vectoriels sur quels corps ?, ... . Amusant.
  • Avant d'aller me coucher, le fameux théorème suivant : sur tout ensemble $E$, il existe un bon ordre.

    Si $\Bbb{N}$ est canoniquement bien ordonné par l'ordre naturel $\leqslant$, si tout ensemble fini peut être aisément bien ordonné, que peut-on dire de $\Bbb{Z}$ ? De $\Bbb{Q}$ ? De $\Bbb{R}$ ? Quels sont les bons ordres correspondant ? Le théorème de Zermelo ne garantit que l'existence de tels bons ordres, pas la façon de les construire. Peut-être la notion de bon ordre est-elle trop forte et peut-être faudrait-il l'affaiblir.
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Hormis le théorème de Zermelo cité par Thierry, il y a le paradoxe de Banach-Tarski que tu as mentionné, l'existence d'ensembles de réels non mesurables, l'existence d'une base sur tout espace vectoriel (peux-tu imaginer une base du $\mathbb Q$-espace vectoriel $\mathbb R$ ? Ou du $k$-espace vectoriel $k^{\mathbb N}$ ?), ou encore la prédiction presque sûre du futur.
  • @ Julia Paule: "Ah quels sont les théorèmes qui découlent de l'axiome du choix et qui sont contre-intuitifs ? "
    A nouveau, Banach-Tarski par exemple, pour ne citer que celui-ci (AC est essentiel dans la preuve). Au fil de l'eau, on rencontre en fait régulièrement des objets mathématiques qui n'existent que du fait d'un axiome de choix et qui sont assez peu naturels...
    L'Axiome du Choix n'a vraiment rien de naturel en lui-même... Et ce sentiment de "naturel" provient souvent d'une certaine mécompréhension de l'infini, qui ne se comporte pas du tout comme le fini (et n'a pas de raison de le faire).
    Et c'est bien la théorie des ensembles qui permet de comprendre l'infini. D'une certaine manière, une grande part de la théorie des ensembles est une théorie de compréhension réelle (et non "naïve") de la notion d'infini.

    "Oups sans l'axiome de l'infini, c'est bien plus qu'une partie de l'Analyse qui disparait, ce sont tous les grands ensembles de N à C, donc pratiquement toute l'Analyse, les espaces vectoriels sur quels corps ?, ... . Amusant. "

    En fait, sans l'Axiome de l'Infini, on garde des classes infinies, mais qui ne sont pas des ensembles. Et on peut faire une partie importante de l'analyse "qui sert"... L'infini est une notion pratique mais qui n'est pas forcément utile dans une certaine vision de la réalité, notamment si on part du principe que la réalité physique est purement discontinue.

    Et là, on peut avoir un débat philosophico-mathématico-physique sur la nécessité de l'infini: soit on se situe dans une vision vraiment "physique" et les ensembles infinis peuvent être vus comme non nécessaires, comme de simples complétions de l'univers physique, qui permettent des gains en généralité mais sans rien n'apporter à notre compréhension du monde physique; soit on considère que les ensembles infinis sont essentiels et dans ce cas, on ne peut pas faire l'économie d'une analyse poussée de cette notion, essentielle justement... et donc on ne peut pas faire l'économie de la théorie des ensembles...

    En fait, à peu près tous les axiomes de ZF peuvent donner lieu à des débats importants.

    " Les résultats sans l'axiome du choix semblent plus faux qu'avec. Point. Il me semble qu'on ne demande rien d'autre à un axiome que de nous apporter des résultats qui nous paraissent vrais dans une vision idéalisée de l'existant, quitte à les déformer ensuite pour voir une autre réalité. "

    A titre personnel, je trouverais par exemple plus naturel et sympathique que tous les ensembles réels soient Lebesgue mesurables (en analyse, en proba, etc. cela simplifierait bien la vie...). Or avec l'Axiome du Choix, c'est impossible. Sans AC, on peut faire cette supposition... Bref, tout est une question de point de vue.

    "Quant à la logique, je ne suis pas persuadée que le formalisme poussé de la logique serve vraiment à quelque chose en maths."
    Cette remarque peut s'appliquer à l'intégralité de tous les domaines des mathématiques: le formalisme poussé de l'algèbre peut paraître totalement stérile du point de vue de l'analyse, jusqu'à ce qu'on perçoive que les objets à la frontière sont passionnants et très féconds (je parle de ça, en pensant aux débats qu'il y a eu sur les catégories et leur place dans une certaine utilité mathématique...).
    La logique mathématique permet de faire des "choses" que d'autres domaines ne peuvent faire, de poser des problèmes sous un angle totalement nouveau, etc.

    Là encore, je peux donner un point de comparaison culturel. En France, pour des raisons qui ne sont pas étrangères à Bourbaki, les structures ordonnées sont restées longtemps un point aveugle de l'enseignement classique des mathématiques (ce qui n'était pas le cas dans les pays anglo-saxons). Exemple typique: les corps réels clos. Tout étudiant de licence connait ce qu'est un corps algébriquement clos mais la notion de corps ordonné et corps réel clos lui est étrangère. Et cela conduit à des échanges, dont je peux témoigner, où certains mathématiciens français considéraient que les structures ordonnées algébriques ne servaient pas vraiment, voire était peu fécondes...

    Nous avons exactement le même problème en logique (et d'ailleurs, si je cite la problématique des structures ordonnées, ce n'est pas sans lien avec la logique, qui justement travaille beaucoup sur des questions d'ordre): cette défiance qu'on ressent en France provient en partie d'une certaine défiance historique entretenue assez culturelle finalement et qui se voit dans l'absence de logique mathématique dans les programmes universitaires.

    "Alors pourquoi cet axiome plutôt qu'un autre, pourquoi pas autant de discussions autour des autres axiomes, et autant de théorie des ensembles qu'il y a d'axiomes en plus ou en moins, bizarre."
    Avec l'hypothèse de Riemann comme axiome, on a encore plus de débats...
  • Merci énormément @I pour cette exposition. Je reprends quelques points :

    - puisqu"'il parait" que le continu n'existe pas en physique, donc dans le monde réel, je me demande si l'Analyse ne se fourvoie pas en adoptant l'infini ; en fait il y a un lien entre l'infiniment petit (le continu) et l'infiniment grand (celui de la théorie des ensembles), l'un étant l'inverse de l'autre (1/n petit ou tendant vers 0 quand n grand ou tendant vers l'infini). Donc l'adoption de l'infini en Analyse, parait une vision simplifiée de la réalité physique, et je me demande quelle serait l'Analyse en maths sans cette convention, qui servirait aux physiciens.

    - par contre, je ne vois pas pourquoi tous les ensembles réels seraient Lebesgue mesurables : avec nos créations, on crée des bizarreries, qu'il faut assumer ensuite ; donc l'axiome du choix fait objection à ce qu'il nous plairait (mais qui n'est pas forcément la réalité), mais pas à nos créations, c'est déjà ça, on est cohérent.
    En fait, puisque l'axiome du choix nous parait intuitivement vrai, je ne vois pas comment il pourrait en sortir quelque chose qui nous parait intuitivement faux ; bon je sais, il faut se méfier de l'intuition en maths (mais elle est quelquefois bien utile et nous guide).

    - ok pour la logique, je ne connais pas suffisamment pour en parler, je n'en utilise que quelques rudiments (du genre, non (A=>B) = (non A) ou B) ; mais je te crois.

    A Poirot, ce que tu cites ne me gêne a priori pas : une base sur tout espace vectoriel (dès qu'on crée l'infini, qu'on a du mal à comprendre, il faut assumer, il ne faut pas s'étonner qu'on a du mal à comprendre ses résultats), la prédiction presque sûre du futur (si on a une connaissance presque sûre du présent).

    Thierry Poma : je n'ai pas encore vu le bon ordre, peut-être cela va m'infléchir, je reviendrai !

    En fait, avec l'axiome du choix, on "sait" que cela existe, mais on ne sait pas le fabriquer, c'est vrai que c'est un peu bizarre. Mais cela vaut aussi pour le fini, et m'amène une autre question.
  • Dans le cas du fini, on considère par exemple pour $1$, qu'il existe une fonction $f$ définie sur $\{ \emptyset \}= 1$, $\emptyset \mapsto a$ (par exemple une des racines du polynôme $x^5-x-1$, ou bien un nombre auquel une personne a pensé), on sait qu'il existe mais on ne sait pas le fabriquer. Encore que pour le polynôme, on peut cerner une racine par encadrement par exemple, mais le nombre auquel une personne a pensé ...
    Ouais, on a autant de fonctions de choix que de nombres auxquels on peut penser. Bref.
  • La prédiction du futur citée par Poirot, je me demande si ce n'est pas le truc de Galvin utilisé dans la chouette énigme de Christophe ?
  • Il n'y a pas besoin d'axiome du choix pour construire des fonctions d'un ensemble fini dans un ensemble non vide.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Thierry : sur $\mathbb{Z,Q}$ il y a des bons ordres explicites. Le problème intuitif est éventuellement du côté de $\mathbb R$, mais même ça...

    @l : je trouve ça trompeur de dire que AC est essentiel dans Banach-Tarski : les bonnes preuves ne l'utilisent qu'une fois, à la toute fin, et on a déjà des résultats "contre-intuitifs" avant cette cerise sur le gâteau. Je dirais que AC est essentiel pour rendre Banach-Tarski "accessible et spectaculaire" (ou "accessiblement spectaculaire"), mais pas pour son caractère contre-intuitif.
    (Bon après il y a aussi le sens mathématique de "BT n'est pas prouvable dans ZF", certes)
  • La prédiction du futur citée par Poirot, je me demande si c'est pas le truc de Galvin utilisé dans la chouette énigme de Christophe ?

    N'ayant pas eu l'occasion de voir passer ce point, est-ce qu'il s'agirait d'un truc basé sur la relation d'équivalence : deux suites entières sont équivalentes si elles sont égales à partir d'un certain rang ? Sans AC, la fonction qui choisit un représentant dans chaque classe ...
  • @Julia Paule
    "- puisqu"'il parait" que le continu n'existe pas en physique, donc dans le monde réel, je me demande si l'Analyse ne se fourvoie pas en adoptant l'infini ; en fait il y a un lien entre l'infiniment petit (le continu) et l'infiniment grand (celui de la théorie des ensembles), l'un étant l'inverse de l'autre (1/n petit ou tendant vers 0 quand n grand ou tendant vers l'infini). Donc l'adoption de l'infini en Analyse, parait une vision simplifiée de la réalité physique, et je me demande quelle serait l'Analyse en maths sans cette convention, qui servirait aux physiciens."

    Plusieurs points:
    - l'usage de l'infiniment petit en physique pose des problèmes en mathématiques. Pour s'en sortir, il faut développer ce qu'on appelle l'analyse non standard. En effet, si on veut utiliser une telle notion en physique, il faut non seulement des ensembles infinis mais qui respectent des conditions algébriques, qu'on n'a pas de façon 'standard' en analyse. Il n'est d'ailleurs pas difficile de montrer que les infiniment petits n'existent pas dans l'ensemble des réels.

    - sur la question de la nécessité de la nécessité ou non de l'existence d'un ensemble infini - et j'insiste 'd'un ensemble infini' -, à titre indicatif, il suffit de voir que tout ce qui faisable par des algorithmes peut rester finalement dans un tel cadre.

    - tout cela renvoie aussi à des problématiques de constructibilité et de savoir si on peut générer les mathématiques 'utiles' à partir finalement de briques simples (certaines fonctions, certains ensembles, etc.), le reste étant de la complétion pure. Par exemple, à l'intersection entre analyse et logique, il y a des travaux sur la possibilité de créer une bonne partie de l'analyse sur la base de fonctions usuelles (des mathématiciens comme Hardy ou plus récemment Van Der Hoeven ont pas mal travaillé là-dessus). Et là, la logique est importante car elle permet de ramener des problèmes d'infini à des expressions finies, sous la forme d'une formule finie. La logique sert ainsi à nouveau à obtenir une certaine maîtrise de l'infini.

    "- par contre, je ne vois pas pourquoi tous les ensembles réels seraient Lebesgue mesurables : avec nos créations, on crée des bizarreries, qu'il faut assumer ensuite ; donc l'axiome du choix fait objection à ce qu'il nous plairait (mais qui n'est pas forcément la réalité), mais pas à nos créations, c'est déjà ça, on est cohérent.
    En fait, puisque l'axiome du choix nous parait intuitivement vrai, je ne vois pas comment il pourrait en sortir quelque chose qui nous parait intuitivement faux ; bon je sais, il faut se méfier de l'intuition en maths (mais elle est quelquefois bien utile et nous guide)."

    On ne crée pas tant de bizarreries si on n'a pas l'axiome du choix justement. En fait, Solovay a bien montré que la création d'ensembles non Lebesgue mesurables est dépendante de l'Axiome du Choix. En clair, dans la vie de tous les jours, les mathématiciens créent surtout des ensembles Lebesgue mesurables... Ce n'est qu'avec AC qu'on part dans des choses bizarres. Bref, AC n'est pas si naturel que ça...

    Et Foys a évidemment totalement raison dans son dernier message.
  • @Maxtimax
    Oui, mais comme je le dis ci-dessus, c'est surtout la question des non-Lebesgue mesurables qui est en lien avec AC. BT est juste un enrobage spectaculaire pour montrer justement ce point. Et BT historiquement provient d'un débat, avec Hausdorff, sur AC.
  • @l : oui, les non Lebesgue mesurables c'est autre chose... Après, je pense que c'est un peu chacun-e ses intuitions et préférences: intuitivement (donc loin de tout débat technique) renoncer à l'axiome du choix me paraît bien plus drastique et contre-intuitif que l'existence de non Lebesgue mesurables.
    Plein de résultats mathématiques me surprennent à première vue, ça ne me dérange pas qu'il y en ait un de plus ou de moins - a contrario, comme on a pu l'observer (dans ce fil, dans Bourbaki, dans d'autres formalisations de la TDE), l'axiome du choix semble complètement intégré à la manière même dont on raisonne mathématiquement naïvement.

    Mais bon, il n'est pas du tout impossible que d'autres personnes aient le sentiment inverse : c'est pour ça qu'il est important et intéressant de ne pas se borner en disant "AC est vrai !!!" ("et la logique mathématique ne sert à rien" :-D )
  • Je salue @I et j'espère que tu vas bien.

    J'ai essayé de remonter la conversation jusqu'à mon dernier message pour tenter de faire une synthèse de ce qui n'avait pas reçu de réponse (comme je fais toujours) pour ne combler que ces trous-là, mais je n'ai pas vraiment trouvé, il y a de multiples sujets abordés.

    Quelques points, peut-être peu importants, mais qui m'ont tapé parfois l'oeil en 0.038 secondes :

    1/ je sais que la confusion n'est pas faite sur le fond, mais j'attire l'attention que pour les visiteurs qui liront ce n'est pas trop "cool" de tourner des phrase de telle sorte que "ne pas admettre AC" puisse sembler tacitement vouloir dire "admettre nonAC", j'ai furtivement perçu quelques posts.

    2/ En particulier quand on n'admet pas AC, on ne peut prouver AU PLUS que ce qu'on savait prouver avec. Et pas tout (il a été donné des exemples). En outre, personne n'aurait l'idée d'admettre "nonAC" qui est trop lâche et ne sert à rien. Pour les spécialités qui se sont développées en contradiction avec AC, elles admettent des axiomes VIOLEMMENT forts et entrainant nonAC (par exemple comme "toute partie de IR est Lebesgue mesurable)

    3.1/ Le statut historique spécial de AC est ENCORE un mystère passionnant, même si la CCH a pas mal résolu ce mystère. Je peux détailler, mais sur demande et dans un fil spécifique me paraitrait plus lisible.

    3.2/ Sur ce statut spécial, je précise ce qu'il est : il est le seul axiome (avec l'extentionnalité) qui n'est pas directement énoncé sous la forme:
    $$ \exists a\forall x[x\in a\iff R(x)]$$

    4/ J'ai même à peu de frais donné l'impression que j'étais créatif jadis (lointain passé) en faisant remarquer à des pros qui me disaient le contraire que cet axiome est néanmoins équivalent prouvablement à un énoncé de cette forme (prendre l'ensemble des ordinaux $x$ tels qu'il n'existe pas de surjection de $x$ sur $E$ pour bien ordonner $E$). MAIS cette forme équivalente n'est pas "intuitive" comme l'est la forme habituelle.

    5/ Si $f$ est une fonction choix sur $(i\in 8\mapsto f(i)\in A_i)$ et $a\in A_9$ alors $[f\cup \{(9,a)\}]$ est une fonction choix sur $(i\in 9\mapsto f(i)\in A_i)$

    6/ Bravo à GA d'avoir rappelé que ce n'est pas l'humain qui suppose mais la démonstration. (j'ai aperçu ça)

    7/ Pour chaurien: une formule est une suite de caractères ASCII. On définit SA VALEUR (même si actuellement, beaucoup sont déclarées "undefined" qui est une valeur comme une autre, faut pas se faire d'illusion)


    8/ Pour info: l'extensionnalité permet quasiment de tout faire en maths, y compris en logique (c'est le fameux article que j'ai promis à alesha avec ma promesse toujours pas tenue) où il implique les axiomes logiques puissants. S'en passer c'est un peu .... :-D il ne vous restera VRAIMENT PAS GRAND CHOSE.

    9/ En l'absence d'extensionalité, l'axiome du choix n'ajoute essentiellement que l'axiome du choix dépendant (et ça se prouve en quelques lignes, je l'avais mis en exo, il y a quelques mois ou années je crois). Ca a été "redécouvert" sous la forme HYPERSAVANTE comme conséquence de la CCH, mais c'est une tout autre affaire (c'est juste qu'on ne s'était pas posé la question avant)

    10.1/ @GA, oui, il s'agit de mon argument utilisant le Galvinisme (pour la prédiction presque sûre du futur). Heureusement qu'il n'y a pas de propriété intellectuelle en maths :-D

    10.2/ Je rappelle ce que ces théorèmes disent globalement en français: il existe des fonctions qui ne se trompent qu'en un nombre fini de points quand vous leur entrez en argument une classe d'équivalence d'histoire incomplète, et ce quelle que soit l'histoire.

    Preuve: vous mettez un bon ordre $X$ sur l'ensemble des histoires complètes. Je note $R(a,b)$ pour dire que l'histoire incomplète $a$ est plus incomplète que l'histoire $b$. Etant donné une histoire incomplète $h$, vous lui associez l'histoire complète la plus petit selon $X$ qui la complète. Cette fonction marche

    J'avais détaillé un exemple ici : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?12,352935,page=1
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @Maxtimax: oui, tout à fait, c'était le sens de mes messages.
    Après, mais vraiment à titre personnel, le modèle de Solovay avec "tout ensemble réel est Lebesgue mesurable" + Axiome du Choix Dépendant, avec lequel on fait une grande partie de l'analyse, me semble plus 'naturel' et 'sympathique'.
    En fait, je pense qu'avec cette approche, on éviterait pas mal de 'tracasseries' en analyse, proba, etc. sans enlever de points majeurs.
  • Je redonne un exercice que j'avais déjà donné qui fera rager (à la vue de la solution) les personnes qui n'auront pas trouvé :-D

    Exercice: prouver que sans l'extensionalité, l'axiome du choix n'est rien

    Je me reconnecterai pour donner la solution en blanc sur blanc;-) La formulation sous forme de slogan est pour faire de la pub aux maths adressée aux gens visitant le forum, mais il est facile à traduire.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @l : oui, mais ça couperait un peu les ponts avec d'autres domaines (ou bien, il faudrait vraiment passer du temps à les repenser - je pense notamment à la géométrie algébrique et son usage courant des idéaux maximaux); et il faudrait faire gaffe à tout instant quand on cite d'autres résultats (beaucoup plus qu'il ne le faut déjà :-D).
    Et je pense (je me trompe peut-être, analystes et probabilistes corrigez-moi si besoin) que ces tracasseries ne sont là qu'au moment de set-up la machine, et très peu quand on travaille vraiment.
  • @Maxtimax: oui, mais toute la question est de savoir ce qu'on abandonne ou pas. Par exemple, sauf erreur de ma part (à vérifier), mais avec Axiome du Choix Dépendant, on conserve Krull dans les anneaux noethériens par exemple. Donc, en supposant un modèle à la Solovay, on aurait juste quelques vérifications à faire en amont (notamment regarder si on travaille avec des structures fortement pathologiques - ce qui est en fait rarement le cas).
    Mais je ne veux pas défendre coûte que coûte Solovay :) c'est juste que le choix de partir d'AC n'est pas forcément hyper naturel et qu'une analyse de AC versus d'autres versions (comme Solovay) serait intéressante (je parle dans la vie de tous les jours des mathématiciens).
  • @Julia aule : Tu as déjà vu un ensemble de réels non-Lebesgue mesurable ? (Si oui tu gagnes la médaille Fields) Je suis sidéré par ton discours "il faut assumer nos bizarreries". C'est justement ces bizarreries qui peuvent amener à douter du bien fondé d'adopter l'axiome du choix.
  • Je ne sais à quel moment démarre votre débat, Max et @I, mais j'ai lu les derniers posts et donc vous informe que de toute façon le problème est déjà résolu au niveau recherche, depuis assez longtemps. Jevais très vite car ne me suis reloggué que pour tenir une promesse de répondre à foys dans un autre fil.

    1/ On fait cohabiter les 2 territoires comme suit:

    2/ On taffe dans un univers vérifiant ZFC + quelques grands cardinaux qui entrainent $L|\R] \models AD$

    3/ Si on veut n'étudier que $L[\R]$, on le peut, et il vérifie Solovay (conséquence de AD), etc..


    4/ Etc, etc..
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @Maxtimax : bonjour. J'espère que tu vas bien. Voici une façon de bien-ordonner $\Bbb{Z}$ au moyen de la relation binaire $\leqslant_{\Bbb{Z}}$ sur $\Bbb{Z}$ :

    $0\leqslant_{\Bbb{Z}}1\leqslant_{\Bbb{Z}}-1\leqslant_{\Bbb{Z}}2\leqslant_{\Bbb{Z}}-2\leqslant_{\Bbb{Z}}3\leqslant_{\Bbb{Z}}-3\leqslant_{\Bbb{Z}}4\leqslant_{\Bbb{Z}}-4\leqslant_{\Bbb{Z}}\cdots$

    Remarquons que la restriction de $\leqslant_{\Bbb{Z}}$ sur $\Bbb{Z}$ à $\Bbb{N}$ coïncide avec l'ordre naturel $\leqslant$ sur $\Bbb{N}$. Remarquons également que ce n'est pas la seule façon de bien ordonner $\Bbb{Z}$.

    Question : pour $\Bbb{Q}$, je ne vois pas et encore moins pour $\Bbb{R}$. Si tu pouvais m'éclairer, je t'en remercie par avance.
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Pour $\mathbb R$ c'est normal de ne pas voir de bon ordre, ça me semble équivalent à une certaine forme de choix.

    Pour $\mathbb Q$ il suffit de passer par une bijection avec $\mathbb N$, et ça on sait en décrire explicitement.
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