Distance entre deux parties

Bonjour
Je me remets lentement aux maths de sup/spé.

Ayant deux parties non vides $U_{1}$ et $U_{2}$ de $\mathbb{C}$, la première compacte, la deuxième fermée, et d'intersection vide $U_{1}\cap U_{2}=\varnothing $, je veux montrer que la distance entre ces parties est strictement positive: $d=d(U_{1}, U_{2})>0$.

Mon réflexe, c'est de choisir une suite $(a_{n}, b_{n})\in (U_{1} \times U_{2})^{\mathbb{N}}$ dont la norme de la différence converge vers $d$, càd $|a_{n}-b_{n}|\rightarrow d$ (qui existe par caractérisation séquentielle de la borne inférieure), puis de montrer successivement:
  • que $a_{n}$ admet une valeur d'adhérence $l_{1} \in U_{1}$ (par compacité)
  • que $b_{n}$ est bornée (par inégalité triangulaire) et $U_{2}$ est fermé, donc (les fermés bornés de $\mathbb{C}$ étant compacts, on peut réutiliser Bolzano-Weierstrass) admet aussi une valeur d'adhérence $l_{2} \in U_{2}$
  • en ayant appliqué les points précédents séquentiellement, on a une extraction commune $\psi$ qui fait converger les deux suites, et (par inégalité triangulaire) $|a_{\psi(n)}-b_{\psi(n)}|\rightarrow |l_{1}-l_{2}|$ qui est strictement positif étant donné l'intersection vide des deux ensembles (propriété de séparation de la distance), ce qui conclut grâce à l'unicité de la limite $d=|l_{1}-l_{2}|>0$
Le raisonnement me semble un peu maladroit, est-ce que vous auriez des conseils pour répondre plus efficacement ?
Merci encore !

Réponses

  • Bonjour
    Je trouve que c'est une bonne démonstration. (tu)
    Une autre possibilité est de dire que la fonction $x\mapsto d(x,U_2)$ est continue. Donc elle possède un min sur $U_1$, atteint en un point qu'on nomme $x_0$, et $ d(x_0,U_2)=d(U_1,U_2)$. Et on conclut en disant que l'ensemble d'annulation de $x\mapsto d(x,U_2)$ est $\overline {U_2}=U_2$.

    PS. Par contre, appeler $U$ des fermés, c'est une mauvaise idée.
  • Il me semble avoir planché sur ces notions dans un sujet récent d’agreg, sans doute l’interne.

  • Bonjour,

    Pour être un tout petit peu plus rapide peut-être :

    Procédons par l'absurde en supposant que $d =0$.
    Partant de ta valeur d'adhérence $l_1$, que peux-tu dire de $b_{\phi(n)}$ (où $\phi$ est l'extractrice qui va bien avec $l_1$) ?
    Or $U_2$ étant fermé, ...
    Ce qui est absurde car ...

    À toi de jouer !
  • Merci pour les réponses :-)

    PS: Quel sujet d'agrégation, par curiosité ?
  • Je renomme ton $U_2$ en $F$.

    Soit $X_a :=\{x\in E: dist(x,F) >a \}$.

    La famille $a>0\mapsto X_a$ recouvre $U_1$, l'un d'entre eux le contient donc tout entier.

    L'hypothèse de fermeture ne te sert qu'à affirmer que $\forall x\notin F: dist(x,F)\neq 0$.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • L'assertion à démontrer est vraie dans tout espace métrique, même ceux où un borné fermé n'est pas nécessairement compact.
    Je préfère donc les démonstrations qui n'utilisent pas cette propriété.
  • L'épreuve d'analyse de l'interne 2020 traitait de la distance à une partie, mais ne traitait (de mémoire) pas cette question en particulier. Il y a eu quelques années auparavant (à l'externe je crois (?)) une épreuve parlant de courbe médiatrice à deux parties.
  • Je n'avais pas vu vos réponses. Effectivement, très mauvaise notation (celles de l'énoncé, mais j'aurais pu changer).

    @Chaurien: d'accord. Dans ce cas plus général ma démonstration ne fonctionne plus (la suite bornée b du fermé peut ne pas avoir de valeur d'adhérence dans F ?). En revanche, celles proposées semblent toujours correctes.

    @Christophe C, je vais y réfléchir demain, faire un petit dessin pour voir. J'ai l'impression que tu pars sur les définitions topologiques avec des recouvrements (au moins dans l'idee) plutôt que des considérations séquentielles.
  • Bon, dans le cas d'un espace métrique, la démonstration de Calli reste valable au mot près.
    Celle de Christophe est sympathique, je la réécris (pour moi, parce que je ne suis pas un as de topologie): moralement, on va regarder les lignes de niveau de la distance $d(\cdot, F)$, les $X_{a}$. Puisque $K$ est d'intersection vide avec $F$ fermé, tout point de $K$ est à une distance strictement positive de $F$, c'est à dire dans un $X_{a}$: les $\left \{ X_{a}, a>0 \right \}$ le recouvrent.
    Or c'est un compact et ces ensembles sont ouverts (car la distance à $F$ est continue), donc par propriété de Borel-Lebesgue on en extrait un sous recouvrement fini, et puisque ces parties sont croissantes, on dispose bien d'un $a_{0}>0$ tel que $X_{a_{0}}\supset K$: $d(K,F)\geq a_{0}>0$.

    Ce qui m'amène à une question probablement très fréquente: pour des questions simples en topologie, comme celle-ci, comment choisissez-vous l'approche ? En particulier, séquentielle vs propriétés de recouvrements par exemple ? J'imagine qu'il n'y a pas de réponse évidente ...

    Merci encore à vous !
  • Polka a écrit:
    Ce qui m'amène à une question probablement très fréquente: pour des questions simples en topologie, comme celle-ci, comment choisissez-vous l'approche ? En particulier, séquentielle vs propriétés de recouvrements par exemple ? J'imagine qu'il n'y a pas de réponse évidente ...

    J'ai envie de dire "au feeling". :-D C'est aussi une question de goût : moi je n'aime pas particulièrement utiliser la propriété de Borel-Lebesgue, donc je me sers plus souvent des extractions de suite ou du théorème de la borne atteinte. D'autres n'aiment pas les sous-suites... :-D En toute généralité, je ne vois pas quoi répondre de mieux. Je peux quand même dire qu'en dehors des espaces métriques les suites sont globalement proscrites.
  • Pour ma part, je suis disqualifié car j'ai toujours fait de la topologie à coup d'analyse non standard (qui rend tout trivial) et ne fais que traduire "pour le public" ce qu'elle me dit.

    Mais pour te répondre un peu, l'ANS est en fait le point de vue "suites extraites" remixé pour que ça marche pour tous les espaces (mais "pour que" ne rapportent pas des intentions d'inventeurs, mais des accidents heureux), et il est relativement probable que les entraînés (qui ne maitrisent pas l'ANS) utilisent les suites extraites comme j'utilise l'ANS. D'une certaine manière, ça te répond : "tout le temps les suites extraites" :-D :-D

    Ce n'est que "pour le plaisir de la belle rédaction ensuite" qu'on va les dégager. Je doute qu'il y a plus de 1% de la population concernée qui "gère pour le fun" des alternances de quantificateurs à coup de recouvrement divers et variés, car la seule (c'est prouvable) complexité des maths c'est les alternances et l'ANS/suites extraites font passer de 3 à 2
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • cc, quand tu vois cela en ANS, en fait tu penses filtres / ultrafiltres ?

    Je ne connais ni l'un ni l'autre, mais il me semblait que les filtres / ultrafiltres avaient été inventés pour faire des raisonnements type séquentiels, hors cadre métrique, mais sans nécessairement faire de l'ANS qui, me semble t-il, est une branche totalement différente.

    Dis moi si je n'ai rien compris :-D
  • Pardon pour le délai : tu as compris!!
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Comme Calli évoque un fil que j'avais ouvert où j'avais fait part de mon aversion pour les suites extraites, je réponds un peu :

    0) Les recouvrements, je trouve ça beaucoup plus joli et raffiné, et quand je dois extraire des sous-suites, j'ai l'impression d'être un garagiste.

    1) Comme Calli l'a souligné, dans les espaces topologiques généraux, on ne peut pas tout faire avec des suites (en fait, on peut utiliser des "suites généralisées", mais bon).

    2) Pour moi, ça relève de la coquetterie logique, mais j'ai cru remarquer que parfois, l'axiome du choix dénombrable (ou plus) peut être éliminé quand on raisonne proprement. En effet, quand on extrait des sous-suites, on construit des trucs par récurrence, on utilise des $\forall n \in \mathbb{N} \exists x\quad blabla$ qui, il me semble, peuvent être enlevés. Je dis que pour moi, c'est de la coquetterie, parce que j'ai jamais creusé les détails, mais il y a probablement des gens qui l'ont fait, et c'est probablement intéressant du point de vue logique.

    3) Les suites ont, pour moi, été un frein à une imagerie mentale adéquate pour des trucs de topologie ; par ailleurs, le fait qu'il existe des ordres dont la cofinalité n'est pas dénombrable a été une surprise pour moi, et je tiens pour responsable de cette surprise l'idée qui s'était formée en moi : "le dénombrable permet de tout explorer". (Polka, si tu ne sais pas ce que c'est que la cofinalité, soit $(E,\leq)$ un ensemble ordonné ; une partie $A$ de $E$ est dite cofinale si, pour tout $x \in E$, il existe $a \in A$ tel que $x\leq a$, autrement dit si $A$ est une échelle qui, si on monte les barreaux, permet de dépasser tout le monde ; eh bien, il y a des ensembles ordonnés qui n'ont aucune partie dénombrable qui est cofinale).

    4) Je croyais que tout ce qui pouvait se faire en topologie avec des suites pouvait se faire sans, jusqu'à ce que je bloque sur le truc mis en lien par Calli (mais que je ne désespère pas de désuitiser un jour). A part ça, tout ce que j'avais rencontré était "désuitisable".

    Voilà voilà !
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