Vers l’infini et au-delà

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Réponses

  • En fait, il y a l'explication 'vulgarisée' des mathématiques (où des termes flous et non définis comme 'épuiser' sont employés) et il y a les mathématiques.
    Plus précisément, 'dénombrer'/'dénombrable' est défini en mathématiques (et qui perd directement son usage dans le langage courant): Un ensemble $E$ est dénombrable := $\exists f:\mathbb{N} \rightarrow E$ telle que $f$ est bijective (le mot bijective est lui même défini).
    L'argument diaogonal de Cantor montre que $\mathbb{R}$ n'est pas dénombrable. En d'autres termes, il est tautologique, en admettant l'ensemble des hypothèses des mathématiques, et en utilisant la notion de 'dénombrable' telle que définie plus haut, que $\mathbb{R}$ n'est pas dénombrable.

    Pour le dire encore plus clairement, les mathématiques 'parlent' un langage particulier qui n'est pas le langage usuel. Les liens entre le langage mathématique et le langage usuel sont complexes et sont l'objet de beaucoup d'incompréhensions d'ailleurs. D'un côté, le langage usuel doit être traduit en langage mathématique (c'est ce dont je parlais ci-dessus); d'un autre côté, le langage usuel est utilisé pour expliquer l'usage du langage mathématique dans les démonstrations, mais cela peut être assez problématique, car donner de mauvaises représentations (mais on ne peut pas faire autrement, à moins de lire directement les mathématiques, ce qui n'est pas évident, en tout cas dans un premier temps).
  • comment il fait pour « avoir fini d’utiliser les nombres entiers, il n’en reste plus » au cours d’un raisonnement.
    Quand l'usage que l'on en fait établit une bijection avec IN, par exemple "terminer le comptage des rationnels" revient à établir une bijection entre les entiers et les rationnels
  • Sneg,

    tant que tu baratines sur des idées fausses vulgarisatrices, tu ne peux avancer. Depuis le début, pas mal de gens ont essayé de te faire avancer vers les maths, mais tu refuses d'en faire : Tu refuses l'abstrait, et les maths ce n'est que de l'abstrait. Tu te comportes comme quelqu'un qui voudrait absolument jouer au football, mais prendrait le ballon dans les mains pour l'emmener à l'autre bout du terrain.
    J'ai renoncé à te faire changer de comportement, d'autres (souvent nouveaux, n'ayant pas vécu le début de tes questions) essaient. Je me contente de leur signaler que tu refuses de comprendre. Si constater la réalité est te dénigrer, alors oui je te dénigre. Et ceux qui essaient de te répondre perdent leur temps : Tu n'es même pas vraiment honnête, quand tu dis que tu as compris le raisonnement de Cantor alors que tu passes ton temps à en refuser la conclusion.
    Il est possible que cette conclusion ne te plaise pas, les maths ne cherchent pas à plaire.

    Et ta question "j’aimerais que gerard0 en personne fasse savoir à tout le monde ici comment il fait pour « avoir fini d’utiliser les nombres entiers, il n’en reste plus » au cours d’un raisonnement. " est soit incompréhensible (je ne sais pas d'où tu sors ce bout de phrase, peut-être d'une explication que j'ai donnée, mais il manque le reste), soit élémentaire (on fait ça dès le collège, de traiter tous les cas, une infinité de cas, avec une variable).

    Et "J’émets une idée dont la théorie me laisse penser qu’elle présente un défaut, mais je ne sais pas où. " est assez amusant : Dès le départ, on t'a dit que tu restais dans le flou. Tu n'émets pas une idée, tu joues avec des mots. Chaque fois qu'on a essayé de te faire préciser ton idée, tu as refusé de le faire, tu es resté dans le baratin. Et c'est toi qui est venu sur un forum de maths, on n'est pas au café du commerce. Et on ne t'a pas dit "ton idée est mauvaise parce qu’elle est en désaccord avec la théorie" on t'a dit que tu ne faisait pas des maths. Que tu restais dans le flou, que tu n'avais pas compris la démonstration de Cantor, que tu ne comprenais même pas ce qu'est une bijection. Et tu es maintenant revenu au point de départ. A quoi servait de remercier ceux (les autres que moi) qui t'avaient "aidé à comprendre".

    Je confirme, tu n'es pas venu sérieusement ici pour comprendre la preuve de Cantor, seulement pour critiquer les maths parce que tu ne les as pas étudiées ni comprises.

    Mais tu vas continuer à baratiner, tu aimes ça ...
  • Je ne peux que répéter ce que dit @l : on ne peut pas répondre à ta question puisqu'aucun terme n'est précisément défini. Tant que tout est sujet à interprétation, on peut te répondre tout et son contraire.
  • Sneg a écrit:
    Cela dit, il n'a pas encore été répondu à ma première question, qui est de savoir si ma conception naïve du dénombrement est viable

    Le problème est celui pointé par @l et gerard0 (à sa façon). En résumé, ta conception n'est pas exprimée en termes mathématiques et donc il est difficile de comprendre ce que tu veux exactement transmettre (à moins de pouvoir lire dans ton cerveau).

    Par exemple j'avoue que personnellement je ne comprends pas ta "définition" : On appelle "dénombrement parfait" un dénombrement qui peut être mené jusqu'à son terme, c'est-à-dire jusqu'au dernier élément à dénombrer.

    Au début je pensais que tu parlais de "dénombrement parfait" seulement dans le cas des ensembles fini, sauf que tu dis : On remarquera que l'argument diagonal, valable quand on imagine possible un "dénombrement parfait" de $\mathbb{R}$, n'est dans ce cas-ci pas d'application

    et donc tu laisses penser que l'argument diagonal est utilisé lorsqu'on a un "dénombrement parfait" de $\mathbb{R}$. Sauf que $\mathbb{R}$ est infini...

    Bref je confirme ce que dit @l, si tu n'utilises pas le langage mathématique tu auras des difficultés à te faire comprendre.

    Mais il y a une solution : tu lis par exemple un document comme celui-ci https://www.math.sciences.univ-nantes.fr/~pajitnov/home_page/teaching/formar/ch1.pdf qui présente la base de la théorie naïve des ensembles, tu t'appropries les notions qui y sont présentées, puis tu reformules tes questions en utilisant le type de langage mathématiques que tu trouves dans ce document et là il y a plus de chances qu'on te comprenne.


    Edit : je n'avais pas vu le message de Poirot ci-dessus... bon je dis la même chose mais en plus long.
  • Sneg,

    Un document qui va certainement t’éclairer.
    L’encadré (c) explique l’argument diagonal de Cantor qui montre que $\mathbb{R}$ ne peut-être être mis en bijection avec $\mathbb{N}$.
  • Bonsoir,

    Comme annoncé plus haut, je n'ai plus le temps de poursuivre les échanges.
    Grand merci à tous (sauf un qui se reconnaîtra) aussi bien pour votre aide que pour vos critiques, que je juge constructives. (Il y en a pour qui réfléchir et émettre des idées, certes maladroitement, c’est baratiner. Laissons leur esprit dormir paisiblement dans leur berceau de certitudes.)

    C'est vrai que, face aux idées de Cantor que je découvre, je fais preuve d'incrédulité, ce qu'une personne que je ne nommerai plus jamais prend à tort pour de l'incompréhension ou du rejet de ma part. Quelqu'un devrait lui rappeler que, face à un de ses propres résultats, Cantor en personne aurait dit : "Je le vois, mais je ne le crois pas". Si lui-même l’a dit...
  • Juste une dernière remarque Sneg.

    En parlant de Cantor tu dis dans un message : Je comprends l'idée mais ne peux l'approuver,.

    Déjà là il y a un problème. Lorsqu'on comprend une démonstration mathématique on peut être étonné de l'affirmation qu'elle prouve mais on ne peut absolument pas dire "cette démonstration est correcte mais je ne l'approuve pas".

    Pourquoi ? Car c'est comme si tu disais : Je comprends que la force de gravité nous attire vers le centre de la terre mais je ne suis pas d'accord.

    Il ne s'agit pas d'approuver ou pas, c'est comme ça et c'est tout. Il faut en prendre acte.
  • raoul.S,

    J’ai fait cette remarque à propos de l’idée, unanimement acceptée ici, que l’on peut épuiser $\mathbb{N}$ (pour autant que cette expression ait un sens).
    Vu que je n’arrive pas (encore) à comprendre/accepter cette idée, le résultat de Cantor ne peut que me laisser incrédule. Je pourrais accepter tout les yeux fermés, mais ce ne serait pas très intelligent.
  • Tu as fait glisser le problème, maintenant tu parles d'épuiser $\mathbb N$. L'indénombrabilité de $\mathbb R$ dit seulement que l'on ne peut pas "épuiser $\mathbb R$ en utilisant $\mathbb N$".
  • Bonjour,

    De toutes façons, tant que nous n'avons pas une définition mathématique, "épuiser" n'a aucun sens.
    Dire que $\mathbb{R}$ n'est pas dénombrable signifie uniquement qu'il n'existe pas de bijection entre $\mathbb{N}$ et $\mathbb{R}$.
    Et dire "il n'existe pas" ne signifie pas "on n'en a pas trouvé" mais "il est impossible d'en trouver".

    Cordialement,

    Rescassol
  • Sneg: Ce n'est pas que les intervenants acceptent l'idée que l'on peut épuiser $\mathbb{N}$. Ils savent que l'on peut prouver formellement que $\mathbb{N}$ est dénombrable, ce qui n'a rien à voir. Cette dernière connaissance implique de savoir définir mathématiquement $\mathbb{N}$, le caractère de dénombrabilité (et donc d'application), et de connaître les "règles du jeu mathématique".
    D'ailleurs, la preuve que $\mathbb{N}$ est dénombrable est triviale (c'est presque simplement par définition), et ne demande aucune réflexion sur le concept de temps ou de puissance.
    Si un de ces éléments de définition te fait défaut, je suggère de commencer par ça. C'est un puits, mais il y a un fond.

    J'ajoute qu'il y a plein de résultats qui montrent que les notions de fini, infini dénombrable, etc, ne sont pas absolues. Les intervenants n'en ont pas mentionné pour ne pas te compliquer les choses à mon avis (mais pourquoi faire simple...?).
    En définissant mathématiquement le fait de "pouvoir épuiser" dans le contexte de ces résultats, on peut montrer qu'on peut parfois "épuiser" $\mathbb{R}$, qu'on ne peut parfois pas "épuiser" $\mathbb{N}$ ni même un de ses éléments. Cela condamne toute tentative de discuter intuitivement de ces choses-là, dès lors qu'elle ne définit pas assez "épuiser" pour rendre cet acte incompatible avec ce contexte.
  • Poirot, merci de garder le contact, contre vents et marées.

    M’autorises-tu à réécrire ton dernier message comme ceci ? :

    (Pour ce qui est de « épuiser $\mathbb{N}$ », convenons ici de lui donner le sens de « utiliser tous les entiers naturels non nuls » dans un but quelconque.)

    Dénombrer $\mathbb{R}$ épuise $\mathbb{N}$.
    La chose serait banale si le cardinal de $\mathbb{R}$ était le même que le cardinal de $\mathbb{N}$.
    Mais Cantor arrive et dit : Vous avez épuisé $\mathbb{N}$ et pensez avoir dénombré $\mathbb{R}$. Mais c’est faux. Et il le démontre par l’argument diagonal.

    (Pardon pour mon ton théâtral, que certains appelleront du baratinage.)

    Par manque de temps, je me permets d’aller au bout de mon idée, car on touche heureusement au but.

    À supposer que tu « acceptes » ce que je viens d’écrire ci-dessus, voilà comment je termine :

    Là où vous voyez :
    Dénombrer $\mathbb{R}$ entraîne une contradiction (l’argument diagonal). Donc, on ne peut pas dénombrer $\mathbb{R}$.

    moi, je vois :
    Épuiser $\mathbb{N}$ (par exemple pour dénombrer $\mathbb{R}$) entraîne une contradiction (toujours l’argument diagonal). Donc, on ne peut pas épuiser $\mathbb{N}$.
    [Ajout postérieur : Cet argument peut être contré.]

    Peut-on au moins comprendre ce que je dis ?
  • Je reviens sur ce que j'ai dit et ce que plusieurs intervenants ont expliqué: que veut dire "épuiser" en mathématiques?

    L'argument diagonal dit juste que $\mathbb{R}$ est beaucoup plus 'gros' (et là j'utilise une terme flou pour essayer d'avancer) que $\mathbb{N}$. L'étonnement de Cantor provenait d'ailleurs non pas de cela mais d'un autre résultat où il montre que la droite réelle, le plan et l'espace ont même cardinal, c'est-à-dire peuvent être mis en bijection.

    Tout cela provient, au-delà des problèmes de langage que j'expliquais, également, je pense, de la difficulté d'appréhender l'infini (ou les infinis). Comme je le disais dans un autre fil, en tant qu'êtres humains, nous avons beaucoup de mal avec cette notion (qui n'est même pas d'ailleurs totalement nécessaire pour l'essentiel des mathématiques usuelles): nous essayons de plaquer des raisonnements finis étendus à l'infini, alors que les mondes de l'infini fonctionnent différemment.

    C'est pour cela, si on veut avancer, qu'il y a une nécessité de correctement formaliser les choses (traduire en mathématiques), sinon on reste dans un flou qui reste sur des intuitions, elles-mêmes ancrées dans une appréhension potentiellement erronée de l'infini; et qu'ensuite, il est nécessaire également de ne surtout pas vouloir mimer le fini, et quelque part, se laisser porter (dans un premier temps) par ce que disent littéralement les mathématiques ($\mathbb{R}$ est plus gros que $\mathbb{N}$, la droite, le plan et l'espace sont de même cardinal, il y a plusieurs infinis incomparables, etc.), pour dompter cette notion d'infini (commencer à dompter...), au-delà de ces intuitions, et pouvoir enfin mieux se représenter progressivement les choses.
  • Tu répètes ta question, on répète notre réponse : on ne peut pas répondre tant que tu ne définis pas ce dont tu parles. C'est l'essence même des mathématiques.
  • Si, Poirot, je définis ce dont je parle, ne viens pas dire le contraire. Mais peu importe. On va cesser ici ce dialogue de sourds.

    Quand je vais chez le médecin, je n’ai pas besoin de parler le langage médical pour qu’il me comprenne.
    Avec les mathématiciens, c’est différent. Quand on ne parle pas leur langage mathématique, ils ne comprennent pas. Ou ils n’ont pas envie de comprendre. Ou ils font semblant de ne pas comprendre. C’est pratique pour écarter les importuns que sont les non mathématiciens : « Parlez notre langue, et on vous répondra ! ».

    Ajout :
    Voir obligatoirement mon message suivant.
  • Ou ils font semblant de ne pas comprendre.
    Après ce genre de remaque insultante (surtout au vu du nombre de réponses que vous avez reçues), dorénavant, je vais prétendre ne pas vous comprendre, ce qui va m'empécher de vous répondre !
  • "Quand je vais chez le médecin, je n’ai pas besoin de parler le langage médical pour qu’il me comprenne. "
    On est bien au coeur du problème: le médecin va justement effectuer une traduction dans son langage avec souvent beaucoup d'interprétations/d'incompréhensions. Lorsqu'il s'agit de pathologies standards, la traduction n'est pas complexe. Mais lorsqu'il s'agit à la fois d'un patient n'arrivant pas à expliquer pleinement son ressenti, et d'une pathologie moins classique, on arrive justement à un potentiel dialogue de sourd...
    Du coup, on doit affiner les analyses. Cela se traduit:
    1) soit par le fait que le patient va être en mesure de préciser son ressenti pour mieux guider le médecin
    2) soit par le fait que la traduction proposée par le médecin va "convenir" au patient et va être efficace pour résoude son problème
    3) soit les deux d'ailleurs

    Et je précise que le médecin n'est pas un biologiste: son rôle est justement d'être à l'interface entre le patient et la médecine. Il passe son temps à essayer de traduire, ce qui n'est pas le cas des mathématiciens en règle générale (éventuellement, les enseignants ont ce rôle et encore, pas exactement, car ils ne sont pas là pour résoudre les problèmes posés par les personnes intéressées). Du coup, essayez de poser une question non formulée en langage adéquate à un biologiste par exemple: il demandera immanquablement à ce qu'elle soit reformulée.

    Or, ici, justement, on patauge un peu dans cet exercice de traduction. Le mot 'épuiser', par exemple, n'étant pas compréhensible directement par un mathématicien, j'en ai proposé quelques interprétations. Par ailleurs, vous utilisez le terme "dénombrer" (parfois) dans un sens autre que celui utilisé en mathématiques.

    Maintenant, dans tous les cas, je le répète, le décalage entre son ressenti et ce que disent les mathématiques, notamment sur l'infini, peut être, dans un premier temps, très frustrant.
  • Finalement, Sneg n'accepte pas l'infini actuel (la considération de tous les entiers à la fois). C'est bien pour cela qu'il ne comprend pas l'idée de Cantor et que tous nos arguments ne servent à rien : Il ne parle pas de la même chose. Là où il a un problème (et pas nous, lui seul) c'est qu'il parle de $\mathbb N$, qu'il utilise l'expression "l'ensemble des entiers" alors qu'en fait, il s'agit seulement d'une partie finie.
    Caractéristique aussi de cette incompréhension : le fait de se dire "incrédule" (notez qu'il a dit qu'il avait compris, à un moment), ce qui n'a rien à voir avec la question : Il n'y a pas de croyance ici.
    Notons quand même que la plupart des mathématiciens jusqu'au dix-septième siècle refusaient de considérer des "totalités infinies", à la suite d'Euclide et des grecs anciens, laissant de côté tout un pan de la géométrie (comment sont les points d'un segment ?); et qu'il a fallu des besoins forts (l'étude des séries trigonométriques et de leurs fonctions sommes) pour obliger les mathématiciens à accepter cette façon de faire, l'infini actuel.

    Après cet aveu, on ne peut rien faire pour lui, nos explications mathématiques ne servent à rien. Tout comme aucun argument scientifique ne peut convaincre un platiste, puisqu'avec sa Terre plate il refuse la science; aucun argument médical ne peut convaincre un complotiste anti-vaccin, puisque la science médicale fait pour lui partie du complot, aucun argument ne peut convaincre celui qui a le pistolet ("il y a deux sortes de gens : ceux qui ont un pistolet et ceux qui creusent. Toi, tu creuses"), alors on creuse ...

    Cordialement.

    NB : Sneg me met toujours en dehors, simplement parce que je dis le vrai, je révèle ses trucs et ses défauts.
  • Horreur !
    Médiat, tu m’as devancée.
    Je revenais précisément pour effacer la fin de mon message précédent, que j’ai jugée impertinente en y repensant, vu la patience avec laquelle vous avez eu la gentillesse de me répondre ici. (Je crois d'ailleurs vous l’avoir dit une infinité de fois, sans jeu de mot.)
    Si je ne l’efface pas, c’est pour que ta réaction, toute justifiée, garde son sens. Mais j’ajoute à mon message précédent une remarque pointant vers ce message-ci.
    Mille excuses à vous tous qui m’avez répondu gentiment ici. Et mille mercis.

    Cela dit, s’il y en a un que je ne remercie pas, c’est celui qui a écrit au 17ème message de ce fil :
    « Car pour pouvoir utiliser l'idée de Cantor, il faut avoir fini d’utiliser les nombres entiers, il n’en reste plus. »
    Cette remarque m’a plongée dans un abîme d’incomprehension.
    Une fois qu’on se débarrasse, comme je suis parvenue à le faire ce matin, de cette idée, tout devient limpide. Enfin !
    [Ajout postérieur : Voir cependant mon message suivant. Une approche « statique » et non plus « dynamique » du dénombrement donne un sens à cette phrase peu claire.]

    (Si je me permets d’écrire ce second paragraphe, c’est parce que je doute fort que celui à qui je pense aura la correction de présenter ses excuses pour ses propos insultants à mon égard tout au long de ce fil. C’est vrai que ce monsieur détient la Vérité à lui tout seul : je suis une connasse. En vérité, que cela plaise ou non, oui, je doute de tout, y compris de mes propres idées, ce qui me différencie du complotiste, qui est persuadé d’avoir raison. Face à moi et mon très modeste doute méthodique emprunté à Descartes, il y a ce monsieur qui dit lui-même « je dis le vrai ». Nous sommes inconciliables.)
  • Bonjour,

    L'argument diagonal de Cantor a un caractère entièrement constructif. À ce titre, il fonctionne même si l'on n'accepte pas l'infini actuel.

    Que signifie alors "énumérer $[0,1[$", d'autant plus que les réels de $[0,1[$ sont eux-mêmes des suites infinies de décimales ? Disons que c'est remplir, par un procédé quelconque, un tableau de chiffres dont les lignes sont les décimales de réels en construction. Et vous espérez que pour tout nombre réel de $[0,1[$, vous aurez au cours de la construction du tableau une ligne où les décimales de ce nombre apparaîtront petit à petit, sans jamais révéler de diffférence.

    Le vilain diable Cantor, pendant ce temps là, vous observe et remplit les décimales de son nombre que vous n'attraperez jamais, même en rêve. Chaque fois que vous posez la $n$-ème décimale dans la $n$-ème ligne, il pose la $n$-ème décimale de son nombre : 1 si vous avez posé 0, 0 si vous avez posé un autre chiffre que 0.
    Pour tout entier $n$, vous aurez à un certain moment rempli les $n$ premières décimales des $n$ premières lignes de votre tableau (toute partie finie du tableau doit être remplie à un certain moment).
    Et donc jamais, au grand jamais, le nombre construit par ce diable de Cantor ne pourra être égal à un des nombres que vous construisez dans ces $n$ premières lignes. Et ceci, quel que soit l'entier $n$.
  • C'est quand-même admettre l'infini actuel (existence du nombre de Cantor), même si c'est le diable qui en joue.
  • Exo résumant ces notions: donner une CNS portant sur les ensembles $X,Y$ pour qu'il existe une surjection de $Y$ dans $X^Y$.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Palabra écrivait:
    > C'est quand-même admettre l'infini actuel (existence du nombre de Cantor)

    Absolument pas d'accord. Me suis-je mal fait comprendre ?
    Ce diable de Cantor ne donne jamais toutes les décimales de son nombre : au fur et à mesure que la pauvre Sneg remplit son tableau (qui ne sera bien sûr jamais rempli puisqu'il n'y a pas d'infini actuel) pour épuiser $[0,1[$, ce diable de Cantor ajoute des décimales qui ruinent tous ses espoirs.
  • GaBuZoMeu: Oui c'est vrai, ce n'est pas que le procédé diagonal lui-même fait appel à l'infini. C'est plutôt l'énoncé de ce que fait Cantor qui sans l'infini semble s'affaiblir, mais en fait cela reflète plutôt une confusion de ma part.
  • Eh bien, Sneg, je suis désolé que cette remarque en fin de message t'ait troublé, elle correspond simplement à l'idée d'infini actuel, et à la notion de bijection de $\mathbb N$ dans ce qu'on veut (Chaque entier a une image, etc.), dont GBZM vient de dire qu'on peut s'en passer pour l'argument diagonal.
    Mais si c'est vraiment ça qui te troublait, pourquoi n'avoir pas porté le débat sur ce sujet ???
    Je pense que ce qui t'a troublé, ce n'est pas le 17-ième message, mais le fait que je disais de plusieurs façons que tu manque de sérieux. Et pour ça je ne m'excuserai pas.
    Tu viens de dire " tout devient limpide". Attendons la suite ...
  • Gerard0,

    Je suis devant une liste où des nombres réels sont écrits horizontalement les uns en-dessous des autres.

    Cette liste est d'une longueur interminable, vu qu'une infinité dénombrable de nombres y sont inscrits. Ainsi, l'on peut dire que cette liste est en bijection avec $\mathbb{N}$.

    Cantor, qui se tient à mes côtés, me dit :
    "Regardez cette diagonale de décimales (le lecteur sait laquelle). Je la bidouille (le lecteur sait comment), et j'obtiens un nombre réel qui ne peut occuper ni la première place de la liste (le lecteur sait pourquoi), ni la deuxième (pour la même raison), ni la troisième (idem), ... , ni aucune place de la liste."

    Comme cette liste est en bijection avec $\mathbb{N}$, le cardinal de $\mathbb{R}$ est donc strictement supérieur au cardinal de $\mathbb{N}$.

    On remarque que la phrase "la liste est en bijection avec $\mathbb{N}$" donne un sens mathématique à la phrase "Car pour pouvoir utiliser l'idée de Cantor, il faut avoir fini d'utiliser les nombres entiers, il n'en reste plus."

    Gerard0, je n'aime pas les disputes.
    Je suis trop bonne. Cela me perdra.

    Ajouts :
    Gerard0, je vois qu'on rédigeait en même temps.
    Que tu ne me trouves pas sérieuse ne m’importe nullement, car je sais que je le suis.
    Étant donné que tu n'as pas l'intention de "t'excuser", comme on dit en mauvais français, pour tes persistantes remarques désobligeantes à mon égard, il n’est plus question que je «m’excuse» pour ma remarque sur les mathématiciens «qui ne comprennent pas, ou qui ne veulent pas comprendre, ou qui font semblant de ne pas comprendre», qui ne vise en réalité qu’un seul intervenant ici : toi. Je veux bien être bonne. Mais pas bête.
  • @Sneg tu as bien résumé l'argument diagonal de Cantor. Est-ce que tu l'approuves à présent ? B-)-
  • Oui, bien sûr, raoul.S. :-)
    (Cela dit, la Science n’est pas le royaume des certitudes, c’est le royaume du doute.)

    J’ai un gros défaut. En mathématiques, je suis « dure de comprenure » car ce n’est pas ma formation. Mais ma force, c’est ma détermination à comprendre, à trouver l’information qui fait tilt dans mon esprit...ce qui peut pousser les autres à l’exaspération, je m’en excuse.
  • @Sneg oui il faut de la détermination en math autrement on n'arrive à rien. Il semblerait que mon homonyme Raoul Bott ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Raoul_Bott ) ait dit :

    "There are two ways to do great mathematics. The first is to be smarter than everybody else. The second way is to be stupider than everybody else -- but persistent."
    -- Raoul Bott
    https://www.goodreads.com/author/quotes/602265.Raoul_Bott

    Donc si tu continues tu feras peut-être de grandes mathématiques.

    Quoi qu'il en soit sache qu'il existe d'autres preuves du fait que $\R$ n'est pas dénombrable comme suggéré par Foys ici http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?16,2277624,2291226#msg-2291226.
    Peut-être que lorsque tu auras à nouveau le temps tu pourras creuser.
  • Il me semble que l'argument original de Cantor pour la non dénombrabilité de $\mathbb R$ n'était pas l'argument diagonal, mais était le suivant :

    Soit (par l'absurde) $(a_n)_{n \in \mathbb N}$ une énumération de $[0, 1]$. Parmi les trois segments $[0, 1/3], [1/3, 2/3], [2/3, 1]$, l'un au moins, disons $I_0$ ne contient pas $a_0$. On redécoupe $I_0$ en trois morceaux, et l'un au moins ne contient pas $a_1$, etc. On construit ainsi une suite décroissante $(I_n)_{n \in \mathbb N}$ de segments dont le diamètre tend vers $0$. La complétude de $\mathbb R$ (ou directement le théorème des segments emboîtés) montre que l'intersection de ces segments est un singleton $\{x\}$. Par construction, $x$ est un élément de $[0, 1]$, différent de tous les $a_n$, contradiction !

    Bien sûr, comme pour l'argument diagonal, inutile de procéder par l'absurde, l'argument montre qu'aucune suite $(a_n)_{n \in \mathbb N}$ ne remplit $[0, 1]$.
  • Merci, raoul.S, pour tes encouragements et pour les liens vers lesquels tu me diriges.
    Ton message est très gentil.

    Et merci, Poirot, pour l’information instructive que tu apportes.
  • L'argument rapporté par Poirot n'est pas très différent de l'argument diagonal pour les "décimales" en base 3.
  • Bonjour,

    Pour terminer, j’aimerais savoir si la notion d’ensemble non dénombrable concerne d’autres ensembles que des ensembles de nombres, de points ou de parties d’ensembles.

    Merci d’avance.
  • Oui bien sûr, ça concerne tout ensemble. En théorie des ensembles, tout (ou presque) est ensemble, donc ça concerne tout objet mathématique si on veut. :-D
  • Ok.
    Donc, face à un ensemble infini quel qu’il soit, se demander s’il est dénombrable ou pas.
    Une fois de plus, Poirot, grand merci.
  • http://www.madore.org/~david/weblog/d.2018-03-07.2494.html

    Histoire de détendre l'atmosphère de ce fil ...
    :-)
  • J'avais traîné cet article dans la boue dans un fil sur FSG que j'avais titré : "Je hais les journalistes"
  • Sans formation spécialisée il n'est pas possible d'aborder de tels sujets dans la vulgarisation, sans raconter de bêtises.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Dans ce cas on se tait (le sujet est compliqué et n'a aucune raison d'être vulgarisé), car affirmer que IN et IR ont même cardinal(*) ce n'est plus de la vulgarisation !

    (*) et affirmer le contraire quelques lignes plus loin.
  • Et voilà une remarque de John Baez sur un équivalent anglais de cet article et affirmant, aussi, que nonHC

    Or, they conclude that mathematicians have finally answered Cantor's question... showing up Gödel and Cohen for the arrogant bastards they were.
  • @Sneg : le papier de Madore (et le torchon auquel il fait allusion) ont une longue histoire, que j'ai réussi à reconstituer grâce à un étudiant curieux et à une discussion avec Patrick Dehornoy.
    Si besoin rappelle-moi par MP de la raconter à l'occasion.
    I am a little bit tired tonight.
  • Précisons quand même que seuls les journalistes à l'affut de scoops accrocheurs sont en cause mais pas Shelah ni Malliaris
  • @Médiat : c'est clair !
  • Voici l'histoire : j'étais en cours avec mes 2ème année d'IUT. Un étudiant (très sympa mais pas très fort en maths) me dit : "Vous savez pas, m'sieur, j'ai un scoop ! On croyait qu'il y avait plusieurs sortes d'infinis, vous savez ça ?"
    Moi : "Oui, j'suis un peu au courant de la question".
    Lui : "Eh ben c'est faux ! On vient de démontrer qu'ils sont tous égaux".

    Vous pensez bien qu'en tant que settheorist invétéré ça m'a fait un choc thermique. Il me montre une notification facebook (source hautement fiable s'il en fût, surtout en théorie des ensembles, lol) avec un lien vers un site a priori chelou. Je lui dis de refermer son portable et on fait cours. Evidemment à la pause je me rue dans mon bureau pour faire une recherche google... et je tombe sur le torchon fourni par Sneg. Un peu plus loin je tombe sur une discussion où quelques personnes plus ou moins spécialistes pointent du doigt les erreurs manifestes de l'article : l'auteur affirme une chose, et 3 lignes plus loin son contraire. Je retourne en cours et rassure mon étudiant : la vie continue, les choses n'ont pas changé, il y a toujours plusieurs sortes d'infini. Il admet bien volontiers que facebook n'est pas la panacée universelle.

    Un peu plus tard Patrick m'a raconté les coulisses de l'histoire. Il appelle ça une fusée à 3 étages. En 2014 paraît le papier de Malliaris et Shelah avec la preuve de $\mathfrak{p} = \mathfrak{t}$, qui bien sûr est imbittable pour le commun des mortels. Deux ans plus tard quelqu'un publie une recension de l'article, admettant certains lemmes techniques mais plus facile à comprendre. Un an plus tard un autre quelqu'un publie une 2ème recension, pour ainsi dire vulgarisée mais supposant quand même quelques bases de set theory... Et cet imbécile de journaliste, croyant comprendre le dernier papier alors qu'il n'y connaît rien, clame haut et fort qu'on s'est trompés depuis le début, et qu'il n'y a qu'une sorte d'infini. J'imagine que ce jour-là Cantor a dû se retourner dans sa tombe. Paix à son âme !
  • Si on donnait la définition formelle d'une démonstration (au lieu de laisser croire au gens qu'il s'agit du caractère "correct" de leur propre pensée) ce genre de problème arriverait moins.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Merci pour ton message, Martial.

    M’autorises-tu cependant à y ajouter un mot ? :
    « ... et je tombe sur le torchon fourni humoristiquement par Sneg. »

    Sinon, on pourrait croire des choses ... :-)
  • @Sneg : OK pour la rectification.
  • @Martial : recension, pas rétension (ni même rétention). ;-)
  • $\textbf{« Pour répondre à la question, ils ont comparé deux ensembles connus pour être infinis. »}$

    Après ce genre de phrases, normalement, on passe à autre chose ! Il paraît évident que « Ebdo », bien qu’ayant une rubrique « mathématique », n’est pas le « Journal of number theory ». C’est comme les mauvais restaurants: parfois, il suffit juste de lire la carte pour comprendre !

    Récemment, je lisais une intervention de Poincaré lors du procès en révision de l’affaire Dreyfus.
    Le criminologue Alphonse Bertillon nourrissait une « passion obscure » pour le calcul des probabilités (et aussi, il faut bien le dire, pour la haine des juifs). Dans une tentative de concilier les deux, il s’était livré à une analyse graphique un peu foireuse du bordereau incriminant Dreyfus. Poincaré en avait pointé les erreurs lors du procès en révision.
    Sa conclusion est implacable et peut s’appliquer à l’époque actuelle.

    PS: penser à signaler à la journaliste d’Ebdo, que la théorie de Galois est fausse !
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