Axiome du choix

Bonjour,

Ma question va certainement vous paraitre très naïve vue la littérature sur le sujet, mais je ne vois pas pourquoi est introduit l'axiome du choix dans la théorie des ensembles, vu que cela parait tellement évident avec une simple démonstration. Je m'explique.

Axiome du choix : le produit cartésien d'une famille non vide d'ensembles non vides est non vide.
Définition du produit cartésien d'une famille d'ensembles : https://fr.wikipedia.org/wiki/Produit_cartésien

Soit donc $(A_i)_{i \in I}$ une famille non vide d'ensembles non vides. Donc $\forall i \in I, \exists a_i \in A_i$. Alors la fonction $f$ définie sur $I$, par $i \mapsto a_i$ est dans $\Pi_{i \in I} A_i$, qui est donc non vide.

Où est le problème ?

Merci d'avance.
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Réponses

  • Le problème c'est qu'une telle fonction $f$ ne peut en général pas être construite à partir des axiomes de $\mathsf{ZF}$. :-D Là tu nous donnes une description intuitive d'une telle fonction, mais ce n'est pas une construction dans $\mathsf{ZF}$.

    Dans le cas où $I$ est quelconque, il n'y a aucune raison qu'il existe une suite finie de formules dans le langage de la théorie des ensembles qui te garantisse l'existence d'une application $f$ telle que tu la décris intuitivement.

    Le problème vient du choix (d'où le nom de l'axiome) de chaque $a_i$, lequel choisis-tu ? Comment le spécifier d'un coup ?

    Dans le cas où les $A_i$ sont bien ordonnés (ou plus bêtement, sont ordonnés et possèdent un minimum par exemple), on s'en sort sans axiome du choix : l'application $i \mapsto \min A_i$ est parfaitement définie et donc le produit des $A_i$ est non vide.

    J'aime beaucoup l'image suivante. Si je dispose d'une infinité de tiroirs contenant chacun une paire de chaussure, je dispose d'une fonction qui à chaque tiroir associe l'un de ses éléments (par exemple, le choix de la chaussure gauche dans chaque tiroir). Je ne peux pas en faire de même si mes tiroirs possèdent une paire de chaussettes, car celles-ci sont indistinguables, et je n'ai aucun moyen fini de décrire quelle chaussette je choisis dans chaque tiroir.
  • Bien ouej, Poirot.

    Une autre image : on suppose une jeune fille très coquette, qui a besoin d'une infinité de fringues pour s'habiller, et qui, à l'occasion d'un départ en vacances, emmène avec elle une infinité de valises. L'une de ces valises contient une infinité de robes, une autre une infinité de corsages, etc.
    Une fois arrivée à l'hôtel elle décide de se changer complètement.
    Question : va-t-elle réussir à choisir une fringue dans chaque valise de façon à s'habiller complètement ?
  • "cela parait tellement évident" : oui, c'est pour ça que pour la plupart des gens bossant hors théorie des ensembles/logiques, c'est un axiome pris sans se poser de question :-D
    Ta "preuve" (qui n'en est pas une, comme l'indique Poirot) est la justification intuitive, et puisqu'il est si facile de se tromper en faisant ce genre de raisonnement, ça explique que cet axiome soit si facilement accepté (les règles logiques et axiomes sont introduits pour modéliser et préciser nos intuitions logiques).

    En fait le problème est que tu mets l'indice "$i$" dans "$\exists a_i\in A_i$" : tu acceptes au préalable que tes $a_i$ forment une fonction, que "$a_i$" est "fonction de" $i$.

    En fait, tu peux y penser comme un "manque de taille" de l'univers: il "existe bien dans l'absolu" une telle famille $(a_i)$, mais l'ensemble $\{(i,a_i), i\in I\}$ (qui est la fonction $i\mapsto a_i$ que tu essaies de définir) n'est potentiellement pas dans l'univers, qui serait trop petit.

    Je te donne un autre exemple, qui n'est pas si idiot qu'il n'en a l'air, même si le lien n'est pas évident : disons que tu veux définir une application du cercle vers la droite par $e^{i\theta}\mapsto \theta$. Bon, quitte à faire quelques arrangements (choisir $\theta$ au bon endroit), tu peux la définir, mais quel que soit les arrangements que tu fasses, ce ne sera pas continu (alors même que c'est "une formule"). Donc si on "se restreint à l'univers des trucs continus", tu as beau avoir l'impression de pouvoir définir ça, tu ne peux pas !! Bon, c'est pas tout à fait ça, mais pas non plus très loin.
  • Ne pas oublier l'aphorisme :
    Jerry Bona a écrit:
    L'axiome du choix est évidemment vrai, le principe du bon ordre est évidemment faux, et le lemme de Zorn personne n'en sait rien
  • J'avoue être dans le même état que Julia.
    S'il en existe, pourquoi est-ce "mal" de dire qu'on peut en choisir un (dont on se fout) ?

    Je dis ça en véritable naïf. J'ai même une sorte de malaise à ne pas être convaincu par l'ensemble des messages précédents.
  • Voyez-vous, le genre de boutade de Jerry Bona, cité par Médiat, c'est bien ce qui est de nature à nourrir mon scepticisme bien connu à l'égard de la logique telle qu'elle apparaît bien souvent sur ce forum.
    Pour ma part j'admets volontiers Zorn, Choix, Bon Ordre, etc., et je fais des maths avec, algèbre, analyse, théorie des nombres, géométrie, et tout ça.
    Pendant ce temps, les logiciens, c'est comme les trotskystes, dès qu'il y en a trois, ça fait une scission ;-). Mais s'ils aiment ça, moi je n'ai rien contre, que chacun continue à faire ce qu'il aime, et tout ira bien.
    Bonne nuit.
    Fr. Ch.
  • Et oui Chaurien, il faut bien accepter des choses, une « base », pour travailler.
    Cependant je m’étonne assez souvent que tu prennes cela un peu par dessus la jambe.
    Autant tu as raison, il faut bien travailler véritablement et avec le brio dont tu fais preuve (ce n’est pas une naïve flatterie), mais les fondements doivent être appréciés à leurs justes valeurs pour parfaire la maîtrise de notre chère discipline.

    Cordialement
  • Dom a écrit:
    S'il en existe, pourquoi est-ce "mal" de dire qu'on peut en choisir un (dont on se fout) ?

    Pour chaque $i\in I$ tu peux "choisir au bol" un $a_i\in A_i$ mais tu ne peux pas dire ensuite que $\{(i,a_i), i\in I\}$ est un ensemble au sens de ZF et donc que $i\mapsto a_i$ est une fonction.

    C'est une question de respecter les axiomes de ZF, on ne peut pas construire des ensembles n'importe comment.

    Mais il est difficile de comprendre si on n'a jamais fait au moins un peu de théorie des ensembles. Je parle par expérience personnelle. La notion d'ensemble intuitif peut être tellement enracinée qu'il est difficile d'accepter qu'il ne suffit pas de "mettre des objets ensemble" pour obtenir... un ensemble.

    Petit parenthèse pub : pour se cultiver un peu en théorie des ensembles il y a le document de Martial https://sites.google.com/view/martial-leroy/théorie-des-ensembles?authuser=0 ou le livre de Dehornoy https://www.amazon.fr/Théorie-ensembles-Introduction-théorie-cardinaux/dp/2916352406
  • Julia Paule a écrit:
    Soit donc $(A_i)_{i \in I}$ une famille non vide d'ensembles non vides. Donc $\forall i \in I, \exists a_i \in A_i$. Alors la fonction $f$ définie sur $I$, par $i \mapsto a_i$ est dans $\Pi_{i \in I} A_i$, qui est donc non vide.

    Il y a une erreur de raisonnement dans ce que tu écris dont tu peux déjà te rendre avec $I$ un singleton $\{ 0 \}$ et $A_0$ un ensemble à deux éléments $\{ 8, 5 \}$.
    On a: $\forall i \in \{ 0 \}, \exists a_i \in A_i$ puisque $\exists a_0 \in \{ 8, 5 \}$. Pour autant "la fonction $f$ définie sur $I$, par $i \mapsto a_i$" n'a pas de sens, car elle n'a pas été définie (il y en a deux possibles). On voit bien que même quand tout est fini, on ne définit pas ainsi une fonction $f$.
  • De mon téléphone, en passant sur l'erreur de raisonnement déjà signalée, les axiomes, c'est ce qu'on admet. Par exemple on utilise souvent l'axiome A implique (A et A).

    Le nom de ce que tu admets, Julia, est "axiome du choix".

    De manière générale, tu n'es pas la seule à demander "pourquoi c'est un axiome puisque c'est vrai?"

    Cette question, souvent posée par des non scientifiques, vient de ce qu'ils oublient que axiome et hypothèses désignent ce qu'on admet. Le fait de les admettre est neutre et pas forcément signe qu'on a peur qu'ils soient faux.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • De mon pc, l'axiome du choix te dit que :

    $$ [\forall x\exists y:R(x,y)]\Rightarrow [\exists f\forall x: R(x,f(x))] $$

    @chaurien, toujours tes diatribes que j'avoue avoir du mal à comprendre "factuellement". Il n'y a aucune différence entre la logique et les maths, si ce n'est pas le sujet (mathématique) abordé.

    J'imagine que tu sais au moins un peu programmer, même si tu as taffé à une époque où la formation à la programmation était moins présente dans les CPGE scientifiques?

    Et bien tu n'as qu'à aborder les sujets logiques comme des sujets d'informatiques, car c'est essentiellement ce qu'ils sont. Ils questionnent et essaient de répondre aux lourdes et techniques finalités de programmation et d'automatisation des recherches scientifiques.

    - Comment construire, puis optimiser des VERIFIEURS de preuves

    - Comment construire, puis optimiser des ASSISTANTS à l''inspiration

    Ce sont des chantiers.

    Quand tu utilises l'axiome du choix (que j'ai resignalé de manière formelle ci-dessus), il faut bien l'implémenter, l'ordinateur ne va pas te dire "ah, oui, Monsieur Chaurien, je suis sensible à votre perception de l'évidence, je ne sonne pas d'alerte en voyant cet axiome"

    C'est aussi simple que ça. En maths, on étudie habituellement des structures très simples (des monoides, des anneaux, etc) avec grand max 2 ou 3 opérations, éventuellement une topologie associée. Bon bin en logique (qui fait des maths une structure à étudier) c'est juste un peu plus abstrait, avec plus d'opérations, mais c'est tout.

    La logique de base (linéaire) est déjà NP-COMPLETE avec UNE SEULE OPERATION et UNE SEULE LETTRE**. Si tu vois ça comme des trotkistes faisant de la poésie idéologiques, c'est dommage. En realité, c'est plutôt l'autre sens qui est factuellement vrai : les maths, qui n'étudient que des petites choses ultraspécialisées ressemblent à la dispute entre LCR et LO, quand la logique, certes, pour le coup avec moins de succès, va étudier tout le panel politique.


    Des formules par exemple comme :

    $$(X\to X) \to ((X\to X)\to (X\to X)) $$

    dont on se demande si on peut les prouver juste avec la commutativité logique et la contextualisation (mais ni jetage d'hypothèses inutilisées, ni duplication)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Christophe, je ne suis pas fan du verbe admettre dans ce contexte, car il sous-entend une vérité transcendante à laquelle on n'a pas accès mais que l'on essaye de cerner malgré tout ; je ne me vois pas dire "j'admets l'existence d'un élément neutre" pour la théorie des groupes, c'est juste la définition (choisie) des groupes, et j'ai le même ressenti pour tous les axiomes de toutes les théories.
  • Pardon, du coup, lire "supposer" à la place de "admettre" dans ce cas, ce sera peut-être moins ambigu.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • 1) Alesha, « Mais il est difficile de comprendre si on n'a jamais fait au moins un peu de théorie des ensembles. »

    C’est cela je pense, pour mon cas. Il faut que je regarde de près tout ça.

    2) Raoul, au sujet de l’exemple sur la famille fini :

    Beaucoup de raisonnements utilisent ce genre de rédaction (j’écris n’importe quoi pour illustrer) : « quel que soit $\varepsilon >0$, il existe $\eta >0$, alors … ».
    Ceci est-il correct ? (question a.) je me dis que oui.

    Ce qui ne serait pas correct est « posons $f : \mathbb R \rightarrow \mathbb R$,$f(\epsilon)= \eta$ ».
    En effet, en écrivant ce message, je me rends compte d’un problème, ma fonction est mal définie. Je ne peux pas « travailler avec ». Le $\eta$ n’est pas « clair ».
    Ainsi, ne pas admettre AC dit seulement qu’on ne peut pas parler d’une telle fonction mais on peut conserver un raisonnement qui s’en passe, comme en « a. ». (question b. C’est ça ?).

    3) Christophe, oui, ça je le comprends, les axiomes ne sont pas toujours des choses « puissantes » dans leurs compréhensions. Ce sont aussi des évidences qu’on s’autorise. Comme l’a écrit Julia, ça tombe tellement sous le sens qu’on ne comprend même pas qu’on en parle (avec la réserve de Raoul : chasser la théorie naïve qui nous empoisonne dans ces moments là).

    4) chers intervenants :-)
    Pour sentir que ce n’est pas si évident, a-t-on des théorèmes qui disent « AC <=> $truc$ » où justement, $truc$ n’est pas du tout évident ?
  • Un exemple qui m’a frappé il y a un an ou deux : dans le théorème des accroissements finis, on a bien « pour tout $x$, il existe $c_x$ tel que… ».

    Je trouvais évident le fait qu’il existe une fonction $f : x\mapsto c_x$.
    Et c’est exactement AC, d’admettre l’existence de cette fonction (de $c_{_{h\circ i}x}$ B-)-)
    C’est Foys qui avait mis le doigt dessus, de mémoire.
  • Personnellement j'utiliserais "choisir"
  • Pour revenir à la question de fond posée par Julia, on peut aussi se pencher sur l'axiome des parties, souvent compris comme :

    Pour tout ensemble $x$, il existe un ensemble $y$ dont les éléments sont exactement les sous-ensembles de $x$

    Alors que sa signification est plutôt

    Pour tout ensemble $x$, il existe un ensemble $y$ dont les éléments sont exactement les ensembles qui sont des sous-ensembles de $x$

    Il va de soi que la formule formelle ne laisse aucun doute.
  • Merci beaucoup Poirot (je n'ai pas encore lu les autres messages), c'est très clair ce que tu écris.

    Dans mon livre qui (je crois) utilise la construction de $ZF$ sans le dire, une fonction est une relation, c'est-à-dire :
    si $X$ et $Y$ sont des ensembles, une fonction sur $X$ est une relation $f$, telle que $dom f= X$, donc un ensemble de couples ordonnés $(x,y) \in f$, avec $x \in X$, tels que si $(x,y) \in f$ et $(x,z) \in f$, alors $y=z$.

    On suppose donc qu'une relation fonctionnelle (j'invente ce terme, je ne sais pas s'il existe, i.e. une fonction) doit être "construite", pas seulement "décrétée". Cela n'apparait pas clairement dans mon livre, mais peut-être cela apparait-il dans $ZF$.

    Evidemment, si on considère qu'une construction doit se faire forcément par récurrence, on est un peu coincé si l'ensemble d'indices est non dénombrable.

    Sinon, le "choix" implique une notion de "temps" : on n'avait pas choisi avant, on en a choisi un après. Il me semble que la notion de "temps" n'apparait nulle part en mathématiques, dans le sens où la situation d'après, avec les mêmes données, donc rien qui pourrait la perturber, est différente de celle d'avant. Cela m'étonne que cela apparaisse ici subitement.

    Bon, je vais lire attentivement les messages.
  • J'aime bien et j'utilise depuis longtemps l'exemple des chaussures et des chaussettes, mais j'aime bien aussi un exemple mathématique,

    Soit la relation $\sim$ sur $\mathbb R$ définie par $x\sim y \Leftrightarrow (x - y) \in \mathbb Q$

    Ce serait bien d'avoir une fonction qui à chaque classe associe un représentant (privilégié), pouvez-vous construire cette fonction ? Pouvez-vous garantir son existence (est-ce qu'un cadre formel permet de démontrer son existence) ?

    A noter qu'en remplaçant $\mathbb Q$ par $\mathbb Z$ ces questions deviennent triviales
  • Dom a écrit:
    Un exemple qui m’a frappé il y a un an ou deux : dans le théorème des accroissements finis, on a bien « pour tout $x$, il existe $c_x$ tel que… ».
    Je trouvais évident le fait qu’il existe une fonction $f : x \mapsto c_x$.
    Et c’est exactement AC, d’admettre l’existence de cette fonction

    Non même avec AC, tu ne peux pas parler de "cette" fonction. En revanche, si tu prouves : pour tout $x$, il existe $c_x$ tel que $P(x, c_x)$, alors, avec AC, tu peux en déduire qu'il existe une fonction $f$ telle que, pour tout $x$, on a $P(x, f(x))$.
  • J'aime beaucoup l'analogie de Médiat avec l'axiome des parties.

    Pour répondre aux questions de Dom :
    a) Tu ne dis pas quel est le raisonnement, juste le début de rédaction, dur d'aller plus loin. La plupart du temps, en analyse élémentaire, on n'utilise que le $\eta$ d'un ou deux $\epsilon$ fixés, et pas "la fonction qui à $\epsilon$ associe $\eta$", donc pas de souci.

    Cela étant dit, très souvent il y a beaucoup de $\eta$ rationnels qui conviennent et dans ce cas on peut munir (une fois pour toutes) $\mathbb Q$ d'un bon ordre et choisir le plus petit des rationnels qui conviennent. Cela donne une fonction définie sans choix.
    Parfois on a vraiment besoin (d'une forme faible) de l'axiome du choix par contre, il y a toute une partie sur "AC en analyse" dans le bouquin de Herrlich sur l'axiome du choix.


    b) Si je te comprends bien, oui, mais tu n'as pas détaillé le raisonnement en a) donc je ne serai pas définitif :-D

    4) bien sûr, cest la blague qu'a signalé Médiat plus haut: AC est équivalent (par exemple) au principe que tout ensemble peut être bien ordonné, un principe "évidemment faux" (selon la blague)
    AC est aussi équivalent au fait que tout anneau admette au moins un idéal maximal, ou encore au fait que tout produit d'espaces topologiques quasicompacts soit quasicompact.

    (Aussi au lemme de Zorn, mais, comme la blague l'indique, ça risque de moins t'aider pour l'intuition)


    Julia Paule : personne ne parle de temps, il n'y a pas plus de temps en maths quand on parle d'AC que quand on n'en parle pas.
    Il n'y a pas de "on a choisi après" : l'axiome du choix te dit "il existe une famille d'éléments", mais c'est tout ce que tu sais dessus, tu n'as pas "fait de choix", la famille n'existe pas "soudain parce que tu l'as décrété"
  • Merci beaucoup Maxtimax, c'est très précis, je commence à voir le problème.

    Je dirais que, par définition, le produit cartésien d'une famille (non vide) d'ensembles non vides indiciée par un ensemble $I$, $(A_i)_{i \in I}$, est l'ensemble des (fonctions =) familles indiciées par $I$, constituées pour chaque élément $i$ de $I$ d'un élément $a_i$ de $A_i$. Donc je dirais que c'est par définition, que les $(a_i)$ forment une fonction (=famille) indicée par $I$.

    Effectivement, il faut différencier les fonctions. Mais cela n'apparait pas difficile : il suffit que toutes les valeurs prises soient différentes.

    Que l'ensemble des fonctions soit non vide, cela parait aussi évident (ma 1ère remarque).

    Bref, le problème me semble se situer au niveau de la construction de chaque fonction (=famille). Il faudrait que je lise une version peut-être plus précise de ZF pour bien comprendre.
  • Concernant les chaussettes, cela me semble mal adapté au contexte. En effet, dans le contexte de la théorie des ensembles, si le tiroir (l'ensemble) est constitué de deux éléments (les chaussettes), ces deux éléments sont forcément différenciés (sinon c'est le même élément et le tiroir n'a en fait qu'une seule chaussette), donc on est dans le même cas que les chaussures.

    Maxtimax, ok laissons tomber la notion de temps (bien qu'on parle du problème de "simultanéité" dans le cas infini :-D), qui est en fait une notion de construction.

    EDIT : ah oui, dans le cas des chaussettes, elles sont différenciées, mais on ne sait pas laquelle choisir dans chaque tiroir, toujours le problème de la construction !
    Et le problème se pose dans le cas infini, car on ne peut pas "choisir" les unes après les autres.
  • Le mot "choix" fait référence à des opérations manuelles et donc il est mal choisi, en théorie des ensembles une fonction est juste un ensemble particulier (un ensemble de couples $f$ tels que pour tous $x,y,z$ si $(x,y)$ et $(x,z)$ sont dans $f$ alors $y=z$). L'axiome dit du choix affirme donc l'existence d'un certain type d'ensemble dans certains cas.

    Donnons une formulation équivalente de cet axiome sans référence aux fonctions (on rappelle qu'en théorie des ensembles, tous les éléments d'ensembles sont eux-mêmes des ensembles, il n'y a que des ensembles en fait):
    (AC): Pour tout ensemble $X$ dont les éléments sont non vdes et disjoints deux à deux, il existe un ensemble $Y$ dont l'intersection avec chacun des éléments de $X$ possède exactement un élément.

    En formules ça donnerait quelque chose comme : $$\forall X \langle \left [\forall p, \forall q,(p\in X \wedge q\in X) \Rightarrow \left [\left (p=q \vee \neg \left (\forall r,r \in p \wedge r \in q \right )\right] \wedge (\exists v, v \in p) \right )\right ] \Rightarrow \left (\exists Y, \forall s \in X, \exists ! t, \left (t \in s \wedge t \in Y \right )\right ) \rangle \tag 1$$

    Lorsque $X$ est fini, on peut se convaincre (et l'argument suivant peut être transformé en preuve formelle dans la théorie des ensembles formalisée et ans axiome du choix) de l'existence de $Y$ par récurrence sur le nombre d'éléments $n$ de $X$ (lorsque $n=0$ on prend simplement $Y:=\emptyset$, sinon si $n=m+1$ pour un entier $m$ et si $X$ est de cardinal $m+1$, il existe un élément $a$ appartenant à $X$, on construit $Z$ rencontrant une fois chaque élément de $X\backslash\{a\}$ puis comme il existe un $b$ dans $t$, on considère alors $Z\cup \{b\}$).

    Mais cet argument ne marche pas pour $X$ quelconque (infini).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Julia, Vous avez raison, sur les différences, c'est pourquoi, si on a un ensemble fini de chaussettes on peut s'en tirer (pour la première paire, prendre celle dont les élastiques sont détendus, pour la deuxième prendre celle qui a un trou, ...) mais si ce nombre est inifini, comment faire ; alors que même avec un nombre non dénombrable de chaussures, la règle "prendre la chaussure gauche" fonctionne parfaitement.
  • Merci beaucoup Foys, c'est limpide. On considère que la fonction doit être "construite" (= associer à chaque indice un élément), pas uniquement "décrétée" comme un ensemble qui existe, c'est-à-dire que pour chaque indice, il faut avoir un "il existe", et on ne sait le faire que par récurrence. Ok, le mot "choix" prête à confusion.

    Il me semble pourtant qu'à d'autres endroits, on ne prend pas de telles précautions avec les "pour chaque ..., il existe ...".

    Je suis moyennement convaincue, parce que finalement, j'ai l'impression qu'on admet des raisonnements qui remportent un consensus général, et qu'on les formalise (dans la logique, que je connais moyennement) pour essayer de ne pas faire d'erreurs. Mais que ces raisonnements eux-mêmes n'ont pas été démontrés, et qu'on ne pourra jamais (on les décrète par les axiomes). J'imagine que cela fait partie de la logique formelle. Et je ne suis pas certaine qu'à certains autres endroits, on n'ait pas fait des raisonnements abusifs sans s'en rendre compte (donc celui-là plutôt qu'un autre ...). La meilleure preuve, c'est que des démonstrations qui ont été admises par un consensus, sont finalement réfutées quelques années après, parce qu'on a détecté une erreur. D'où provient cette erreur ? On n'a pas respecté à la lettre un principe de la logique formelle ? Je vais me faire incendier, mais tant pis (en fait, je parle de ce que je ne connais pas).
    Donc là, intuitivement, je ne vois pas l'empêchement au produit cartésien non vide, vue la définition du produit cartésien.

    Bon d'accord, on ajoute un axiome.
  • Ok Maxtimax,

    Dites-moi si je me trompe…
    L’axiome du choix est équivalent (théorème de Zermelo) au fait qu’il existe un bon ordre sur $\mathbb R$ (vu en tant qu’ensemble muni de rien).
    Avec ce bon ordre que je note $\prec$ il existe donc un réel $r$ tel que :
    $$\forall x\in \mathbb R, r \prec x$$
    J’imagine qu’on ne sait pas exhiber une telle relation d’ordre.
    On peut proposer une bijection entre $\mathbb R$ et $[0;1]$ mais c’est justement l’existence de cette bijection qui va rendre la chose équivalente, c’est ça ?
    Rapidement : j’utilise $Arctan$, je normalise à $]0;1[$, puis je construire une bijection de $]0;1[$ sur $[0;1]$ en ne m’occupant que des rationnels (je laisse les irrationnels à leurs places).

    J’ai l’impression de louper un truc car ma construction ne semble faire appel qu’à l’axiome du choix dénombrable.

    Julia, j’espère que je ne pollue pas ton fil avec mes messages, dis-le moi si c’est le cas…
  • Dom, tu ne pollues pas mon fil, au contraire ! Je vais te lire aussi attentivement, mais je dois partir là.
  • Julia: tu n'as rien sans rien, il faut supposer des trucs, que ce soit des règles logiques ou des axiomes. Dans les deux cas, on suppose ce qui semble coïncider avec notre intuition logique a priori, et on le fait pour codifier cette dernière ("voilà ce qui est un raisonnement acceptable") et la préciser (en cas de doute, on peut toujours revenir à ces règles de logique/axiomes sur lesquelles on s'est mis d'accord au préalable).

    Qu'est-ce qui garantit qu'on ne fait pas d'erreur ? Rien, c'est pour ça qu'on en fait. On espère qu'en faisant attention et en écrivant précisément nos arguments (et donc en se rapprochant, tant que possible, des règles de base), on limitera nos erreurs, et que celles-ci seront repérés par d'autres personnes qui nous reliront (la peer review, ça existe aussi en maths ! ).

    Ça ne suffit pas à certaines personnes, qui se lancent donc dans les vérificateurs de preuves, des logiciels qui sont censés ne pas pouvoir se tromper puisqu'ils ne peuvent que suivre des règles logiques et pas suivre "l'intuition" (qu'ils n'ont pas : ce sont des logiciels). Par exemple, Voevodsky a eu si peur qu'il a abandonné la recherche dans son domaine pour se consacrer à ce genre de questions : comment faire des maths formelles ?

    Dom : ça dépend ce que tu entends par "exhiber". L'heuristique, c'est que non, mais quand on veut être un peu plus précis/subtil, ça peut aller très loin et on peut voir que notre heuristique n'est pas complète.

    Quant à ton "problème", ce n'en est pas un : $[0,1]$ n'est pas muni d'un bon ordre, il est simplement muni d'un ordre qui admet un minimum. ça c'est facile, je peux t'en donner sur $\mathbb R$ sans ta bijection : l'ordre usuel, sauf que $0$ est plus petit que tout le monde :-D

    D'ailleurs ta construction n'utilise même pas l'axiome du choix dénombrable.

    D'ailleurs, attention, l'axiome du choix est équivalent à ce que tout ensemble admette un bon ordre, pas $\mathbb R$ spécifiquement.
  • @ Dom
    Dans le théorème des accroissements finis, il y a un argument basique pour qu'on ne parle pas de la fonction $x \mapsto c_x$, c’est que ce théorème conclut à l’existence de ce réel $c$ mais non à son unicité. Dans la pratique des mathématiques telles qu'elles se font, ce théorème est généralement utilisé pour majorer ou minorer une certaine expression, et l'existence de ce $c$ suffit, on n'a pas besoin de « choisir » parmi les divers $c$ dont le théorème affirme l'existence. D'ailleurs, on énonce parfois ce théorème sous forme d'inégalité, obligatoirement quand il s'agit de fonctions à valeurs complexes ou vectorielles, et la question disparaît.

    Par contre, si pour une certaine fonction réelle cette unicité est établie, je ne vois pas ce qui pourrait empêcher de définir cette application $x \mapsto c_x$. C'est le cas par exemple pour les fonctions strictement convexes ou strictement concaves.

    Pour être tout à fait honnête, il me vient en souvenance un seul exemple où il est utile de poser un tel « $c_x$ », c'est lorsqu'on cherche le développement limité d'une somme de Riemann d'une fonction réelle de classe $\mathcal C^1$ ou $\mathcal C^2$, et qu'on applique la formule de Taylor-Lagrange affirmant l'existence d'un réel $\xi_k \in [ \frac kn, \frac {k+1}n]$ tel que $blabla$ (pour rédiger comme Christophe ;-)). On pose ce $\xi_k$, et vogue la galère. On trouve ça par exemple dans : Edmond Ramis, Exercices d'analyse, Masson 1968, 1972 (orange), p. 62. Il s'est dispensé d'insèrer une phrase rituelle affirmant qu'il fait ça au nom de l'Axiome du Choix. On peut rajouter une telle phrase si c'est obligatoire, la suite de la démonstration est la même, je pense.

    Bonne journée.
    Fr. Ch.
  • Dom a écrit:
    Avec ce bon ordre que je note $\prec$ il existe donc un réel $r$ tel que :
    $$\forall x\in \mathbb R, r \prec x$$

    Certes, mais ça n'a rien d'incroyable, ou nécessitant l'axiome du choix. Tu peux considérer l'ordre défini par $0 \prec x$ pour tout $x \in \mathbb R^*$, et pour $x, y \in \mathbb R^*, x \prec y$ si et seulement si $x < y$.

    Ce qu'il faut bien voir c'est qu'avec Zermelo, on décrète l'existence d'un bon ordre sur $\mathbb R$, mais un tel bon ordre n'a certainement strictement rien à voir avec l'ordre usuel sur $\mathbb R$. Et même si Max l'a déjà dit, je le répète : l'axiome du choix est équivalent au fait que tout ensemble peut être bien ordonné, pas seulement $\mathbb R$, ce qui est bien plus faible (mais tout de même indépendant des axiomes de $\mathsf{ZF}$).
  • Comme il y a eu beaucoup de posts depuis ce matin et qu'en diagonale, j'ai repéré quelques erreurs dans presque chaque post, je vais répondre à un seul paragraphe qui me parait significatif, mais tourner ma réponse de manière qu'elle réponde à tout le reste.

    1/ Le paragraphe cité:
    dom a écrit:
    Christophe, oui, ça je le comprends, les axiomes ne sont pas toujours des choses « puissantes » dans leurs compréhensions. Ce sont aussi des évidences qu’on s’autorise. Comme l’a écrit Julia, ça tombe tellement sous le sens qu’on ne comprends même pas qu’on en parle (avec la réserve de Raoul : chasser la théorie naïve qui nous empoisonne dans ces moments là).



    1/

    les axiomes ne sont pas toujours des choses « puissantes » dans leurs compréhensions. Ce sont aussi des évidences qu’on s’autorise

    TOUT, absolument TOUT ce qu'on utilise dans une preuve que ce soit explicitement ou sous forme d'enchainements est un axiome.. C'est neutre, formel et technique. Il n'y a pas de philosophie derrière ou quoique ce soit à comprendre, c'est la règle numéro1, voire numéro0 de la science.

    2/

    qu’on ne comprend* même pas qu’on en parle

    [size=x-small]* si tu as le temps, barre ton "s"[/size]

    Mais si si justement, on le comprend et c'est BANAL: on en parle parce qu'on l'écrit, point à la ligne. Dès lors qu'apparait "A donc B", l'axiome "A=>B" est PRESENT, donc un axiome (s'il n'a pas été prouvé avant). Par exemple, Julia écrit :

    "comme pour chaque $i$, j'ai $\exists a_i\in A_i$,
    c'est "donc" que j'ai $a$ tel que $\forall i: a_i\in A_i$"


    Et bien, elle UTILISE l'axiome

    SI pour chaque $i$, j'ai $\exists a_i\in A_i$ ALORS j'ai $a$ tel que $\forall i: a_i\in A_i$"

    Et je n'ai fait qu'un copié-collé.

    Et ATTENTION, le copié-collé n'est pas un "luxe" de ma part, il est OBLIGATOIRE si je cite le raisonnement de Julia. Je n'ai pas à "transformer" son inférence pour en faire un axiome.

    Voici un autre exemple, fictif.

    "Comme 2+TROIS = 5, donc on a $2+3=5"

    Et bien, J'ai utilisé l'axiome qui dit :

    "SI 2+TROIS = 5, ALORS on a $2+3=5"


    3/

    "avec la réserve de Raoul : chasser la théorie naïve qui nous empoisonne dans ces moments là"

    Et bien non, pas du tout: PAS DE RESERVE. La théorie naive (qui est de toute façon essentiellement égale à la théorie formelle, donc ce n'est qu'une illusion) ne change rien à la chourcroute. L'ORIGINE d'un axiome relèvedes .. historiens à la rigueur. Un axiome ne devient pas "autre chose" (et quoi?) sous l'alibi qu'il aurait une origine plus subconsciente. Il n'y a aucune réserve, et nullement besoin de s'y conaitre dans quoique ce soit pour recenser ce qu'on a utilisé dans un texte argumentatif. C'est simple, c'est TOUT ce qui n'a pas été justifié (autrement dit, "tout" au sens propre, à quelques exceptions de connections, de type pointeurs)

    4/ Ca ne concerne plus ton propos mais ce que j'ai flash-aperçu après :

    ne pas confondre ce qu'on fait et ce qu'on pourrait faire à la place. Soit $E$ un ensemble contenant 5 éléments et tel que :

    $$ \forall x\in E\exists y: R(x,y)$$

    j'utilise l'axiome du choix pour dire :

    donc
    $$\exists f: \forall x\in E: R(x,f(x))$$


    Je répète, J'UTILISE L AXIOME DU CHOIX

    Ceci ne doit pas être confondu avec le fait que j'aurais pu le prouver. Certes, j'aurais pu le prouver, mais je ne l'ai pas fait et j'ai utilisé l'axiome du choix à la place.

    Bref, ne pas confondre forme et fond et VIRER SANS MENAGEMENT les recherche d'implicites quand ce n'est pas ABSOLUMENT INDISPENSABLE. Les maths, c'est "WYSWYG", c'est à dire "what you see is what you get". Ce n'est pas de la philosophie
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Ok, Maxtimax.
    Oui, j’avais bien le « n’importe quel ensemble » mais je voulais voir avec $\mathbb R$.
    Tu m’as scié les deux jambes avec ton ordre dont $0$ est plus petit que tous les autres (:D
    [0;1] non muni d’un bon ordre : ah oui, en effet… on a des ouverts du genre ]a;b[… 8-)
    Tout ça prouve que je ne réfléchis pas assez et que certaines notions me sont trop peu familières pour que je m’emballe…

    Oui, Chaurien, je suis d’accord. On utilise le $c_x$ et c’est tout.
    En effet dans le fil qui parlait de cela, on avait évoqué qu’en cas d’unicité, il n’y avait pas de problème.
    Tu choisis là un très bon exemple avec ces sommes de Riemann (du coup, là on a besoin du « dénombrable »).
  • PS: @dom : tu as le théorème de Banach Tarski si tu veux des énoncés "choice"
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • chaurien a écrit:
    Il s'est dispensé d'insèrer une phrase rituelle affirmant qu'il fait ça au nom de l'Axiome du Choix. On peut rajouter une telle phrase si c'est obligatoire, la suite de la démonstration est la même, je pense.

    tout à fait, je suis même bien souvent allé "beaucoup plus loin" (entre guillemets) sur le forum, toutes les fois où j'ai défendu l'inutilité de rappeler ou recenser dans une liste à part ce qu'on utilise.

    Pour la bonne raison c'est que ça se voit. Donc on "gaspille des feuilles de papiers" en disant au lecteur "voici la liste des admis de ma preuve", qu'on la mette au début et à la fin.

    Ensuite à ça a le deuxième inconvénient de laisser penser au lecteur (qui est naturellement porté à croire que si on écrit quelque chose, c'est que c'est nouveau et qu'on ne le voit pas) qu'il y aurait une sorte de "sous-passerelle" entre les axiomes utilisés et leur "occurrence dans la preuve", ce qui est dommage.

    Lorsqu'une personne utilise l'axiome du choix, ça se voit comme le nez au milieu de la figure de toute façon.

    Par contre, ce qui est pertinent c'est que pour les gens QUI NE LISENT PAS LA PREUVE, il est utile de le signaler :-D (comme quoi bien des conventions sont en fait utiles aux .. non lecteurs);
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Ok Christophe.
    Sur « la réserve » je voulais juste dire que la théorie naïve donne parfois de mauvais réflexes.
    [small]Un peu comme pour étudier la logique intuitionniste où les réflexes non(non(.))=id sont courants et j’avais eu du mal me « reformer ».[/small]

    Ton dernier point est très utile avec « il existe $f$ … $R(x;f(x))$ ».
    Ça banalise le truc sans effort.
  • Christophe C a écrit:
    j'ai repéré quelques erreurs dans presque chaque post

    J'aimerais que tu signales mes erreurs, merci!
  • @alesha, je n'ai pas vu ce que je considère des erreurs dans le tien.

    J'en profite pour préciser qu'ici j'appelle "erreur" les choses qui allaient contre ce que j'ai dit à mon post, c'est à dire les confusion "forme/fond" du genre "ah ce n'est pas l'axiome du choix parce que c'est prouvable" ou "ah, le problème c'est que c'est un axiome implicite", etc, bref, je ne me rappelle plus les détails (peu de temps pour relire, peu d'intérêt),

    mais par "erreur" j'entends les trucs hyper-robustes qui reviennent tout le temps dans les propos non issus de logiciens (confusion maths/physique, croyance à l'existence d'implicites forts, intensité accordée à la consistance (ie distinction collection ensemble, tendance à doter les fonctions de leurs supports), confusion "présence de négation de X, avec absence d'affirmation de X", etc

    Je ferai peut-être un fil si ça intéresse des gens car au fond ce n'est pas tant sur les forums de matheux (même s'ils ne sont pas logiciens) qu'on les rencontre le plus, mais dans les rhétoriques courantes, et j'ai "des heures de vol" :-D dans l'analyse de ces "bagarres" au bout de 15 mois d'enquête sur les arnaques religieuses. Il y a même des fautes "inédites" qu'on dont on ne trouve JAMAIS d'occurrence chez les matheux (bon, c'est rare)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Voici un petit montage conçu à partir du livre Basic Set Theory de Azriel Lévy et du livre Foundations of Set Theory de Abraham A. Fraenkel, Yehoshua Bar-Hillel et Azriel Lévy. Ce montage à pour objectif de montrer une autre alternative, à savoir que dans la théorie des ensembles $\mathrm{ZFGC}$, notée encore $\mathrm{ZFC}_{\sigma}$, cet axiome du choix se démontre au point d'en devenir un théorème à part entière. L'on y note la présence du schéma d'axiomes de remplacement (lequel se démontre dans le système bourbakiste), ainsi qu'une fonction $\sigma$ au sens intuitif, de l'univers $\mathscr{U}$ des ensembles dans le même univers $\mathscr{U}$, telle que\[(\forall\,\mathbf{x})(\mathbf{x}\ne\emptyset\Rightarrow\sigma(\mathbf{x})\in\mathbf{x})\]lequel est l'axiome global du choix (ce dernier se démontre dans le système bourbakiste).125510
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Ah le message d'Alesha m'a permis de comprendre l'origine du problème. Merci beaucoup !

    $\forall ..., \exists a ...$ et ce $a$ est pris pour la valeur d'une fonction en un point, sans avoir défini $a$ explicitement, c'est une erreur : on n'a pas bien défini l'image de la fonction en ce point. Je n'avais jamais pensé à ça.

    En effet, c'est discutable.

    Du coup, je me demande si je n'ai pas déjà vu ou employé cette démarche.

    Pourquoi du coup cela serait-il valable dans le cas fini et pas dans le cas infini ?
  • Pour le cas fini, si j’ai bien compris ce qu’a dit Christophe, c’est exactement pareil.
    Mais on peut définir ce choix.
    Par exemple « le plus petit », ou un truc du genre.
    Pour d’autres cas, j’imagine que ça peut se gérer (selon le contexte) avec un $\min$ ou un $\inf$ (si c’est stable…).

    Mais il vaut mieux une confirmation, car moi…

    Édit :
    Je cite « Étant donné un ensemble fini E = {A1… , An} d'ensembles non vides, une fonction de choix f sur E associe à Ai un élément ai est une fonction de graphe fini. L'existence d'une fonction de choix pour un ensemble fini se démontre sans utiliser l'axiome du choix. La fonction se définit par récurrence, en utilisant à chaque étape que l'élément de E en jeu est un ensemble non vide. Il est juste besoin de supposer que l'ensemble sur lequel est défini la fonction de choix est fini. »
    De chez Wiki : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Ensemble_fini
  • Julia Paule a écrit:
    Pourquoi du coup cela serait-il valable dans le cas fini et pas dans le cas infini ?

    Voilà une excellente question : peut-on démontrer l'axiome du choix fini? Autrement dit, en supposant que $(A_i)_{i \in I}$ est une famille d'ensembles non-vides et $I$ est un ensemble fini, peut-on montrer que $\Pi_{i \in I} A_i$ est non-vide?

    Je te laisse chercher un peu? Ensuite, tu verras pourquoi on ne peut pas étendre ta preuve au cas $I$ infini.
  • Heu oui, dans le cas fini (pour l'ensemble d'indices), on a le produit cartésien, ensemble des n-uplets etc..., on n'utilise pas de fonction. ;-)

    Merci mille fois pour ton aide.
  • Sinon je ne vois pas pourquoi la fonction de choix serait valable dans le cas d'un ensemble d'indices finis, et pas dans le cas infini.

    Dom, le coup du plus petit, j'imagine que c'est pour choisir un élément dans un ensemble fini : on peut toujours les ordonner, le plus petit existe, et on prend celui-là.

    Je ne suis pas sûre qu'on puisse toujours mettre une relation d'ordre sur un ensemble infini, et de toute façon le plus petit n'existe pas forcément dans ce cas.
  • Tu as l'air de supposer que $\prod_{i \in I} A_i$ est non-vide pour en déduire qu'il est non-vide, non? Et alors, on pourrait tout aussi bien dire que $\prod_{i \in I} A_i$ est non-vide dans le cas infini.
    Sans supposer que $\prod_{i \in I} A_i$ est non-vide, peut-on montrer que cet ensemble est non-vide dans le cas $I$ fini?
  • Je marche sur des œufs par méconnaissance…
  • dom a écrit:
    Mais on peut définir ce choix.

    Plus loin :
    dom a écrit:
    Je marche sur des œufs

    Tu les croyais trop solides tes oeufs. Eh bé non, on ne peut pas définir ces fonctions choix, on peut juste prouver qu'il en existe :-D

    Pour te soulager, je t'en donne la preuve très résumée : suppose qu'il y a une fonction choix pour la famille $A_1,..,A_8$. Peux-tu en déduire L'EXISTENCE d'une fonction choix pour la famille $A_1,..,A_9$? Le reste te sera facile a priori.

    Pour info, sans aucun axiome du choix, tu ne peux même pas prouver l'existence d'une fonction choix qui choisit un élément dans chaque pair $\{a,non(a)\}$ où les $a$ varient sur l'ensemble quotient de $P(\N)$ par "être égal partout sauf pour un nombre fini d'éléments.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Je précise ce que j'avais en tête. Si $I$ est fini, alors on peut montrer que $\prod_{i \in I} A_i$ est non-vide par récurrence sur la cardinalité de $I$ en étendant une fonction de choix. La récurrence est une méthode qui permet de montrer des propriétés sur des objets finis (pour tout entier $n$, etc...). Si on veut appliquer cette méthode sur des objets infinis, on doit utiliser la récurrence transfinie, mais ça demande à ce qu'ils soient bien ordonnés.
  • J'aime beaucoup l'exemple de Médiat http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?16,2284834,2284996#msg-2284996 qui m'a tout à fait convaincue, avec la relation d'équivalence définie sur $\mathbb R, x \sim y$ si $x-y \in \mathbb Q$.
    $\forall x \in \mathbb R, \exists y \in \mathbb R$, tel que $x \sim y$. Mais on ne peut pas définir ainsi une fonction $x \mapsto y$ sans plus de précisions (où il faut expliciter l'image sans ambiguïté de manière unique). On pourrait définir par exemple $x \mapsto x +1/2$. Dans le cas de $\mathbb Z$, on peut choisir l'élément appartenant à l'intervalle $[0,1[$. Merci beaucoup Médiat.

    Donc puisqu'on ne définit pas ainsi une fonction avec les axiomes précédents, ben on en crée un. C'est tout simple.

    Mais alors, on ne peut pas créer quelque chose de plus simple que la circonvolution avec les familles infinies ? Par exemple, décréter que le $\forall i$ ... $\exists a$, tel que "quelque chose qui ne définit pas entièrement $a$", est aussi une fonction $i \mapsto a$ ? Oups je n'ai rien dit, cela semble revenir au même.

    Pour répondre à Alesha, dans le cas d'une famille finie, on a le produit cartésien (par définition, l'ensemble des $(a,b, ...)= \{\{a\},\{a,b\},...a \in A, b\in B, ... \} ...)$, je voulais dire qu'il est donc non vide par définition, et on n'a pas besoin de l'axiome du choix. Mais à la réflexion, cela ne démontre pas l'existence d'une fonction sur $I=n$ entier naturel, $i \mapsto (a, b,...)$. Sinon il me semble que quelqu'un précédemment dans ce fil a utilisé une récurrence pour démontrer quelque chose d'approchant (ou d'équivalent). Je vais y réfléchir plus sérieusement.
  • Attention Julia, la question n'est pas de trouver une fonction qui à $x$ fait correspondre un $y$ de la même classe (sinon $x \to x$ conviendrait) mais une fonction qui à une classe $X$ fait correspondre un de ses éléments, pour le cas $\mathbb Z$, vous avez trouvé la réponse
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